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Mygale de Thierry Jonquet

Couverture de Mygale de Thierry Jonquet pioche-en-bib.jpgAprès avoir vu La piel que habito de Pedro Almodóvar, j’ai eu envie de lire le livre dont il était adapté, Mygale de Thierry Jonquet, que j’ai emprunté à la médiathèque.

Le livre : Mygale de Thierry Jonquet, collection Folio policier, éditions Gallimard, réédit. 1999 (première édition 1984 en Série Noire), 157 pages, ISBN 978-2-07-040801-6.

L’histoire : dans les années 1980, au Vésinet. Richard Lafargue est un professeur de chirurgie esthétique et réparatrice reconnu, chef de service dans un hôpital parisien et propriétaire d’une clinique. Mais chez lui, il retient prisonnière Ève, qu’il force également à la prostitution dans un appartement parisien où il l’observe depuis l’appartement voisin. Sa fille est internée dans une clinique psychiatrique en Normandie, elle a sombré sans la folie. Parallèlement, Alex Barni a tué un flic et a été blessé par balle lors d’un casse. Son visage a été filmé par une caméra de surveillance, il veut forcer le chirurgien à lui changer le visage… Il y a quelques années, Vincent a été victime d’un enlèvement par Richard, qui l’enferme dans sa cave… Il faudra lire le livre pour comprendre les liens entre ces histoires…

Mon avis : un roman court, haletant comme tous les livres de Thierry Jonquet. Finalement quand même assez loin de l’adaptation de Pedro Almodóvar (La piel que habito), qui a beaucoup ajouté de choses… et enlevé la partie prostitution de la créature du chirurgien. Mais pas de doute, je préfère le livre au film! Beaucoup plus condensé, avec le style direct de l’auteur…

Post-scriptum : de Thierry Jonquet, décédé en août 2009, j’ai lu et parlé de :

Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte de Thierry Jonquet

Couverture de Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte de Thierry Jonquet pioche-en-bib.jpgJ’ai emprunté ce livre à la médiathèque, suite à une critique de Schlabaya / Scriptural (qui a en plus mis tout le poème de Victor Hugo qui a servi au titre du livre). Je vous ai déjà parlé de plusieurs livres de cet auteur (décédé trop tôt, en 2009), Mon vieux, Le secret du rabbin, Du passé faisons table ; j’en ai lu d’autres avant l’ouverture du blog.

Le livre : Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte de Thierry Jonquet, éditions du Seuil, 2006, 342 pages, ISBN 978-2-02-068271-0.

L’histoire : septembre 2005, à Vadreuil (la riche) et Certigny (avec ses cités), dans le 9-3. Après un an de formation à l’IUFM, Anna Doblinsky rejoint son premier poste au collège de ZEP Pierre-de-Ronsard à Certigny. Dans sa classe de 3e, elle fait face dès le premier cours à des élèves en difficultés, dont la plupart déchiffrent à peine, un seul semble suivre, Lakdar Abdane, mais il a été victime d’une erreur médicale en mai dernier, droitier, sa main droite est paralysée suite à la mise en place bâclée d’un plâtre. Du côté de Vadreuil, une mère tente en vain de faire interner son fils schizophrène, après trois ans de lutte, son mari l’a abandonnée, pour partir avec une jeune collaboratrice et fuir son fils dont il nie la maladie… jusqu’à ce qu’il assassine la voisine… Le procureur et les policiers observent l’équilibre précaire des cités de Certigny, ses mafias, ses trafics (drogue, prostitution, trafic de voitures volées…), menacé par l’arrivée d’un jeunot trafiquant d’héroïne. Un imam salafiste, un jeune qui en prison a rencontré un groupe islamiste encore plus radical, l’antisémitisme des élèves, le racisme du concierge du collège, Anna tente de survivre dans ce milieu si loin de ce qu’on lui a appris dans ses études, quand soudain survient la mort de jeunes dans un transformateur d’EDF, les banlieues s’enflamment, Certigny n’échappe pas à la folie…

Mon avis : un roman noir, hélas sans doute encore en-dessous de la réalité. Un jeune de douze ans se casse le coude et tombe sur un interne épuisé? Son père, qui est au travail, n’est pas là pour voir sa souffrance dans les heures qui suivent? Pas de chance, il se retrouve paralysé de la main droite, lui qui était droitier et très doué en dessin… Le genre d’erreur médicale qui ne serait pas arrivée ailleurs… et aucune prise en charge psychologique, pas de deuil possible de sa main, le médecin n’a même pas le courage de lui dire que c’est irréversible, il l’apprend d’un chirurgien d’un autre hôpital. Livré à lui-même (sa mère, folle, a été renvoyée en Algérie, son père oscille entre travail et alcool), comment s’étonner qu’il dérive ensuite vers un acte terrible? De l’impuissance des professeurs, les nouveaux qui craquent, les anciens désabusés, ou ceux de l’IUFM complètement à côté des réalités… Un tableau noir, hélas réaliste, si j’en crois ce que me racontent d’anciens camarades de prépa et de foyer qui sont dans ce type d’établissements, pas très optimiste pour ceux qui y font ces jours-ci leur rentrée scolaire…

Post-scriptum : de Thierry Jonquet, décédé en août 2009, j’ai lu et parlé de :

La piel que habito de Pedro Almodóvar

Affiche de La piel que habito de Pedro Almodóvar En vacances, mais avec l’ultra portable… J’ai déplacé l’article lecture programmé par celui-ci… Soirée cinéma vendredi soir (au frais avec la clim, pour le frais, j’ai aussi quelques grottes ornées au programme) avec le dernier film de Pedro Almodóvar, La piel que habito, adapté de Mygale de Thierry Jonquet (que j’ai lu depuis). Pour Pedro Almodóvar, je vous ai parlé ici de ses derniers films, Les étreintes brisées, Julieta, les autres, dont Volver, je les ai vus avant ce blog. Pour Thierry Jonquet, j’ai parlé de Mon vieux, Le secret du rabbin ; Du passé faisons table.

Le film : Tolède, en 2012. Le chirurgien esthétique Robert Ledgard (Antonio Banderas) présente à une réunion de chercheurs la nouvelle peau qu’il a fabriquée et qui, l y a quelques années, aurait pu sauver sa femme qui, gravement brûlée il y a douze ans dans un accident de voiture, avait fini par se suicider. Elle est très résistante, il la présente comme une barrière possible contre le paludisme… mais le président de son université lui interdit de poursuivre des recherches contraire aux lois de bio-éthique, car il avoue avoir travailler sur de la transgenèse à partir de peau de porc sur des souris humanisées (et encore, il est loin d’imaginer la réalité…). De retour dans sa riche villa, véritable bunker, avec une clinique plus ou moins clandestine, quelques domestiques (qu’il renvoie très vite), et Marilia (Marisa Paredes), la femme qui l’a élevée (et ai en fait sa vraie mère). Une jeune femme, Vera (Elena Anaya) est enfermée à l’étage, elle ressemble fortement à l’ex-femme de Robert, est couverte d’une seconde peau, une sorte de justaucorps couleur chair. Retour six ans auparavant. Maria, la fille de Robert, très perturbée, avait été autorisée par son psychiatre à aller à un mariage où était aussi son père… qui la retrouve un peu plus tard victime d’une tentative de viol. Elle se suicide quelques jours plus tard, le père retrouve Vicente, le présumé violeur (Jan Cornet) et l’enlève…

Mon avis : j’ai moins aimé que les précédents… Un bon point pourtant dès le début, Véra façonne des figurines d’après un catalogue de Louise Bourgeois. Sans doute, le sujet est dérangeant… Mais peut-être aussi à cause du choix de faire du chirurgien un homme ivre de vengeance, qui perd toute limite morale. Je ne sais pas si l’intrusion de l’homme-tigre est dans le livre de Jonquet [j’ai maintenant lu le livre, Mygale, assez loin de l’adaptation!]. Mais ce passage est complètement en décalage. Un jour, un homme sonne à la porte de la villa. C’est le fils de Marilia, le demi-frère du chirurgien, il vient de commettre un braquage et s’en est sorti grâce au carnaval… Je vous laisse découvrir la suite de cette séquence dans le film. Autre chose qui m’a beaucoup dérangé, l’intrusion de nombreuses marques (de téléviseur, de parfum, etc.) que l’on voit nettement et en gros plan bien nets… Si la publicité entre ainsi dans les films, où va-ton?

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films:

Du passé faisons table rase de Thierry Jonquet

Couverture de DU passé faisons table rase de Thierry Jonquet pioche-en-bib.jpgAprès avoir lu Mon vieux de Thierry Jonquet, j’ai emprunté à la médiathèque un de ses livres plus anciens. Si vous lisez des ouvrages de cet auteur décédé au mois d’août, mettez un petit mot sur le blog de mille et une pages, qui a prévu de lui rendre hommage à la fin du mois de septembre.

Le livre : Du passé faisons table rase, de Thierry Jonquet, dans l’édition de la collection Furies, aux éditions Dagorno, 1994, 249 pages, ISBN 2-910019-20-9, publié pour la première fois en 1982 chez Albin Michel, dans la collection Sanguine, sous le pseudonyme de Ramon Mercader, du nom de l’assassin de Trotski, mais existe dans plusieurs autres éditions, par exemple chez Actes sud (Babel noir n° 321) ou en Folio Policier.

L’histoire : en 1972, quatre personnes sont discrètement assassinées en Amérique du Sud, en France et en Allemagne, dans des crimes  » parfaits  » maquillés en suicide ou en accidents. En 1947, de retour du STO, où il avait été volontaire, René Castel a adhéré, par intérêt (protection, faire comme la majorité), au parti communiste, comme il avait en 1935 débarqué à Paris et opté pour une option politique opposée. En 1978, au siège du parti communiste, l’un des dirigeants, Jacques Delouvert, rescapé d’un camps de déporté, reçoit des documents qui laissent supposer le passé sulfureux pendant la guerre du chef du parti… Une campagne électorale est en cours, tourne autour de l’insécurité en banlieue, le mari d’une militante est assassiné. Une cellule des services secrets s’en mêle. Le lien entre tous ces événements ? La guerre, la résistance, les profiteurs de guerre, le parti communiste…

Mon avis : cette histoire est un peu (beaucoup même) dépassée, le parti communiste n’a plus son importance d’après guerre ni même de l’union de la gauche de 1981, toute d’actualité lors de la publication du roman. Le passé au STO de Georges Marchais n’intéresse plus personne, ni la distinction entre des STO volontaires et des STO contraints… Cela dit, l’écriture est efficace, les magouilles que l’on espère d’un autre temps m’ont finalement tenue en halène.

Post-scriptum : de Thierry Jonquet, décédé en août 2009, j’ai lu et parlé de :

Mon vieux, de Thierry Jonquet

Couverture de Mon vieux, de Jonquet pioche-en-bib.jpgComme je vous l’ai dit, samedi, j’ai eu envie de lire un livre de Thierry Jonquet, décédé trop jeune de 9 août 2009 des suites d’une crise d’épilepsie. Après un tour du rayon de la médiathèque médiathèque, j’ai choisi ce livre.

Le livre
: Mon vieux, de Thierry Jonquet, Collection seuil policier, éditions du Seuil, 323 pages, 2004, ISBN 2-02-055790-8.

L’histoire
: Paris, quartier de Belleville, en 2003, à la veille de la canicule. Daniel Tessandier, R-miste, violent et raciste, perd le logement pas cher qu’il avait chez une vieille dame : elle doit récupérer la chambre de bonne pour sa petite-fille qui arrive faire ses études Paris. Tombera-t-il au même niveau que la bande de clodos menée par Nanar sur le trottoir ? Dans son petit appartement qu’il va bientôt devoir quitter, pour cause d’opération immobilière, Alain Colmont n’arrive plus à écrire de scénarios alors qu’il dépense des fortunes pour sa fille Cécile, victime d’un terrible accident de scooter il y a trois ans, dépressive et défigurée, il se ruine pour une clinique privée sur l’île de Groix et des opérations que la sécu considère maintenant comme esthétiques et non plus réparatrices. Depuis trois ans aussi, un vieillard retrouvé errant sur la voie publique croupit dans un mouroir (centre de long séjour) de banlieue, sans identité. Seul Mathurin Debion, aide-soignant antillais, alcoolique, réussit à lui faire passer une ou deux heures de calme en promenade. Qu’est-ce qui unit ces personnages, présentés brièvement en quelques pages au début du livre ? À vous de le découvrir…

Mon avis
: j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire, plutôt dans les histoires, qui au début semblent indépendantes. Le passage de l’une à l’autre est déconcertante. Et puis, peu peu, je suis entrée dans ce monde de Belleville, vu par les yeux des clodos comme par celui du prof devenu scénariste. Je ne regrette pas de ne pas avoir abandonner vers la page 80… Mais je déteste abandonner les livres, même si certains résistent

Comme toujours chez Jonquet, les portraits sont très justes, très bien tracés.

Post-scriptum : de Thierry Jonquet, décédé en août 2009, j’ai lu et parlé de :

Lecture : Thierry Jonquet, Le secret du rabbin

Couverture du secret du rabbin de Thierry Jonquet Lors de mon dernier voyage en train, samedi dernier, j’ai lu Le secret du rabbin de Thierry Jonquet, en réédition 2005 dans la collection Folio policier n° 199, ISBN 2-07-041204-0.

Le début de l’histoire :
Printemps 1920, dans la petite ville de Lvov, en Pologne, l’ancien rabbin Morchedai Hirschbaum meurt pendant l’office, à l’âge de 97 ans. Il charge son successeur d’exécuter un étrange testament (qu’on ne connaîtra qu’à la fin, présenté tout au long du livre comme la quête d’un trésor), qui nécessite la venue de quatre de ses neveux : Rachel, membre active du parti bolchevik en Russie, Moses, truand à New-York, Léon (qui a francisé son nom), officier mutilé en 1918 et habitant Paris, et David, militant sioniste en Palestine. Aucun d’entre eux ne veut venir en Pologne, mais tous y sont poussés par leur entourage pour des raisons improbables. S’ensuivent un tas d’aventures dans une Pologne en pleine guerre pendant l’été 1920, on y croise d’autres personnages improbables.

En dehors de la ponctuation assez défectueuse (due à l’éditeur, pas à l’auteur), qui a le don de m’agacer, je n’ai pas trop apprécié ce livre. Je trouve que l’idée de départ est sympa, mais ensuite, tout est à peine effleuré, trop superficiel. Vous pouvez vous faire une idée par vous-même.

Post-scriptum : de Thierry Jonquet, décédé en août 2009, j’ai lu et parlé de :