Archives de catégorie : Cinéma

Les films que j’ai vus au cinéma ces dernières années.

Les trois singes de Nuri Bilge Ceylan

La salle devait contenir moins d’une quinzaine de personnes, pour une séance à 18h (certes, la tempête était annoncée pour plus tard dans la soirée). Dommage pour ce film, Les trois singes (Uç Maymum), de Nuri Bilge Ceylan, prix de la mise en scène au festival de Cannes en 2008. Les acteurs principaux : Yavuz Bingol, Hatice Aslan, Ahmet Rifat Sungar, Ercan Kesal.

L’histoire : une route déserte – ou presque, la nuit. Le candidat aux prochaines élections à la chambre des députés s’endort au volant et heurte un piéton. Délit de fuite (et aussi d’une voiture qui fuyait, qui décide de prévenir la police, mais sans porter assistance à la victime). Il demande à son chauffeur de s’accuser à sa place, lui promet un bon avocat (il fera moins d’un an de prison, la vie humaine n’a donc aucune valeur en Turquie ?), le salaire poursuivi pendant la détention, et une forte somme à la sortie. Il est quand même battu aux élections. Quand la femme du chauffeur (l’actrice Hatice Aslan) va le voir pour obtenir une avance afin de payer une voiture au fils, il lui fait des avances…

Mon avis : la musique et la photographie, avec de nombreux clairs-obscurs (à l’extérieur et dans l’appartement), sont magnifiques, surtout les nombreuses scènes d’orage. Vraiment, si vous avez l’occasion, allez voir ce film. Mais est-ce si facile de se payer un remplaçant en prison en Turquie, comme autrefois en France un remplaçant à la conscription (système de remplacement mis en place sous le Consulat et l’Empire et jusqu’à la défaite de 1870) ?

PS : Depuis, j’ai aussi vu de ce réalisateur Il était une fois en Anatolie et Winter sleep.

Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen

Le parc Güell à Barcelone Je n’étais pas allée voir ce film lors de sa sortie parce qu’il se passe à Barcelone, où nous avions fêté en famille les 60 ans de mon père il y a presque trois ans… J’avais peur des souvenirs, même si ce sont de bons souvenirs pour ce grand week-end. Et puis, j’en ai discuté avec ma psychologue, et j’ai profité de ce qu’il soit sélectionné pour le festival Télérama pour aller le voir.

L’histoire : à Barcelone donc. Deux Américaines, une brune, Vicky (Rebecca Hall), et une blonde, Cristina (Scarlett Johansson). La première vient passer ses dernières vacances de célibataire et doit se marier en rentrant à New-York, la seconde cherche sa voie… Elles sont hébergées chez de riches amis. Un soir, après l’inauguration d’une exposition, elles sont abordées par un artiste peintre, Juan Antonio (Javier Bardem), séparé de son ex-femme, Maria Elena (Penélope Cruz), avec qui il a eu une relation d’amour-haine parfois violente. Il emmène en avion les deux jeunes femmes à Oviedo, clairement pour coucher avec elles, Cristina est partante, Vicky y va juste pour chaperonner Cristina et l’empêcher de faire une bêtise. Mais celle-ci tombe malade, et c’est Vicky qui succombe à la tentation. Retour à Barcelone. Le futur mari de Vicky décide de la rejoindre pour un premier mariage romantique en Espagne, Cristina emménage chez Juan Antonio, qui ne tarde pas à accueillir chez lui aussi Maria Elena, après une tentative de suicide de celle-ci. La suite ? Allez voir le film !

Mon avis : les quatre acteurs principaux sont magnifiques. L’histoire est embrouillée… comme un scénario de Woody Allen. Ce film m’a beaucoup plus. Vous y verrez aussi de belles images de Barcelone, des immeubles construits par Gaudi et du parc Güell (et aussi sur la photo, prise lors de notre voyage familial).

Pour les 15 films du festival Télérama, ils se partagent en quatre catégories :

Ceux que j’ai vus et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au théâtre

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au Dietrich

Ceux que je n’irai pas voir, sauf si vous avez des arguments pour me convaincre d’y aller…

  • À bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson
  • L’heure d’été d’Olivier Assayas
  • Home d’Ursula Meier, finalement vu au Dietrich
  • Into the Wild de Sean Pen
  • Juno de Jason Reitman
  • There will be blood de Paul Thomas Anderson

Pour Woody Allen, vous pouvez relire mes articles

Séraphine de Martin Provost

Salle comble au TAP-cinéma (ex-théâtre de Poitiers) samedi 24 janvier 2009 à 20h pour Séraphine de Martin Provost, qui a probablement bénéficié du double effet du festival Télérama et de l’annonce des nominations aux prochains César…

L’histoire : 1912, à Senlis, dans l’Oise. Un riche collectionneur, marchand et critique d’art allemand, Wilhelm Uhde, premier à avoir acheté Picasso, collectionneur du douanier Rousseau, loue une partie d’un château pour se consacrer à l’écriture. Un jour, lors d’un dîner, il tombe en arrêt devant un panneau de bois peint de fleurs en style naïf. L’auteure en est Séraphine Louis, sa femme de ménage dont tout le monde se moque parce qu’elle a reçu l’ordre des anges de se mettre à peindre il y a des années. Il décide de l’aider, mais la guerre survient, il doit fuir, Séraphine retombe dans la misère, achète (ou vole) les ingrédients nécessaires à la fabrication de ses peintures… Après guerre, elle est passée des panneaux de bois à la toile. Wilhelm Uhde revient dans le secteur, redevient son protecteur… jusqu’à ce que la crise de 1929 le contraigne à mener un train de vie plus raisonnable. Puisque c’est une histoire vraie, je peux aller jusqu’à la fin… Séraphine est internée en 1932 dans un sordide asile psychiatrique, où son sort est un temps amélioré grâce à son protecteur. Comme Camille Claudel et tant d’autres malades psychiatriques, elle meurt à l’asile pendant la Seconde guerre mondiale (Séraphine en 1942, Camille Claudel en 1943, Antonin Artaud quant à lui survivra à l’asile jusqu’en 1948, voir Ferdière, psychiatre d’Antonin Artaud de Emmanuel Venet).

Mon avis : un film émouvant, Yolande Moreau est éblouissante dans le rôle de Séraphine, parangon de la femme de peine. Elle remportera probablement un prix à Cannes. La lumière et la photographie sont aussi très travaillées dans ce film… Mais j’aimerais découvrir les recettes de pigment de Séraphine, de la cire, du sang, une racine râpée (laquelle, pas de la garance, dans le nord de la France…), une ombellifère, du blanc (d’Espagne ?), et puis…???

Pour aller plus loin : le site officiel du film, le catalogue (56 pages aux éditions Gallimard) de l’exposition sur Séraphine de Senlis qui a eu lieu jusqu’au 5 janvier 2009 au musée Maillol à Paris (je ne l’ai pas vue) et le livre de Françoise Cloarec, Séraphine, la vie rêvée de Séraphine de Senlis, aux éditions Phébus, 172 pages.

Séraphine est sorti grand vainqueur des César 2009 : meilleur film français de l’année pour Martin Provost, prix de la meilleure actrice pour Yolande Moreau (j’avais été très séduite par son interprétation). Les autres César pour ce film sont revenus à Laurent Brunet pour la photographie (vraiment remarquable), à Marc Abdelnour et Martin Provost pour le meilleur scénario original, à Michael Galasso pour la meilleur musique originale, à Thierry François pour les meilleurs décors et à Madeline Fontaine pour les meilleurs costumes.

PS : en 2011, j’ai vu Où va la nuit, aussi de Martin Provost et avec Yolande Moreau dans le rôle principal.

Pour les 15 films du festival Télérama, ils se partagent en quatre catégories :

Ceux que j’ai vus et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au théâtre

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au Dietrich

Ceux que je n’irai pas voir, sauf si vous avez des arguments pour me convaincre d’y aller…

  • À bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson
  • L’heure d’été d’Olivier Assayas
  • Home d’Ursula Meier, finalement vu au Dietrich
  • Into the Wild de Sean Pen
  • Juno de Jason Reitman
  • There will be blood de Paul Thomas Anderson

Le silence de Lorna, de Jean-Pierre et Luc Dardenne

C’est le premier film que j’ai vu dans le cadre de la semaine du festival Télérama. Le silence de Lorna, de , a obtenu le prix du scénario au festival de Cannes en 2009 [en 2011, j’ai aussi vu Gamin au vélo des frères Dardenne puis Deux jours une nuit, La fille inconnue].

L’histoire : Liège. Une jeune albanaise, Lorna (Arta Dobroshi), vient d’épouser Claudy (Jérémie Renier), drogué. Il s’agit d’un mariage blanc organisé par la mafia albanaise. Un premier mariage pour lequel la jeune femme paye un drogué, obtient des papiers belges, puis, si tout se passe bien, une fois divorcée ou veuve, elle doit épouser un Russe, elle touchera alors l’argent du mariage (moins la commission de la mafia), et quand ce dernier aura obtenu la nationalité belge, elle le quittera pour retrouver son vrai petit ami albanais, Sokol. Sauf que bien sûr, tout ne se passe pas comme prévu… car Claudy veut se faire désintoxiquer.

Mon avis : comme ça, au débotté, je dirais que j’ai préféré le livre Éric-Emmanuel Schmitt, Ulysse from Bagdad , à ce film. Le sujet s’en rapproche, un émigré qui cherche un monde meilleur, mais l’approche n’y est pas que mafieuse… Cependant, c’est un film qui m’a bien plu, pas très optimiste sur l’exploitation de l’homme par l’homme, encore moins quand l’ami de Lorna (son amoureux albanais) gagne de l’argent en allant se faire irradier pendant une minute dans le cœur d’un réacteur nucléaire… Arta Dobroshi (Lorna) est sublime.
Il a été sélectionné pour le César 2009 du meilleur film étranger, mais c’est Valse avec Bachir d’Ari Folman qui l’a reçu.

Pour les 15 films du festival Télérama, ils se partagent en quatre catégories :

Ceux que j’ai vus et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au théâtre

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au Dietrich

Ceux que je n’irai pas voir, sauf si vous avez des arguments pour me convaincre d’y aller…

  • À bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson
  • L’heure d’été d’Olivier Assayas
  • Home d’Ursula Meier, finalement vu au Dietrich
  • Into the Wild de Sean Pen
  • Juno de Jason Reitman
  • There will be blood de Paul Thomas Anderson

 

Hunger de Steve Mc Queen

Il est temps de vous parler un peu des films que j’ai vus dans le cadre du festival Télérama 2009. Je commence par Hunger de Steve Mc Queen. Présenté au 61ème festival de Cannes en 2008 dans la sélection Un certain regard, il a reçu la caméra d’or, qui récompense le meilleur premier film toutes sections confondues. [PS: depuis, j’ai aussi vu 12 years a slave].

L’histoire : 1981, le quartier spécial de la prison de Long Kesh / Maze, en Irlande du Nord. Des prisonniers de l’IRA réclament le statut de prisonniers politiques. N’ayant à leur disposition que leurs corps, ils font la grève du port de l’uniforme de prisonnier (ils protestent nus, avec une seule couverture, Blanket Protest, mais acceptent les vêtements pour les visites et la messe, plus pratique aussi pour trafiquer) et de l’hygiène (vidange des seaux hygiéniques sous la porte, peinture aux excréments sur les murs, etc.). Le film suit le jeune Davey Gillen (Brian Milligan) vient d’être incarcéré, sa lente dégradation physique, les bains forcés, l’émeute… Lors des visites de famille, des informations et des objets (textes sur papier tiré de la bible, poste de radio à galène, etc.) s’échangent malgré tout. Et la communication avec le leader du mouvement, Bobby Sands []. N’obtenant toujours pas le statut de prisonnier politique, après un long entretien avec un prêtre, ce dernier décide d’organiser une grève de la faim et de la soif avec un nouveau gréviste tous les quinze jours… pour ne pas subir le même échec que quelques mois plus tôt. À ce sujet, vous pourrez aller écouter le reportage vidéo de Radio-Canada sur le 5 mai 1981, diffusé le 30 juin 1981, sur la mort de Bobby Sands en prison (en français).

Mon avis : mis à part Valse avec Bachir d’Ari Folman, que j’avais vu lors de sa sortie, Hunger est probablement le film le plus fort de la sélection du festival Télérama 2009. Un grand silence a accompagné la fin du film, même si la salle était loin d’être même à moitié pleine, c’était impressionnant. Heureusement qu’il n’y a pas encore d’odeurs en même temps que les images. Un film qui montre la violence des deux côtés, IRA, régime de Thatcher (que l’on entend en voie off…) et gardiens.

Il a fallu attendre la mort de 10 grévistes de la faim (Bobby Sands, 6 autres membres de l’IRA et 3 de l’INLA) et de 26 gardiens assassinés à l’extérieur pour que ces prisonniers obtiennent les conditions de détention d’un prisonnier politique, sans en avoir le statut. Personne n’a été poursuivi pour le non respect des droits de l’homme et des conventions internationales… La médiatisation de cette grève de la faim a entraîné un afflux de ressources pour les indépendantistes et probablement contribué à la poursuite des actions sanglantes de l’IRA pendant de nombreuses années.

Que ce film soit aussi l’occasion d’avoir une pensée pour tous les prisonniers politiques (la frontière entre terroriste et combattant de la liberté peut être très ténue…) du monde entier, mais aussi pour le respect des droits de l’homme en prison, en France aussi (voir le nombre anormal de suicides et de crimes en prison ces derniers mois). Et pour que tous ceux qui violent les droits de l’homme et les conventions internationales, ou les ont violé, même à Abu Ghraib (voir l’article du centre de recherche sur les tortures dans le monde) ou à Guantánamo (voir le rapport d’Amnesty international)… camp où il y a aussi eu des grévistes de la faim, mais qui ont été alimentés de force.

Et Messieurs des ex-RG, n’oubliez pas d’ajouter une ligne à ma jolie fiche du fichier Edwige, rebaptisé d’un nom pas possible mais je suppose pas mis à la poubelle…

Pour les 15 films du festival Télérama, ils se partagent en quatre catégories :

Ceux que j’ai vus et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au théâtre

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au Dietrich

Ceux que je n’irai pas voir, sauf si vous avez des arguments pour me convaincre d’y aller…

  • À bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson
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  • There will be blood de Paul Thomas Anderson

Festival Télérama 2009

Le TAP cinéma à Poitiers Le festival Télérama commence mercredi 21 janvier, et pour Poitiers, les séances auront lieu au Théâtre, pardon, je ne m’y fais pas, il a été rebaptisé TAP-Cinéma et au Dietrich.Pour les 15 films du festival Télérama, ils se partagent en quatre catégories :

Ceux que j’ai vus et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au théâtre

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au Dietrich

Ceux que je n’irai pas voir, sauf si vous avez des arguments pour me convaincre d’y aller…

  • À bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson
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Les plages d’Agnès, d’Agnès Varda

Poitiers, le TAP cinéma

Si l’on excepte le film de Charles Vanel (Dans la nuit, 1929), cela fait trois mois que je ne suis pas allée au cinéma (depuis Faubourg 36 de Barratier), ce n’est pas dans mes habitudes !

Chose réparée hier soir au TAP cinéma avec Les plages d’Agnès d’Agnès Varda [voir aussi de la même auteure Jane B[irkin]], présenté cette année à la 65e mostra de Venise. Je serais bien allée à la soirée couplée avec Bon anniversaire Agnès, huit courts métrages réalisés pour les 80 ans d’Agnès Varda, mais c’était en même temps que la soirée contre le créationnisme. C’est vraiment un film à voir absolument. Ça commence sur une plage du sud de la Belgique (la Plagne ? Elle y ressemble fort, à moins que ce ne soit du côté de Dunkerque…). Puis Agnès Varda revient sur 60 ans de photographies, de films, les siens, ceux de Jacques Demy, son ami. Entre séquences tournées pour ce film (la plage de la rue Daguerre à Paris est extra !), Sète, la Californie, elle nous montre aussi son engagement féministe, du Manifeste des 343 salopes (les signataires d’une célèbre pétition parue le 5 avril 1971 dans le Nouvel observateur pour la libéralisation de l’avortement) à Ni putes ni soumises. Je regrette vraiment de ne pas avoir vu son exposition à la fondation Cartier en 2006, les images montrées dans le film montrent que ce fut un événement important.

Il faut absolument voir ce film, dans les extraits, vous verrez des dizaines d’acteurs et artistes avec qui Agnès Varda a travaillé depuis 60 ans… Après le film, après le générique, la salle est restée longtemps silencieuse, personne ne semblait vouloir être le premier à sortir, un peu comme pour prolonger la projection.

Si vous n’y allez pas, ressortez les films de Varda de votre médiathèque… Il doit bien y en avoir.

Post-scriptum du 28 décembre 2008 : miracle, pour une fois, ce film a trouvé grâce aux yeux de tous les critiques du Masque et la plume sur France Inter !

Le film a reçu le César 2009 du meilleur film documentaire.

Pour les 15 films du festival Télérama, ils se partagent en quatre catégories :

Ceux que j’ai vus et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au théâtre

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au Dietrich

Ceux que je n’irai pas voir, sauf si vous avez des arguments pour me convaincre d’y aller…

  • À bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson
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  • Into the Wild de Sean Pen
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  • There will be blood de Paul Thomas Anderson

Poitiers, rencontres Henri Langlois et Charles Vanel

La façade de l'ancien théâtre de Poitiers devenu TAP cinéma Aujourd’hui, je ne vous montre pas un monument de Poitiers (la façade du théâtre rebaptisé TAP-cinéma depuis l’ouverture du TAP/théâtre auditorium n’en vaut pas la peine), mais souhaite vous parler des Rencontres internationales Henri Langlois. Il s’agit d’un festival de films d’écoles de cinéma, la 31e édition commence aujourd’hui, je ne suis pas sûre d’avoir le temps d’aller assister aux séances, mais le programme est alléchant…

Vendredi soir, pour ouvrir le festival et en même temps comme ciné-concert de la programmation du TAP (chaque année, il y a dans la programmation au moins un film de cinéma muet accompagné de musiciens), je suis allée voir la projection de Dans la nuit, film réalisé par Charles Vanel en 1929. Il s’agit d’un des derniers films de cinéma muet français et du seul long métrage réalisé par l’immense acteur qu’était Charles Vanel, qui joue aussi le rôle principal du film, avec Sandra Milovanoff. Il s’agissait d’une version restaurée grâce à la cinémathèque et à Arte. La musique a été créée, à la demande de Bertrand Tavernier, et jouée par Louis Sclavis et son quintet (elle est disponible en CD chez ECM Records). C’était très beau, mais vraiment dommage que la lumière des pupitres étaient trop forte. Je regrette aussi que la régie n’ait pas réussi à projeter correctement le film, nous avons eu droit à un assez important effet de trapèze… Mais le film est vraiment à voir, si un jour il passe chez vous ou dans une cinémathèque.

Le film : il s’ouvre sur des scènes qui alternent, des ouvriers carriers dans la montagne et une noce. Un très beau travail sur la lumière… Puis la vie du couple. Un jour, l’ouvrier est victime d’un grave accident. Enseveli, il peut être dégagé, mais quand il revient chez lui, il est défiguré. Et là, finalement, merci à la guerre 1914-1918 et à ses gueules cassées, il peut bénéficier d’un masque en métal qui permet de cacher la partie trop abîmée de son visage… Je vous laisse découvrir la fin si vous trouvez le film. Il a été apparemment édité en DVD en 2006.

Au sujet des gueules cassées, allez voir le site Peindre la guerre 1914-1918 créé pour les 80 ans (et oui, déjà en 1998) de la commémoration de l’armistice de 1918 sous l’égide de l’Unesco, en particulier la page consacrée à Otto Dix. Et pour les 90 ans ans de l’armistice, vous pouvez relire mon article sur les allégories de la République en Poitou-Charentes.

Charles Vanel a aussi réalisé en 1931 un moyen métrage, Affaires classées, cette fois en cinéma parlant… Retrouvez toute sa filmographie ici.

Faubourg 36, de Christophe Barratier

J’ai vu ce film dès mercredi soir, séance de 19h au CGR de Poitiers, salle presque vide, je ne sais pas comment le film peut arriver ainsi premier de la semaine en nombre de spectateurs… Il s’agit donc de Faubourg 36, de Christophe Barratier.

L’histoire : à Montmartre, un cabaret est contraint de fermer le 31 décembre 1935 à minuit. Quelques mois plus tard, les anciens artistes décident de l’occuper et de le rouvrir… En toile de fond, le front populaire, la montée de l’extrême droite, la vie d’un cabaret parisien, etc.

Mon avis : je suis très mitigée. Disons que le dernier tiers m’a bien plu, mais qu’avant, je me suis littéralement ennuyée avec certaines scènes. Le décor de Montmartre fait artificiel, je ne sais pas trop pourquoi, ce qui ne fonctionne pas… Je pensais avoir un aperçu sur le front populaire, mais à part la grève et le syndicaliste, c’est surtout l’extrême droite (le SOC, un parti créé de toute pièce pour le film mais qui nous rappellera d’autres exemples, avant guerre ou plus près de nous) qui est montrée – pour en dénoncer le fond xénophobe et manipulateur. Kad Merad (un jeune artiste qui tente des imitations minables au début de la réouverture) est éblouissant dans son rôle, très loin de celui qu’il avait dans Bienvenue chez les ch’tis ou dans Les choristes. J’ai adoré Jean Richard, qui incarne un vieil homme qui n’est pas sorti de chez lui depuis 20 ans, je ne vous dis pas pourquoi, il faut que vous alliez voir le film… Bon, la presse a des avis très variables, j’ai vu des personnes enchantées sur certains blogs, le cinéma a bien besoin de spectateurs, allez vous faire une idée par vous-mêmes.

Maintenant, je souhaite vous interroger sur le CGR… Je savais depuis toujours qu’ils ne respectaient pas les œuvres en rallumant la lumière avant la fin du générique (quand ce n’est pas dès la dernière image du film…). Mais la dernière fois, j’ai eu un doute sur la durée du film. Cette fois, j’ai regardé, la projection a commencé à 19h15 après la publicité, et fini à 21h00 tapante. Il manque 15 minutes par rapport au temps du film – 2h dans tous les magazines et journaux, je suis allée vérifier. Alors, est-ce qu’ils passeraient certains films en accéléré, ce que permet leur passage au tout numérique dans ce réseau de cinéma, ainsi que l’a annoncé Télérama il y a quelques semaines ? Cette technique est idéale pour ça, je l’ai vu à l’action dans un autre lieu, où l’on nous a présenté une séquence prévue pour 12 minutes au temps normal, puis en 11 et en 13 minutes, sans que l’on perçoive la différence. Ce système nous était vendu comme idéal pour gérer des flux de visiteurs, que l’on peut ainsi ralentir ou accélérer en fonction de l’affluence. Le groupe CGR utiliserait-il cette méthode dans ses salles ? Mais là, pour cette séance, je ne vois pas l’intérêt, la salle était presque vide, et la séance suivante 21h30… Si vous avez un élément de réponse, je suis preneuse…

J’irai voir Entre les murs de Laurent Cantet à mon retour de vacances, il passe encore un bon moment au cinéma d’art et essai…

Comme les autres

Le TAP la nuit de son inauguration Dimanche avec des averses… Je suis allée au cinéma. Mais voir quel film? Ceux de la salle d’art et essais (rebaptisée en TAP cinéma au lieu du théâtre depuis l’ouverture du nouveau TAP/théâtre auditorium de Poitiers) ne me semblaient pas de nature à ensoleiller la journée. Du coup, je suis allée au cinéma commercial… Il y avait encore la fille de Monaco, mais je l’ai déjà vue. Du coup, je me suis rabattue, un peu par défaut, sur Comme les autres, réalisé par Vincent Garenq. Et bien, je n’ai pas été déçue.

L’histoire : un couple d’homosexuels. Emmanuel (Lambert Wilson), pédiatre, et Christophe (Pascal Elbé), avocat, la quarantaine, parfaitement intégrés dans la société, un couple solide aux yeux de leur famille et de leurs amis. Le premier veut un enfant, pas l’autre. Ils se séparent. Emmanuel tente l’adoption en tant que célibataire, chasse toutes les revues, toutes les images, tous les livres qui pourraient évoquer son homosexualité. L’assistante sociale allait accorder un avis favorable à l’agrément quand, au dernier moment, elle tombe sur une photographie du couple… Il rencontre ensuite des couples de lesbiennes, en recherche du même type que lui, mais qui bien sûr veulent garder l’enfant. Alors, il se  » rabat  » sur Fina (Pilar López de Ayala), une jeune sud-américaine sans papier. Acceptera-t-elle le marché, un mariage blanc, des papiers contre l’acceptation d’être mère-porteuse ?

Mon avis : Plein de petites touches sensibles dans ce film, le coming-out, l’acceptation par la famille du compagnon homosexuel, la question des mères-porteuses, de l’adoption, du mariage, etc. Vraiment, un film qui pourrait participer à ces débats très actuels en France et dans la plupart des pays de la Communauté européenne (sauf dans les pys réactionnaires qui en sont encore au débat sur la légalisation de l’avortement). La semaine dernière, le fisc reconnaissait la déclaration d’impôt commune d’un couple d’hommes hollandais et légalement mariés aux Pays-Bas… La cause homosexuelle avance lentement mais sûrement en France. Allez le voir, les questions posées trouvent une réponse différente je pense à la sortie qu’à l’entrée dans la salle…