Archives par étiquette : Rome

L’affaire Raphaël de Iain Pears

Logo God save the livreCouverture de L'affaire Raphaël de Iain PearsLogo de pioché en bibliothèqueUn livre trouvé au rayon large vision de la médiathèque.

Le livre : L’affaire Raphaël de Iain Pears, traduit de l’anglais par Georges-Michel Sarotte, éditions Belfond, 2000 [édition en anglais en 1990], 300 pages, ISBN 9782714436719 (lu en large vision aux éditions Feryane).

L’histoire : à Rome à la fin des années 1980. Taddeo Bottando et Flavia di Stephano sont les piliers de la brigade de répression du vol des oeuvres d’art. Un authentique Raphaël serait camouflé sous une toile de Carlo Mantini: au 17e siècle, un riche anglais l’aurait fait recouvrir pour l’importer depuis Rome sans payer de taxe, mais il est mort peu après, sans avoir pu récupérer le tableau… Du moins est-ce la théorie de Jonathan Argyll, qui réalise une thèse sur Mantini. Voici nos deux policiers dans une petite église romaine, à la recherche du tableau… mais il a disparu, acheté peu auparavant par un marchand d’art anglais. Il réapparaît à Rome, est retauré, étudié, vendu aux enchères et racheté (fort cher) par le gouvernement italien. Mais ce tableau est-il vraiment un Raphaël? Poursuivant ses travaux, Argyll doute… les policiers enquêtent, l’affaire rebondit dans une banque suisse après l’ouverture d’un coffre appartenant à un faussaire récemment mort à Paris…

Mon avis : j’ai bien aimé ce polar agréable à lire, plein de rebondissements jusqu’à la dernière page. Pas le polar du siècle, pas très noir, mais une plongée dans le monde de l’art, des restaurateurs, des faussaires, plutôt bien documentée. Un petit bémol, peut-être dû en partie au traducteur, dans le chapitre 6 (page 131 de l’édition en large vision): « le datage à la fibre de carbone de la toile et de la peinture -effectué grâce à un minuscule fragment prélevé sur le côté, puis pulvérisé et imprégné d’une dose de radioactivité- avait révélé que le tableau n’avait as moins de trois cent cinquante ans ». Cela montre une grande méconnaissance des techniques de datation au radiocarbone… La technique repose sur le fait que lorsqu’un organisme meurt, il a une certaine dose de carbone 12 et 14. Au fil du temps, les atomes de carbone 14 (radiocarbone, instable) se transforment en atomes de carbone 12 (stable) à une vitesse constante (mais mal calculée lors de l’élaboration de la méthode). La technique classique compte sur une assez longue période, dans un caisson en plomb (à l’abri du rayonnement cosmique), sur une certaine durée, le rayonnement émis par la désintégration du carbone 14 en carbone 12. Elle nécessite un échantillon assez gros de carbone, que l’on trouve dans la matière organique, donc dans la toile, pas dans les pigments minéraux des tableaux… La technique à l’accélérateur de particules (AMS/SMA), pas encore de routine lors de la rédaction du livre en 1990, nécessite un échantillon beaucoup plus petit. Après traitement et purification, il est introduit dans un accélérateur de particules qui mesure à la sortie le nombre d’atomes de carbone 12, 13 et 14 (de poids atomiques différents, ils ne sortent pas au même endroit de la boucle de l’accélérateur). A aucun moment on n’introduit de radioactivité dans le processus! Dans tous les cas, il y a une marge d’erreur liée à la mesure (de plusieurs dizaines à plusieurs centaines d’années), mais aussi à la préparation de l’échantillon. Pour les périodes plus anciennes, la mesure doit aussi être corrigée (« calibrée » suivant des courbes établies avec d’autres méthodes de datation) car l’hypothèse de base de la méthode repose sur une dose constante de carbone 12, 13 et 14 dans l’atmosphère à chaque instant, ce qui est faux (en fonction des variations des rayonnements cosmiques), même avant les essais nucléaires en plein air et la multiplication des centrales nucléaires (accidentées ou non) qui libèrent beaucoup de carbone 14 dans l’air.

 

Logo God save the livre Ce livre entre dans le défi God save the livre, saison 4, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici février 2015 et atteindre l’une de ces catégories : « Duty Harry » (1 livre lu), « Prince Charles » (5 livres), « Prince William » (10 livres), « Lady Di » (15 livres), « The Beatles » (20 livres et plus), « Queen Mom » (au moins un livre en VO)…

 

La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino

Affiche de La Grande Bellezza de Paolo SorrentinoJe poursuis ma participation au festival Télérama 2014 avec La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, qui vient de recevoir le Golden Globes 2014 du meilleur film étranger.

Le film: de nos jours à Rome en plein été. Une grande fête est organisée pour célébrer les 65 ans de Jep Gambardella [Toni Servillo], écrivain qui n’a jamais écrit qu’un livre (L’apparato umano) il y a fort longtemps (40 ans), qui vit aujourd’hui comme journaliste et critique de théâtre. Il habite dans un grand appartement avec vue sur le Colisée, passe sa vie en dandy cynique, allant de soirées en soirées, sexe, drogue et performances d’art contemporain.

Mon avis : un film long, devenant de plus en plus flou vers la fin avec ma vue, en fermant l’oeil gauche, j’ai pu aller jusqu’au bout, tant pis pour la stimulation du nerf optique gauche qui a eu une heure supplémentaire (en plus de la sieste et des grosses nuits) sans informations. J’ai aussi été gênée par la bande son trop forte, surtout au moment des fêtes nocturnes. Bon, rien de cela n’est dû au réalisateur. Un film avec énormément de références cinématographiques, de belles vues de Rome, notamment de palais, de jardins, de l’aqueduc antique. Un manuel du parfait dandy aussi, vous saurez tout sur comment se tenir à un dîner, lors d’une performance d’art contemporain qui vous ennuie ou à un enterrement. Quelques scènes ou répliques très drôles, d’autres plus troublantes, comme ce chirurgien esthétique super-star qui administre en public à ses patients leur dose de Botox (pour 700 ou 1200 € la dose), ou ce cardinal obsédé par les recettes de cuisine… A côté des fêtards, on voit aussi beaucoup de religieuses, il y a beaucoup de couvents au centre de Rome, et Jep finit par recevoir chez lui une soirée en l’hommage d’une vieille religieuse (104 ans) qui vit en Afrique.

Festival Télérama 2014:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus dans le cadre du festival

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

– les films que je n’ai pas vus

  • Le Géant égoïste de Clio Barnard
  • A touch of Sin de Jia Zhang Ke
  • Snowpiercer, Le Transperceneige de Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky

 

Habemus papam de Nanni Moretti

Affiche de Habemus Papam

Les cardinaux entrent en conclave aujourd’hui, impossible de ne pas repenser au très drôle conclave de Nanni Moretti! [voir aussi mon avis sur son film suivant, Mia Madre].

Article du 12 septembre 2011

Après un beau samedi, des averses toute la journée hier… Tout le monde avait dû se donner rendez-vous au cinéma d’art et essai, foule des grands jours pour Habemus papam de Nanni Moretti…

Le film : Rome, de nos jours. Enterrement du pape, les cardinaux entrent en conclave au Vatican. Dure, l’élection, personne ne veut cette charge, certains tentent de copier sur le voisin, sur la place Saint-Pierre, les journalistes et la foule attendent le résultat. Au troisième tour, c’est le cardinal de Melville (Michel Piccoli) qui est élu. Mais au moment de se présenter au balcon, il craque, ne peut faire le dernier pas. Le porte-parole du Vatican (Jerzy Stuhr) est très ennuyé. Le lendemain matin, certains cardinaux veulent sortir, profiter de leur séjour à Rome pour aller voir une exposition… Impossible, le conclave ne s’achève que lorsque le nouveau pape s’est fait connaître publiquement… Un psychanalyste (Nanni Moretti) est appelé à la rescousse, mais pas facile d’interroger son « patient » avec tous les autres cardinaux autour, des sujets interdits (dont le sexe…), etc. Le soir, aucune amélioration, mais le psy se retrouve enfermé au Vatican… Le lendemain, solution de secours, il est décidé d’exfiltrer le pape du Vatican pour qu’il aille voir l’ex-femme du psy, elle aussi analyste. En sortant, il demande à faire un tour en ville… et profite du passage d’un camion pour disparaître… Que va faire le Vatican? Comment faire patienter la foule des fidèles? Comment occuper les autres cardinaux toujours enfermés? Dieu se serait-il trompé en choisissant Melville (par l’intermédiaire des autres cardinaux)?

Mon avis : le rôle du pape va très bien à Piccoli! Un film drôle… malgré le sujet! Vous ne pourrez pas résister à la partie de beach volley organisée dans la cour du Vatican par le psychanalyste pour faire patienter les cardinaux, ou au « plan comm' » du porte-parole du Vatican qui implique de faire croire qu’il y a quelqu’un dans les appartements pontificaux… La prière ne parvient pas à débloquer le nouveau pape? Le psychanalyste non plus (il faut dire que le dialogue singulier avec une centaine de témoins, ça n’aide pas…). Le Vatican accepte le dialogue singulier pour le second rendez-vous, à l’extérieur, mais aucun résultat non plus (le pape se cache derrière un métier d’acteur… et sort en disant qu’il lui faudra trois séances par semaine, pendant une durée indéterminée…). En plein centenaire 30 ans de la mort de Lacan (vous n’avez pas pu y échapper), un débat Église / analyse avec au centre, rien moins que le pape déprimé ou au moins paniqué par la charge qui lui revient, Nanni Moretti a fait fort dans son scénario…

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films:

Chats noirs, chiens blancs, tome 1, de Vanna Vinci

Couverture de Chats noirs, chiens blancs, tome 1, de Vanna Vinci

pioche-en-bib.jpg Logo BD for WomenJ’ai trouvé cet album en fouillant les bacs de la médiathèque à la recherche d’une bande dessinée avec une auteure…

Le livre : Chats noirs, chiens blancs, tome 1, réminiscences parisiennes de Vanna Vinci (dessin, scénario, couleur), traduit de l’italien par Claudia Migliaccio, éditions Dargaud, 2009, 126 pages, ISBN 978-2-5050-0675-6.

L’histoire : à Rome puis à Paris de nos jours. Gilla, étudiante en médecine à Rome, en a marre de son train-train quotidien, ne supporte plus les amis de plongée de son fiancé… Même si sa grand-mère vent de mourir, elle décide de quitter sa mère pour aller retrouver Cicci, une amie de sa mère qui vit depuis 1968 à Paris et qui y possède un studio au-dessus de son appartement. Elle veut y entreprendre des études de photographies… et finit par visiter Paris avec des fantômes, un ami d’enfance mort il y a quelques années, Samuel Beckett, une dame proche de Marie-Antoinette qui a perdu la mémoire…

Mon avis : je n’ai pas vraiment adhéré au scénario qui fait vivre Gilla dans des vêtements de la fin des années 1960 au milieu de fantômes qui apparaissent soit dans un halo jaune, soit après l’apparition dans une bulle d’un chat noir ou d’un chien blanc. Quant à la dizaine de pages qui présentent le Paris de la fin des années 1960, sans doute là pour justifier certaines apparitions d’objets ou de personnages ou encore de chansons au fil des bulles, je ne vois pas trop leur intérêt… J’ai été déçue par cet album, mais comme j’ai sorti les deux tomes de la médiathèque, je lirai la suite (voir le tome 2)…

Logo 2012 du Top BD des blogueurs Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants de Mathias Enard

Couverture de Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants de Mathias Enard Ce livre m’a été offert par une amie il y a déjà un moment, il a reçu de prix Goncourt des lycéens en 2010 et vient de recevoir le prix du livre Poitou-Charentes (j’en ai lu un certain nombre, voir le récapitulatif ici).

Le livre : Ce qu’on peut lire dans l’air de Mathias Enard, éditions Actes Sud, 2010, 154 pages, ISBN 978-2742793624.

L’histoire : mai 1506, à Rome, Venise puis Constantinople (Istambul). Fâché de ne pas avoir été reçu (et payé) par le pape Jules II dont il prépare depuis plusieurs années le tombeau, Michelangelo Buonarotti (le futur grand Michel Ange) accepte l’offre du Sultan de travailler pour lui. Il quitte subrepticement Venise, inquiet de la réaction du pape quand il apprendra son départ, et arrive à Constantinople, où il est chargé, après le rejet d’un premier projet dessiné par Léonard de Vinci, de dessiner un pont sur la Corne d’Or. Tâche difficile, il est plus sculpteur qu’architecte, même si toute une équipe est mise à sa disposition… et il doit aussi résister aux tentations de la vie mondaine, des séductions, etc. Mènera-t-il à bien son projet?

Mon avis : un récit court et enlevé, qui se lit d’une traite! Où l’on découvre un homme fier voire imbu de lui-même, capable de colères mémorables, méprisant pour Léonard de Vinci… Un récit, une fiction basée sur quelques éléments certains. Et le pont? Les travaux ont bien commencé, mais ont été réduit à néant peu après par un de ces tremblements de terre qui sévissent régulièrement dans ce secteur…

Le déjeuner du 15 août de Gianni di Gregorio

Je rentre du cinéma, où j’ai vu Le déjeuner du 15 août de Gianni di Gregorio. Il a reçu le prix Luigi de Laurentiis du Premier film dans la sélection de la semaine internationale de la critique à Venise en 2008.

L’histoire : Rome, à la veille du 15 août, dans la torpeur de l’été, un quartier périphérique (probablement), les façades taguées. Gianni (joué par le réalisateur, Gianni di Gregorio) vit avec sa mère capricieuse, est acculé par les dettes, envers le syndic de copropriété, le marchand de vin, etc. Menacé d’expulsion, Alfonso, le responsable du syndic, lui propose un marché : garder sa propre mère pendant le week-end du 15 août en échange de l’effacement d’une grande partie de ses dettes. Il revient le lendemain, avec sa mère… et sa tante. Puis, victime d’un malaise, son médecin vient… et lui propose à son tour de garder sa mère… juste pour la nuit. Il se retrouve seul avec quatre vieilles dames au début plutôt de mauvaise humeur…

Mon avis : quand Télérama et Le masque et la plume (en fin d’émission il y a huit jours) recommandent une comédie… classée art et essais, il faudrait se méfier… Pour le côté comédie, et bien, personne n’a vraiment rit dans la salle, parfois sourit quand même. Mais les acteurs, et surtout les actrices, au physique ravagé et plus vieilles dames indignes que mamies gâteaux, si mal appariées, rendent ce film vivant et sympathique, à défaut d’être drôle… Et à Rome, pas plus de casque en scooter qu’en Algérie (dans Mascarades de Lyes Salem) ou au Liban (dans Je veux voir, de Johana Hadjithomas et Khalil Joreig)…

Post-scriptum : dans la journée, Dasola a laissé un commentaire sur mon article La solitude des nombres premiers de Paolo Giordano qu’elle est en train de lire. Je file sur son blog… et voit qu’elle parle dans son dernier article du Dimanche du 15 août et d’autres films. Si vous voulez d’autres avis, allez chez elle, elle donne aussi des liens vers d’autres chroniqueurs…