Archives de catégorie : Cinéma

Les films que j’ai vus au cinéma ces dernières années.

L’économie du couple, de Joachim Lafosse

Affiche de L'économie du couple, de Joachim LafosseNouvelle sortie cinéma, idéal pour être au frais, avec L’économie du couple, réalisé par Joachim Lafosse et présenté à la quinzaine des réalisateurs lors du dernier festival de Cannes.

L’histoire : de nos jours dans un ancien atelier transformé en appartement. Marie [Bérénice Bejo], universitaire et fille de bonne famille, veut se séparer de Boris [Cédric Kahn], architecte sans travail fixe. Elle a acheté la maison, mais lui a fait tous les travaux qui valorisent l’ensemble… Pour partir, il veut la moitié de la valeur de la maison, elle n’est prête qu’à lui céder que le tiers. En attendant, ils cohabitent avec, au milieu, leurs jumelles de 7/8 ans, la belle-mère [Marthe Keller], prête à confier à Boris le chantier de la restauration de sa propre maison, les amis…

Mon avis : a priori, pas facile de faire un film qui se passe dans sa quasi totalité -sauf le dernier quart d’heure- dans un lieu aussi petit, en gros quatre pièces, un grand salon avec un coin cuisine, trois chambres et une salle de bain, et la cour! Le huis-clos est d’ailleurs parfois pesant, le spectateur mis face aux règlements de compte autour de la vie bassement matérielle, face aux exigences de Marie, qui fixe ses règles, ses « jours » où Boris ne devrait rentrer qu’après le coucher des filles, la molle résistance de celui-ci. En face de ces exigences matérielles, Boris parle du « prix de l’amour », celui qui fait que l’appartement a pris tout son charme, sa valeur. La cohabitation d’un couple en voie de séparation le temps de régler les comptes, au sens propre, est un thème rarement abordé. Bon, j’ai trouvé qu’il y a parfois des longueurs, des moments trop pesants sans être vraiment crédibles, mais une idée de sortie pour ceux qui veulent fuir pendant presque deux heures les 39° annoncés sur une bonne partie du pays aujourd’hui et demain.

Moka de Frédéric Mermoud

Affiche de Moka de Frédéric MermoudAprès quinze jours de fermeture, mon cinéma Arts et essais préféré à rouvert… Sortie cinéma dès hier avec une amie pour aller voir Moka réalisé par Frédéric Mermoud sur une adaptation d’un livre de Tatiana de Rosnay.

L’histoire : de nos jours à Lausanne, à l’automne. Diane Kramer [Emmanuelle Devos] ne se remet pas de la mort de son fils le 25 mars précédent, renversé en sortant du conservatoire par une voiture qui a pris la fuite alors qu’il montait dans le bus. Un détective qu’elle a recruté [Jean-Philippe Écoffey] lui donne les coordonnées de quatre véhicules couleur Moka qui pourraient correspondre à la description donnée par le chauffeur de bus. Contre l’avis de son mari [Samuel Labarthe], elle part, fait la connaissance d’un jeune délinquant qui va l’aider à trouver un revolver [Olivier Chantreau]. Elle retrouve la voiture, en vente, à Evian, s’immisce dans la vie de ses propriétaires, Marlène l’esthéticienne [Nathalie Baye], sa fille adolescente [Diane Rouxel] et son compagnon Michel [David Clavel], moniteur aux thermes.

Mon avis : la confrontation entre Nathalie Baye et Emmanuelle Devos est d’une grande force, avec une femme percluse de douleur et l’autre qui ne comprend pas qui est cette nouvelle cliente atypique, qu’elle croise et recroise en ville, mais Evian est si petit… Les paysages d’automne sur le lac Léman sont magnifiques, renforçant le jeu des deux actrices principales, offrant des pauses dans la narration, associant le spectateur à ces moments de réflexion.

Sparrows de Rúnar Rúnarsson

Affiche de Sparrows de Rúnar RúnarssonCela fait déjà un petit moment que je suis allée voir Sparrows de Rúnar Rúnarsson.

Le film : de nos jours en Islande, au début des vacances scolaires. Depuis plusieurs années, Ari [Atli Oskar Fjalarsson], 16 ans, vit avec sa mère, Kristjana [Nanna Kristín Magnúsdóttir], à Reykjavik. Celle-ci doit partir en Afrique avec son nouvel ami et décide d’envoyer son fils chez son père, Gunnar [Ingvar Eggert Sigurðsson], dans une région isolée, au fond d’un fjord. Gunnar a perdu son bateau dans la crise économique, leur ancienne maison a été saisie et est toujours en vente. Chaque soir, il va manger chez sa mère [Kristbjörg Kjeld]. Dès le lendemain de son arrivée, le gringalet Ari doit aller travailler à l’usine de poisson. Son père boit trop avec ses amis, lui retrouve d’anciens camarades de classe avec qui ils n’ont plus beaucoup de points communs. Il est en pleine déprime, surtout après la mort de sa grand-mère. Il tente alors de s’insérer, fait l’expérience de l’alcool, de la drogue…

Mon avis : comme dans les romans, les polars et les films islandais vus ces derniers temps (voir en particulier Béliers de Grímur Hákonarson), on retrouve un pays où la vie à la campagne est très dure, avec des nuits interminables, au milieu de très beaux paysages de fjords, mais où, en plein été, personne ne quitte sa doudoune, où il pleut, il y a du brouillard, pas grand chose à faire sauf travailler (ici à l’usine de poisson), se divertir à la salle commune ou entre amis entre alcool, sexe et drogue. De la capitale ultra moderne, on ne voit que quelques images lors du départ en avion. Le sujet peut paraître banal et rebattu :  un père et un fils adolescent qui doivent apprendre à vivre ensemble après avoir été séparés plusieurs années à cause d’un divorce. Une société partagée entre deux groupes, les adolescents et les vieux, qui ont tous la même activité, travailler à l’usine de poisson et s’enivrer le soir dans deux groupes qui se croisent peu. Les personnages sont très crédibles, bien servis par les acteurs et mis en valeur par une excellente photographie. La musique du film, écrite par Kjartan Sveinsson (le pianiste de l’ancien groupe Sigur Rós), souligne avec justesse l’ennui sans fin. Certaines scènes sont très fortes, comme celle où Ari chante, seul, dans un silo abandonné, nostalgie de sa vie passée et de la chorale qu’il a dû abandonner. Si le film passe près de chez vous, n’hésitez pas, allez le voir!

Baden Baden de Rachel Lang

Affiche de Baden Baden de Rachel LangJe suis allée voir avec Baden Baden de Rachel Lang le week-end dernier.

Le film: de nos jours à Bruxelles. Ana, 26 ans [Salomé Richard], termine un petit boulot de chauffeur des vedettes lors du tournage d’un film. Au lieu de rendre la Porsche de location, elle file vers Strasbourg, sa ville natale. Elle se réfugie chez sa grand-mère chérie [Claude Gensac], qui habite dans un ensemble HLM. Elle retrouve Simon [Swann Arlaud], son ancien copain musicien professionnel, et renoue avec son ex, Boris [Olivier Chantreau], avec qui elle a eu une histoire. Sa mère [Zabou Breitman] et son frère [Thomas Silberstein] s’interrogent sur la reprise de cette relation et lui rappellent que la fin de cette aventure l’avait plongée dans une profonde dépression. Quand sa grand-mère tombe et se casse le col du fémur, elle lui promet de l’emmener à Baden Baden quand elle sera remise. Elle s’engage dores et déjà dans la démolition de la baignoire qu’elle veut remplacer par une douche de plain-pied, avec l’aide de tutos sur internet, de Grégoire, intérimaire dans un magasin de bricolage [Lazare Gousseau] qui n’y connaît pas grand-chose non plus et d’Amar, un poseur de carreaux de piscine [Driss Ramdi]…

Mon avis: ce film met en scène deux actrices très fortes, Salomé Richard, habillée d’un tee-shirt et d’un short en jeans, et Claude Gensac, aussi tendre que la vieille dame qui recueille Lulu dans Lulu femme nue (qui est passé récemment sur Arte). La photographie est très soignée, notamment la manière de filmer les visages dans quelques longs plans séquences (l’errance en voiture sans trouver son chemin) ou lorsque l’on voit des visages qui se détachent de profil à contre-jour perpendiculairement dans le cadre de l’image, l’un en haut, l’autre sur le côté. Le scénario n’est pas très original, avec une héroïne adolescente attardée, qui cherche sa voie, n’arrive pas à s’engager vraiment (ni en amour, ni dans un travail durable) mais peut être très persuasive pour obtenir ce qu’elle veut (l’aide de l’intérimaire du magasin de bricolage puis de l’ouvrier carreleur qu’elle va débaucher sur un chantier). C’est néanmoins un tendre tableau d’une jeunesse ordinaire en quête de sens dans la vie.

 

Julieta de Pedro Almodóvar

Affiche de Julieta de Pedro AlmodóvarJe ne vais pas voir tous les films de Pedro Almodóvar, j’avais trouvé La piel que habito, adapté de Mygale de Thierry Jonquet, trop violent, je n’étais pas allée voir le suivant, Les amants passagers. Vous pouvez aussi relire mon avis sur Les étreintes brisées.

L’histoire : de nos jours à Madrid. Julieta [Emma Suárez] doit suivre Lorenzo, son compagnon [Dario Grandinetti] au Portugal lorsqu’elle croise Bea [Michelle Jenner] la meilleure amie d’enfance de sa fille Antía. Elle lui apprend qu’elle l’a croisée il y a peu près du lac de Côme, en Italie, mais ne sait pas que Julieta ne l’a pas vue depuis 13 ans, juste après sa majorité. Retour une trentaine d’années en arrière. Dans un train, alors qu’elle [Adriana Ugarte] va  remplacer un professeur de philosophie, l’homme qui s’était assis face à elle et auquel elle n’avait pas prêté attention se suicide… L’occasion de faire connaissance avec Xoan, marin-pêcheur [Daniel Grao] dont la femme est dans le coma depuis plusieurs années en Galice. A la fin de son contrat, elle va le rejoindre, entre Ava l’amie sculpteure [Inma Cuesta], Marian la bonne [Rossy de Palma], et bientôt leur petite fille, Antía…

Mon avis: sous des apparences parfois légères, portées par la belle musique d’Alberto Iglesias et Chavela Vargas, se cachent de lourds secrets (de famille et au-delà). Pourquoi Julieta ne voit-elle pas plus son père? De quoi souffre sa mère? Pourquoi se sent-elle si coupable du suicide d’un homme qu’elle n’a vu que quelques minutes? Quel rôle la bonne a vraiment joué dans le départ en mer de Xoan, alors que la tempête s’annonçait? Pourquoi Bea est-elle partie étudier aux États-Unis pour fuir Antía qu’elle qualifie, après-coup, de toxique? Pourquoi Antía a-t-elle à son tour fui Madrid? Le spectateur devra en partie trouver les réponses en écho avec sa propre vie. Il y a de très belles images, j’ai beaucoup aimé la maison de Xoan, léchée par la mer, l’arrivée dans les Pyrénées, la manière de filmer les visages… N’hésitez pas à aller le voir!

Café society de Woody Allen

Affiche de Café society de Woody AllenJe suis allée voir le dernier film de . Je vais d’ailleurs voir la quasi totalité de ses films (relire mes avis par les liens en fin d’article).

L’histoire : à New-York dans les années 1930. Bobby Dorfman [] ne veut plus travailler dans la bijouterie de son père. Sa mère insiste auprès de son propre frère, Phil [Steve Carell] pour qu’il le prenne dans sa société à Hollywood. Il tombe amoureux de Vonnie [Kristen Stewart] mais celle-ci n’est pas libre… et finit par se marier avec Phil. Bobby rentre à New-York, où il devient gérant du Café Society, créé avec l’argent sale de son frère aîné, Ben le gangster [Corey Stoll], et épouse Veronica [Blake Lively]…

Mon avis: en Woody Allen dans la « tradition », une famille juive, du second degré sur la religion, des dépressifs (la sœur du héros et son mari professeur de philosophie communiste), scènes conjugales, narration en voie off. La musique du film jazzy est très réussie, la photographie est soignée, avec un très beau rendu des carnations en clair-obscur. Un bon cru 2016… Surtout, allez le voir en VO car si la VF est aussi nulle que le sous-titrage, alors il y a un net appauvrissement du niveau de langue!

Sur Woody Allen, vous pouvez relire mes articles

Ma Loute de Bruno Dumont

Affiche de Ma Loute de Bruno DumontJe suis allée voir Ma Loute de Bruno Dumont, film qui vient d’être présenté au festival de Cannes.

L’histoire : été 1910, sur la côte du Pas-de-Calais, dans la baie de la Slack. D’un côté, les locaux, et la famille Brufort, pêcheurs de moules et passeurs du bras de mer pour les touristes venus de Lille, Roubaix et Tourcoing : le père [Thierry Lavieville], la mère [Caroline Carbonnier], les quatre garçons dont Ma Loute [Brandon Lavieville], l’adolescent. De l’autre, la famille d’industriels qui vit dans une somptueuse villa qui domine la baie: André, le père [Fabrice Luchini], Isabelle, la mère [Valeria Bruni Tedeschi], leurs deux filles, Billie la cousine [Raph], bientôt rejoints par le frère de la mère, Christian [Jean-Luc Vincent] et Aude [Juliette Binoche] la sœur du père et mère de Billie, tous les adultes étant cousins. Au milieu, des touristes ont disparu et l’inspecteur Alfred Machin [Didier Despres], en « léger surpoids », mène l’enquête avec son adjoint, Malfoy [Cyril Rigaux].

Mon avis : si vous avez vu la série P’tit Quinquin, du même réalisateur, sur Arte, ce film est dans la même veine, mêlant absurde et sérieux. Si vous avez vu la série et ne l’avez pas appréciée, il vaut mieux éviter d’aller voir ce film, qui peut déranger s’il est pris au premier degré (un couple de spectateurs est sorti de la salle au milieu du film) Le maire de Wissant, qui avait protesté pour la série, ne va pas aimer 😉 . Les acteurs sont méconnaissables, normal, me direz-vous, pour une prosopagnosique, mais il m’a fallu un long moment pour reconnaître Fabrice Luchini (en fait, c’est sa voix que j’ai reconnue) et je n’ai pas du tout reconnu Juliette Binoche, qui fait pourtant partie des visages que je « travaille » en rééducation, ni Jean-Luc Vincent, qui jouait Paul Claudel dans le précédent film de Bruno Dumont, Camille Claudel 1915. Les paysages de la baie et du cap Blanc-Nez, avec sa lumière si particulière, sont splendides (et vous donneront peut-être envie de passer vos vacances sur les grandes plages de sable de la Côte d’Opale). Les chutes en tous genres – on tombe beaucoup dans ce film, en dévalant la dune, en tombant de grand bi, de char à voile, du transat, etc. – provoquent de vrais rires, contrairement aux quelques scènes de cannibalisme. Beaucoup de sujet sont abordés franchement ou suggérés: l’inceste (et sa justification), la consanguinité, le dur labeur des pêcheurs de moules qui contraste avec l’ennui et l’oisiveté des « touristes », l’ambiguïté sexuelle (Billie est-elle une fille qui se déguise en garçon, comme elle le clame, ou un garçon qui se sent fille?), la moquerie sur l’accent (ch’ti ici, mais ça pourrait être n’importe lequel), etc. Un film que j’ai beaucoup aimé, mais je comprendrais qu’il dérange et ne plaise pas à beaucoup de spectateurs…

Vendeur de Sylvain Desclous

Affiche de Vendeur de Sylvain DesclousLe week-end dernier, après Mr Holmes, de Bill Condon, je suis allée voir Vendeur de Sylvain Desclous.

Le film : dans un magasin sur une zone commerciale. Serge [Gilbert Melki] vend des cuisines, il est même l’un des meilleurs vendeurs de la marque. Un jour, son fils, Gérald [Pio Marmai], qui le voit rarement, lui demande s’il pourrait lui trouver un boulot pour quelques mois, le temps de renflouer les caisses pour les travaux qu’il aménage avec sa compagne, Carole [Clementine Poidatz]. En fait, son restaurant vient de faire faillite. Après avoir tenté de le décourager, il accepte, un de ses amis, Daniel [Pascal Elso], fait un contrat au fils, à condition que le père vienne travailler aussi dans le magasin. Débuts difficiles pour le fils, père qui fonctionne à coup de cocaïne, d’alcool et de sexe, les deux arriveront-ils à communiquer?

Mon avis : je pensais voir un film plus axé sur la dénonciation des bonimenteurs en tout genre que sont les cuisinistes. Certes, le film montre quelques couleuvres que font avaler les vendeurs, le monde implacable, la concurrence entre les vendeurs (ceux affectés à un magasin et les « champions » qui vont de magasin en magasin, avec une grosse part variable), le stress géré par l’alcool (la drogue et les prostituées), mais c’est surtout un film sur les relations compliquées entre un père et son fils, et là, je trouve que le scénario ne fonctionne pas bien… Il est convenu, sans surprise, certaines scènes sont laborieuses, comme la prostituée qui dit faire des « prestations » pour payer ses études, ce qui aurait pu être un vrai sujet, la prostitution des étudiant(e)s, qui fait l’objet de programmes de prévention et de repérage dans certaines universités, mais là, ce sont juste quelques mots au passage, comme plaquées, juste pour intercaler des scènes de fesses dans le film. Franchement, j’aurais mieux fait de passer mon tour et de ne pas choisir d’aller voir ce film…

 

Mr Holmes, de Bill Condon

Affiche de Mr Holmes, de Bill CondonAprès une pause cinéma, je suis allée voir deux films le week-end dernier, Vendeur de Sylvain Desclous (je vous en parle très vite) et Mr Holmes réalisé par Bill Condon, inspiré d’un roman de Mitch Cullin.

Le film : 1947, dans la campagne anglaise du Sussex, en bord de mer. Très âgé (93 ans), Sherlok Holmes [Ian McKellen] s’est retiré de Londres depuis trente ans et vit auprès des abeilles avec Mrs. Munro [Laura Linney], sa gouvernante et Roger [Milo Parker], son petit garçon. Il vient de rentrer d’un voyage au Japon avec une plante censée assurer la longévité et éviter les pertes de mémoire. Il est hanté par sa dernière affaire, qui remonte à avant la Première Guerre mondiale, le récit qu’en a fait feu le Dr Watson ne correspond pas à ce dont il se souvient: Thomas Kelmot [Patrick Kennedy] cherchait à savoir ce que faisait en son absence sa femme Ann [Hattie Morahan] fragilisée par la mort de ses enfants. Il va tenter de reconstituer l’histoire…

Mon avis : une histoire qui tourne autour de deux rôles majeurs, ceux de Ian McKellen et du garçonnet, Milo Parker, sans oublier les ruches et les abeilles. Il est avant tout question de transmission dans ce film : transmission de son savoir d’apiculteur amateur, de la médecine traditionnelle (la plante japonaise qui a survécu à la bombe atomique d’Hiroshima), de son histoire réinterprétée par le Dr Watson, de son histoire reconstruite dans sa mémoire… Il est aussi question de la vie, de la mort, de l’amour, de la vieillesse. L’histoire n’est pas très intéressante, la vision de la vie d’un vieux monsieur qui souhaite garder son autonomie et surtout sa dignité de personne pensante, non soumise au diktat de son entourage (médecin, gouvernante), vaut quand même l’effort d’aller voir ce film.

 

 

Médecin de campagne de Thomas Lilti

Affiche de Médecin de campagne de Thomas LiltiDimanche dernier, je suis allée voir Médecin de campagne de Thomas Lilti [revoir mon avis sur Hippocrate].

Le film : de nos jours, dans une campagne reculée à la limite du Val-d’Oise et de la Normandie. Tous les jours, à domicile ou à son cabinet, Jean-Pierre Werner [François Cluzet] soigne avec engagement ses patients. Un jour, il doit consulter son ami Norès [Christophe Odent], le verdict tombe, tumeur au cerveau, il lui faut se soigner, se reposer, lever le pied. S’il accepte le traitement (chimio dans un premier temps), il ne ralentit pas son travail. Norès lui envoie Nathalie Delezia [Marianne Denicourt], une jeune consœur, une ancienne infirmière qui vient de terminer son internat et originaire d’un village voisin. Ils vont devoir petit à petit s’apprivoiser, Nathalie va aussi devoir se faire accepter par les patients…

Mon avis : un film touchant qui montre les différentes facettes du médecin de campagne, à la fois médecin, psychologue, assistante sociale, petit chirurgien, radiologue… Le film aborde également la question des déserts médicaux (débat sur la création d’une maison de santé, éloignement des hôpitaux et maternités), la question du maintien à domicile de certains patients. A travers le portrait du médecin, c’est toute la vie du village qui est tracée, sans pathos, avec des scènes assez drôles. J’ai beaucoup aimé ce film. Juste une petite remarque, l’héminégligence (le fait de ne pas « voir » la moitié de l’environnement, en fait l’œil voit bien mais le cerveau n’interprète pas l’image), conséquence de la tumeur au cerveau, s’exprime curieusement, juste sur l’assiette et lors d’un test neurologique (le genre de ceux que je réussis, ouf!, mais j’en réussis de plus en plus), pas dans le reste de la vie courante (se raser, se laver, etc.). Dans l’absolu, ce n’est pas très grave qu’un film simplifie l’héminégligence, sauf pour le message délivré à ceux qui en souffrent et à leurs proches: le médecin continue à conduire, alors que l’héminégligence est une contre-indication stricte à la conduite automobile (c’est d’ailleurs pour ça que j’ai été testée sur ce plan aussi, et de mon côté, je continue à passer d’autres tests pour vérifier mes capacités à conduire). C’est assez irresponsable de laisser croire que ce médecin est apte à la conduite!