Archives de l’auteur : Véronique Dujardin

Juste la fin du monde, de Xavier Dolan

Affiche de Juste la fin du monde, de Xavier DolanUn mois sans cinéma pour cause de déplacements, j’ai failli ne pas voir Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, grand prix du jury au dernier festival de Cannes, programmé en dernière semaine ici. Il s’agit d’une adaptation d’une pièce de Jean-Luc Lagarce (mort à 38 ans du sida, en 1995). Du même réalisateur, revoir mon avis sur Mommy.

L’histoire : de nos jours dans un coin paumé au Canada, à une heure de l’aéroport. Louis [Gaspard Ulliel], auteur de pièces de théâtre, 34 ans, revient dans sa famille après douze ans d’absence, avec un objectif, annoncer sa mort prochaine. Il retrouve sa mère [Nathalie Baye], Antoine son frère aîné [Vincent Cassel] et sa femme Catherine [],dont il fait la connaissance, et  Suzanne [], sa petite sœur. Le repas dominical s’annonce tendu, entre la mère « qui en fait trop », Suzanne, jeune adulte qui suit la vie de son frère par des coupures de presse et ses brèves cartes postales, Antoine, désagréable, la violence à fleur de peau, et Catherine, qui essaye maladroitement de détendre la situation… Louis réussira-t-il à faire son annonce?

Mon avis : un film avec juste cinq personnages, un lieu, une maison et son jardin, et surtout de très gros plans de visages, la petite cicatrice qui fait fossette sur la joue de Gaspard Ulliel quand il sourit n’a plus de secret à la fin du film… mais les secrets de famille, omniprésents, alourdissant l’ambiance, n’arrivent pas à émerger dans cette famille incapable de communiquer: pourquoi Louis est-il parti? Qui est le père, absent? Pourquoi Antoine envoie-t-il en permanence des références douteuses à l’homosexualité de son frère? S’est-il passé un fait grave, comme le suggère Suzanne, qui a peu de souvenirs de cette période? Louis non plus n’est pas doué pour communiquer, sa mère moque ses phrases de trois mots, tous ses cartes postales, si courtes et vides de mots ouverts à tous avec leur absence d’enveloppes… Pour rompre le huis-clos, il ne faut pas compter sur le bref voyage en voiture des deux frères, où la tension monte encore, la respiration vient de quelques flash-backs, le retour des courses de la mère et de Suzanne, le pique-nique dominical du dimanche (avec le père, tiens, tiens, mais avant la naissance de Suzanne), l’attente au buffet du petit aéroport, une nuit de l’adolescent avec son amant…

PS : comme Danielle et Nini 79, deux fidèles lectrices du blog, l’ont souligné en commentaire, je n’ai pas donné mon avis sur le film… Acte manqué… le film a fait écho à beaucoup de vécu personnel. J’ai bien aimé cette façon de filmer les visages, les clairs-obscurs et surtout les silences, les non-dits, le secret!

Hommage à Nijinski, par Dominique Brun

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014

Je ne vous ai pas parlé de tous les spectacles que j’ai vus au cours de saison 2015-2016 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, ni donné mes choix pour la saison 2016-2017, mais je suis allée au premier spectacle cette semaine, L’hommage à Vaslav Nijinski, par Dominique Brun.

Le spectacle : trois pièces sont proposées, L’Après-midi d’un faune (1894, illustrant un poème de Stéphane Mallarmé sur une musique de Claude Debussy) avec la restitution de la mise en scène par Nijinski, qui l’avait transcrite dans un système de notation des mouvements (1915), Jeux (musique de Claude Debussy) et Le Sacre du printemps (musique de Igor Stravinsky), tous deux créés en 1913 à quelques jours d’écart, pour lesquels la chorégraphie n’est pas conservée et a donc été créée par Dominique Brun. Le tout sur une musique enregistrée (oui, un peu dommage…).

Mon avis : si j’avais été déçue par le dernier spectacle de danse vu la saison dernière, cette fois, j’ai été enchantée par cette soirée! Les trois pièces sont d’une grande modernité, et l’on peut comprendre le scandale provoqué lors de leur création, surtout Jeux, qui joue sur l’ambiguïté sexuelle et l’amour à trois… Un grand bravo aux six danseurs / danseuses qui échangent leurs costumes (assimilé à « masculins » ou « féminins ») quasiment à chaque passage en coulisse.Le Sacre du printemps est dansé sur un « tapis vert » devant un grand décor de lac, à défaut de proposer un décor de scène par un grand artiste comme les fonds de scènes proposés par les artistes d’avant-garde autour de la Première Guerre mondiale (comme Parade, réalisé par Pablo Picasso en 1917, vu dans l’exposition éponyme à Metz), souvent accompagnés de costumes très colorés (par exemple ceux de Marc Chagall).

Point d’extravagance ici dans les costumes de Sylvie Skinazi pour les deux premières pièces, mais ils sont parfaitement au service de la chorégraphie, avec les perruques à l’Antique pour L’Après-midi d’un faune où la chorégraphie joue sur le profil des danseurs et danseuses ou les costumes et robes blanches pour Jeux, même s’ils se sont salis lors des mouvements au sol.

S’il passe près de chez vous, n’hésitez pas!

Pour aller plus loin : voir un extrait proposé par la philharmonie de Paris.

Pas pleurer de Lydie Salvayre

Couverture de Pas pleurer de Lydie SalvayreCe livre avait obtenu le prix Goncourt en 2014, une amie me l’a prêté en version de poche.

Le livre : Pas pleurer de  Lydie Salvayre, éditions du Seuil, 2014, 288 pages, ISBN 9782021116199.

L’histoire : de nos jours… Montse, une vieille dame, la mère de la narratrice, a tout oublié de sa vie sauf quelques mois en 1936 en Espagne. Adolescente dans un village, elle se rebelle contre  sa mère qui cherche le « bon parti » pour un mariage. Quand les « Révolutionnaires » arrivent, parlent de liberté, de partage des terres, ils séduisent son frère aîné, José, et elle décide de partir avec eux « à la ville », à Burgos. Suite à une relation d’une nuit avec un volontaire français des Brigades Internationales, elle tombe enceinte… En réponse à ce récit de Montse, la colère de Georges Bernanos, catholique convaincu, en séjour à Majorque, dénonce la passivité du clergé espagnol face aux exactions des Nationaux (les Franquistes).

Mon avis : Les deux récits se mêlent, alternent. Les passages plus longs de la vie de Montse sont écrits dans une langue haute en couleur, qui reflète l’exil, le mélange de mots espagnols ou « fragnol », avec des néologismes mêlant les deux langues de cette vieille dame exilée – la langue natale fatalement n’a jamais disparu – mais aussi peut-être la tendance de certains malades d’Alzheimer à utiliser un vocabulaire scatologique par levée des inhibitions et qui aboutit donc à l’irruption dans le récit de mots qui peuvent paraître comme « grossiers » mais arrivent très naturellement dans le récit imagé de ces quelques semaines tragiques. J’ai lu un certain nombre de livres autour de la guerre d’Espagne (voir notamment Espagne, Espagne!, de ), elle est cette fois abordée du point de vue d’un village, de ses habitants qui vont se déchirer en quelques semaines autour d’enjeux qui les touchent de près, notamment le partage ou non des terres et des richesses. Le mélange avec le point de vue de Georges Bernanos, en Espagne aussi mais sur l’île de Majorque, m’a d’abord déconcertée, avec le décalage de lieu, de langue, d’enjeu puisque l’on a un notable, intellectuel exilé depuis deux ans pour des raisons financières. Georges Bernanos… un auteur ultra-catholique qui ne m’a jamais vraiment tenté. Membre de l’Action française, mouvement politique à tendance royaliste et d’extrême droite, Georges Bernanos ne m’est pas particulièrement sympathique, mais ce livre m’a donné envie de lire Les grands cimetières sous la lune.

Prix Nobel de littérature

Le prix Nobel de littérature 2016, Bob Dylan, ne me donnera pas beaucoup de lecture!!! Mais c’est peut-être l’occasion de reprendre la lecture des ouvrages de certains auteurs devenus des grands classiques ou tombés dans l’oubli…

Article du 11 février 2013 : Sur mon ancien blog, les Prix Nobel étaient regroupés sur une page, j’ai préféré en faire ici un article… et cela me rappelle que j’avais comme objectif d’en lire au moins un par mois… A reprendre très vite! Cela intéresserait quelqu’un de participer avec moi, histoire de se soutenir dans cette aventure???

En commençant la lecture de Une histoire d’amour et de ténèbres, long récit autobiographique d’Amos Oz je me suis aperçue que je ne connaissais absolument pas Samuel Yosef Agnon, dont il parle et qui reçut le prix Nobel de littérature en 1966 conjointement et symboliquement avec la poétesse suédoise d’origine juive allemande (émigrée avec sa famille en Suède en 1940), Nelly Sachs. Je me suis alors penchée sur la liste des prix Nobel de littérature. Bilan : j’en avais lu très peu. Je me propose donc de lire ou relire chaque mois une de leurs œuvres, et de compléter au fur et à mesure cette nouvelle page Prix Nobel de littératures, livres lus avec les liens vers mes articles. Et pour l’occasion, j’ouvre aussi une nouvelle rubrique, livre et lecture, prix Nobel.

Voici la liste des prix Nobel de littérature, avec la liste de leurs livres présents dans ma bibliothèque (honte à moi, il y en a très peu, mais tous ont été lus) et les liens vers les articles lorsque j’en ai rédigés à leur sujet.

  • 1901 : Sully Prudhomme, France ;
  • 1902 : Theodor Mommsen Empire allemand ;
  • 1903 : Bjørnstjerne Martinus Bjørnson, Norvège ;
  • 1904 : Frédéric Mistral, France, et José Echegaray y Eizaguirre, Espagne ;
  • 1905 : Henryk Sienkiewicz, Pologne ;
  • 1906 : Giosuè Carducci, Italie ;
  • 1907 : Rudyard Kipling, Royaume-Uni : Le livre de la jungle ; Le second livre de la jungle ; La première apparition de Mowgli ; Kim ; Simples contes des collines ; Fantômes et prodiges de
    l’Inde ; Capitaines courageux ;
  • 1908 : Rudolf Christoph Eucken, Empire allemand ;
  • 1909 : Selma Lagerlöf, Suède : Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède ;
  • 1910 : Paul Heyse, Empire allemand  ;
  • 1911 : Maurice Maeterlinck, Belgique ;
  • 1912 : Gerhart Hauptmann, Empire allemand ;
  • 1913 : Rabîndranâth Tagore, Royaume-Uni (colonie, Calcutta, Inde) ;
  • 1914 : non attribué ;
  • 1915 : Romain Rolland, France ;
  • 1916 : Verner von Heidenstam, Suède ;
  • 1917 : Karl Adolph Gjellerup, Danemark, et Henrik Pontoppidan, Danemark ;
  • 1918 : non attribué ;
  • 1919 : Carl Spitteler, Suisse  ;
  • 1920 : Knut Pedersen Hamsun, Norvège : Rosa ; Un vagabond joue en sourdine ;
  • 1921 : Anatole France, France : Les autels de la peur ;
  • 1922 : Jacinto Benavente, Espagne ;
  • 1923 : William Butler Yeats, Irlande ;
  • 1924 : Wladyslaw Stanislaw Reymont, Pologne ;
  • 1925 : George Bernard Shaw, Irlande ;
  • 1926 : Grazia Deledda, Italie ;
  • 1927 : Henri Bergson, France ;
  • 1928 : Sigrid Undset, Norvège ;
  • 1929 : Thomas Mann, Allemagne : La mort à Venise ; Tristan ; Les Buddenbrook ;
  • 1930 : Sinclair Lewis, États-Unis ;
  • 1931 : Erik Axel Karlfeldt, Suède ;
  • 1932 : John Galsworthy, Royaume-Uni ;
  • 1933 : Ivan Bounine, URSS ;
  • 1934 : Luigi Pirandello, Italie : Henri I ; Le jeu des rôles ; Qui sait la vérité ? ;
  • 1936 : Eugene O’Neill, États-Unis ;
  • 1937 : Roger Martin du Gard, France ;
  • 1938 : Pearl Buck, Etats-Unis : La famille dispersée ; Le patriote ; Pavillon des femmes ; Es-tu maître de l’aube ?
  • 1939 : Frans Eemil Sillanpää, Finlande ;
  • 1940 à 1943 : non attribué ;
  • 1944 : Johannes Vilhelm Jensen, Danemark ;
  • 1945 : Gabriela Mistral, Chili ;
  • 1946 : Hermann Hesse, Allemagne : Lettre à un jeune artiste ; Mon enfance ; Le loup des steppes ; Die Märchen ; Narciss und Golmund (ces deux derniers en allemand, car étudiés en classe préparatoire) ;
  • 1947 : André Gide, France : Les caves du Vatican ; La symphonie pastorale ; L’immoraliste ; La Porte étroite ;
  • 1948 : Thomas Stearns Eliot, États-Unis ;
  • 1949 : William Faulkner, États-Unis : Monnaie de singe ;
  • 1950 : Bertrand Arthur William, comte Russell, Royaume-Uni ;
  • 1951 : Pär Lagerkvist, Suède ;
  • 1952 : François Mauriac, France : Tante Zulnie ; Le Baiser au lépreux ; Genitrix ; Le désert d’amour ; Thérèse Desqueyroux ; Thérèse chez le docteur ; Thérèse à l’hôtel ; Destins ; Le nœud de vipères ; Le mystère Frontenac ; Les anges noirs ; Le Rang ; Conte de Noël ; la Pharisienne ; Le Sagouin ;
  • 1953 : Sir Winston Leonard Spencer Churchill, Royaume-Uni ;
  • 1954 : Ernest Hemingway, États-Unis : 50000 dollars ; Les neiges du Kilimandjaro suivi de Dix indiens ; Pour qui sonne le glas ; Le vieil homme et la mer ;
  • 1955 : Halldór Laxness, Islande ;
  • 1956 : Juan Ramón Jiménez, Espagne ;
  • 1957 : Albert Camus, France : Caligula ; Le malentendu ; L’étranger ; La peste ; Noces ; L’été ;
  • 1958 : Boris Pasternak, URSS (contraint à refuser le prix) ;
  • 1959 : Salvatore Quasimodo, Italie ;
  • 1960 : Saint-John Perse, France: Amers suivi de Oiseaux ;
  • 1961 : Ivo Andric, Yougoslavie : Visages
  • 1962 : John Steinbeck, États-Unis ;
  • 1963 : Giorgos Séféris, Grèce ;
  • 1964 : Jean-Paul Sartre, France (refuse le prix) : Le Diable et le Bon Dieu ; Les mots ;
    Huis clos ; Les mouches ;
  • 1965 : Mikhaïl Cholokhov, URSS ;
  • 1966 : Samuel Yosef Agnon : Israël, et Nelly Sachs, juive allemande exilée en Suède ;
  • 1967 : Miguel Ángel Asturias, Guatemala ;
  • 1968 : Yasunari Kawabata, Japon : Le lac ;
  • 1969 : Samuel Beckett, Irlande ;
  • 1970 : Alexandre Soljenitsyne, URSS ;
  • 1971 : Pablo Neruda, Chili ;
  • 1972 : Heinrich Böll, République fédérale d’Allemagne : Lettre à un jeune catholique ; Lettre à un jeune non-catholique ;
  • 1973 : Patrick White, Australie : La ceinture de feuille ;
  • 1974 : Eyvind Johnson, Suède, et Harry Martinson, Suède ;
  • 1975 : Eugenio Montale, Italie ;
  • 1976 : Saul Bellow, États-Unis ;
  • 1977 : Vicente Aleixandre, Espagne ;
  • 1978 : Isaac Bashevis Singer, États-Unis ;
  • 1979 : Odysséas Elýtis, Grèce : Les Analogies de la lumière ;
  • 1980 : Czeslaw Milosz, Pologne ;
  • 1981 : Elias Canetti, Royaume-Uni, né en Bulgarie ;
  • 1982 : Gabriel García Márquez, Colombie : La mala hora ; L’amour aux temps du choléra ; Douze contes vagabonds ;
  • 1983 : William Golding, Royaume-Uni ;
  • 1984 : Jaroslav Seifert, Tchécoslovaquie ;
  • 1985 : Claude Simon, France : Le tramway ;
  • 1986 : Wole Soyinka, Nigeria ;
  • 1987 : Joseph Brodsky, URSS ;
  • 1988 : Naguib Mahfouz, Égypte : Le voleur et les chiens ; Récits de notre quartier ;
  • 1989 : Camilo José Cela, Espagne ;
  • 1990 : Octavio Paz, Mexique ;
  • 1991 : Nadine Gordimer, Afrique du Sud ;
  • 1992 : Derek Walcott, Sainte-Lucie ;
  • 1993 : Toni Morrison, États-Unis : La chanson de Salomon ; Home
  • 1994 : Kenzaburo Oe, Japon ;
  • 1995 : Seamus Heaney, Irlande ;
  • 1996 : Wislawa Szymborska, Pologne ;
  • 1997 : Dario Fo, Italie : Mystère bouffe, jonglerie populaire ;
  • 1998 : José Saramago, Portugal : Pérégrinations portugaises ;
  • 1999 : Günter Grass, Allemagne : Le chat et la souris ;
  • 2000 : Gao Xingjian, France, né en Chine : La montagne de l’âme ; Le livre  d’un homme seul ;
  • 2001 : Vidiadhar Surajprasad Naipaul, Royaume-Uni ;
  • 2002 : Imre Kertész, Hongrie ;
  • 2003 : John Maxwell Coetzee, Afrique du Sud : L’été de la vie ; Scènes de la vie d’un jeune garçon  ;
  • 2004 : Elfriede Jelinek, Autriche ;
  • 2005 : Harold Pinter, Royaume-Uni ;
  • 2006 : Orhan Pamuk, Turquie : Neige ; Cette chose étrange pour moi ;
  • 2007 : Doris Lessing, Royaume-Uni : Le rêve le plus doux ;
  • 2008 : Jean-Marie Gustave Le Clézio, France : La ronde et autres faits divers.
  • 2009 : Herta Müller, Allemagne (auteure d’origine roumaine) : L’homme est un grand faisan sur terre, La convocation, Animal du cœur, La bascule du souffle
  • 2010 : Mario Vargas Llosa, Espagne (auteur d’origine péruvienne)
  • 2011 : Tomas Tranströmer, Suède: Baltiques et autres poèmes
  • 2012 : Mo Yan, Chine : Grenouilles, Le veau et le coureur de fond
  • 2013 : Alice Munro, Canada : Amie de ma jeunesse
  • 2014 : Patrick Modiano, France : Un pedigree, Du plus loin de l’oubli
  • 2015 : Svetlana AlexievitchBiélorussie
  • 2016 : Bob Dylan, États-Unis
  • 2017 : à venir à l’automne…

Les chasseurs d’aigles de Jules Coutan, à Paris

Les chasseurs d'aigles de Jules Coutan, vue d'ensembleAujourd’hui [7/10/2016], je vous emmène au Muséum d’histoire naturelle à Paris, ou plutôt sur la façade de l’un des bâtiments (galerie d’Anthropologie) rue Buffon. J’ai pris ces photographies en juin 2014… je passerai voir lors d’une prochaine visite à Paris si quelque chose a été fait pour restaurer cette sculpture ou si les sangles sont toujours là. Je ne suis pas sûre d’avoir le temps d’aller voir ce qu’il en est ce week-end.

Les chasseurs d'aigles de Jules Coutan, vue d'ensemble, octobre 2016[PS du 11/10/2016 : les sangles sont toujours en place… juste un peu plus sales! Le provisoire peut durer longtemps au Muséum… Et pour mes fidèles lecteurs, je suis encore en vadrouille quelques jours, au Pays basque, reprise des articles à mon retour].

Signature J. Coutan 1900 sur Les chasseurs d'aigles de Jules CoutanElle porte la signature J. Coutan 1900, pour Jules Coutan (Paris, 1848 – 1939), prix de Rome en 1872, artiste dont je vous ai déjà parlé au sujet du monument aux morts de 1870-1871 à Poitiers et de la tombe de la famille Herbette dans le  à Paris. Le plâtre monumental (hauteur 5m35 ; largeur 3m05 ; profondeur 1m2) a été commandé en 1893 et terminé en 1900 d’après la notice du musée d’Orsay où il se trouve sous le titre Les chasseurs d’aigles. Commandé par l’État, le tirage en bronze, réalisé par Denonvilliers, a été présenté sous le titre Les races humaines, sans doute pour être en accord avec la galerie d’Anthropologie! Mais la tenue des chasseurs – l’un nu, les autres vêtus de peau de bête – et leurs armes – arc rudimentaire, pierre, massue – explique aussi ce changement de titre sans remous… Autre époque! Je ne l’ai pas trouvé dans les Catalogues des artistes français (j’ai contrôlé 1893 à 1901).

Les chasseurs d'aigles de Jules Coutan, aigle blessé par une flècheSi l’un des aigles est bien blessé par une flèche…

… et un aiglon semble mort (désolée, le point s’est fait sur la sangle et pas la sculpture…)…

Les chasseurs d'aigles de Jules Coutan, aigle qui attaque les chasseurs… le troisième aigle est bien vaillant et attaque les trois chasseurs !

Tout en bas, l’archer, nu, est accroupi à l’affût, armé d’un arc rudimentaire avec de grosses flèches.

Les chasseurs d'aigles de Jules Coutan, chasseur armé d'une brancheLe chasseur du haut se protège le visage avec le coude gauche et une branche de bois – même pas un gourdin – qu’il brandit de la main droite. Il a les cheveux couverts d’une peau de bête qui lui retombe dans le dos.

Les chasseurs d'aigles de Jules Coutan, chasseur armé d'une pierreCabré en arrière, le troisième chasseur, dont les yeux sont visés par l’aigle survivant, brandit une simple pierre de la main droite. Il est vêtu d’un pagne en fourrure…

Les chasseurs d'aigles de Jules Coutan, pieds chaussés de fourrure maintenue par des bandes molletières… mais comble du raffinement ;-), il porte des guêtres, enfin, des bandes de fourrure maintenue par des bandes molletières!

Photographies juin 2014 et octobre 2016

Le monument de la place de la République à Paris : les reliefs

Monument de la République à Paris Je poursuis la découverte du monument de la place de la République à Paris. Après les quatre figures allégoriques (République, Liberté, Égalité, Fraternité), voici les douze plaques en bronze apposées tout autour du socle et qui racontent les principaux épisodes de l’histoire de la République de 1789 à 1883, date d’érection du monuments. Les sculptures et les reliefs sont de Léopold Morice, dont le frère Charles a réalisé l’architecte du monument.

Monument de la République à Paris : marque du fondeur Thiébaut frères sur l'un des reliefsComme pour le lion et la République, la fonte a été réalisée par Thiébaut frères, dont la marque est apposée en bas à gauche de plusieurs reliefs. La date correspondant à chaque événement est gravée sur le monument, au-dessus du relief. Je vous le montre pour le premier, puis j’ai resserré le cadrage de mes photographies.

Monument de la République à Paris : 20 juin 1789Le premier relief illustre le 20 juin 1789… Alors, vite, on révise son histoire de France, tiens, à transmettre aux candidats à la Présidentielle et déjà aux candidats aux primaires: s’ils n’identifient pas correctement les événements de ces douze dates, ils sont disqualifiés! Alors… Vous avez trouvé? Oui, c’est le Serment du jeu de paume. Les députés, réunis pour les états généraux à Versailles, entrent en résistance contre le roi, ils approuvent le texte rédigé par l’abbé Emmanuel-Joseph Sieyès et lu par Jean-Sylvain Bailly, « de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides »… La composition reprend en gros le célèbre dessin de David…

Monument de la République à Paris : 20 juin 1789, détail de la partie gauche… y compris la foule qui applaudit aux fenêtres à l’arrière-plan…

Monument de la République à Paris : 20 juin 1789, détail de la partie droite… mais le panier à droite (pain?) n’est pas sur le dessin.

Monument de la République à Paris : 14 juillet 178914 juillet 1789… Là, c’est facile! Prise de la Bastille

Monument de la République à Paris : 4 août 17894 août 1789… Nuit du 4 août… abolition des privilèges, même si certains n’ont toujours pas compris ce que ça veut dire, ou qui doivent croire au transfert des privilèges de la noblesse vers les députés (et autres édiles…).

Monument de la République à Paris : 4 août 1789, détail de la partie droitePour l’instant, perruques, chapeaux, cheveux nus ou tonsures permettent encore de distinguer les trois ordres (noblesse, clergé et Tiers-État).

Monument de la République à Paris : 14 juillet 179014 juillet 1790, Fête de la Fédération… c’est elle qui est fêtée sur la plupart des monuments au Centenaire de la Révolution (voir par exemple celui de Châtellerault). La grande fête organisée pour fêter l’anniversaire de la prise de la Bastille réunit une grande foule place du Champ-de-Mars à Paris, aménagée pour l’occasion, et dans toute la France. Au moment de l’édification du monument de la place de la République, le 14 juillet vient juste (depuis le 6 juillet 1880) de devenir le jour de la Fête nationale française, sans préciser si c’est 1789 ou 1790. La Fayette, au nom des gardes nationales fédérées, prête serment de fidélité « à la nation, à la loi et au roi », de maintenir la Constitution, d’assurer la protection des biens et des personnes… puis le roi prête à son tour serment de fidélité aux lois nouvelles.

Monument de la République à Paris : 11 juillet 179211  juillet 1792, Proclamation de la Patrie en danger, la guerre avait été déclarée au roi de Bohême et de Hongrie (donc à l’Autriche et non à tout l’Empire romain-germanique) par Louis XVI le 20 avril, puis avait mis son véto au projets de déportation des prêtres réfractaires et de constitution d’un camp de gardes nationaux (Fédérés) pour défendre Paris… Suite à l’entrée en guerre de la Prusse le 6 juillet, l’assemblée nationale contourne ce véto en proclamant la patrie en danger. Les volontaires sont appelés à rejoindre Paris…

Monument de la République à Paris : 20 septembre 1792… ce qui permet la victoire célébrée sur la plaque suivante, 20 septembre 1792, La bataille de Valmy, les armées prussiennes sont stoppées par les troupes révolutionnaires, commandées par Charles-François Dumouriez, aux portes de Paris, dans la Marne… Le début d’une série de victoires. Vous avez remarqué le grand chêne à droite du relief? Le même jour, l’assemblée nationale vote la laïcisation de l’état civil et l’autorisation du divorce! Et renouvelle la Commune insurrectionnelle de Paris.

Monument de la République à Paris : 21 septembre 1792L’histoire se précipite et le 21 septembre 1792 est la date suivante… Dès le lendemain de Valmy (ou plutôt le lendemain des décisions législatives précédentes), la Convention nationale tient sa première séance et proclame L’abolition de la royauté, proclame la République et décide de l’instauration du suffrage universel (ça ne va pas durer) pour ratifier la nouvelle constitution . Le calendrier est revu et l’on passe de 1792 à l’an I de la République!

Monument de la République à Paris : 13 prairial an II (1er juin 1794)Du coup, la date suivante est le… 13 prairial an II (1er juin 1794), là, j’avoue que j’ai dû chercher! Il s’agit de la Bataille navale de prairial qui a opposé Français et Anglais au large d’Ouessant. Les Anglais tentaient d’empêcher le passage de vivres en provenance des États-Unis. La victoire est revendiquée… par les deux camps! Les Français ont perdu 7 navires mais les Anglais n’ont pas intercepté la cargaison de vivres.

Grand saut dans le temps… on passe directement à 1830! Vous remarquerez au passage les choix « consensuels » qui sont faits, la fuite du roi, sa décapitation etc. ne sont pas célébrés sur ces reliefs, ils évitent aussi toute la période de l’Empire et de la Restauration! Cinquante ans plus tard, la République est fragile, pas question de remuer des questions qui fâchent.

Monument de la République à Paris : 29 juillet 1830Nous voici donc le 29 juillet 1830. Les Trois glorieuses (27, 28, 29 juillet 1830) se terminent par l’instauration de la monarchie constitutionnelle dite Monarchie de juillet… Le 30 juillet, Charles X est éliminé et Louis-Philippe arrive le lendemain.

Monument de la République à Paris : 4 mars 1848De Révolution en révolution, on passe au 4 mars 1848. Marianne trône maintenant derrière la table du Conseil. La Révolution, qui a commencé par l’insurrection de Paris le 22 février, c’est soldée par l’instauration de la Deuxième République le 24 février.  Le 4 mars 1848, c’est l’adoption du suffrage universel (masculin)…

Monument de la République à Paris : 4 septembre 1870 L’histoire de France est tronquée du Second Empire et nous voici le 4 septembre 1870. Il s’agit de la date de la Proclamation de la troisième République. Le 2 septembre, Napoléon III avait été battu à Sedan, entraînant de nouvelles émeutes à Paris et la convocation dans l’urgence du corps législatif.

Monument de la République à Paris : 14 juillet 1880Cette fois, la Commune de Paris (18 mars – 28 mai 1871) est passée sous silence. On arrive au dernier relief, qui relate un fait qui eut lieu le jour même de l’inauguration du plâtre préfigurant le monument de la République! Nous sommes le 14 juillet 1880, première fête nationale officiellement à cette date (voir plus haut au 14 juillet 1890).

Monument de la République à Paris : 14 juillet 1880, détail de la partie gaucheLa scène se passe sur la place de la Bastille, le petit génie de la Liberté qui se trouve place de la Bastille.

Photographies d’août 2014.

Abécédaire chat, huitième étape

Abécédaire chat, avancée de septembre 2016, détailJ’ai un peu avancé mon chat pour le SAL (projet de broderie en commun) « Chat va vider mon placard » (étendu aux broderies d’autres animaux), coordonné par Minouche… et ai brodé les lettres p, v, la queue et le début de la tête du dernier chat…

Abécédaire chat, avancée de septembre 2016, l'ensembleCe projet avance bien au fil des mois… C’est un modèle d’abécédaire pris dans le livre Brodez-moi chat d’Isabelle Haccourt-Vautier et Adeline Cras.

Revoir: la première étape, la deuxième, la troisième,  la quatrième, la cinquième, la sixième, la septième étapes, à suivre…

Mon père ouvre son atelier les 30 septembre, 1er et 2 octobre 2016

Installation de l’atelier de Lucien Dujardin pour les portes ouvertes des 30 septembre, 2 et 3 octobre 2016

Installation de l’atelier de Lucien Dujardin pour les portes ouvertes des 30 septembre, 2 et 3 octobre 2016

Dans dix jours, mon père ouvrira son atelier d’artiste à dans le cadre des Poaa/portes ouvertes d’ateliers d’artistes organisées par le conseil général du Nord, celui du Pas-de-Calais (pas de site) et la région de Flandre occidentale (14, 15 et 16 octobre 2016). Cette année, les trois départements organisent ces journées sur trois week-ends différents. Pour mon père, ça sera à Mouchin, vendredi 30 septembre de 14 h à 18 h, samedi 1er et dimanche 2 octobre de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h. Un groupe de randonneurs est annoncé le samedi matin…

Il a préparé un projet très mystérieux… et publié plusieurs articles sur la mise en place de l’exposition (clic sur ses vignettes pour voir les images en grand). Il y aura plein d’installations mystérieuses… dès la pelouse si la météo est coopérative. En tout cas, le thème tourne autour du Petit chaperon rouge, toutes les versions, et il a mis en avant celle du Nivernais! Je vous en avais aussi parlé de ces différentes versions quand j’ai réalisé le conte du en tissu dont il faudrait que je vous montre les dernières photographies.

Plus d’informations sur les Pooa2016 sur le blog de mon père, il a dévoilé plein de petits éléments depuis un mois, l’ensemble fera sens en venant le voir à Mouchin!

Retrouvez ici quelques gravures de  et ses photographies pour illustrer .