Archives par étiquette : bronze

Le cheval de Fratin à Metz

Metz, cheval pur sang en bronze de Christophe Fratin, deux vues presque de faceEn vous montrant il y a quelques semaines les aigles attaquant un cerf de Christophe Fratin (Metz, 1801  – Le Raincy, 1864) au jardin des plantes de Metz (à Montigny-lès-Metz), je vous avais annoncé qu’il y avait dans la même ville, devant le palais de justice, un grand cheval du même artiste, commandé en 1848 par le ministère de l’Intérieur, exposé au Salon des artistes français de 1850 sous le n° 3394, « cheval pur sang, bronze » (voir page 273 du catalogue illustré), arrivé à Metz en 1852.

Metz, cheval pur sang en bronze de Christophe Fratin, signature du sculpteurIl porte la signature du sculpteur, « Fratin »…

Metz, cheval pur sang en bronze de Christophe Fratin, marque des fondeurs De Eck et Durand, 1850… et la marque du fondeur, « De Eck et Durand, 1850 ».

Metz, cheval pur sang en bronze de Christophe Fratin, vue des deux profilsCe cheval a été l’objet de critiques lors de sa présentation: au lieu d’être représenté dans une position classique et figée, l’artiste a choisi de le mettre en mouvement avec sa queue au vent et sa tête fièrement dressée, comme aux aguets. Il est quand même beaucoup plus calme que celui du monument à Eugène Fromentin à La Rochelle!

Photographies de août 2012.

Pour rebondir sur la sculpture animalière réaliste du 19e siècle et du 20e siècle avant la première guerre mondiale, je vous invite à revoir les cerfs du jardin des plantes de Nantes (Georges Gardet, 1910), la chienne et la louve de Pierre Rouillard (1865) à Toulouse ou les animaux de l’ancienne fontaine du Trocadéro à Paris (1878), avec l’ancienne fontaine et ses éléments transportés devant le musée d’Orsay, le cheval à la herse de Pierre Rouillard, l’éléphant pris au piège d’Emmanuel Frémiet, le rhinocéros de Henri Alfred Jacquemart (le bœuf d’Auguste Cain est à Nîmes), les aigles de Christophe Fratin au jardin des plantes de Metz.

Pour aller plus loin : Henri Navel, Le cheval de l’esplanade, Académie nationale de Metz, 1954-1955 [paru 1956], p. 115-116.

Adolphe Thiers par Henri Chapu au Père Lachaise à Paris

Tombeau d'Adolphe Thiers par Henri Chapu au Père Lachaise à Paris, le tombeauAdolphe Thiers (1797-1877), premier président de la troisième République, a une tombe imposante, façon mausolée, dans le cimetière du Père Lachaise à Paris. En haut, l’épitaphe « Patriam dilexit, Veritatem coluit » (Aima sa patrie, cultiva la vérité) choisie de son vivant par Thiers. Voir sa biographie sur le site de l’Académie française, où il fut élu en 1833 sur le fauteuil 38.

Tombeau d'Adolphe Thiers par Henri Chapu au Père Lachaise à Paris, le frontonLe fronton en marbre comprend deux figures allégoriques, le patriotisme sous les traits d’un homme ailé et la République (la France), assise et tenant un drapeau (à l’intérieur du tombeau, une autre République est assise, vaincue, sur un canon, garde son gisant).

Tombeau d'Adolphe Thiers par Henri Chapu au Père Lachaise à Paris, la signature de Henri ChapuLa sculpture du fronton est signée « H. Chapu » pour Henri [Michel Antoine] Chapu (Mée-sur-Seine, 1833 – Paris, 1891), grand prix de Rome en 1855, conjointement avec Amédée Doublemard. Le musée qui lui est dédié dans sa ville natale conserve aussi les plâtres des écoinçons du fronton, qui représentent des enfants tenant des couronnes.

Tombeau d'Adolphe Thiers par Henri Chapu au Père Lachaise à Paris, le Patriotisme et la RépubliqueVoici un détail des visages bien sales et très classiques des allégories.

 

Tombeau d'Adolphe Thiers par Henri Chapu au Père Lachaise à Paris, l'enfant allongéAu pied du patriotisme, un enfant git… mort ou endormi?
Photographies de novembre 2012

Félix Faure par Saint-Marceaux au Père Lachaise à Paris

Tombeau de Félix Faure par Saint-Marceaux au Père Lachaise à Paris, vue généraleNous retournons aujourd’hui au cimetière du Père Lachaise à Paris, sur la tombe de Félix Faure (Paris, 30 janvier 1841 – Paris, 16 février 1899). Un président de la République (élu en janvier 1895) probablement plus connu pour le contexte de sa mort (au lit avec sa maîtresse, Marguerite Steinheil, à l’Élysée) que pour son action politique. C’est à lui qu’Émile Zola adresse son célèbre J’accuse dans l’affaire Dreyfus, dont il avait refusé la révision du procès (voir L’aurore, 11-13 janvier 1898). Le jour de son enterrement, le 23 février 1899, la ligue des patriotes (de Paul Déroulède) échoua dans une tentative de coup d’État. Sa tombe se trouve le long de la grande allée qui mène au monument aux morts d’Albert Bartholomé.

Tombeau de Félix Faure par Saint-Marceaux au Père Lachaise à Paris, vue latéraleFélix Faure est représenté allongé sur deux drapeaux (l’un français, l’autre russe, il a œuvré pour l’alliance franco-russe) dont les hampes sont posées sur son côté droit et le drapé replié sur ses jambes. Deux couronnes mortuaires (en bronze également) sont posées aux pieds de la tombe.

Tombeau de Félix Faure par Saint-Marceaux au Père Lachaise à Paris, signature de Saint-MarceauxLa sculpture en bronze porte la signature « St Marceaux 1900 ». Il  s’agit de René de Saint-Marceaux (Reims, 1845- Paris, 1915).

Tombeau de Félix Faure par Saint-Marceaux au Père Lachaise à Paris, la partie haute du gisantLe gisant porte la croix de grand maître de la légion d’honneur. Sur l’oreiller est inscrit un extrait de la Bible (Évangile de Jean, 11-25), généralement repris dans la messe de requiem (messe des morts): « Ego sum resurrectio et vita ; qui credit in me, etiam si mortuus fuerit, vivet » (Je suis la résurrection et la vie ; qui croit en moi, fût-il mort, vivra), formule que l’on trouve assez souvent sur des tombeaux… beaucoup plus anciens, remis à la mode dans la deuxième moitié du 19e siècle. Dieu pardonne la polygamie? Même sa femme repose dans le même tombeau que lui!

Photographies de novembre 2012

Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, vue généraleJe poursuis la visite du  sous le point de vue des artistes… Aujourd’hui, je vous emmène voir la tombe de Théodore Géricault (Rouen, 26 septembre 1791 – Paris, 26 janvier 1824)… que vous connaissez sans aucun doute pour son Radeau de la méduse. Ce tombeau a une longue histoire narrée ici par Jean-Charles Hachet. D’abord réalisé en marbre, présenté au salon de 1841, le tombeau se dégrade rapidement… Le gisant est mis à l’abri au musée de Rouen et remplacé par une simple palette, puis, à la mort du fils naturel de Géricault qui lègue une partie de sa fortune pour cela, les sculptures du premier tombeau sont fondues en bronze. Le tombeau, entouré d’une grille, se compose aujourd’hui d’un piédestal sur lequel repose le peintre gisant, en bronze, avec trois reproductions de ses tableaux sur des plaques de bronze, le radeau de la méduse sur la face principale et des chevaux guidés par un soldat sur les petites faces. Cette histoire mouvementée explique les dates des différents éléments : 1840 / 1883 sur le gisant, 1839 sur le radeau de la méduse, 1884 sur les plaques latérales.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, signature Etex sur le gisantC’est donc Antoine Etex (Paris, 1808 – Chaville, 1888) qui a réalisé les sculptures du tombeau. Voici la signature sur le gisant… le nom de l’architecte n’a pas été complété : « sculpteur Etex 1840, architecte 1883 ».

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, le gisant de Géricault

Par sa position allongée en appui sur un bras, ce gisant rappelle les tombeaux étrusques… mais il s’agit de la position qu’avait le peintre à la fin de sa vie, paralysé suite à une chute de cheval. Avec une fine moustache et un béret sur la tête, Géricault est représenté tenant un pinceau et une palette.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, deux détails du gisantVoici deux détails du gisant.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, le radeau de la méduseLe radeau de la méduse, réinterprété par Antoine Etex, occupe la face principale du piédestal.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, signature Etex sur le radeauIl porte la signature « Etex 1839 » sur un élément du radeau.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, deux détails du radeauVoici deux détails du radeau, des rescapés et des mourants.

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, les deux plaques latéralesDeux soldats en arme sont représentés avec leurs chevaux sur les petites faces. Bon, un cimetière n’est pas un musée, les tombes voisines gênent pour faire une photographie de face…

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, signature Géricault et Etex sur les chevauxLes plaques latérales (en haut celle de gauche, en bas celle à droite) portent la signature « T. Géricault 1814 / Etex 1884 »

Tombeau de Théodore Géricault par Antoine Etex au Père Lachaise à Paris, deux détails du panneau gaucheVoici deux détails de la plaque gauche où l’on reconnaît un hussard sabre au clair sur son cheval (Hussard chargeant). A droite (impossible de faire des photographies de détail, l’espace est trop étroit) est représenté un Cuirassier blessé, debout à côté de son cheval.

 

Photographies de novembre 2012.

Louis XIV support publicitaire à Lyon…

Statue équestre de Louis XIV à Lyon avec publicitéLors de mon dernier passage à Lyon, en avril 2012, La grande statue équestre de Louis XIV, place Bellecour, avait été transformée en support publicitaire et la statue du Rhône portait des traces de peinture verte, restes d’un acte de vandalisme… Cette statue équestre a remplacé la statue équestre de Louis XIV à Lyon par Martin Desjardins, détruite (abattue et fondue) pendant la Révolution (pour ce monument, voir pour aller plus loin en fin d’article). Elle est néanmoins connue par des réductions (tirages à plus petite échelle). Les deux allégories du Rhône et de la Saône, qui se trouvaient de part et d’autre du piédestal, ont été préservées et remises en place sur le nouveau monument.

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, le Rhône, signature de Coustou, La signature se trouve sur la terrasse (le rebord vertical) du Rhône: « Fait et fondu par Guill[au]me  Coustou  Lyonnois 1719 ». Commandées en 1714 aux frères Coustou (la Saône est de Nicolas Coustou), ces allégories du Rhône et de la Saône n’ont été fondues qu’en 1719 et mises en place en 1721, soit bien après la mort de Louis XIV (1er septembre 1715). Mises à l’abri à l’hôtel de ville de Lyon, elles ont été remises à la base du piédestal en 1953.

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, le Rhône par CoustouLe Rhône est représenté sous les traits d’un homme barbu quasi nu. Comme beaucoup d’allégories de fleuves ou de rivières, il s’appuie sur un gouvernail dans un décor de plantes aquatiques. Il est à moitié allongé

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, le Rhône par Coustou, détails du lion et du poissonIl s’appuie sur un lion dont la patte avant droite est posée sur un poisson posé sur une profusion de blé et de raisin… Vive l’abondance des récoltes fournies par le fleuve!

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, la Saône par CoustouLa Saône est elle aussi presque nue et allongée en appui sur un autre lion.

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, la statue équestre par LemotImpossible d’ignorer l’auteur de la statue équestre… c’est marqué en gros sur les faces avant et arrière du piédestal : « Chef d’oeuvre de Lemot sculpteur Lyonnois ». Il s’agit de la dernière œuvre monumentale réalisée par François Frédéric Lemot (Lyon, 1771 et non 1772 comme souvent indiqué – Paris, 1827, prix de l’Académie royale en 1790) inaugurée le 4 novembre 1826, il faudra que je vous montre un de ces jours le Henri IV qui se trouve devant le Pont-Neuf ou l’un des frontons du Louvre avec Minerve  entourée des muses et de la Victoire à Paris… Louis XIV est ici représenté dans la plus pure tradition des statues équestres… complètement gâchée par cette publicité criarde! Le roi, habillé à l’Antique, monte le cheval à cru et sans étriers…

Photographies d’avril 2012.

Pour aller plus loin : sur le monument détruit, voir Michel Martin, Les monuments équestres de Louis XIV, une grande entreprise de propagande monarchique  et notamment le chapitre 13, La statue équestre de Louis XIV à Lyon par Martin Desjardins (1686-1713), p. 138-156.

Sur Lemot, voir le catalogue de  l’exposition à Gétigné-Clisson, La Garenne-Lemot, 2005, François-Frédéric Lemot (1771-1827) statuaire : des œuvres officielles et leur histoire secrète, Nantes, 2005.

Émile Combes par Paul Landowski à Pons

Pons, monument à Emile Combe par Paul Landowski, 1, vue généraleA Pons, près du donjon, place de la République, se tient le monument à « Émile Combes / 1835 – 1921 / sénateur de Charente-Inférieure / ancien président du conseil ». Désolée pour le contre-jour, c’était un matin tôt et je ne suis pas restée assez longtemps pour prendre une photographie quand le soleil aurait tourné. Après ses études, Émile [Justin, Louis] Combes (Roquecourbe, Tarn, le 6 septembre 1835 – Pons, Charente-Maritime, 25 mai 1921), s’installe comme médecin à Pons en 1868, dont il devient maire en 1876 (jusqu’en 1919) puis sénateur en 1885 (jusqu’à sa mort en 1921, vive le renouvellement politique!). A la tête du parti radical, anticlérical, il devient président du conseil en 1902, menant la la loi de séparation des Églises et de l’État, mais démissionne le  1er janvier 1905, soit presque un an avant sa promulgation le 9 décembre 1905.

Le monument est constitué d’une large stèle en pierre. Au centre, sur un piédestal où a été apposée une plaque commémorative (« 1905-2005 / centenaire de la loi de séparation / des Églises et de l’État / 15-16 octobre 2005 »), se tient le buste en bronze représentant Émile Combes. Un couple, l’homme à gauche, la femme avec un enfant à droite, est assis de part et d’autre du piédestal, chacun est surmonté d’une citation.

Pons, monument à Emile Combe par Paul Landowski, la signatureLe buste en bronze porte la signature « Paul Landowski 1927-28 ». Vous pouvez découvrir Paul Landowski (Paris, 1875 – Boulogne-Billancourt, 1961) sur le site qui lui est consacré (la sculpture de Pons n’y est pas, dernière consultation 8 mai 2013) ou au musée des années 1930, en attendant que je vous présente d’autres œuvres. Dans son journal, il annonce le 9 avril 1926 qu’il a visité la place où sera installé le monument (et au passage, qu’il a vu les cariatides de Sicard à l’Hôtel de Ville de Tours).

Le monument a été inauguré le 28 octobre 1928 en présence de nombreuses personnalités politiques (Édouard Herriot, Édouard Daladier et Maurice Palmade, voir l’annonce de cette inauguration dans le journal de Paul Landowski, 24 octobre 1928, où il est déjà fait mention des tensions). En raison des positions anticléricales d’Émile Combes, les ligues royalistes d’extrême-droite, dont les Camelots du Roi (je vous en ai parlé au sujet du sculpteur Maxime Réal del Sarte), le monument est vandalisé, un ligueur membre de l’action française est tué par balle par les gendarmes (qui ont 3 blessés dans leurs rangs) et un autre, gravement blessé: voir le récit de ces incidents dans Le Petit Parisien et celui de Landowski dans son journal le 29 octobre.

Pons, monument à Emile Combe par Paul Landowski, le busteLe buste en bronze (euh, j’ai comme un doute en l’écrivant… en pierre patinée couleur bronze?, la base e-monumen le présente comme un bronze) présente Émile Combes en homme âgé, chauve et moustachu, avec des poches sous les yeux…

Pons, monument à Emile Combe par Paul Landowski, carte postale ancienneEn tout cas, sur les vues anciennes (ici une carte postale / cliché de Charter), le buste était blanc, en calcaire ou en plâtre en attendant la fonte du bronze?

Pons, monument à Emile Combe par Paul Landowski, la RépubliqueA gauche, un homme est assis, le bas du corps ceint dans un vêtement à l’antique. Il tient sur ses genoux un volume où est inscrit « pour la République ». La représentation allégorique de la République sous les traits d’un homme est extrêmement rare, l’artiste voulait ici souligner l’importance de la famille. Au-dessus de la sculpture se trouve cette citation: « Nous n’avons qu’une pensée / toujours présente à l’es- / prit de la pensée de la tâche / que nous avons assumée / nous n’avons qu’un passion / toujours absente toujours / vibrante au cœur le  dé- / vouement à la République ».

Pons, monument à Emile Combe par Paul Landowski, l'EducationA droite, une femme est assise devant un enfant, il s’agit d’une allégorie de l’Éducation. Elle est surmontée d’une autre citation d’Emile Combes : « Je n’ai jamais cessé d’avoir foi / dans cette instruction pour /former l’intelligence de nos / enfants et pour inculquer à / leur âme le principe d’une morale. / D’autant plus solide qu’elle / dérive uniquement des idées / éternelles et nécessaires de justice, de droit et de devoir ».

Photographies d’octobre 2010.

PS : Extraits du journal de Paul Landowski, suivre les liens pour voir le journal en entier ou les extraits sur ce pdf : Extraits du journal de Paul Landowski concernant le monument d’Emile Combes à Pons.

Honoré de Balzac par David d’Angers au Père-Lachaise à Paris

Tombe d'Honoré de Balzac au Père-Lachaise à Paris, par David d'AngersJusqu’au 20 mai 2013, le musée du Louvre organise une exposition autour des dessins de Pierre Jean David  David d’Angers (1788-1856), clic, clic pour voir mes autres articles sur cet artiste. Ces dessins proviennent du musée David d’Angers… à Angers (tiens, il faut aussi que je vous en parle). Il a réalisé plusieurs tombes dans le cimetière du Père-Lachaise à Paris, dont celle de Pierre-Jean de Béranger (Paris, 1780 – Paris, 1857) que j’avais mise dans l’un de mes premiers articles en 2008, dans un autre contexte, j’ai fait de nouvelles photographies, je vous les montrerai bientôt. Aujourd’hui, j’ai choisi la tombe d’Honoré de Balzac (Tours, 1799 – Paris, 1850). Lors de mes photographies en novembre 2012, la tombe était entourée d’avertisseur de chantier avec le mot suivant : « 48ème division, cadastre 25, De Balzac, concession en reprise administrative aux fins de sauvegarde, se renseigner à la conservation ». Ces dernières années, un certain nombre de tombes de personnages célèbres ou réalisées par des artistes célèbres ont ainsi été reprises et les tombes restaurées, je vous en montrerai dans les prochaines semaines.

Tombe d'Honoré de Balzac au Père-Lachaise à Paris, par David d'Angers, la signatureLa tombe est assez simple, avec un buste sur le piédestal, qui porte la signature suivante: « A son ami de Balzac / P. J. David d’Angers / 1844 ». Il s’agit du tirage d’un buste réalisé à titre de portrait du vivant de Balzac, qui a posé pour cette réalisation.

Tombe d'Honoré de Balzac au Père-Lachaise à Paris, par David d'Angers, de face et de trois quarts

David d’Angers a réalisé de nombreux portraits, sur des médaillons ou en buste. Pour Balzac, il a réalisé deux médailles, en 1842 et 1843, et ce buste en 1844, dont le modèle en terre cuite est conservé au musée David d’Angers à Angers. Il est représenté de manière très classique, en buste, sans les épaules, avec une volumineuse coiffure.

Michel Régnaud de Saint-Jean-d’Angély par François Bogino

Michel Régnaud de Saint-Jean-d'Angély par François Bogino, la statue devant l'hôtel de villeDevant l’hôtel de ville de Saint-Jean-d’Angély se dresse la statue de Michel [Louis Étienne] Régnaud, comte de Saint-Jean-d’Angély (Saint-Fargeau, 1760 – Paris, 1819). Il fut député du tiers-état aux États généraux de 1789, journaliste, juriste, conseiller de Napoléon, comte d’Empire, initiateur de la légion d’honneur (et du divorce de Bonaparte avec Joséphine) ministre pendant les Cent-Jours, élu à l’Académie française en 1803 (au fauteuil 8, aujourd’hui occupé par Michel Déon), président de la Commission de la vente de la Description de l’Égypte de 1810 à 1815, exclu en 1816 de l’Académie en raison de sa participation au retour de l’Empereur, proscrit et exilé aux États-Unis. Gracié en 1819 (avec quelques dizaines d’autres proscrits), il meurt le jour de son retour à Paris et est enterré au .

Michel Régnaud de Saint-Jean-d'Angély par François Bogino, signature de l'artiste et date 1862La statue porte la signature et la date suivant « F. Bogino F[e]c[i]t 1862 ». Frédéric [Louis Désiré] Bogino (Paris, 1831 – Paris, 1899), très connu pour son monument à la gloire de la France à Mars-la-Tour, près de Metz, site d’une célèbre bataille de cavalerie de la guerre de 1870 (elle a fait 1500 morts entre le 16 et le 18 août 1870). La statue de Saint-Jean-d’Angély a été inaugurée le 23 août 1863.

Michel Régnaud de Saint-Jean-d'Angély par François Bogino, deux vues de la statueMichel Régnaud de Saint-Jean-d’Angély est représenté debout, en tenue d’apparat, avec un manuscrit dans la main droite et une pile de livres posée à côté de lui. C’est une posture très classique, que mes fidèles lecteurs ont déjà pu voir pour la statue de  Descartes par le comte de Nieuwerkerke près de la Loire (original de 1846) ou celle de Théophraste Renaudot à Loudun par Alfred Charron (1893).

Michel Régnaud de Saint-Jean-d'Angély par François Bogino, pile de livresSur le dessus de la pile de livres se trouve le Code Napoléon, ainsi qu’il est écrit sur la tranche.

Photographies d’octobre 2010.

Le sergent Hoff par Bartholdi au Père Lachaise à Paris

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, vue générale de la tombeLe cimetière du Père Lachaise à Paris n’est pas seulement un cimetière, c’est aussi un vrai musée en plein air où l’on croise les plus célèbres artistes… qui n’ont pas toujours réalisé des chefs-d’œuvre. Il fallait bien vivre et répondre à des commandes. En témoigne la statue en bronze sur la tombe du Sergent Hoff, Ignace Hoff (20 juillet 1836-25 mai 1902), qui s’est illustré lors de la guerre de 1870, voir sa biographie ici. Elle se trouve juste à côté de la tombe du sculpteur Alexandre Falguière (la dalle de marbre que l’on aperçoit à droite de la photographie, promis, je vous la monterai un de ces jours).

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, signature A. Bartholdi 1904La statue porte la signature « A. Bartholdi 1904 », oui, le célèbre [Frédéric] Auguste Bartholdi (Colmar, 1834 – Paris, 1904), dont je vous ai déjà montré Auguste Bartholdi , un sculpteur dont je vous ai déjà montré la fontaine monumentale à Lyon (1888), le monument à Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier et les répliques des statues de la Liberté à Poitiers et Châteauneuf-la-Forêt. Cette œuvre a été réalisée l’année de sa mort, le plâtre a été présenté au salon des artistes français de 1904 sous le n° 2645 (vue numérisée 50), il est aujourd’hui conservé au musée Bartholdi à Colmar. La statue a été fondue à titre posthume.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, marque du fondeur Capitaine GényLe bronze a été « fondu par / E. Capitain-Geny / Bussy Hte Marne », comme en témoigne la marque.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, la statue du soldat HoffAu sommet du monument, le sergent Hoff est représenté debout, en uniforme, guettant l’horizon, en appui sur son fusil. Une sculpture de bonne facture mais sans grande originalité.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, détail du soldatLe numéro 107 inscrit sur son col fait référence au 107e régiment d’infanterie dont il dépendait.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, la filletteAu pied de la tombe, une fillette inscrit sur le piédestal qui porte la statue cette devise patriotique: « France, souviens-toi ». Cette fillette semble être en plomb (je n’ai pas pu vérifier), une matière utilisée par Auguste Bartholdi par exemple pour la fontaine monumentale à Lyon (1888). Je n’ai trouvé aucune marque ni signature sur la fillette. Sur le plâtre présenté au salon des artistes français de 1904 et conservé au musée Bartholdi à Colmar, c’était un garçonnet qui était prévu, avec une devise différente : « Quand faudra l’enfant d’Alsace renaîtra ». Je ne suis donc pas certaine que cette fillette ait été réalisée d’après un plâtre d’Auguste Bartholdi (ou bien il y a eu une seconde version?).

Photographies de novembre 2012.

Les aigles de Fratin au jardin des plantes de Montigny-les-Metz

Jardin des plantes de Mets, aigles de Fratin, vue généraleJe vous ai déjà montré les œuvres contemporaines qui étaient présentées pendant l’été 2012 dans le jardin botanique à Montigny-les-Metz (une demi-heure à pied du centre ville de Metz en passant par le canal de la Moselle). On aperçoit d’ailleurs au deuxième plan de la photographie les grands personnages blancs de Cyrille André. Les œuvres de Alain Bresson sont un peu plus loin. Je vous montre aujourd’hui une sculpture plus ancienne, un cerf attaqué par deux aigles…

Jardin des plantes de Mets, aigles de Fratin, signature Fratin et date 1852Ce groupe porte la signature et la date « Fratin 1852 ». Il s’agit de Le triomphe de l’aigle, un modèle en plâtre présenté par Christophe Fratin (Metz, 1801  – Le Raincy, 1864) sous le n° 1397 au salon des artistes français, commandé par l’État en 1852 et attribué en 1856 à la ville de Metz. Ce groupe a d’abord été installé sur l’esplanade, avant d’être déménagé au jardin des plantes en 1890. Je vous montrerai bientôt une autre œuvre du même artiste à Metz, un grand cheval près du palais de justice, légèrement antérieur (commandé en 1848 par le ministère de l’Intérieur, exposé au Salon de 1850, arrivé à Metz en 1852). Christophe Fradin a présenté presque chaque année au moins une œuvre au salon des artistes français de 1831 à 1863, à la veille de sa mort.

Jardin des plantes de Mets, aigles de Fratin, vues de face et de dos

Un jeune cerf est couché à terre, attaqué par deux aigles aux ailes déployées. L’un est près à reprendre son envol. Le sculpteur a donné un aspect très réaliste à cette scène: le père de l’artiste était taxidermiste et il avait donc pu étudier de près tous ces animaux…

Jardin des plantes de Mets, aigles de Fratin, vue de profil et détail du cerf mourant

Le cerf est décidément mal en point, il tire déjà la langue…

Pour rebondir sur la sculpture animalière réaliste du 19e siècle et du 20e siècle avant la première guerre mondiale, je vous invite à revoir les cerfs du jardin des plantes de Nantes (Georges Gardet, 1910), la chienne et la louve de Pierre Rouillard (1865) à Toulouse ou les animaux de l’ancienne fontaine du Trocadéro à Paris (1878), avec l’ancienne fontaine et ses éléments transportés devant le musée d’Orsay, le cheval à la herse de Pierre Rouillard, l’éléphant pris au piège d’Emmanuel Frémiet, le rhinocéros de Henri Alfred Jacquemart (le bœuf d’Auguste Cain est à Nîmes).