Il y a déjà un moment, plus de deux mois en fait, comme le temps passe, je vous promettais un article sur Digne-les-Bains… Le trajet est long… Poitiers, Paris-Montparnasse, Paris-Gare de Lyon, Aix-en-Provence-TGV, puis un bus… Le trajet passait par Manosque, super, je m’étais dit… Mais non, Manosque, c’est un péage, une zone commerciale, des ronds-points, le parking de la gare, retour à l’autoroute ! Rien vu du Manosque de Giono et d’aujourd’hui… Les formations sur le patrimoine rural, ça se mérite ! Le stage cette année avait lieu à Digne-les-Bains : l’année dernière, c’était à Chaumont-sur-Loire, carrément plus près de chez moi, sur le thème de la ferme-modèle. Je n’y étais pas allée il y a deux ans, j’ai aussi, à l’occasion de ce cycle, visité Carentan et l’architecture de terre dans les marais du Cotentin, et Pierre-de-Bresse en Bresse bourguignonne ! Cette année, bingo, un chef-lieu de département… et nous étions accueillis dans le bâtiment des archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, bâtiment neuf créé en 1996 (impossible de trouver le nom de l’architecte sur le site des archives). Le thème? L’architecture rurale des zones de moyenne montagne et les systèmes d’exploitation agricole.
Si Digne-les-Bains a été fondée à l’époque romaine et est mentionnée en 78 par Pline l’Ancien (Dinia, capitale des Bodiontici)… la ville a subi de nombreux dommages au fil des siècles, il ne reste rien de la splendeur de ses thermes romains, les guerres de religion ont fait des ravages, puis le soucis de » modernité » du 19e siècle, sans compter le bombardement américain du 16 août 1944… Le rempart de la ville haute, autour de l’ancien château devenu prison, reste lisible dans le bâti et la forme des rues, mais guère au-delà.
À l’extrême fin du 15e siècle, la cathédrale est déplacée du bourg de la vallée (actuelle église Notre-Dame) vers la ville haute, mais l’actuelle cathédrale Saint-Jérôme a été en grande partie reconstruite au 19e siècle et est encore en cours de travaux. la ville est plutôt morte sur le plan commercial, de nombreuses boutiques sont fermées (même la mercerie, pour cause de retraite, dit le panonceau), nous n’avons même pas croisé de curistes…
Si vous passez par là (mais passe-t-on à Digne-les-Bains ?), jetez quand même un coup d’œil à l’ancienne cathédrale devenue église Notre-Dame-du-Bourg (quand même classée sur la première liste de monuments historiques de 1840) et visitez la crypte si possible (fermée aux heures où je fus libre)…
Et aussi à la fontaine monumentale, pas très loin, inscrite monument historique en 1927, qui date du 19e siècle.
Je regrette vraiment de ne pas avoir pu visiter le musée Gassendi et surtout la réserve géologique et ses refuges d’art (site web en construction, dommage), plus grande collection des œuvres d’Andy Goldsworthy, dont j’ai vu de nombreuses photographies… et plus près d’ici, celle qui a réalisé dans le parc de sculpture du centre d’art et du paysage de Vassivière en Limousin.
Hier soir, j’ai eu du mal à rentrer dans le spectacle (Le chandelier, d’après Musset) présenté par le
Heureusement, le nombreux public semblait apprécier la pièce de théâtre, et les autres nuits romanes auxquelles j’ai assisté remplissaient parfaitement leur objectif, faire découvrir un édifice ou la civilisation romane, assister à un spectacle de qualité et partager un instant convivial agréable. Pour celles que j’ai vues, pour celles dont on m’a parlé, les
La cathédrale Notre-Dame (ou Sainte-Marie) et son cloître sont classés monuments historiques depuis 1862… et inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France (78 édifices sont concernés) depuis 1998. Située à l’emplacement du castrum romain, la cathédrale romane a été détruite par un incendie en 1258. Reconstruite à la fin du 13e siècle pour le chœur (abside, chapelles rayonnantes et déambulatoire), le chantier se poursuit au 14e siècle dans la nef et le transept. La façade est refaite au 15e siècle. Un nouvel incendie en 1793 l’endommage sérieusement et elle subit d’importantes restaurations au 19e siècle… L’édifice que l’on voit maintenant est donc éclectique et plus néo-gothique que gothique… Les tours de la façade et leurs flèches (de toute façon, on manque de recul pour les photographier) datent des années 1873-1878… et sont dues à Émile Boeswillwad, un architecte disciple de Viollet-le-Duc ; la grande rosace date de la fin des années 1920.
Adossé au sud de la nef, le cloître est plus intéressant (enfin, je n’ai rien contre le néo-gothique)… mais en plein travaux de restauration. C’est l’un des plus grands cloîtres gothiques (13e-14e siècles) de France, mais il faudra revenir pour le visiter. Il sert aussi de dépôt lapidaire.
Quitte à visiter du néo-quelque chose (gothique en l’occurrence), autant aller voir l’église Saint-André, dans le Petit-Bayonne, au style plus homogène que la cathédrale. Elle a été construite grâce à un legs de 1846 par Hippolyte Durand, architecte diocésain, et Hippolyte Guichenné, architecte, entre 1856 et 1862…
Retour sur la façade occidentale de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers. En-dessous de
Vous voyez les flots ? Les sirènes romanes peuvent avoir un corps d’oiseau (à cause de son chant) ou de poisson (comme celle qu’Ulysse a affronté), une tête d’homme ou de femme. Ici, il y a la tête principale, grimaçante, et une petite tête de profil à l’extrémité de chacune des deux queues… Gare à la tentation du chant des sirènes, pas seulement à celle du
Et si je vous le montre sous un angle en contre-plongée, que pensez-vous de ses grandes dents?
Sur le mur sud de l’église abbatiale Saint-Hilaire (le Grand pour la distinguer de Saint-Hilaire de la Celle, détruite) de Poitiers se trouve le tombeau de Constantinus de Metullo (Constantin de Melle), dont le nom apparaît dans différents documents, chartes, entre 1038 et 1082. Le tombeau prend place dans une niche surmontée d’un grand arc en plein cintre. Quant à Melle, c’est une ancienne petite ville avec des
Revenons à notre tombeau à Saint-Hilaire de Poitiers. Aucune difficulté pour l’identification de Constantin de Melle, portée sur une plaque avec la dédicace au fond de la niche.
La dalle funéraire (je n’avais pas bu pour la photo, manque de recul…)…
… et les chapiteaux des colonnettes de la niche à l’est (à droite quand on est face à la niche)…
et à l’ouest portent principalement des décors de feuillages où dominent les feuilles grasses.
Le chapiteau de la colonnette externe vers l’ouest porte deux lions qui se suivent… La disposition de lions affrontés est plus fréquente…
Jésus est né et les rois mages ne sont pas encore arrivés… Mais Joseph n’en revient toujours pas que sa femme, Marie, vierge (si, les sages-femmes l’ont assuré !?!), ait accouché de Jésus. Alors, sur la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, Joseph, la tête en appui sur son bras droit, admire encore et encore ce bébé en train de prendre le bain.
Joseph est représenté assis, de profil ou plutôt légèrement de trois quarts et regarde Jésus qui lui fait face dans son bain.
Il est assis sur un riche siège dont les montants et la boule rappellent le
Joseph est représenté avec la main droite contre sa joue, la main gauche sur son avant-bras droit. Il est barbu et moustachu et coiffé de la calotte juive sur ses cheveux mi-longs.
Voici la position de cette scène sur la façade.
J’ai sélectionné ce livre pour le 
Le cloître et les bâtiments abbatiaux ont été restaurés surtout depuis ces 40 dernières années. L’église a encore besoin de travaux et son chœur est fermé pour raison de sécurité. Le centre qui vient d’être ouvert présente aussi bien l’évolution de l’édifice que celle de la vie monachisme en Charente et au-delà au Moyen-Âge. Attention, pendant les journées du patrimoine, ce ne sera pas gratuit mais entrée à tarif réduit (2,5 €) pour tous, ce qui est un peu contre le principe des journées du patrimoine, c’est vraiment dommage. Mais admirez aussi les créations des enfants des écoles réalisées dans le cadre du monument du mois, et exposées dans le cellier, sur une réinterprétation des monstres… Il y a vraiment de petits chefs-d’œuvre…