Archives par étiquette : homosexualité

L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie

Affiche de L’inconnu du lac d'Alain GuiraudieJe poursuis ma participation au festival Télérama 2014 avec L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie.

Le film: de nos jours au bord d’un lac, une plage de naturistes et lieu de drague pour hommes. Frank [Pierre Deladonchamps] y vient pour la première fois de l’été, il se baigne, croise Michel [Christophe Paou], avec qui il serait bien sorti, mais celui-ci est attendu par un copain, Pascal [François Labarthe], à la sortie de l’eau… A l’écart de la plage, un homme seul, Henri [Patrick d’Assumçao], pas homo, il vient juste passer le temps, en vacances, sa femme vient de le plaquer. Un soir, il surprend Michel en train de noyer Pascal… Le lendemain, il couche avec Michel, le corps n’est retrouvé que trois jours plus tard, l’enquête commence, confiée à l’inspecteur Damroder [Jérôme Chappatte]…

Mon avis : étonnante unité de lieux pour ce film… le parking, le chemin à travers le bois, le bois pour les relations entre hommes, le lac, la plage de galets. Un ciel presque toujours bleu. Lors de sa sortie, je me souviens d’un débat sur le fait de montrer ainsi des relations homosexuelles entre hommes, de l’affiche interdite à Paris… Pourtant, cela reste relativement soft, des hommes à poil sur une plage, des baisers, des pipes, des masturbations, une ou deux scènes plus explicites, mais surtout beaucoup de suggestions (comme aussi pour le cadavre, jamais montré). Des relations entre hommes, plus explicites que dans Yves Saint-Laurent, mais guère plus que dans la plupart des films qui montrent des relations hétéros. Des interrogations sur l’usage du préservatif… beaucoup (utilisés) traînent dans le bois, un amant de Frank refuse toute relation (y compris la fellation) sans protection, mais ce dernier ne prend aucune précaution avec Michel (sauf à lui demander si l’absence de préservatif le gêne). Pas responsable, mais en accord avec le « relâchement » dénoncé par les associations de prévention du SIDA. Pas de doute sur le coupable, connu dès le début, mais la fin reste ouverte. Le spectateur est aussi amené à s’interroger sur le pourquoi de l’attitude de Frank : pourquoi ne dénonce-t-il pas son nouvel amant? Il vous reste quelques jours pour le voir en « rattrapage » au cinéma, sinon en vidéo ou prochainement sans doute à la télévision…

Festival Télérama 2014:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus dans le cadre du festival

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

– les films que je n’ai pas vus

  • Le Géant égoïste de Clio Barnard
  • A touch of Sin de Jia Zhang Ke
  • Snowpiercer, Le Transperceneige de Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky

 

Haarmann, le boucher de Hanovre, par Peer Meter et Isabel Kreitz

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Haarmann, le boucher de Hanovre, par Peer Meter et Isabel KreitzUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Je vous ai déjà parlé d’un album avec un scénario de Peer Meter mais avec une autre dessinatrice, Barbara Yelin (revoir L’empoisonneuse). De Isabel Kreitz, voir aussi L’espion de Staline.

Le livre : Haarmann, le boucher de Hanovre de Peer Meter (scénario et dialogues) et Isabel Kreitz (dessins), traduit de l’allemand par Caroline Dolmazon et Paul Derouet, collection écritures, éditions Casterman, 2011, 175 pages dont un dossier documentaire d’une dizaine de pages, ISBN 9782203038820.

L’histoire : Hanovre, 1924. L’un des canaux de la ville est curé suite à la plainte de riverains, il est plein de restes humains découpés. Dans l’Allemagne en crise après la Première Guerre Mondiale, Fritz Haarmann vend des vêtements d’occasion et de la viande à des prix défiant toute concurrence. Il est aussi indicateur de la police, notamment dans la gare de Hanovre. Mais les rumeurs courent sur son compte, il a déjà été condamné plusieurs fois pour homosexualité, de jeunes hommes entrent chez lui et n’en seraient jamais ressortis… La police qui le couvre pour ses informations finira-t-elle par lui demander des comptes et prendre en compte les plaintes des voisins?

Mon avis : un album en noir et blanc qui raconte l’histoire de Fritz Haarmann, tueur en série allemand, histoire résumée en texte à la fin de l’album, avec une liste des 24 victimes reconnues. L’album insiste sur la prédation des jeunes hommes, les viols, la découpe des cadavres, la revente de leurs vêtements et de viande (en morceaux ou transformée en charcuterie) dont il est plus que suggéré qu’il s’agit de celle des victimes. Le dessin est sombre, plein de détails sur les rues de Hanovre, la foule, l’intérieur de l’appartement de Haarmann. Un très bon polar graphique historique…

Logo du top BD des blogueurs 2013   Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Yves Saint-Laurent de Jalil Lespert

Affiche du film Yves Saint-Laurent de Jalil LespertEn attendant le festival Télérama 2014 qui commence mercredi prochain, je suis allée voir Yves Saint-Laurent de Jalil Lespert.

Le film : Oran, 1957. Yves Saint-Laurent [], 21 ans, est en vacances chez ses parents et termine de préparer la collection de Christian Dior [Patrice Thibaud]. Quelques mois plus tard, ce dernier décède, voici Yves Saint-Laurent propulsé directeur artistique de la grande maison de couture. A la suite du défilé de la première collection qu’il réalise en solo, lors d’un dîner, il fait la connaissance de Pierre Bergé []. Yves Saint-Laurent n’a pas envie d’aller passer ses vacances à Oran, où la situation se dégrade, le voici dans la maison de vacances de Pierre Bergé, qui vit alors avec le peintre Bernard Buffet [Jean-Édouard Bodziak]. Commence alors leur histoire d’amour. Quand Yves Saint-Laurent est mobilisé pour la guerre d’Algérie, il fait une crise psychotique au Val-de-Grâce. interné, il est licencié de la maison Dior. Soutenu par Pierre Bergé, qui règle toutes les questions en dehors de la création des modèles, la maison de couture Yves Saint-Laurent réussit à être montée, il débauche chez Dior sa modèle préférée, Victoire Doutreleau [Charlotte Le Bon, commence alors une vie difficile entre les deux hommes, Yves Saint-Laurent se débattant entre la drogue et l’alcoolisme, Pierre Bergé essayant avec plus ou moins de succès de l’en protéger, à Paris comme à Marrakech.

Mon avis : après Paris à tout prix de Ree Kherici, voici le deuxième film sur la mode que je vois en quelques mois. J’ai beaucoup aimé ce film, je ne comprends pas les critiques « cinéma » entendues sur France Inter ces derniers jours et disant qu’il n’y a pas de mode dans ce film… A chaque défilé, on voit les très belles collections créées par Yves Saint-Laurent! Et pour la plupart avec des robes originales prêtées par plusieurs musées, dont le musée Christian Dior à Granville et la fondation Pierre-Berger-Yves-Saint-Laurent (il faudrait que j’y aille un jour, c’est dans le 16e arrondissement, à l’angle de la rue Léonce-Reynaud et de l’avenue Marceau, à deux pas du musée de la mode/Galliera, du , du  et du musée Guimet…). Les deux acteurs principaux, et , sont excellents, voici de quoi dépoussiérer l’image de la Comédie française dont le premier, très jeune (né en 1989), est pensionnaire et le second, sociétaire (né en 1972, il n’y a pas que de vieux acteurs ventripotents qui jouent des classiques du répertoire français dans cette noble maison). Contrairement à certains films récents, s’il est bien question d’amour et d’homosexualité, tout est dans la suggestion, pas de scène de fesses crues, à peine quelques baisers, des débuts de scène dont la suite ne fait aucun doute mais sans la montrer, le seul nu du film est une modèle de dos en train de se changer en arrière-plan lors d’un défilé de mode. Un film que j’ai bien aimé!

 

Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne

Affiche de Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume GallienneSortie cinéma samedi, avec une amie, nous sommes allés voir Les garçons et Guillaume, à table ! de et avec Guillaume Gallienne, qui a adapté au cinéma une pièce qu’il a également écrite et jouée.

Le film : de nos jours, sur scène. Guillaume Gallienne [lui-même dans son rôle] joue une pièce de théâtre et passe régulièrement dans son propre passé dans une riche famille. Sa mère [Guillaume Gallienne] aurait préféré une fille plutôt qu’un troisième garçon. Adolescent, il préfère jouer Sissi l’impératrice que les sports auxquels son père [André Marcon] aimerait qu’il participe. Pour lui faire passer ses manières efféminées, le voici dans un pensionnat en France puis en Angleterre…

Mon avis : une comédie légère dans laquelle Guillaume Gallienne joue avec brio son propre rôle adolescent mais aussi et surtout celui de sa mère. Le sujet est pourtant « grave »: élevé comme une fille, est-il vraiment homosexuel, comme tout le monde (ses frères, son père, sa mère, sa tante, ses compagnons d’internat) semble le penser, même lui finalement, jusqu’au coming-out (hétéro) final! La scène du conseil de révision est très réussie (le pauvre psychiatre militaire finit par en bégayer lui-même), le voici réformé… et avec des séances de psy. Un bon moment de détente!

La bascule du souffle de Herta Müller

Couverture de La bascule du souffle de Herta Müller

pioche-en-bib.jpgAprès avoir lu L’homme est un grand faisan sur terre, La convocation et Animal du cœur, j’ai eu envie de poursuivre la lecture de cette auteure, prix Nobel de littérature en 2009. J’ai trouvé ce livre à la médiathèque.

 

Le livre : La bascule du souffle de Herta Müller, traduit de l’allemand par Claire de Oliveira, éditions de Gallimard, 2010, 306 pages, ISBN 9782070128839.

L’histoire : janvier 1945, en Transylvanie, région germanophone de Roumanie. Leopold Auberg, le narrateur, a 19 ans, homosexuel à l’occasion, vient d’apprendre qu’il a été désigné sur une liste pour être envoyé en URSS pour participer à la reconstruction du pays. Il part, accompagné des mots de sa grand-mère «Je sais que tu reviendras»… Mais à l’arrivée, le travail est dur, interné dans un camp, mal nourri comme ses camarades (sauf la dernière des 5 années qu’il passe là-bas), le travail est dur entre l’usine de charbon et une cimenterie, peu de pain, beaucoup de poussière, et en permanence, l’ange de la faim qui l’accompagne comme ses compagnons d’infortune, dont plus 300 vont mourir rien que dans son camp…

Mon avis : Herta Müller a commencé, en 2001, pour rédiger ce texte, par interroger le poète germano-roumain Oskar Pastior. ils devaient écrire le récit à quatre mains, mais celui-ci est décédé prématurément. Elle raconte ici un épisode peu connu de l’après Seconde Guerre mondiale. Celle-ci n’est pas encore terminée que les Russes exigent de la Roumanie qu’ils envoient en Russie de jeunes roumains germanophones (la région d’om est originaire Herta Müller et qui est au centre des ses autres livres), soupçonnés d’avoir été d’importants soutiens de l’Allemagne nazie. La mère de l’auteure a été elle-même déportée dans ces camps. Le texte est fort, poétique malgré le sujet lourd qui est traité, et j’ai de plus en plus envie de découvrir cette auteure en version originale… de toute façon, la VO est indispensable pour lire d’autres livres, puis que j’ai maintenant lu presque tous ceux qui ont été traduits en français (L’homme est un grand faisan sur terre, La convocation et Animal du cœur), il ne me reste plus qu’à lire Le renard était déjà le chasseur… Pourquoi les éditeurs français ne nous permettent-ils pas d’accéder à d’autres textes?

Le lait et le fiel de Yves Créhalet

Couverture de Le lait et le fiel de Yves Créhalet

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

J’ai reçu ce livre des éditions Persée dans le cadre d’une opération masse critique de Babelio.

Le livre : Le lait et le fiel de Yves Créhalet, éditions Persée, 2012, 190 pages, ISBN 978-2-8231-0158-4.

L’histoire : à Nice puis en Palestine de nos jours. Hakim est un jeune schizophrène, la vingtaine d’années, adopté en Palestine par Billie, assistante de Lili, responsable des collections du MAMAC, le musée d’art contemporain de Nice (le Mur de Feu, d’Yves Klein, joue un rôle important dans l’histoire) et actuellement amante du jeune homme. Il a un lourd passé, a été enlevé à sa mère, Balkis, 18 ans, à sa naissance, son père, Moussa, tué lors de l’Intifada, son père adoptif, médecin, parti faire de la médecine humanitaire en Palestine, lui aussi tué là-bas. Alors qu’il déambule avec Zeev, un peinte juif homosexuel, malade du SIDA, ce dernier est assassiné sous ses yeux, lui-même est enlevé à la sortie du commissariat par les tueurs et emmené de force en Israël où commence la deuxième partie de l’histoire, mais chut, je vous laisse découvrir la suite…

Mon avis : sur le fond, le livre est un plaidoyer pour la paix entre Israël et la Palestine, en passant par la schizophrénie d’un jeune adolescent pour démontrer l’absurdité du conflit israëlo-palestinien. Le tout avec en toile de fond un tableau, Le mur de feu, d’Yves Klein, et un film, Nuit et brouillard d’Alain Resnais. Cela aurait été plutôt un bon roman s’il n’était desservi par une orthographe déplorable, qui bat presque le record de La mémoire mutilée de Mohamed Cherid. Sans parler de la syntaxe approximative, qui peut relever du « style », j’ai relevé les fautes que j’ai vues (plus facile dans le train que dans le bus…), il doit y en avoir bien d’autres… Et une question de fond, liée aussi à l’orthographe, la minuscule à « les palestiniens » ne les élève pas au rang de nation, propos pourtant sous-jacent au roman.

Les fautes que j’ai vues…

– prés pour près p. 67

– trait d’union manquant (ou parfois remplacé par une apostrophe) à peut-être (p. 60, 74, 80, 84, 88, 92, 106, 119, 131, 139, 158, 180), -moi, -tu, -il, -ils, elle, -elles, -vous, -nous (p. 52, 54, 61, 64, 75, 77, 88, 92, 94, 96, 128, 179, 190), au-dessus (p. 76, 152, 186, 188), là-bas (p. 74), -là (p. 85, 149, 173, 181), à des noms propres (p. 78, 156, 188), après-midi (p. 80)

– à l’inverse, il faut une apostrophe et non un trait d’union à grand’mère (p. 119)

– trait d’union et s manquant à suicide dans attentats-suicides p. 175

– il ne faut pas de x à nouveau-nés p. 168

– du au lieu de dû (ce qui change le sens…) p. 70, 87, 94

– i pour î dans connaît (p.29, 79), connaître (p. 110, 174), reconnaître (p. 35), reconnaîtrait (p. 40), paraît (p. 50), entraînant (p. 188), plaît (p. 69), fraîche (p. 85 deux fois, 104)

– Lot dans la Bible s’écrit Loth (p. 143)

– kamikaze et pas kamikazé p. 94, 172, 184

– majuscule au lieu de minuscule après deux points p. 61, 73, 74, 84, 93, 109,127, 130, 144, 172, 185

– minuscule au lieu de majuscule à État (ce qui change le sens…) p. 65

– un espace en trop après un trait d’union p. 165

– des virgules manquant à des incises (après orge p. 111, tradition p. 120)

– accords d’Oslo et pas accords Oslo en note p. 112

– au pluriel, garde-frontière est écrit tantôt gardes-frontière (p. 111, 119, 148), tantôt garde-frontières (p. 160), mais là, le pluriel est sujet à discussion, voir dans les commentaires de cet article des correcteurs du Monde

Un grand merci à Babelio et aux éditions Persée pour ce livre.

Logo rentrée littéraire 2012

Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Mikaël de Herman Bang

Couverture de Mikaël de Herman Bang

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Mikaël de Herman Bang, traduit du danois par Elena Balzamo, éditions Phébus, 2012 (première édition en 1904, réédition pour le centenaire de la mort de l’auteur), 241 pages, ISBN 9782752905765.

L’histoire : à Paris à la fin du 19e siècle. Eugène Mikaël, un jeune homme d’origine tchèque, est modèle du peintre Claude Zoret, qui le considère comme son fils adoptif. Claude Zoret reçoit beaucoup, mais n’expose plus à Paris depuis une mauvaise critique. Mikaël accepte d’être moqué (pour ses piètres talents de peintre notamment), de voir son corps nu exposé sur la toile à tous les visiteurs, mais aussi de déjeuner chaque jour avec le maître. Un jour, une princesse russe, Lucia Zamikov, se présente au domicile du maître pour qu’il réalise son portrait… Hésitant, il accepte, mais Mikaël tombe éperdument amoureux d’elle, s’éloigne du maître, dépense de plus en plus d’argent… jusqu’à ce qu’un « ami » informe Zoret de ce qui se passe…

Mon avis : lors de l’écriture de ce livre, l’histoire était à peu près contemporaine, alors que l’auteur a habité à partir de 1893 à Paris, a fréquenté Paul Verlaine et des peintres, notamment les nabis. Ceci est important, car cette relation du peintre à son modèle, aux marchands, à ses visiteurs (amis, flagorneurs, clients potentiels), relèvent d’expériences vécues par l’auteur. Le maître qu’il choisi ne fait pas partie de l’avant-garde de la peinture, à ce qui transparaît entre les lignes, il peint des scènes mythologiques sur ses grandes toiles… mais des femmes sur ses croquis, ou plutôt des femmes représentées par des parties de corps… Les princesses russes, à cette époque et encore plus après la Révolution de 1915, ont beaucoup fréquenté Paris, certaines ont aussi été modèles de peintre (voir l’exposition sur Misia, reine de Paris, au musée d’Orsay cet été 2012, et les études sur les égéries russes au début du 20e siècle). Une belle découverte, ce livre…

So shocking! de Alan Bennett

COuverture de So shocking! de Alan Bennett

Logo God save the livrepioche-en-bib.jpgIl est grand temps d’attaquer la deuxième saison du défi God save the livre, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici fin février 2013. J’ai trouvé le livre du jour à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions, j’ai eu envie de le lire après La Reine des lectrices qui m’avait laissé un bon souvenir l’année dernière.

Le livre : So shocking! de Alan Bennett, traduit de l’anglais par Pierre Ménard, collection Denoël et d’ailleurs, éditions Denoël, 2012, 235 pages, ISBN 978-2207112540.

L’histoire : le volume rassemble deux nouvelles qui se passent de nos jours dans des lieux assez indéterminés en Angleterre. Dans Mrs Donaldson sort du placard, Mrs Donaldson, tout juste veuve après une longue et pénible maladie de son mari, doit, contre l’avis de sa fille, prendre un petit boulot pour boucler ses fins de mois. Avec d’autres, elle doit jouer le rôle de la malade pour un groupe d’étudiants en médecine. Elle accueille aussi chez elle deux étudiants en location dans la chambre d’amis, mais quand ceux-ci ne peuvent pas payer le loyer, il lui font une étrange proposition: assister à leurs ébats amoureux… Dans Mrs Forbes reste à l’abri, cette mère a du mal à laisser partir de chez elle son fils Graham. Celui-ci, homosexuel qui a de brèves aventures tarifées, a décidé de se marier et a trouvé une riche mais laide épouse, Betty. Chantage de l’un de ses amants, relations de Betty avec son beau-père, Graham réussira-t-il à cacher son homosexualité à sa mère?

Mon avis : si l’humour anglais et déjanté de La Reine des lectrices m’avait plutôt plu (malgré quelques longueurs), je n’ai pas trouvé ces deux nouvelles drôles, pas « shocking », pour rebondir sur le titre, juste pathétiques… Deux familles de la classe moyenne anglaise, deux dames d’un certain âge en mal d’amour, sans doute, surtout l’échec du modèle anglais, sans protection sociale, qui oblige une veuve à trouver un travail à temps partiel et à louer sa chambre d’amis… Un prostitué homosexuel qui pratique le chantage et se révèle être un flic très populaire après son coming-out, cela n’est pas drôle non plus…

L’enfant improbable de Jeannine Poitau

Couverture de L'enfant improbable de Jeannine Poitau pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions.

Le livre : L’enfant improbable de Jeannine Poitau, éditions Les presses du Midi, 2011, 160 pages, ISBN 978-28127-0269-3.

L’histoire : à Paris et en proche banlieue, de nos jours. Clara et Jean, la cinquantaine bien tassée, habitent en proche banlieue et travaillent ensemble dans une maison d’édition parisienne en pleine crise à cause d’une restructuration. Leur fils Sylvain vit en couple avec Richard. Ces derniers leur demandent leur avis: ils veulent un enfant et hésitent entre le recours à une mère porteuse et l’adoption… conscients des obstacles liés à leur homosexualité. Parallèlement, Clara et Jean continuent leur vie avec leurs amis, invitent les uns à dîner, écoutent les doléances des autres au téléphone, au bureau… Une amie trop possessive a du mal à laisser sa fille vivre sa vie, d’autres s’inquiètent pour leur fils boiteux suite à un accident, etc. Seront-ils finalement grands-parents?

Mon avis : bof! Je pensais, comme le dit la quatrième de couverture, qu’il s’agissait d’un livre sur l’homoparentalité et l’adoption par les couples d’homosexuels, un sujet d’actualité… En fait, nous naviguons très lentement au fil des pages dans les états d’âme de Clara, la mère de Sylvain, un peu dans ceux de son mari, Jean… et plus dans leurs autres problèmes que dans celui qui est annoncé par le titre et la quatrième de couverture. Et une autre solution beaucoup plus simple, utilisée par des ami(e)s, n’est pas abordée ici: un couple de femmes et un couple d’hommes peuvent très bien faire aux yeux de la loi et de la société deux couples hétéro, chacun avec un enfant… et on a comme dans la réalité deux papas, deux mamans, deux enfants, qui vivent dans deux appartements voisins, en parfaite harmonie. Certes, la situation peut se compliquer sérieusement en cas de dispute ou de décès de l’un des parents. A ce qu’ils disent, la solution qu’ils ont choisie est loin d’être un cas isolé.

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson

Le puits de mon âme de CHOI In-Seok

Couverture de Le puits de mon âme de Choi In Seok pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre à la médiathèque parmi une sélection de livres en bout de rayons.

Le livre : Le puits de mon âme de CHOI In-Seok, traduit du coréen par Ko Kwang-dan et Éric Bidet, collection Regards croisés, éditions de l’Aube, 2007, 200 pages, ISBN 978-2-7526-0232-9.

L’histoire : trois nouvelles d’une soixantaine de pages. Le rivage du monde se passe à la campagne, vers 1990. Un couple, Chae-yeong et Yeong-su, se marie en grande pompe quand surviennent deux amis d’université de l’époux, Han Cheol-gyu et Li Gyeong-man. Ils ne se sont pas vus depuis huit ans et l’université. A l’issue de la soirée, au lieu de faire le voyage de noces prévu de longue date, Chae-yeong suit ses anciens amis, au grand désespoir de sa femme, surtout que cela tourne à la beuverie dans une chambre salle… Quel lien unit ces trois hommes?

Sous le pont du monde se passe dans une salle d’attente déserte où deux hommes attendent en buvant de l’alcool un bus qui n’arrive pas. D’un côté, un homme qui recherche l’homme qui l’a aidé après la mort de ses parents, grâce à qui il a pu aller à l’université, mais qui ensuite a fait 15 ans de prison pour espionnage. De l’autre, un soldat qui doute. Témoin de Jéhova, objecteur de conscience, il a été malmené physiquement et psychologiquement jusqu’à ce qu’il accepte de porter une arme et de devenir lui-même instructeur… Jusqu’au jour où s’est à son tour de soumettre un témoin de Jéhova par les mêmes méthodes…

Le puits de mon âme se passe dans une prison, huit hommes dans une cellule recréent une micro-société, travaux forcés à l’extérieur de la prison, trafics en tout genre et homosexualité (interdite et potentiellement sévèrement réprimée) à l’intérieur de la cellule.

Mon avis : j’ai moins aimé la troisième nouvelle, mais toutes les trois montrent une société coréenne (du Sud) marquée par la guerre avec le Nord, sans qu’elle soit vraiment mentionnée, la chasse aux dissidents (même pour quelques tracts) qui justifie la torture, la guerre qui justifie également la brutalité bestiale pour soumettre les objecteurs de conscience, quitte à ce qu’ils en meurent, une société qui se recrée en prison… jusqu’à pousser un des co-détenus au suicide. Une découverte surprenante pour moi, loin de l’image d’une Corée où la technologie triomphe, les enfants sont soumis à une forte pression pour réussir leurs études, tout en se défoulant aux jeux vidéos (cf. un reportage sur France 2 en ce début d’année 2011)… Certes, ces nouvelles se passent plutôt il y a une vingtaine d’années, mais quel décalage!

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Corée-du-Nord.