Archives de catégorie : Visites, musées et expositions

Mes visites, expositions et patrimoine, à l’exception de ce qui concerne Poitiers, classé à part…

Des livres et vous à Marcq-en-Baroeul le week-end prochain (28 septembre 2014)

Affiche de Des livres et vous 2014 à Marcq-en-BaroeulAmis ch’tis et belges, rendez-vous dimanche prochain (28 septembre 2014) à Marcq-en-Baroeul (Parc du petit Prince) pour l’opération « des livres et vous ». Mon père y présentera, avec 11 autres artistes, des livres-objets. Si vous ne pouvez pas y aller, n’hésitez pas à aller lui rendre visite sur son blog, et notez déjà les 17, 18 et 19 octobre 2014 sur vos agendas: il ouvrira à nouveau son atelier à Mouchin dans le cadre des Poaa/portes ouvertes d’ateliers d’artistes organisées par le conseil général du Nord, celui du Pas-de-Calais et la région de Flandre occidentale.

Retrouvez ici quelques gravures de Lucien Dujardin et ses photographies pour illustrer .

Faut-il restaurer les ruines? interrogations à Cahors…

Cahors, théâtre romain sous la chambre d'agricultureEn ces journées du patrimoine, je vais à nouveau rentrer dans la polémique. Faut-il restaurer les ruines? Titre d’un colloque que j’avais eu à commenter il y a presque 25 ans pour le concours de conservateur. Toujours d’actualité: vaut-il mieux conserver une ruine, la restaurer (à l’état de ruine, restituée?), l’enterrer? je reste sur ma position, il vaut mieux ré-enterrer un vestige archéologique pour le protéger, le garder à tout prix sans explication et sans contexte dans un bâtiment contemporain n’a aucun sens (voir la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier à Tours, la place Saint-Jean,  un palais à Rhodes, un bout de mur romain près de la chapelle du Pas-de-Dieu à Poitiers, etc.). Voici quelques exemples romains à Cahors. Le bâtiment de la chambre d’Agriculture est installé à cheval sur le théâtre, compréhensible seulement par un panneau…

Cahors, théâtre romain sous la chambre d'agriculture, panneau et sitepas très clair!!! Je ne vois pas comment le visiteur peut faire le rapprochement entre la vue ancienne, le plan et ce qu’il voit s’il n’est pas archéologue! Le théâtre dit des Cadourques, connu depuis toujours, a servi de carrière de pierres puis les vestiges ont été intégrés dans ce bâtiment (para-)public dans les années 1960.

Amphithéâtre antique de Cahors dans le parking souterrainReconnaître un amphithéâtre romain et le comprendre n’est pas facile, je vous en ai déjà montré quelques exemples (voir à Périgueux ou à Poitiers l’amphithéâtre romain et sa reconstitution par Golvin). Celui de Cahors, au milieu d’un parking souterrain, est encore moins compréhensible. Il a été trouvé en 2003 lors du creusement du parking, qui en a adopté la forme oblongue (il a valu en partie la défaite du maire de l’époque, Marc Lecuru, aux élections de 2008), mais comment expliquer aux gens à quoi servait cet édifice de spectacles et de jeux de gladiateurs? D’autant que l’usager du parking a un seul objectif, venir facilement en ville, se garer, courir faire ses courses, pas admirer le paysage, fût-il patrimonial et antique! Passé l’intérêt lors de la découverte, l’utilité de garder ce tas de pierres doit interroger quelques usagers.

Cahors, les thermes ou arc de DianeDans une ville romaine, à côté de l’amphithéâtre et du théâtre, il y a un autre monument public important, les thermes, qui souvent renferment aussi des installations sportives. Son nom est ambigu, « Arc de Diane », cela peut sous-entendre un arc de triomphe ou un temple dédié à Diane. Quand on passe dans la rue, on voit surtout un grand pan de mur. La construction du collège voisin et les fouilles consécutives (pas encore dites « préventives », plutôt du « sauvetage urgent » même si le site était connu) en  1953-1954 a permis de préciser qu’il s’agissait d’un des quatre murs qui bordait un piscine froide ou frigidarium.

Plan schématique de Cahors antiquePour le temple, je n’ai pas de photographie… mais voici la position des gros bâtiments publics romains de Cahors.

Pour aller plus loin, voir:

Deux mille ans d’un quartier urbain à Cahors [amphithéâtre], par Didier Rigal, Inrap

Les thermes romains de Cahors, par Michel Labrousse, Gallia, vol.21, n° 1, 1963, p. 191-225.

Photographies mars 2011

Le monument à Sadi Carnot à Lyon

Lyon, monument à Sadi Carnot, plaque commémorativeComme je vous l’ai déjà précisé (revoir la République de Peynot), le président Sadi Carnot a été assassiné à Lyon le 24 juin 1894 par l’anarchiste italien Sante Caserio, alors qu’il allait y inaugurer l’exposition universelle (internationale).

Lyon, monument à Sadi Carnot, à son emplacement initial sur une carte postale ancienneUn monument lui est érigé selon un projet définitivement approuvé en 1897 (inauguré en novembre 1900) place de la République (devenue place Carnot… du prénom de Lazare, son grand-père), où je vous ai déjà montré  La République d’Émile Peynot et un détail de la Ville de Lyon. Ce monument en pierre comportait aussi un obélisque et des allégories et formait une fontaine, dû à l’architecte Charles Naudin (Luzarches, 1853, – 1939) et au sculpteur Henri Gauquié (Flers-lez-Lille, 1858 – Paris, 1927) (voir un détail sur cette vue dans Gallica de l’agence de presse Meurisse).

Lyon, monument à Sadi CarnotLe monument a été démantelé en 1975, comme le monument à la République, lors de la construction du métro. Je ne sais pas ce que sont devenus les autres éléments, la statue de Sadi carnot a été déplacée dans le 3e arrondissement de Lyon, dans le Jardin du Général Delestrain (près de la préfecture).

Lyon, monument à Sadi Carnot, vue de face de la statueIl est aujourd’hui dans un sale état: pas entretenu, il a perdu tous les doigts de sa main droite et la plupart de ceux de la gauche.

Lyon, monument à Sadi Carnot, vue de dosLe socle menace même ruine.

Lyon, monument à Sadi Carnot, détail de la têteIl avait pourtant fière allure avec sa barbe et sa moustache, un petit nœud papillon pour égayer le costume…

Angoulême, monument à Sadi Carnot, 2, vue rapprochéeJe vous invite aussi à revoir le monument à Sadi Carnot à Angoulême

Photographies d’avril 2012.

La permission… juillet 1916

Ensemble de 7 cartes adressées à une habitante de Vouillé de 1912 à 1919A la brocante, je suis tombée sur une série de cartes colorisées adressées à une habitante de Vouillé, dans la Vienne. Elles s’étendent de 1912 à 1919, pour celles qui sont datées. La plupart accueillent un message très personnel, et je ne vous en montrerai que la face quand l’occasion se présentera.

Carte de permission, juillet 1916, faceL’une a particulièrement attiré mon attention. Elle montre un soldat avec une tenue colorisée en vert (en 1916, fini les pantalons rouge garance et les vestes bleu horizon… le pastel et la garance seront moins cultivées vers Toulouse), casque nouveau modèle à la main, embrassant tendrement une jeune femme assise dans un fauteuil. La légende?

La Permission
Les baisers de la permission
Font mieux sentir l’affection

Carte de permission, juillet 1916, dosLe texte au dos, avec les approximations orthographiques (j’aime beaucoup le x au Bon-Dieux!), est le suivant:

Aux armées le 26 juilliet 1916 à 9 heures

Ma cher petite femme

J’aie donc reçue ton Aimable petite lettre du 23 sur la quel tu me dit que tu as reçue ma carte qui t’à fais beaucoups de plaisirs. Cher amie je pense que celle-là ne t’en feras pas moins que l’autre en te rapportant cette courte permission doux petit moment trop court.

Cher amie tu me dit donc que tu attendais la visite de cette pauvre belle soeur allors je vois que vous aurez pas encore trouvée la journée trop longue comme ça. Allon ces bien de partager vos douleurs toutes les deux. En attendant le Bon-Dieux va peut être nous ramener à vous dans quelques jours.

Reçoit de ton fidèle époux ses plus doux baisers. J.J.B.

Voir le site Les Français à Verdun sur les uniformes et les casques.

Strasbourg, le monument à Kellermann

Strasbourg, le monument à Kellermann, texte sur ValmyIl est beaucoup question ces jours-ci de la première bataille de la Marne, du 5 septembre 1914 au 12 septembre 1914. Une autre bataille a eu lieu dans le même secteur, qui a aussi mis aux prises Français en défense et Allemands en marche vers Paris, le 20 septembre 1792 à Valmy (dans la Marne) les troupes prussiennes sont stoppées par les armées révolutionnaires menées par les généraux et Charles-François Dumouriez.

C’est à Strasbourg (place de Broglie) que l’on trouve ces citations, sur le socle du monument à François-Christophe Kellermann :

Valmy 20 IX 1792
Vive la nation nous / allons vaincre pour elle / Kellermann
Von hier von Huete geht / eine neue Epoche der / Welt Geschichte aus / Goethe
Valmy marque un tournant dans l’histoire

Strasbourg, le monument à Kellermann, texte sur la guerreSur l’autre face:

Après mes devoirs envers / Dieu toutes mes actions / ont eu pour mobile / l’amour de mon pays
Combattant pour le / maintien de nos libertés / et la défense du / territoire de France / j’ai adouci autant que / je l’ai pu ce que / la guerre a d’horrible / Kellermann

Strasbourg, le monument à Kellermann, texte sur les AlsaciensEt encore:

Les Alsaciens m’ont / prouvé qu’ils n’ont point / dégénéré et je suis fier / d’être né parmi eux

Strasbourg, le monument à Kellermann, vue d'ensembleEntre les armoiries et l’inscription (« Kellermann / maréchal de France / duc de Valmy / né à Strasbourg 18 V 1735 / mort à Paris 13 IX 1820 »), il n’y a aucune difficulté pour identifier le personnage représenté en tribun. La statue en bronze a été édifiée pour le bicentenaire de sa naissance, en 1935, et est due au sculpteur Léon [Jean-Baptiste Alexandre] Blanchot (dit Ivan Loewitz) (Bordeaux, 1868 – Paris, 1947), dont je n’ai pas trouvé la signature, qui doit pourtant être sur la plinthe si j’en crois la fiche de la base monumen (consultée après mon retour…).

Strasbourg, le monument à Kellermann, la statue de faceKellermann porte tenue bien ajustée au niveau de l’entrejambe (mais non, pas à poil), un grand manteau…

Strasbourg, le monument à Kellermann, vue de profil… grande épée et éperons, prêt à retourner au combat.

Un autre monument à Kellermann a été érigé en 1892, pour le centenaire de la bataille, sur le site même de Valmy.

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à ParisTant que j’y suis, j’ai « exhumé » de mes centaines de photographies parisiennes celle de sa tombe au cimetière du Père-Lachaise. Le monument a été dessiné par l’architecte Lucien-Tirté Van Vleemputte (Paris, 1795 – 1871, grand prix de Rome d’architecture en 1816) et comprend trois grandes plaques avec le nom des défunts regroupés dans le monument.

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à Paris, plaque gaucheA gauche les épouses…

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à Paris, plaque centraleAu centre François-Christophe Kellermann et son fils François-Etienne Kellermann (1770-1835), qui s’est lui distingué lors des batailles de Marengo et Austerlitz…

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à Paris, plaque droiteA droite leurs descendants.

Photographies octobre 2010 pour Strasbourg et novembre 2012 pour le cimetière du Père Lachaise.

Tous à poil! Après le Moyen Âge, l’époque moderne…

Scène d'accouplement, sculpture gothique sur un chapiteau dans l'église de Payroux, Vienne, vue rapprochéeIl y a quelques mois, je vous montrais quelques exemples de sculptures « à poil » à Melle (église Saint-Savinien) et à Payroux. Nous allons avancer un peu dans l’histoire… Après la découverte de l’Amérique, on entre dans l’ère moderne.

Amboise, chapelle Saint-Hubert, dentelle de pierrePremière escale à Amboise, dans la chapelle Saint-Hubert du château (géré par la fondation Saint-Louis), non plus pour une série de crimes (voir Embrouille à Amboise, de Philippe-Michel Dillies) mais pour une visite patrimoniale. Nous sommes juste au début de la période moderne, puisqu’elle a été construite entre 1491 et 1496 sous les ordres de Charles VIII par des artistes flamands (il n’avait pas encore découvert les artistes italiens). J’y suis restée un petit moment et ai vu passer une série de guides en français, en anglais, en espagnol…

Amboise, chapelle Saint-Hubert, animaux cachés dans les feuillages sculptésTous attirent l’attention sur les animaux qui se cachent dans le feuillage, comme il était habituel à cette période: voir au même moment, à quelques années près, les singes monstrueux de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers, même si la qualité est supérieure à Amboise, commande royale oblige. Tous parlent des singes, des serpents, il y a aussi un serpent mangeant une grenouille, une salamandre avec un scarabée, chiens (?).

Peu parlent des personnages à les retombées des voûtes… mais qu’est-ce qu’il enfourne à pleine main dans sa bouche, le premier?

Amboise, chapelle Saint-Hubert, personnage émergeant des feuillagesAucun guide n’a signalé ce petit personnage qui semble héler le visiteur…

Amboise, chapelle Saint-Hubert, personnage nu… et bien sûr pas celui-ci, tout nu, bien à poil!

Quelques jours plus tard, j’étais à Limoges avec Marlie et François…

Pierre Courteys, Laocoon et ses fils, en salle et sur carte postale du musée de LimogesAprès avoir remarqué l’aménagement dans la cour du musée, nous avons bien sûr visité les salles (en long, en large et en regardant les propositions des guides papier). Archéologie (oups, il va falloir revoir la Préhistoire), égyptologie… et bien sûr émaux. Là, je repère, en vue d’un article sur le sujet du jour (« à poil« ), ce bel émail sur cuivre réalisé vers 1559 (dixit le cartel, la carte mentionne 1569) par Pierre Courteys, représentant Laocoon et ses fils. Selon l’Enéide de Virgile, Laocoon, qui a prévenu les Troyens du danger du fameux « cheval », est étouffé avec ses fils par des serpents envoyés par Apollon. Pas de doute, le père et ses fils sont bien tout nus… A la sortie, à la boutique, pas de catalogue du musée rénové (après 2 ans, ça devient urgent), mais des cartes postales. Et là, surprise! Au centre, Laocoon a le sexe caché par un drapé, mais ses fils restent avec leur sexe à l’air.

Pierre Courteys, Laocoon et ses fils, en salle et sur carte postale du musée de Limoges, détailsVous voyez de plus près? En haut en salle, en bas sur la carte postale. Que s’est-il passé? La personne qui tenait la boutique semble étonnée… Si, c’est bien l’œuvre qui est en salle sur la carte postale. Oui, bien sûr, mais la carte postale porte la mention « musée municipal de l’Évêché », et non la nouvelle appellation « musée bal » (sur toute la communication du musée des Beaux-Arts de Limoges). Entre temps, en vue du nouveau musée, certaines œuvres ont été nettoyées, restaurées, mais personne n’a dû juger bon de ré-éditer les cartes postales avec une version « à jour » (à poil), sans le repeint, qui date de quand? Mystère! Aucune mention sur le cartel en salle, pas de catalogue.

Photographies (sauf la première vignette) d’août 2014.

Deux maisons rue d’Alsace-Lorraine à Niort

Niort, maisons des 26, 28 et 30 rue Alsace-Lorraine, 1, les deux façades Aux 26, 28 et 30 rue d’Alsace-Lorraine à Niort se trouvent deux maisons avec un décor plutôt intéressant.

Niort, maisons des 26, 28 et 30 rue Alsace-Lorraine, 2, façade du 26 Celui du n° 26 est assez limité, à part l’encadrement des fenêtres et le décor géométrique de la corniche sous le toit.

Niort, maisons des 26, 28 et 30 rue Alsace-Lorraine, 3, détail de la façade du 30 Mais celui des n° 28 et 30 est plus riche. Il s’agit de deux maisons jumelles (sous le même toit) à deux étages, chacune avec à l’extérieur une travée étroite un peu en retrait (escalier intérieur) et des visages sur les clefs des fenêtres (homme en haut, femme en bas), chaque maison a deux travées avec la porte à gauche (pour ceux qui s’y perdent dans les mots compliqués, vous pouvez revoir ici le schéma avec le vocabulaire pour une façade de maison).

Niort, maisons des 26, 28 et 30 rue Alsace-Lorraine, 4, porte, corniche et linteau des 28 et 30Porte ouvragée en fer forgé, linteaux des portes et fenêtres très décorés, comme la corniche sous le toit. Au-dessus de la porte, on aperçoit aussi le bandeau de niveau (qui sépare le rez-de-chaussée du premier étage) avec un décor géométrique en croisillons.

Niort, maisons des 26, 28 et 30 rue Alsace-Lorraine, 5, têtes et décor végétal sur les 28 et 30Voici un détail des quatre visages, coiffures et vêtements sympa, même s’ils sont sales (à moins qu’il n’y aiteu un ravallement depuis), dans l’ordre où ils se présentent sur la façade, et deux détails des décors végétaux.

Photographies de mi juillet 2011.

La tombe de Jean-Richard Bloch au cimetière du Père Lachaise

Affiche de l'exposition Jean-Richard Bloch à Poitiers, jusqu'au 31 octobre 2014 à la médiathèqueAlors que l’exposition Une fenêtre sur le monde, Jean-Richard Bloch à la Mérigotte se poursuit à la médiathèque de Poitiers (jusqu’au 31 octobre 2014) et qu’un beau programme d’animations (conférences, visites guidées) est annoncé à partir de la semaine prochaine, je suis allée voir sa tombe au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Paris, cimetière du Père-Lachaise, tombeau de Jean-Richard Bloch, à l'arrière, monument aux déportés d'Auschwitz-BirkenauBien qu’elle se trouve juste à côté du monument aux déportés d’Auschwitz-Birkenau (que l’on aperçoit à l’arrière-plan), à proximité des autres monuments des camps de concentration, en face du mur des fédérés, et donc près d’autres personnalités communistes, la tombe de Jean-Richard Bloch (Paris, 1884 – Paris, 1947) ne m’avait jamais attirée. Dans le cadre communiste de cette section du Père-Lachaise, je vous propose de lire le portrait de Jean-Richard Bloch sur le site de L’Humanité. Dans les prochaines semaines, je vous rendrai aussi compte de plusieurs de ses ouvrages, que j’ai lus à l’occasion de cette exposition.

Paris, cimetière du Père-Lachaise, tombeau de Jean-Richard Bloch, dalle funéraireMort à Paris le 15 mars 1947, son hommage funèbre fut rendu le 19 mars par Jacques Duclos pour le parti communiste et Louis Aragon devant les locaux du journal Ce soir, qu’ils avaient tous deux créé en 1937 et relancé en 1945. Sa tombe est toute simple, avec une dalle funéraire peu lisible, une autre plus petite en hommage à sa femme Maguite (Marguerite Herzog). Des plaques sont posées tout autour de la tombe, notamment pour des mouvements liés à la guerre d’Espagne, dont Jean-Richard Bloch a rendu compte.

Paris, cimetière du Père-Lachaise, tombeau de Jean-Richard Bloch, masque mortuaire Sur la stèle a été apposé le masque mortuaire tiré en bronze.

Paris, cimetière du Père-Lachaise, tombeau de Karl-Jean Longuet (1904-1981) et Simone Boisecq (1922-2012)Près du tombeau de Jean-Richard Bloch, par hasard, j’ai aussi vu la tombe de Karl-Jean Longuet (1904-1981) et Simone Boisecq (1922-2012), qui avaient fait l’objet d’une exposition en 2011-2012 à Reims, Agen, Limoges, Poitiers et Colmar. Leur engagement politique explique leur sépulture dans ce secteur du cimetière.

Pour aller plus loin : 

– sur le blog: La Mérigot(t)e à Poitiers, résidence de l’écrivain Jean-Richard Bloch et Une fenêtre sur le monde, Jean-Richard Bloch à la Mérigotte (bientôt quelques lectures)

Jean-Richard Bloch. En Mérigotte, auberge antifasciste

– voir aussi l’article d’Alain Quella-Villéger (avec des photographies de Marc Deneyer), Jean-Richard Bloch à la Mérigote, L’Actualité Poitou-Charentes n° 46, 1999, p. 18-23.

– voir le site de l’Association Études Jean-Richard Bloch.

– mes lectures de Jean-Richard-Bloch : Sur un cargo, Cacaouettes et bananes, Espagne, Espagne!, traduction de Karl et Anna, de Leonhard Frank

Enlacés jusque dans la mort… une tombe du cimetière du Père-Lachaise à Paris

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Joseph Crocé-Spinelli et Théodore SivelEn allant faire des photographies en vue de quelques articles au cimetière du Père-Lachaise à Paris, je suis passée à côté de la tombe de Joseph [Eustache] Crocé-Spinelli (Monbazillac, 1845 – Ciron, 1875) et  Théodore Sivel (Sauve, 1834 – Ciron, 1875), aéronautes qui ont réalisés de multiples exploits en ballons / montgolfières: record d’altitude le 22 mars 1874 (7.300 m d’altitude), record de durée (22h40 qui les ont mené de l’usine à gaz de La Villette à Paris à Lanton, près d’Arcachon) les 23 et 24 mars 1875… avant de périr le 15 avril 1875 au cours d’une ascension à Ciron dans l’Indre à bord du ballon Le Zénith. En voulant battre à nouveau le record d’altitude, ils sont morts privés d’oxygène à 8600m d’altitude, seul le troisième homme à bord, Gaston Tissandier (Paris, 1843 – Paris, 1899) a survécu (il en est resté sourd). Dans La Nature n° 100, du 1er Mai 1875, il a raconté leur aventure.

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Crocé-Spinelli et Sivel, signature A. Dumilatre 1878Le gisant en bronze de la tombe est signé « A. Dumilatre, 1878 », pour Alphonse [Jean] Dumilatre (Bordeaux, 1844 – Saint-Maurice, Val-de-Marne, 1928).

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Crocé-Spinelli et Sivel, signature Gruet Jeune fondeurLe fondeur a également laissé sa marque: « Gruet J(ne) fondeur », pour Charles Gruet Jeune (1825-1890).

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Crocé-Spinelli et Sivel, vue de côtéLes deux hommes sont représentés allongés sur le dos.

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Crocé-Spinelli et Sivel, vue des têtes et des piedsTous les deux sont barbus, nus apparemment sous le linceul, les pieds qui dépassent…

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Crocé-Spinelli et Sivel, mains entrecroiséesLeurs mains sont entrecroisées jusque dans la mort et pour les passants qui se recueilleront sur leur tombe.

Photographies août 2014

Abel Pann au musée d’histoire du judaïsme

Wagons à bestiaux », planche n°16 (1916) tirée du portfolio In the name of Czar, New York, 1921 – Photo Christophe Fouin © Mahj

« Wagons à bestiaux », planche n°16 (1916) tirée du portfolio In the name of Czar, New York, 1921 – Photo Christophe Fouin © Mahj

Pendant mes vacances, j’ai privilégié des lieux avec un public peu nombreux, pour éviter au maximum les risques de bousculade. A Paris, j’ai choisi l’exposition Abel Pann au musée d’histoire du judaïsme, juste à côté du site des archives nationales, rue du Temple, non loin du square du Temple (revoir la statue de Béranger et Wilhelm et Eugène Delaporte). J’avais lu une petite note je pense dans Télérama pour cette exposition qui se poursuit jusqu’au 30 novembre 2014. 1ttention, passage sous portique, évitez tout objet suspect genre ciseaux, etc. En revanche, le jour où nous y sommes allé, à 10h alors que ça n’ouvrait qu’à 11h (pas douées, les filles…), les deux plantons policiers avaient l’air de s’ennuyer et prenaient leur casse-croute tranquillement avec leur sac posé sur le trottoir. Pas terrible comme garde, surtout après la tuerie du musée juif de Bruxelles, mais bon, heureusement, nous n’étions pas terroristes. Le renfort de gardiennage à l’ouverture et le portique avec sas blindé étaient eux beaucoup plus sérieux!

L’exposition: il s’agit d’une exposition-dossier qui présente plusieurs séries de lithographies -souvent coloriées- et d’estampes de Abel Pann, né Abba Pfeffermann (Kreslawka, Lettonie, 1883 – Jérusalem, 1963). Arrivé à Paris en 1905, il a fréquenté les artistes de La Ruche (cité d’artistes dans le 15e arrondissement, près du square Georges-Brassens, voir le site officiel). En 1914, après quelques années à Jérusalem, il décide de venir rechercher ses affaires pour un départ définitif… et se retrouve coincé par la première guerre mondiale. Il passe alors d’un registre de créateur d’affiches et de caricaturistes (quelques exemples présentés dans les vitrines) à des réalisations patriotiques. En 1917, il part pour New-york puis Jérusalem dans les années 1920 et se consacre alors aux études et à l’illustration de la Bible. L’exposition montre, sur deux salles, pour l’essentiel, des lithographies.

Mon avis : C’est la série In the name of Czar qui m’a le plus frappée, je vous en propose une illustration du dossier de presse. Cette série est consacrée aux exactions contre les juifs de la part de l’armée du tsar et des polonais dès 1914. Il a réalisé cette série sur une année, à partir de décembre 1915. Malgré la guerre et bientôt la Révolution d’octobre (1917), l’ambassadeur de Russie ne trouve rien de mieux que de faire interdire la publication de cette oeuvre! Il ne réussira à les publier qu’en 1921 à New-York. Vous ne trouvez pas que ces wagons à bestiaux qui déplacent des populations juives ont comme un avant-goût très amer des discriminations des juifs polonais à partir de 1937 puis leur élimination pendant la deuxième guerre mondiale? La population juive de Pologne est passée de plus de 3 millions de personnes en 1931 à moins de 12.000 aujourd’hui (en 2000, population qui se déclare juive, alors que plus de 50.000 personnes parleraient yiddish). Dans la première salle, ce sont surtout Les désastres de la guerre » (en référence à Goya, pas évoqué dans l’exposition), qui sont illustrés: difficultés des soldats et des populations civiles, évacuations, exactions. Celui qui m’a le plus marqué, réalisé en 1915, un bébé à quatre pattes au milieu des ruines, avec pour titre « La classe 1935 se débrouille », terrible quand on sait ce qui arrivera en 1935 ou dans les années qui ont suivi à ce bébé… Il est vraiment dommage que le musée n’ait pas réalisé de catalogue ni même de mini-dossier à cette occasion.

En tout cas, si vous allez sur Paris, n’hésitez pas à aller voir ces surprenantes estampes et lithographies, et si vous ne connaissez pas le musée d’histoire du judaïsme, à le visiter, dans ce cas, prévoyez un bon moment, je le trouve passionnant et l’ai revisité avec de nouvelles approches par rapport à mes précédentes visites.