Archives par étiquette : polar

Sémaphore de Christophe et Sandrine Bon

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Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgUn album trouvé en fouillant les bacs à la médiathèque.

Le livre : Sémaphore de Christophe (scénario et dessin) et Sandrine (couleurs) Bon, collection Blandice, éditions Paquet, 2005, 74 planches, ISBN 978-2-88890-034-3.

L’histoire : de nos jours sur la plage près d’un sémaphore [le lieu n’est pas indiqué dans l’album, mais facilement reconnaissable quand on le connaît, il s’agit du fort Vauban de Fouras en Charente-Maritime]. Serge, dont le père, Jean, vient de mourir en lui laissant des lettres et des photographies, rencontre Mathilde, la fille d’Héloïse, qui a sombré depuis des années dans la folie. Un terrible secret semble lier un groupe de jeunes, remontant à l’été 1964. Que s’est-il passé? La photographie de cet été semble réveiller de sombres souvenirs chez Héloïse… Un troisième membre du groupe de jeunes pourra-t-il éclaircir ce mystère?

Mon avis : le scénario est bien mené au début (il a d’ailleurs reçu le prix du meilleur scénario au festival de Moulins en 2005)… et vire à l’invraisemblable (mais pourquoi pas?) dans le dernier tiers du volume. Un événement terrible… la folie… héréditaire? L’album pose les questions, ne fournit aucune réponse. L’ambiance donnée par le dessin et les couleurs, avec de grands aplats, est assez en accord avec le récit, même si je trouve que certains visages sont trop figés et manquent d’expression. Ces auteurs ont signé un autre album, en 2010, Les mauvais coups, la médiathèque l’a au catalogue mais il est affiché comme indisponible…

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Le complot Gutenberg de Philippe Mouche

Couverture de Le complot Gutenberg de Philippe Mouche

pioche-en-bib.jpgVoici un livre trouvé dans une sélection de polars dans le forum de la médiathèque.

Le livre : Le complot Gutenberg de Philippe Mouche, éditions Gaïa, 2008, 251 pages, ISBN 978-2847201185.

L’histoire : Paris, avril 2001 (si on excepte le prologue, qui se passe cinq ans auparavant). Après avoir vécu à La Forge, dans le Sud-Ouest, pendant une quinzaine d’années, Éric Faure décide d’échanger son logement avec l’appartement parisien d’un couple d’amis homosexuels. La quarantaine arrivée, il a accepté le contrat d’une boîte toulousaine qui déménage à Paris, il y fera des illustrations de livres et d’émissions pour enfants. Chaque matin, il achète son journal au kiosque puis le lit tout en prenant son petit déjeuner, au mépris des tâches de graisse [elles reviennent souvent…]. Un matin, il tombe sur un article de Claire, une ancienne amie, dans lequel est insérée une note de claviste (un ancien métier disparu de la presse). Cette note fait allusion au rachat du journal par un grand groupe de communication, Vidétis, qui possède aussi une chaîne de télévision. Il renoue avec Claire, ainsi qu’avec d’anciens amis d’une sorte d’appartement collectiviste (l’Apparte) dans lequel il a vécu il y a quinze ans… Jusqu’à ce que Claire lui avoue qu’elle est victime de pressions, lui-même est menacé par deux gros bras (qu’il se mêle de ce qui le regarde). Qu’est-ce qui se cache derrière ce rachat d’un grand journal national par Vidétis? Quels intérêts financiers?

Mon avis : un polar un peu confus, qui mêle la défense de la presse quotidienne, les enjeux financiers, l’émergence de la presse gratuite, un ancien métier disparu (les clavistes qui ressaisissaient les articles des journalistes avant passage au maquettage), manipulation des publicités télévisées par l’insertion d’images pirates, méthodes policières d’infiltration peu orthodoxes. Et une fin qui m’a déroutée… Amateurs de polars efficaces et rapides, passez votre chemin, ce roman tourne, retourne, prend des détours… Ceci dit, il aurait peut-être quand même gagné à ne pas tout mélanger, l’actuel, la vie d’il y a quinze ans, les amis vrais et faux, la presse, la communication, l’illustration de livres pour enfant… A ne pas lire un soir, comme moi, un peu fatiguée, au risque de se perdre complètement… et de recommencer le lendemain de bon matin, en forme pour suivre l’intrigue…

Les enfants de Belle Ville de Asghar Farhadi

Affiche des enfants de Belle Ville de Asghar Farhadi Je suis allée voir Les enfants de Belle Ville de , un film réalisé en 2004 mais qui n’avait pas trouvé de distributeur, et qui sort grâce au succès l’année dernière de Une séparation (depuis, j’ai aussi vu Le passé et Le client). Et sur un sujet finalement assez voisin, également sur l’Iran, n’hésitez pas à lire Je ne suis pas celle que je suis de Chahdortt Djavann.

Le film : à Téhéran en Iran de nos jours (enfin, il y a dix ans…). Dans le quartier de Belle Ville, un centre de détention pour mineurs. Akbar (Hossein Farzi-Zadeh) y est enfermé depuis deux ans pour le meurtre de sa petite amie, qui devait s’accompagner aussi de son suicide: il ne supportait pas le mariage forcé annoncé de celle-ci avec un autre. Aujourd’hui, il a dix-huit ans, il est transféré vers un centre pour adultes et peut désormais être exécuté… Il ne pourrait être gracié que si les parents de la victime lui accordent le pardon. Avec l’aide du chef de détention pour mineurs (Farhad Ghaiemian), son ami, Ala (Babak Ansari), sort de prison et va rencontrer Firoozeh, la sœur d’Akbar (Taraneh Allidousti). Un seul objectif, réussir à obtenir le pardon du père (Faramarz Gharibian)… et trouver l’argent pour le rachat du sang de la victime.

Mon avis : un très beau film, qui montre la complexité de la loi islamique: Akbar a tué une fille, le prix d’un homme étant de deux fois celui d’une femme, le père de la victime doit payer la différence à la famille de l’assassin… Cette même famille, si elle peut obtenir le pardon du père de la victime, doit aussi s’acquitter du prix du sang (en l’occurrence, la seconde épouse du père accepterait la somme qui couvrirait l’opération de sa fille gravement handicapée). Et l’imam (excellent!) essaye de justifier la justice de cette loi islamique, tout en expliquant au père que Dieu est favorable au pardon. Les acteurs sont excellents, le scénario nous amène à réfléchir sur la complexité de la loi islamique et les bonnes raisons de chacune des parties prenantes, la photographie est superbe… Un film à voir absolument, dont on ne sort pas indemne…

Tchernobyl mon amour de Chantal Montellier

Couverture de Tchernobyl mon amour de Chantal Montellier

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgUn album trouvé à la médiathèque en cherchant des albums de cette auteure engagée. Zazimuth avait parlé de cet album il y a déjà un bon moment… mais je l’avais inscrit dans le petit carnet offert par Emmanuelle. J’ai poursuivi la découverte de cette auteure avec Les damnés de Nanterre puis Paris sur sang, mystère au Père Lachaise.

Le livre : Tchernobyl mon amour de Chantal Montellier (scénario et dessin), et C.T. Monteson (couleurs), éditions Actes sud BD, 2006, 130 pages, ISBN 978-2742760435.

L’histoire : à Paris en 2006. Chris Winckler, journaliste indépendante, a reçu du journal de gauche La Vérité la commande d’une série d’articles pour les vingt ans de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Elle se plonge dans les documents de l’époque, dont le fameux arrêt du nuage aux frontières de la France, la minimisation par les diverses autorités, l’évacuation tardive des populations les plus contaminées. En allant à l’inauguration d’une exposition destinée à lever des fonds pour les victimes, elle tombe sur un homme qui dénonce les organisateurs, qui ne lèveraient les fonds que pour eux… il finit battu par les sbires des Organisateurs. Intriguée, Chris réussit à le faire parler, c’est un ancien ingénieur, qui état présent sur place le jour de la catastrophe… Est-il si simple d’en parler vingt ans après? Chris va devoir affronter aussi la censure par son propre journal…

Mon avis sur la BD : dans le contexte de Fukushima, il est indispensable de lire cet album… et de voir qu’aucune leçon n’a été tirée ni de la catastrophe par elle-même, ni pour la gestion de la crise, la chaîne de prises de décisions est aussi défaillante aujourd’hui! Du côté de la bande dessinée, j’ai eu un peu de mal avec ces dessins très noirs, et l’utilisation de couleurs vives. Toutes les citations en russe ne sont pas traduites (mais compréhensibles avec un niveau très basique et rouillé en russe, en fait)… Aucune révélation pour qui s’intéresse un peu au sujet, mais pour ceux qui n’ont suivi que de loin cette catastrophe ou cru les autorités, sans regarder les divers témoignages, documentaires et synthèses de contre-enquêtes, alors cet album est une bonne base pour mieux comprendre Tchernobyl, ses causes et ses conséquences.

Sur le nuage radioactif qui contourne la France, je préfère le dessin proposé par Grégory Jarry et Otto T. dans Village toxique.

Mon avis sur le sujet : Quand on lit les rapports de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), notamment sur la gestion des incidents avec des chaînes de décision également approximative (revoir l’épisode de la fuite de tritium à la centrale de Civaux dans la Vienne en janvier 2012, la suite de cette fuite en février 2012, incident certes mineur mais très mal géré, ça serait pareil avec un accident plus important), ou la qualité déplorable du béton pour la construction de l’EPR de Flammanville (voir la page de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l’EPR), on ne peut qu’être inquiet sur la construction du super sarcophage de Tchernobyl, qui doit recouvrir l’actuel, plein de fissures et de fuites par le même mastodonte du BTP qu’à Flammanville… sans l’ASN pour contrôler et faire casser tout ce qui est trop approximatif, comme du béton avec des cailloux mais sans ciment (voir les lettres de suite d’inspection du réacteur EPR de Flamanville de l’ASN, notamment une intéressante série en 2010 et 2011, ça semble un peu mieux en 2012)…

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Chantal Montellier et voir le mini-reportage sur Arte TV.

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La mort verte de Laurent Cornut

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pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque dans une sélection de nouvelles acquisitions…

Le livre : La mort verte de Laurent Cornut, collection Polar, éditions le Manuscrit, 2011, 233 pages, ISBN 978-2-304-03592-6.

L’histoire : de nos jours en Bretagne. Yves-Marie est allé au bout de la déchéance dans son alcoolisme, allant jusqu’à gifler sa femme (une seule fois, elle l’a quitté). Abandonné de ses enfants, il a eu finalement une greffe du foie, s’est guéri de l’alcool, et est tombé amoureux d’une infirmière, Sylvie. Il fait le tour de la Bretagne pour prévenir l’alcoolisme, mais aussi pour acheter de vieux livre. A la foire aux livres de Noirmoutier, il a acheté un livre qui va changer sa vie. L’auteur, Ronan Arvorig, y parle d’événements mystérieux qui se passent à deux pas de chez lui, près du lac de Kerloc’h (sur la presqu’île de Crozon), où il soupçonne un centre de stockage des algues vertes de ne pas être très net. Et voici qu’une marcheuse qui faisait en groupe un tour à pied de la Bretagne disparaît près du lac, puis l’auteur du livre se serait suicidé, son frère disparaît… Que se passe-t-il?

Mon avis : ce livre pose une question éthique importante, jusqu’où peut aller la recherche médicale pour avancer? Et surtout, franchit toutes les barrières de l’éthique, puisqu’ici, un groupe d’hommes se permet de tuer pour protéger sa recherche, et même pour l’alimenter (au sens propre…). A priori impossible dans nos pays occidentaux, même si certains jouent aux apprentis sorciers, cf. les organismes génétiquement modifiés ou OGM, la manipulation génique étant ici encore pire (quoique, rendre les plantes résistantes aux herbicides pour en déverser encore plus ne soit pas sans risque pour la santé, la nôtre et celle du biotope en général, voir ce précédent article).

Bon, sinon, pour le livre, ce n’est pas l’un de mes coups de cœur de l’année… Il se lit facilement, rapidement, mais sans plus. Et une sorte de malaise, sans doute parce que la recherche, aussi monstrueuse soit-elle, passe ici avant les questions d’éthique.

N’oublions pas que les thérapies géniques ont engendré quelques morts… les premiers « bébés bulles » traités ont pu sortir de leur bulle… mais le gène inséré a en quelque sorte appuyé sur un gène « non-stop » et provoqué un cancer très agressif chez plusieurs de ces enfants (certains sont morts, la plupart des médias ont oublié d’en parler, les essais ont été arrêtés en France et aux États-Unis). Jouer aux apprentis sorciers en introduisant des gènes dans le génome d’autres espèces n’est pas sans risque, bien au contraire…

Les naufragés de l’Hermione de Christophe Lafitte

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livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

Je réédite cet article paru il y a juste un mois, le 4 juin 2012: si tout se passe comme prévu, l’Hermione sera sortie de sa forme de radoub à partir de 19h15 et ira faire un tour dans la Charente… Les mâts ne seront mis en place que dans les prochains mois…

J’ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération « masse critique » organisée par Babelio, spéciale livres de jeunesse. Merci à Babelio et à Geste éditions.

Le livre : Les naufragés de l’Hermione de Christophe Lafitte, collection Le Geste noir, n° 23, Geste éditions, 2012, 251 pages, ISBN 978-2845619531.

L’histoire : à Rochefort en Charente-Maritime de nos jours. L’inspecteur Léo Vargal vient d’arriver de région parisienne (Nanterre), en remplacement de l’inspecteur Duvivier, mort peu avant dans un accident de la circulation. À peine arrivé, et déjà un meurtre, un homme a été tué sur son carrelet et transporté dans un appartement, vêtu d’une tenue d’officier de marine. Dans un bistrot, il en apprend plus sur Rochefort, son passé dans la marine et notamment la construction navale, et la construction en cours de la réplique de l’Hermione. Quand un deuxième cadavre est découvert, bientôt suivi d’autres morts… Que se passe-t-il donc dans cette ville en principe paisible?

Mon avis : le polar par lui-même est assez bien construit, même s’il faut un peu s’accrocher pour suivre les différents membres de la famille Norman. Un polar « à l’ancienne », « à la Maigret », le commissaire Ferret encourageant son jeune collègue exilé (contre son gré) de Nanterre à la méthode déductive, les renforts de la PJ n’œuvrent qu’en toile de fond et ne semblent pas décisifs dans le dénouement. L’auteur surfe sur l’actualité… La frégate de La Fayette, l’Hermione, avait été lancée de Rochefort en 1780. Sa réplique (enfin sa coque… la mise en place des mâts sera pour plus tard) sera mise à l’eau dans la Charente dans quelques semaines, avec une grande fête les 6,7 et 8 juillet 2012. Mais finalement, il est peu question de l’Hermione dans le livre, à part qu’elle manque périr dans un incendie… Le roman aborde aussi le passé des bagnes, et notamment celui de l’île de Ré, le passé de la marine à Rochefort (abordé surtout par des habitants croisés au fil de l’enquête ou le musée de la Marine, bizarrement pas vraiment à travers la Corderie royale). Dans le détail, il y a trop de fautes d’orthographe et de grammaire… « le foi de veau » a eu une crise de foi(e) p. 77, le verbe tinter n’est transitif qu’en marine… mais la construction « la porte vitrée tinta sa clochette » est peut-être poétique mais incorrecte (p. 25), etc. (mais cela reste néanmoins moins dramatique que dans La mémoire mutilée de Mohamed Cherid, dont je vous ai parlé récemment). J’ai préféré ce titre à L’assassinat de l’ingénieur Leberton, de Jacques Farisy, dans la même collection…

En savoir plus sur l’Hermione : voir le site officiel de l’association et celui des festivités 2012. Et si vous allez à Rochefort, à part le musée de la Marine (y compris l’école de médecine navale) et l’Hermione dont il est question dans le livre, vous pouvez aussi visiter la corderie royale (son centre international de la mer et sa riche librairie) et la maison/musée Pierre Loti (attention, le nombre de places à chaque visite est limité, en juillet et août, il faut impérativement réserver, plus d’informations sur le site de la ville de Rochefort)…

Avenue de la Gare, de Michel Métreau

Couverture de Avenue de la Gare, de Michel Métreau

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi une sélection de livres régionaux à la médiathèque.

Le livre : Avenue de la Gare de Michel Métreau, collection Imaginaires, éditions du Croît Vif, 2005, 132 pages, ISBN 978-2-907967-98-3.

L’histoire : à Chalais, au sud du département de la Charente, pendant la seconde guerre mondiale. Les fils du boulanger vivent cette période, des accords de Munich à l’épisode des femmes tondues, à leur rythme, surtout à celui des bêtises de leur âge (à la fin de la guerre, l’aîné a l’âge de l’apprentissage, le cadet termine son certificat d’étude)… au grand désespoir de leurs parents (ils sautent sur les genoux d’un nazi, provoquent une explosion, etc.). Les punitions physiques du père ne parviennent pas à les faire rentrer dans le droit chemin, les clients plaignent les parents…

Mon avis : le narrateur est le fils cadet des boulangers… Une autre époque, où les enfants avaient plus de liberté… mais étaient aussi sévèrement punis, visiblement sans grande réussite, puisque cela ne les empêchera pas de commettre une nouvelle bêtise… La guerre semble lointaine, sauf quand les Allemands s’établissent en ville, qu’une bombe s’égare en ville, que les avions passent en rase-motte pour aller bombarder Royan ou que les femmes sont tondues en place publique à la fin de la guerre. La lecture est rapide, agréable, mais ce livre ne fait pas partie de ceux qui resteront longtemps en mémoire… Dommage qu’il ne soit presque pas fait allusion au château (qui a appartenu aux Talleyrand du 13e siècle à la Révolution, puis à la maison de retraite et a été vendu récemment à un humoriste qui y a engagé des restaurations) ni à la belle église (pour partie romane, avec un cloître et des sculptures qui valent le détour si vous passez dans le secteur).

Les femmes du bus 678

Affiche de Les femmes du bus 678 Dimanche, milieu d’après-midi, un vent frisquet se lève, les nuages reviennent à vitesse grand V, je fuis le jardin. Cinéma en fin d’après-midi, avec Les femmes du bus 678,de Mohamed Diab. Il est inspiré d’une histoire vraie.

Le film : Le Caire, en 2008 et 2009. Fayza (Bushra Rozza), jeune femme voilée, mère de deux enfants, arrive régulièrement en retard à son travail, elle devrait prendre le bus mais ne supporte plus les mains baladeuses d’hommes qui ne prennent le bus que pour profiter de la promiscuité pour agresser impunément des femmes. Tout juste déposée par son ami devant chez sa mère, en traversant la rue, Nelly (Nahed El Sebaï) se fait accrocher par un automobiliste qui l’agresse en pleine rue. Emmenée par son mari médecin à un match de foot, Seba (Nelly Karim) est victime à la sortie du match d’une tentative de viol. Chacune finit par se révolter, leurs destins se croiser, l’une en donnant des cours gratuits d’auto-défense, la deuxième en portant plainte (la première en Égypte à vouloir aller jusqu’au bout, malgré le qu’en-dira-t-on et les pressions sociales et familiales), la troisième en passant à l’acte et en réagissant à la violence par la violence… L’inspecteur Essam va tenter de les aider à sa manière…

Mon avis : ce film s’inspire de l’histoire de Noha Rochdi, première victime d’agression à avoir été reconnue par la justice égyptienne, en 2008. Le film est sorti en 2010, avant le Printemps arabe donc. Mais la situation ne s’est pas améliorée depuis, les viols en marge des manifestations au Caire ont été nombreux… et souvent impunis. Ce film aborde la place de la femme, ou plutôt des femmes et de leur diversité, dans la société égyptienne. Quel que soit leur milieu social, toutes semblent victimes du comportement d’hommes frustrés et qui se croient tout permis… Quelques notes d’espoir quand même, malgré la pression familiale, le fiancé de Nelly finit par la soutenir dans sa lutte. L’inspecteur de police tente d’aider ces femmes: des hommes ont reçu des coups d’épingles à cheveux et de canif dans leurs parties intimes? Il les avertit qu’il n’est pas dupe et qu’ils n’étaient pas victimes de folles, mais d’un « juste » retour des choses… Aucun ne porte plainte, les femmes ne seront pas inquiétées… Ceci étant, l’évolution de la société risque de prendre du temps, les femmes continuent à être importunées dans les transports en commun, violées dans les rassemblements, en marge de manifestations ou de matchs, les poursuites restent rares, le poids de la société qui protège ces comportements reste trop lourd… Espérons que ce film aidera au moins à la prise de conscience du problème, sinon à sa résolution… A voir si vous le pouvez (distribution essentiellement en salles d’art et essai).

La forêt des ombres de Franck Thilliez

Couverture de La forêt des ombres de Franck Thilliez

pioche-en-bib.jpgJe continue la lecture de Franck Thilliez avec ce livre à la médiathèque.

Le livre : La forêt des ombres de Franck Thilliez, collection Thriller, éditions Le Passage, 2006, 396 pages, ISBN 978-2847420916.

L’histoire : au début de l’année 2006, en plein hiver, en région parisienne puis dans la forêt noire. Un couple, David Miller, la trentaine, thanatopracteur (embaumeur) et auteur de polar occasionnel, et sa jeune femme, Cathy, sont harcelés par une certaine Miss Hyde, par courrier. Un matin, Cathy reçoit le coup de grâce, Miss Hyde est au courant de son test de grossesse positif, David ne peut être le père, il a un nombre insuffisants de spermatozoïde et une aide à la procréation avait été nécessaire pour la conception de leur fille Clara, qui doit avoir un peu plus de deux ans… Un jour, David Miller est abordé par un étrange personnage, Arthur Doffre, paralysé et à qui il manque le bras droit: il l’invite, contre une grosse somme, à écrire pour lui dans un chalet isolé de la forêt noire l’histoire d’un tueur en série, le Bourreau 125, mort il y a vingt-cinq ans… Départ dans quelques jours pour un séjour d’un mois… Malgré un avortement pas complètement terminé, Cathy accepte de le suivre. Dès l’arrivée, le chalet semble louche, on y mène des expériences sur les escouades d’insectes qui arrivent sur des cadavres de porc, la compagne de vieille date de Doffre semble être une prostituée, et une femme perdue dans la neige rejoint le chalet quand tout commence à déraper…

Mon avis : un thriller presque en huis-clos mené tambour battant, Franck Thilliez a le don de maintenir le lecteur en haleine, difficile de poser le livre avant d’arriver à la fin : vive le mois d’avril pluvieux, un après-midi en compagnie du livre sans avoir de regret de ne pas sortir faire un tour…Même si cette fois, j’ai deviné assez vite de quoi il ressortissait (mais chut… je vous laisse lire le livre), les personnages sont bien campés, avec leur psychologie noire et complexe.

Pour aller plus loin : le site officiel de Franck Thilliez

Les titres dans l’ordre de parution :

13 heures de Deon Meyer

Couverture de 13 heures de Deon Meyer pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque, je voulais le dernier dont j’ai lu plusieurs bonnes critiques, mais il n’était pas encore arrivé…

Le livre : 13 heures de Deon Meyer, traduction de l’anglais (Afrique-du-Sud) par Estelle Roudet, collection Seuil policier, éditions du Seuil, 2010, 462 pages, ISBN 9782020977692.

L’histoire : au Cap en Afrique-du-Sud de nos jours. à partir de 5h36 du matin et jusqu’au soir… Une jeune femme blanche est retrouvée sauvagement assassinée près d’une église… Une autre jeune femme fuit éperdument devant un groupe de cinq poursuivants, blancs et noirs, qui la traquent. Bennie Griessel, alcoolique juste sevré et chassé par sa femme, est chargé de superviser l’enquête menée officiellement par Vusumuzi Nbabani… Très vite, l’affaire s’avère sensible, la jeune femme assassinée est une touriste américaine qui participait à un tour en Afrique, elle logeait avec son groupe dans une auberge de jeunesse… et la femme traquée est probablement son amie, également disparue… A peu près au même moment, Alexandra Barnard, ancienne chanteuse alcoolique, est réveillée par les hurlements de sa femme de ménage. Près d’elle le corps de son mari assassiné… mais est-ce vraiment elle qui l’a tué? L’enquête est menée à un train d’enfer, la jeune femme traquée sera-t-elle retrouvée vivante?

Mon avis : un polar bien mené, avec des descriptions de la contradiction de l’Afrique-du-Sud post-apartheid. Un policier blanc (mais alcoolique sevré seulement depuis quelques mois) supervise une équipe d’enquêteurs noirs et métis, des Zoulous et des Xhosas, une mosaïque de couleurs… et de préjugés. En toile de fond, des interrogations sur la corruption, la dernière vague d’arrestations a-t-elle éliminé ce mal endémique? La description de la société m’a d’ailleurs beaucoup plus intéressée que la partie enquête en tant que telle…