Archives par étiquette : Paris

La page blanche de Boulet et Pénélope Bagieu

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Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgUn livre réservé à la médiathèque, après avoir lu un avis très positif… je ne sais plus sur quel blog…

Le livre : La page blanche de Boulet (scénario) et Pénélope Bagieu (dessin et couleurs), collection Mirages, éditions Delcourt, 2012, 201 pages, ISBN 978-2756026725.

L’histoire : à Paris de nos jours (en tout cas, après 2007…). Station de métro Montgallet. Une jeune femme se retrouve sur un banc, face à une boutique, et se demande ce qu’elle fait là, qui elle est… Son sac à main lui donne son nom… Éloïse, cela ne lui dit rien, elle est devenue amnésique… Elle se rend à l’adresse indiquée dans les papiers, aïe, un code, elle ne s’en souvient pas, elle profite du passage d’une voisine pour entrer… Quel appartement? Un indice, donné par un voisin… son chat a miaulé toute la journée… Des collègues s’inquiètent, des collègues? Où? Qui? Retrouvera-t-elle la mémoire de sa vie, son identité?

Mon avis : un dessin assez simplifié, très coloré, au service d’une histoire originale, qui alterne l’emprise dans la vie réelle mais oubliée, et en tons atténués, ce qu’ Éloïse imagine avoir pu être sa vie ou ce qu’elle va trouver (derrière la porte de son appartement, etc.). Les pages avec son médecin puis les psys de diverses tendances sont -encore plus que les autres pages je trouve- pleines d’humour et encore plus drôles… sur fond d’une interrogation majeure: qui suis-je? Qui étais-je? Qui serai-je?

Logo 2012 du Top BD des blogueurs, nouvelle version Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Chats noirs, chiens blancs, tome 2, de Vanna Vinci

Chats noirs, chiens blancs, tome 2, de Vanna Vinci

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgEn prenant le tome 1, j’avais aussi pris le tome 2 à la médiathèque… je l’ai lu, même si je n’avais pas été convaincue par le premier tome…

Le livre : Chats noirs, chiens blancs, tome 2, chemin faisant de Vanna Vinci (dessin, scénario, couleur), traduit de l’italien par Claudia Migliaccio, éditions Dargaud, 2010, 126 pages, ISBN 978-2-505-00934-4.

L’histoire : Paris, dans les années 2000 avec des flashs dans le passé. Gilla, la jeune italienne venue chercher le sens de sa vie à Paris, est toujours à la dérive. Elle s’habille toujours avec les vêtements des années 60 de Cicci qui l’héberge, quitte le cours de photographie, erre dans Paris et y croise de nouveaux fantômes en plus de Roby, son ex-petit ami décédé : Zelda Fitzegarld, la marquise Luisa Casati, une riche femme du début du 20ème siècle…

Mon avis : je ne suis pas plus convaincue par ce deuxième tome que par le premier… Je ne retenterai pas cette auteure…

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La meilleure façon de s’aimer de Akli Tadjer

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pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions.

Le livre : La meilleure façon de s’aimer de Akli Tadjer, éditions Jean-Claude Lattès, 2012, 284 pages, ISBN 978-2709635257.

L’histoire : de nos jours à Paris et en Algérie au moment de la guerre d’indépendance. Après les attentats du 11 septembre 2001, Saïd a perdu son travail, il vendait des assurances à des arabes… qui avaient un taux de sinistres plus importants et étaient non rentables, d’après son patron… Il change de nom et de prénom, le voici devenu Sergio, pas plus mal non plus pour draguer… A l’hôpital, il retrouve presque chaque jour sa mère, Fatima, qui a été victime d’un accident vasculaire cérébral il y a trois mois. Cette dernière est sortie du comas il y a un bon mois, mais elle est aphasique. Cependant, elle comprend parfaitement ce que disent les gens -dont son fils- qui viennent la voir, sa pensée revient à sa jeunesse en Algérie. Enfant, ses parents ont mis une bombe dans un café à Alger, ils sont morts, elle a été élevée dans un orphelinat catholique. Prise en affection par un couple de colons, ceux-ci fuient à l’indépendance, lui promettant de venir la chercher… Elle finira quand même par venir en France, un mari alcoolique, elle ne veut pas d’enfant, Saïd arrive quand même, mais leurs relations semblent avoir toujours été compliquées…

Mon avis : un beau texte qui alterne le point de vue du fils et de la mère. Un amour compliqué, des amours compliqués, chacun, au fil de leurs souvenirs, racontent leurs histoires d’amour respectives, mais l’amour mère-fils surgira-t-il enfin? Un texte aussi sur la prise en charge de personnes âgées (ou non) victimes d’AVC. Certes, Fatima ne peut pas parler, mais elle n’en est pas pour autant un « légume », quoiqu’en pense une ex de son fils… Elle subit les soins, les réflexions, les remarques qui la rabaissent sans pouvoir s’exprimer… Un texte qui est une belle découverte… Merci aux bibliothécaires de l’avoir acquis et mis en avant dans le rayonnage!

Bienvenue en arabeUn livre qui entre dans le cadre du défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya.

Opium Poppy de Hubert Haddad

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pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions. Il a reçu le prix du Cercle Interallié 2012. Depuis, j’ai aussi lu Palestine du même auteur.

Le livre : Opium Poppy de Hubert Haddad, éditions Zulma, 2011, 171 pages, ISBN 978-2-84304-566-0.

L’histoire : de nos jours à Paris. Dans un centre de rétention, ou plutôt dans un centre pour mineurs isolés. Un petit garçon d’une douzaine d’années est interrogé par le médecin, il refuse de dire son nom, de raconter son histoire, mais ses cicatrices disent les balles qu’il a reçues. Il a juste montré sur une carte son pays d’origine, l’Afghanistan. Alors, on lui donne le prénom d’Alam, lui, ça lui va, c’était le prénom de son frère aîné… Dans ce centre où se côtoient des mineurs de toutes origines, un Kosovar fait la loi, les enfants sont censés apprendre le français à partir de cours de grammaire… Alam s’en échappera assez vite. Pour revenir sur son histoire, celle d’un fils de paysan originaire de la région montagneuse du Kandahar. Il avait été retrouvé gravement blessé lors d’un accrochage entre paysans et rebelles, récupéré par des militaires. Là-bas, auparavant, il était l’Évanoui, à la honte de son père, il s’était évanoui lors de la cérémonie de circoncision. Son père qui produisait du pavot pour survivre… Une prise de livraison s’était mal passée, les seigneurs de la guerre avaient été attaqués, le père avait fait une attaque cérébrale, devenu légume, sa femme l’avait transporté dans la ville minière voisine, ses deux fils livrés à la débrouille… Alam finit enrôlé par les talibans.

Mon avis : un récit haletant, dévoré d’une traite, qui alterne la vie passée et tragique de cet enfant en Afghanistan, et sa vie tout aussi tragique en France, du centre de rétention au squat où il finit par arriver… Comment peut-on imposer ainsi à des enfants l’apprentissage du français par la grammaire et la conjugaison du verbe être? Il existe de meilleures manières d’aborder le français langue étrangère (FLE)… Comment peut-on livrer un enfant à un interrogatoire sur sa vie passée, le mettre aux mains d’un psychologue, sans s’assurer qu’il comprend bien, lui proposer un interprète, tenter de comprendre ce qui lui est arrivé autrement qu’en jargon psy (traumatisme de guerre…)? Comment peut-on laisser ces enfants isolés ainsi entre eux, la loi du plus fort de leur vie antérieure, souvent très difficile, ne peut que conduire à des drames… Comment cet enfant peut-il n’avoir pas été identifié lorsqu’il a été blessé (personne ne l’a réclamé, mais personne ne semble s’être soucié de retrouver as famille)? Comment peut-il ensuite rester à vivre dans la rue, sous la protection d’un chef de squat, jusqu’à la fin inévitable… Sans oublier que les mineurs isolés devraient être pris en charge par la France, la société, plus prosaïquement les conseils généraux, chargés de l’aide sociale à l’enfance, mais chaque jour, en région parisienne, des dizaines de ces enfants sont rejetés des centres d’hébergement, livrés à la loi de la rue…

Sur le sujet des mineurs isolés en France, voir par exemple le dossier de France terre d’Asile et le rapport parlementaire de Isabelle Debré (mai 2010) sur le site de la documentation française, la situation a encore empiré depuis ce rapport.

Bienvenue en arabeUn livre qui entre dans le cadre du défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya. L’auteur, Hubert Abraham Haddad, est né à Tunis en 1947, il a suivi l’exil de ses parents quelques années plus tard, à Belleville.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Tunisie.

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson

L’anneau de Moebius de Frank Thilliez

Couverture de L'anneau de Moebius de Frank Thilliez pioche-en-bib.jpgJe continue à lire les ouvrages de Frank Thilliez en les empruntant à la médiathèque.

Le livre : L’anneau de Moebius de Frank Thilliez, collection Thriller, éditions Le Passage, 2008, 440 pages, ISBN 978-2-84742-122-4.

L’histoire : Paris, du 3 au 15 mai 2007… Victor Marchal, fils d’un grand flic, accusé de favoritisme par ses collègues même s’il s’en défend, vient de prendre son poste à la brigade criminelle. Pour sa première enquête, il se retrouve face à un meurtre particulièrement violent, une ex-star du porno torturée et dont le cadavre a été mis en scène avec des poupées, dont l’une est mutilée… Très vite, l’enquête s’oriente vers un milieu glauque où des gens sont attirés par des corps difformes, que ce soit dû à la maladie ou à des mutilations… Il croise très vire Stéphane Kismet, décorateur de cinéma (il fabrique notamment des masques et des monstres), hanté par des rêves prémonitoires…

Mon avis : une plongée dans un monde déviant étonnant… ainsi qu’à la limite de la science fiction… Stéphane vit dans ses rêves les événements avec un décalage de 6 jours et 20 heures, soit en avance, soit en retard, le Stéphane du présent, du futur et du passé se croiseront-ils, pourront-ils influencer le destin et le cours de ces événements??? En tout cas, on se laisse prendre au récit, j’ai terminé le livre un soir fort tard, impossible de lâcher le livre sans connaître la fin!

Pour aller plus loin : le site officiel de Franck Thilliez

Les titres dans l’ordre de parution :

L’enfant improbable de Jeannine Poitau

Couverture de L'enfant improbable de Jeannine Poitau pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions.

Le livre : L’enfant improbable de Jeannine Poitau, éditions Les presses du Midi, 2011, 160 pages, ISBN 978-28127-0269-3.

L’histoire : à Paris et en proche banlieue, de nos jours. Clara et Jean, la cinquantaine bien tassée, habitent en proche banlieue et travaillent ensemble dans une maison d’édition parisienne en pleine crise à cause d’une restructuration. Leur fils Sylvain vit en couple avec Richard. Ces derniers leur demandent leur avis: ils veulent un enfant et hésitent entre le recours à une mère porteuse et l’adoption… conscients des obstacles liés à leur homosexualité. Parallèlement, Clara et Jean continuent leur vie avec leurs amis, invitent les uns à dîner, écoutent les doléances des autres au téléphone, au bureau… Une amie trop possessive a du mal à laisser sa fille vivre sa vie, d’autres s’inquiètent pour leur fils boiteux suite à un accident, etc. Seront-ils finalement grands-parents?

Mon avis : bof! Je pensais, comme le dit la quatrième de couverture, qu’il s’agissait d’un livre sur l’homoparentalité et l’adoption par les couples d’homosexuels, un sujet d’actualité… En fait, nous naviguons très lentement au fil des pages dans les états d’âme de Clara, la mère de Sylvain, un peu dans ceux de son mari, Jean… et plus dans leurs autres problèmes que dans celui qui est annoncé par le titre et la quatrième de couverture. Et une autre solution beaucoup plus simple, utilisée par des ami(e)s, n’est pas abordée ici: un couple de femmes et un couple d’hommes peuvent très bien faire aux yeux de la loi et de la société deux couples hétéro, chacun avec un enfant… et on a comme dans la réalité deux papas, deux mamans, deux enfants, qui vivent dans deux appartements voisins, en parfaite harmonie. Certes, la situation peut se compliquer sérieusement en cas de dispute ou de décès de l’un des parents. A ce qu’ils disent, la solution qu’ils ont choisie est loin d’être un cas isolé.

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Repas de morts de Dmitri Bortnikov

Couverture de Repas de morts de Dmitri Bortnikov pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Repas de morts de Dmitri Bortnikov, éditions Allia, 2011, 188 pages, ISBN 978-2844853738.

L’histoire : de nos jours, à Paris. Un homme en train de se masturber devant un film porno, Dim, apprend, par un coup de fil de son père, la mort de sa mère. Une mort qui va le hanter… Sa mère avait travaillé dans une maternité, les âmes des enfants avortés étaient venus la hanter dans sa vieillesse. Sombrant dans la folie, parlant seule, les pieds chaussés de sacs plastiques, elle est tombée, elle est morte. Et voilà que son passé, le passé de sa famille fait irruption dans la tête de Dim, tout se mélange, l’Île-de-France, la steppe d’Asie centrale en Yakoutie, son père, sa mère, son frère, des chiens, ses grands-parents, des soldats, ses amours, le présent, le passé.

Mon avis : j’ai beaucoup aimé… la couverture de Subodh Gupta, qui rappelle un élément échappé de l’une de ses grandes œuvres monumentales, comme celle (God Hungry) qu’il avait réalisé dans le cadre de Lille 3000 dans l’église Sainte-Marie-Madeleine en 2006. Côté livre, c’est le premier que Dmitri Bortnikov écrit directement en français (il habite en France depuis 2010), dans un style très très spécial, que ce soit dans la forme, le style ou la syntaxe : abondance de point de suspensions, de coupures avec des séries de —, des phrases très courtes entrecoupées de plus longs passages… Un récit haché qui n’arrête pas de passer du coq à l’âne, du présent à un passé plus ou moins lointain, je n’ai pas du tout accroché…

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logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Russie, pays d’origine de l’auteur, et où se passe une bonne partie du livre.

Exhibitions au musée du quai Branly à Paris

La façade sur Seine et le jardin du musée du quai Branly Le musée du quai Branly à Paris (ici une photographie de 2009…) organise jusqu’au 3 juin 2012 sur la mezzanine ouest (entrée dans le musée, billet collections permanentes) intitulée L’invention du sauvage, exhibitions.

Sur la présentation officielle, on peut lire :

« EXHIBITIONS met en lumière l’histoire de femmes, d’hommes et d’enfants, venus d’Afrique, d’Asie, d’Océanie ou d’Amérique, exhibés en Occident à l’occasion de numéros de cirque, de représentations de théâtre, de revues de cabaret, dans des foires, des zoos, des défilés, des villages reconstitués ou dans le cadre des expositions universelles et coloniales. Un processus qui commence au 16e siècle dans les cours royales et va croître jusqu’au milieu du 20e siècle en Europe, en Amérique et au Japon. »

 L'hôtel de ville de Niort, 4, le blason Mon avis : l’exposition mélange plusieurs choses… Au début de la période, il s’agit d’exhiber des « sauvages » comme on exhibe aussi des personnes difformes dans les foires, etc. Voyeurisme, pas de doute, mais à ce moment-là, il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’un comportement raciste et de bourrage de crâne du visiteur de ces exhibitions comme cela semble être le discours tout au long de l’exposition. Pour l’image du « sauvage », au passage, je vous invite à revoir ceux qui portent les armoiries de Niort… Je vous remets l’image, si avez avec la flemme d’aller revoir l’article. Ils ne sont pas inintéressants, car ils sont présentés comme un souvenir des fêtes costumées données par le duc de Berry à la fin du 14e siècle… donc exactement dans le même mouvement que ce qui est présenté dans l’exposition. Et dans le même cliché, dénudés et armés de gourdins.

La deuxième partie montre un phénomène tout à fait différent, qui se développe du début du 19e siècle aux années 1950. A ce moment-là, il y a réellement une exploitation voire une industrie du « spectacle exotique ». Des figurants voire de véritables artistes, en troupes, font le tour de l’Europe et de l’Amérique du Nord, dans de véritables « zoos humains », que ce soient dans des parcs comme le jardin d’acclimatation à Paris ou lors des expositions coloniales. Au début, il y a vraiment une sorte d’esclavage de ces personnes exhibées, qui payent un lourd tribut en maladies et accidents. Mais peu à peu, ils deviennent de vraies troupes, avec mise en scène, costumes, répétitions, etc. Alors certes, il y a la barrière avilissante, mais ils reçoivent la plupart du temps à ce moment là un cachet. Est-ce bien différent des spectacles que donnent aujourd’hui les tribus Massaï ou les esquimaux du Canada aux visiteurs (j’aurai pu prendre beaucoup d’autres exemples)? On me rétorquera sans doute que dans ces spectacles « ethniques » sur place, il y a des retombées économiques positives pour ceux qui accueillent les « visiteurs ». Mais n’était-ce pas aussi le cas avec les troupes des années 1930?

Je pense que l’exposition aurait dû vraiment mieux séparer les choses. La présentation aurait aussi gagné à être différente… Le visiteur de 2012 qui regarde les cires à caractère racial et raciste n’est guère dans une situation différente du spectateur de ces cires dans des cabanes de foire un siècle plus tôt. Restez un peu au bout de la salle, et vous verrez, il y a ceux qui passent vite, comme gênés, et ceux qui semblent fascinés, en situation de voyeurisme, qui les scrutent les unes après les autres… Je vous passe même un commentaire entendu et qui devait être le commun des commentaires à l’époque, visiblement, le discours anti-raciste qui est censé accompagner l’exposition n’était pas passé pour ce papa qui expliquait à son fils qu’il avait devant lui la preuve de la supériorité des blancs (pas au deuxième degré, comme j’ai pu le constater dans la salle suivante où il tenait impunément des propos très racistes). Je ne sais pas comment il aurait fallu présenter ces cires, mais certainement pas comme elles le sont, les commissaires de l’exposition auraient dû mieux faire entendre leur point de vue auprès des muséographes. C’est également le cas pour la dernière salle, qui n’a absolument rien à voir et mélange tout.

Alors oui, ces exhibitions ont participé à forger l’imaginaire du sauvage, à ancrer des thèses racistes dans la tête des gens, mais il y avait aussi les dessins, caricatures, articles de la presse (relire avec prudence les revues des ligues dans les années 1930), etc. Le phénomène est beaucoup plus complexe.

Pour les visiteurs, il y a trois catégories:

– ceux qui connaissent le sujet et/ou sont au moins sympathisants de mouvements proches des droits de l’homme, ceux-ci vont glaner quelques pépites, approfondiront leurs connaissances…

– ceux qui viennent avec des a priori racistes et se trouvent littéralement confortés par cette exposition (cf. le discours du père à son fils devant les cires raciales)

– ceux qui n’ont pas vraiment d’avis, et qui ressortent en n’en sachant pas vraiment plus, parce qu’ils ont avalé un « gloubiboulga » (oups, les moins de 40 ans ne vont pas comprendre), une sorte de mixture qui mélange des choses qui ont pas toujours quelque chose à voir entre elles, un discours dense, mais qu’ils n’auront pas lu en entier (un visiteur fatigue dès qu’il y a plus de 600 à 800 signes sur un panneau).

Et puis, le musée du quai Branly aurait peut-être eu aussi à réfléchir sur la place du musée de l’Homme dont il est l’héritier, sur la salle d’anatomie comparée du musée des antiquités nationales (devenu d’archéologie nationale) dont une partie est également entrée dans les collections de Branly, et même sur son attitude dans des expositions récentes, je pense en particulier à Polynésie, qui présentait des objets rituels liés au cannibalisme… sans parler de cette pratique, excès inverse par rapport à Exhibitions, le « Bon sauvage » ne saurait plus être cannibale…

Pour le musée du Quai Branly, je vous ai déjà parlé de :

Sur le site de l’INA, voir ce petit film sur l’exposition coloniale de 1931 à Vincennes

 

Chats noirs, chiens blancs, tome 1, de Vanna Vinci

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pioche-en-bib.jpg Logo BD for WomenJ’ai trouvé cet album en fouillant les bacs de la médiathèque à la recherche d’une bande dessinée avec une auteure…

Le livre : Chats noirs, chiens blancs, tome 1, réminiscences parisiennes de Vanna Vinci (dessin, scénario, couleur), traduit de l’italien par Claudia Migliaccio, éditions Dargaud, 2009, 126 pages, ISBN 978-2-5050-0675-6.

L’histoire : à Rome puis à Paris de nos jours. Gilla, étudiante en médecine à Rome, en a marre de son train-train quotidien, ne supporte plus les amis de plongée de son fiancé… Même si sa grand-mère vent de mourir, elle décide de quitter sa mère pour aller retrouver Cicci, une amie de sa mère qui vit depuis 1968 à Paris et qui y possède un studio au-dessus de son appartement. Elle veut y entreprendre des études de photographies… et finit par visiter Paris avec des fantômes, un ami d’enfance mort il y a quelques années, Samuel Beckett, une dame proche de Marie-Antoinette qui a perdu la mémoire…

Mon avis : je n’ai pas vraiment adhéré au scénario qui fait vivre Gilla dans des vêtements de la fin des années 1960 au milieu de fantômes qui apparaissent soit dans un halo jaune, soit après l’apparition dans une bulle d’un chat noir ou d’un chien blanc. Quant à la dizaine de pages qui présentent le Paris de la fin des années 1960, sans doute là pour justifier certaines apparitions d’objets ou de personnages ou encore de chansons au fil des bulles, je ne vois pas trop leur intérêt… J’ai été déçue par cet album, mais comme j’ai sorti les deux tomes de la médiathèque, je lirai la suite (voir le tome 2)…

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L’exercice de l’État de Pierre Schoeller

Affiche de L'exercice de l'État de Pierre Schoeller

Je termine le festival télérama 2012 avec L’exercice de l’État, de Pierre Schoeller… Cela fait quatre films vus avant le festival, six pendant, soit dix sur quinze, les autres ne me tentaient vraiment pas…

Le film : à Paris de nos jours. Le film s’ouvre par un cauchemar… une femme qui rentre dans un crocodile, un sac plastique sur la tête. Cauchemar rattrapé par la réalité. Le ministre des transports Bertrand Saint-Jean (Olivier Gourmet) est réveillé en pleine nuit, un car transportant des adolescents s’est renversé dans les Ardennes, il y a des morts, des blessés, il doit aller sur place, prononcer le discours préparé pour lui pendant le trajet (effectué en partie en hélico). On plonge ensuite dans le quotidien du ministre, dont la vie est entièrement organisée par son directeur de cabinet, Gilles (Michel Blanc) qui va jusqu’à régler les problèmes de passeport de sa fille ou prévoir le cadeau d’anniversaire de sa femme (pas de chance, l’opéra sera annulé pour cause de grève…). La question en toile de fond: faut-il ou non privatiser les gares? Il n’a pas d’avis, s’en remet à ce qu’on lui fait tenir comme position, dans un sens ou dans l’autre, au gré des alliances…

Mon avis : ce film aurait aussi bien pu être un téléfilm, rien de bien original, si ce n’est la surimpression à l’écran de SMS qui tombent ici ou là… Le scénario repêche la médiocrité d’un point de vue strictement cinématographique. Rien à voir avec le très inventif Pater d’Alain Cavallier. Ce film dénonce le fonctionnement des ministères, le rôle des chefs de cabinet, de l’attachée de communication personnelle, des conseillers… Il oublie deux rouages importants dans cet exercice du pouvoir… Ceux qui manipulent les ministres en général via leurs conseillers, à savoir les lobbies pouvant passer par des agences de communication spécialisées (sans état d’âme, elles vont au client le plus offrant), et quand même un contre-pouvoir, la presse libre et satirique, du type du Canard enchaîné ou de Charlie Hebdo. Après une intervention à la radio, la chargée de comm’ vante les retombées dans la presse du discours du ministre, elle oublie de regarder la presse libre…

Un épisode a trouvé un cruel écho juste après que j’ai vu le film. Dans le film, le ministre est agacé d’être retardé par un ralentissement sur l’autoroute, il doit aller à une réunion pour son parachutage électoral… Alors, il décide de diriger son chauffeur (un chômeur de longue durée en stage pour un mois) sur une portion d’autoroute pas encore en service, il doit l’inaugurer la semaine prochaine. Il contraint le pauvre employé présent d’ouvrir la barrière qui barre l’accès… et quelques kilomètres plus loin, ce qui devait arriver arriva: tonneaux, ministre légèrement blessé… mais chauffeur éjecté et tué sur le coup. Cela ne vous rappelle rien? Nadine Morano a obtenu du premier ministre l’autre jour une escorte policière pour aller rejoindre l’aéroport militaire où un avion ministériel l’attend… pour rentrer dans son fief électoral à Nancy (voir par exemple l’article du Monde après un petit tour à une rencontre où sont déjà d’autres ministres, sa présence n’est donc pas indispensable). Aucune urgence en fait, puisque cet avion l’aurait attendue, et Le Canard (daté du 25 janvier 2012) rappelle qu’elle aurait aussi bien pu prendre le TGV, 1h30 de centre-ville à centre-ville. J’ajouterai même qu’elle AURAIT DÛ prendre le train, bien meilleur pour l’environnement… et pour les finances publiques (il paraît qu’il faut faire des économies, cela ne vaut visiblement pas pour tout le monde). Et le tragique est arrivé: un des motards de l’escorte a renversé un étudiant qui traversait la voie prise en sens interdit par l’escorte et la voiture ministérielle, coma, double fracture du crâne et trois mois d’ITT (incapacité totale de travail) pour l’étudiant, la ministre a poursuivi sa route et à peine demandé de ses nouvelles avant que le scandale soit révélé à la presse…

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films: