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Mia Madre de Nanni Moretti

J’ai plein de retard pour vous parler des films que je suis allée voir ces dernières semaines! Je commence par le plus récent, Mia madre de Nanni Moretti (revoir aussi mon avis sur Habemus papam).
Le film: alors que Margherita [Margherita Buy] est en plein tournage d’un film sur la casse sociale suite au rachat d’une usine, l’état de santé de sa mère, Ada [Guilia Lazzarini], ancienne professeure de lettres classiques, hospitalisée pour une pneumonie, s’aggrave, son cœur lâche peu à peu. Sur le plateau (et au-delà), elle doit gérer Barry Huggins [John Turturro], l’acteur américain mythomane qui n’apprend pas son texte. A la maison, elle se sépare de son ami du moment et entretient une relation apparemment apaisée avec son ex-mari, moins avec Livia [Beatrice Mancini], sa fille adolescente qui rechigne à apprendre le latin. Il lui reste peu de temps pour aller à l’hôpital, où son frère Giovanni [Nanni Moretti] passe beaucoup de temps, ayant pris une disponibilité pour être plus présent.

Mon avis: ce n’est pas mon film préféré de Nanni Moretti, contrairement à ce qu’ont dit beaucoup de critiques, je n’ai pas ressenti de vrais moments d’émotion. La fin de vie de la grand-mère ne m’a pas semblé le personnage principal, et l’ambiguïté de Margherita, ses doutes (sur sa vie, sur son film qui vire au fiasco à cause de son erreur de casting, etc.) ne la rendent pas plus sympathique que ça, mais pas non plus antipathique, pas d’empathie non plus pour les moments qu’elle vit. Trop lisse, un peu comme si Nanni Moretti n’était pas allé assez loin dans ce personnage (son double féminin, sa mère est morte pendant le montage de Habemus papam) ? Je n’ai pas toujours bien compris les moments où elle s’échappe par la pensée, souvenirs avec sa mère souvent (avenir avec les caisses de livres), mais j’ai eu du mal avec le réveil dans un appartement inondé, réalité? rêve? Finalement, les moments que j’ai préférés sont ceux sur le plateau de tournage, avec cet acteur qui risque de faire tourner le film à la catastrophe. Allez, j’ai quand même passé un bon moment! Allez le voir pour vous faire votre propre idée, et n’hésitez pas à la partager!

Le petit plus: dans une courte scène, il est question de prosopagnosie sans que le nom soit cité! Barry, l’acteur américain, s’invite dans la famille, sort une pile de photographies de l’équipe du film, parce qu’il est incapable de retenir leur visage, « comme son père », dit-il (et comme Brad Pitt… et plein d’autres personnes, voir mon précédent article). Ceci étant, moi, j’ai eu beaucoup de mal avec son visage, heureusement qu’il y a son italien hésitant, parce qu’il est soit moustachu (l’entrepreneur du film de Margherita), soit glabre (hors plateau), comment voulez-vous que je (enfin, mon cerveau) repère que c’est la même personne???

Habemus papam de Nanni Moretti

Affiche de Habemus Papam

Les cardinaux entrent en conclave aujourd’hui, impossible de ne pas repenser au très drôle conclave de Nanni Moretti! [voir aussi mon avis sur son film suivant, Mia Madre].

Article du 12 septembre 2011

Après un beau samedi, des averses toute la journée hier… Tout le monde avait dû se donner rendez-vous au cinéma d’art et essai, foule des grands jours pour Habemus papam de Nanni Moretti…

Le film : Rome, de nos jours. Enterrement du pape, les cardinaux entrent en conclave au Vatican. Dure, l’élection, personne ne veut cette charge, certains tentent de copier sur le voisin, sur la place Saint-Pierre, les journalistes et la foule attendent le résultat. Au troisième tour, c’est le cardinal de Melville (Michel Piccoli) qui est élu. Mais au moment de se présenter au balcon, il craque, ne peut faire le dernier pas. Le porte-parole du Vatican (Jerzy Stuhr) est très ennuyé. Le lendemain matin, certains cardinaux veulent sortir, profiter de leur séjour à Rome pour aller voir une exposition… Impossible, le conclave ne s’achève que lorsque le nouveau pape s’est fait connaître publiquement… Un psychanalyste (Nanni Moretti) est appelé à la rescousse, mais pas facile d’interroger son « patient » avec tous les autres cardinaux autour, des sujets interdits (dont le sexe…), etc. Le soir, aucune amélioration, mais le psy se retrouve enfermé au Vatican… Le lendemain, solution de secours, il est décidé d’exfiltrer le pape du Vatican pour qu’il aille voir l’ex-femme du psy, elle aussi analyste. En sortant, il demande à faire un tour en ville… et profite du passage d’un camion pour disparaître… Que va faire le Vatican? Comment faire patienter la foule des fidèles? Comment occuper les autres cardinaux toujours enfermés? Dieu se serait-il trompé en choisissant Melville (par l’intermédiaire des autres cardinaux)?

Mon avis : le rôle du pape va très bien à Piccoli! Un film drôle… malgré le sujet! Vous ne pourrez pas résister à la partie de beach volley organisée dans la cour du Vatican par le psychanalyste pour faire patienter les cardinaux, ou au « plan comm' » du porte-parole du Vatican qui implique de faire croire qu’il y a quelqu’un dans les appartements pontificaux… La prière ne parvient pas à débloquer le nouveau pape? Le psychanalyste non plus (il faut dire que le dialogue singulier avec une centaine de témoins, ça n’aide pas…). Le Vatican accepte le dialogue singulier pour le second rendez-vous, à l’extérieur, mais aucun résultat non plus (le pape se cache derrière un métier d’acteur… et sort en disant qu’il lui faudra trois séances par semaine, pendant une durée indéterminée…). En plein centenaire 30 ans de la mort de Lacan (vous n’avez pas pu y échapper), un débat Église / analyse avec au centre, rien moins que le pape déprimé ou au moins paniqué par la charge qui lui revient, Nanni Moretti a fait fort dans son scénario…

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films: