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Le sergent Hoff par Bartholdi au Père Lachaise à Paris

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, vue générale de la tombeLe cimetière du Père Lachaise à Paris n’est pas seulement un cimetière, c’est aussi un vrai musée en plein air où l’on croise les plus célèbres artistes… qui n’ont pas toujours réalisé des chefs-d’œuvre. Il fallait bien vivre et répondre à des commandes. En témoigne la statue en bronze sur la tombe du Sergent Hoff, Ignace Hoff (20 juillet 1836-25 mai 1902), qui s’est illustré lors de la guerre de 1870, voir sa biographie ici. Elle se trouve juste à côté de la tombe du sculpteur Alexandre Falguière (la dalle de marbre que l’on aperçoit à droite de la photographie, promis, je vous la monterai un de ces jours).

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, signature A. Bartholdi 1904La statue porte la signature « A. Bartholdi 1904 », oui, le célèbre [Frédéric] Auguste Bartholdi (Colmar, 1834 – Paris, 1904), dont je vous ai déjà montré Auguste Bartholdi , un sculpteur dont je vous ai déjà montré la fontaine monumentale à Lyon (1888), le monument à Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier et les répliques des statues de la Liberté à Poitiers et Châteauneuf-la-Forêt. Cette œuvre a été réalisée l’année de sa mort, le plâtre a été présenté au salon des artistes français de 1904 sous le n° 2645 (vue numérisée 50), il est aujourd’hui conservé au musée Bartholdi à Colmar. La statue a été fondue à titre posthume.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, marque du fondeur Capitaine GényLe bronze a été « fondu par / E. Capitain-Geny / Bussy Hte Marne », comme en témoigne la marque.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, la statue du soldat HoffAu sommet du monument, le sergent Hoff est représenté debout, en uniforme, guettant l’horizon, en appui sur son fusil. Une sculpture de bonne facture mais sans grande originalité.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, détail du soldatLe numéro 107 inscrit sur son col fait référence au 107e régiment d’infanterie dont il dépendait.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, la filletteAu pied de la tombe, une fillette inscrit sur le piédestal qui porte la statue cette devise patriotique: « France, souviens-toi ». Cette fillette semble être en plomb (je n’ai pas pu vérifier), une matière utilisée par Auguste Bartholdi par exemple pour la fontaine monumentale à Lyon (1888). Je n’ai trouvé aucune marque ni signature sur la fillette. Sur le plâtre présenté au salon des artistes français de 1904 et conservé au musée Bartholdi à Colmar, c’était un garçonnet qui était prévu, avec une devise différente : « Quand faudra l’enfant d’Alsace renaîtra ». Je ne suis donc pas certaine que cette fillette ait été réalisée d’après un plâtre d’Auguste Bartholdi (ou bien il y a eu une seconde version?).

Photographies de novembre 2012.

Gambetta par Falguière à Cahors

Gambetta par Falguières à Cahors, 1, de loin de face et de dos

En plein centre-ville de Cahors, sur la minérale place F. Mitterrand (ci-devant place d’Armes, en bordure des allées Fénelon), se dresse sur un haut socle le monument  » à / [Léon] Gambetta / né à Cahors / le 2 avril 1838 « , ainsi qu’il est indiqué sur le socle. Avocat, il devient député en 1868. Partisan de la guerre jusqu’au bout en 1870-1871, participant à la chute du Second Empire et à la fondation de la Troisième République, il entre au gouvernement de Défense nationale en tant que ministre de l’intérieur, et quitte Paris en ballon le 7 octobre 1870 et devient alors ministre de la guerre. C’est en tant que chef de guerre qu’il est représenté sur ce monument érigé peu après sa mort le 31 décembre 1882 suite à un accident (sa blessure avait dégénéré en septicémie… Vivent les antibiotiques découverts depuis). Le monument a été inauguré le 14 avril 1884 en présence de Jules Ferry et de Pierre Waldeck-Rousseau.

Gambetta par Falguières à Cahors, 2, la signature de Falguière La statue de Gambetta porte la signature de A[lexandre] Falguière, un sculpteur dont je vous ai déjà montré le monument à Pasteur à Paris avec des vues d’hier et d’aujourd’hui, ainsi que le Vainqueur du combat de coq et le monument à Pierre Goudouli à Toulouse.

Gambetta par Falguières à Cahors, 3, carte ancienne avec les soldats sur le socle Le monument a été dessiné par l’architecte Paul Pujol. Il comportait à l’origine trois sculptures en bronze, fondues par Thiébaut frères. Au sommet, la statue de Léon Gambetta, à sa droite (à gauche sur la carte), un soldat (fusiller marin) en position de tir et à sa gauche, un fantassin blessé. Au centre sur le piédestal se dressait aussi un grand drapeau et un bouclier au chiffre de la République (RF). Les deux soldats et les armes ont été fondus suite à la réquisition des bronzes par l’Allemagne en 1943, la statue de Gambetta a été sauvée.

Gambetta par Falguières à Cahors, 4, carte ancienne avec soldat mourant Sur cette autre carte, on peut voir le fantassin mourant (ils aiment bien les soldats mourants à Cahors, voir le monument aux morts de 1870), je n’ai pas trouvé de carte postale montrant de plus près le marin.

Gambetta par Falguières à Cahors, 5, deux vues de face Léon Gambetta est donc représenté debout, en position de tribun, haranguant les troupes. De sa main droite, il s’appuie sur un canon et tient une carte.

Gambetta par Falguières à Cahors, 6, deux vues de dos De l’autre main, il désigne la frontière…

Gambetta par Falguières à Cahors, 7, le canon et le soldat mort Coincé sous le canon gît un autre soldat, dont on voit surtout les pieds.

Gambetta par Falguières à Cahors, 8, la citation à l'arrière du socle A l’arrière du piédestal se trouve cette citation :  » Français / Elevez vos âmes et vos résolutions à la / hauteur des effroyables périls qui / fondent sur la patrie / il dépend encore de nous de lasser [sic] la / mauvaise fortune et de montrer à l’univers / ce qu’est un grand peuple qui ne veut / pas périr et dont le courage s’exalte au / sein même des catastrophes « .

Gambetta par Falguières à Cahors, 9, vue dans son environnement Allez, une dernière vue… statue qui semble coincée entre une terrasse de bistrot (fermée, en mars…) et le campanile du lycée à l’autre bout de la place.

Photographies de mars 2011.

Le monument aux morts de 1870 à Châtellerault

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 1, carte postale ancienne Je vous ai déjà montré le monument pour le centenaire de la fête de la fédération (et la Révolution française) et le monument aux morts de 1914-1918 à Châtellerault, nous allons lui tourner le dos, remonter le boulevard de Blossac et faire face, au début de la contre allée de l’avenue Jean-Jaurès, quelques centaines de mètres plus loin, au monument aux morts de 1870.

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 2, deux vues de loin

Aujourd’hui, la végétation a poussé, pas facile de trouver la signature s’il y en a une… Il se compose d’un rocher au-dessus duquel un soldat est aux trois quarts allongé, portant un drapeau.

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 6, dédicace

Il porte sur la plaque à l’avant « Les vétérans / des armées de terre et de mer / et les soldats de la grande guerre / aux morts de la Patrie ». Il s’agit probablement d’une plaque apposée tardivement, après la première guerre mondiale, en attendant la construction du monument aux morts de 1914-1918.

La plaque au dos explicite un peu son histoire : « Monument élevé par souscription / publique / remis à la ville de Châtellerault / le 14 juillet 1903 / par la 392eme section de vétérans / sous-préfet M. WINANDY ». Chouette, une date, cela facilite la recherche dans la presse locale en ligne, n’est-ce pas, Philippe, avoir une date précise, ça aide pour chercher dans L’Avenir de la Vienne, quatre pages très denses chaque jour (on peut sauter la page 4, en général, il n’y a que le feuilleton et la publicité). Avec la date donc, bingo, je trouve un grand article sur la vue 21 de l’Avenir de la Vienne numérisé (15 et 16 juillet 1903), consacré à l’inauguration de la copie de la statue de la Liberté à Poitiers et au monument de Châtellerault, sur la vue suivante (l’inauguration du monument de Châtellerault se trouve aussi dans le Mémorial du Poitou, daté des, 15-18 juillet 1903, il s’agit d’un bi-hebdomadaire qui paraît le mercredi et le samedi sur l’arrondissement de Châtellerault). On y apprend que le monument a été réalisé par Aimé Octobre (et oui, comme plus de vingt ans plus tard le monument aux morts de 1914-1918, et pour la grande poste (1913) et le monument aux morts (1925) de Poitiers ainsi que pour le monument aux morts d’Angles-sur-l’Anglin (1926). L’architecte est Bernard Chaussemiche, qui dix ans plus tard (1914) a aussi mis en scène le monument aux morts de 1870-1871 de Tours. L’article précise aussi que le socle est en pierre de Sainte-Maure et la statue en pierre de Chauvigny. La plaque, qui n’est pas sur la carte postale ancienne, doit recouvrir l’inscription d’origine signalée dans le journal, « Aux enfants de l’arrondissement morts pour la patrie ». Je vous laisse aller lire dans la presse les discours prononcés ce jour-là. Dans Le Mémorial du Poitou, il est précisé un tire, « Pour le Drapeau ».

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 3, deux vues rapprochées Voici deux détails du soldat, jambes nues et croisées, effondré en appui sur son bars droit et serrant de la main gauche le drapeau sur sa poitrine.

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 4, détail de la tête Aïe, il n’a pas l’air en forme mais bien mourant, les yeux déjà dans le vague…

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 6, de dos Voici ce qu’il donne de dos…

Photographies d’août 2012.

Les monuments aux morts de 1914-1918 de Lons-le-Saunier et Toulouse/Salonique

Lons-le-Saunier, monument aux morts de 1914-1918, quatre vues de face Je vais vous présenter aujourd’hui deux monuments aux morts de 1914-1918 formés d’une colonnade en hémicycle,  sans statue au centre.

Je commence par celui de Lons-le-Saunier, situé au bout de la place de la Chevalerie, du côté des thermes, à l’opposé du monument à Rouget-de-Lisle. Il se compose d’une grande colonnade dessinée par l’architecte Augustin Bidot. Sur le bord de la corniche, on peut lire, dans l’ordre de gauche à droite : « 1914 / La Marne / L’Yser / La Somme / L’Aisne / Aux héros / L’Alsace / Verdun / Champagne / L’Orient / 1919 « .

Lons-le-Saunier, monument aux morts de 1914-1918, deux vues de l'arrière En revanche, il vaut mieux ne pas faire le tour du monument, l’arrière sert de latrines et de dépotoir, manque de respect et/ou manque d’entretien… Pas reluisant en tout cas. Si on contourne complètement le monument, à quelques dizaines de mètres se trouvent le monument à la gloire de la résistance jurassienne, beaucoup plus intéressant, et un autre dédié aux morts en Afrique du Nord entre 1952 et 1962… mais je vous en parlerai une autre fois.

Toulouse, monument aux morts de 1914-1918 au cimetière de Salonique Partons maintenant à Toulouse… Je vous ai déjà montré le monument aux morts de Haute-Garonne inauguré en 1928 avec une vue générale de l’œuvre de l’architecte Jaussely et des articles sur les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin et ceux de Camille Raynaud sur les allées Jules Guesde. Je vous ai aussi présenté le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle) et le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique (au-dessus du cimetière de Terre-Cabane).

Nous allons aujourd’hui vers le centre du même cimetière. D’après le dossier documentaire, le concours a été lancé en 1920, le projet retenu est celui de l’architecte Raymond Isidore, et monument a été inauguré le 11 novembre 1926. Il se compose d’une colonnade alternant deux colonnes doriques de calcaire blanc et un pilier de briques rouges. La colonnade est surmontée d’une frise de briques jaunes, alors que le mur du fond est tapissé de grandes dalles de marbre portant les noms de plus de 4000 soldats, dalles surmontées d’une frise de faïence figurant des couronnes de laurier. Le mur arrière est en briques rouges.

Toulouse, monument aux morts indochinois de 1914-1918 au cimetière de Salonique, 1, deux vues Derrière le monument se trouve le monument « à la mémoire / des / soldats et travailleurs / indochinois / morts au service de la France / 1914-1918 ». Il rappelle la présence d’une importante communauté indochinoise à Toulouse, d’un hôpital à Blagnac qui soignait notamment des combattants de  l’ex-Empire colonial français, et plus particulièrement des « soldats annamites » (indochinois). Rappelons que 70.000 soldats des troupes coloniales sont morts pour la France en 1914-1918. J’ai vu une carte postale qui montrait ce monument au sein d’un cimetière militaire, je ne sais pas quand il a été déménagé au cimetière de Salonique.

Toulouse, monument aux morts indochinois de 1914-1918 au cimetière de Salonique, 2, signature Breton Il porte la signature du sculpteur Charles Breton (Tours, 1878 – 1968) [« Charles Breton / Paris »], auteur de nombreux monuments aux morts en France, dont plusieurs figuraient au catalogue de Val d’Osne.

Toulouse, monument aux morts indochinois de 1914-1918 au cimetière de Salonique, 3, deux détails Mais ici, nous ne sommes pas face à une œuvre en série, mais bien d’une œuvre originale. Le soldat, aux traits asiatiques, s’appuie de la main gauche sur son fusil, brandit de la main droite une couronne végétale constituée de branches de chêne et de laurier, fermée par une cocarde aux chiffres de la République (RF). Il porte ses décorations et un casque colonial.

 

Les monuments aux morts de Toulouse dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai prochainement:

le monument aux morts de Haute-Garonne (inauguré en 1928) : vue générale de l’oeuvre de l’architecte Jaussely, les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin, et ceu
x de Camille Raynaud

– le monument aux morts de Toulouse en 1914-1918 dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Indochinois, au dos du précédent, dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique

– le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle)

– le monument aux morts des quartiers Bayard-Matabiau-Concorde-Chalets, non loin de la gare

– le monument aux morts des quartiers Colone, Arago, Juncasse, Marengo, près de l’observatoire

– le monument aux morts du quartier Saint-Michel, allées Jules Guesde, non loin du muséum

– et pour la guerre de 1870, le monument du Souvenir français dans le cimetière de Terre-Cabade

Photographies de mai 2012 pour Toulouse et juillet 2012 pour Lons-le-Saunier.

Le monument aux morts de Parthenay (Deux-Sèvres)

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 1, vue de loin Je vous ai déjà montré le monument aux instituteurs morts pour la France, au Marchioux à Parthenay. Ce monument ne concernait que les instituteurs élèves de l’école normale. Je vous emmène cette fois dans le jardin public avenue du Général-de-Gaulle (entre la gare et le centre-ville).

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 3, vu de face et de dos Dédié « Aux morts pour la Patrie », il se compose d’un socle en pierre surmonté d’un obélisque massif sur lequel est apposée une plaque en bronze avec un soldat dans un médaillon, auquel une fillette vient apporter un bouquet de fleurs. Il a été inauguré le 26 novembre 1922.

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 2, la signature du sculpteur Elie Ottavy

Il porte la signature du sculpteur [Antoine] Élie Ottavy (Lyon, 1887 – Paris, 1951), auteur de monuments aux morts dans toute la France (voir dans l’Aude, de l’un des monuments de Cambrai, etc.), qui avait proposé en 1923 de compléter le monument avec des plaques en bronze, mais ce projet, trop cher, a été rejeté par la commune. L’architecte du monument est E. Bidet (voir un dessin du projet en figure 1 et une description du projet rejeté p. 97 de l’article de Michel Bernier, en référence en bas de cette page).

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 4, la fillette de face et de dos

La fillette est représentée debout, à peu près grandeur nature, un pied légèrement en avant, elle vient se recueillir sur le médaillon représentant son père mort à la guerre. Elle est vêtue d’une robe à manches courtes dont les deux jupons ne descendent pas plus bas que les genoux, serrée à la taille par une cordelette nouée dans le dos. Elle est coiffée d’une longue tresse retenue par un nœud.

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 5, bouquet de fleurs et souliers de la fillette

Elle tient un bouquet de marguerites et de roses au creux de son bras gauche et porte des souliers plats.

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 6, détail du médaillon avec le soldat

De sa main droite elle dépose une fleur sur le médaillon où est figuré le portrait de profil de son défunt père, coiffé du casque de Poilu. Le médaillon est encadré de palmes et de branches de chêne, surmontées de rameaux de chêne (symboles de la force) et de laurier (symboles de la victoire) entre lesquels prennent place de matériel du soldat (grenade, ceinturon, gourde, pochette-cartouchière en cuir, fourragères, couteau).

Ces photographies datent de février 2012.

Pour aller plus loin : voir l’article de Michel Bernier, Les monuments commémoratifs de la Première Guerre mondiale en Gâtine, Bulletin de la société historique de Parthenay et du Pays de Gâtine, n° 3, 2007, p. 91-106.

Le monument aux morts de 1914-1918 à Cahors

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 1, vue de face

Pour cette semaine qui se terminera le 11 novembre, j’ai choisi de vous présenter chaque jour un monument aux morts de 1914-1918 dont j’ai fait les photographies ces trois dernières années… Ne vous étonnez donc pas de voir cette semaine trois articles par jour, pour les lectures (cet après-midi et mercredi), je suis restée dans le thème des deux dernières guerres mondiales…

Le monument aux morts de Cahors a été inauguré tardivement, le 10 novembre 1935. Il a été conçu par l’architecte Maurice Barthet (1887-1958) à partir d’un groupe sculpté de François Sicard (1862-1934), sculpteur dont je vous ai parlé pour les atlantes de l’hôtel de ville de Tours et pour le buste du poète Racan.

Ce groupe se compose de deux statues debout, représentant le soldat de retour de la guerre et sa femme qui l’a attendu. À l’origine, il s’agit d’une commande de l’État de plâtres à différents artistes pour le défilé de la victoire en 1918 à Paris sur les Champs-Élysées. Le soldat fut ensuite présenté au salon des artistes français de 1927, sous le numéro 3562. Acheté par l’État, ce Retour du soldat n’a pas été affecté à une commune et ne l’est finalement qu’en décembre 1934, juste après la mort de l’artiste, à la ville de Cahors. Le modèle en plâtre du groupe complet est conservé au musée des beaux-arts de Tours. Les deux statues du groupe sculpté encadrent une large stèle portant la liste des soldats morts, surmontée de l’inscription « Aux enfants de Cahors / morts pour la France / 1914 / 1918 ». Les noms des morts des autres conflits ont été ajoutés postérieurement, ceux de 1939-1945 sont peu lisibles, masqués par les statues.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 2, dédicace Au dos se trouve la dédicace :  » Ce monument a été érigé / par souscription publique / monsieur Jacquier / étant préfet / monsieur A. de Monzie / député du Lot / président du conseil général / étant maire de Cahors / MCMXXXV « .

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 3, signatures

La signature mentionne : « F. Sicard statuaire / membre de l’institut / M. Barthet architecte SADG / E. Mompart sculpteur / G. Soupiré entrepreneur « . La sculpture ornementale du monument a été réalisée par Émile Mompart, qui signa plusieurs monuments aux morts dans le Lot.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 4, le soldat, la mère et le bébé

La stèle sépare les deux éléments du groupe sculptés, comme deux étrangers qui se ré-apprivoisent peu à peu, à gauche le soldat, en face, sa femme portant leur bébé.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 7, vue de côté On voit peut-être mieux ainsi la distance qui les séparent.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 5, deux vues du soldat Le soldat porte sa tenue réglementaire, avec le casque de Poilu, mis en service en 1915.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 6, deux vues de la mère et du bébé

Voici un détail de la mère, aux traits raides, vêtue d’une longue robe recouverte d’une cape, tenant au creux de son bras gauche leur enfant endormi.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 8, vue de dos Le dos est massif, dominé par l’inscription patriotique « Pro Patria » (à la patrie).

Château d’eau et monument aux morts à Châtellerault

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 02, vue générale En visitant l’autre jour l’intérieur du château d’eau de Blossac, à Poitiers, je me suis souvenue que je ne vous ai jamais montré un château d’eau de la même conception, de grandes cuves à même le sol, sur un point plutôt haut de la ville, à Châtellerault, dans le jardin public square Gambetta, près de l’avenue Schumann, sur l’allée du Souvenir-Français. Il faut dans un premier temps que vous fassiez abstraction de la colonne avec sa statue au sommet et de la statue située un peu en avant…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 03, inauguration du château d'eau Le château d’eau a été construit un peu avant celui de Poitiers, ainsi qu’en atteste l’inscription au milieu du grand mur de façade :  » En l’année 1868 sous le règne de Napoléon III empereur des Français / Alexandre Rivière, chevalier de la légion d’honneur et maire de Châtellerault / a fait installer en vertu des délibérations du conseil municipal / cette distribution d’eau dont les travaux ont été réalisés par MMrs Coudère, Prévignault, Sichère et Bollée / sous la direction de M. Carmejeanne, architecte de la ville « .

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 04, château d'eau Voici quatre vues de la partie « château d’eau » de cet ensemble, avec au sommet un périmètre de protection sur lequel sont installées des ruches.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 01, carte postale ancienne Au sommet de ce monument a été ajouté en 1890 une grande colonne encadrée de deux lions en bronze et surmontée d’une Liberté de Gustave Michel, œuvre de série fondue par Louis Gasne et dont on trouve, à Jonzac, une version dans une mise en scène très différente (1894, voir ici le monument du centenaire de la Révolution à Jonzac).

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 06, la Révolution

Il s’agit d’un monument érigé pour le centenaire de la fête de la fédération qui, le 14 juillet 1790, a célébré le premier anniversaire de la chute de la Bastille. Une fête pleine d’enthousiasme de la Révolution… juste avant le déchaînement de la Terreur. La colonne porte en son centre l’inscription « A la gloire de la Révolution française », surmontée des armoiries de la ville de Châtellerault. Tout autour de la colonne sont inscrites des dates et des devises (certaines illisibles, puisqu’il est impossible de faire le tour à l’arrière de la statue, en raison du périmètre de protection du château d’eau), mais on peut au moins lire « Égalité / 5 mai/ 14 juin/ 20 juin/ 4 août », dates qui correspondent aux événements suivants:

5 mai 1789 : ouverture de la réunion des États-Généraux au château de Versailles

14 juin 1789 : l’abbé Grégoire quitte les bancs du clergé et va rejoindre le Tiers État

20 juin 1789 : serment du jeu de paume par les députés de l’Assemblée nationale

4 août 1789 : abolition des privilèges.

Sur le socle en dessous de la colonne sont portés les noms de grands révolutionnaires, là encore, impossible de faire le tour, mais je pense avoir réussi à tous les reconstituer :  » La Fayette/ Desmoulins / Brissot / Sieyes/ Pétion/ Grégoire/ Danton/ Bailly / Mirabeau / Condorcet « . Vous pouvez en découvrir les exploits très résumés par exemple ici. Tiens, cela me rappelle ma première « colle » d’histoire moderne et contemporaine de classe préparatoire à l’école des Chartes, deux semaines pour tout savoir sur les années 1789-1791!

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 07, la Révolution, 4 vues La Liberté est coiffée d’un bonnet phrygien recouvert par une couronne végétale. Vêtue à l’antique, elle porte une épée courte dans un baudrier (qui au passage lui met en valeur les seins…), elle tient au sol de la main droite les tables de la Loi (la Constitution) et de la gauche un flambeau, soit une position inversée par rapport à la statue de la Liberté (la Liberté éclairant le monde) de Frédéric Bartholdi. Comme cette dernière, elle foule des pieds des chaînes brisées. Au dos de la colonne se trouve la dédicace, qu’il n’est pas possible de lire en entier sans entrer sur le château d’eau, j’ai seulement pu lire, entre les branches du cèdre : « République française / Ce monument a été érigé en l’an 1890 / Carnot président de la République/ M. Cleiftie préfet / M. Denoël sous-préfet/ Duvau maire/ et J.C. Duh… adjoints/ la statue … / et … « . Pour un récit de cette inauguration et les discours, voir Le Mémorial du Poitou, 40e année, n° 58, samedi 19 juillet 1890, qui donne même les paroles (de Camille Dehogues père) et la musique (de Camille Dehogues fils) d’une « Cantate dédiée à Monsieur le maire de Châtellerault à l’occasion de l’inauguration du monument commémoratif de la Révolution française […] exécutée par l’orphéon et l’harmonie de Châtellerault […] à la suite de deux répétitions seulement »!
Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 08, lion

Les lions (oui, Grégory préfère dire des tigres, mais la commande et la description de l’inauguration parlent de « lions millésimés 1789 et 1889 ») assis gardent bien le monument…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 05, de profil Mais quand on arrive aujourd’hui devant le monument, il y a encore un troisième élément remarquable, le monument aux morts de 1914-1918 érigé en 1926…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 09, monument 1914-1918 Il s’agit d’un soldat vêtu à l’antique portant dans sa main droite une petite Victoire.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 10, signature Aimé Octobre

Il porte la signature « Octobre Aimé 1926 ». Je vous ai déjà parlé de Aimé Octobre, grand prix de Rome en 1893, pour la grande poste (1913) et le monument aux morts (1925) de Poitiers ainsi que pour le monument aux morts d’Angles-sur-l’Anglin (1926), sa commune natale, dont la Victoire est un modèle agrandi de la petite victoire portée par le soldat de Châtellerault. Il avait déjà réalisé en 1903 le monument aux morts de 1870 de l’arrondissement de Châtellerault, situé à quelques centaines de mètres (je vous le montrerai très bientôt).

Un modèle en plâtre du monument de 1914-1918 a été présenté au Salon de 1926 sous le n° 3588 et un tirage en bronze exposée au Salon de 1927 sous le n° 3435. Un élément de plâtre pour ce modèle, daté 1926, a été donné par son fils Daniel Octobre en 1944 au musée Sainte-Croix de Poitiers où il est conservé.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 11, marque de Rudier

Il porte au dos la marque du fondeur « Alexis Rudier / fondeur Paris », également une « vieille connaissance » de mes fidèles lecteurs… (voir les monuments aux morts de La Rochelle et Angers, Héraklès archer à Toulouse, la statue du maréchal Joffre à Paris).

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 12, dédicace Sur le socle en pierre, sous la statue en bronze se trouve une très touchante dédicace :

 » Ce monument a été consacré / par la / ville de Châtellerault / à l’impérissable souvenir / du dévouement sublime de ses enfants / héroïques serviteurs de la Patrie / pendant la grande tourmente « . Il a été inauguré le 14 juillet 1927.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 13, soldat

Voici deux vues du groupe sculpté en bronze… Vous trouvez que la Victoire a une drôle d’allure? Et oui, elle a été victime de vandalisme, vous le verrez mieux sur une autre vue. Elle était intacte en 2008, voir dans ce dossier documentaire.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 14, tête du soldat Le soldat a un visage inexpressif, comme beaucoup de statues d’empereurs romains, il est coiffé à l’antique…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 15, soldat de face et de dos

Il est drapé dans une toge qui lui laisse les jambes et l’épaule droite nues. Il tient dans la main gauche une épée et des feuilles de chêne.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 16, la Victoire aux ailes cassées

La Victoire est une stricte réplique miniature de celle du monument aux morts d’Angles-sur-l’Anglin, vêtue d’une longue robe, nu-tête, coiffée d’un chignon. De dos, on voit bien la fracture de son aile gauche… La ville de Châtellerault va-t-elle la faire restaurer correctement???

Photographies prises en août 2012.

Pour aller plus loin : voir Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, de Charlotte Pon-Willemsen, édité dans la collection des Parcours du patrimoine chez Geste édition, 2008 (ISBN 978-2-84561-483-3) .

Et cet article paru depuis : Grégory Vouhé paru dans l’Actualité Poitou-Charentes n° 106 (automne 2014) : De la femme éplorée à la Victoire, p. 24.

Le monument aux mobiles du Lot, à Cahors

Cahors, monument aux mobiles du Lot (morts de 1870), 1, deux vues générales Je vous ai déjà montré un certain nombre de monuments aux morts de 1870, en général dits monuments aux [troupes] mobiles, vous pouvez revoir ceux de Tours, Poitiers, Angoulême, La Rochelle et Niort. Cette fois, je vous emmène voir le monument aux mobiles du Lot, à Cahors, en ville haute, non loin du rempart, place Lafayette. Les photographies sont de mars 2011. Vous pouvez en lire le dossier documentaire ici, et notamment l’illustration du projet soumis en 1876. Il se compose d’un très haut socle cubique, avec à l’avant un soldat allongé, surmonté d’un autre cube moins large, avec un soldat sur chaque face, et une sorte de colonne octogonale terminée en couronne crénelée.

A l’avant du socle du soldat allongé, sur une plaque rapportée, on peut lire :  » A la mémoire / des Mobiles et des soldats du Lot / morts pour la défense nationale / 1870-1871 « . Sur les faces sud et nord du du socle inférieur,  » Armée du Rhin / Défense nationale / Armée de Paris  » et  » Armée du Nord / 1re et 2me armées de la Loire / Armée de l’Est « .

Cahors, monument aux mobiles du Lot (morts de 1870), 2, signature C.A. Calmon 1879 La sculpture a été réalisée par Cyprien Antoine Calmon (Creysse, 1837 – Cahors, 1901), dont la signature ( » C. A. Calmon, 1879 « ) se trouve sur le côté du commandant allongé. Le monument par lui-même a été dessiné par Coëque-Verdier, architecte, élève d’Abadie de l’arrondissement, et Ficat, exécuté par l’entrepreneur Deltheil. Le monument a été inauguré le 27 mai 1881 par Léon Gambetta.

Cahors, monument aux mobiles du Lot (morts de 1870), 3, deux vues du gisant En avant du monument est sculpté en marbre blanc (euh, s’il était propre…) un soldat allongé, identifiable grâce à l’inscription sur la terrasse à l’avant,  » Le commandant des Mobiles du Lot mort à Origny le 10 décembre 1870 « , soit Ferdinand Foulhiade (1828-1870)… Chauve, mais avec une belle moustache… il ne semble pas trop souffrir, pourtant, il est tombé au sol, allongé en appui sur son coude gauche, mortellement blessé, et continuant à encourager ses soldats.

Cahors, monument aux mobiles du Lot (morts de 1870), carte postale ancienne L’épée qu’il brandissait de la main droite a disparu, mais on peut la voir sur cette carte postale ancienne.

Cahors, monument aux mobiles du Lot (morts de 1870), 4, les quatre soldats debout

Sur chaque face se trouve un soldat dont la provenance géographique peut être déterminée par le blason de la ville qui le surmonte, soit ici de gauche à droite Figeac, Martel, Gourdon et Cahors. Ils portent des armes différentes et représentent les différents corps d’armée (là, je ne suis pas douée pour vérifier les identifications proposées avec précautions dans le dossier documentaire, qui propose dans l’ordre un fantassin, un artilleur, un cavalier et un mobile, je n’ai pas chez moi de livre sur les uniformes et armements de la fin du 19e siècle). Ce dossier précise que le monument est construit en pierre de Poitiers… une pierre que je ne connais pas pour être apte à la sculpture, car elle est pleine de blocs de silex, il s’agit plus vraisemblablement de pierre de Chauvigny, réputée pour ses qualités et largement exportée dans toute la France. Le reste du monument serait, selon le même dossier, construit en pierre de Chancelade (petite commune à l’entrée nord de Périgueux en Dordogne, surtout connu pour ses restes humains préhistoriques…).

 

Le monument à la Marseillaise à Strasbourg…

Strasbourg, monument à la Marseillaise, 1, vue éloignée de face

Chose promise, chose due… Après la maison natale et le monument à Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier, j’ai exhumé de mes photographies (de novembre 2010) le monument à la Marseillaise à Strasbourg. Il faut dire que la Marseillaise (enfin, l’hymne de guerre dédié au maréchal de Luckner, commandant de l’armée du Rhin) avait été écrite par Rouget-de-Lisle dans cette ville où il était en garnison fin avril 1792. Le monument avait été inauguré en 1922 et était l’œuvre du sculpteur Alfred [Frédéric] Marzolff (Strasbourg, 1867 – Rountzenheim, 1936). Il va vraiment falloir que je ressorte mes photographies de Strasbourg, où j’ai aussi photographié d’autres œuvres de ce sculpteur…

Strasbourg, le monument à la Marseillaise, carte postale ancienne Détruit par les Allemands en 1940, il a été reconstitué par les sculpteurs de l’œuvre Notre-Dame de Strasbourg en 1980 et réinstallé sur la place Broglie, non loin de l’opéra, derrière l’hôtel de ville. L’opération était assez facile, puisque la maquette originale en plâtre, datée de 1919, n’a pas été détruite (et est toujours conservée au musée d’art moderne et contemporain).

Le socle ne porte plus les médaillons de bronze de Alfred Marzolff. En voici une vue sur une carte postale ancienne.

Strasbourg, monument à la Marseillaise, 2, deux vues de côté

Le texte « Allons enfants de la Patrie » est également une création de 1980. Sur le socle se tiennent deux hommes moustachus qui portent le drapeau.

Strasbourg, monument à la Marseillaise, 3, deux détails, les têtes et les pieds L’un est chaussé de bottines, l’autre de sabots… Cliché sur le mélange du peuple dans l’armée révolutionnaire…

Strasbourg, monument à la Marseillaise, 4, de dos Voici une dernière vue, de dos, avec le bloc de pierre brut… J’avoue que ce monument n’est pas mon préféré pour la sculpture des années 1920…

Tangente vers l’est de Maylis de Kerangal

Couverture de Tangente vers l'est de Maylis de Kerangal

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque, j’avais beaucoup entendu parler du précédent livre de cette auteure, mais pas lu Naissance d’un pont (prix Médicis 2010). [Depuis, j’ai aussi lu À ce stade de la nuit et Réparer les vivants].

Le livre : Tangente vers l’est de Maylis de Kerangal, collection Minimales, éditions Verticales, 2012, 128 pages, ISBN 9782070136742.

L’histoire : de nos jours dans le Transsibérien. Après avoir tout tenté pour échapper au service militaire en Sibérie, le jeune Aliocha déprime dans le train et le wagon de soldat. Il tente de fuir à Krasnoïarsk, mais la provodnista, redoutée chef de wagon, et sergent Letchov, qui le prennent en tenaille, veillent et l’obligent à remonter en voiture… Au moment de remonter, il aperçoit une étrangère, Hélène, qui fuit Anton, son ami russe nouvellement nommé directeur d’une usine hydro-électrique. Aliocha va réussir à la rejoindre dans son compartiment de première classe… Échappera-t-il à l’armée?

Mon avis : à l’occasion de l’année France-Russie 2010, une quinzaine d’écrivains français ont embarqué à bord du transsibérien, Maylis de Kerangal était du voyage et en a tiré ce court roman (ou longue nouvelle? ou est la frontière?). L’ambiance du train, la terreur du jeune soldat de son affectation et du bizutage qu’il devra subir, la vie brève de Hélène aux environs de Krasnoïarsk, avec peu de mots, l’auteur réussit à décrire les lieux et les ambiances. Un récit court pour un long voyage de plusieurs jours qui aurait pu être monotone, une rencontre assez improbable, mais qui souligne l’ineptie du service militaire russe…