Archives par étiquette : résistance

Les échelles du Levant d’Amin Maalouf

pioche-en-bib.jpgCouverture de Les échelles du Levant d'Amin MaaloufUn livre trouvé à la médiathèque, au rayon « large vision ».

Le livre : Les échelles du Levant de Amin Maalouf, éditions Grasset, 1996, 298 pages, ISBN 978-2-246-49771-X (lu en large vision, éditions Littera Corps 16).

L’histoire : Paris, en 1976. Le narrateur rencontre un homme d’un certain âge qui lui raconte sa vie sur quatre jours. Ossyane est le descendant d’un dirigeant ottoman assassiné ou suicidé à Istanbul, sa grand-mère état devenue folle en découvrant le corps, recueillie par un médecin qui était chargé de la soigner après l’avoir épousée… et qui en aura un fils, le père d’Ossyane, de sa sœur aînée et de son petit frère, à la naissance duquel la mère, arménienne, est décédée. Élevé par des précepteurs dans une maison à Beyrouth, au Liban, où se succède un public varié pour des fêtes et des expositions, Ossyane part à Montpellier suivre des études de médecine. Mais voilà qu’éclate la Deuxième guerre mondiale, Ossyane entre dans la Résistance… où il rencontre brièvement Clara, une jeune juive expatrié, qui deviendra sa femme après la guerre. Les deux jeunes amoureux habiteront alternativement à Beyrouth, chez le père dOssyane, et à Haifa, où Clara a conduit son oncle, seul rescapé de sa famille, quand la guerre les sépare à nouveau…

Mon avis : un livre écrit comme un conte oriental, la vie d’une famille racontée en cinq jours à un homme, le narrateur, qui nous en fait le récit. Une histoire qui commence à Istanbul, se poursuit par la Résistance en France avant de retourner au Proche-Orient avec le début des guerres du Proche-Orient liées à la création d’Israël. Le tout sur fond d’histoires d’amour et de folie (celles de la grand-mère et celles du narrateur), de croisements de peuples (turcs, arméniens, juifs), de magouilles (du frère). Un très beau roman!

 

Les messages de Radio-Londres par Christian Robert-Tissot ne remplacent pas les trous de mémoire de Poitiers

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, vue généraleAprès l’installation de Benoît-Marie Moriceau dans le nouveau square raté de la République cadre de la commande publique liée à Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille…, et en attendant celles qui seront mises en place dans le nouveau jardin de Puygarreau encore en travaux, des messages issus de radio-Londres sont apparus sur six murs du quartier du Pont-Neuf, visibles dans le sens « montée » autour de la place de la Croix, que les riverains proposent de rebaptiser  place radio-Londres (le conseil municipal ne s’est pas encore prononcé). Les pignons, bien gris foncés et noirs dans ce secteur où passent des centaines de voitures chaque jour, poussant les gaz à fond à cause de la côte, ont été repeints et les messages réalisés au pochoir en blanc sur fond rouge sous le direction de l’artiste suisse Christian Robert-Tissot. Pour l’instant, ça a un aspect net et propre, mais ouvrons les paris sur la date où ils vont devenir grisonnants et dégoulinants de pollution… Six mois? Un an?

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, deux messaagesL’un des pignons qui aurait dû recevoir un message a finalement été abandonné, faute d’accord du propriétaire… Voici les messages choisis par l’artiste :

Les girafes ne portent / pas de faux-cols

La vache saute / par-dessus / la lune

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, trois messages

Demain la mélasse / deviendra du Cognac

Le canapé / est au milieu / du salon

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, un message

L’acide / rougit le / tournesol

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, deux messages

Il faut avoir / des pipes pour / trier les lentilles.

Dans le dossier de présentation, la ville souligne que le quartier du Pont-Neuf était habité de nombreux résistants. Soit, mais sans doute pas plus ni moins que dans d’autres quartiers, ou bien une vraie étude historique l’aurait prouvé? Cela m’étonnerait, d’autant que Poitiers a toujours un gros problème de mémoire des deux dernières guerres mondiales:

Le monument auxmorts pour 1914-1918 à Poitiers– aucun nom de soldat n’est porté sur le monument aux morts de 1914-1918 (ce qui est très rare, même s’il s’agit comme dans la plupart des préfectures, d’un monument dédié aux soldats du département morts pour la France, la quasi totalité de ces monuments portent le nom des morts pour la France de la ville, voir par exemple ceux dont je vous ai parlés, à Niort, La Rochelle, Lons-le-Saunier, Nantes, Skikda / PhilippevilleToulouse, etc.);

– le Frontstalag 230, le camp de la Chauvinerie et le camp de la route de Limoges n’ont aucune reconnaissance sur place, pas de noms de victimes (des centaines d’Allemands sont morts à la Chauvinerie suite à l’accaparement des vivres par la direction du camp), une plaque route de Limoges, rien aux Montgorges où se trouvaient les deux premiers camps, je vous laisse relire l’article en suivant le lien

– le monument au réseau Louis Renard dans le cimetière de Chilvert n’a pas non plus de plaque avec tous les fusillés du réseau, seulement quelques plaques avec le nom d’une partie d’entre eux (il faudra que je vous le montre un jour)

– où peut-on trouver le nom des victimes des bombardements alliés de 1944 (sans aller dépouiller les archives)? (sur le sujet, voir la gare avant et après le bombardement de 1944 ainsi que la reconstruction du quartier).

Le mémorial du champ de tir du Bêle à Nantes

Nantes, le camp du Bêle, rue Claude et Simon Millot, cliché MamazertyIl y a quelques semaines, en cherchant de la documentation pour mon article sur le monument aux Cinquante Otages à Nantes, je suis « tombée » sur plusieurs articles qui parlaient très brièvement du champ de tir du Bêle, également à Nantes, où les otages avaient été fusillés. Intriguée, je questionne ma « nantaise préférée », Mamazerty. Elle n’en avait jamais entendu parlé, mais décide de se renseigner et d’aller faire des photographies… que voici dans cet article. Ce fut pour elle une vraie aventure de le trouver: lieu de mémoire, mais inconnu de l’office du tourisme… Après plusieurs tentatives, ils l’ont envoyée au terminus de la ligne 1 du tram, en lui disant que c’était à 5 minutes à pied… et en fait, il n’était pas du tout où ils lui avaient dit, elle a mis plus d’une heure et demie à le trouver! Un grand merci à Mamazerty pour ces photographies! Et si vous cherchez l’adresse, entrez dans votre GPS ou votre logiciel de cartographie préféré (pour moi, open street map) la rue Claude et Simone Millot (« résistants nantais, victimes de la barbarie Nazie »)

Nantes, le camp du Bêle, vue générale, cliché MamazertyComme il y a très peu d’informations sur ce champ de tir dans la documentation dont je dispose, je me suis permis de retranscrire le panneau d’information présent sur place :

Le Bêle, un champ de tir devenu lieu de mémoire
Camp d’entrainement militaire depuis 1879, le champ de tir du Bêle devient pendant la Seconde Guerre mondiale le principal lieu d’exécution des résistants à Nantes. Le 30 août 1941, on y fusille Marin Poitiers, premier résistant nantais à tomber sous les balles de l’Occupant. En octobre 1941, 16 des 50 otages y trouvent la mort. Suite au « procès des 42 », mes 37 condamnés à mort y sont exécutés les 29 janvier, 13 février et 7 mai 194.
Cette même année, le « procès des 16 » s’achève par 15 condamnations à mort : 11 résistants sont fusillés au Bêle, le 25 août 1943. En tout, ce sont plus de 80 personnes qui seront fusillées au champ de tir du Bêle pendant la guerre.

Nantes, le camp du Bêle, les Otages de Jules Paressant, cliché MamazertyUn autre panneau, posé visiblement récemment, raconte l’histoire des cinquante otages, je vous renvoie pour celle-ci aux liens dans mon article sur le monument aux Cinquante Otages à Nantes.

Nantes, le camp du Bêle, Signature de Jules Paressant, 1991, cliché MamazertyPour les 50 ans de cette tragique première exécution, la ville de Nantes a inauguré en 1991 un monument commandé à Jules Paressant. La stèle que vous apercevez en avant du monument rappelle le contexte de son érection :

Les otages, Jules Paressant, 1991

Le 20 octobre 1941, le lieutenant-colonnel Hotz
commandant de la place de Nantes
était exécuté par la résistance.

En représailles et sur ordre du régime Nazi,
16 otages emprisonnés à Nantes
furent fusillés en ce site du Bêle, le 22 octobre,
ainsi que 27 autres à Châteaubriant
et 5 autres résistants nantais au Mont-Valérien.

Le thème des Otages a depuis lors profondément
marqué m’ouvre de Jules PARESSANT,
sculpteur, peintre et mosaïste nantais.
L’artiste a réalisé cette œuvre en commémoration
du cinquantenaire de l’exécution des Otages.

 Nantes, le camp du Bêle, casemate de tir, cliché MamazertyVoici une vue rapprochée de la casemate de tir qui a été conservée…

Nantes, le camp du Bêle, casemate de tir, deux détails, cliché MamazertyEt deux détails de cette casemate.

Nantes, le camp du Bêle, parc, cliché MamazertyLe parc autour invite au recueillement…

Nantes, le camp du Bêle, vue d'ensemble, cliché MamazertyUne dernière vue avant de repartir sur la pointe des pieds…

Et comme Mamazerty a fait des vues rapprochées de la stèle avec le nom des victimes fusillées sur ce lieu, en voici la liste, j’espère que je n’ai pas sauté de ligne:

L’A.N.F.F.M. de la résistances française à ses glorieux martyrs fusillés en ces lieux de 1941 à 1944.
Adam H., Allano M., Aubert C., Bale L., Barbeau C., Birien P., Blot J., Blouin A., Blanco B., Blasco M., Boissard M., Bosquet M. , Bouvier J., Bregeon A., Brisson Y., Carrel R., Chrarriol E.,Chauvin A., Chauvin E., Chevy R., Cléro V., Coiffe L., Colas J., Creuze F., Dabat M., David J., Bronstein S.

De Feliquier H., Douineau R., Dréant, Duguy M., Fougeard R., Fourny A., Fraix J., Cabaret A., Garbatz M., Gautier H., Gautrer A., Gil J., Glou J.P., Gomez A., Grassineau R., Grelleau P., Grolleau J.P., Juilloux J., Guinolseau A., Hervé R., Héry J., Héry J., Ignasiac L., Jamet G., Jost L., Jouaud M., Lacazette M., Lagathu M.

Lebris E., Leeièvre H., Legendre M. Legrand R., Lelan C., Lemée E., Le Moal A., Lepaih L., Le Parc E., Lerrend, Losq J., Michel M., Millot C., Mougenot F., Pérocheau A., Platiau J., Poirier M., Prietteau, Rouault A., Royer F., Sanchez, Sérot J., Temple J., Thomazeau F., Tompousky G., Turpin C., Viaud M.

 

Photographies de Mamazerty en mai 2013.

PS du 8 août 2016 : voir aussi le commentaire ci-dessous concernant Y ont été également injustement fusillées Manuela Alvarez et Victorine Faucher le 6 mai 1918

 

 

 

Monument à la gloire de la résistance jurassienne, à Lons-le-Saunier

Lons-le-Saunier, monument aux résistants du Jura, 1, deux vues de face Je vous ai déjà montré le monument aux morts de 1914-1918 à Lons-le-Saunier. Si l’on en fait le tour, à l’arrière se trouve le monument « A la gloire de la résistance jurassienne / 1939 / 1945 », ainsi qu’il est écrit sur le socle. Il se compose d’un fond d’où se dégagent trois hommes et a probablement été réalisé avec la technique préférée de l’artiste qui l’a élaborée et utilisée à partir de 1926, la taille directe sur le béton en train de prendre. Le monument se trouve face aux thermes, au carrefour des avenues Jean Moulin et Paul Seguin. Il rend hommage aux 450 déportés morts, aux 392 fusillés et aux 355 maquisards tués dans la résistance du Jura en 1939-1945.

Lons-le-Saunier, monument aux résistants du Jura, 2, signature de Charles Sarrabezolles Ce monument est une œuvre de Charles [Marie Louis Joseph] Sarrabezolles (Toulouse, 1888 – Paris, 1971), qui se fit aussi appeler Carlo, de 1950, dont il porte la signature : « C. Sarrabezolles / sc », premier second grand prix de Rome de sculpture en 1914 (le premier grand prix a été attribué cette année là à Paul-Marie-Marc Leriche et le deuxième second grand prix à Antoine Ambrosio-Donnet, le jury a exceptionnellement récompensé trois sculpteurs).

Lons-le-Saunier, monument aux résistants du Jura, 3, deux détails des têtes

Le fond du monument, avec son décor dessinant une suite de collines, symbolise le département du Jura . Au centre se trouve un homme âgé, plus grand que les autres, barbu aux cheveux mi-long. Torse nu, musclé et les poings serrés de part et d’autre de ses deux compagnons, il symbolise le Jurassien. Devant lui se tiennent deux personnages, à gauche, vêtu d’une veste, un maquisard aux poings serrés lui aussi. A droite, torse nu et émacié (on voit ses côtes), un déporté.

Lons-le-Saunier, monument aux résistants du Jura, 4, plaque commémorative A côté se trouve une plaque commémorative :  » Première armée française / commandée par / le général de Lattre de Tassigny / forgée en Afrique et en Italie / débarquée en Provence / grossie des forces françaises / de l’intérieur. A pris part/ à la libération du Jura / dans sa marche victorieuse / au Rhin et au Danube « . Derrière, vous apercevez le monument aux morts de 1914-1918. De l’autre côté se trouve un monument aux morts en Afrique du Nord entre 1952 et 1962… ça sera pour un autre article.

Photographies de juillet 2012.

Retrouvez d’autres monuments aux morts et monuments à la résistance sur cet index des monuments aux morts.

Mon voisin le Père Noël, de Béatrice Tillier et Philippe Bonifay

Couverture de Mon voisin le Père Noël, de Béatrice Tillier et Philippe Bonifaypioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Mon voisin le Père Noël de Philippe Bonifay (scénario) et Béatrice Tillier (dessin), éditions Casterman, 2005, 46 planches, ISBN 9782203391291.

L’histoire : à Lyon (pas nommée, mais la vue aérienne de la planche 1, avec la confluence de la Saône et du Rhône et la position des ponts sur une vignette de la planche 1 ne laissent aucun doute), de nos jours. Les commerçants enlèvent les décorations de Noël. Un vieux monsieur, monsieur Claus, gît ivre mort en bas de la cage d’escalier de son immeuble. Georges, son voisin de palier, le raccompagne chez lui. Monsieur Claus commence à raconter son histoire: il a été fait Père Noël pour faire le bien et expier une faute de jeunesse quand, jeune résistant pendant la deuxième guerre mondiale, arrêté et torturé, il a donné ses camarades qui seront fusillés alors qu’il a eu la vie sauve… Aujourd’hui, il cherche un successeur… pourquoi par Georges, qui a aussi une faute ancienne à expier… je vous laisse découvrir laquelle.

Mon avis : un conte de noël… pour adultes et pas vraiment gai sur fond de torture, de trahison, de viol, de suicide, d’exécution sommaire. Le bien (distribuer les cadeaux de Noël) peut-il racheter le mal (les fautes commises dans le passé)? Les dessins sont très détaillés, mais je n’ai pas vraiment adhéré à ce discours de « rédemption », oui, je pense qu’on peut parler de rédemption, certaines vignettes ou pleines pages jouent sur les référents des tableaux religieux classiques…

Logo du top BD des blogueurs 2013   Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

La grande mosquée de Paris de Gray Ruelle et Durland De Saix

Couverture de La grande mosquée de Paris de Gray Ruelle et Durland De Saix

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comJ’ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération « masse critique » organisée par Babelio, spéciale livres de jeunesse. Merci à Babelio et aux éditions Salvator.

Le livre : La grande mosquée de Paris. Comment des Musulmans ont sauvé des Juifs de la Shoah de Karen Gray Ruelle et Deborah Durland De Saix, traduit de l’américain par Monique Briend-Walker, éditions Salvator, 2010, 40 pages, ISBN 9782706707469.

L’histoire : Paris, 1940. La ville est occupée par les Allemands, des Juifs sont arrêtés par les autorités françaises. Le recteur de la grande mosquée de Paris, Si Kaddour Benghabrit, organise un réseau au sein de la mosquée, mêlant des enfants juifs aux enfants de ceux qui vivent à la mosquée, servant de relais à d’autres juifs qui cherchent à rejoindre la France libre, en abritant d’autres sur une plus longue période.

Mon avis : Un bel album au format à l’italienne (à l’horizontale), avec des illustrations (les deux auteures ont écrit et illustré conjointement le livre) dans des couleurs plutôt froides. Le livre est conseillé à partir de 7 ans, il me semble un peu complexe pour cet âge là, ou alors, il faut que la lecture soit accompagnée par les parents. Même si beaucoup de mots sont expliqués, d’autres sont un peu complexe à comprendre. J’avais entendu récemment parlé de cette histoire à l’occasion de la sortie fin septembre du film Les Hommes libres d’Ismaël Ferroukhi, que je n’ai pas vu mais dont j’ai entendu plusieurs critiques et analyses (film avec Tahar Rahim, Michael Lonsdale, Mahmoud Shalaby, Lubna Azabal, que je n’ai pas eu l’occasion de le voir).

La promesse de l’aube de Romain Gary

Couverture de légendes du je, de Gary et Ajar Je poursuis la lecture des légendes du je, sélection de romans de Romain Gary/Émile Ajar (liste ci-dessous).

Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, défi organisé par Theoma (voir en bas de l’article).

Le livre : La promesse de l’aube de Romain Gary. Première édition en 1960. Je l’ai lu dans Romain Gary, Émile Ajar, Légendes du Je, récits, romans, collection Quarto, éditions Gallimard, 2009, 1428 pages (pages 267-540), ISBN 978-2070121861.

L’histoire : à Vilnius après 1914, en Californie en 1960, à Varsovie dans les années 1920, à Nice dans les années 1930, à Paris en fac de droit en 1935-1938, à Salon-de-Provence en 1938-1939, en Afrique du Nord et en Europe avec la résistance de 1939 à 1945… Alors qu’il est consul général de France à Los Angelès, il se rappelle son passé, son enfance, sa jeunesse, la résistance, mais surtout sa mère, juive non pratiquante, l’absence du père, la relation de plus en plus fusionnelle avec sa mère, qui voit en lui un futur ambassadeur dès son enfance… Sa vie pauvre à Varsovie, où sa mère est modiste, à la tête d’un atelier de confection de chapeaux. La grave maladie de Roman, qui l’entraîne à l’amener en convalescence sur la Côte-d’Azur. Le retour à Varsovie, la crise de 1929, qui provoque la faillite. L’installation à Nice, les débuts difficile, puis l’esprit d’entreprise de sa mère qui prend le dessus, elle ouvre une pension de famille, mais tombe à son tour malade (diabétique)… Le départ à la guerre, puis l’entrée dans la résistance dès juin 1940, en culpabilisant de laisser sa mère malade à Nice.

Mon avis : un livre fort… un récit autobiographique… réécrit et romancé (notamment pour ce qui concerne la place du père et la minimisation de son rôle dans la résistance, rejointe dès les premiers jours de manière rocambolesque, tentative de vol d’avion comprise). Surtout un portrait de mère hyper-possessive et étouffante. Un passage est cité dans La tête en friche de Jean Becker (je venais de terminer le livre quand j’ai vu le film). Un livre à lire absolument dans le contexte actuel de xénophobie, de haine des autres et de retrait de nationalité française… En 1938, Roman Kacew (futur Romain Gary, son nom de résistance adopté à l’état civil à la restauration), polonais né à Vilnius, a suivi la préparation militaire supérieure. Mais contrairement à ses camarades, il n’est pas intégré, à l’issue des classes, comme officier. Il apprendra plus tard que c’est parce qu’il a été naturalisé trois ans avant qu’il a été mis sur la touche, pas pour ses capacités. Nationalité à deux vitesses… Et le régime de Vichy ôtera la nationalité française à tous ceux qui avaient été naturalisés dans les 15 dernières années, afin de pouvoir déporter plus de juifs (dont une bonne partie de la famille paternelle et maternelle de Gary) et de tziganes! Alors, attention aux tentations populistes, cela est en train de revenir dans la tête de nos gouvernants!

Les titres du volume :

Logo des coups de coeur de la blogosphère Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma dont je regroupe mes articles sur cette page. Il était recommandé par Praline.

L’éducation européenne de Romain Gary

Couverture de légendes du je, de Gary et Ajar Dans le cadre du défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie, j’ai choisi cette fois un livre de Romain Gary.

Je l’ai aussi lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma (voir en bas de l’article).

Le livre : L’éducation européenne de Romain Gary. Première édition en anglais en 1944, pour cause de deuxième guerre mondiale, puis en français en 1945. Gary a remanié ensuite son texte, c’est la version de 1956 publiée dans Romain Gary, Émile Ajar, Légendes du Je, récits, romans, collection Quarto, éditions Gallimard, 2009, 1428 pages (pages 75-259), ISBN 978-2070121861.

L’histoire : au début de l’hiver 1942 dans une forêt près de Wilno (Vilnius, aujourd’hui en Lituanie), alors sous domination polonaise. Janek Twardowski, adolescent, est mis à l’abri par son père médecin dans un trou dans la forêt, pour le protéger des exactions nazies après la mort de ses deux frères aînés, avec des vivres pour une longue durée. Très vite, son père ne vient plus le voir et disparaît (il a en fait voulu libérer sa femme capturée par les Allemands, a tué un certains nombre d’entre eux avant d’être abattu). Le jeune garçon rentre alors en contact avec un groupe de partisans qui vivent dans la forêt et participe avec eux à des opérations à Wilno. Résistera-t-il à la faim et au froid ? Comment, avec des étudiants, apprendre la littérature ? Que deviendra-t-il avec la jeune Zosia, utilisée par les résistants pour recueillir par la prostitution des informations ?

Mon avis : un livre fort sur la résistance (Gary était lui-même résistant dans l’aviation au moment où il écrit ce livre), mais aussi sur la maladie, sur l’amour, la vie qui continue malgré tout, la lointaine et si présente bataille de Stalingrad… Un plaidoyer aussi envers l’éducation (incarnée par un groupe d’étudiants), qui seule permettra de faire reculer la folie des hommes.

Les titres du volume :

Logo du défi J'aime les classiques Je l’ai lu dans le cadre du défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie.

Logo des coups de coeur de la blogosphère Je l’ai aussi lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma dont je regroupe mes articles sur cette page. Il était recommandé par Praline.

Indignez-vous! de Stéphane Hessel

Couverture de Indignez-vous! de Stéphane Hessel

Stéphane Hessel est décédé aujourd’hui. je réédite l’article publié il y a deux ans, et vous renvoie aussi à son message lors du procès en appel des faucheurs volontaires d’OGM à Poitiers…, vous pouvez le voir directement sur le site de la Nouvelle-République.

 

Article du 25 décembre 2010

Je sais que l’on parle beaucoup de ce livre ces derniers jours… Il m’a été offert il y a quelques semaines par un ami, avec comme recommandation de le faire circuler comme un livre voyageur… Je l’ai envoyé avec l’enveloppe de noël chez Zazimuth

Le livre : Indignez-vous! de Stéphane Hessel, Editions Carnets Nord, octobre 2010, 32 pages, ISBN 9782911939761.

L’histoire : pas de récit, il s’agit d’un engagement et de l’indignation de Stéphane Hessel, 93 ans, résistant de la première heure, qui dénonce la casse actuelle des grands principes mis en place par le conseil national de la résistance (et en premier lieu la sécurité sociale), le traitement réservé aux Roms, aux sans-papiers, aux immigrés. Lui, interné et évadé d’un camp de concentration, dénonce l’attitude d’Israël par rapport aux Palestiniens.

Mon avis : Stéphane Hessel nous appelle à une «insurrection pacifique» contre le monde d’aujourd’hui, comme lui hier contre le nazisme. Pas seulement en parole, aussi en actes… Alors, je m’indigne contre les banques qui ont récupéré en France (et ailleurs) le microcrédit pour pratiquer des prêts à des taux bien supérieurs à la moyenne, argant du fait que ces crédits leur coûteraient plus en frais… Honte à elles! Je continue de mon côté à soutenir par le micro-crédit des organisations non gouvernementales par l’intermédiaire de Kiva. C’est simple, vous prêtez 25 dollars sur un des projets en cours de soutien (vous pouvez mettre plusieurs fois 25 dollars, il est recommandé de les mettre sur plusieurs projets différents), quand le total est réuni (quelques centaines de dollars, souvent), Kiva remet la somme à une ONG, le bénéficiaire du prêt rembourse peu à peu… Quand vos 25 dollars sont entièrement remboursés, vous pouvez les investir sur un autre projet ou les récupérer. Aucun intérêt pour vous, mais aucun non plus pour celui qui reçoit la somme pour un projet précis, sur lequel vous êtes informé au fur et à mesure. Par exemple si vous prêtez pour acheter une machine à coudre, vous verrez l’atelier dès que celle-ci est achetée… Aucune banque ne s’enrichit dans l’affaire, vous pouvez faire en même temps un don à Kiva, pour les frais de gestion, mais vous pouvez désactiver ce don.

Côté discriminations, roms, sans papiers, chacun peut agir au quotidien. De petits gestes, qui peuvent être assimilés à de l’aide aux clandestins, peuvent aider beaucoup, ne serait-ce que d’aider à remplir les papiers pour la préfecture (si vous n’avez jamais vu le CERFA – document normalisé – réservé aux demandes de papiers, allez le lire pour vous rendre compte, il est carrément impossible à remplir même quand vous connaissez le charabia de l’administration), invitez les à des sorties, au cinéma, à des ballades (sans leur faire prendre de risque…), aidez-les à la mesure de vos moyens… Payer une heure de travail avec un CESU peut constituer une précieuse preuve de présence sur le territoire, par exemple. Je vous conseille un site très bien fait, celui du comité de vigilance d’Aubervilliers contre les expulsions des familles et élèves sans-paiers ou bien sûr le réseau éducation sans frontières.

logo du chalenge 1% rentrée littéraire 2010Paru en octobre 2010 et donc dans la rentrée littéraire, en tant qu’essai, il n’entre pas dans le cadre du challenge du 1 % rentrée littéraire 2010, repris par Schlabaya, mais je le mettrai quand même en lien sur la page.

Du passé faisons table rase de Thierry Jonquet

Couverture de DU passé faisons table rase de Thierry Jonquet pioche-en-bib.jpgAprès avoir lu Mon vieux de Thierry Jonquet, j’ai emprunté à la médiathèque un de ses livres plus anciens. Si vous lisez des ouvrages de cet auteur décédé au mois d’août, mettez un petit mot sur le blog de mille et une pages, qui a prévu de lui rendre hommage à la fin du mois de septembre.

Le livre : Du passé faisons table rase, de Thierry Jonquet, dans l’édition de la collection Furies, aux éditions Dagorno, 1994, 249 pages, ISBN 2-910019-20-9, publié pour la première fois en 1982 chez Albin Michel, dans la collection Sanguine, sous le pseudonyme de Ramon Mercader, du nom de l’assassin de Trotski, mais existe dans plusieurs autres éditions, par exemple chez Actes sud (Babel noir n° 321) ou en Folio Policier.

L’histoire : en 1972, quatre personnes sont discrètement assassinées en Amérique du Sud, en France et en Allemagne, dans des crimes  » parfaits  » maquillés en suicide ou en accidents. En 1947, de retour du STO, où il avait été volontaire, René Castel a adhéré, par intérêt (protection, faire comme la majorité), au parti communiste, comme il avait en 1935 débarqué à Paris et opté pour une option politique opposée. En 1978, au siège du parti communiste, l’un des dirigeants, Jacques Delouvert, rescapé d’un camps de déporté, reçoit des documents qui laissent supposer le passé sulfureux pendant la guerre du chef du parti… Une campagne électorale est en cours, tourne autour de l’insécurité en banlieue, le mari d’une militante est assassiné. Une cellule des services secrets s’en mêle. Le lien entre tous ces événements ? La guerre, la résistance, les profiteurs de guerre, le parti communiste…

Mon avis : cette histoire est un peu (beaucoup même) dépassée, le parti communiste n’a plus son importance d’après guerre ni même de l’union de la gauche de 1981, toute d’actualité lors de la publication du roman. Le passé au STO de Georges Marchais n’intéresse plus personne, ni la distinction entre des STO volontaires et des STO contraints… Cela dit, l’écriture est efficace, les magouilles que l’on espère d’un autre temps m’ont finalement tenue en halène.

Post-scriptum : de Thierry Jonquet, décédé en août 2009, j’ai lu et parlé de :