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Cathédrale de Poitiers, porte Saint-Michel (1) : partie droite

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 01, position sur le portail,

La porte Saint-Michel, sur le côté nord de la cathédrale de Poitiers, a été construite dans le premier quart du 13e siècle (donc presque 50 ans après le début du chantier de la cathédrale et 50 ans avant la sculpture de la façade occidentale).

La sculpture développe le thème de l’enfance de Jésus, rapportée un peu dans le désordre… Je vais vous montrer aujourd’hui la sculpture du piédroit droit (ouest, encadré sur la photographie), je vous parlerai bientôt du piédroit gauche (est). Contrairement à la façade occidentale, ici, il n’y a pas eu de nettoyage récent, et si vous voulez venir le visiter, attention aux pigeons (la photographie de l’autre jour a été prise ici), il y a d’archaïques piques qui ne fonctionnent guère, en tout cas, pas comme les fils à décharge électrique de la façade occidentale.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 02, vue générale

De gauche à droite, les chapiteaux sculptés montrent l’Annonciation, les rois mages et la Visitation. Remettons donc ces scènes dans l’ordre.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 03, l'Annonciation Le premier chapiteau à gauche montre l’Annonciation (Luc 1, 26-38). Sur la gauche se tient l’archange Gabriel qui annonce à Marie, debout devant lui, sa grossesse. Marie est coiffée d’un voile assez couvrant et tient un livre dans la main gauche. Tous les personnages sont richement vêtus.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 04, Joseph derrière l'Annonciation Juste derrière se tient un homme dubitatif, qui se tient la tête de la main droite, coiffé de la calotte juive, il s’agit de Joseph… Ben oui, Marie (enfin, Dieu…) lui a fait un enfant dans le dos, comme qui dirait…

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 05, la visitation Le dernier chapiteau à droite montre la Visitation (Luc 1, 39-56). Il s’agit de la visite que rend Marie, future mère du Christ, à sa cousine Élisabeth, enceinte de Jean Baptiste. Les deux femmes, voilées, s’enlacent.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 06, l'adoration des mages Au centre, sur la gauche, on trouve l’adoration des mages (Matthieu 2, 11) : les trois rois mages, couronnés, viennent offrir leurs présents à la vierge Marie, assise à droite de la scène avec Jésus sur ses genoux. Les rois mages sont couronnés et se tiennent devant un fond d’arbres luxuriants.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 07, un mage Voici un détail du premier mage (celui à droite), qui a une position un peu bizarre, en plein mouvement… genoux fléchis, le corps penché en arrière.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 08, la vierge à l'enfant Et enfin, la Vierge avec Jésus sur ses genoux, qui attend leur visite.

Si vous voulez comparer avec l’art roman de Poitiers, vous pouvez aller revoir sur la façade de Notre-Dame-la-Grande (en gros un siècle plus tôt) l’Annonciation, la Visitation, Joseph méditant. Vous pouvez aussi voir sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre à Chauvigny l’Annonciation et l’adoration des mages.

 

Les clefs de voûte de la cathédrale de Poitiers

Poitiers, la clef portant la date de 1167 dans la cathédrale Il existe dans la cathédrale de Poitiers des clefs de voûte très intéressantes, hélas pas facile à photographier avec un appareil ordinaire et sans éclairage. Si vous voulez les voir vraiment, il faut que vous alliez les voir sur place avec des jumelles ou dans le livre que je vous ai signalé en fin d’article (page 48 pour la première, pages 133-135 pour les autres). La première se trouve dans la dernière travée centrale du chœur (juste devant le grand vitrail). Elle porte l’inscription « IN QUO A(nno) MCLXVII », en cette année 1167. Mais elle est écrite de manière curieuse. Vous avez la nervure centrale et les petits bourrelets autour. Dans les angles en bas de ce dernier, vous avez I d’un côté, N de l’autre. Sur la nervure en haut, A à gauche, VO à droite. Le A. pour Anno se trouve entre le Q et le VO. Ensuite, il faut lire en tournant. Sur la barre horizontale de la nervure, vous pouvez lire à gauche le M, en bas le C écrit tourné vers le haut, à droite le LX et au centre VII.

Schéma de la cathédrale de Poitiers, 1, dates sur la clef

Voici ci-dessous ce que ça donne sur un schéma. A quoi correspond cette année? A la fin de la construction de la voûte au moins de la partie orientale de la cathédrale, c’est l’année de la naissance de Jean (sans Terre), fils d’Aliénor d’Aquitaine, en Angleterre, que l’on ne voit pas non plus sur le grand vitrail (en bas à droite de celui-ci, il y a le plan de la cathédrale porté par les commanditaires des premiers travaux, Aliénor d’Aquitaine et Henri II Plantagenêt, encadrés de 4 enfants, soit Henri, Mathilde, Richard -le futur Richard Cœur de Lion et Geoffroy, Guillaume étant déjà décédé et Aliénor, Jeanne et Jean pas encore nés, donc le vitrail a sans doute été réalisé avant 1161, année de naissance de Mathilde. D’après les estimations (pour plus d’arguments, voir le livre cité en fin d’article), le chantier de la cathédrale a dû commencer entre 1154 et 1162.

Poitiers, les clefs historiées de la cathédrale

Vraiment désolée, on n’y voit pas grand chose…Nous sommes ici un peu plus tard que pour la clef de voûte portant la date, il y a eu un changement d’option de voûtement dans le chantier, et ces clefs sont sans doute réalisées entre 1180 et 1220/1230. J’ai organisé ici ce que l’on voit autour de la croisée du transept (au centre) où il y a un oculus pour laisser passer la corde des cloches, et les 7 clefs de voûte qui l’entourent, en haut nous sommes vers le chœur (dans la première des trois travées du chœur), en bas dans la troisième et dernière travée de la nef et les collatéraux, sur la ligne centrale dans l’axe du transept. Voici un schéma pour mieux vous repérer (attention, c’est juste un schéma, non conforme à l’échelle et à la forme exacte de la cathédrale).

Schéma de la cathédrale de Poitiers, 2, plan de la cathédrale

A part l’agneau, toutes les figures sont représentées à mi corps. Sur l’oculus central se trouvent 13 anges, 5 groupes de deux et trois seuls. Ils portent des livres, une croix, une couronne, un linge, une couronne d’épines. Pour les autres clefs, voici leurs thèmes en commençant en bas à gauche et en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre autour de l’oculus :

– un ange portant une petite croix avec un tau gravé,

– saint Paul déroulant un phylactère, une Vierge à l’Enfant (tous deux couronnés),

– saint Pierre bénissant de la main droite et portant une grosse clef dans la main gauche,

– un ange portant une croix dans sa main droite et une couronne dans la gauche,

– l’Agneau de Dieu avec une croix et un oriflamme sur le dos, son nimbe a un curieux décor,

– et le Christ représenté en buste sur un fond de feuillage et tenant une hostie dans la main gauche sa main droite est cassée, mais la position du coude laisse supposer qu’il bénissait).

Les clefs de voûte de la cathédrale de Poitiers ont été exclues par Y. Blomme de son étude sur les clefs de voûte du domaine Plantagenêt (parce qu’ici, il y a une influence d’artistes venus du nord), mais je trouve qu’elles sont quand même très proches de celles qu’il mentionne (voir référence ci-dessous), en particulier celles de l’église d’Airvault dans les deux-Sèvres.

Pour aller plus loin :

  • un livre : Collectif (Claude Andrault-Schmitt, Christian Barbier, Yves Blomme, Jean-Pierre Blin, Bernard Brochard, Marie-Thérèse Camus, Robert Favreau, François Jeanneau, Françoise Perrot, Yves-Jean Riou, Albert Rouet, Jean-Pierre Roussel), La cathédrale de Poitiers, éditions Le Temps qu’il fait, 2007, 176 pages (ISBN : 978-2-86853-415-6).
  • un article : Blomme, Yves. L’image de l’apocalypse dans la sculpture gothique Plantagenêt (XIIe et XIIIe siècles). Dans Apocalypse, imaginaire et création artistique, sous la direction de Marie-Claude Rousseau, Cahiers du CIRHiLL, Hors série 2004, Angers, Édition de l’UCO, p. 19-45.

Le chemin de croix de Jean Claro à Saint-Hilaire de Poitiers

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 1 et 2 Je vous reparlerai du sculpteur Jean Claro à propos de sa frise sculptée sur le mur extérieur de la MJC le Local à Poitiers. Né à Alger en 1929, élève de l’école des beaux-arts de Paris de 1952 à 1956 puis aide dans les ateliers du sculpteur Paul Belmondo, il est nommé en 1959 comme enseignant à l’école des beaux-arts d’Oran en Algérie. Victime d’une agression, il rentre en France (métropolitaine, l’Algérie était encore française à cette époque) où il est nommé à l’école des Beaux-Arts de Poitiers. En 1962, il commence la réalisation de ce chemin de croix en feuilles de plomb pour l’église de Marmagne, dans le Cher, église pour laquelle il a aussi réalisé en 1965 une statue de la Vierge à l’Enfant et une autre de Saint-Jean l’Évangéliste. Dans la même commune, il avait également sculpté en 1958 une statue de Baigneuse pour la piscine [informations transmises par sa famille].

Chaque station de du chemin de croix mesure une soixantaine de centimètres de haut, même si elles n’ont pas toute exactement les mêmes dimensions. Le relief est assez marqué, de plusieurs centimètres. Ce chemin de croix a été installé et inauguré dans l’église Saint-Hilaire de Poitiers en 2000… Il est décédé en 2004 à La Rochelle.

Les stations du chemin de croix sont « standardisées » depuis le 16e siècle… Le titre des quatorze stations ne varie donc pas d’un chemin de croix à l’autre… C’est parti pour la visite… Je vous donne d’abord le titre officiel de la station, puis une très brève description de la représentation. J’ai regroupé les photographies par deux stations.

Station 1. Jésus est condamné à être crucifié. Ici, c’est le visage du Christ pleurant avec la couronne d’épines sur la tête.

Station 2. Jésus est chargé de sa croix. A l’arrière plan se trouve une croix avec au premier plan une paume de main.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 3 et 4 Station 3. Jésus tombe pour la première fois sous le poids de la croix. On voit ici la partie haute de la croix et Jésus à terre, enfin, juste une silhouette avec deux bras levés.

Station 4. Jésus rencontre sa mère. Marie est représentée penchée sur la tête de Jésus, avec sa couronne d’épine. Elle regarde vers le ciel alors que Jésus a passé son bras gauche derrière le dos de Marie.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 5 et 6 Station 5. Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix. En haut, Simon, en homme fort, tient la croix à bras le corps alors qu’une silhouette au visage représenté en creux est couchée au sol (le Christ).

Station 6. Sainte Véronique essuie le visage de Jésus. Le visage du Christ est représenté comme couvert d’un linge.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 7 et 8 Station 7. Jésus tombe pour la deuxième fois. Jésus (toujours une silhouette, cette fois le haut du corps, la tête et un bras) ploie sous le poids de la croix.

Station 8. Jésus rencontre les femmes de Jérusalem qui pleurent. Là, ce n’est pas facile à voir. Sur a gauche se trouve la silhouette du haut du corps de Jésus, debout. Vous devez réussir à distinguer la pointe du menton et son bras droit. Devant lui, trois visages très stylisés (un œil et un trait vertical symbolisant les larmes) des femmes de Jérusalem.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 9 et 10 Station 9. Jésus tombe pour la troisième fois. Une silhouette vaguement humaine est assise par terre dans l’angle inférieur gauche. Elle supporte le poids de la croix cette fois penchée vers le bas, le bras gauche de Jésus est passé autour d’elle.

Station 10. Jésus est dépouillé de ses vêtements. Pour cette station, l’artiste a choisi de montrer plutôt les soldats qui jouent au pied de la croix, juste symbolisés par trois dés formant un 4.21 au-dessus de la tunique du Christ et à côté d’une empreinte de pied.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 11 et 12 Station 11. Jésus est cloué sur la croix. Une main gauche présentée paume en avant et saignant, avec en arrière plan un rectangle (le bras de la croix).

Station 12. Jésus meurt sur la croix. L’artiste a choisi de lacéré la feuille de plomb au niveau du visage du Christ.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 13 et 14 Station 13. Jésus est détaché de la croix et son corps est remis à sa mère. Un pied gauche et quatre clous pour cette station.

Station 14. Le corps de Jésus est mis au tombeau. Un gros paquet plus ou moins ovale… Jésus enfermé dans son linceul.

Dans un style très différent mais quasiment contemporain, voir le chemin de croix de Rosine Sicot (1958) dans l’église Saint-Hilaire à Niort.

Paris, l’éléphant pris au piège de Frémiet

Paris, l'ancien palais du Trocadéro, carte postale ancienne, l'éléphant, 1, avec le palais Je vous ai montré l’autre jour l’ancienne fontaine du Trocadéro, construite en 1878 et détruite en 1935. Sur le parvis du musée d’Orsay ont été réunis trois des quatre statues qui la composait, le cheval à la herse de Pierre Rouillard, l’éléphant pris au piège d’Emmanuel Frémiet, le rhinocéros de Henri Alfred Jacquemart, le bœuf d’Auguste Cain (oui, le sculpteur des tigres chimères de l’hôtel de ville de Poitiers) est désormais à Nîmes. Après le cheval et le rhinocéros, je termine avec l’éléphant pris au piège, avec d’abord une carte postale ancienne à son ancien emplacement… Il a été présenté au salon des artistes français de 1880 sous le n° 6338.

Paris, l'ancien palais du Trocadéro, carte postale ancienne, l'éléphant, 2, avec la tour Eiffel Et une autre vue dans l’autre sens, avec la tour Eiffel en fond.

Paris, l'éléphant de l'ancien palais du Trocadéro, 3, de profil Le voici en octobre 2010, sur la parvis du musée d’Orsay…

Paris, l'éléphant de l'ancien palais du Trocadéro, 4, les signatures

Je ne sais pas ce que craignaient le sculpteur, « E[mmanuel] Frémiet » (1824-1910) et le fondeur « A[ntoine] Durenne », mais aucun risque qu’on les oublie, il y a une signature sur chaque face de la terrasse (la petite partie verticale sous la sculpture). Emmanuel Frémiet, il faut que je vous montre une de ses Jeanne-d’Arc, quant à Durenne, je vous en ai déjà abondamment parlé, à commencer pour le cheval voisin… Au passage, sur la photographie en haut à gauche, vous pouvez deviner une petite grenouille qui semble sortir du sol…

Paris, l'éléphant de l'ancien palais du Trocadéro, 5, l'autre profil L’éléphant est pris dans un piège, constitué par un élément circulaire à moitié enterré et une corde avec un nœud coulant… Sa patte avant gauche est déjà entravée. Un singe s’amuse sur le piège…

Paris, l'éléphant de l'ancien palais du Trocadéro, 6, le singe On voit mieux ici le singe, qui semble hurler, et le piège…

Paris, l'éléphant de l'ancien palais du Trocadéro, 7, le singe Ou peut-être est-ce mieux ici?

Le monument à Eugène Fromentin à La Rochelle

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 01, vu de loin

Non loin du Vieux Port à Rochelle, si vous passez sous la tour de la Grosse horloge, vous ne pouvez pas rater cette statue représentant Eugène Fromentin, place des Petits-Bancs, monument qui sert surtout de garage à vélo (en tout cas, le jour où j’ai pris ces photographies, le 25 juin 2011, et lors de toutes mes autres visites dans cette ville).

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 02, vu de près Ce monument se compose d’une colonne en calcaire au sommet de laquelle se trouve un buste en bronze représentant le peintre Eugène Fromentin (La Rochelle, 1820 – Saint-Maurice, 1876), à côté, un cheval dressé et ruant avec son cavalier sur le dos, et une pile de livres, le tout aussi en bronze.

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 03, signatures du sculpteur et de l'architecte Le tout est signé  » Ernest-Dubois Scult / Patouillard Demoriane Arch « . Ernest [Henri] Dubois (Dieppe, 1863 – Paris, 1930) est aussi l’auteur, à La Rochelle, du monument à Jean Guiton devant l’hôtel de ville. Il a réalisé une œuvre abondante dont je vous parlerai sans doute… L’architecte René Patouillard Demoriane (Toulouse, 1867 – 1957), premier grand prix d’architecture en 1895, est un grand architecte, je ne sais pas comment il a atterri sur ce projet (voir ici des données sur son fonds d’archives). Le monument fut inauguré le 1er octobre 1905 puis à nouveau après la seconde guerre mondiale, le 8 mai 1946 (il a échappé aux fontes des années 1940-1942). Le modèle en plâtre a été présenté au salon des artistes français de 1906 sous le n° 3062.

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 04, le buste sur le haut socle Le sujet est identifié sur le haut socle.

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 05, le buste Voici Eugène Fromentin, un peu à contre-jour le matin…

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 06, le buste C’est mieux sur cette vue prise en fin d’après-midi…

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 07, détail du visage … avec un détail de son visage barbu et moustachu…. et un peu chauve!

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 08, le monument vu de dos Voici maintenant le monument de dos. Que fait ce cheval ruant sur ce monument? Sans doute est-ce le symbole du peintre, réputé pour avoir peint des chevaux dans toutes les positions (je vous ai sélectionné la notice de Chasse au faucon en Algérie au musée d’Orsay, si vous voulez voir un de ses tableaux).

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 09, le cheval vu de dos Le cavalier est représenté avec un costume d’Afrique-du-Nord, Fromentin était aussi très tourné vers l’orientalisme et le Sahara (ça me rappelle le sujet du concours de conservateur quand je l’ai passé en 1991, sur l’exotisme dans l’art européen… mais j’avais choisi le sujet d’histoire et pas celui d’histoire de l’art). Le cheval et son cavalier semblent en pleine fantasia, mais le fusil est aujourd’hui cassé…

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 10, le cheval ruant On le voit mieux ainsi. Remarquez au passage les étriers plats du cavalier, la lanière de l’attache ventrale de ma selle et le mors.

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 11, le cavalier arabe Et de face, le cheval ruant… et le visage très expressif du cavalier, la tête recouverte de son turban.

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 12, la pile de livres Et pour terminer, la pile de livres surmontée de lauriers rappelle qu’Eugène Fromentin fut aussi un écrivain…

La Rochelle, monument à Fromentin par Dubois, 13, les livres vus de face … la même vue de face.

Cathédrale de Poitiers : les vierges sages et folles

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 1, position

Le thème des vierges sages et des vierges folles a connu un grand succès en Poitou à l’époque romane. On le retrouve ici à l’époque gothique, au début de la deuxième moitié du 13e siècle (dans les années 1260) sur la façade occidentale de la cathédrale de Poitiers. Vu le thème, que je vais vous expliquer tout de suite, on se serait plutôt attendu à le voir associé au portail central avec le Jugement dernier (avec la résurrection des morts, le paradis et l’enfer) et le Christ de la résurrection. Mais en fait, il est sur le portail consacré à Thomas.

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 2, la voussure à gauche Voici de plus près la partie gauche (nord) de la voussure…

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 3, la voussure à droite …et sa partie droite. Les Vierges sages et folles se trouvent sur le rouleau interne. Sur les autres se trouvent divers personnages.

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 4, les sages Voici donc l’histoire… La parabole des vierges sages et folles se trouve dans, juste avant la parabole des talents. Il y avait dix vierges. Cinq étaient sages (prudentes) et avaient prévu de l’huile de rechange en attendant l’époux. Elles se trouvent à la droite du Christ (à gauche en regardant le portail). J’ai fait un montage en partant en bas à gauche jusqu’en haut à droite. Dans l’art roman, elles portent systématiquement une lampe dressée, parfois avec une flamme. Ici, beaucoup de bras sont cassés. Seule la première tient encore la lampe. La seconde tient un gros livre.

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 5, les folles Les vierges folles ont été imprudentes. Elles n’ont pas prévu d’huile pour recharger leur lampe, qui s’est étiente pendant la nuit. Dans l’art roman, les lampes sont souvent renversées vers le bas et les têtes penchées en signe de folie et d’imprévoyance. Ici, aucune lampe n’est conservée, impossible de savoir si elles ont existé et dans quelle position. Le montage est fait depuis le haut à gauche jusqu’en bas à droite.

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 4, le Christ Au centre se tient le Christ, l’Époux de la parabole, représenté en buste, les bras ouverts en signe d’accueil. La morale de l’histoire est: « Veillez, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure », en clair, vous ne savez pas quand viendront la mort et l’Apocalypse, et le chrétien doit toujours être prêt…

Paris, le rhinocéros de Jacquemart

Paris, l'ancien palais du Trocadéro, carte postale ancienne, le rhinocéros, 1 Je vous ai montré l’autre jour l’ancienne fontaine du Trocadéro, construite en 1878 et détruite en 1935. Sur le parvis du musée d’Orsay ont été réunis trois des quatre statues qui la composait, le cheval à la herse de Pierre Rouillard, l’éléphant pris au piège d’Emmanuel Frémiet, le rhinocéros de Henri Alfred Jacquemart, le bœuf d’Auguste Cain (oui, le sculpteur des tigres chimères de l’hôtel de ville de Poitiers) est désormais à Nîmes. Après le cheval, je poursuis avec le rhinocéros, d’abord sur une carte postale ancienne à son ancien emplacement…

Paris, l'ancien palais du Trocadéro, carte postale ancienne, le rhinocéros, 2 Et une autre vue ancienne…

Paris, le rhinocéros de l'ancien palais du Trocadéro, 3, de face

Le pauvre n’a plus aucune considération en tant que sculpture (photographies d’octobre 2010), il sert de siège aux visiteurs du musée…il a rejoint cet emplacement en 1985. De 1935 à 1985, il était porte de Saint-Cloud.

Paris, le rhinocéros de l'ancien palais du Trocadéro, 4, la signature de Jacquemart Il porte la signature « A. Jacquemart 76 » (ou 1878?, mais ça semble bien être 76, l’année de la commande plutôt que celle de la fonte?). Henri Alfred Jacquemart (Paris, 1824 – Paris, 1896) est un sculpteur animalier assez célèbre, même si c’est la première fois que je vous montre une de ses œuvres… Si vous passez à Paris, vous pouvez voir deux lions puissants de sa main au jardin des Plantes… ou deux dragons sur la fontaine Saint-Michel (entre autres exemples).

Paris, le rhinocéros de l'ancien palais du Trocadéro, 5, la signature du fondeur Voruz

La marque du fondeur est présente sur la terrasse (la petite partie verticale sous la statue) : « Usines J. Voruz aîné Nantes 1878 » (voir l’histoire des fondeurs Voruz).

Paris, le rhinocéros de l'ancien palais du Trocadéro, 6, de profil Grimpé sur un gros bloc, il témoigne de sa force, la queue levée n’augure rien de bon, gare aux passants… et aux importuns qui le prennent pour un siège !

Paris, le rhinocéros de l'ancien palais du Trocadéro, 8, de profil Bon, au moins, il est en bronze… sa corne ne craint pas le vol, contrairement à beaucoup de rhinocéros conservés dans nos muséums et qui ont été vandalisés ces derniers mois (même quand la corne était remplacée par une corne en résine…).

Paris, le rhinocéros de l'ancien palais du Trocadéro, 7, les plantes A ses pieds, un peu de végétation exotique, cactus et philodendron… pas sûre que ce soient deux plantes qui cohabitent…

Poitiers, les reliefs de Jonchère dans la cour du musée

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 01, la cour Je vous ai déjà montré la cour du musée Sainte-Croix à Poitiers à l’occasion de l’expédition Glen Baxter en juin 2010. Comme je vous l’ai déjà dit, l’ancien musée dans l’hôtel de ville était devenu trop petit. L’ancien couvent Sainte-Croix, qui venait d’être libéré par les sœurs (installées depuis lors à la Cossonière à Saint-Benoît), est choisi pour accueillir le nouveau musée, qui a ouvert en 1974. L’architecte Jean Monge (1916-1991) a détruit les bâtiments du 19e siècle mais maintenu une grande cour rappelant l’ancien cloître. Bon, béton brut, parfois avec des effets de cannelures, labyrinthe à l’intérieur, sauvegarde de justesse des vestiges archéologiques gallo-romains (le comble pour un musée avec des collections archéologiques aurait été de les détruire), je ne le trouve pas terrible au niveau de l’architecture. Mais vous pouvez profiter en ce moment (et jusqu’au 5 février 2012) des salles rénovées sur le Moyen-Âge et d’une exposition sur le thème de l’âge roman en Poitou-Charentes, qui est accompagnée d’un très beau catalogue.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 02, entrée du musée Dans l’entrée du musée, voici…

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 03, les reliefs en bronze d'Evariste Jonchère un relief qui y a été mis en place en 1986. Il s’agit du dépôt par l’État d’une œuvre retrouvée lors du rangement du palais de Chaillot pour l’aménagement de la cinémathèque dans les années 1980. C’est l’une des versions de l’art du théâtre, de Évariste Jonchère (Coulonges, 1892 – Paris, 1956), premier grand prix de Rome de sculpture en 1925 pour La vendange. Il existe en fait au moins quatre versions de cette œuvre, trois si j’en crois le catalogue de l’exposition de 1987 (voir la référence complète en fin d’article). La première est un plâtre préparatoire réalisé en 1936 et donné par Mme Jonchère en 1976 au département de Haute-Savoie, qui l’a déposé au conservatoire d’art et d’histoire d’Annecy (d’autres œuvres données au conseil général de Haute-Savoie sont à voir ici, le couple ayant habité près d’Annecy). Sur la base de ce plâtre, Évariste Jonchère a été chargé de réaliser un bronze pour le fronton de scène du théâtre du palais de Chaillot réalisé pour l’exposition internationale de 1937. Mais il a pris du retard pour confier son œuvre au fondeur Alexis Rudier (je vous ai montré sa marque de fondeur pour sur la statue du maréchal Joffre à Paris, je ne l’ai pas trouvée ici). Aussi, c’est une version en plâtre patiné qui a été réalisée et qui se trouve aujourd’hui au musée de Mont-de-Marsan (voir dans le dossier sans photographie dans la base Joconde). L’artiste a néanmoins terminé son œuvre qui a été fondue en 1938. C’est celle-ci qui se trouve à Poitiers. Elle diffère légèrement du plâtre patiné. Certains historiens de l’art ont donné comme titre à cette œuvre Apollon musagète, titre réfuté par Mme Jonchère. Le musée des années 1930 de Boulogne-Billancourt présente un autre plâtre préparatoire de cette œuvre, j’en ai trouvé par hasard la mention page 42 du livret pédagogique du musée. Comme je ne suis pas allée la voir, je ne peux pas préciser de quelle variante il s’agit.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 04, la signature Jonchère Entrons dans la visite de cette œuvre qui porte la signature « E. JONCHERE ».

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 07, le centre des reliefs Le personnage central est encadré des deux femmes des groupes de droite et de gauche.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 08, le relief central Le voici de plus près. Il s’agit d’Apollon, dieu de la beauté, tenant une lyre, représenté de face, en position comme assise (mais sans siège) avec sa jambe gauche écartée. Il est nu, mais un drap couvre pudiquement son sexe.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 05, détail des musiciens et musiciennes De chaque côté se trouvent les arts liés à la musique, à la poésie et au théâtre. A gauche se trouvent autre femmes debout et un personnage allongé. La première femme à gauche est torse nu avec une robe drapée autour des reins. La seconde a un voile qui lui couvre partiellement la poitrine. La troisième, à l’arrière-plan, regarde les deux premières. La dernière à droite porte des ailes.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 06, détail du sonneur de trompe Un sonneur de trompe est allongé au sol. C’est le seul personnage qui semble être un homme (à part Apollon au centre).

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 09, la partie droite du relief Enfin, le groupe de droite. La première femme à gauche, à côté d’Apollon, torse nu et avec une grande jupe qui lui arrive sous les fesses, tient une sorte de palme. Il s’agit de l’inspiration poétique. Une grande aile semble partir de son épaule, mais il s’agit peut-être juste d’un fond à la scène.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 10, détail des visages Derrière elle se tiennent deux femmes debout. Celle de gauche est torse nu, les seins bien visibles, les jambes drapées dans une robe. Ses cheveux sont coiffés en longues tresses. La seconde porte également un vêtement en haut et tient un masque dans la main gauche : il s’agit de la comédie.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 11, le personnage à droite Et enfin le dernier personnage assis tout à droite. C’est une femme, la tête effondrée sur ses genoux, en partie cachée par son bras. Elle tient de la main gauche une épée et un masque triste constitue son siège: il s’agit de la tragédie.

PS: à deux pas de là, sur le mur de la cour de la MJC Le Local (rue Saint-Pierre-le-Puellier à Poitiers), vous pouvez voir un peu sur le même thème la frise sculptée de Jean Claro…

Pour en savoir plus : Evariste Jonchère, 1892-1956 : premier Grand Prix de Rome de Sculpture en 1925, catalogue de l’exposition au musée Sainte-Croix à Poitiers, 24 mars – 18 mai 1987, sous la direction de Blandine Chavanne et Bruno Gaudichon.

Paris, le cheval à la herse de Rouillard

Paris, l'ancien palais du Trocadéro, carte postale ancienne, le cheval, 1 Je vous ai montré l’autre jour l’ancienne fontaine du Trocadéro, construite en 1878 et détruite en 1935. Sur le parvis du musée d’Orsay ont été réunis trois des quatre statues qui la composait, le cheval à la herse de Pierre Rouillard, l’éléphant pris au piège d’Emmanuel Frémiet, le rhinocéros de Henri Alfred Jacquemart, le bœuf d’Auguste Cain (oui, le sculpteur des tigres chimères de l’hôtel de ville de Poitiers) est désormais à Nîmes. Commençons par le cheval, d’abord sur une carte postale ancienne à son ancien emplacement…

Paris, le cheval de l'ancien palais du Trocadéro, 2, vue générale Le voici maintenant en octobre 2010 devant le musée d’Orsay…

Paris, le cheval de l'ancien palais du Trocadéro, 3, la signature de Rouillard Il est signé « P. Rouillard / 1878 « . Pierre Rouillard, je vous en ai déjà parlé pour la chienne et la louve au Grand-Rond à Toulouse…

Paris, le cheval de l'ancien palais du Trocadéro, 4, la marque de Durenne Il porte également la marque du fondeur « A[ntoine] Durenne Paris », dont je vous ai déjà abondamment parlé (notamment à Poitiers, mais pas seulement, pour la fontaine aux amours et aux nymphes (et la même un peu givrée), un Amour sur un griffon ou une lionne, un Amour sur un dauphin, le Faune soufflant dans une corne (autres vues en hiver), le Faune au coquillage). C’était un fondeur important, à retrouver sur le site de sa fonderie à Sommevoire.

Paris, le cheval de l'ancien palais du Trocadéro, 5, le cheval de profil Ce cheval est plein de fougue pour tenter de franchir une herse à grandes dents hérissées…

Paris, le cheval de l'ancien palais du Trocadéro, 6, deux vues du cheval fougueux

Admirez le mouvement que le sculpteur a donné à son cheval, la torsion de la tête, le mouvement de la queue, celui des pattes, la crinière au vent…

Paris, le cheval de l'ancien palais du Trocadéro, 7, la herse l’appui de son sabot arrière gauche est très précaire… Arrivera-t-il à franchir la herse?

Paris, la République de Jean-François Soitoux

Paris, la République de Jean-François Soitoux, 1, de face Aujourd’hui, je vous emmène sur les quais à Paris, plus exactement sur le quai de Malaquais, devant l’Institut, avec des photographies d’octobre 2010. Nous y trouvons la République de Jean-François Soitoux.

Paris, la République de Jean-François Soitoux, 2, la signature de Soitoux Elle porte la signature « J.F. Soitoux », pour Jean-François Soitoux (Besançon, 1816 – Paris, 1891), lauréat du concours de sculpture organisé suite à la Révolution de février 1848. Le concours avait pour but d’incarner la République dans une peinture, une sculpture et une médaille. Son plâtre ayant été retenu, il l’exécute en version monumentale en pierre.

Paris, la République de Jean-François Soitoux, 3, l'inscription sur le socle L’inscription sur le haut socle n’en retrace qu’une partie de l’histoire : « La République / de Jean-François Soitoux / Première représentation / officielle de la République / française commandée par / le gouvernement de la / IIème République à l’issue d’un / concours lancé le 18 mars 1848 / implantée devant l’Institut / le 24 février 1880. A été restaurée / aux frais de la ville de Paris et / réimplantée en ce lieu par / Jacques Chirac maire de Paris / le 23 septembre 1992 / à l’occasion du bicentenaire / de la proclamation de la / République « . Mise en dépôt sous le Second Empire, la statue est cédée en 1879 par l’État à la Ville de Paris qui la place devant la façade de l’Institut et l’inaugure le 24 février 1880. Déposée à Amboise en 1962 (comme de nombreuses autres sculptures, cette ville doit compter le plus de dépôts divers de statues, il faudra que je vous les montre un de ces jours), la ville de Paris révoque le dépôt en 1988 et elle est remise en place en 1992 non loin de son emplacement de 1880 (un peu décalée, circulation automobile oblige).

Paris, la République de Jean-François Soitoux, 4, son côté gauche Cette allégorie cumule les symboles… Elle est vêtue à l’Antique, la longue robe fermée par un delta (triangle, symbole de l’agilité). De sa main gauche, elle s’appuie sur le faisceau d’armes (rappel du faisceau de licteur, symbole de l’imperium romain, le pouvoir de la justice). A la place de la hache du faisceau antique se trouve ici une couronne végétale, maintenue par la main de la République. Elle foule la couronne royale brisée (la liberté acquise par la République).

Paris, la République de Jean-François Soitoux, 5, son côté droit Elle présente de l’autre main une épée (refaite) et est coiffée d’une couronne végétale composée de rameaux de chêne (la force, la sagesse) fermée en son centre par une étoile. Elle ne porte pas encore le bonnet phrygien, qui s’imposa après un nouveau concours en 1879, mais plutôt pour les bustes de la République (les Marianne). L’espèce de cube sous l’épée est une ruche, qui symbolise le travail. En un mot, un condensé de symboles sur une simple femme!

Paris, la République de Jean-François Soitoux, 6, de dos Une dernière vue de dos…