Archives par étiquette : monument commémoratif

La statue de Denis Diderot à Paris

Monument à Denis Diderot par Jean Gautherin, vue généralePour rebondir sur le tricentenaire de la naissance de Denis Diderot (revoir La religieuse), né le 5 octobre 1713 à Langres et mort le 31 juillet 1784 à Paris, dont la commémoration vient de commencer à Langres justement (où se trouve une autre statue du grand homme, par Auguste Bartholdi, voir une carte postale ancienne en fin d’article), j’ai exhumé de mes photographies parisiennes celles qui concernent le monument édifié pour le centenaire de sa mort et qui se trouve aujourd’hui place Jacques-Copeau, un peu en retrait du boulevard Saint-Germain, au niveau du n° 145. Pour une biographie et autres documents sur Diderot, voir le site de la bibliothèque nationale de France.

 Monument à Denis Diderot par Jean Gautherin, carte postale ancienneLa statue se trouvait à l’origine place Saint-Germain-des-Prés. Un modèle en plâtre avait été présenté en 1884, il a été remplacé ensuite par un tirage en bronze fondu en 1885, inauguré le 14 juillet 1886 sur l’un des terres-pleins du boulevard, face à la rue Saint-Benoît.

Monument à Denis Diderot par Jean Gautherin, signature et date 1885La statue porte la signature « 1885 Jean Gautherin » (Ouroux-en-Morvan, 1840 – Paris, 1890).

Monument à Denis Diderot par Jean Gautherin, marque du fondeur Emile ColinElle porte aussi la marque du fondeur, « Émile Colin & Cie / fondeurs ».

Monument à Denis Diderot par Jean Gautherin, vue de face et de profilDiderot est représenté assis sur un fauteuil, pensif et penché en avant, tenant une plume de la main droite.

Monument à Denis Diderot par Jean Gautherin, pile de livres sous le fauteuilSous le siège se trouve une pile de livres ainsi qu’un feuillet qui semble être tombé par inadvertance.

Monument à Denis Diderot par Jean Gautherin, vue de dosSon large manteau est posé sur le dossier du fauteuil.

Monument à Denis Diderot par Léon Lecointe, carte postale ancienne, ici square d'Anvers, aujourd'hui détruitUne autre statue de Diderot se trouvait à Paris, square d’Anvers près du boulevard Rochechouart. Elle était l’œuvre de Léon [Aimé Joachim] Lecointe (Paris, 1826 – Paris, 1913). Le plâtre présenté au salon des artistes français de 1884 sous le numéro 3671 avait été acheté par la ville de Paris, fondu en 1886 et d’abord mis en place square Parmentier, aujourd’hui Maurice-Gardette. Ce monument a été fondu en 1942.

Monument à Denis Diderot par Auguste Bartholdi à Langres, carte postale ancienneEt pour comparaison, voici une carte postale ancienne de la statue de Diderot en pied par Auguste Bartholdi à Langres… et également commandée en 1884 (vue actuelle disponible sur le site de la ville de Langres).

Photographies d’octobre 2010.

Wilhelm et Eugène Delaporte dans le square du Temple à Paris

Square du Temple à Paris, buste de B. Wilhem et médaillon de Eugène DelaporteDans le square du Temple à Paris, outre la statue de Pierre-Jean de Béranger, se trouve un autre monument commémoratif qui comporte un buste et un médaillon.

Square du Temple à Paris, buste de B. Wilhem, vue générale et rapprochéeLe buste représente, comme en atteste la dédicace: « A / B. Wilhem / fondateur / 1781-1842 / l’orphéon français ». Il s’agit de Guillaume Louis Bocquillon, dit Wilhem ou Bocquillon-Wilhem (Paris, 1781 – Paris, 1842), musicien fondateur de l’orphéon, société de chant choral pour adultes, en 1833, et rédacteur d’une méthode de solfège qui porte son nom. Il a mis en musique plusieurs chansons de Pierre-Jean de Béranger. Pour en savoir plus, voir sa biographie.

Square du Temple à Paris, buste de B. Wilhem, signatureIl porte la signature de Henri Louis Richou (1850-1932) et la date de 1924. Pour une histoire du monument, voir la base Monumen. le monument avait été érigé en 1924 rue de Bretagne et a été déplacé en 1990 dans le square du Temple.

Square du Temple à Paris, buste de B. Wilhem, détail du visageLe voici de plus près… bien maculé par les pigeons.

Square du Temple à Paris, médaillon de Eugène DelaporteLe médaillon est dédié « A / Eugène Delaporte / propagateur / 1818-1886 ». Eugène Delaporte est le successeur de Guillaume Louis Bocquillon, dit Wilhem ou Bocquillon-Wilhem.

Square du temple à Paris, carte postale ancienneD’autres statues existaient dans le square du Temple, dessiné en 1857 (modifié en 1865, après la construction de la mairie du 3e arrondissement, voisine, en 1862) par l’architecte Jean Charles Alphand. Ces statues ont été fondues en 1942. On en signale 5 avant la mise en place du monument précédent (voir la base Monumen), j’en ai trouvé trois sur les cartes postales anciennes. Sur cette vue, au centre, vous apercevez de dos la statue de Pierre-Jean de Béranger (dans sa première version), et une autre statue sur la gauche…

Statue aujourd'hui détruite, square du temple à Paris, carte postale ancienne… que l’on voit mieux ici, de face. Une statue à caractère mythologique, mais impossible de l’identifier comme ça…

Statue aujourd'hui détruite de Diogène par Eugène Marioton, square du temple à Paris, carte postale ancienneou encore « la lanterne de Diogène » d’après la légende d’une carte postale ancienne…

Statue aujourd'hui détruite de Diogène par Eugène Marioton, square du temple à Paris, carte postale ancienne… mais « Diogène cherchant un homme par Marioton » d’après une autre carte. Il s’agit de la statue de Diogène de Sinope par Eugène Marioton (Paris, 1854-1933). Il en reste d’autres tirages à petite échelle dans des collections privées, je n’ai pas feuilleté tous les catalogues de la société des artistes français pour vérifier s’il a été présenté au Salon.

Photographies d’octobre 2011.

La statue de Béranger dans le square du Temple à Paris

Statue de Béranger par Henri Lagriffoul square du Temple à Paris, deux vues généralesDans un autre contexte, au tout début de ce blog en 2008, je vous ai présenté des lieux de mémoire autour de Pierre-Jean de Béranger (1780-1857). D’un ton très libertaire pour certaines, nombre de ses chansons sont disponibles sur le portail Gallica de la Bibliothèque nationale de France, par exemple dans l’album illustré par Grandville. Je vous présente aujourd’hui de plus près sa statue érigée dans le square du Temple à Paris, réalisée  en 1953 par Henri [Albert] Lagriffoul (Paris, 1907 – 1981), premier grand prix de Rome de sculpture en 1932 (voir une biographie sur le site du collège Joliot-Curie à Châtillon-sur-Indre). Béranger est représenté assis, pensif…

Statue de Béranger par Amédée Doublemard square du Temple à Paris, carte postale ancienneElle remplace la statue de Amédée [Donatien] Doublemard (Flavigny-le-Grand-et-Beaurain, 1826 – Paris, 1900), grand prix de Rome de sculpture en 1855, conjointement avec Henri Chapu. Elle avait été présentée au salon des artistes français de 1884  sous le numéro 3472 et fondue en 1942. Béranger y était alors représenté debout.

Statue de Béranger par Henri Lagriffoul square du Temple à Paris, dédicace illisibleLa dédicace à Béranger sur la statue actuelle est peu visible à cause de la végétation…

Statue de Béranger par Henri Lagriffoul square du Temple à Paris, signature illisible… de même que la signature.

Photographies d’octobre 2011.

Les messages de Radio-Londres par Christian Robert-Tissot ne remplacent pas les trous de mémoire de Poitiers

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, vue généraleAprès l’installation de Benoît-Marie Moriceau dans le nouveau square raté de la République cadre de la commande publique liée à Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille…, et en attendant celles qui seront mises en place dans le nouveau jardin de Puygarreau encore en travaux, des messages issus de radio-Londres sont apparus sur six murs du quartier du Pont-Neuf, visibles dans le sens « montée » autour de la place de la Croix, que les riverains proposent de rebaptiser  place radio-Londres (le conseil municipal ne s’est pas encore prononcé). Les pignons, bien gris foncés et noirs dans ce secteur où passent des centaines de voitures chaque jour, poussant les gaz à fond à cause de la côte, ont été repeints et les messages réalisés au pochoir en blanc sur fond rouge sous le direction de l’artiste suisse Christian Robert-Tissot. Pour l’instant, ça a un aspect net et propre, mais ouvrons les paris sur la date où ils vont devenir grisonnants et dégoulinants de pollution… Six mois? Un an?

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, deux messaagesL’un des pignons qui aurait dû recevoir un message a finalement été abandonné, faute d’accord du propriétaire… Voici les messages choisis par l’artiste :

Les girafes ne portent / pas de faux-cols

La vache saute / par-dessus / la lune

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, trois messages

Demain la mélasse / deviendra du Cognac

Le canapé / est au milieu / du salon

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, un message

L’acide / rougit le / tournesol

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, deux messages

Il faut avoir / des pipes pour / trier les lentilles.

Dans le dossier de présentation, la ville souligne que le quartier du Pont-Neuf était habité de nombreux résistants. Soit, mais sans doute pas plus ni moins que dans d’autres quartiers, ou bien une vraie étude historique l’aurait prouvé? Cela m’étonnerait, d’autant que Poitiers a toujours un gros problème de mémoire des deux dernières guerres mondiales:

Le monument auxmorts pour 1914-1918 à Poitiers– aucun nom de soldat n’est porté sur le monument aux morts de 1914-1918 (ce qui est très rare, même s’il s’agit comme dans la plupart des préfectures, d’un monument dédié aux soldats du département morts pour la France, la quasi totalité de ces monuments portent le nom des morts pour la France de la ville, voir par exemple ceux dont je vous ai parlés, à Niort, La Rochelle, Lons-le-Saunier, Nantes, Skikda / PhilippevilleToulouse, etc.);

– le Frontstalag 230, le camp de la Chauvinerie et le camp de la route de Limoges n’ont aucune reconnaissance sur place, pas de noms de victimes (des centaines d’Allemands sont morts à la Chauvinerie suite à l’accaparement des vivres par la direction du camp), une plaque route de Limoges, rien aux Montgorges où se trouvaient les deux premiers camps, je vous laisse relire l’article en suivant le lien

– le monument au réseau Louis Renard dans le cimetière de Chilvert n’a pas non plus de plaque avec tous les fusillés du réseau, seulement quelques plaques avec le nom d’une partie d’entre eux (il faudra que je vous le montre un jour)

– où peut-on trouver le nom des victimes des bombardements alliés de 1944 (sans aller dépouiller les archives)? (sur le sujet, voir la gare avant et après le bombardement de 1944 ainsi que la reconstruction du quartier).

Le lion de Belfort de Bartholdi place Denfert-Rochereau à Paris

Paris, copie du lion de Belfort place Denfert-Rochereau, vue généraleA Belfort, un énorme (22m de long sur 11m de haut) lion en grès réalisé par Auguste Bartholdi commémore la résistance héroïque menée par le colonel Pierre [Marie] Philippe [Aristide] Denfert-Rochereau (Saint-Maixent-l’École, 1823 – Versailles, 1878) lors de la guerre de 1870, la ville ayant résisté 104 jours (du 3 novembre 1870 au 18 février 1871) au siège des Prussiens. La sculpture a été commandée dès 1872, la réalisation commencée en 1875, terminée en 1879, et non inaugurée à l’époque… La maquette au tiers, en plâtre, a été présentée hors concours au salon des artistes français de 1878 sous le n° 4030 puis un modèle en cuivre martelé présenté au salon de 1880 sous le n° 7238 (d’après la fiche du musée d’Orsay à Paris… non trouvé dans le catalogue du salon des artistes français de 1880), et un bas-relief a également été réalisé, conservé au musée d’Orsay à Paris. C’est le modèle en cuivre martelé de 1880, réalisé par Mesureur Monduit, qui a été acquis par la ville de Paris et domine la place Denfert-Rochereau à Paris (et une autre réplique se trouve à Montréal, square Dorchester). Gare aux voitures pour prendre les photographies…

Paris, copie du lion de Belfort place Denfert-Rochereau, la signature de BartholdiElle porte la signature « A Bartholdi Sc-it » (Auguste Bartholdi m’a sculptée). Elle a été inaugurée le 21 septembre 1880. Du même artiste, vous pouvez (re)voir sur mon blog la statue de Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier, la fontaine Bartholdi à Lyon, la statue du sergent Hoff au cimetière du Père Lachaise à Paris, les copies de La Liberté éclairant le monde à Poitiers et Châteauneuf-la-Forêt. Pour la signature de Mesureur Monduit, sur la petite face à l’arrière, il faudra que je repasse à un moment avec moins de véhicules…

Paris, copie du lion de Belfort place Denfert-Rochereau, vue presque de faceLa réplique mesure donc 7 m de long sur 4 m de haut et est dédié « à la / défense nationale / 1870-1871 ».

Paris, copie du lion de Belfort place Denfert-Rochereau, le côté gaucheLe lion est majestueusement allongé sur son socle… et cerné par les voitures!

Paris, copie du lion de Belfort place Denfert-Rochereau, le médaillon de Denfert-RochereauSur la face avant, un médaillon en bronze représentant le colonel Denfert-Rochereau a été ajouté en 1920. Je n’ai pas trouvé de signature (photo prise d’assez loin en haute définition et retaillée, pas question de s’aventurer au pied du lion!) ni l’auteur de ce médaillon.

A proximité, vous pouvez aussi voir le monument à Ludovic Trarieux par Jean Boucher (et quelques autres monuments à découvrir dans les prochaines semaines).

Photographies de juin 2013.

Louis Desnoyers par Auguste Préault à Paris

tombe de Louis Desnoyers par Auguste Préault au Père Lachaise à ParisDans le cimetière du Père-Lachaise à Paris se trouve la tombe toute simple de l’écrivain Louis Desnoyers (1805-1868), fondateur avec Balzac de la Société des gens de lettres en 1838, pour protéger les intérêts des membres contre le plagiat (et oui!).

tombe de Louis Desnoyers par Auguste Préault au Père Lachaise à Paris, signature de PréaultLe médaillon, commandé par la Société des gens de lettres, a été réalisé par Antoine Augustin dit Auguste Préault (Paris, 1809 – Paris, 1879), élève de et Antonin Moine. Voici la signature, « A. Préault ».

tombe de Louis Desnoyers par Auguste Préault au Père Lachaise à Paris, le médaillonLouis Desnoyers est représenté de profil, ce qui est très classique pour ce genre de médaillon

Photographies de novembre 2012.

Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine

Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine, vue générale, cliché DalineleIl y a quelques semaines, Dalinele m’a fait parvenir les photographies qu’elle avait faites en mai 2013 à Sainte-Hermine, en Vendée (elle m’a aussi envoyé il y a quelques mois un monument aux morts que j’ai programmé pour le mois de novembre…). Un grand merci à elle, voici donc une visite du monument à Georges Clemenceau, inauguré du vivant et en présence de Georges Clemenceau (1841-1929) le 2 octobre 1921 (le projet et la souscription avaient été lancés dès 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale). Il était né à Mouilleron-en-Pareds et a passé son enfance au Château de l’Aubraie, à quelques kilomètres de Sainte-Hermine.

Les archives départementales de la Vendée proposent un dossier complet sur ce monument, et deux albums photos (83 Fi 3-1-14, 14 vues dans l’atelier du sculpteur François Sicard à Sainte-Hermine et 1 Num 59 3/223-9, six cartes postales); dommage, impossible de faire des liens directs sur les albums photos (il faut l’IP de l’ordinateur pour accéder à la visionneuse, un lien enregistré ne fonctionne donc pas sur un autre ordinateur, vous pouvez y accéder à partir de l’inventaire des fonds concernant les monuments commémoratifs). Une partie des images sont reprises dans le dossier. Une partie de ces photographies sont de André Bujeaud (1861-1943), maire de Sainte-Hermine et ami de Clemenceau.

Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine, la signature de François Sicard, cliché DalineleLe monument porte la signature de , dont je vous ai déjà montré, à Tours, les atlantes de l’hôtel de ville et la statue du poète Racan dans le parc des prébendes d’Oe, et à Cahors, le monument aux morts de 1914-1918. Il a été choisi par Clemenceau lui-même et ne figurait pas parmi les quatre artistes proposés par le comité de souscription, Arthur Guéniot (je ne vous en ai jamais parlé), Émile (revoir les cariatides de l’hôtel de ville de Tours),  (revoir Héro et Léandre et le monument aux soldats et marins morts de 1870 à La Rochelle) et Georges Bareau (revoir Jules Verne à Nantes). Clemenceau a suivi de près la réalisation des maquettes en plâtre, est venu en mai 1921 à Sainte-Hermine pour voir le monument avant la mise en place des grilles, puis à l’inauguration en octobre.

Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine, le groupe sculpté, cliché DalineleLe monument en pierre (du calcaire provenant de Pouillenay, en Bourgogne, d’après le dossier des archives de Vendée) se compose d’un groupe sculpté sur un rocher, au sommet se tient Georges Clemenceau, encadré un cran plus bas par des soldats, un caporal un peu au-dessus et à l’écart des cinq (d’après le dossier, je n’en vois que quatre sur les photographies et les cartes postales du dossier en ligne…) hommes de troupe tout en bas, des Poilus originaires de Vendée.

Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine, Clemenceau domine le monument, cliché DalineleSur ces deux vues, on voit bien le détachement hiérarchique… les soldats en bas, Clemenceau en haut, et le caporal à un niveau intermédiaire, détaché de ses hommes et semblant en admiration devant Clemenceau, chapeauté et appuyé sur sa canne.

Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine, détail d'un fusil et du barda, cliché DalineleLes soldats portent tout leur équipement, du fusil au barda en passant par les cartouchières (à comparer par exemple à l’équipement de Poilu du monument aux morts de Loudun).

Photographies de  Dalinele, mai 2013.

Camille de la Croix par Aimé Octobre (hypogée des dunes à Poitiers)

L'hypogée des Dunes à Poitiers, capteur climatique extérieurA l’occasion des journées nationales de l’archéologie 2013, l’hypogée des dunes à Poitiers était exceptionnellement ouvert pour quelques visites intérieures : l’air saturé d’humidité continue à poser problème pour la conservation des peintures murales, malgré les travaux récents… A titre personnel, je pense qu’avec une telle atmosphère saturée en eau, une forte odeur de moisissures et probablement un taux insuffisant de CO2 (quelques visiteurs ne se sentaient pas bien) les visites de l’intérieur auraient dû être annulées… pour la conservation des peintures toujours couvertes de moisissures et de salpêtre. Les capteurs climatiques (sur la photo, le capteur extérieur et la très jolie gaine orange qui le relie au système de communication) n’indiquaient pas ce problème? Tant qu’une solution n’a pas été trouvée pour la bonne conservation du lieu, les visites (y compris d’étudiants ou de spécialistes) devraient être interdites ou limitées avec un quota strict (calculé en fonction du climat intérieur, pas de la capacité d’évacuer 18 personnes), un peu comme dans les grottes ornées. Le parc était en accès libre, ce qui pose pas de problème.

Le monument au père de la Croix, parc de l'hypogée des dunes à Poitiers, vue généraleJ’en ai profité pour refaire des photographies du parc (il faut que je remplace celle de mon vieil article sur l’hypogée des dunes) et du monument au père de la Croix, l’archéologue qui a fouillé le site en 1878/1879. L’original est conservé au musée Sainte-Croix et un autre tirage se trouve sur le site de Sanxay (dans la Vienne, à la limite des deux-Sèvres).

Le monument au père de la Croix, parc de l'hypogée des dunes à Poitiers, signature Aimé Octobre 1912Le buste en bronze est installé sur un haut socle en pierre. Il porte la signature de Aimé Octobre et la date de 1912. Pour en savoir plus sur les conditions d’installation de ce monument, voir l’article de Grégory Vouhé, Hypogée des dunes, un jardin centenaire. Sur la face principale du socle, l’identification du sujet (Camille de la Croix) et une grande croix avec l’alpha et l’oméga, rappelant l’état d’ecclésiastique du sujet… La face droite donne des indications biographiques (« Tournay / Belgique / 14 juillet 1831 / Poitiers / 14 avril 1911 ») et la face gauche rappelle ses principaux chantiers (« Poitiers / thermes romains / hypogée / temple de Mercure / Sanxay / Berthouville / St Maur de Claufeuil / St Philibert / de Grand-Lieu »).

Le monument au père de la Croix, parc de l'hypogée des dunes à Poitiers, de face et de trois quarts

C’est une représentation très classique, un buste sans départ des bras…

Le monument au père de la Croix, parc de l'hypogée des dunes à Poitiers, détail de face, de dos et décoration

Camille de la Croix est représenté barbu, moustachu, le visage marqué par la vie au grand air plutôt que dans sa sacristie… Il porte la légion d’honneur, décernée à titre d’étranger (il était belge, Tournai est à une douzaine de kilomètres de Mouchin…) pour ses travaux au profit de l’archéologie française.

Photographies de juin 2013

Pour aller plus loin, un peu de lecture… à prendre en bibliothèque je pense, pour Poitiers, je vous conseille la bibliothèque de la Société des Antiquaires de l’Ouest cette fois-ci :

  • François EYGUN, Le cimetière gallo-romain des Dunes à Poitiers : journal des fouilles du Père de La Croix et rapports du Commandant Rothmann, Mémoires de la société des Antiquaires de l’Ouest, volume 11, 1933.
  • Xavier BARRAL I ALTET (dir), Noël DUVAL et Jean-Claude PAPINOT, La chapelle funéraire dite  « Hypogée des Dunes », Les premiers monuments chrétiens de la France, volume 2 : Sud-ouest et Centre, Paris, Picard, 1996, pages 302 à 309.
  • Grégory VOUHÉ, Hypogée des dunes, un jardin centenaire, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 45.
  • Grégory VOUHÉ, Le jardin de l’hypogée des Dunes à Poitiers, Revue historique du Centre-Ouest, t. XII, p. 349-366.

Pour les plus « téméraires » : Archives départementales de la Vienne, 16 J 2/69

Ludovic Trarieux par Jean Boucher à Paris

Paris, monument à Ludovic Trarieux, vues générales de face et de dos

Ludovic Trarieux est né le 30 novembre 1840 à Aubeterre-sur-Dronne (un village à visiter!) au sud de la Charente (et mort à Paris le 13 mars 1904), il fut le fondateur et le premier président de la Ligue française des droits de l’Homme de 1898 à 1903., il s’est notamment battu pour la révision du procès du capitaine Dreyfus, pour une biographie plus complète, voir le site du Sénat.

Paris, monument à Ludovic Trarieux, mention de la souscription et de l'inaugurationUn monument lui rend hommage à Paris, tout près de la place Denfert-Rochereau, dans le square Nicolas Ledoux. Comme le dit la mention au dos, il a été « élevé par souscription publique / et inauguré le 12 mai 1907 ». Il semblerait que la famille de Dreyfus ait largement participé à cette souscription.

Paris, monument à Ludovic Trarieux, signatures du sculpteur Jean Boucher et de l'architecte Victor LesageIl porte les signatures difficilement lisibles « Jean Boucher Stat. » et « V. Lesage Arch. », il s’agit du sculpteur Jean Boucher (Cesson, 1870 – Paris, 1939) et de l’architecte Victor Lesage (1873-1953), qui a notamment réalisé, avec Charles Mitgen, la maison de la Mutualité à Paris. Le plâtre du monument a été présenté au salon des artistes français de 1908 (la même année que le Cerf, faon et biche de Georges Gardet, à voir à Nantes, mais en catégorie architecture et pas en sculpture).

Paris, monument à Ludovic Trarieux, vue générale rapprochéeUne veuve et son enfant se présentent au pied du socle dominé par une grande stèle dédiée « Ludovic Trarieux / 1840-1904 » contre laquelle s’appuient de part et d’autre un homme et une femme, allégories du Travail et de la Justice. Au centre de la stèle est dessiné une grande table de la loi portant l’inscription « Les / droits de l’homme / I / II / III ».

Paris, monument à Ludovic Trarieux, carte postale ancienne avec le buste en placeAu sommet de la stèle se trouvait un buste en bronze représentant Ludivic Trarieux et qui a été fondu sous l’occupation, en 1942, on peut le voir sur cette carte postale ancienne. Seuls les éléments en pierre sont donc conservés.

Paris, monument à Ludovic Trarieux, l'hommeL’homme, allégorie du Travail, porte de grosses chaussures et des vêtements de travail, manches relevées et outils glissés dans la ceinture.

Paris, monument à Ludovic Trarieux, la femme allégoriqueLa femme est une allégorie de la Justice, elle est vêtue à l’Antique et pieds nus.

Paris, monument à Ludovic Trarieux, femme et enfant

La femme avec l’enfant montent les marches du socle. La femme porte un manteau avec un un grand manteau, tête couverte en signe de deuil, tandis que l’enfant (garçon ou fille?), en sabots et cheveux courts et en robe (ce qui n’en fait pas obligatoirement une fillette à l’époque), porte des objets assez indéfinissables (un livre et ?).

 

Photographies de mai 2013.

Le baron Taylor par Gabriel Jules Thomas au Père Lachaise à Paris

Le baron Taylor par Gabriel Jules Thomas au Père Lachaise à Paris, vue générale du tombeauRetour au cimetière du Père Lachaise pour un tombeau d’un personnage aujourd’hui oublié mais qui fut très célèbre en son temps, le baron Isidore Taylor… Sa tombe, composé d’un hémicycle et d’un haut piédestal avec une statue en marbre,  est si bavarde qu’elle raconte sa vie… à condition de réviser les chiffres romains 😉 . Allez, je suis dans un bon jour, je vous les ai traduit en chiffres arabes entre crochets… Sous la statue d’abord, on peut lire « Au baron Taylor / membre de l’institut / M.DCCC.LXXXIV [1884] ». Au dos :

XV [15] août M.DCC.LXXXIX [1789] / VI [6] septembre M.DCCC.LXXIX [1879] /
M.DCCC.XXV [1825] / Commissaire royal / près la comédie française /
M.DCCC.LXIX [1869] / sénateur /
M.DCCC.LXXVII [1877] / Grand officier de la légion d’honneur

Outre son œuvre littéraire et artistique (il faut inspecteur général des Beaux-Arts), Isidore Taylor a notamment créé des sociétés de secours mutuel, ancêtres de la sécurité sociale, de la caisse de retraite et des mutuelles, dans différents domaines inscrits dans les médaillons tout autour du monument :

Premier médaillon à gauche : « M.DCCC.XL [1840] / association / des / artistes dramatiques »
Deuxième médaillon : « M.DCCC.XLIII [1843] / association / des / artistes musiciens »
Médaillon central, sous la statue : « M.DCCC.XLIV [1844] / association / des artistes / peintres sculpteurs / architectes graveurs / et dessinateurs »
Quatrième médaillon : « M.DCCC.XLIX [1849] / association / des inventeurs / et des / artistes industriels »
Cinquième médaillon : « M.DCCC.LVIII [1858] / association / des / membres / de / l’enseignement »

Le baron Taylor par Gabriel Jules Thomas au Père Lachaise à Paris, la signature G.J. ThomasLa sculpture porte la signature « G. J. Thomas », pour Gabriel Jules THOMAS (Paris , 1824 – Paris, 1905), premier prix de Rome de sculpture en 1848 (après avoir reçu le deuxième prix en 1844), dont je vous ai déjà parlé pour le buste de Paul Abadie à Angoulême.

Le baron Taylor par Gabriel Jules Thomas au Père Lachaise à Paris, de côté et la pile de livresLe baron Taylor est représenté debout, en appui sur une pile de livres posée au-dessus d’une colonne à chapiteau. Ces piles de livres que vous avez déjà vu pour un certain nombre de monuments dédiés à des intellectuels (voir par exemple René Descartes et François Rabelais à Tours ou  Théophraste Renaudot à Loudun)…

Photographies de novembre 2012