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Paris à tout prix de Reem Kherici (et la compagnie Carabosse à Poitiers)

Spectacle mouillé de la compagnie Carabosse, place d'Armes à Poitiers, 14 septembre 2013Samedi soir, nous avions prévu avec des amis d’aller assister à l’illumination de la place d’Armes à Poitiers par la compagnie Carabosse (revoir le spectacle de Parthenay-le-Vieux à l’occasion d’une nuit romane en 2011), un spectacle programmé par la ville dans le cadre des journées du patrimoine, mais la pluie insistante et ininterrompue de l’après-midi nous a amenés au cinéma… A la fin de la séance (au cinéma commercial à Buxerolles), nous nous sommes quand même aventurés en centre-ville, pluie plus légère, pas beaucoup de monde à 22h sur la place, certaines installations sont noyées, à l’arrière, les Marcel sont suspendus mais sans les bougies… Dommage.

La place d'Armes à Poitiers, 16 septembre 2013, salie par les installations de CarabosseLa soirée a laissé sur la place de larges traces de suie, étalées par la circulation des camions qui ont enlevé les installations… Un bon nettoyage va s’imposer, l’occasion peut-être d’enlever aussi les chewing-gums qui souillent la place ?

Façade de Notre-Dame-la-Grande, 16 septembre 2013, la pluie a en partie rincé l'éosineSeul bon point de ce déluge (34 mm samedi d’après météo France à la station de Poitiers-Biard, à comparer à la moyenne de septembre des 20 dernières années, 51 mm), la pluie a bien rincé l’éosine projetée la semaine dernière sur la façade de Notre-Dame-la-Grande par de stupides étudiants en médecine. Il en reste encore dans les pores des pierres, mais c’est beaucoup moins visible à l’œil nu. Le nettoyage par une société spécialisée (dissolution de ce qui reste et recueil dans des compresses, un peu la même méthode que celle utilisée il y a vingt ans pour retirer le sel de la pierre) doit commencer cette semaine.

Côté cinéma, nous avons opté pour une comédie, Paris à tout prix de Reem Kherici.

Affiche de Paris à tout prix de Reem KhericiLe film : de nos jours à Paris et Marrakech. Maya (Reem Kherici),vit à Paris depuis vingt ans. Elle a rompu ses relations avec son père, retourné vivre au Maroc alors que la mère se mourrait d’un cancer. A force de travail, elle a réussi  se faire une place en CDD dans une grande maison de couture dirigée par Nicolas (Stéphane Rousseau), qui la met en concurrence avec une autre styliste de sa maison pour décrocher un CDI à l’issue de la fashion week. Mais voilà qu’à la sortie d’une soirée bien arrosée avec Emma (Shirley Bousquet), sa meilleure amie infirmière, et son ami Firmin (Philippe Lacheau), elle est l’objet d’un contrôle de police, son titre de séjour est périmé depuis un an, elle est expulsée au Maroc près de Marrakech, retour chez sa grand-mère (Fatima Naji), avec son père (Mohammed Bastaoui) et son frère Traek (Tarek Boudali)… Arrivera-t-elle à rentrer à Paris à temps pour participer à la semaine de la mode?

Mon avis : une comédie légère, ça change après plusieurs films d’art et essai (revoir ces dernières semaines Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières, Grand central de Zlotowski Rebecca et Gare du Nord de Claire Simon). La critique a parlé d’un film plein de clichés, mais j’ai passé un bon moment dans ce milieu impitoyable de la mode, avec quelques passages savoureux (la pauvre stagiaire, le travail des petites mains), et une manière d’aborder sans en avoir l’air la question des origines, le retour au pays, l’argent « pas envoyé » au pays, contrairement aux codes, et peu à peu la réappropriation de l’identité, des identités plutôt… A voir s’il passe encore près de chez vous (il est sorti depuis un moment) ou attendre sa sortie en DVD ou à la télévision…

Gare du Nord de Claire Simon

Affiche de Gare du Nord de Claire SimonDimanche, je n’ai pas que photographié des voitures mal garées sur le trottoir, 7 avant la séance et 11 après… J’ai aussi vu Gare du Nord de Claire Simon à la séance de 11h 😉

Le film : de nos jours dans la gare du Nord à Paris, entre les quais du RER, des grandes lignes, de l’Eurostar, les couloirs, les boutiques. Des passagers pressés, des vigiles, des employés de la SNCF, des boutiques, des SDF, des dames pipi… Dans cette foule, quatre personnages, Ismaël (Reda Kateb), fils d’immigré, étudiant en sociologie (son sujet est la gare), qui remplit des questionnaires de la RATP pour vivre, Mathilde (Nicole Garcia), à qui il a fait remplir un de ces questionnaires, professeur d’histoire à Paris I, en traitement pour une grave maladie, Sacha (François Damiens), un comique belge qui cherche sa fille disparue dans la gare, Joan (Monia Chokri), une ancienne étudiante de Mathilde, qui habite à Lille mais est agent immobilier à Paris…

Mon avis : je suis assez déçue par ce film, peut-être qu’il manque de profondeur? Le mélange de la fiction entre les quatre personnages « fil rouge » et les vues de la gare grouillante de « vrais » usagers n’a peut-être pas bien pris, les entretiens de l’apprenti sociologue sont peut-être trop artificiels, la relation entre lui et la professeure d’histoire trop improbable? Je n’ai pas bien compris l’insertion de faits « fantastiques » ou oniriques, horloge qui remonte le temps, disparition de personnes ou du texte sur la page de garde de La promesse de l’aube de Romain Gary.

La gare du Nord, je l’ai beaucoup fréquentée lorsque je faisais mes études à Paris et rentrais le week-end dans le Nord, deux bonnes heures en train corail pour Douai, le TGV n’était pas encore en service, encore moins l’Eurostar, mais c’était déjà une gare très fréquentée, avec des tas de croisements, de couloirs pour aller du RER aux quais des grandes lignes. Désormais, je l’évite, le TGV direct Poitiers-Lille contourne Paris.

Grand central de Rebecca Zlotowski

Affiche du film Grand central de Rebecca ZlotowskiNouvelle sortie cinéma avec le film de Rebecca Zlotowski, Grand central [de la même réalisatrice, voir aussi Planétarium].

Le film : de nos jours dans la centrale nucléaire de Cruas-Meysse (quatre réacteurs nucléaires) dans la vallée du Rhône en Ardèche. Gary (), gamin attardé (la petite trentaine, il est né en 1984) de la banlieue lyonnaise, erre de petit boulot en petit boulot quand il est embauché sans grande difficulté par une entreprise sous-traitante du nucléaire. Après une brève « formation », il est intégré dans une équipe dont il partage aussi la vie au camping du coin avec Toni, le quadra stérile (Denis Ménochet, il a pris trop de « dose » radioactive?), Karole (), l’amie avec laquelle il doit bientôt se marier, Gilles (), l’aîné du groupe, désabusé par ce sale boulot. Les intérimaires se retrouvent à réaliser les tâches qu’il vaut mieux ne pas confier aux permanents d’EdF (mieux payés, moins exposés à la radioactivité, parking à part, électricité gratuite, dixit le film). Sur fond de course à éviter de prendre trop de rayonnement radioactif (surtout synonyme de fin du boulot), avec la complicité des dirigeants de la société sous-traitante pour traficoter les résultats des dosages, Gary tombe amoureux de Karole…

Mon avis : deux aspects dans ce film, l’histoire d’amour entre Karole et Gary, ou plutôt Gary et Karole, car on peut se demander si cette dernière ne s’est pas engagée avec lui uniquement pour trouver un « donneur de sperme » qui pourrait suppléer à la défaillance de Toni, l’amour de sa vie devenu stérile, probablement suite à une trop grande exposition à la radioactivité. Le deuxième est une dénonciation somme toute soft et pas militante des conditions de travail dans le nucléaire, l’abus d’emplois d’intérimaires bien pratiques puisque leur exposition aux doses est plus discrète, ils finiront par disparaître dans la nature… Et ne croyez pas que c’est une vue de l’esprit, cela a été l’objet de plusieurs reportages en France, et actuellement à Fukushima (voir cet article du Monde sur la nouvelle fuite en cours, avec de nombreux liens utiles pour comprendre ce qui se passe), Tepco recoure aux mêmes méthodes (voire pire: les dosimètres individuels ne sont pas seulement cachés, certains ont avoué avoir été contraints de les planquer sous des plaques de plomb pour qu’ils n’enregistrent pas la radioactivité). , découvert dans Un prophète de Jacques Audiard, est vraiment excellent, comme , que j’avais bien aimé aussi dans L’enfant d’en haut de Ursula Meyer. La partie bricolage et défaut de sécurité des intérimaires du nucléaire est traitée par suggestions que je trouve très efficaces: elles devraient amener les spectateurs « non militants » à se poser des questions de manière peut-être plus douce que les films militants, finalement vus plus par des militants déjà convaincus que par ceux qui auraient intérêt à comprendre ce qui se passe dans nos centrales, où les incidents de niveau 0 et 1, liés le plus souvent à des non-respects des procédures de sécurité se multiplient année après année, dénoncés rapports après rapports par l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) sans qu’aucune mesure ne soit prise sur le long terme. EdF sera-t-il enfin contraint d’assumer les risques et d’embaucher en direct ce sous-prolétariat du nucléaire, qui prend la plus grande partie des doses radioactives et sans suivi médical à long terme?

Pour aller plus loin : EdF n’a bien sûr pas autorisé le tournage à l’intérieur de l’une de ses centrales nucléaires « si sûres » (revoir ma centrale nucléaire préférée (Civaux), construite sur le karst, ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne, une fuite de tritium en janvier 2012, etc.) de tels manquements à la sécurité, le film a donc été tourné en Autriche, sur le Danube, dans la centrale nucléaire de Zwentendorf… la seule centrale nucléaire autrichienne, construite à une cinquantaine de kilomètres de Vienne, et jamais mise en service suite à un référendum en 1978! Elle se visite depuis 2010 et sert aussi à des tournages…

A titre personnel, je me suis engagée avec Enercoop un fournisseur plus cher… quoi que, à force, il va finir par être moins cher, puisque nous payons de l’énergie sans apport du nucléaire, payée au juste prix de la production, visitez leur site, si vous ne souhaitez pas sauter le pas de changement de fournisseur d’énergie, actuellement, vous pouvez aussi participer à « l’aventure » en finançant de nouvelles unités de production d’énergie non nucléaire (biomasse, solaire, éolien, etc.)…

Cinéma : Michael Kohlhaas de Arnaud des Pallières

Affiche de Michael Kohlhaas de Arnaud des PallièresSortie cinéma dimanche avec Michael Kohlhaas de Arnaud des Pallières, adapté d’une nouvelle de Heinrich Von Kleist parue en 1810.

Le film : dans les Cévennes au début du 16e siècle. Marchand de chevaux d’origine allemande, Michael Kohlhaas (Mads Mikkelsen) est bloqué au passage d’une rivière par un baronnet local (Swann Arlaud) qui veut lui faire payer un péage pour passer avec ses chevaux. A défaut, il retient ses deux meilleurs bêtes, il laisse son valet et poursuit sa route pour vendre ses bêtes. A son retour, son valet a été chassé après avoir été mordu par les chiens, les chevaux sont en mauvais état, soumis à un dur labeur, Michael Kohlhaas tente de porter plainte à la cour de Marguerite de Navarre (de Valois / Roxane Duran), sœur de François Ier, mais le baronnet a ses entrées à la cour et échappe à la justice. Judith (Delphine Chuillot), l’épouse de Michael Kohlhass, tente d’aller plaider leur cause à la cour, elle revient mortellement blessée. Mettant sa fille, Lisbeth (Mélusine Mayance), temporairement à l’abri, Michael Kohlhass décide de se faire justice lui-même, vend ses terres à son voisin, lève une troupe hétéroclite et part en guerre…

Mon avis : un film lent, mais très beau, avec un travail magnifique sur les visages, les clairs-obscurs, mais aussi sur les extérieurs, les paysages grandioses, les chevaux superbes. Le tout sur fond de protestantisme, avec l’intervention de Luther lui-même, comme médiateur de la paix de la part de la princesse (c’est Luther, Kohlhass dit qu’il lit une traduction de sa Bible, mais c’est Calvin qui fréquente quelques années plus tard Angoulême et sa région). La loi du talion, éternelle question de l’histoire des hommes, mais le film est beaucoup moins violent que ne pourrait le laisser penser la bande annonce que j’avais vue avant Les salauds de Claire Denis. N’hésitez pas à aller voir ce film!

Pour aller plus loin : (re)voir la statue de Marguerite de Valois à Angoulême.

Les salauds de Claire Denis

Affiche de Les salauds de Claire DenisCela faisait un moment que je n’étais pas allée au cinéma… Une interview entendue à la radio de  m’a décidée à aller voir le dernier film de Claire Denis (je vous ai déjà parlé de White Material), Les salauds, présenté au dernier festival de Cannes (2013) dans la sélection Un certain regard.

Le film : à Paris, de nos jours. Un homme est étendu sur la chaussée au pied de son immeuble, une jeune fille erre nue dans les rues… Marco Silvestri () reçoit un appel à bord du supertanker qu’il dirige (et abandonne…): sa sœur Sandra (Julie Bataille) l’appelle à l’aide, son mari vient de se suicider, sa fille Justine (Lola Créton) : a disparu (retrouvée avec des lacérations aux poignets et au vagin), l’entreprise en faillite, elle accuse Édouard Laporte (Michel Subor) d’être à l’origine de ce naufrage. Marco décide de louer un appartement au-dessus de chez l’amante de ce dernier, Raphaëlle (), pour assouvir sa vengeance.

Mon avis : Un film terrible, très noir et qui ne fait rien pour être sympathique. Justine, mineure, a été droguée, violée, livrée par son père à son créancier pour éponger ses dettes, sans doute avec la complicité de la mère qui est en plein déni. Une manière de filmer (abus de gros plans sombres et flous, je trouve) et une musique (des Tindersticks, avec qui Claire Denis travaille pour la plupart de ses films) qui rendent certains passages insoutenables, une fin encore plus noire que le reste du film… A voir seulement si vous avez le moral bien accroché et autre chose à faire après pour vous changer les idées à la sortie de la salle de cinéma (évitez la dernière séance!).

Struck de Brian Dannelly

Affiche de Struck de Brian DannellyIl me restait un ticket du cinéma commercial à utiliser avant fin juin, je suis allée voir le seul film qui passait en ville et qui me semblait « visible »…

Le film : de nos jours aux États-Unis. Un étudiant est foudroyé sur un parking. Retour en arrière… Carson Phillips (Chris Colfer, qui a aussi écrit le scénario) vit avec sa mère alcoolique et dépressive (Sherril, Allison Janney). Il suit des cours dans un lycée pas très côté, le Clover High School, et vise une grande université où il veut faire des études de journalisme. Pour y arriver, il tient le journal du lycée et bientôt, suite à un entretien avec la conseillère d’orientation, un magazine littéraire. Mais il n’y a que Malerie Baggs (Rebel Wilson), jeune fille obèse toujours cachée derrière une caméra, qui souhaite participer. Il va exercer un chantage sur ses autres camarades pour qu’ils lui fournissent des textes…

Mon avis : bof… pas mal pour réviser son anglais (vu en VO), à part ça, ce film n’a pas éveillé mon intérêt. Des adolescents un peu perdus, un père absent, une mère dépressive, un lycéen qui tente de s’en sortir par lui-même, rien de bien original. Quant au foudroiement du héros, au début et à la fin du film, je n’ai pas saisi le message…

Le passé, d’Asghar Farhadi

Affiche de Le Passé, d'Asghar FarhadiFoule des grands jours à la séance de 16h30 lundi au TAP Castille à Poitiers (trois salles d’art et essai louées au cinéma commercial, depuis la fermeture de l’ancien théâtre, pour lequel la lutte continue depuis la parodie de concertation, réunion d’information ce soir 22 mai 2013 au Plan B, grande fête /manifestation programmée le 15 juin 2013).

Il faut dire qu’avec la pluie insistante, que faire d’autre qu’aller au cinéma? En plus, le lundi, c’est 5 € pour tout le monde. Le tableau d’affichage indiquait qu’à la séance de 16h pour Hannah Arendt, de Margarethe Von Trotta, il restait… 3 places! Il y avait un peu moins de monde pour Mud, de , sorti déjà depuis un moment. J’ai donc choisi de voir Le passé, d’, qui vient de sortir et est présenté en ce moment au festival de Cannes. Vous pouvez revoir mes avis sur ses autres films, Le client, Une séparation et Les enfants de Belle Ville.

Le film : de nos jours à Sevran en banlieue parisienne (une petite maison au ras de la ligne du RER) et à Paris. Ahmad (Ali Mosaffa) débarque de Téhéran après quatre ans d’absence: Marie (Bérénice Bejo), son épouse française qui travaille dans une pharmacie parisienne, veut régulariser leur divorce, elle est enceinte de Samir (), le patron du pressing voisin de son lieu de travail, avec qui elle a une relation depuis quelques mois, mais qui ne peut pas divorcer de sa femme, dans le coma depuis huit mois après une tentative de suicide. Les deux enfants de Marie, issus d’un premier mariage (le père a refait sa vie à Bruxelles), la petite Léa et Lucie (Pauline Burlet), l’adolescente rebelle, et Fouad (Elyes Aguis), le fils de Samir, semblent vivre difficilement cette situation. Pourquoi les relations entre Samir et Lucie sont-elles aussi tendues?

Mon avis : la presse présente ce film comme un film intimiste sur la séparation, le divorce, la famille recomposée, j’y ai surtout vu un film sur le suicide (6 ans après le suicide de ma mère, je peux enfin voir ce type de film sans fuir la salle, mais si j’avais connu ce thème avant, je n’y serai sans doute pas allée) et les remords des proches (pourquoi? qu’est-ce que j’ai fait ou pas?), les secrets de famille. Le jeu de tous les acteurs est excellent, les adultes bien sûr (Ali Mosaffa, Bérénice Bejo, ), mais aussi les enfants, surtout Elyes Aguis (Fouad), et Pauline Burlet (Lucie) qui à 17 ans montre des talents exceptionnels. La photographie est très soignée, les scènes d’intérieur dans la maison de Sevran dégagent une ambiance tout à fait adaptée au film, avait déjà montré son talent pour les scènes intimistes dans Une séparation et Les enfants de Belle Ville (les scènes chez le père de la victime notamment). A voir absolument, je lui souhaite de recevoir une récompense à Cannes… ou lors de prochains festivals, et surtout de trouver son public!

PS: Bérénice Bejo a reçu le prix de la meilleure actrice pour ce film au festival de Cannes 2013.

Festival Télérama 2014:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus dans le cadre du festival

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

– les films que je n’ai pas vus

  • Le Géant égoïste de Clio Barnard
  • A touch of Sin de Jia Zhang Ke
  • Snowpiercer, Le Transperceneige de Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky

Sous surveillance de Robert Redford

Affiche de Sous surveillance de Robert RedfordAvec la météo frisquette et grise, j’ai renoncé à la promenade et au jardin dimanche, et préféré aller au cinéma voir Sous surveillance de (et avec) Robert Redford (en V.O.), adapté du roman de Neil Gordon, The Company You Keep (que je n’ai pas lu).

Le film : de nos jours aux États-Unis. Alors qu’elle avait décidé d’aller se rendre à New-York, une mère de famille apparemment sans histoire (Susan Sarondon) est arrêtée dans une station service: elle était sous surveillance. Il s’agit en fait de Sharon Solarz, une ancienne militante d’extrême-gauche qui, avec le groupe Weather Underground, a revendiqué en 1969 une série d’attentats pour protester contre la guerre du Vietnam, série qui s’est achevée par un braquage dans lequel un policier a été abattu. Le groupe s’était alors dispersé et avait disparu dans la nature. Un jeune journaliste local, Ben Shulberg (Shia LaBeouf), dont le journal est à la peine, est sommé de trouver des informations s’il veut garder son poste. Très vite, il s’intéresse à Jim Grant (Robert Redford), un avocat veuf depuis un an et qui élève sa fille de 11 ans. Il se rend vite compte qu’il s’agit en fait de Nick Sloan, autre membre du groupe qui est accusé d’être le tireur lors du braquage mais s’en défend… Ce dernier réussit in extremis à échapper à la police et repart dans la clandestinité… à la recherche des autres camarades de l’époque… A ses trousses, le journaliste… lui-même poursuivi par le FBI.

Mon avis: un polar politique bien mené… Il commence avec un rythme soutenu, puis on entre plus lentement en profondeur, au fur et à mesure de l’apparition des anciens activistes, dont certains ont refait une vie respectable, d’autres (Mimi Lurie, jouée par Julie Christie) ont gardé leur idéaux et poursuivi le combat sur d’autres causes. Les paysages de la traque à la frontière nord des États-Unis sont superbes… alors certes, les amateurs de films d’action trouveront sans doute que ça manque de rythme à la fin, mais justement, ce calme permet d’accentuer le décalage entre la fin des années 1960 et aujourd’hui, l’évolution des personnages dans le temps, le sens (ou le non-sens) d’une traque de 30 ans…

Mud de Jeff Nichols

Affiche de Mud de Jeff NicholsAvec les giboulées, hier, je suis allée au cinéma, voir un film tout juste sorti, Mud, sur les rives du Mississipi, de , cinéaste que j’avais découvert il y a quelques mois avec Take shelter dans le cadre du festival Télérama 2013.

Le film : à DeWitt en Arkansas, au bord du Mississipi et des bayous. Deux gamins de 14 ans, Ellis (Tye Sheridan) et Neckbone (Jacob Lofland), l’un vit avec ses parents, l’autre avec son oncle, tous deux les aides à la pêche, et ont surtout une vie très libre. Ils viennent d’apprendre que sur une île voisine, un bateau est perché dans les arbres depuis la dernière tempête. Arrivés sur place, ils s’aperçoivent que le bateau est déjà occupé par un homme, Mud (Matthew McConaughey), flingue aux reins et serpent tatoué sur le bras… Il est recherché par la police (et la famille de sa victime) pour avoir tué le dernier amant violent de son amie, Juniper (Reese Witherspoon). Il demande aux adolescents de l’aide pour réunir du matériel et quitter l’île sur le bateau.

Mon avis : j’avais un peu peur de voir un film qui casserait la vision magique des bayous de Dans la brume électrique de Bertrand Tavernier. l’ambiance est très différente, mais j’ai adoré ce film. Décidément, ce jeune (34 ans) réalisateur qu’est Jeff Nichols a un don pour filmer la nature, les tornades dans Take shelter, le Mississipi et les bayous ici. Le conte initiatique, les deux adolescents qui découvrent le monde des adultes et l’amour, n’est qu’un prétexte au service d’un très beau film, que j’ai préféré à Take shelter.

La maison de la radio de Nicolas Philibert

Affiche de La maison de la radio de Nicolas PhilibertVendredi soir, Nicolas Philibert était à Poitiers au Tap cinéma (Castille) pour une projection et débat autour de son dernier film, La maison de la radio.

Le film : au fil des mois (très peu de repères d’actualité, juste le tsunami au Japon et le printemps arabe, comme en passant), une immersion au sein de la maison de la radio à Paris, France Inter, France Info, France bleue, France Culture, le garage, la popote, les couloirs, quelques reportages, la fabrication d’une dramatique, la construction d’un journal…

Mon avis : avant la projection, Nicolas Philibert a prévenu, ce n’est pas la peine de demander pourquoi il n’y a pas telle émission… Il a dû faire des choix dans ses rushs! Il n’y a pas non plus d’images sur la direction de la radio. J’ai adoré ce film qui montre le grand professionnalisme des équipes, ceux que l’on entend à l’antenne et ceux dont on n’entend que les noms au générique, je mets maintenant un visage à « Jésus Cabrera, [remercié] pour le petit café du matin ». Deux fils rouges reviennent tout au long des séquences, la fabrication d’une dramatique pour France Culture et le « bocal » de France Inter, où les dépêches et les reportages qui arrivent sont triés et hiérarchisés. Je vous laisse découvrir par vous-même en salle tous ces petits morceaux qui font les antennes de Radio-France, les habitudes de chacun, qui écrit ses papiers à l’ordinateur et les rature, qui les écrit à la main… et laquelle les tape en stéréotypie et les lit sur une tablette braille (grosse surprise pour moi, je ne savais pas cette journaliste aveugle)… Vous verrez aussi des petites pépites, le bureau de Frédéric Lodéon, Jean-Bernard Pouy (créateur du Poulpe, je vous ai parlé de 1280 âmes) qui avait prévu des pommes de terre (en avait-il déjà épluché avant?) pour la minute de silence de Rebecca Manzoni, une répétition du chœur de radio France avec une étonnante leçon de diction allemande… Un film au rythme soutenu, juste des images et des sons pris sur place, pas de commentaire en voix off.

Dans la discussion, Nicolas Philibert a assumé ses choix: exit l’open space de France Info trop difficile à filmer, pas de sous-titrage indiquant qui est qui, l’important, ce sont les voix et la construction du son. Il regrette l’uniformisation des antennes, que l’on distingue de moins en moins l’empreinte sonore caractéristique de chaque antenne. Le son est vraiment au centre de ce film… A ne pas rater, à voir au cinéma sans attendre une diffusion à la télévision!