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Index des scènes dans l’art roman et gothique

J’ai ouvert en août 2010 cette page pour essayer d’y regrouper les thèmes bibliques, représentés surtout à l’époque romane et un peu à l’époque gothique, dont je vous ai parlé au fil des articles… Sur le nouveau blog, je l’ai modifié en article, avec de petites vignettes pour le rendre plus vivant. Si je ne me suis pas trompée en programmant (sur la quantité, il y a sans doute des erreurs…), un clic sur les vignettes renvoie à l’article d’où l’image est extraite.
Les épisodes se complèteront au fil des articles dans les prochains mois. Attention, le lien sur le nom pour un même édifice renvoie directement à l’article sur le thème concerné… Pour un même édifice, il est donc différent à chaque ligne. Quand il y a une indication de lieu mais pas de lien, c’est qu’un article est programmé dans les prochains mois, je mettrai le lien lors de la parution de l’article. Comme vous le voyez, j’ai de l’avance en articles à vous montrer! Et des compléments indispensables à préparer, je ne vous ai pas encore montré de crucifixion du Christ…

L’Ancien et le Nouveau Testament

Scène Sites Aperçu
Dieu endort Adam pour créer Ève (Genèse 2, 21) chapiteau du chœur de l’église d’Airvault
la Tentation d’Adam et Ève (Genèse 3, 1-19) à Poitiers, sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande et sur un chapiteau du rond-point du chœur de l’église
Sainte-Radegonde
; sur un chapiteau de la nef de l’église Saint-Pierre à Aulnay (Charente-Maritime), sur un chapiteau du chœur de l’église d’Airvault (Deux-Sèvres), sur un chapiteau de l’église Notre-Dame à Chauvigny (Vienne)
Chauvigny, chapiteaux romans de l'église Notre-Dame, 1, la Tentation d'Adam et Eve
Dieu revêt Adam et Ève d’une tunique (Genèse 3, 21) sur un chapiteau du chœur de l’église d’Airvault
Ève filant sur la voûte de Saint-Savin
le meurtre d’Abel par Caïn (Genèse 4, 1-15) sur un chapiteau dans l’église Saint-Pierre à Aulnay
l’arche de Noé (Genèse 7, 1-24) sur la voûte de Saint-Savin
l’ivresse de Noé (Genèse 9, 20-24) sur la voûte de Saint-Savin
Loth et ses deux filles (Genèse 19, 17-38) sur la voûte de Saint-Savin
Nabucchodonosor à Poitiers, sur un chapiteau du choeur de l’église Sainte-Radegonde et sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande Poitiers, église Sainte-Radegonde, chapiteau du choeur, Nabucchodonosor
les prophètes à Poitiers, Daniel, Jérémie, Isaïe et Moïse, sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, les prophètes
l’arbre de Jessé (Isaïe 11, 1 ; Matthieu 1, 5 ; Luc 3, 32 ; Acte des Apôtres 13, 22 ; Romains 15, 12, etc.) à Poitiers, sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, l'arbre de Jessé, 02, vue générale
David en musicien à Poitiers sur la façade de Notre-Dame-la-Grande Poitiers, la façade de Notre-Dame-la-grande, David jouant de la harpe-psaltérion
Daniel dans la fosse aux lions (Daniel 6, 2-29) sur un chapiteau de la façade de l’église Saint-Porchaire et sur un chapiteau du rond-point du chœur de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers Poitiers, église Saint-Porchaire, 7, chapiteaux droits du portail, Daniel dans la fosse aux lions
Samson et Dalila (Juges 16) sur la façade de l’église Saint-Nicolas à Civray ; dans la nef de l’église Saint-Pierre à Aulnay
la traditio legis sur le sarcophage de Guillaume Taillefer dans l’église Saint-Sernin à Toulouse Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 03, le Christ entouré de Pierre et Paul
l’Annonciation (Luc 1, 26-38) à Chauvigny sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre ; à Poitiers, sur la partie droite du portail Saint-Michel de la cathédrale et sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 02, Annonciation
la Visitation (Luc 1, 39-56) à Poitiers, sur la partie droite du portail Saint-Michel de la cathédrale et sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, la Visitation, la scène centrale, Elisabeth et Marie encadrées de deux servantes
la Nativité (Luc 2, 7) à Poitiers, sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, vue d'ensemble
le bain de Jésus à Poitiers, sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande et sur un chapiteau de l’église Saint-Hilaire Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, le bain de l'Enfant
Joseph contemplant Jésus enfant à Poitiers, sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande et sur la partie droite du portail Saint-Michel de la cathédrale Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 04, Joseph derrière l'Annonciation
l’annonce aux bergers (Luc 2, 8-15) sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre à Chauvigny Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 02, annonce aux bergers
les rois mages comparaissent devant Hérode (Matthieu 2, 7-10) sur la partie gauche du portail saint Michel de la cathédrale de Poitiers Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 04, les rois mages devant Hérode
les rois mages voient l’étoile du berger (Matthieu 2, 11) sur le portail de l’église de Nuaillé-sur-Boutonne, sur la partie gauche du portail saint Michel de la cathédrale de Poitiers Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 10, rois mages à cheval montrant l'étoile
l’adoration des mages (Matthieu 2, 11) sur le portail de l’église de Nuaillé-sur-Boutonne, sur la partie droite du portail saint Michel de la cathédrale de Poitiers, à Chauvigny sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 04, Adoration des mages
la circoncision du Christ (Luc 2, 21)
la présentation au Temple (Luc 2, 22-39) sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre à Chauvigny Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 07, présentation au Temple
la fuite en Égypte (Matthieu 2, 13-15) sur un chapiteau de l’église Saint-Hilaire, sur la partie gauche du portail saint Michel de la cathédrale de Poitiers Poitiers, église Saint-Hilaire, chapiteau de la fuite en Egypte, 2, fuite en Egypte
le massacre des innocents (Matthieu 2, 16-18) sur la partie gauche du portail saint Michel de la cathédrale de Poitiers, sur le portail de l’église de Nuaillé-sur-Boutonne, sur la façade de l’abbaye aux dames à Saintes Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 18, massacre des innocents
le retour à Jérusalem
la tentation au désert (Luc 4, 1-13) sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre à Chauvigny Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 09, Tentation au désert
la résurrection de Lazare
la Crucifixion
les saintes femmes au tombeau sur un chapiteau de l’église de Saujon, sur un chapiteau de l’église Saint-Eutrope de Saintes, sur un chapiteau de l’église de Lesterps
l’Ascension du Christ  sur un chapiteau de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers  Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, vue de face
la dormition de la Vierge sur le portail nord de la façade occidentale de la cathédrale de Poitiers Poitiers, cathédrale, portail de la Vierge, le Christ à côté de sa mère morte
l’assomption de la Vierge
le couronnement de la Vierge sur le portail nord de la façade occidentale de la cathédrale de Poitiers
les vierges sages et les vierges folles (Matthieu 25, 1-13) sur la façade de l’église Saint-Nicolas de Civray, sur le portail sud de la façade occidentale de la cathédrale de Poitiers Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 4, les sages
la résurrection des morts sur le portail central de la façade occidentale de la cathédrale Saint-Pierre à Poitiers Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 02, partie gauche de la résurrection des morts
le jugement dernier, l’enfer et le paradis / les damnés et les élus sur le portail central de la façade occidentale de la cathédrale Saint-Pierre à Poitiers Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 18, l'enfer
le jugement dernier, la pesée des âmes sur un chapiteau de l’église de Saujon ; à Chauvigny sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre, sur un chapiteau de l’église Saint-Eutrope de Saintes Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 08, la pesée des âmes
la Babylone maudite sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre à Chauvigny Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 07, le prophète méditant sur les ruines
la grande prostituée de Babylone (Apocalypse 17, 1-18) sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre à Chauvigny Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 11, la Grande prostituée de Babylone
le collège apostolique (les douze apôtres) à Poitiers, à l’époque romane sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande et à l’époque gothique sur le portail de l’église Sainte-Radegonde (avec des vues plus rapprochées ici) Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 4, quatre apôtres en bas à gauche
le Christ bénissant sous le clocher de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers Poitiers, relief sous le clocher de Sainte-Radegonde : le Christ
le Christ porté par des anges à Poitiers sur le portail de l’église Sainte-Radegonde
l’Agneau porté par des anges à Confolens sur des reliefs de la façade de l’église Saint-Barthélemy et dans l’église Saint-Maxime sur des reliefs provenant de l’église Saint-Michel  Les reliefs de l'ancienne église Saint-Michel à Confolens, 3, l'Agneau pascal
le Tétramorphe et les Evangélistes 86, Poitiers, façade de l’église Notre-Dame-la-Grande;


16, Confolens, reliefs de la façade


31, Saint-Bertrand-de- Comminges, pilier des Évangélistes dans le cloître de la cathédrale

 Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, le Tétramorphe, 4, l'aigle de Jean, en haut à droite
le soleil et la lune à Poitiers, sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande  Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, le soleil et la lune, 1, vue générale
Les oiseaux à la coupe à Poitiers, sur un chapiteau de la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande  Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, deuxième niveau, 7, oiseaux à la coupe

La vie des saint(e)s

Scène Sites Aperçu
Georges luttant contre le dragon pour protéger la Princesse sans la princesse sur la façade de l’église Saint-Nicolas à Civray avec la princesse à Airvault et Aulnay Eglise Saint-Nicolas de Civray (Vienne), façade occidentale, arcature sud, détail diable, saint Georges et un dragon
Hilaire 86, Poitiers, la mort d’Hilaire sur un chapiteau de l’église Saint-Hilaire et son cénotaphe dans l’église Saint-Hilaire-de-la-Celle Poitiers, église Saint-Hilaire, chapiteau de la mort d'Hilaire, 1, vu de face
Nicolas 16, Champagne-Mouton Champagne-Mouton, saint Nicolas, debout
Paul et Pierre entourant le tombeau du Christ 31, Toulouse, sarcophage de Guillaume Taillefer dans l’église Saint-Sernin Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 04, le peit côté gauche (tombeau du Christ)
Pierre, crucifixion à Aulnay et sur un vitrail de la cathédrale de Poitiers Aulnay, église Saint-Pierre, faux tympan nord de la façade occidentale: crucifixion de Saint-Pierre
Pierre, avec les clefs à Poitiers, sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande


à Chauvigny  en remploi sur le chevet

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 6, saint Pierre
Radegonde sous le clocher de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers Poitiers, relief sous le clocher de Sainte-Radegonde : Radegonde vue de près
Thomas le doute et le palais en Inde : sur le portail sud de la façade occidentale de la cathédrale de Poitiers Poitiers, cathédrale, portail de Thomas, 02, le tympan
Triaise à propos du livre Triaise de François Perche

Adam et Eve, griffons et lions romans à Notre-Dame de Chauvigny

Chauvigny, chapiteaux romans de l'église Notre-Dame, 1, la Tentation d'Adam et Eve Après vous avoir montré deux splendides chapiteaux historiés de l’église Saint-Pierre de Chauvigny (avec l’Enfance de Jésus, avec des scènes de l’Apocalypse), en ville haute, et avant de retourner voir cette église, nous descendons aujourd’hui en ville basse, direction l’église Notre-Dame et un petit ensemble de chapiteaux romans situés dans la croisée du transept. Le premier porte la Tentation d’Adam et Ève, représentés assez classiquement pour cette époque, Adam à gauche, Ève à droite et l’arbre avec un serpent enroulé autour du tronc entre eux deux. Vous trouvez la même position sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande et sur un chapiteau du rond-point du chœur de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers, mais pas sur le chapiteau de la nef de l’église Saint-Pierre à Aulnay (Charente-Maritime), pour ne citer que ceux que je vous ai montrés jusqu’à présent.

Chauvigny, chapiteaux romans de l'église Notre-Dame, 1, la Tentation d'Adam et Eve, deux détails Le serpent tend le fruit à Ève mais Adam et Ève semblent déjà avoir mordu dedans puisqu’ils ont pris conscience de leur nudité : une feuille cache le sexe d’Ève, qui porte sa main gauche sous sa poitrine, et Adam a posé main gauche sur son sexe, sa main droite sur la poitrine. Remarquez qu’ils ont tous les deux les orteils en appui sur le rebord de l’astragale. L’arbre central ne porte pas de feuilles, seulement des fruits au bout des branches. Sur les petites faces du chapiteau, derrière chacun des personnages, se trouvent des arbres bien feuillus (vestiges du jardin d’Eden?).

Chauvigny, chapiteaux romans de l'église Notre-Dame, 3, griffons affrontés et lions affrontés Les autres chapiteaux romans portent des représentations animales. Sur l’un d’eux, des griffons se font face de part et d’autre d’une coupe, un peu dans la même position que les plus classiques oiseaux à la coupe, dont je vous ai déjà parlé à propos d’un chapiteau de la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers. Sur un autre, des lions se font face, chacun regarde vers l’arrière, avec le corps emmêlé avec un autre lion situé à l’arrière,et une tête unique sur chaque angle. A noter leurs longues crinières, une patte avant levée.

Chauvigny, chapiteaux romans de l'église Notre-Dame, 4, lions affrontés Les lions d’un autre chapiteaux sont représentés dressés, groupés deux par deux, dos à dos, avec une tête unique dans l’angle et des queues tressées entre elles.

Photographies de juillet 2012.

La Nativité et la fuite en Egypte sur un chapiteau de Saint-Hilaire à Poitiers

Poitiers, église Saint-Hilaire, chapiteau de la fuite en Egypte, 1, Marie alitée et bain du Christ A l’approche de noël, et pour changer de la Nativité et du Bain de Jésus sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, j’ai choisi de vous montrer cette année une scène assez similaire et peu vue des visiteurs de l’église Saint-Hilaire-le-Grand , toujours à Poitiers (revoir pour cette église la liste des articles ci-dessous).

Il faut dire que ce chapiteau est situé très haut sur la colonne orientale engagée dans la pile sud-ouest de la croisée du transept, et que l’on voit plus facilement la face principale. Ici, contrairement à la représentation de l’église Notre-Dame-la-Grande ou à celle de Saint-Laurent à Montmorillon, Jésus n’est pas représenté dans sa crèche encadré du bœuf et de l’âne. marie est représentée de manière très simplifiée, allongée dans un lit dont les draps plissent. Comme à Notre-Dame-la-Grande en revanche, le Christ est baigné par deux sages-femmes, scène qui ne se trouve pas dans les Évangiles officiels mais dans les évangiles apocryphes -non reconnus par l’Église (attention, à ne pas confondre avec le baptême, reçu à l’âge adulte par Jésus). Marie alitée et le bain de Jésus sont représentés dans un décor d’architecture, avec des chapiteaux sculptés, bien loin de l’étable… Trois anges, représentés en buste, déploient leurs ailes sur le registre inférieur du chapiteau.

Poitiers, église Saint-Hilaire, chapiteau de la fuite en Egypte, 2, fuite en Egypte

Sur la face principale, la fuite en Égypte a pris place.Le sculpteur a singulièrement raccourci l’histoire, en sautant Joseph contemplant Jésus, l’Annonce aux bergers, les rois mages devant Hérode et suivant l’étoile du berger, l’adoration des mages, la présentation au Temple, le massacre des Innocents… (j’ai pris des exemples dans différents articles déjà parus sur ce blog, je vous laisse découvrir les édifices en suivant les liens…). Vous pouvez comparer cette scène de Saint-Hilaire à la fuite en Égypte du portail au nord de la cathédrale de Poitiers.

Au centre, Marie, tenant Jésus sur ses genoux, est assise sur un cheval mené par Joseph. Deux anges les accompagnent en partie haute.

Poitiers, église Saint-Hilaire, chapiteau de la fuite en Egypte, 3, église

Sur la petite face droite du chapiteau, deux personnages, dont l’un faisant le signe de bénédiction, les accueille à la porte d’une église couverte de trois coupoles, avec une croix sur la coupole centrale. Là aussi, les colonnes portent des chapiteaux sculptés. A comparer par exemple à l’église assez différente figurée dans la scène de la Visitation de la façade de Notre-Dame-la-Grande.

Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers

La fileuse de la façade de Notre-Dame-la-Grande

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, la Visitation, vue générale de la scène Il y a quelques mois que je vous ai montré la scène de la Visitation sur la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, mais je n’avais pas attiré votre attention sur les gestes des femmes…

Poitiers, la Visitation de Notre-Dame-la Grande, 1, la suivante d'Elisabeth A gauche, il faut regarder la suivante d’Élisabeth de plus près…

Poitiers, la Visitation de Notre-Dame-la Grande, 1, la suivante d'Elisabeth, détail de la quenouille Et oui, vous ne rêvez pas, comme Ève sur la voûte de l’église de Saint-Savin dans la Vienne (à voir ici, sur le panneau 6, en attendant que je vous la montre peut-être un jour…), la suivante tient une quenouille à la main et file, même si la main fracturée ne permet pas de voir le geste de la main.

Poitiers, la Visitation de Notre-Dame-la Grande, 3, la suivante de Marie La suivante de Marie, quant à elle, tout à droite de la scène,…

Poitiers, la Visitation de Notre-Dame-la Grande, 4, la suivante de Marie, geste de la main … fait un curieux geste de sa main gauche, joignant le pouce et le majeur. Au passage, j’attire à nouveau votre attention sur les manches démesurément large de ces dames… pas très pratique pour un travail manuel…

Pour aller plus loin :

Un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Si vous voulez un beau livre beaucoup plus cher, alors il vous faut le livre dirigé par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-Grande-de-Poitiers. L’œuvre romane, éditions Picard/CESCM Université de Poitiers, 2002.

Retrouvez tous les articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

La façade occidentale

Les scènes sont classées de gauche à droite et de bas en haut. Dans chaque article, un petit schéma vous les positionne.

A l’intérieur

Chapiteau de l’Apocalypse à Saint-Pierre de Chauvigny

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 01, positionnement L’église collégiale Saint-Pierre, en ville haute de Chauvigny (Vienne) est célèbre notamment pour les chapiteaux du chœur, richement sculptés avec des repeints du 19e siècle… mais qui reprend sans doute une partie des peintures romanes. La lutte du bien et du mal est omniprésente dans ce programme sculpté. Après le chapiteau consacré à l’Enfance de Jésus, voici un chapiteau dont le thème principal (mais pas unique) tourne autour de l’Apocalypse. C’est l’un des chapiteaux les plus « bavard » de l’église, avec des légendes inscrites partout… N’allez pas mal interpréter les scènes, tout est expliqué aux chanoines (les paroissiens, à l’époque romane, n’avaient pas accès à cette partie de l’église).

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 02, annonce aux bergers Dans l’ordre de la Bible, la première face est la face nord, qui regarde vers le chœur. Elle ne porte pas une scène de l’Apocalypse mais la cinquième scène du programme sculpté consacrée à l’Enfance de Jésus. Il s’agit de l’annonce aux bergers, qui débordent sur les faces adjacentes. Leurs moutons (bizarrement figurés) sont poussés devant eux.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 03, l'archange de l'annonce aux bergers

L’archange Gabriel (GABRIEL ANGELUS sur son auréole) se tient au milieu de la scène, occupe presque tout le chapiteau avec ses ailes déployées et ses mains largement ouvertes. Il porte la parole de Dieu (DIXIT GLORIA IN EXCELSIS DEO) et est chargé d’annoncer aux bergers que le Christ est né.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 04, berger et moutons Débordant sur la face à droite se trouve un berger avec deux moutons. La légende déborde sur la face ouest du chapiteau : PASTOR BONUS, le bon pasteur.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 05, détail d'un berger A l’opposé, débordant en partie sur la face est du chapiteau, deux autres bergers (PASTORES).

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 06, la Babylone maudite

La face est est envahie par les éléments des scènes adjacentes, le berger à droite, nous l’avons vu, et aussi à gauche, le diable qui tire sur un plateau de la pesée des âmes.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 07, le prophète méditant sur les ruines La scène centrale montre un homme assis, représenté de profil, la tête tournée vers le spectateur dans un air pensif, se tenant la tête de la main gauche. Là, l’identification n’est pas évidente, mais le texte associé donne la clef : « BABILONIA DESERTA » (Babylone maudite). Il s’agit d’un prophète qui médite devant la ruine de la Babylone terrestre.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 08, la pesée des âmes La troisième scène se développe sur la face sud du chapiteau, tout en débordant assez largement à l’est. Il s’agit de la pesée des âmes.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 10, l'archange de la pesée des âmes

Au centre, l’archange Michel (MICAEL ARCANGELUS), les ailes déployées, fait un signe de bénédiction de la main droite et porte de la main gauche la balance destinée à peser les âmes.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 09, l'âme et de diable

Une de ces âmes, représentée traditionnellement sous les traits d’un personnage nu (voir l’âme d’Hilaire sur le chapiteau de la mort d’Hilaire à Poitiers ou les âmes du jugement dernier de la cathédrale Saint-Pierre à Poitiers encore). A l’opposé, un diable s’accroche à un plateau de la balance pour tenter de l’orienter vers l’enfer.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 11, la Grande prostituée de Babylone

La dernière face, vers l’ouest, représente la grande prostituée de Babylone (BABILONIA MAGNA MERETRIX, Apocalypse 17, 1-18). c’est une scène très rarement représentée dans l’art roman.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 12, inscriptions de la Grande prostituée

L’inscription s’emmêle un peu avec celle du bon pasteur… Elle est représentée de manière impudique, les cheveux dénoués et non voilés, les jambes écartées sous sa robe richement ornée…

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Apocalypse, 13, mains de la Grande prostituée Elle tient dans ses mains une coupe (la coupe d’or pleine de l’abomination, dit l’Apocalypse) et un petit vase à parfum.

Les photographies datent de juillet 2012.

Sur un chapiteau de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers…

Poitiers, église Sainte-Radegonde, le choeur et la position du chapiteau avec Adam et Eve Cela fait un moment que je ne vous ai pas emmenés dans l‘église Sainte-Radegonde à Poitiers… (revoir son histoire dans l’article sur son tombeau). En vérifiant les liens récemment, je me suis aperçue qu’en novembre 2008, je ne vous ai montré que deux faces de ce chapiteau du chœur, indiqué sur la vue générale… Vous pouvez les revoir ici, avec Daniel dans la fosse aux lions du côté du chœur et Adam et Ève du côté du déambulatoire. Les deux autres faces sont également sculptées. Les peintures ont été refaites au 19e siècle, mais il est probable qu’ils étaient aussi peints dès l’origine (au 11e siècle).

Poitiers, église Sainte-Radegonde, chapiteau du choeur, Nabucchodonosor Vers le sud (à gauche quand on regarde Adam et Eve, à droite quand on regarde la vue de positionnement ci-dessus) se trouve Nabuchodonosor. Il est assis de face sur son trône. Pour en savoir plus sur Nabuchodonosor, je vous invite à (re)lire l’article sur Nabuchodonosor sur la façade de Notre-Dame-la-Grande, également à Poitiers.

Poitiers, église Sainte-Radegonde, chapiteau du choeur, lions attaquant un homme Sur la face opposée,un homme en train de tomber est attaqué par des lions… ce qui contraste avec la scène adjacente (vers la droite) où les lions lèchent les pieds de Daniel…

Les autres articles sur l’église Sainte-Radegonde

Chapiteau de l’Enfance du Christ à Saint-Pierre de Chauvigny

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 01, positionnement L’église collégiale Saint-Pierre, en ville haute de Chauvigny (Vienne) est célèbre notamment pour les chapiteaux du chœur, richement sculptés avec des repeints du 19e siècle… mais qui reprennent sans doute une partie des peintures romanes. La lutte du bien et du mal est omniprésente dans ce programme sculpté. Je commence aujourd’hui par le chapiteau situé dans l’axe du chœur et qui présente quatre scènes consacrées à l’Enfance de Jésus. Une cinquième scène (l’Annonce aux bergers) se trouve sur un autre chapiteau, dominé par le thème de l’Apocalypse

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 02, Annonciation La première scène, dans l’ordre chronologique de l’histoire dans le Nouveau testament, se trouve non pas sur la face que l’on voit en regardant le chœur, mais sur la face sud. La scène est rapportée dans Luc 1, 26-38: l’archange Gabriel annonce à Marie qu’elle va donner naissance à Jésus, fils de Dieu.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 03, Marie et archange de l'Annonciation Marie (identifiée par S. MARIA), à gauche, accueille la nouvelle les mains ouvertes, tandis que l’archange lui présente une croix.

(Je vous ai déjà montré des scènes de l’Annonciation à Poitiers sur la partie droite du portail Saint-Michel de la cathédrale et sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande).

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 04, Adoration des mages

Sur la face ouest du chapiteau, la plus visible, est représentée l’adoration des mages. Chronologiquement, cette scène se situe après la Nativité (Luc 2, 7, à revoir à Poitiers, sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande) et l’Annonce aux bergers (sur un autre chapiteau de l’église Saint-Pierre à Chauvigny). Avant d’arriver, les rois mages ont eu quelques péripéties (Matthieu 2, 7-10) que l’on peut voir par exemple sur la partie gauche du portail saint Michel de la cathédrale de Poitiers. L’adoration des mages (Matthieu 2, 11) se trouve également sur la partie droite du portail saint Michel de la cathédrale de Poitiers. Revenons à Chauvigny. Marie (à nouveau identifiée par une inscription sur son auréole, SANCT MARIA), tenant Jésus sur ses genoux, trône au centre du chapiteau et est encadrée par deux rois mages à gauche et un à droite. Ils apportent leurs présents.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 05, Vierge à l'Enfant

A gauche est représentée l’étoile du berger, qui a guidé les rois mages, et à droite la main de Dieu.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 06, inscription Godefridus me fecit

Ce chapiteau est surtout célèbre pour son inscription « GOFRIDUS ME FECIT », Geoffroy m’a fait ou m’a fait faire (selon que l’on traduise une forme active ou passive du verbe), mentionnant soit le sculpteur, soit le commanditaire de cet ensemble sculpté.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 07, présentation au Temple

La face sud du chapiteau porte une scène peu fréquente dans l’art roman, la présentation au Temple (Luc 2, 22-39). Sur la droite de cette face se trouve le dernier roi mage de la face précédente.

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 08, Siméon et le Christ

A gauche, Siméon (SIMEON) accueille au-dessus de l’autel Jésus (le nimbe cruciforme suffisait à l’identifier, l’inscription IHS XPS est superflue) présenté par sa mère (SANCTA MARIA). Cette église est décidément bavarde… avec de nombreux textes pour expliciter les scènes pourtant claires… surtout pour les chanoines qui à l’époque avaient seuls accès au chœur…

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 09, Tentation au désert

La face est du chapiteau porte également une scène assez rarement représentée, la tentation au désert (Luc 4, 1-13, Matthieu 4, 1-11).

Chauvigny, église Saint-Pierre, chapiteau de l'Enfance, 10, le Christ et le diable du désert Le Christ, à gauche, fait face au diable… que je trouve très réussi avec ses pattes arrières griffues, ses ailes et ses grandes dents.

Photographies de juillet 2012.

Poitiers, le clocher de Saint-Porchaire restauré

Poitiers, église Saint-Porchaire, 1, sous bâche Le clocher-porche de l’église Saint-Porchaire à Poitiers, que je vous ai déjà présenté avec une série de cartes postales anciennes, a passé quelques mois en restauration… Un seul regret, les guirlandes de leds en tube plastique qui éclairent l’intérieur du clocher-porche.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 2, façade restaurée Il a été dévoilé il y a peu, le résultat est impressionnant, je vous en montrerai d’autres détails dans les prochaines semaines, et vous montre aujourd’hui des détails des chapiteaux du portail, dont la sculpture date de la fin du 11e siècle.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 4, chapiteaux gauches du portail, oiseaux à la coupe et lions A gauche, les deux chapiteaux portent des lions et des oiseaux buvant dans une coupe, un thème que je vous ai déjà présenté sur la façade de Notre-Dame-la-Grande.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 3, chapiteaux gauches du portail, lion et oiseau Voici une autre vue prise de face…

Poitiers, église Saint-Porchaire, 5, chapiteaux gauches du portail, détail inscription LEO / NES Et une vue de détail des lions du chapiteau interne, avec l’inscription LEO / NES (lions) de part et d’autre de l’arbre stylisé qui sépare les deux lions.

Poitiers, église Saint-Porchaire, chapiteau avec Daniel dans la fosse aux lions De l’autre côté, sur le piédroit gauche, je vous ai déjà montré avant nettoyage Daniel dans la fosse aux lions (voir ce premier article pour l’histoire de Daniel, ou bien dans l’ancien Testament, Daniel 6, 2-29).

Poitiers, église Saint-Porchaire, 6, chapiteaux droits du portail, lion et Daniel Après nettoyage… voici l’ensemble, avec les lions dressés sur le chapiteau interne et Daniel dans la fosse aux lions sur le chapiteau externe.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 7, chapiteaux droits du portail, Daniel dans la fosse aux lions

Daniel est représenté au centre de la face principale du chapiteau, debout, bras ouverts. Sur la mandorle (la forme en amande qui l’entoure), l’inscription n’est guère plus lisible qu’auparavant, mais elle a été publiée « Hic Daniel Domino vi[ncit] coetum leoninum » (voir le Corpus des inscriptions médiévales, département de la Vienne, R. Favreau et J. Michaud, 1974). De chaque côté, en bas, un lion vaincu vient lécher la mandorle. En haut à gauche, la main de Dieu émerge des nuées.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 8, chapiteaux droits du portail, Habacucq Sur la droite, tout en haut, un ange est figuré tête vers le bas. Il tient par les cheveux le prophète Habaquq qui apporte à Daniel un pain rond et un autre objet. La représentation d’Habaquq dans la scène de Daniel dans la fosse aux lions se retrouve par exemple sur une chapiteau de la façade de l’église de Mons, en Charente ou sur le chapiteau déjà cité plus haut dans le chœur de l’église Sainte Radegonde à Poitiers.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 9, chapiteaux droits du portail, lions de Daniel À gauche se trouve un curieux monstre, avec un buste humain, un arrière-train de lion et une queue terminée par une tête de serpent.

Des graffitis médiévaux à Saint-Hilaire de Poitiers

Poitiers, le tombeau de Constantin de Melle, emplacement des grafittis médiévaux J’ai longtemps hésité à vous monter ces graffitis, mais la multiplication de graffitis actuels qui les menacent m’incitent à vous les montrer avant qu’ils ne soient détruits… en espérant que la ville de Poitiers prendra conscience de l’importance de ceux-ci et leur offre une protection, ils sont actuellement dans le jardin qui sépare l’église Saint-Hilaire le Grand (revoir son chevet) du Clos Saint-Hilaire, dont je vous ai parlé la semaine dernière. Nous sommes donc sur l’enfeu de Constantin de Melle, sur les deux zones encadrées.

Poitiers, le tombeau de Constantin de Melle, deux début d'alphabet et un jeu de mérelle Sur la colonnette gauche est gravé le début d’un alphabet en minuscule, un tracé qui ressemble à un jeu de mérelle (ou jeu du moulin) et le début d’un alphabet en majuscule. Il pourrait être contemporain du tombeau, à la fin du 11e siècle.

Poitiers, le tombeau de Constantin de Melle, le début de l'alphabet minuscule Le tracé de l’alphabet renvoie (voir références en fin d’article) au rituel de consécration de l’église, dans lequel l’évêque trace au sol avec de la cendre un alphabet latin et un alphabet grec. Des alphabets gravés ont aussi été trouvés dans un certains nombres d’églises romanes. L’alphabet en minuscule est tracé ici de a à m, sans le J (à l’époque, I et J se confondent). Pas de k non plus. Voici le détail de a à g…

Poitiers, le tombeau de Constantin de Melle, alphabet minuscule et le jeu de mérelle … et en tournant autour de la colonnette, de e à m. En-dessous, on voit un jeu de mérelle ou de marelle ou jeu du moulin (voir la règle du jeu par exemple ici) est un jeu qui devient familier au 14e siècle. Son tracé rappelle celui du labyrinthe (voir les interprétations de ce dernier dans l’article sur le labyrinthe de la cathédrale de Poitiers).

Poitiers, le tombeau de Constantin de Melle, le début de l'alphabet en majuscule

En dessous se trouve le début d’un alphabet en majuscule, A, B, C et D avec la courbe du D à l’envers. Il s’agit bien d’un alphabet latin, et non de l’alphabet grec. La forme du A incite à dire que cet alphabet majuscule est de la même main que les minuscules au-dessus.

Poitiers, le tombeau de Constantin de Melle, trois croix (flèches bleues) et un jeu de mérelle Un autre jeu de mérelle (flèche rouge) est tracé sur le mur du fond de l’enfeu. Il est accompagné de plusieurs croix (flèches bleues) et est sans doute lié au passage de pèlerins.Son tracé est plus hésitant que le précédent. Au passage, rappelons que mérelle est aussi le nom de la coquille du pèlerin.

Pour aller plus loin :

– Cécile Treffort : Opus litterarum, l’inscription alphabétique et le rite de la consécration de l’église (IXe-XIIe siècle), Cahiers de civilisation médiévale, n° 53, 2010, p. 153-180.

– plus facile à trouver, mais juste quelques lignes sur le sujet, p. 222 : Cécile Treffort, l’amour des lettres: culture écrite et jeux graphiques en Poitou et dans les pays charentais à l’époque romane, dans le catalogue de l’exposition L’âge roman, arts et culture en Poitou et pays charentais (Xe-XIIe siècles), musée de Poitiers, 2011, éditions Gourcuff-Gradenigo.

Des demoiselles d’Auzay au clos Saint-Hilaire à Poitiers

Poitiers, le clos Saint-Hilaire, 1, aujourd'hui Suite au décapage intempestif du monument aux morts de 1870, Didier Rykner, directeur de la Tribune de l’art (qui avait publié un papier le 23 février 2012, Des « restaurations » décapantes à Poitiers, suivi le même jour Droit de réponse [de la ville de Poitiers] sur l’article Des « restaurations » décapantes à Poitiers et d’une Réponse au droit de réponse de la Mairie de Poitiers), est venu passer une journée à Poitiers, qu’il a pu visiter de long en large. Il a tiré de cette visite une première impression générale dans cet article, et annonce toute une série d’articles détaillés à venir. Il commence par la question du Clos Saint-Hilaire, un immeuble très moche et mal construit qui a fait beaucoup parler de lui tout au long du chantier, avec une très mauvaise prise en compte du patrimoine historique et archéologique. Je ne vous en avais pas encore parlé ici, car je pensais que c’était une affaire classée, même si je sais par des voisins qu’il reste des lots à vendre et que les travaux ne sont toujours pas réceptionnés suite à de multiples malfaçons.

La visite de Didier Rykner relance la question… puisqu’il a pu constater que les prescriptions du permis de construire n’ont pas été respectées. Ainsi, des piliers provisoires en béton, qui n’étaient pas dans le permis de construire et pour lesquels le préfet avait certifié qu’ils seraient enlevés à la fin du chantier, sont toujours en place. Une grosse poutre du 13e siècle, qui devait être préservée dans l’ancien réfectoire, finement sculptée sur ses bords, a été sciée (voir les photographies dans son article Saint-Hilaire dénaturé). Il n’y a donc eu aucun contrôle de l’administration préfectorale ou des monuments historiques à l’issue du chantier? (Didier Rykner souligne que ces deux administrations ont refusé de lui répondre, se cachant derrière le devoir de réserve en période électorale…).

Poitiers, institution des Mlles d'Auzay à Saint-Hilaire, 1, angle de la cour contre l'église Je vous rappelle juste que nous sommes au sud de l’église collégiale Saint-Hilaire, où se trouvait le cloître et auparavant à l’époque romaine le cimetière où avait était enterré Saint-Hilaire. L’église est classée monument historique sur la première liste établie sous l’égide de Prosper Mérimée en 1840, revoir sur ce blog par exemple son beau chevet roman, la mort d’Hilaire sur un chapiteau, la charité de Saint-Martin peinte à l’époque romane. Un étroit jardin public borde de ce coté l’église, où se trouve l’enfeu de Constantin de Melle avec ses graffitis médiévaux (dont un alphabet). Ce tombeau et la statue de la Vierge qui est toujours dans l’angle du square étaient au début du 20e siècle dans la cour de l’école privée dite institution des demoiselles d’Auzay, comme on peut le voir sur cette carte postale ancienne.

Poitiers, le clos Saint-Hilaire, 5, l'enfeu de Constantin de Melle et la statue aujourd'hui Et la vue aujourd’hui, à part le mur de clôture qui a été percé pour laisser passer l’escalier qui rejoint le chevet, ça n’a pas beaucoup changé.

Poitiers, institution des Mlles d'Auzay à Saint-Hilaire, 2, cour dans le cloître Dans le cloître et les anciens bâtiments monastiques se trouvait la cour principale de l’institution puis de l’école qui lui a succédé et avait quelque peu modifié le bâtiment (adjonction de préfabriqués, le grand toit que l’on voit à l’arrière du préau avait été remplacé par un toit en terrasse). Le mieux aurait été, au moment de la vente (la congrégation religieuse avait de l’argent) que la ville préempte ce terrain (adossé à un monument historique, voir plus haut, l’église est également inscrite depuis 1998 sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, parmi 77 édifices au titre des  » chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France « ). Mais elle n’en a rien fait et accepté un premier permis de construire qui aurait enterré un parking dans l’ancien cloître. Les sondages archéologiques ayant confirmé la présence du cimetière et le coût des fouilles préventives étant dissuasif (plus que les protestations des historiens locaux), un deuxième permis de construire a été déposé, le parking a été aménagé en surface, les couches archéologiques étant protégées par un géotextile et une couche de sable (cela gèle les fouilles mais protège assez efficacement les sédiments pour des fouilles dans un lointain futur).

Poitiers, institution des Mlles d'Auzay à Saint-Hilaire, 3, cour haute Pour compléter la documentation sur cette institution, elle occupait aussi le bâtiment plus à l’est, la cour que l’on voit au premier plan ici sert en semaine de stationnement à des logements situés plus au sud. Sur l’image du bas, on voit à l’arrière le grand bâtiment qui contient l’ancien réfectoire et cellier monastique.

Poitiers, le clos Saint-Hilaire, 4, l'ancienne cour haute de l'institution Voici cette même cour haute prise en photographie un dimanche, donc sans voiture.

Poitiers, institution des Mlles d'Auzay à Saint-Hilaire, 4, quatre vues intérieures

Quelques vues intérieures, une salle d’étude, un dortoir, le parloir et la chapelle, il y a cent ans (et donc sans doute plus ainsi au moment du projet des années 2000).

Poitiers, le clos Saint-Hilaire, le bâtiment en cours de construction J’ai retrouvé des photographies pendant le chantier. Le bâtiment au sud conserve en élévation le cellier-réfectoire, à l’intérieur duquel se trouvent notamment les poutres datées du 13e siècle. Ce rez-de-chaussée n’a pas été aménagé pour l’immeuble d’habitation, mais celui-ci est construit tout contre et au-dessus (la flèche rouge sur la première photographie). Au passage, vous avez une vision de la très basse qualité de la construction, les appartements sont vendus comme des appartements de standing! En parpaings agglomérés!

Poitiers, le clos Saint-Hilaire, 7, dépotoir entre le garage et la clôture Et plusieurs années après la fin du chantier, il y a toujours des matériaux qui traînent, comme ces tuyaux entre le garage et la clôture du domaine public de Saint-Hilaire, une honte le long d’un monument historique!

Poitiers, le clos Saint-Hilaire, le mur de clôture protégé monument historique Du côté ouest, le mur en bordure de rue est le mur de clôture d’origine du cloître de la collégiale. Il est protégé au titre des monuments historiques (l’arrêté de protection, daté du 5 juin 1941, précise que sont protégés les vestiges du mur d’enceinte situés en bordure de la rue Saint-Hilaire) et ne devait pas être modifié (la flèche bleue du premier montage photographique, et ci-contre pendant le chantier).

Poitiers, le clos Saint-Hilaire, la porte de garage Il a été allègrement repris, parce qu’il faut bien faire entrer les voitures, et le bardage en bois a été réalisé n’importe comment, le bois qui ne devait pas être sec lors de la mise en œuvre a vrillé… Voir aussi la photographie n° 6 de Didier Rykner dans Saint-Hilaire dénaturé.

Une bien triste histoire… Rappelons juste que la ville de Poitiers souhaite toujours déposer un dossier de protection de la ville sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, quand on voit ce qu’elle a autorisé (et laissé faire contre les prescriptions pourtant minimales du permis de construire) sur le seul bien (ou plutôt partie de bien culturel) de l’Unesco qu’elle possède, ça laisse rêveur…