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Une semaine sur deux, de Pacco

pioche-en-bib.jpgCouverture de Une semaine sur deux, de PaccoUn album trouvé dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Une semaine sur deux, de Pacco, éditions Fluide-Glacial-Audie, 2002, 161 pages, ISBN 9782352071709.

L’histoire: de nos jours aux environs de Saint-Jean-de-Luz. Pacco vient de se séparer de sa compagne, emménage dans un appartement avec sa fille Maé, 6 ans, dont il a la garde alternée une semaine sur deux. Le voici à essayer de préparer des repas (les pizzas surgelées, c’est bien prratique), lire les histoires, gérer une petite fille très active, mais aussi essayer de continuer son travail de dessinateur, sans oublier les loisirs (surf et guitare).

Mon avis :  je n’ai pas lu les précédentes aventures de la série Maé, ni la suite d’ailleurs… L’emménagement, les journées avec Maé, les semaines avec les copains, un récit de la vie quotidienne d’un papa à mi-temps avec de petites histoires ou situations sur une ou deux pages. Une fillette vive, qui ne semble pas soufrir de la séparation de ses parents (ou bien c’est ce que son père veut nous faire croire?), des situations plutôt drôles, même si rien ne semble vraiment très original et est trop centré sur le père et la petite fille, un peu comme s’ils vivaient dans une bulle, quasiment sans monde extérieur. Même si on aperçoit des mamans au parc, des copains, la plage ou une visite à Paris pour remettre des planches, tout tourne autour de Pacco. Une chronique de la vie quotidienne très égo-centrée. Un moment agréable, mais pour des aventures de célibataire, puis de mari et enfin de père avec plus de profondeur, je vous conseille plutôt les albums de , et notamment ses Chroniques de Jérusalem pour le volet « jeune papa » (il faut que je trouve son Guide du mauvais père, pour compléter…).

Pour aller plus loin : voir le blog de Pacco.

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Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 8. Pauvre chien

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à MouchinJe continue à vous faire découvrir le numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur , dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Après les douaniers, la circulation, la fraude en auto, la fraude avec les chiens, les gendarmes, une belle ruse et le passage à niveau, il est à nouveau question d’un chien… Une histoire qui a visiblement choqué les garçons de l’école primaire.

Et un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 12 et 13

Pauvre chien
L’année dernière, un dimanche après-midi, les douaniers ont réussi à surprendre un petit chien de fraudeur. Il avait sur son dos une charge de tabac.
Depuis un moment déjà, les douaniers le poursuivaient. Le petit chien ne tenait plus sur ses pattes, il n’en pouvait plus. Il vint se réfugier dans un jardinet où il fut cerné. Il se cacha derrière un vélo. Un douanier arriva et jeta brusquement le vélo en arrière.
Aussitôt il sortit le revolver de son étui et, pointant dans la direction de la tête du chien, il tira: pan! pan!
Alors le chien se coucha. Le sang coulait de sa gueule. Il leva ses bons yeux qui semblaient implorer la pitié!
Un second douanier saisit le revolver des mains de son camarade. Il tira, logea la balle dans le mur. Pendant ce temps, le chien râlait toujours.
Claude, qui était avec nous, était parti à sa maison en pleurant. Les gens arrivaient de toutes parts. On disait:
– Ce n’est pas bien de faire souffrir cette pauvre bête! Faut-il qu’ils soient méchants pour tuer ce pauvre chien qui n’en peut mais! Tuez-le tout de suite qu’on ne l’entende plus crier!… etc., etc…

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, illustration page 13, deux douaniers tapent un chien

 Un douanier tira un troisième coup. Alors, le brave chien, rassemblant ses dernières forces, bondit sur le revolver et en mordit le canon.
Un douanier retira vivement son arme; le chien sauta une seconde fois et planta ses crocs dans la main de son ennemi.
Puis, hurlant de douleur, couvert de sang, le pauvre chien s’affaissa. Nous, on pleurait, tous les gens criaient. Les douaniers disaient: « C’est la faute des fraudeurs, nous faisons notre service ».
Puis, le petit chien ferma ses yeux. Il eut encore quelques soubresauts, puis ce fut tout. Un douanier, avec son grand couteau, lui coupa une patte. On est parti pour ne pas voir ça.
Puis on a été enterrer cette pauvre bête au fond du jardin.
C’était un beau petit chien blanc et noir qui ne voulait pas mourir.

Voir les dernières pages consacrées à d’autres ruses.

Dans la tête, le venin, de Andrea Japp

Logo de pioché en bibliothèqueCouverture de Dans la tête, le venin, de Andrea JappJe commence à avoir du mal à trouver des livres qui m’intéressent au rayon « large vision » de la médiathèque. Cette fois, j’ai opté pour un polar [de la même auteure, voir aussi La femelle de l’espèce].

Le livre: Dans la tête, le venin, de H. Andrea Japp [Lionelle Nugon-Baudon], éditions Calmann-Lévy, 2009, 266 pages, ISBN 9782702139677 (lu en large vision aux éditions Libra Diffusio).

L’histoire: en 2008, à Neuilly et Paris, deux adolescents gothiques à tendance satanisque sont assassinés à quelques heures d’écart, la fille égorgée, le garçon sauvagement écorché encore vivant. La villa où la fille a été retrouvée appartenait à un homme, un pédophile, lui aussi assassiné il y a quelques mois mais à New-York. Yves, un profileur français formé il y a quelques années par Diane Silver à Quantico, aux Etats-Unis, fait appel à sa mentor, toujours en pleine déprime, qui boit et fume trop, 15 ans après le meurtre sauvage de sa propre fille, Leonor. Un quatrième meutre est rapproché des autres, un homme également écorché, également pédophile, au Mexique cette fois. En parallèle, elle est confrontée à un tueur en série qui tue des prostituées à Boston et doit supporter un étrange stagiaire, un avocat d’affaire qui dit vouloir se convertir au droit pénal. Qu’est-ce qui relie toutes ces affaires?

Mon avis: Un polar noir et violent, moins néanmoins que ceux de . Les premières victimes sont des « salauds », pédophiles ou adolescents qui envisagent le meurtre de leurs proches (le garçon a déjà étouffé un bébé dans sa poussette). La profileuse est désagréable, alcoolique, déprimée, favorable à la peine de mort voire au meurtre pur et simple des psychopathes. Malgré l’inefficacité de la peine de mort sur la prévention de la criminalité et les erreurs judiciaires, les Etats-Unis ne semblent pas près d’y renoncer, Claude Gueux de Victor Hugo reste une lecture à recommander à chacun! Ce polar est bien mené et j’aime bien la fin qui reste ouverte, au lecteur d’interpréter la dernière page… en attendant de lire la suite, Une ombre plus pâle. J’ai bien envie de lire d’autres titres de cette auteure française que je découvre (finalement, les problèmes de vue  n’ont pas que du mauvais), s’ils sont disponibles en large vision à la médiathèque. Sinon, il faudra que j’attende quelques mois de plus!

Petit clin d’oeil à Zazimuth, le chat de la flic qui annonce à Sara la mort de sa fille s’appelle Mousse (p. 89 de l’édition que j’ai lue)! Par ailleurs, j’ai relevé des expressions bizarres. Un exemple parmi d’autres, je n’ai jamais entendu parler de bleu bébé mais plutôt de bleu layette. Par ailleurs, Victor a l’âge d’être au collège, pas au lycée… Mais bon, ce sont des détails!

Moi vivant, vous n’aurez jamais de pause, de Leslie Plée

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Moi vivant, vous n'aurez jamais de pause, de Leslie PléeUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre: Moi vivant, vous n’aurez jamais de pause, ou comment j’ai failli devenir libraire, de Leslie Plée, éditions Jean-Claude Gawsewtich, 2009, 95 pages, ISBN 9782350131573.

L’histoire: Rennes, novembre 2006. Leslie rentre dans le cabinet d’un psy. Quelques mois auparavant, en mai 2005. Leslie vient de s’installer à Rennes pour suivre son amour, elle cherche un boulot, n’a pas d’expérience. Elle est embauchée par une grande surface de produits culturels sur une zone commerciale, direct en CDI. Son boulot commence avec quelques collègues par la mise en place de la boutique, qui en fait n’ouvrira que dans deux mois. Un traval debout, sans pause sauf pour le déjeuner. Et voici l’ouverture, il s’agit de vendre des livres, des best-sellers surtout, organiser les retours (il ne faut pas trop de stock de livres qui ne se vendent pas). Entre un chef tyrannique pour qui seul compte le rendement du magasin et des clients qui ne sont pas vraiment des lecteurs (il cherchent les manuels et livres pour la rentrée scolaire, des cadeaux à offrir), Leslie tiendra-t-elle? La visite chez le psy qui ouvre le livre l’a-t-elle aidée?

Mon avis: Leslie Plée tient des chroniques sur son blog et c’est de l’un de ces chapitres de sa vie qu’est tiré cet album après qu’elle a été repérée par , directrice de collection aux éditions Jean-Claude Gawsewtich. Elle dresse un portrait sans concession de ces grandes surfaces culturelles, qui n’ont de culturels que les produits mis en vente, en fonction de leurs potentiels de vente. Ça ressemble à Cultura, où je n’ai mis les pieds qu’une fois (il faut prendre une voiture que je n’ai pas pour y aller, ou une demi-heure de bus), je préfère ma vraie librairie de centre-ville, la Belle aventure à Poitiers! Une description sans concession d’un monde du travail qui peut vous détruire (vivent les chefs et l’informatique, avec un logiciel de recherche ubuesque, voir par exemple page 31) jusqu’à vous amener chez le psy… Le graphisme des dessins est simple, avec une mise en couleur par grands aplats. Une plume mordant et très plaisante! Et surtout, continuez à acheter vos livres dans de vraies librairies, pas dans ces supermarchés et encore moins « en ligne » (avec des gens qui courent ou roulent en rollers dans des entrepôts pour préparer vos commandes, des entreprises qui ne payent pas d’impôts en France et tuent les commerces de centre-ville). Gardez un contact avec ces libraires qui font un formidable travail pour mettre en avant des livres, pas des « produits »!

Pour aller plus loin : voir le blog de Leslie Plée.

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Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 7. Le passage à niveau

Réceptacle, fenêtre qui parle 2014Un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies! Si vous êtes dans le Nord, allez voir les Les fenêtres qui parlent à Villeneuve d’Ascq, auxquelles il participe à nouveau (jusqu’au 13 avril 2014), sinon, découvrez-les sur son blog, ici et (où vous pourrez agrandir les images)!!

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin

Je continue à vous faire découvrir le numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur , dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Après les douaniers, la circulation, la fraude en auto, la fraude avec les chiens, les gendarmes et une belle ruse, voici le passage à niveau…

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 10 et 11

Le passage à niveau

La gare de Bachy Mouchin est sur la ligne Douai Tournai (Belgique). C’est la dernière gare française. Au delà, c’est la Belgique.
L'ancienne gare de Bachy, cliché Lucien DujardinTout de suite après la gare, il y a un passage à niveau, sur la route Lille-Valenciennes.
Un jour, le garde-barrière vit, couché près de la barrière, un homme vêtu assez misérablement.
– C’est un « soulot » (1) pensa-t-il, et il laissa le bonhomme cuver son vin.
Mais voilà que là-bas, sur la voie ferrée, débouche une auto! Elle file à bonne allure, roulant sur les traverses et le ballast!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, illustration page 11, une voiture défonce un barrage

Elle grimpe sur les quais, roule encore plus vite, traverse la gare… et va arriver au passage à niveau.
Notre « ivrogne », subitement désaoulé [sic], saute sur la manivelle de la barrière, soulève celle-ci juste à temps pour laisser l’auto braquer à droite, reprendre la route et filer vers l’intérieur du pays.
Voilà un exploit bien audacieux.
——
(1) Un ivrogne.

Voir la suite: un pauvre chien et les dernières pages consacrées à d’autres ruses.

Des nouvelles d’Alain de Guibert, Keller et Lemercier

Couverture de Des nouvelles d'Alain de Guibert, Keller et Lemercierpioche-en-bib.jpgEn cherchant dans les bacs de bandes dessinées de la médiathèque, j’ai trouvé cet album avec des auteurs que j’apprécie, (L’enfance d’Alan, La guerre d’Alan, tome 1tome 2 et tome 3), qui a aussi écrit avec et , le Photographe (voir tome 1, tome 2 et  tome 3).

Le livre: Des nouvelles d’Alain de Alain Keller (photographies et récits), Emmanuel Guibert (dessins et rédaction) et Frédéric Lemercier (couleurs et mise en page), éditions Les Arènes, 2011, 95 pages, ISBN 9782352041382 (l’ouvrage rassemble quatre récits parus de 2009 à 2011 dans la revue XXI, augmentés de deux chapitres inédits et d’annexes pleines de ressources sur le sujet).

L’histoire: depuis 1999, Alain Keller sillonne l’Europe au volant de sa vieille Skoda à la rencontre des Roms et des Tsiganes au Kosovo à la fin de la guerre de Yougoslavie, dans le village de Ljubenic (chapitre 1), dans le bidonville de Gazela près de Belgrade en Serbie (chapitre 2), en République Tchèque (chapitre 3), en Italie, à Milan puis dans le sud, en particulier à Lamezia Terme près de Naples (avec la coopérative Ciarapani, chapitre 4), en Slovaquie (chapitre 5) et en région parisienne avec des expulsions de Roms venus pour une part de Roumanie (chapitre 6). Partout, ils sont victimes de ségrégation, d’expulsions, d’exactions (dramatiques incendies volontaires).

Mon avis: dans le premier chapitre, on retrouve , le photographe de la série éponyme (voir tome 1, tome 2 et  tome 3), décédé depuis et qui a fait connaître ses co-auteurs de cette série, et , à Alain Keler. Comme pour le Photographe, l’album mêle photographies et dessins, avec d’importantes annexes. J’ai beaucoup aimé ce style de photo/BD reportage très intéressant, que ce soit sur le plan graphique, avec un savant mélange de photographies (pleines pages et plus petites), de dessins et de textes. A côté du reportage, il y a aussi l’interrogation du photographe sur son métier, l’intrusion dans la vie de gens souvent maltraités et mal-aimés, il comprend donc quand il est chassé d’un camp et se blesse en prenant la fuite (page 49: « il m’arrive souvent de penser que si un inconnu sonnait chez moi, entrait et commençait à photographier ma chambre à coucher, je le foutrais sans doute à la porte, moi aussi »). Un album à lire absolument!

Pour aller plus loin sur le même thème:

Couverture de Tsiganes, camp de concentration de Montreuil-Bellay, par Kkrist MirrorJe vous ai parlé de deux livres proposés à la fin dans la sélection de lecture : l’excellente bande dessinée Tsiganes, camp de concentration de Montreuil-Bellay, par Kkrist Mirror, et Tsiganes, sur la route avec les Roms Lovara de Jan Yoors. Vous trouverez d’autres suggestions sous le mot-clef tsigane.

Dans les annexes, j’ai relevé, parmi beaucoup d’autres, ces ressources sur le sujet: l’association Ecodrom à Montreuil-sous-Bois, le groupe Kesaj Tchave, la FNASAT / Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage en France. Dans la Vienne, l’ADAPGV 86 (association départementale pour l’accueil et la promotion des Gens du Voyage, affiliée à la FNASAT) gère un centre social qui fait un formidable travail sur Châtellerault, et, à Poitiers, une des seules aires de gens du voyage (avec Toulouse) installée à proximité d’un CHU, pour permettre aux familles de visiter leurs malades.

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L’arbousier de Ruth Rendell

Logo God save the livreLogo de pioché en bibliothèqueCouverture de L'arbousier de Ruth RendellUn livre trouvé au rayon large vision de la médiathèque. Il y a plusieurs éditeurs en basse vision, celui-ci est très confortable!

Le livre : L’arbousier de Ruth Rendell, traduit de l’anglais par Martine Leroy-Battistelli et Yves Sarda, éditions Denoël, 1992 (lu en basse vision aux éditions encre bleue, collection Grands caractères basse vision corps 18, 1999, 234 pages).

L’histoire: au début des années 1990, Petra, la narratrice, retourne pour la première fois aux Baléares, à Majorque. Retour quarante ans plus tôt. Une famille anglaise, les parents, les deux enfants, Petra, 13 ans et Piers, 16 ans, et une cousine espagnole, Rosario, du même âge que Piers, passent des vacances sur l’île, qui n’est pas encore touristique. Les enfants font la connaissance de Will, un autre anglais, 13 ans aussi, qui s’ennuie. Après des jours à la plage, ils décident d’aller visiter une maison réputée hantée. Le lendemain, alors que les quatre parents partent en excursion avec les deux plus jeunes, les deux aînés ont décidé de rester ensemble… au retour, ils ont disparu. Que leur est-il arrivé? Fugue, meurtre?

Mon avis: Un rythme très lent, une histoire dévoilée peu à peu par la narratrice. D’un côté des vacances de rêve dans un lieu pas encore touristique (mais qui le sera bientôt… et son père y est pour quelque chose en étant devenu investisseur de travaux publics), de l’autre, une ambiance lourde, l’emploi de l’imparfait pour Piers et Rosario, on devine qu’il leur est arrivé quelque chose, mais leur disparition n’est annoncée qu’à la moitié du livre. Plus que l’énigme de cette disparition, c’est sa conséquence sur les parents, la narratrice qui prend de l’importance, jusqu’au dénouement final… Ça fait du bien, parfois, de lire un polar psychologique lent sans effusion de sang!

Logo God save the livre Ce livre entre dans le défi God save the livre, saison 4, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici février 2015 et atteindre l’une de ces catégories : « Duty Harry » (1 livre lu), « Prince Charles » (5 livres), « Prince William » (10 livres), « Lady Di » (15 livres), « The Beatles » (20 livres et plus), « Queen Mom » (au moins un livre en VO)…

Paroles sans papiers

pioche-en-bib.jpgCouverture de Paroles sans papiersUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Paroles sans papiers, de Lorenzo Mattotti (une femme sur la route), Gipi (le drame marocain), Frederik Peeters (Pourquoi la France), Pierre Place (Prostitution sans papiers), Alfred (Une jeunesse clandestine), Brüno (Esclavage ordinaire), Kokor (Survivre sans papier), et (Éloignement à la française), Cyril Pedrosa (Résister sans papiers),  éditions Delcourt, 2007, 59 pages plus un dossier documentaire d’une douzaine de pages, ISBN 978-2-7560-1085-4.

L’histoire : de nos jours à travers le monde, des migrants qui sont refoulés avant même de pouvoir quitter leur pays ou du Maroc (deux histoires montrent la violence de la répression dans ce pays qui n’hésite pas à tabasser les candidats au départ et à les relâcher en plein désert), des femmes candidates au départ qui sont violées, une enfant esclave moderne en banlieue, la prostitution pour survivre, une Tchétchène et ses enfants traumatisés. Neuf histoires singulières, mises en images et en récit par neuf auteurs de talent…

Mon avis : neuf destins, neuf auteurs engagés. Écrit en 2007, à la pire époque pour les Sans papiers, cet ouvrage garde toute son actualité car contrairement à ce que l’on aurait pu croire, l’alternance politique en France n’a rien changé pour eux… Seuls ceux qui les aident ont vu disparaître le délit d’aide aux migrants (recharger un téléphone portable, offrir le gîte et le couvert de temps à autre ou plus durablement étaient un délit), mais il est toujours aussi difficile pour des centaines de milliers de gens de vivre, à la recherche d’un lieu d’asile plus serein que leur pays d’origine devenu invivable pour des raisons politiques, économiques ou autre.

Logo top BD des bloggueursCette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 6. Une belle ruse

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à MouchinJe continue à vous faire découvrir le numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur , dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Après les douaniers, la circulation, la fraude en auto, la fraude avec les chiens, et les gendarmes, voici une belle ruse… vue par les enfants de primaire (enfin, les garçons!) qui semblent plus admirer les fraudeurs que le pauvre douanier berné.

Et un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies!

Voici donc la suite du manuel du parfait petit fraudeur trans-frontalier… mais il vous faudra attendre une nuit d’orage pour l’imiter!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 9 et 10

Une belle ruse
Ceci se passait il y a quelques années. La route du Bas-Préau est interdite aux voitures de toutes sortes.

Le passage de la frontière au Bas-Préau à Mouchin, cliché Lucien Dujardin

Le pont sur l’Elnon marque aujourd’hui la frontière entre la France et la Belgique au Bas-Préau à Mouchin. Cliché Lucien Dujardin.

Pour éviter qu’elles puissent passer, malgré l’interdiction, cette route est barrée.
On a enlevé des pavés et enfoncé obliquement, tout en travers de la route des rails d’acier. Impossible de passer avec une auto à travers ce barrage.
Cette nuit-là, il faisait un temps épouvantable: éclairs, tonnerre, pluie, vent, nuit noire.
Le douanier de faction, à quelque vingt mètres du barrage, s’était mis tranquillement à l’abri dans sa baraque.
Des fraudeurs, profitant de l’obscurité et du bruit que faisait la tempête, entreprirent de démolir le barrage.
Les rails sont enlevés et nos fraudeurs enfoncent dans le sol, à la place des rails, des bouts de tuyaux de poêle d’égale longueur. Ils les enfoncent légèrement, les calent avec quelques cailloux, se retirent en emportant les rails.
Puis la tempête cesse, la pluie aussi. Le jour point, et, dans l’aube naissante, le douanier de service voit que sa route est toujours bien barrée; il est tranquille.
Quelques instants plus tard, il voit arriver devant lui, venant de Belgique, une forte auto.
Le douanier ne s’en soucie pas, se disant: elle se trompe de route et il faudra bien qu’elle s’arrête au barrage.
Mais l’auto, loin de ralentir… accélère, prend de la vitesse, arrive à toute allure sur le barrage, fait sauter les « tuyaux de poêle » au grand ébahissement du pauvre douanier qui, le temps de revenir de son effroi, voit passer, impuissant, une auto bien chargée de tabac!
Vite au téléphone de la cabine pour alerter toute la douane, mais le téléphone ne répond pas, et pour cause: tous les fils sont coupés!
Et l’auto est bien loin.
Depuis cette aventure… on a rapproché le barrage de la cabine du douanier.

Voir la suite: le passage à niveau et un pauvre chien et les dernières pages consacrées à d’autres ruses.

Terezin Plage de Morten Brask

Logo de pioché en bibliothèqueCouverture de Terezin Plage de Morten BraskJe vous ai récemment parlé du camp de Terezin à propos de l’opéra L’empereur d’Atlantis, qui avait été écrit dans ce camp par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien. Juste après la publication de cet article, Alice Herz-Sommer (26 novembre 1903 – 23 février 2014), pianiste internée dans ce camp, est décédée en Angleterre, c’était la plus vieille déportée survivante (voir sa biographie sur le site d’Arte en 2007 et un reportage de 2011 sur la même chaîne). Et de mon côté, je suis tombée à la médiathèque, au rayon large vision, sur un roman dont le cadre est justement le camp de Terezin… un camp de transit vers les camps de concentration mais présenté comme un « camp modèle » par les Allemands, avec un « conseil des anciens » censé organisé la vie dans le camp.

Le livre: Terezin Plage de Morten Brask, traduit du danois par Caroline Berg, éditions des Presses de la cité, 2011, 330 pages, ISBN 9782258085190  (lu en large vision aux éditions A vue d’oeil).

L’histoire: 1943, dans un wagon à bestiaux parti du Danemark depuis trois jours. Daniel Faigel, jeune médecin, ne sait pas encore qu’il va bientôt arriver dans le camp de Terezin, près de Prague. Avec quelques vêtements, il a emporté un album de photos de famille. Son père était juge à la cour suprême du Danemark, mis à l’écart car juif, avant de mourir il y a quelques mois. Blessé par la maladie de sa femme, il n’avait jamais accepté que son fils choisisse la médecine au lieu du droit. A son arrivée à Terezin, il est affecté à l’hôpital Hohen Olben, où les malades s’entassent dans la crasse à plusieurs par lits, sans médicaments ni moyens. Un chirurgien se débat seul dans ce chaos, les précédents médecins ayant été déportés dans des convois vers les camps plus à l’est. Au hasard d’une visite dans un baraquement de femmes, il fait la connaissance de Ludmilla, dont il tombe amoureux. Il est aussi régulièrement appelé à l’extérieur, pour soigner les putains des SS dans un bordel de Prague. Une délégation de Danois et de représentants de la croix rouge est annoncée, il s’agit de rendre le camp « présentable ». Nos deux jeunes tourtereaux s’en sortiront-ils malgré les circonstances?

Mon avis: le roman oscille entre la vie dans le camp et le passé du jeune médecin, par l’intermédiaire de l’album photo ou de criconstances qui lui rappellent des souvenirs, où le lecteur va peu à peu reconstituer son enfance et la folie de sa mère. Pour ce que j’ai pu lire sur le camp de Terezin (voir les liens en fin d’article), je pense que ce roman rend assez bien l’ambiance, entre « camp modèle » géré par les anciens, les kapos tchèques, les SS allemands, et le départ régulier des convois vers les camps d’extermination. L’histoire d’amour avec Ludmilla, la jeune tchèque atteinte de tuberculose, est moins convaincante. Je vous en conseille néanmoins la lecture!

Pour aller plus loin:

– le site officiel du mémorial de Terezin / Theresienstadt

– un article de Élise Petit, Musique, religion, résistance à Theresienstadt