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Le monument aux morts de 1914-1918 à La Rochelle

Monument aux morts de La Rochelle, 01, vu du bout du Mail Le monument aux morts de 1914-1918 à La Rochelle se situe tout au bout du mail (on l’aperçoit au fond sur cette photo), il est sans doute plus sympathique de passer sur le front de mer plutôt que de parcourir cette allée pour le rejoindre…

Monument aux morts de La Rochelle, 02, vu de face Il est composé de grandes stèles sur lesquelles sont inscrites, sur la face principale, le nom des victimes de la guerre 1914-1918, et au centre se dresse un massif soldat en bronze…

Monument aux morts de La Rochelle, 03, vu de trois quarts Le monument est peut-être moins impressionnant comme ça, de trois quarts. Un banc court à l’intérieur, tout autour des stèles (encore faut-il que les anciens combattants ne soient pas trop invalides pour monter les marches pour pouvoir assister aux cérémonies).

Monument aux morts de La Rochelle, 05, la signature du sculpteur Alexis Costa Sur la terrasse (le rebord vertical sous la sculpture) gauche, la signature de l’artiste et la date,  » / 1920″. Joachim Costa (Lézignan-Corbières, 1888 – Narbonne, 1971) a présenté cette œuvre en plâtre au salon des artistes français en 1920 (sous le n° 2982), puis un tirage en bronze (celui-ci?) au salon d’automne en 1921 sous le n° 536. Le monument aux morts de La Rochelle a été inauguré le 19 novembre 1922. Vous pouvez découvrir ses œuvres sur ce site.

Monument aux morts de La Rochelle, 04, la signature du fondeur Alexis Rudier Et sur la droite de la terrasse, la marque du fondeur, « Alexis Rudier / Fondeur Paris » (dont je vous ai déjà parlé pour le monument du maréchal Joffre à Paris). Je n’ai pas trouvé la signature des architectes, Jean Béraud (Talmont-Saint-Hilaire, 1882-1954) et Charles François Bunel (Étampes, 1848 – 1926), architecte départemental de la Charente-Maritime. Jean Béraud et Joachim Costa, avec le même fondeur Alexis Rudier, ont réalisé un monument aux morts assez similaire (mais la canne est dans la main droite au lieu de la main gauche du soldat) pour Pézenas, dans l’Hérault. Une autre variante de ce soladat se trouve dans la ville natale de Joachim Costa, Lézignan-Corbières, dans l’Aude.

Monument aux morts de La Rochelle, 07, le soldat de face Le soldat de La Rochelle se tient debout. Il est vêtu de la lourde tenue d’hiver du poilu.

Monument aux morts de La Rochelle, 08, le côté gauche du soldat De côté, on voit mieux sa main gauche appuyée sur une canne autour de laquelle s’enroule un serpent.

Monument aux morts de La Rochelle, 09, le côté droit du soldat De l’autre côté, il a simplement la main de long du corps.

Monument aux morts de La Rochelle, 10, la tête du soldat Son visage est assez inexpressif. Il porte un casque.

Monument aux morts de La Rochelle, 11, le soldat de dos De dos, on voit peut-être mieux le serpent enroulé autour de la canne.

Monument aux morts de La Rochelle, 12, le socle Le soldat est debout sur un socle de bronze lui-même posé sur un socle en calcaire. Sur ce dernier sont inscrits les textes suivants, à gauche  » Aux veuves / victimes des guerres « , au centre  » Aux Rochellais / morts pour la France / en défendant le droit / et la liberté du monde  » et à droite  » Aux orphelins / victimes des guerres « . Sur le bronze sous les pieds du soldat :  » cux de la grande guerre / 1914 – 1918 « .

Monument aux morts de La Rochelle, 13, le relief à gauche du socle Le socle de bronze porte aussi deux reliefs. Sur celui de gauche, quatre soldats (les têtes) semblent discuter dans le froid, deux d’entre eux fument la pipe.

Monument aux morts de La Rochelle, 14, le relief à droite du socle Quatre autres soldats sur le relief de droite, aussi avec la pipe pour deux d’entre eux.

Monument aux morts de La Rochelle, 16, l'autre côté du monument Sur les côtés, les noms des victimes des conflits suivants…

Monument aux morts de La Rochelle, 15, un côté du monument … et une petite niche avec des cendres des fours crématoires.

Monument aux morts de La Rochelle, 17, le monument de dos Et pour terminer, une vue du dos du monument, tout nu, avec juste la lumière qui filtre entre les stèles.

Toutes ces photographies datent du 25 juin 2011.

Le monument aux mobiles par Raoul Verlet à Angoulême

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 1, vue générale

Le monument aux morts de 1870, dit monuments aux mobiles de la Charente, se trouve à Angoulême juste à côté de l’hôtel de ville, square Marguerite-de-Valois. Il a été inauguré le 27 novembre 1887 à peu près à cet emplacement, mais a été déplacé de 1930 à 1958 près de l’église Saint-Martial. Il est dédié « Aux enfants de la Charente morts pour la Patrie, 1870-1871 », inscrit en haut de l’obélisque, au-dessus des noms des 661 victimes charentaises du conflit de 1870-1871. Vandalisé plusieurs fois, le monument a fait l’objet d’une restauration dans les années 2000, l’épée cassée a été reconstituée.

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 2, la signature de Raoul Verlet Il est l’œuvre de Raoul Verlet (la signature « R. Verlet » est à peine lisible sur le socle), à qui l’on doit aussi à Angoulême le monument à Sadi Carnot et une partie de la sculpture du monument du souvenir français au cimetière de Bardines, ou encore le monument à Adrien Dubouché à Limoges et les monuments à Villebois-Mareuil à Nantes et Grez-en-Bouère. La maquette du projet refusé de Raymond Guimberteau est conservée au musée des Beaux-Arts d’Angoulême.

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 3, la plaque du régiment Sur la base du socle, un plaque de bronze avec cette inscription :  » Le régiment des mobiles de la Charente représentés par les / survivants de son ancien état-major a perpétué le souvenir des journées / de Chambon, Ste Marie, St Julien, Mont Chevis, Béthancourt / par des pierres tombales confiées aux braves habitants de ces localités / 1870 1890″.

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 5, l'épée Au pied de l’obélisque est assise une femme portant un voile de veuve. Les seins dénudés (on voit mieux sur la dernière photographie) mais portant une cuirasse, elle peut être identifiée à une allégorie de la République vaincue (voir Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, par Charlotte Pon-Willemsen, dont je vous ai parlé ici).

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 6, l'épée et les végétaux au sol Elle enfonce à deux mains une grande épée dans le sol, près du bouclier encadré de branches de chêne (signe de force et de vigueur, la revanche est en vue…).

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 4, la République vaincue Sous le pommeau de l’épée est sculptée une croix de Lorraine, en souvenir de l’Alsace-Moselle perdues en 1871.

Ces photographies datent de l’automne 2010.

Pour aller plus loin, lire La garde mobile de la Charente pendant la campagne de 1870-71 de P. Babaud de Montvallier (éditions Debreuil, 1887). Bon, ça ne date pas d’hier, mais il est dans beaucoup de bibliothèques de la région…

Sinon, le catalogue réalisé par Béatrice Rolin, Fantômes de pierre : La sculpture à Angoulême 1860-1930, éditions du Germa à Angoulême (1995).

Un Poilu victorieux de Eugène Bénet, 2 : Saint-Benoît

Saint-Benoît, le monument aux morts, 4, vu de face Je vous ai montré il y a quelques semaines le monument aux morts de Civray, ce Poilu victorieux se trouve aussi à Saint-Benoît, où je l’ai photographié le jour de la fête des plantes 2011.

Saint-Benoît, le monument aux morts, 2, la signature d'Eugène Bénet Il est signé d’Eugène Bénet (« Eug. Bénet » ici sur la terrasse, la partie verticale qui sépare la statue du socle)…

Saint-Benoît, le monument aux morts, 3, la signature du fondeur Durenne …est une oeuvre qui figurait au catalogue des monuments aux morts d’Antoine Durenne (au moins pour 1921, sous le n° 5, comme on peut le voir dans la base de données Monumen). Comme toutes les œuvres de catalogue, la mise en scène était réalisée plus ou moins différemment selon les communes. Cette œuvre connut un grand succès et fut commandée à plusieurs dizaines voire centaines d’exemplaires. Je vous propose en suivant le lien un récapitulatif des monuments d’Eugène Bénet. Ici, la marque du fondeur est « Etab[lissemen]ts métallurgiques / DURENNE fondeur PARIS ». Et oui, le même fondeur que pour une ensemble d’oevres dont je vous ai déjà parlé au parc de Blossac à Poitiers (l’amour sur une lionne, une fontaine aux amours et aux nymphes (à revoir un peu givrée ici), un amour sur un dauphin un Faune soufflant dans une corne et un Faune au coquillage). Le monument, inauguré le 1er octobre 1922 (voir le compte rendu dans l’Avenir de la Vienne, 50e année, n° 229, lundi 2 et mardi 3 octobre 1922, vue numérisée n° 4, page de gauche), est aussi signé : « E. Boireau », entrepreneur, sur l’obus gauche, impossible à prendre en photographie ce jour-là…

Saint-Benoît, le monument aux morts, 4, vu de face J’ai essayé de prendre des vues un peu différentes de Civray. Le soldat est ici posé devant un obélisque sur un socle peu élevé, donc assez différemment que sur le précédent. Il brandit de la main droite une couronne de laurier et une palme, symboles de victoire.

Saint-Benoît, le monument aux morts, 5, le côté gauche du soldat Il a le pied droit légèrement surélevé, le manteau semble voler au vent…

Saint-Benoît, le monument aux morts, 6, le côté droit du soldat Il tient le plus haut possible les symboles de la victoire.

Saint-Benoît, le monument aux morts, 7, la poitrine avec les décorations Moustachu, il porte le casque de Poilu (créé en 1915 pour remplacer l’ancien casque qui était plus dangereux que protecteur face aux éclats d’obus), porte son barda, dont le masque à gaz bien visible ici, et ses médailles…

Un Poilu victorieux de Eugène Bénet, 1 : monument aux morts de Civray

Le monument aux morts de Civray par Eugène Bénet, 1, vue générale de loin et de dos

Suite à un article de la presse locale sur l’émotion des habitants de Sanxay dans la Vienne (à retrouver ici avant restauration), je me suis rappelé que j’avais des photographies du même monument de Eugène (Paul) Bénet (Dieppe 1863 – Paris 1942) à Civray et à Saint-Benoît, aussi dans la Vienne. Il s’agit d’une statue dite dit le Poilu victorieux qui se trouvait dans le catalogue des monuments aux morts d’Antoine Durenne (au moins pour 1921, sous le n° 5, comme on peut le voir dans la base de données Monumen). Comme toutes les œuvres de catalogue, la mise en scène était réalisée plus ou moins différemment selon les communes. Cette œuvre connut un grand succès et fut commandée à plusieurs dizaines voire centaines d’exemplaires. Je vous propose ici un récapitulatif des monuments d’Eugène Bénet. La peinture en bleu horizon, qui fait tant parler à Sanxay, était une option disponible au catalogue et il a été restauré ainsi par exemple à Cattenières (Nord), à Pierre-la-Treiche (Meurthe-et-Moselle), à Revigny-sur-Ornain (Meuse), à Randan (Puy-de-Dôme) ou encore à Roquetoire (Pas-de-Calais). En allant rendre visite l’année dernière à Jardin zen, j’avais fait ces photographies à Civray (au retour, car le matin, c’était jour de marché…), je vous montrerai très vite celui de Saint-Benoît.

Le monument aux morts de Civray par Eugène Bénet, 3, vue aérienne sur une carte postale (vers 1950) Le monument aux morts de Civray se trouve devant l’église Saint-Nicolas,ainsi qu’on peut le voir sur cette carte postale des années 1950 (depuis, les arbres ont été abattus et remplacés…). Il a été mis en scène au sommet d’une colonne.

Le monument aux morts de Civray par Eugène Bénet, 3, vu de face Il brandit de la main droite une couronne de laurier et une palme, symboles de victoire.

Le monument aux morts de Civray par Eugène Bénet, 4, détail du buste Moustachu, il porte le casque de Poilu (créé en 1915 pour remplacer l’ancien casque qui était plus dangereux que protecteur face aux éclats d’obus), porte son bardat et ses médailles…

Le monument aux morts de Civray par Eugène Bénet, 5, de dos De dos, on voit mieux le fusil qu’il tient de la main gauche, derrière lui, comme s’il n’en avait plus besoin.

Le monument aux morts de Civray par Eugène Bénet, 6, de profil à contrejour Vu sous cet angle et à contre-jour, on voit bien la force qui se dégage de cette statue, avec la diagonale formée par le bras et le trophée (couronne et palme).

Le monument aux morts de Civray par Eugène Bénet, 7, les pieds La jambe droite en avant et un peu surélevée sur le socle renforce cette idée d’envol et de victoire… Au passage, vous voyez les bandes molletières.

Le monument aux morts de Civray par Eugène Bénet, 8, la signature Ah, et pour finir, la signature « Eug[ène] Bénet ».

A bientôt avec Saint-Benoît puis un tableau des monuments de Bénet portant cette statue (pas exhaustif…).

Pour aller plus loin, voir le n° 162 (septembre 2010) de la revue Les Amis du Pays civraisien.

Le monument aux morts de Poitiers

Le monument auxmorts pour 1914-1918 à PoitiersComme pour la grande poste, je me suis récemment aperçu que l’article sur le monument aux morts de Poitiers avait été rédigé du temps de mon ancien appareil photo… Je suis donc retournée faire de nouveaux clichés, mais je reprends l’ancien texte… en fin d’article. Nous avons donc un groupe sculpté avec une Victoire qui domine et tient par la main un Poilu (soldat de la Grande Guerre).

Poitiers, le monument aux morts de 1914-1918, 1, la signature Voici donc de plus près la signature du sculpteur Aimé Octobre, qui a aussi réalisé à Poitiers la sculpture de la grande poste (1913), je vous ai également montré de cet artiste le monument aux morts de 1870 de l’arrondissement de Châtellerault et, dans la même ville, le monument aux morts de 1914-1918, ainsi que le monument aux morts d’Angles-sur-l’Anglin (1926).

Poitiers, le monument aux morts de 1914-1918, 2, la Victoire La Victoire domine le monument.

Poitiers, le monument aux morts de 1914-1918, 3, le soldat Un détail de face aussi du soldat…

Poitiers, le monument aux morts de 1914-1918, 4, les têtes de la Victoire et du soldat Avec les visages côté à côte, on voit mieux le traitement de la Victoire, visage figé de l’allégorie, et le visage beaucoup plus expressif du soldat.

Poitiers, le monument aux morts de 1914-1918, 5, les chaussures du soldat Aux pieds du soldat (remarquez ses chaussures et les bandes molletières), un autre casque (le soldat a le sien sur la tête), témoin discret de la tuerie de la guerre.

Poitiers, le monument aux morts de 1914-1918, 6, de dos Et pour finir, voici une image de dos, depuis le sentier qui descend vers la gare, avec les feuilles d’arbre qui sortent juste (la photographie date de début avril).

Texte extrait du précédent article : Le monument aux morts de Poitiers. Enfin, pour être plus précise, un des monuments aux morts de Poitiers, celui dédié aux enfants de la Vienne morts pour la France en 1914-1918 et qui se trouve en haut des escaliers qui mènent de la gare au centre-ville, sur le boulevard de Verdun. Il s’agit d’un groupe sculpté en bronze qui comprend un soldat et une Victoire. À ce titre, il est mentionné dans le livre Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, de Charlotte Pon-Willemsen, édité dans la collection des Parcours du patrimoine chez Geste édition (sur la page 57, ISBN 978-2-84561-483-3) et dont je vous ai parlé l’autre jour. Mais il n’y est pas reproduit, car il a été choisi d’illustrer d’autres œuvres dans le département de la Vienne du même sculpteur Aimé Octobre, né à Angles-sur-l’Anglin en 1868, prix de Rome en 1893 et décédé à Vouvray en 1943. Il s’agit de la Victoire d’Angles-sur-l’Anglin, reproduite en miniature dans la main d’un homme traité à l’Antique sur le monument aux morts de Châtellerault, des sculptures du monument aux morts de Lusignan et de Montmorillon, ville où il a également réalisé la statue du général de Ladmirault. Si vous passez par La Couarde en Charente-Maritime, admirez un autre monument aux morts du même sculpteur. Plus loin, vous avez aussi le monument à Pierre Termier dans le square Termier à Briançon.

Pour le monument de Poitiers, inauguré le 15 mars 1925 (voir le compte-rendu de cette inauguration dans l’Avenir de la Vienne, 53e année, n° 64, lundi 16 et mardi 17 mars 1925, vue numérisée 27 page de droite), quatre ans après la pose de la première pierre (le 14 novembre 1921 par Raoul Péret, député de la Vienne et président de la chambre des députés, voir le Mémorial du Poitou, et le Courrier de la Vienne, 1920).  , il présente la particularité de ne pas porter de liste des victimes de guerre. Cette liste aurait été scellée dans le socle lors de l’édification du monument. Il existe aussi à Poitiers des tombes de la Première Guerre mondiale au cimetière de la Pierre Levée, dont des tombes et un monument aux morts allemands, et de nombreux tableaux des morts, plaques portant la liste des victimes de la guerre (par exemple à l’hôtel Fumé / université de Lettres de Poitiers, à l’université de droit – avec cette fois un vrai monument -, à la gare, etc.).

Le monument aux morts de Ligugé

Le monument aux morts de Ligugé, 1, vue générale Le monument aux morts de Ligugé est situé près de chapelle du catéchumène, l’église et l’abbaye. Si vous allez voir les photographies de la collection Maurice Couvrat, prise avant 1931 (directement ici pour le monument de Ligugé, clic sur la vignette pour avoir une image plus grande), vous verrez qu’il a été déplacé par rapport à son emplacement initial.

Le monument aux morts de Ligugé, 2, la signature d'Albert Deshoulière Pas de difficulté pour identifier le sculpteur, il a signé sur le devant de la terrasse (la partie verticale du socle) : il s’agit d' »A[lbert] Désoulières, sculpteur architecte, Poitiers ». Entrepreneur de travaux funéraires à Poitiers (3 rue du Pont-Neuf, d’après les annuaires, directeur de l’atelier dit Saint-Savin, qui a réalisé de nombreuses oeuvres pour les églises du département de la Vienne notamment), il s’est engouffré dans les années 1920 sur le créneau alors très porteur (et rémunérateur) des monuments aux morts. Il se qualifie alors de « architecte-sculpteur », comme ici. En plus de celui de Ligugé, il réalise (liste non exhaustive) dans la Vienne, par ordre alphabétique de communes, les monuments aux morts de Iteuil, Marnay, Montamisé (sans doute un des premiers inaugurés dans le département, le 2 novembre 1919), Mouterre-sur-Blourde, Luchapt, Neuville-du-Poitou, Saint-Georges-les-Baillargeaux (qui a un soldat presque identique à celui de Ligugé), Smarves (lui aussi avec un soldat, mais dans une autre position), Vivonne (avec un soldat similaire sinon identique à celui de Ligugé), Vouillé (lui aussi avec un soldat, dans la même position que celui de Smarves). Albert Désoulières a aussi réussi à démarcher dans le département voisin des Deux-Sèvres et obtenu au moins de réaliser ceux de Pamproux et Pouffonds.

Le monument aux morts de Ligugé, 3, le soldat brandissant un drapeau Revenons donc à Ligugé. Devant une haute stèle avec une couronne végétale (pour les symboles, vous pouvez voir par exemple monuments aux morts portant des allégories de la République en Poitou-Charentes dans le Parcours du Patrimoine sur le sujet, rédigé par Charlotte Pon), un soldat brandit de la main droite un drapeau d’un geste victorieux.

Le monument aux morts de Ligugé, 4, détail du soldat Moustachu, il porte un casque de Poilu et une vareuse de soldat fermée par une grosse ceinture. Sur sa poitrine sont accrochées ses décorations militaires (la croix de guerre, apparemment). Deux sacoches sont accrochées à des lanières de cuir (des bretelles de suspension), serrées par la bandoulière de son fusil (pas visible ici).

Le monument aux morts de Ligugé, 5, vu de trois quarts dos Si on tourne, on voit maintenant son fusil dans le dos et une épée au côté gauche, ainsi qu’une ceinture à laquelle sont attachées deux sacoches.

Le monument aux morts de Ligugé, 6, détail de la chaussure gauche du soldat Le sculpteur a soigné les détails, comme ici, le cloutage des chaussures…

Le monument aux morts de Ligugé, 6, le soldat de face caché derrière la stèle Allez, une dernière petite vue, avec le soldat qui semble jouer à cache-cache derrière la stèle… un réflexe tristement acquis dans les tranchées?

Monument aux morts de Sorigny (Indre-et-Loire)

Le monument aux morts de Sorigny par Gaumont, carte postale ancienne, 1, vue lointaine Je vous ai déjà montré le monument aux morts de 1870 à Tours, dont le groupe sculpté est l’œuvre de Marcel-Armand dit Marcel Gaumont (1880 -1962), élève de François Sicard (voir ici à propos des atlantes du rez-de-chaussée de l’hôtel de ville de Tours). Marcel Gaumont fut premier grand prix de Rome de sculpture ex-aequo avec Henri Camille Crenier en 1908 et donc pensionnaire de la villa Médicis à Rome 1909 à 1912. En 1923, il fait don à sa « commune natale » (un peu comme Aymé Octobre à Angles-sur-l’Anglin, sauf que, voir plus bas, ce n’est pas sa commune natale… mais la commune où il a passé son enfance) d’un groupe sculpté posé sur un monument imposant conçu par l’architecte tourangeau Maurice Boille. Ce groupe représente une Victoire aux ailes largement déployées qui soutient le corps d’un soldat mort à la guerre. Je n’ai malheureusement pas pu aller à Sorigny, mais j’ai trouvé quelques cartes postales, que j’égraine tout au long de cet article.

Le monument aux morts de Sorigny par Gaumont, carte postale ancienne, 2, vue de face En cherchant des œuvres de Marcel Gaumont pour compléter cet article, j’ai vu qu’il y avait un micmac sur son lieu de naissance. Pourtant, je sais bien qu’il ne faut pas faire confiance à ce qui est écrit partout… et même sur le site de la commune de Sorigny… Il faut que je les prévienne, ils ont presque perdu un enfant du pays… Comme Amédée Brouillet n’est pas dans les registres de naissance de Châtain mais dans ceux de Charroux (Vienne), Marcel Gaumont pas dans celles de Sorigny… Il est pourtant écrit partout qu’il est né à Sorigny en 1880, décédé à Paris en 1962 et enterré à Sorigny… Il y a un Gaumont Stéphane Gabriel Roger né le 17 avril 1876 (c’est un cousin de l’artiste…), mais pas de Marcel Gaumont dans les tables décennales de naissance en 1880… je l’ai trouvé à Tours, où il est né le 28 janvier 1880 (n° d’ordre 85 des naissances de l’année 1880 à Tours). Certes, il apparaît dans la table nominative du recensement de l’Insee à Sorigny dès 1881, où il est inscrit comme petit-fils du chef de famille âgé de deux ans (en bas de la page 3 du registre numérisé), mais il n’est pas né dans la commune ! (Son oncle, sa tante et ses cousins sont sur la page suivante du registre). Donc s’il a passé son enfance à Sorigny, Marcel Gaumont est né à Tours…

Le monument aux morts de Sorigny par Gaumont, carte postale ancienne, 3, vu de trois quarts Marcel Gaumont a réalisé une œuvre importante, qui comprend des reliefs sur les murs du musée d’art moderne de la ville de Paris, quatre sculptures du beffroi de Cambrai à découvrir sur ce petit dossier réalisé par une classe de CM1 de Cambrai, les monuments aux morts de 1914-1918 de Laon (Aisne), du Blanc (Indre), les bas-reliefs du premier étage de la bibliothèque nationale (site historique rue de Richelieu à Paris), une statue de Jeanne d’Arc dans la chapelle Sainte-Jeanne-d’Arc de Gennevilliers, etc.

Le monument aux morts de Sorigny par Gaumont, carte postale ancienne, 4, vu de près Sur le thème des Victoires et autres allégories de la République, je vous invite à (re)lire ces articles sur les allégories de la république en Poitou-Charentes. Je vous en ai déjà montré quelques-unes, la Gloria Victis d’Antonin Mercié à Niort, la copie de la La Liberté guidant le peuple de Frédéric Auguste Bartholdi à Poitiers (Vienne) et Châteauneuf-la-Forêt (Haute-Vienne), les Victoires d’Aimé Octobre sur les monuments aux morts de 1914-1918 de Angles-sur-l’Anglin, et Poitiers, la Jeanne d’Arc de Réal del Sarte Maxime sur les monuments aux morts de Sommières-du-Clain, dans la Vienne, et de Briey (en Meurthe-et-Moselle), etc.

Tours, le monument aux morts de la guerre 1870-1871

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 1 : carte postale ancienne Quelques jours après la célébration de la fin de la guerre de 1870 (voir sur ce sujet mon article de l’année dernière, à propos du monument de Poitiers, l’histoire de ce conflit et des monuments érigés quelques années plus tard). À Tours, initialement installé place du Chardonnet (ici sur une carte postale ancienne)…

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 2, de loin près du pont de fil …il est maintenant, d’après le dossier documentaire du service régional de l’inventaire de la région Centre), quai d’Orléans (adresse qui n’existe pas sur le plan fourni par l’office de tourisme, ni l’emplacement du monument), ou, plus simplement, à l’entrée du pont suspendu dit pont de fil ou pont Saint-Symphorien, juste à côté du château.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 8, signature de l'architecte Conçu par l’architecte Bernard Chaussemiche, architecte qui à Tours réalisa aussi la façade du lycée Balzac vers 1900 et un immeuble situé 41et 41bis boulevard Heurteloup, à retrouver dans les dossiers établis par l’inventaire ici et ), le monument aux morts de 1870 fut inauguré à la veille (moins d’un mois avant le début) de la Première Guerre mondiale, le 12 juillet 1914. La signature de l’architecte figure sur le socle au dos, en bas à droite. Dans le dossier de l’inventaire, vous pouvez voir le plan d’installation initiale sur la place du Chardonnet, daté de février 1914.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 9, signature du sculpteur Gaumont Le groupe sculpté est l’œuvre de Marcel Gaumont (1880-1962), dont la signature est porté en bas à gauche au dos du socle.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 4, le groupe sculpté De face, on voit une femme, allégorie probable de la République, et un soldat debout, un peu penché en avant, poing serré, comme attendant une revanche…

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 5, de trois quarts dos Mais si vous contournez le monument…,

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 6, de dos … vous découvrirez un soldat mort, qui n’est pas mentionné dans les descriptions du monument.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 7, le soldat mort Il gît au sol, dans une position désarticulée.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 3, de face Sur la face principale, la dédicace est la suivante : « à la / mémoire / des officiers et soldats / du 88e régiment de mobiles / d’Indre-et-Loire / morts / pour la patrie / 1870-1871 ».

À Tours, un autre monuments aux morts de 1870 se trouve au cimetière de la Salle, où se trouve aussi un monument aux morts de 1914-1918. Pour la Première Guerre mondiale, le monument principal se trouve, configuration extrêmement rare, à l’intérieur de l’hôtel de ville, je n’ai pas pu faire de photographies mais vous le montrerai sur des cartes postales anciennes. Un autre monument imposant se trouve dans la cour du lycée Descartes, dont je vous parlerai aussi à partir de documents anciens. Diverses plaques commémoratives se trouvent aussi en ville, dont une accompagnée d’un relief sculpté aux postiers morts pour la France dans la grande poste boulevard boulanger ou une très émouvante aux élèves juifs et instituteurs résistants à l’entrée de l’école Mirabeau… Plusieurs articles en perspective. Je vous rappelle aussi que vous pouvez retrouver tous les artistes auteurs de statuaire publique et/ou commémorative, avec des liens sur les articles concernés, sur cette page spécifique.

Le monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse (4), Camille Raynaud

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Raynaud, 1918 Après la présentation générale et les sculptures de André Abbal et Henri Raphaël Moncassin, je termine en ce 11 novembre la visite du monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse avec la présentation des reliefs de Camille Raynaud.

Camille Raynaud (1868-19?) a été chargé des deux reliefs monumentaux sur les faces internes de l’arc de triomphe. La commande stipulait de glorifier les combattants (voir le dossier établi par les archives de la ville de Toulouse, la date de décès de Camille Raynaud semble inconnue). Il a choisi un relief très fort, presque du haut-relief (quand la sculpture se détache complètement du fond) par endroits.

Sur le piédroit (mur) situé droite lorsque l’on se met face à la face principale (celle avec le char), le relief a pour titre 1918. Camille Raynaud a choisi de représenter les Poilus démobilisés. Il se présentent comme une foule compacte, véritable cohue d’hommes pour les uns en tenue militaire, coiffés du casque de Poilu, pour d’autres en civil, tendant leur chapeau. Tous sont joyeux et souriants, pas de gueule cassée dans cette frise.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Raynaud, 1918, détail, couple enlacé Quelques femmes ont réussi à s’introduire dans ce flux de soldat. Au centre en haut, un couple enlacé s’embrasse avec fougue…

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Raynaud, 1918, détail d'un couple en bas …alors que tout en bas, les retrouvailles de cet autre couple sont plus sobres.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Raynaud, Victoire Sur le piédroit gauche, la Victoire, très différente des allégories de la République que l’on trouve habituellement et a fait scandale.

Un peu grassouillette, elle est représentée nue, avec juste un casque de Poilu sur la tête. Elle est assise dans une position abandonnée sur un gros rocher, les ailes déployées et repliées sur les côtés à cause des bords du cadre.

Les anciens combattants ont jugé cette allégorie indigne de traduire les intérêts moraux des victimes de la guerre et des anciens soldats. Si vous aller feuilleter l’album photographique réalisé par le service de l’inventaire du patrimoine culturel de la région Poitou-Charentes), vous verrez en effet le décalage avec les autres allégories de la République, qu’il s’agisse de Victoire ou autre Marianne. Les monuments aux morts étaient alors soumis à une commission départementale à l’état de projet puis pour le versement de la subvention allouée (proportionnelle au nombre de morts de la commune, rappelons-le). Ici, l’affaire est allée jusqu’au Conseil d’État, qui rejeta la requête du comité le 17 juillet 1935, en particulier à cause du surcoût qu’entraînerait le remplacement du haut-relief…

Le Poilu du monument aux morts de Saint-Lys, (chef-lieu de canton de l’arrondissement de Muret, toujours en Haute-Garonne) réalisé par Camille Raynaud, semble avoir posé moins de problème.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, carte postale ancienne, vue frontale Sur les cartes postales anciennes, la Victoire est soigneusement cachée. Sur la première que je vous ai sélectionné, fait rare, l’ensemble des artistes qui sont intervenus sont signalés.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, carte postale ancienne, vue de trois-quarts La seconde est celle que j’ai trouvé où l’on devine le mieux le relief les sculptures de Raynaud… mais la partie 1918, pas la Victoire. Vous jugerez vous-même.

Les monuments aux morts de Toulouse dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai prochainement:

– le monument aux morts de Haute-Garonne (inauguré en 1928) : vue générale de l’œuvre de l’architecte Jaussely, les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin, et ceux de Camille Raynaud

– le monument aux morts de Toulouse en 1914-1918 dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Indochinois, au dos du précédent, dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique

– le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle)

– le monument aux morts des quartiers Bayard-Matabiau-Concorde-Chalets, non loin de la gare

– le monument aux morts des quartiers Colone, Arago, Juncasse, Marengo, près de l’observatoire

– le monument aux morts du quartier Saint-Michel, allées Jules Guesde, non loin du muséum

– et pour la guerre de 1870, le monument du Souvenir français dans le cimetière de Terre-Cabade

Le monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse (3) : Moncassin

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Moncassin, le char Après la présentation générale et les sculptures de André Abbal, poursuivons la visite du monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse avec la présentation des sculptures de Henri Raphaël Moncassin, je reviendrai vous parler de celles de Camille Raynaud.

Henri Raphaël Moncassin (1883-1953) a été chargé de la frise de la face postérieure et du côté gauche (voir le dossier établi par les archives de la ville de Toulouse). Après la première guerre mondiale, il a réalisé des commandes pour des monuments, comme la Pleureuse du monument aux morts de Fontenay-aux-Roses (92) ou un médaillon Ecce Homo dans l’église de Bédeille.

Revenons à Toulouse. Sur la face principale, Henri Raphaël Moncassin a sculpté au centre de la frise principale un tank ou char d’assaut FT Renault (utilisé pour la première fois en 1916 dans la somme), mais souligne qu’il reste un manque flagrant d’équipement en représentant un attelage tiré par des bœufs ou des soldats frigorifiés couverts d’une peau de mouton.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Moncassin, Arras Sur le petit relief à gauche (face principale), les soldats sont embourbés à Arras. Ils ont dû faire appel à un cheval de trait pour tirer un canon posé sur un char à chenilles.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Moncassin, Verdun Sur le petit relief à droite (face principale), le sculpteur a choisi des hommes en action, au combat ou au transport des armes pour représenter la bataille de Verdun.

J’ai oublié de prendre des photos de détail de la bataille de Champagne, du radiotéléphoniste et de la civière…

Les monuments aux morts de Toulouse dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai prochainement:

– le monument aux morts de Haute-Garonne (inauguré en 1928) : vue générale de l’œuvre de l’architecte Jaussely, les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin, et ceux de Camille Raynaud

– le monument aux morts de Toulouse en 1914-1918 dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Indochinois, au dos du précédent, dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique

– le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle)

– le monument aux morts des quartiers Bayard-Matabiau-Concorde-Chalets, non loin de la gare

– le monument aux morts des quartiers Colone, Arago, Juncasse, Marengo, près de l’observatoire

– le monument aux morts du quartier Saint-Michel, allées Jules Guesde, non loin du muséum

– et pour la guerre de 1870, le monument du Souvenir français dans le cimetière de Terre-Cabade