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Pourquoi être heureux quand on peut être normal? de Jeanette Winterson

Couverture de Pourquoi être heureux quand on peut être normal? de Jeanette Winterson

Un livre lu chez mon père

Le livre : Pourquoi être heureux quand on peut être normal? de Jeanette Winterson, traduit de l’anglais par Céline Leroy, éditions de l’Olivier, 2012, 272 pages, ISBN 9782879298702.

L’histoire : à Accrington, dans le nord de l’Angleterre, de 1960 à nos jours. Jeanette Winterson a été adoptée. Sa mère adoptive, « Mrs Winterson », est une femme obnubilée par sa religion (chrétienne version épiscopalienne), refuse de coucher dans le même lit que son mari, complètement dépassé et soumis. Ainsi, la mère lui ordonne régulièrement de battre sa fille pour des raisons futiles. Au rayon des nombreux interdits, la lecture, pourtant, Jeanette réussi à aller à la bibliothèque et à acheter quelques livres de poche en faisant des petits boulots avant et après l’école… Quand sa mère découvre ces livres, elle les détruit et les brûle, mais l’apogée est atteinte quand, adolescente, Jeanette tombe amoureuse d’une fille… Après son départ de cette maison que l’on ne peut appeler familiale (elle est d’abord recueillie par une de ses professeurs puis entre à Oxford grâce à sa seule audace), arrivera-t-elle à se reconstruire, à retrouver sa mère biologique?

Mon avis : la mère adoptive est dépersonnalisée, sous la forme de « Mrs Winterson », sans prénom… Fanatique religieuse d’un groupuscule chrétien, elle soumet sa fille adoptive à des sévices que ne renieraient pas les Talibans: interdiction de la lecture, autodafé des rares livres de poche que la fillette avait réussi à acheter et à cacher sous son matelas, séance d’exorcisme hallucinante pour la « guérir » de ses penchants pervers (adolescente, elle a eu le malheur de tomber amoureuse d’une camarade de classe). Et pourtant, Jeanette Winterson semble estimer que son enfance lui a permis de se forger son avenir, appris très tôt à se débrouiller toute seule (combien a-t-elle passé de nuits dehors, punie et interdite de rentrer à la maison?), la professeure qui l’a recueillie alors qu’elle avait élue domicile dans une épave l’a aidée à entrer à Oxford, même si au final, elle y est entrée non par concours mais pour une expérimentation sur l’intégration de jeunes défavorisés (ça rappelle l’expérience récente de Science Po Paris). La deuxième partie du livre, avec la dépression et la recherche de la mère biologique, est plus classique. Un livre à découvrir…

Pour rebondir sur le thème de l’adoption, sur mon blog, voir:

Couleur de peau miel, de Jung, tome 1 et tome 2, et l’adaptation au cinéma.

Peine perdue de Catherine Doherty

Logo God save the livre Ce livre entre dans le défi God save the livre, saison 2, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici fin février 2013 et atteindre l’une de ces catégories : « Duty Harry » (1 livre lu), « Prince Charles » (5 livres), « Prince William » (10 livres), « Lady Di »(15 livres), « The Beatles » (20 livres et plus), « Queen Mom » (au moins un livre en VO)…

Peste et choléra de Patrick Deville

Couverture de Peste et choléra de Patrick Deville Un livre lu chez mon père… Ce livre figurait dans la sélection Télérama des dix meilleurs romans français de la rentrée littéraire 2012. Il a reçu le prix Fémina 2012 et le prix du roman Fnac 2012. J’avais lu l’année dernière du même auteur Kampuchéa et depuis j’ai aussi lu Viva.

Le livre : Peste et choléra de Patrick Deville, éditions du Seuil, 2012, 221 pages, ISBN 9782021077209.

L’histoire : 30 mai 1940. Un homme emprunte ce qui sera le dernier vol Air-France Paris-Hanoï avant longtemps, réservé plus d’un mois avant. Contrairement aux autres passagers, Alexandre Yersin ne fuit pas Paris, il rentre chez lui. En 1885, il a quitté sa Suisse natale et poursuit ses études à Paris, dans l’équipe de Pasteur. Avec Émile Roux, il publie un article sur la toxine diphtérique. Après un passage à Berlin chez Koch, le concurrent de Pasteur (et avec la bénédiction de ce dernier), il découvre la mer à Dieppe lors d’une campagne ant-diphtérique. La mer lui donne des envies de bouger, il s’engage comme médecin embarqué à bord d’un navire, entre Saïgon et Manille puis entre Saïgon et Hanoï. Aux escales, il explore la région et dresse des cartes. Deux ans plus tard, il débarque, poursuit son exploration (et est grièvement blessé), avant de s’établir dans un domaine où il souhaite acclimater diverses plantes (dont l’hévéa, le quinquina) et plus tard élever des animaux pour produire les sérums pour l’institut Pasteur. En 1894, Pasteur le somme d’aller à Hong Kong où sévit le bacille de la peste… Il en découvre en quelques semaines le bacille de la peste (qui prend son nom, Yersinia Pestis) avant les équipes japonaises pilotées à distance par Koch, puis s’en retourne dans son domaine à Nha Trang, tout en entretenant une abondante correspondance avec sa mère et sa sœur, en revenant rarement à Paris, mais en gardant des contacts avec les Pasteuriens. Il fonde un institut pasteur, mais en transmet très vite la direction, il préfère se consacrer à l’acclimatation des plantes, à agrandir son domaine…

Mon avis : un personnage étonnant et passionnant que cet Alexandre Yersin! Comme dans Kampuchéa avec Henri Mouhot, Patrick Deville papillonne, passe d’une époque (1940) à l’autre (de 1883 à 1943), et à nouveau, une carte de l’Asie du Sud-Est, avec les principaux points de chute de Yersin, n’aurait pas été de trop en fin d’ouvrage… c’est qu’il a bénéficié d’un matériau important pour écrire ce livre, avec toutes les lettres écrites par Yersin à sa mère et à sa sœur conservées à l’institut Pasteur à Paris. Le livre est ponctué d’éléments qui devraient nous aider à nous situer dans le temps, la conférence de Berlin pour le partage européen des colonies africaines (1884, mais la date n’est pas dans le livre), le début de l’affaire Dreyfus, les 15 ans de la chute de Sedan, des rencontres littéraires, l’assassinat de Jaurès, de nombreuses références qui ponctuent ce voyage dans la vie de Yersin et de son époque…

Je vous invite aussi à découvrir le travail de Sébastien Laval, qui a photographié les minorités vietnamiennes (et aussi au Cambodge et au Laos), en partie les mêmes que celles photographiées jadis par Yersin, publiées partiellement dans l’Actualité Poitou-Charentes n° 73 de juillet 2006 et dans le dossier Vietnam du n° 96 d’avril 2012.

Pour rebondir avec des articles sur mon blog:

Louis Pasteur à Dole (monument et maison natale)

Le monument à Louis Pasteur par Alexandre Falguière, avec des vues d’hier et d’aujourd’hui, à Paris (place de Breteuil, à deux pas de l’institut Pasteur de Paris)

La maison natale (lycée) et le buste d’Émile Roux par René Pajot à Confolens

Le monument aux morts annamites de 1914-1918 dans le cimetière de Salonique à Toulouse

La peste à Niort (1603), relief sur une maison de la rue de la Juiverie

Le tome 2, l’Empire, de Petite histoire des colonies françaises, de Grégory Jarry et Otto T., où il est question de la conférence de Berlin de 1884

Kampuchéa, de Patrick Deville, sur Mouhot

Pêcheur d’Islande de Pierre Loti

A défaut de La Peste, L’étranger d’Albert Camus

Brésil, des hommes sont venus… de Blaise Cendrars

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Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

La Déesse des petites victoires de Yannick Grannec

Couverture de La Déesse des petites victoires de Yannick Grannec

Un livre lu chez mon père

Le livre : La Déesse des petites victoires de Yannick Grannec, éditions Anne Carrière, 2012, 469 pages, ISBN 9782843376665.

L’histoire : à Vienne en Autriche puis à Princeton aux États-Unis, de 1928 au début de l’année 1981. 1980, Anna Roth, fille de mathématicien, qui rentre d’un séjour en Europe, a été embauchée comme documentaliste par l’université de Princeton et est chargée de convaincre Adèle Gödel, hospitalisée, de remettre les archives de son mari, le célèbre logicien Kurt Gödel, récemment décédé. Le roman se scinde alors en deux: les relations qui se nouent -difficilement- entre Adèle et Anna, et le récit de la vie de Kurt et Adèle depuis leur rencontre à Vienne jusqu’à leur fuite du nazisme par la Russie et leur arrivée et leur vie à Princeton, sur fond de la maladie de Kurt, dévoré de tocs et anorexique, avant de devenir carrément paranoïaque à l’époque du maccarthysme, sur fond d’amitié avec Albert Einstein, Robert Oppenheimer, Oskar Morgenstern, Wolfgang Pauli, John von Neumann. Anna récupèrera-t-elle ces précieuses notes écrites dans une sténographie allemande que seules quelques personnes (dont elle) peuvent encore déchiffrer?

Mon avis : le roman alterne les chapitres à la première personne, dans la bouche d’Adèle Gödel et les chapitres à la troisième personne sur les rencontres d’Anna Roth et Adèle Gödel. Une note en fin de livre explique ce qui est proche de la réalité et ce que l’auteur a extrapolé pour rendre le roman vivant. Après l’arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne, de nombreux physiciens et mathématiciens ont fui l’Allemagne, l’Autriche et le reste de l’Europe centrale, Kurt Gödel fut l’un des derniers à partir… Ils se sont pour la plupart retrouvés à l’université de Princeton (à l’institute for advanced studies/IAS). Ce roman est aussi l’histoire de la maladie mentale de Gödel et les relations du couple qu’il forme avec Adèle, qui habitait la même rue à Vienne, fille de commerçants et girl dans un cabaret… une rencontre improbable. Les mathématiques sont mis de côté dans ce roman, à part ce que peut comprendre Adèle (les opérateurs logiques et une approche des ensembles), presque rien sur les théorèmes d’incomplétude. Ce ne sont pas les travaux de Gödel qui sont au cœur du roman mais ses relations aux autres et en particulier à sa femme, ainsi que ses troubles psychiques. Pour les chapitres intermédiaires, le sujet tourne autour de l’apprivoisement d’une vieille dame acariâtre par une jeune fille assez déprimée. Un gros livre qui se lit tout seul.

Si vous voulez retrouvez Princeton en 2011, alors je vous conseille la lecture de Théorème vivant de Cédric Villani.

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Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

Y revenir de Dominique Ané

Couverture de Y revenir de Dominique Ané

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Y revenir de Dominique Ané, collection La Forêt, éditions Stock, 2012, 94 pages, ISBN 9782234071773.

L’histoire : dans ce court récit autobiographique, Dominique Ané (le chanteur Dominique A.) raconte son enfance à Provins et ses retours des années plus tard… après un bref passage à la fin de son adolescence à Nantes.

Mon avis : un récit très très court, 94 pages peu denses, un texte écrit assez grand avec de grands blancs entre chaque chapitre, une toute petite heure de lecture! Un chanteur que je n’écoute que par accident, quand par hasard il est diffusé sur une émission sur France Inter… Un histoire d’enfance et de début d’adolescence, de copains dans une ville « endormie » à l’ombre de ses remparts. Il se moque un peu des restaurations de ces dernières années, créant un décor un peu artificiel, sans que rien n’ait bougé dans la vie de la cité… Des souvenirs d’amis d’enfance, retrouvés vingt ans plus tard, d’un prof de français par ailleurs critique de rock. Un récit qui se lit vite, facilement (écriture fluide), et s’oubliera tout aussi vite je pense.

Prix du livre en Poitou-Charentes

Couverture de l'enterrement de François Bon, aux éditions Verdier En panne d’idée pour noël? Vous pouvez essayer d’offrir l’un des livres qui ont reçu le prix du livre en Poitou-Charentes… un prix assez confidentiel, j’ai acheté le dernier à la librairie la semaine dernière pour un cadeau (d’anniversaire), il n’avait même pas de bandeau mentionnant le prix… L’office du livre a aussi créé depuis deux ans un prix des lecteurs… encore plus confidentiel. Si vous cliquez sur le site du livre et de la lecture en Poitou-Charentes sur la voix des lecteurs, vous n’avez même pas les lauréats de ce prix [dernière connexion 23/12/2012]! Il faut chercher pour voir qu’en 2011, Mathias Enard a eu les deux prix pour Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, et pour 2012, c’est Patricia Cottron-Daubigné qui l’a reçu pour Croquis-démolition. Pour ceux que j’ai lus, je n’ai jamais été déçue… Il faudra d’ailleurs que je vous parle de certains de ces livres que j’ai lus mais pas chroniqués, au moins Le jeune homme en colère de Boujut. En attendant, voici la liste des livres primés au fil des ans, et des liens vers mes articles quand j’en ai parlé… Un prix qui n’a pas non plus d’identité visuelle, pas de logo… alors, j’ai choisi de mettre la couverture du livre primé en 1992, L’enterrement de François Bon.

PS: janvier 2014. Les deux prix ont fusionné en 2013, la sélection est établie par les professionnels puis chaque groupe de 5 lecteurs désigne son préféré, l’ensemble des votes désignant le lauréat. Le site du centre du livre s’est un peu amélioré… En 2014, je participe à ce prix dans un groupe de lecteurs coordonné par Grégory avec Florence, Jenny, Michèle.

  • 1987 : Un matin de novembre de Philippe Bouquet, éditions Plein Chant
  • 1988 : Le monde rochelais des Bourbons à Bonaparte de Claude Laveau, éditions Rumeur des Anges
  • 1989 : L’alambic des Charentes, François-Julien Labruyère, éditions Le Croît Vif
  • 1990 : Lettre à un aveugle sur des photographies de Robert Doisneau de Sylvain Roumette, éditions Le Temps qu’il fait
  • 1991 : Après tout de Georges-L. Godeau, éditions Le Dé Bleu
  • 1992 : L’enterrement de François Bon, éditions Verdier
  • 1993 : Les peintures murales de Poitou-Charentes, Centre international d’art mural de Saint-Savin.
  • 1994 : Plis perdus de Jean-Claude Pirotte, éditions La Table ronde
  • 1995 : Un ciel trop grand de Jean-Claude Martin, éditions Le Dé Bleu
  • 1996 : La Galerie du Grand Écuyer – L’histoire de Troie au château d’Oiron de Jean Guillaume, éditions Patrimoines et Médias
  • 1997 : Lieu-dit de Raymond Bozier, éditions Calmann-Lévy
  • 1998 : Le jeune homme en colère de Michel Boujut, éditions Arléa
  • 1999 : Le temps par moments de Jean-François Mathé, éditions Rougerie
  • 2000 : Un si bel été de Georges Bonnet, éditions Flammarion
  • 2001 : Olla-podrida de Catherine Ternaux, éditions L’Escampette
  • 2002 : Lucy comme les chiens de Catherine Rey, éditions Le Temps qu’il fait
  • 2003 : Chez Borges de Alberto Manguel, éditions Actes Sud
  • 2004 : Fouaces et autres viandes célestes textes de Denis Montebello, photographies de Marc Deneyer, éditions Le Temps qu’il fait.
  • 2005 : Les sources du Nil (chroniques rochelaises), Jean-Jacques Salgon, éditions de L’Escampette
  • 2006 : Pastorales de guerre de Stéphane Émond, éditions Le temps qu’il fait
  • 2007 : Harlem de Eddy L. Harris, éditions Liana Levi
  • 2008 : Vers le Nord de Jean-Paul Chabrier, éditions de L’Escampette
  • 2009 : Laver les ombres de Jeanne Benameur, éditions Actes-Sud
  • 2010 : Amour en cage de Jean Molla, éditions Thierry Magnier et En remontant les ruisseaux de Jean Rodier, éditions L’Escampette
  • 2011 : Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants de Mathias Enard, éditions Actes sud (a aussi reçu le prix La voix des lecteurs)
  • 2012 : Les petits, de Frédérique Clémençon, éditions de l’Olivier. La voix des lecteurs remis à Patricia Cottron-Daubigné pour Croquis-démolition
  • 2013. Voix des lecteurs.  Entre deux mots la nuit, de Georges Bonnet, aux éditions de L’Escampette
  • 2014 : N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures, Paola Pigani, éditions Liana Levi

Casa del Amor de Jean Failler

Couverture de Casa del Amor de Jean Failler

Un livre acheté à la librairie… comme toute cette série dont je vous ai parlé de Sans verser de larmes, Villa des Quatre Vents et de Le 3e oeil du professeur Margerie.

Le livre : Casa del Amor (Marie Lester tome 35) de Jean Failler, éditions du Palémon, 2010, 282 pages, ISBN 978-2-916248-11-0.

L’histoire : de nos jours à Noirmoutier. Mary Lester arrive sur l’île à la demande de son « ami » Mervent (voir les épisodes précédents), devenu conseiller du ministre de l’Intérieur, qui a demandé au commissaire Fabien de l’envoyer en mission discrète à Noirmoutier pour une enquête délicate: l’employée de maison de Mme Helder, belle-mère du sénateur Gédéon Bélier, a été hospitalisée probablement suite à un empoisonnement. Une enquête qui commence bien mal: la voiture de Marie Lester tombe en panne sur le passage du Gois, alors que la marée monte, un camion la double, ne s’arrête pas… mais prévient les secours à l’arrivée, qui viendront la récupérer perchée sur l’un des refuges. C’est donc dans un scooter de location qu’elle débarque dans son hôtel puis à la Casa del Amor. Et elle tombe dans une complexe histoire de famille, la vraie propriétaire de la maison est Marie-Ange Marescot, veuve du frère de Mme Helder, ancienne serveuse du bar de la marine, jamais acceptée dans la famille qui a fait sa fortune sur une crème mise au point par l’ancêtre, pharmacien à Nantes… Qui a caché le flacon d’arsenic dans une dépendance de la maison?

Mon avis : la partie policière et enquête au sens strict n’a aucun intérêt, en revanche, le vrai personnage de ce roman, c’est l’île de Noirmoutier, les clients du bar de la marine, la fillette un peu simplette, fille d’ostréiculteurs, les marais salants. A lire si l’on a un après-midi à perdre, sans prise de tête, se laisser porter par le texte, puis l’oublier, pourquoi pas au bord de la mer en Bretagne ou au coin de la cheminée…

Cérémonie de Bertrand Schefer

Couverture de Cérémonie de Bertrand Schefer

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Cérémonie de Bertrand Schefer, éditions POL, 2012, 122 pages, ISBN 978-2-8180-1491-2.

L’histoire : à l’hôpital de la Salpétrière (pas cité, mais de l’autre côté de la Seine en face du jardin des Plantes) à Paris, de nos jours. un jeune homme, le narrateur, aide une femme à écrire ses derniers mots, à les mimer plutôt, avec un stylo qu’il lui a offert il y a quelques jours… Accompagné par un ami, il achète un costume prince de Galles et marche avec lui jusqu’au jardin du Luxembourg, se rappelant les longs moments qu’ils ont passé ensemble à écouter des disques. Et voici la cérémonie, en banlieue. Dans la maison, la femme a étiqueté les objets, mentionnant à qui elle veut les transmettre.

Mon avis : pour comprendre qui est cette femme qui gît à l’hôpital puis dont on assiste, de loin, à la cérémonie (le mot enterrement n’est pas prononcé), il faut attendre la fin du livre, je ne vous le révèlerai donc pas. Tout au long de ce court livre ou presque, le narrateur marche, à Paris, à Rome. Le rythme de la marche ou du cheminement intérieur se retrouve dans des phrases parfois longues, qui nous portent au rythme du narrateur. Cinq chapitres comme cinq scènes de la vie du jeune homme (sans prénom) en train de basculer par la mort de cette femme. Une curieuse méthode pour dire adieu et progresser dans le deuil.

Un héros de Félicité Herzog

Couverture de Un héros de Félicité Herzog 14 décembre 2012: Maurice Herzog vient de décéder… L’occasion de re-publier cet article, sur le livre écrit récemment par sa fille, qui écorne sérieusement son image de héros…

Publication du 28/11/2012

Un livre offert par mon frère…

Le livre : Un héros de Félicité Herzog, éditions Grasset, 2012, 302 pages, ISBN 978-2246800633.

L’histoire : il s’agit du récit autobiographique de Félicité Herzog, qui raconte l’histoire de sa vie, celle de ses parents et de son frère. En 1950, son (futur) père, Maurice Herzog, est censé avoir vaincu l’Annapurna… mais en mettant en péril le reste de l’expédition (montée de bric et de broc, sans esprit d’équipe, juste de conquête et de compétition à distance avec les Anglais et les Allemands), en refusant de renoncer près du but, en entraînant avec lui Louis Lachenal… mais pas le sherpa qui a refusé de parcourir la fin du trajet… Sont-ils vraiment allés au sommet ou juste à côté? Nul ne le saura jamais, Louis Lachenal est mort en 1955 d’un accident de montagne dans la vallée Blanche alors qu’il allait écrire à son tour son Annapurna… Son enfance, c’est la vie d’une jeune fille riche, mais qui soufre de l’absence de son père (qui a refait sa vie avec une autre femme avant même sa naissance), de la violence de son frère Laurent qui la conduit régulièrement à l’hôpital, etc.

Mon avis : il a été beaucoup écrit sur les relations de Félicité Herzog et son règlement de compte avec son père (attitude douteuse pendant la montée de l’Anapurna, coureur de jupons, dérive lepéniste)… mais elle règle aussi ses comptes avec sa mère, qui ne réagit pas quand son frère l’envoie à plusieurs reprises à l’hôpital… sans s’inquiéter de la naissance de la maladie mentale de celui-ci… Elle tape aussi sur le reste de la famille de sa mère, Marie-Pierre de Cossé-Brissac, les Schneider, collabos et profiteurs de guerre. L’Anapurna, c’était déjà une vieille histoire quand elle est née, Louis Lachenal, son compagnon de cordée finale, était déjà mort depuis longtemps entombant dans une crevasse au cours d’une descente à ski de la vallée Blanche, sans doute non loin de là où, des années plus tard, Félicité se met en danger pour suivre son frère Laurent dans un défi stupide de dépassement de soi… Au-delà de l’histoire, pourquoi dire qu’il s’agit d’un roman alors que c’est un récit autobiographique? J’ai eu du mal à suivre par moment, d’ailleurs, car ce récit n’est pas ni linéaire ni chronologique et parfois confus.

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Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Grenouilles de Mo Yan

Couverture de Grenouilles de Mo Yan

pioche-en-bib.jpgJe n’avais jamais entendu parler du nouveau prix Nobel de littérature, je suis donc allée voir à la médiathèque et suis revenue avec Grenouilles. Depuis, j’ai aussi lu de cet auteur Le veau et le coureur de fond.

Le livre : Grenouilles de Mo Yan, traduit du chinois par Chantal Chen-Andro, éditions du Seuil, 2011, 408 pages, ISBN 9782021024005.

L’histoire : Avant de commencer, il faut préciser, ainsi que c’est indiqué dans une note infrapaginale, qu’en chinois, bébé et grenouille sont homophones (Wa).
Dans le canton de Dongbei, de 2002 à 2009, le narrateur, Têtard, entreprend de raconter en cinq chapitres écrits sur ces sept années (le dernier sous la forme d’une pièce de théâtre, tous adressés au responsable de l’association des gens de lettres d’un district… japonais) la vie de sa tante, à partir de 1960, année où celle-ci, âgée de 17 ans, est embauchée comme gynécologue par l’hôpital local. Dans les premières années, elle eut surtout à combattre les pratiques d’accouchement inappropriées des matrones traditionnelles. Puis pendant deux ans, il n’y eut aucune naissance, à cause d’une grande famine. Le retour de la nourriture a entraîné un pic de naissances… et indirectement la politique de l’enfant unique. Il s’agit d’abord de proposer (d’imposer) la vasectomie des hommes qui avaient déjà deux enfants (dont un garçon, pour les autres, un troisième enfant était toléré). Puis la politique du planning familial se durcit, jusqu’à imposer la stérilisation des femmes et l’avortement forcé de celles qui réussissaient à avoir une deuxième grossesse. Enfin, un élevage de grenouilles-taureaux cache un nouveau trafic…

Mon avis : des sujets douloureux pour la Chine sont abordés dans ce livre, la politique de l’enfant unique, avec son lot de douleurs (vasectomies, hystérectomies, avortements) et d’hypocrisie (amendes), puis le trafic des mères-porteuses. Mais voilà, je crois que j’ai un problème avec la littérature chinoise contemporaine, j’avais déjà trouvé des longueurs avec le précédent prix Nobel de littérature chinois (exilé en France), en 2000, Gao Xingjian, et sa montagne de l’âme… Cette fois, j’ai à nouveau trouvé certains passages très longs (j’avoue que j’ai lu de temps à autre quelques pages « en diagonale »), et notre esprit occidental ne permet pas de comprendre la métaphore coulée sur bébé/grenouille (WA). Pour moi, les grenouilles-taureaux, c’est une espèce invasive, des grenouilles géantes qui prennent la place de nos grenouilles locales, notamment ici à Poitiers dans les bras latéraux du parc naturel urbain… Je ne suis pas sûre de retenter de lire un livre de cet auteur dans les prochaines semaines…

Lame de fond de Linda Lê

Couverture de Lame de fond de Linda Lê

pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque, une auteure dont j’ai déjà lu Cronos et A l’enfant que je n’aurai pas (que je n’ai pas aimé) [depuis, j’ai aussi lu Œuvres vives]. Lame de fond faisait partie de la sélection finale pour le prix Goncourt 2012.

Le livre : Lame de fond de Linda Lê, collection les affranchis, éditions Christian Bourgeois, 2012, 277 pages, ISBN 978-2-267-02380-0.

L’histoire : Paris, hiver 2010. Van soliloque dans son cercueil au cimetière de Bobigny. Exilé du Vietnam, il était correcteur professionnel pour des maisons d’édition, il vient d’être volontairement renversé par sa femme, Lou, au sortir de sa visite à Ulma, sa demi-sœur. Par la bouche de Ulman, Lou, Van et leur fille Laure racontent à tour de rôle leur vie passée et présente.

Mon avis : les chapitres, présentés à tour de rôle dans la bouche de l’un des protagonistes, clairement identifié (ouf), sont regroupés autour du déroulement d’une journée métaphorique (au cœur de la nuit, aube, midi, crépuscule), puisqu’en fait, ils se déroulent sur des mois avec des retours sur des dizaines d’années, et non sur le récit d’une journée. Une langue riche et ciselée, qui me convient beaucoup mieux que l’écriture trop familière de Les affreux de Chloé Schmitt. Le récit est l’occasion d’aborder la question de l’émigration, l’histoire du Vietnam dans les années 1960-1970, de l’intégration dans la société française : la belle-mère bretonne n’a jamais accepté le choix de sa fille de vivre avec un étranger, Van a perdu l’usage de sa langue maternelle et s’est toujours refusé à retourner au Vietnam. Si j’ai apprécié la lecture, c’est aussi parce que ces sujets ne me sont pas totalement étrangers, sinon, il me semble qu’il vaut mieux lire rapidement un livre sur l’histoire du Vietnam avant de se lancer dans ce roman dont la lecture nécessite un certain nombre de pré-requis historiques, mais aussi un bagage lexicologique conséquent.

Sur des sujets voisins : voir Couleur de peau miel, tome 1 et le tome 2, de Jung, et son adaptation au cinéma. Le sujet de la colonisation et de la décolonisation sont également abordés de manière originale dans les tomes 2, l’Empire, et 3, la décolonisation, de la Petite histoire des colonies françaises de Grégory Jarry et Otto T.

Revoir aussi le monument aux morts annamites (indochinois) à Toulouse en 1914-1918.

Logo rentrée littéraire 2012

Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.