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Yeruldelgger de Ian Manook

Logo du défi rentrée littéraire 2013 chez HérissonLogo de pioché en bibliothèqueCouverture de Yeruldelgger de Ian ManookJ’ai profité de mon nouveau joujou (visio-agrandisseur maison) pour attaquer mon premier gros pavé en lecture normale depuis presque un an. Quoique la MDPH pense que lire un livre tronçonné en 10 pages deux ou trois fois par jour soit largement suffisant comme autonomie, j’ai savouré le fait de pouvoir lire tranquillement comme avant, une heure de 6h30 à 7h30 au lit le matin! (puis pause visuelle pour ne pas voir double en arrivant au bureau à 9h). J’ai choisi Yeruldelgger de Ian Manook, emprunté à la médiathèque, qui a reçu plusieurs prix littéraires (polar historique à Montmorillon, quoique ce soit un polar contemporain!, prix du polar SNCF, prix des lectrices Elle policier) et peut aussi entrer dans la rentrée littéraire 2013 organisé par Hérisson jusque fin juillet 2014 (après, nous passerons à la rentrée littéraire 2014).

Le livre: Yeruldelgger de Ian Manook, éditions Albin Michel, 2013, 542 pages, ISBN 9782226251947.

L’histoire: de nos jours à Oulan-Bator. Trois chinois puis deux prostituées occasionnelles mongoles sont retrouvées assassinées. Le commissaire Yeruldelgger est appelé à 3h de route de là, des nomades ont retrouvé le corps d’une petite fille blonde, enterrée avec son tricycle. L’autopsie révèle qu’elle a été percutée par un véhicule et enterrée encore vivante il y a environ cinq ans. Pourquoi ses parents n’ont pas signalé sa disparition? Hanté par l’enlèvement de sa propre fille et son meurtre, puis sa femme qui a sombré dans la folie, le commissaire promet au vieux nomade de tout faire pour accompagner l’âme de cette enfant inconnue. En enquêtant sur les premiers meurtres, il tombe sur un groupe néonazi, sa deuxième fille semble impliquée et se retrouve gravement brûlée dans les tunnels de canalisation d’eau chaude… Entre intérêts économiques (chinois, coréens), son propre beau-père gros propriétaire terrien, police corrompue, viols, meurtres, trafic de quads, l’enquête s’annonce pleine de rebondissements!

Mon avis: l’intérêt de ce polar réside surtout dans l’analyse de la vie mongole, le heurt entre les yourtes et les constructions en béton, la tradition et les paraboles qui amènent les experts au fin fond de la steppe (et ont sans doute permis de préserver des indices!). Au rayon des traditions, la médecine traditionnelle, l’utilisation de la graisse d’ours vieille de 20 ans pour cicatriser, d’autres onguents. La cuisson des marmottes. Je connaissais les galets chauffés pour faire bouillir de l’eau dans une fosse, mais la, c’est autrement raffiné! Après avoir étripé la marmotte, des galets chauds sont introduits dans son ventre, recousu, et les chairs cuisent doucement par le chaud intérieur et le feu doux à l’extérieur. Je n’ai pas vérifié si ça existait vraiment. Mais un détail a jeté un doute, à la fin… Page 537: « magnifiques chevaux blancs de Przewalski ». En tant que préhistorienne, ces chevaux directement issus des chevaux paléolithiques (c’est une espèce séparée du cheval, Equus przewalskii contre Equus caballus) ne sont pas blancs mais resplendissent d’une belle robe isabelle beau marron fauve (voir cet article grand public sur l’ADN du cheval de Pržewalski, avec le petit v diacritique, ou háček, sur le Z, qui manque dans le livre, ou cheval de Prjevalski, le ž se prononçant j et le w, v).

Le monument à Washington à Paris

Paris, monument à George Washington, de face et de profilC’était hier (4 juillet) le jour de la fête nationale des États-Unis, j’ai choisi de vous présenter le monument à George Washington (héros de l’indépendance et premier président des États-Unis), place d’Iéna, …

Paris, musée Guimet et monument à Wahington, carte postale ancienne… devant le musée Guimet à Paris (ici sur une carte postale ancienne). Il regarde vers l’avenue Wilson (vers le musée d’art moderne de la ville de Paris) et tourne le dos à la statue équestre du maréchal Foch, en haut de l’avenue, devant le Trocadéro.

Paris, monument à George Washington, signature des sculpteursLa statue en bronze porte la signature « Daniel C. French – Edward C. Potter – Sculptors ». Daniel Chester French (Exeter, New-Hampshire, 1850 – Concord, Massachusettes, 1931) est surtout connu pour le monument à Abraham Lincoln au Lincoln Memorial de Washington. Edward Clark Potter (1857 – 1923) a notamment réalisé les allégories de la Bibliothèque publique de New-York.

Le monument, dédié à « Washington / February, 22 1732 / December, 14 1799 » et, selon l’inscription portée sur le côté du piédestal, a été « Offert par les femmes des États-Unis / d’Amérique en mémoire de l’amitié et / de l’aide fraternelle données par / la France à leurs pères pendant leur / lutte pour l’indépendance ». Il a été inauguré le 3 juillet 1900.

Paris, monument à George Washington, la statue des deux côtés
Il s’agit d’une statue équestre très classique posée sur un haut socle, gare aux voitures pour s’approcher. George Washington, dans son grand uniforme de soldat (officier) est représenté à cheval, brandissant son sabre de la main droite. Le cheval semble avancer doucement, levant sa patte avant droite.

Paris, monument à George Washington, détail de Wasington et de la tête du cheval

Les détails de Washington et du cheval sont très réalistes, relevant plus de la tradition du 19e siècle que de la sculpture « moderne » du début du 20e siècle.

Photographies d’octobre 2010

Le monument aux morts place du Trocadéro (cimetière de Passy) à Paris par Landowski

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, vue générale avec le mur du cimetièreJe poursuis cette semaine d’avant le 11 novembre (retrouvez d’autres monuments aux morts sur cette page) avec le monument dédié « A la gloire de l’armée française / 1914-1918 » apposé sur le mur du cimetière de Passy, en marge de la place du Trocadéro à Paris. Il est l’œuvre de Paul Landowski (Paris, 1875 – Boulogne-Billancourt, 1961), dont je vous ai déjà parlé pour le monument à Émile Combes à Pons. Pour en savoir plus sur cet artiste, voir le site qui lui est consacré ou le musée des années 1930. Ce monument a été inauguré en mai 1956 et devait, à l’origine, être prolongé de chaque côté tout le long du mur par une frise représentant l’armée française (voir le projet), remplacée par les inscriptions « à nos héros » et « à nos morts ». Il est réalisé en pierre de Chauvigny… ce que Landowski regrette pour la sculpture le 20 janvier 1956: « Dommage que ce ne soit pas en Vilhonneur. Le Chauvigny ne permettra pas de serrer la forme comme il faudrait« . Les deux calcaires sont … charentais pour le premier, de la Vienne pour le second!

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, signature des architectesJe n’ai pas trouvé la signature de Landowski (il faut dire que la crasse qui recouvre le monument n’aide pas), mais j’ai repéré celle des architectes : « A Drouet, J. Derudder / P. Tabon architectes ». J’ai essayé de reconstituer dans ce document (voir ) les extraits du journal de Paul Landowski qui concerne ses multiples avancées, réflexions, modifications. Au fil des mois, il hésite, n’est pas satisfait de son travail…

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, dédicaceAinsi que l’explique l’inscription, ce monument a été « érigé par le comité national / du monument à l’infanterie / fondé en 1936 devenu en 1951 / le comité national du monument / à la gloire de l’armée française / 1414-1918 ».

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, le groupe sculptéLa composition s’organise autour d’une allégorie féminine (l’armée française) tenant de sa main droite une épée pointée vers le bas et dans sa main gauche un bouclier dont l’ornementation lui a donné beaucoup de mal, il a testé énormément de motifs (voir son journal mis en ligne, j’ai essayé d’extraire dans ce document ce qui concerne le Trocadéro). Il est plus ou moins parti d »un motif plutôt ornemental, symbole d’une sorte de Persée terrassant le dragon« , testé sur la maquette (journal, 29 juillet 1954). Mais il hésite, change, essaye Liberté, égalité fraternité le 30 août 1954, revient au projet initial. En décembre 1955, sur le chantier même, il hésite encore « Je mijote autour de Jeanne d’Arc et des soldats de Charles Martel et des soldats de l’an II« . Puis le 5 janvier 1956: « Mais j’ai enfin trouvé le bouclier qui portera au recto une image de Jeanne d’Arc. Le fond représente la bataille archi séculaire des champs Catalauniques« . Le 20 janvier, il décide de refaire le bouclier : « Bien que toute petite, Jeanne d’Arc prendra tout son sens symbolique. Au-dessus, la bataille des champs Catalauniques, au-dessous les soldats de l’an II (Valmy, Jemmapes)« . Le 27 janvier, il en parle encore « j’ai travaillé à la Jeanne d’Arc du bouclier. Cette composition de plus en plus heureuse. C’est ce qu’on peut appeler élever le débat. Avec ce petit détail, j’étale le sujet. C’est l’armée française reliée aux temps mérovingiens, c[‘est]-à-d[ire] aux temps où s’est forgée la France, au temps où la France est devenue une patrie (Jeanne d’Arc), au temps où la France est devenue le symbole de la Liberté (quatre-vingt-treize). La guerre de 1914-18 a été son apogée« .

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, la partie centraleElle est encadrée par des soldats des différentes armes, y compris un spahi des troupes coloniales sur son cheval, et non uniquement de l’infanterie comme prévu au départ par le comité pour l’édification du monument.

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, partie gaucheA gauche, un sapeur avec sa tenue complète (y compris une semelle de chaussure qui dépasse de son sac à dos) et sa pioche.

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, partie droiteA droite, une femme soutient un soldat mourant (déjà mort?) dénudé.

Photographies d’octobre 2010.

PS: voir des extraits du journal de Paul Landowski au fur et à mesure de l’avancée de ce monument

La femme à l’écharpe, de Madeleine Chapsal

pioche-en-bib.jpgCouverture de La femme à l'écharpe, de Madeleine ChapsalCela faisait un moment que je souhaitais découvrir cette auteure, le hasard d’un livre mis en valeur à la médiathèque a été l’occasion de franchir le pas…

Le livre : La femme à l’écharpe de Madeleine Chapsal, éditions Fayard, 2007, 216 pages, ISBN 978-2213627199.

L’histoire : été 2003 [l’année n’est pas citée, mais quelques indices, il fait chaud, Paris a un nouveau maire depuis peu et surtout Laurent Pagny chante Ma liberté de penser], à Paris et Saintes en Charente-Maritime. Mona, jolie femme très parisienne, est à Saintes où elle doit ranger et mettre en vente la maison de ses grands-parents, où son père, également très parisien, était venu finir sa vie à 80 ans et est mort récemment, l’argent lui servira à acheter avec Max, son mari depuis huit ans, un plus grand appartement à Paris. Au marché, elle achète des fagots de serments de vigne, la marchande les lui fait livrer par Laurent Verdier, un éleveur de chevaux qui passe devant chez elle. De retour à Paris, retour à la vie parisienne, restos chics, théâtre… Retour à Saintes pour la vente, à laquelle elle a du mal à se résoudre, Laurent Verdier lui propose d’acheter lui la maison pour une tante, elle pourrait ainsi toujours y revenir. Au retour à Paris, plus rapide que la date prévue, elle découvre que son mari la trompe avec sa secrétaire… et se réfugie dans la vieille maison.

Mon avis : un roman rapide à lire… sans grande surprise, le riche mari dominateur mais attentionné, qui trompe « naturellement » sa femme soumise qui finit par se rebeller, l’éleveur de chevaux à la vie simple…

Une escapade dans un restaurant proche de Saintes, à Taillebourg, un village qui pour moi a plutôt un écho archéologique avec ses nombreux bateaux trouvés dans le fleuve Charente, sur les communes de Taillebourg et Port-d’Envaux (suivre le lien pour l’article de Jean Chapelot et Eric Rieth, L’archéologie des fleuves et des rivières, une thématique de recherche originale : l’exemple du fleuve Charente, Actes du Quatrième congrès international d’archéologie médiévale et moderne, 3-8 septembre 2007), une épave Viking y a aussi été trouvée (voir la synthèse tout juste parue, Archéologie et histoire du fleuve Charente Taillebourg – Port d’Envaux : une zone portuaire du haut Moyen Âge sur le fleuve Charente, sous la direction de Annie Dumont et Jean-François Mariotti, aux presses universitaires de Dijon, 2013).

Cinéma : Michael Kohlhaas de Arnaud des Pallières

Affiche de Michael Kohlhaas de Arnaud des PallièresSortie cinéma dimanche avec Michael Kohlhaas de Arnaud des Pallières, adapté d’une nouvelle de Heinrich Von Kleist parue en 1810.

Le film : dans les Cévennes au début du 16e siècle. Marchand de chevaux d’origine allemande, Michael Kohlhaas (Mads Mikkelsen) est bloqué au passage d’une rivière par un baronnet local (Swann Arlaud) qui veut lui faire payer un péage pour passer avec ses chevaux. A défaut, il retient ses deux meilleurs bêtes, il laisse son valet et poursuit sa route pour vendre ses bêtes. A son retour, son valet a été chassé après avoir été mordu par les chiens, les chevaux sont en mauvais état, soumis à un dur labeur, Michael Kohlhaas tente de porter plainte à la cour de Marguerite de Navarre (de Valois / Roxane Duran), sœur de François Ier, mais le baronnet a ses entrées à la cour et échappe à la justice. Judith (Delphine Chuillot), l’épouse de Michael Kohlhass, tente d’aller plaider leur cause à la cour, elle revient mortellement blessée. Mettant sa fille, Lisbeth (Mélusine Mayance), temporairement à l’abri, Michael Kohlhass décide de se faire justice lui-même, vend ses terres à son voisin, lève une troupe hétéroclite et part en guerre…

Mon avis : un film lent, mais très beau, avec un travail magnifique sur les visages, les clairs-obscurs, mais aussi sur les extérieurs, les paysages grandioses, les chevaux superbes. Le tout sur fond de protestantisme, avec l’intervention de Luther lui-même, comme médiateur de la paix de la part de la princesse (c’est Luther, Kohlhass dit qu’il lit une traduction de sa Bible, mais c’est Calvin qui fréquente quelques années plus tard Angoulême et sa région). La loi du talion, éternelle question de l’histoire des hommes, mais le film est beaucoup moins violent que ne pourrait le laisser penser la bande annonce que j’avais vue avant Les salauds de Claire Denis. N’hésitez pas à aller voir ce film!

Pour aller plus loin : (re)voir la statue de Marguerite de Valois à Angoulême.

Le cheval de Fratin à Metz

Metz, cheval pur sang en bronze de Christophe Fratin, deux vues presque de faceEn vous montrant il y a quelques semaines les aigles attaquant un cerf de Christophe Fratin (Metz, 1801  – Le Raincy, 1864) au jardin des plantes de Metz (à Montigny-lès-Metz), je vous avais annoncé qu’il y avait dans la même ville, devant le palais de justice, un grand cheval du même artiste, commandé en 1848 par le ministère de l’Intérieur, exposé au Salon des artistes français de 1850 sous le n° 3394, « cheval pur sang, bronze » (voir page 273 du catalogue illustré), arrivé à Metz en 1852.

Metz, cheval pur sang en bronze de Christophe Fratin, signature du sculpteurIl porte la signature du sculpteur, « Fratin »…

Metz, cheval pur sang en bronze de Christophe Fratin, marque des fondeurs De Eck et Durand, 1850… et la marque du fondeur, « De Eck et Durand, 1850 ».

Metz, cheval pur sang en bronze de Christophe Fratin, vue des deux profilsCe cheval a été l’objet de critiques lors de sa présentation: au lieu d’être représenté dans une position classique et figée, l’artiste a choisi de le mettre en mouvement avec sa queue au vent et sa tête fièrement dressée, comme aux aguets. Il est quand même beaucoup plus calme que celui du monument à Eugène Fromentin à La Rochelle!

Photographies de août 2012.

Pour rebondir sur la sculpture animalière réaliste du 19e siècle et du 20e siècle avant la première guerre mondiale, je vous invite à revoir les cerfs du jardin des plantes de Nantes (Georges Gardet, 1910), la chienne et la louve de Pierre Rouillard (1865) à Toulouse ou les animaux de l’ancienne fontaine du Trocadéro à Paris (1878), avec l’ancienne fontaine et ses éléments transportés devant le musée d’Orsay, le cheval à la herse de Pierre Rouillard, l’éléphant pris au piège d’Emmanuel Frémiet, le rhinocéros de Henri Alfred Jacquemart (le bœuf d’Auguste Cain est à Nîmes), les aigles de Christophe Fratin au jardin des plantes de Metz.

Pour aller plus loin : Henri Navel, Le cheval de l’esplanade, Académie nationale de Metz, 1954-1955 [paru 1956], p. 115-116.

Poitiers, les peintures de Marie Baranger dans l’église Sainte-Thérèse, transept nord et sud

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur nord du transept, vue généraleAprès la visite générale de l’église Sainte-Thérèse à Poitiers et son chemin de croix, je continue à vous faire découvrir les peintures de Marie Baranger (1902-2003) dans cette église avec les deux grands panneaux peints dans le transept, en 1934-1935, je vous laisse relire les premiers articles pour l’histoire de l’église. Sur le mur nord se déroule une scène de la vie de Jeanne d’Arc. L’autel latéral de la chapelle, à l’est, est aussi consacré à Jeanne d’Arc, je vous le montrerai dans un prochain article.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur nord du transept, Jeanne d'Arc à chevalJeanne d’Arc à cheval tient un étendard sur lequel on peut lire « Jésus » et « Marie ».

Sur la droite de la scène, des soldats (fantassins) gardent une condamnée (Jeanne d’Arc à Rouen) liée à un poteau, faisant face à un crucifix.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur nord du transept, fileuseAu milieu de la scène, devant le cheval, une paysanne en sabots (Jeanne d’Arc avant la « révélation ») tient une quenouille (instrument que je vous ai déjà montré pour la fileuse de la Visitation sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers et que vous verrez aussi dans les mains de Ève dans l’église de Saint-Savin).

Au-dessus de la porte, sur la gauche de la scène peinte, des anges observent la scène, installés devant une église.

Le mur sud du transept est occupé par une scène de la vie de sainte Thérèse (l’autel secondaire lui est aussi consacré, à voir bientôt).

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur sud du transept, bénédiction de ThérèseAu centre de la scène, sainte Thérèse, agenouillée et toute de bleu vêtue, reçoit la bénédiction d’un prélat assis sur sa cathèdre.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur sud du transept, processionSur la gauche du panneau peint, une procession, figurée de dos, entre dans une église.

Un homme âgé accompagne une fillette en la tenant par la main. Il s’agit d’une scène inspirée d’une image populaire : « Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, à six ans, découvre au firmament étoilé l’initiale de son nom » (information de Brigitte Montagne, dossier de protection de l’église Sainte-Thérèse de Poitiers, 2013).

Au-dessus de la porte, la sainte présente des images du Christ.

Photographies de novembre 2012 et avril 2013.

Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, vue généraleJe poursuis la visite du  sous le point de vue des artistes… Aujourd’hui, je vous emmène voir la tombe de Théodore Géricault (Rouen, 26 septembre 1791 – Paris, 26 janvier 1824)… que vous connaissez sans aucun doute pour son Radeau de la méduse. Ce tombeau a une longue histoire narrée ici par Jean-Charles Hachet. D’abord réalisé en marbre, présenté au salon de 1841, le tombeau se dégrade rapidement… Le gisant est mis à l’abri au musée de Rouen et remplacé par une simple palette, puis, à la mort du fils naturel de Géricault qui lègue une partie de sa fortune pour cela, les sculptures du premier tombeau sont fondues en bronze. Le tombeau, entouré d’une grille, se compose aujourd’hui d’un piédestal sur lequel repose le peintre gisant, en bronze, avec trois reproductions de ses tableaux sur des plaques de bronze, le radeau de la méduse sur la face principale et des chevaux guidés par un soldat sur les petites faces. Cette histoire mouvementée explique les dates des différents éléments : 1840 / 1883 sur le gisant, 1839 sur le radeau de la méduse, 1884 sur les plaques latérales.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, signature Etex sur le gisantC’est donc Antoine Etex (Paris, 1808 – Chaville, 1888) qui a réalisé les sculptures du tombeau. Voici la signature sur le gisant… le nom de l’architecte n’a pas été complété : « sculpteur Etex 1840, architecte 1883 ».

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, le gisant de Géricault

Par sa position allongée en appui sur un bras, ce gisant rappelle les tombeaux étrusques… mais il s’agit de la position qu’avait le peintre à la fin de sa vie, paralysé suite à une chute de cheval. Avec une fine moustache et un béret sur la tête, Géricault est représenté tenant un pinceau et une palette.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, deux détails du gisantVoici deux détails du gisant.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, le radeau de la méduseLe radeau de la méduse, réinterprété par Antoine Etex, occupe la face principale du piédestal.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, signature Etex sur le radeauIl porte la signature « Etex 1839 » sur un élément du radeau.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, deux détails du radeauVoici deux détails du radeau, des rescapés et des mourants.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, les deux plaques latéralesDeux soldats en arme sont représentés avec leurs chevaux sur les petites faces. Bon, un cimetière n’est pas un musée, les tombes voisines gênent pour faire une photographie de face…

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, signature Géricault et Etex sur les chevauxLes plaques latérales (en haut celle de gauche, en bas celle à droite) portent la signature « T. Géricault 1814 / Etex 1884 »

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, deux détails du panneau gaucheVoici deux détails de la plaque gauche où l’on reconnaît un hussard sabre au clair sur son cheval (Hussard chargeant). A droite (impossible de faire des photographies de détail, l’espace est trop étroit) est représenté un Cuirassier blessé, debout à côté de son cheval.

 

Photographies de novembre 2012.

Louis XIV support publicitaire à Lyon…

Statue équestre de Louis XIV à Lyon avec publicitéLors de mon dernier passage à Lyon, en avril 2012, La grande statue équestre de Louis XIV, place Bellecour, avait été transformée en support publicitaire et la statue du Rhône portait des traces de peinture verte, restes d’un acte de vandalisme… Cette statue équestre a remplacé la statue équestre de Louis XIV à Lyon par Martin Desjardins, détruite (abattue et fondue) pendant la Révolution (pour ce monument, voir pour aller plus loin en fin d’article). Elle est néanmoins connue par des réductions (tirages à plus petite échelle). Les deux allégories du Rhône et de la Saône, qui se trouvaient de part et d’autre du piédestal, ont été préservées et remises en place sur le nouveau monument.

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, le Rhône, signature de Coustou, La signature se trouve sur la terrasse (le rebord vertical) du Rhône: « Fait et fondu par Guill[au]me  Coustou  Lyonnois 1719 ». Commandées en 1714 aux frères Coustou (la Saône est de Nicolas Coustou), ces allégories du Rhône et de la Saône n’ont été fondues qu’en 1719 et mises en place en 1721, soit bien après la mort de Louis XIV (1er septembre 1715). Mises à l’abri à l’hôtel de ville de Lyon, elles ont été remises à la base du piédestal en 1953.

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, le Rhône par CoustouLe Rhône est représenté sous les traits d’un homme barbu quasi nu. Comme beaucoup d’allégories de fleuves ou de rivières, il s’appuie sur un gouvernail dans un décor de plantes aquatiques. Il est à moitié allongé

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, le Rhône par Coustou, détails du lion et du poissonIl s’appuie sur un lion dont la patte avant droite est posée sur un poisson posé sur une profusion de blé et de raisin… Vive l’abondance des récoltes fournies par le fleuve!

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, la Saône par CoustouLa Saône est elle aussi presque nue et allongée en appui sur un autre lion.

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, la statue équestre par LemotImpossible d’ignorer l’auteur de la statue équestre… c’est marqué en gros sur les faces avant et arrière du piédestal : « Chef d’oeuvre de Lemot sculpteur Lyonnois ». Il s’agit de la dernière œuvre monumentale réalisée par François Frédéric Lemot (Lyon, 1771 et non 1772 comme souvent indiqué – Paris, 1827, prix de l’Académie royale en 1790) inaugurée le 4 novembre 1826, il faudra que je vous montre un de ces jours le Henri IV qui se trouve devant le Pont-Neuf ou l’un des frontons du Louvre avec Minerve  entourée des muses et de la Victoire à Paris… Louis XIV est ici représenté dans la plus pure tradition des statues équestres… complètement gâchée par cette publicité criarde! Le roi, habillé à l’Antique, monte le cheval à cru et sans étriers…

Photographies d’avril 2012.

Pour aller plus loin : sur le monument détruit, voir Michel Martin, Les monuments équestres de Louis XIV, une grande entreprise de propagande monarchique  et notamment le chapitre 13, La statue équestre de Louis XIV à Lyon par Martin Desjardins (1686-1713), p. 138-156.

Sur Lemot, voir le catalogue de  l’exposition à Gétigné-Clisson, La Garenne-Lemot, 2005, François-Frédéric Lemot (1771-1827) statuaire : des œuvres officielles et leur histoire secrète, Nantes, 2005.

La fontaine de Bartholdi à Lyon

La fontaine Bartholdi à Lyon, 1, vue de loin, de face Dans une ville, quoi de mieux qu’une grande fontaine, surtout en été, pour rafraîchir… Si, si, un été chaud, ça arrive! A Poitiers, nous ne sommes qu’une petite ville, avec une ridicule petite fontaine dans un coin de la place d’Armes (place Leclerc)… quelques plaisantins ont quand même réussi à la faire mousser, voir chez M. Echo… Nous avons aussi une fontaine rince-voitures, une autre sans eau depuis des années… Vous pouvez les (re)découvrir sur cet article sur les fontaines de Poitiers. Du coup, je vous emmène voir une vraie, grande fontaine… la fontaine Bartholdi sur la place devant l’hôtel de ville de Lyon (photographies d’avril 2012). J’ai fait confiance aux informations du site de la ville de Lyon pour les aspects historiques.

La fontaine Bartholdi à Lyon, sur une carte postale ancienne

En 1857, [Frédéric] Auguste Bartholdi (Colmar, 1834 – Paris, 1904), jeune sculpteur, avait proposé un projet pour la fontaine pour la place des Quinconces à Bordeaux, qui remporta le concours… mais la ville ne passa jamais la commande. Je vous ai déjà parlé de Auguste Bartholdi pour les répliques des statues de la Liberté à Poitiers et Châteauneuf-la-Forêt, j’ai d’autres copies en stock dans mes photographies, mais pas encore l’original (la Liberté éclairant le Monde) de New York ni le Lion de Belfort (voir aussi le monument à Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier). Après l’inauguration de la statue de la Liberté en 1886, la ville de Bordeaux tente de relancer le projet de fontaine. Auguste Bartholdi la fait fondre en 1888 par Gaget et Gauthier et la présente à l’Exposition universelle de Paris en 1889 sous le titre Le char triomphant de la Garonne, inspirée du Char d’Apollon réalisé entre 1668 et 1670 par Jean-Baptiste Tuby à Versailles (sous le n° 1670, qui comprenait aussi la statue de la liberté! Voir la vue numérisée 89 du catalogue de l’Exposition universelle de Paris en 1889). Bordeaux n’ayant toujours pas concrétisé sa commande, la ville de Lyon se porte acquéreur, en réduisant le prix (de 150.000 à 100.000 francs). La fontaine a été inaugurée à l’autre bout de la place des Terreaux le 22 septembre 1891, ainsi qu’on le voit sur cette carte postale ancienne. En 1898, Bartholdi présente au salon des artistes français, sous le n° 3127, un quadrige mené par une allégorie qui ressemble fort à cette fontaine et est intitulé « la Saône emportant ses affluents« . Cent ans plus tard, elle a été déplacée à l’est de la place en décembre 1992 pour permettre la construction d’un parking souterrain. Elle est constituée de sculptures en plomb réalisées sur une armature de fer… qui ne fait pas très bon ménage avec l’eau. Elle devrait être prochainement restaurée…

La fontaine Bartholdi à Lyon, 2, vue générale de côté

Le groupe sculpté se compose d’une allégorie avec un enfant blotti contre son côté gauche; elle conduit un char tiré par quatre chevaux fougueux. Dans le projet original, l’allégorie représentait la Garonne, l’enfant, la Dordogne, les chevaux, les quatre principaux affluents de la Garonne.

La fontaine Bartholdi à Lyon, 4, l'allégorie conduisant le char, vue de face
De face, on voit mieux l’allégorie féminine qui guide les chevaux et l’enfant tient une urne d’où s’échappe de l’eau, ce symbole étant classique pour figurer une rivière : vous pouvez le voir par exemple pour le Clain et la Boivre sur un plafond par Émile Bin de l’hôtel de ville de Poitiers…

La fontaine Bartholdi à Lyon, 5, détail du buste de l'allégorie Comme pour beaucoup d’allégories, elle est représentée avec les seins nus, avec un vêtement drapé sur son ventre. Elle est soigneusement coiffée, avec une fleur attachée dans les cheveux.

La fontaine Bartholdi à Lyon, 6, détail de l'enfant L’enfant est potelé, serré contre sa mère… Il étreint son urne qui crache de l’eau (de la Dordogne).

La fontaine Bartholdi à Lyon, 7, les deux chevaux de gauche C’est dans les chevaux que l’artiste s’est le plus lâché… Il les a représentés hennissants, fougueux, avec plein de détails, regardez les naseaux, les muscles des joues ou les griffes des sabots… En principe, ils crachent de l’eau par la bouche, mais le système semble en partie grippé…

La fontaine Bartholdi à Lyon, 8, un cheval de droite Et voici la vue d’un autre cheval, également plein de détails très réalistes…

La fontaine Bartholdi à Lyon, 9, le monument vu de dos Et avant de quitter la place, voici une dernière vue de la fontaine, de dos…