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Chez nous, de Lucas Belvaux

Ma sortie cinéma de cette semaine a été pour Chez nous, de Lucas Belvaux. Au passage, je vous conseille de (re)lire la bande dessinée Le grand A, de Xavier Bétaucourt et Jean-Luc Loyer, qui parle du centre commercial A et de la montée du Front national à Hénin-Liétard…

L’histoire : de nos jours, dans le pays minier du Pas-de-Calais, une ville fictive, Hénard, près de Lens… Divorcée, Pauline Duhez [Émilie Dequenne], infirmière à domicile, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallo et militant CGT. Alors que les élections municipales approchent, Agnès Dorgelle [Catherine Jacob], la cheffe du Bloc patriotique, un parti d’extrême droite, veut s’implanter sur place mais sans être tête de liste, sous la bannière du Rassemblement national populaire (RNP) pour éviter la connotation trop à droite du parti fondé par son père. Philippe Berthier, un médecin très paternaliste [André Dussollier], qui a aidé Pauline dans le passé lorsque sa mère se mourrait d’un cancer, militant d’extrême droite de longue date, pense à elle et l’approche. Lors d’un match de foot de son fils, elle renoue aussi avec un amoureux émergé de son adolescence, Stéphane Stankowiak [Guillaume Gouix], amateur d’exercices paramilitaires douteux, qui a été viré du parti d’extrême droite pour ses actions néo-nazies…

Mon avis : un film qui est presque un documentaire sur le fonctionnement du Front national, entre dé-diabolisation, service d’ordre musclé et forces paramilitaires dans l’ombre. Ils cherchent la godiche parfaite, pas politisée au départ, qui acceptera tout ce qui lui est proposé clefs en main (le programme est diffusé sans qu’elle l’ait même lu, oups, oubli de la direction !), implantée et respectée sur place. La godiche sera-t-elle si docile jusqu’à la fin? je vous laisse voir dans le film, mais n’oubliez pas que dans la « vraie vie », 27% des élus sur des listes du Front national aux dernières élections municipales (400 sur 1500) ont démissionné soit parce que la position du parti était « trop molle », soit « trop dure », soit pour autoritarisme du maire, etc. (voir les nombreux articles du Canard enchaîné ces derniers mois sur le sujet). Revenons au film… Ce qui est dommage, c’est qu’il ne sera sans doute vu que par des gens déjà convaincus sur le sujet. D’un point de vue cinématographique, comment dire, le scénario est bien monté, dose soigneusement le dévouement de l’infirmière et la manipulation par le parti, un embrigadement qui n’a rien à envier aux sectes ou aux mouvements djihadistes. Les acteurs jouent juste, mais je trouve que l’aspect documentaire prime trop sur l’émotion cinématographique, trop de contrôle dans le texte et l’image, peut-être…

Espagne, Espagne! de Jean-Richard Bloch

Logo de pioché en bibliothèque

Couverture de Espagne, Espagne! de Jean-Richard BlochAlors que le cycle de conférences autour de  Jean-Richard Bloch se poursuit demain en complément de l’exposition Une fenêtre sur le monde, Jean-Richard Bloch à la Mérigotte à la médiathèque de Poitiers (jusqu’au 31 octobre 2014, voir le programme d’animations (conférences, visites guidées), j’ai lu plusieurs de ses ouvrages (rééditions ou originaux issus de sa bibliothèque), c’est quand même mieux que d’en entendre parler ou commenter l’œuvre…  Vous pouvez aussi sur mon blog aller (re)voir sa tombe au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Le livre: Espagne, Espagne!, de Jean-Richard Bloch, éditions Aden, 2014, 310 pages, ISBN 9782805920578 [première édition 1936, réédition augmentée de deux chapitres, d’appendices et de biographies].

La présentation de l’éditeur:

Espagne, Espagne ! est un des livres les plus forts sur la guerre civile espagnole, à placer aux côtés de ceux de Bernanos, Hemingway ou Neruda. Dès juillet 1936, Jean-Richard Bloch s’est rendu en Espagne pour y rencontrer les républicains, qu’ils soient intellectuels, syndicalistes, dirigeants politiques ou simples militants. Rien n’échappe à son regard bienveillant mais acéré, pas plus l’enthousiasme de ceux qui croient qu’ils ne peuvent perdre cette guerre que leurs dramatiques lacunes. En arrière fond de tout ce que Bloch nous apprend, Espagne, Espagne ! annonce la Seconde Guerre mondiale et c’est aussi pour alerter les responsables politiques français que ce livre a été écrit.

Mon avis: La première partie, Barcelone, Madrid, Valence, est un récit au jour le jour de sa progression avec les Républicains. Les biographies en fin d’ouvrage aident à mieux comprendre qui ils sont, mais je n’ai pas réussi à identifier de qui il parle p. 42 de la réédition: « Un artiste, -excellent graveur que Montparnasse connaît bien-, régnait sur ce monde difficile et bariolé » (si quelqu’un le sait, je complèterai…). Dans la deuxième partie, Le martyre de l’Espagne de mois en mois, Jean-Richard Bloch a réuni des articles parus dans plusieurs revues (Vendredi, L’humanité, L’œuvreL’avant-garde) d’août à octobre 1936. Dans ce contexte, je ne sais pas s’il est judicieux d’avoir intercalé deux autres articles sous forme de nouveaux chapitres dans l’ouvrage, puisqu’il ne les avait pas retenus dans sa sélection. Ils auraient pu être ajoutés à la fin avec les documents annexes qui aident à comprendre la période. A noter qu’ils ne sont pas complètement inédits puisque l’un est paru dans les Cahiers Jean-Richard Bloch, n° 15, en 2009 et l’autre dans la revue Europe en 1937. Cette partie est beaucoup plus politique, avec de nombreuses références à la Première guerre mondiale (et le « miracle de la Marne »…), la mort du roi Albert Ier de Belgique, la situation en Angleterre, en Italie, en URSS, en Allemagne, mais surtout en France, avec le front populaire et une virulente critique contre la politique menée par Léon Blum (p. 143-146). Pour lui (et de nombreux historiens), tout s’est joué entre le 6 et le 7 août 1936: le 6, le gouvernement autorisait l’exportation d’armes par des compagnies privées françaises vers les Républicains espagnols, puis l’interdisait dès le lendemain. Il évoque aussi la montée de l’antisémitisme en Allemagne, mais aussi en France avec un épisode qui préfigure la collaboration française: en 1934 (en fait le 26 novembre 1933), les compositeurs Florent Schmitt et  Marcel Delannoy ont interrompu aux cris de « Vive Hitler ! » un récital de Kurt Weill, l’auteur de l’Opéra de quat’sous (p. 163).

Les deux parties apportent un éclairage très différent sur la guerre d’Espagne. Proche des communistes, il a une analyse politique de la situation certes orientée, mais fort intéressante qui m’engage à essayer de me replonger dans cette guerre d’Espagne,  les analyses historiques reçues en classe préparatoire sont loin et j’ai lu peu de choses sur cette période depuis, à part sur la présence des réfugiés espagnols en France…

Pour aller plus loin : 

– sur le blog: La Mérigot(t)e à Poitiers, résidence de l’écrivain Jean-Richard Bloch, Une fenêtre sur le monde, Jean-Richard Bloch à la Mérigotte, sa tombe au cimetière du Père-Lachaise à Paris (bientôt d’autres lectures)

Jean-Richard Bloch. En Mérigotte, auberge antifasciste

– voir aussi l’article d’Alain Quella-Villéger (avec des photographies de Marc Deneyer), Jean-Richard Bloch à la Mérigote, L’Actualité Poitou-Charentes n° 46, 1999, p. 18-23.

– voir le site de l’Association Études Jean-Richard Bloch.

– mes lectures de Jean-Richard-Bloch : Sur un cargo, Cacaouettes et bananes, Espagne, Espagne!, traduction de Karl et Anna, de Leonhard Frank

A saute-mouton sur les gouttières poitevines?

Un mouton à Poitiers, Votez moutonComment cela? Vous n’avez pas encore voté? Vite, allez-y ce dimanche et aussi la semaine prochaine! C’est Monsieur Mouton qui vous le dit… Monsieur Mouton? Je vous ai présenté la semaine dernière l’un de ses congénères, le mouton-papillon.

Des moutons sur du mobilier urbain à PoitiersDepuis plusieurs mois (mes premières photographies datent d’octobre 2013, les dernières de la semaine dernière) des moutons fleurissent sur le mobilier urbain et sur les gouttières de Poitiers…

Messages politiques sur du mobilier urbain, montages de photographies prises entre octobre 2013 et mars 2014…où ils entrent en concurrence avec divers messages plus politiques (je n’ai pas mis ceux d’extrême droite, qui ont d’ailleurs vite été retirés…). Lutte contre le racisme, pour les sans papier, contre les centres de rétention, l’Ayraultport Notre-Dame-des-Landes, l’exploitation des gaz de schiste… les messages sont variés.

Message politique sur une gouttière à Poitiers

Le message est parfois curieux, comme celui-ci qui réclame la régie publique de l’eau… alors que l’eau est à Poitiers en régie depuis toujours! (Ceci dit, réclamer ailleurs la régie publique de l’eau est un combat à mener).

Moutons sur des gouttières à Poitiers, avec un message anti-consommationRevenons à nos moutons… Ils ont en gros un format A6 le plus souvent, mais il y en a aussi eu à plus grand format, carrément de la taille d’un conteneur à poubelles. Monsieur Écho en a parlé en octobre puis en décembre 2013. Ils ne sont pas signés ni revendiqués (à ma connaissance, je complèterai si je reçois des informations), mais portent clairement un message anti-consommation, ou du moins avec une invitation à consommer autrement: mouton rayé d’un code-barre,  plusieurs variantes avec le message « Achète consomme », un mouton devant un panneau publicitaire ou un autre à la pompe à essence. [PS: 11091973 / 11 septembre 1973, sur le code barre, repris plus tard sur un autre mouton, c’est la date du putsch d’Augusto Pinochet au Chili et du décès de Salvador Allende, merci à Nini 79 et à Dalinele, voir aussi la synthèse… de tous les moutons!].

Des moutons sur des gouttières à Poitiers, contre la vidéosurveillanceUne autre série porte sur un rejet de la vidéo-surveillance, au programme de la quasi-totalité des candidats aux municipales à Poitiers, même le maire actuel (candidat et 18e cumulard de France) qui se dit de gauche… Après un colleur d’affiches (au mouton bien sûr) avec une cible sur le front et un mouton avec une caméra braquée sur lui, des caméras de surveillance ont fait leur apparition avec les messages « Bientôt votre nouvelle série sur Poitiers TV sécurité », « Question de sécurité. Qui couche avec qui? », « Question de sécurité. Qui va au pub le mardi? », « Surveille ton prochain comme tu voudrais qu’il te surveille ».

Des moutons sur des gouttières à PoitiersD’autres moutons ont des messages qui sont moins clairs, simplement poétiques (??) pour le mouton-papillon? Que dire du mouton-labyrinthe ou du mouton dégoulinant (en deux vues, les gouttières sont courbes…) avec le message « Je tu il nous… »? « Brûle ta télé » ou le mouton juché sur une terre branchée se rapproche de la série contre la consommation façon moutons…

Différents autocollants sur des gouttières et du mobilier urbain à PoitiersAu rayon des affichettes petits formats et des autocollants qui se disputent les gouttières, j’aurai aussi pu vous en montrer d’autres, voici un petit panel…

Un panneau interdit aux vélos avec un autocollant détournéJ’ai bien aimé aussi celui-ci, qui s’ajuste pile à la roue du vélo… avec une publicité fantaisiste « Une plongée documentaire dans l’univers des accords du vinyle » et un site internet qui n’existe pas plus que le jardin électrique de la série précédente. Des jeux qui s’apparentent au street art et aux panneaux détournés que je vous ai montrés ici et là.

Poitiers, des pylônes couverts d'affichettes près de Saint-Jean-de-MontierneufPrès de l’église Saint-Jean-de-Montierneuf et du cinéma Le Dietrich, les pylônes des lampadaires sont littéralement couverts de messages…

PS: D’autres moutons sont arrivés depuis en ville, voir:  la suite ou encore ici… et par là, et plein d’autres regroupés dans la synthèse…

Photographies d’octobre 2013, février et mars 2014.

Le dîner de Herman Koch

pioche-en-bib.jpgCouverture de Le dîner de Herman KochUn livre trouvé au rayon large vision de la médiathèque.

Le livreLe dîner de Herman Koch, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin, éditions Belfond, 2011, 336 pages, ISBN 9782714446640 (lu en large vision aux éditions Libra Diffusio).

L’histoire : à Amsterdam de nos jours. Deux couples et leurs enfants : Paul, Claire et leur fils Michel, et le frère de Paul, homme politique puissant, premier ministrable après les élections qui s’annoncent, Serge Lohman, sa femme Babette, leurs enfants Rick, Valérie (« légèrement autiste, il n’en est que peu question) et Beau, adopté au Burkina Faso. Les quatre adultes doivent se rencontrer dans un restaurant chic, grâce à Serge, ils ont pu avoir une table malgré leur décision tardive d’y manger. Un seul sujet en principe pour ce dîner: prendre les décisions qui s’imposent après la « grosse bêtise » commise par Michel et Rick.
Enorme bêtise même, puisqu’ils ont assassiné (et filmé leur meurtre) il y a quelques semaines une femme sans domicile fixe qui avait élu domicile pour la nuit dans le local d’un distributeur de billets. Au fil du repas, entrecoupé par l’apparition du maître d’hôtel qui présente obséquieusement les plats, le sujet finira-t-il par être enfin abordé?

Mon avis : le récit à la première personne, dans la bouche de Paul, est particulièrement efficace, bien que totalement immoral! Les lieux sont limités: la salle de restaurant, les toilettes (pour hommes et pour dames), le trottoir devant le restaurant, le local du distributeur, la résidence secondaire de Serge en Dordogne… et un peu le lycée dont Paul a été viré, la maison de Paul et Claire, un bistrot voisin. Le contraste entre la futilité d’un repas (très cher et visiblement pas exceptionnel, en tout cas avec des quantités et probablement une qualité qui laissent à désirer pour Paul) et la gravité des faits commis par les deux adolescents est saisissant. La question centrale, c’est jusqu’où des parents sont prêts à aller pour défendre leurs enfants, et d’ailleurs, qu’ont-ils commis? Une grosse bêtise ou un crime odieux? Une lecture déconcertante, le lecteur est presque amené à cautionner ou au moins à comprendre la position de Paul, prêt à tout pour aider son fils, alors que son frère, le politicien, voit finalement la reconstruction de son fils avant sa carrière. Je vous laisse découvrir la fin en lisant ce livre, encore plus amorale que le reste du roman… Un livre dérangeant, mais qui mérite d’être découvert et replacé dans le contexte de la montée de l’extrême droite en Europe.

Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier

Affiche de Quai d'Orsay de Bertrand TavernierSortie au cinéma dimanche dernier, avec Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier (revoir son précédent film, Dans la brume électrique), adapté de la bande dessinée de Christophe Blain et Abel Lanzac, qui était inspirée de Dominique de Villepin.

Le film : de nos jours à Paris. Arthur Vlaminck [Raphaël Personnaz], tout juste sorti de l’ENA, est convoqué au Quai d’Orsay par le ministre des Affaires étrangères, Alexandre Taillard de Worms [Thierry Lhermitte]. Il en a marre des technocrates et veut mettre du panache dans ses discours, où il faudra inclure ses grandes idées et celles des grands hommes du passé… Et voilà Arthur Vlaminck embauché (sur un poste fantôme) au cabinet comme responsable des langages, chargé de préparer notamment un grand discours aux Nations-Unies, pris sous le feu entre le ministre et les responsables des différentes sections du Quai d’Orsay, avec le directeur de cabinet, Claude Maupas [Niels Arestrup] qui essaye de faire tourner la boutique et de désamorcer les crises (dont celle de… l’Oubanga)… Courage, le soir, Marina [Anaïs Demoustier], son amie institutrice, l’attend à la maison…

Mon avis : j’ai passé un très bon moment… même si certains effets récurrents sont lassants à force de répétition : les feuilles qui s’envolent, les stabilos -combien la marque a payé son insertion?- qui bavent, les chansons grivoises d’un conseiller Les nuits d’une demoiselle de Colette Renard, les couloirs trop étroits, les citations d’Héraclite. Entre un ministre survolté qui n’en fait qu’à sa tête, des conseillers qui ont chacun à défendre leur bifteck (la région du monde dont ils sont chargés, leur influence), un ministère à faire tourner malgré tout (bravo au directeur de cabinet), un brillant énarque qui réécrit son discours (enfin, celui du ministre) au gré des indications des uns et des caprices de l’autre (le ministre, ses amis poètes et philosophes), j’ai passé un bon moment… L’apparition brève de Jane Birkin en prix Nobel de littérature est très réussie! L’absence d’internet au ministère des affaires étrangères, remplacé par un système « du chiffre » (codage des messages) devrait faire moins rire dans la salle dans le contexte actuel et après les révélations d’Edward Snowden…

Les « Verts » partiront seuls aux municipales à Poitiers

Europe écologie les Verts lance le journal de campagne pour les municipales 2014 à PoitiersEn 2014, dans la plupart des grandes villes, Europe écologie les Verts / EELV (et aussi les groupes de la Vienne) partira seul au premier tour des élections municipales. A Poitiers, ils siègent au conseil municipal avec la majorité socialiste depuis 1989. Ils lançaient hier dans leur local devant la presse et quelques blogueurs et ce matin au marché leur journal de campagne, Transition, au vert citoyen(ne)s. En couverture, un petit bonhomme asexué, qui symbolise la stricte parité dans leur parti: les têtes de listes seront dans chaque ville, jusqu’à l’automne, un doublet homme/femme élu par les militants, puis il y aura une harmonisation nationale pour qu’il y ait autant de têtes de listes hommes que femmes à l’échelle régionale et nationale. De même, ils s’appliquent le non-cumul des mandats et la limitation à trois mandats électifs consécutifs, pour favoriser le renouvellement des élus.

Ils souhaitent construire leur programme de manière participative (co-construction du programme), et ont déjà organisé des réunions d’information et des rencontres dans les différents quartier de la ville. La prochaine aura lieu centre-ville (au biblio café, rue de la cathédrale, le 18 avril 2013 à 20h). Ces rencontres vont déboucher sur des soirées thématiques, dans un lieu à définir le 29 avril autour de la sortie du nucléaire, le 2 mai à la maison du Peuple sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Et pour ceux qui sont intéressés, ils sont réunis depuis ce matin (samedi 13 avril 2013) pour une grande journée de rencontre ouverte à tous dans l’amphithéâtre de la faculté de droit place du Général de Gaulle (place du marché) autour du thème « La transition énergétique dans l’habitat: une opportunité pour l’emploi? ». Vous pouvez les rejoindre cet après-midi!

Le programme des différentes rencontres sera mis à jour sur le site des groupes EELV de la Vienne.

EELV envisage la campagne au niveau de l’agglomération de Poitiers: les délégués à l’agglomération resteront désignés par les différents conseils municipaux, or c’est à l’échelle de l’agglomération que se négocient les enjeux de déplacement, d’emploi, etc.

L’humain sera au cœur de leurs actions, il s’agira de montrer que le « vivre ensemble » et la sobriété (énergétique entre autre) peuvent être gais!  La « conversion écologique de l’économie » sera une source d’emploi…

Et puisque nous sommes en période de grande « transparence politique », j’ai demandé où ils en étaient à titre personnel sur la transition énergétique (moins grande consommation individuelle, sortie du nucléaire, possible par exemple avec Enercoop, le fournisseur que j’ai choisi, production d’eau chaude solaire)… Et oui, comment encourager la reconversion énergétique si on ne l’applique pas soi-même… Bonne nouvelle, si aucun(e) des présents n’a quitté le « fournisseur nucléaire national », certain(e)s y réfléchissent;

– l’un(e) [pour respecter le neutre…] tente de poser des panneaux solaires chez lui, mais se heurte de manière inexplicable à l’architecte des bâtiments de France, bien qu’habitant en secteur sauvegardé, il devrait y avoir des solutions acceptables à trouver pour utiliser le soleil sans nuire au patrimoine…

– un(e) autre a renoncé à la voiture individuelle: quand on habite et travaille en ville, c’est faisable. De mon côté, je me débrouille très bien depuis 20 ans entre la marche à pied, les bus et la location occasionnelle de voiture, simplifiée encore depuis quelques années avec l’auto-partage;

– l’isolation des habitations, pourtant pas toujours simple dans le bâti ancien, est en bonne voie chez chacun(e), et prônée dans le programme: elle permet de réduire les dépenses en énergie et donc de récupérer du pouvoir d’achat…

– l’un(e) a choisi un réseau bancaire de l’économie sociale et solidaire (crédit coopératif),

– tous sont cyclistes, le vélo semble même poser un problème dans leur local, une affichette recommande de les « laisser à l’extérieur » ;-),

– etc…

A suivre… leur journal de campagne est mensuel!

Petit complément très personnel (non abordé dans la conférence de presse, mais puisque, aujourd’hui, je parle politique…): je me moque bien des déclarations de patrimoine des élus, les conflits d’intérêts sont plus importants (avocats d’affaire et lobbyiste, médecin ou pharmacien conseillant l’industrie pharmaceutique et.), mais soigneusement évités dans le débat actuel. Un(e) « vert(e) » en 4×4 me choque autant qu’un(e) « vert(e) » (comme Mme Duflot il y a quelques mois) en voiture électrique tant que celle-ci est alimentée en énergie nucléaire avec des batteries extrêmement polluantes à produire et éliminer… Mais j’en ai déjà parlé dans cet article

 

L’exercice de l’État de Pierre Schoeller

Affiche de L'exercice de l'État de Pierre Schoeller

Je termine le festival télérama 2012 avec L’exercice de l’État, de Pierre Schoeller… Cela fait quatre films vus avant le festival, six pendant, soit dix sur quinze, les autres ne me tentaient vraiment pas…

Le film : à Paris de nos jours. Le film s’ouvre par un cauchemar… une femme qui rentre dans un crocodile, un sac plastique sur la tête. Cauchemar rattrapé par la réalité. Le ministre des transports Bertrand Saint-Jean (Olivier Gourmet) est réveillé en pleine nuit, un car transportant des adolescents s’est renversé dans les Ardennes, il y a des morts, des blessés, il doit aller sur place, prononcer le discours préparé pour lui pendant le trajet (effectué en partie en hélico). On plonge ensuite dans le quotidien du ministre, dont la vie est entièrement organisée par son directeur de cabinet, Gilles (Michel Blanc) qui va jusqu’à régler les problèmes de passeport de sa fille ou prévoir le cadeau d’anniversaire de sa femme (pas de chance, l’opéra sera annulé pour cause de grève…). La question en toile de fond: faut-il ou non privatiser les gares? Il n’a pas d’avis, s’en remet à ce qu’on lui fait tenir comme position, dans un sens ou dans l’autre, au gré des alliances…

Mon avis : ce film aurait aussi bien pu être un téléfilm, rien de bien original, si ce n’est la surimpression à l’écran de SMS qui tombent ici ou là… Le scénario repêche la médiocrité d’un point de vue strictement cinématographique. Rien à voir avec le très inventif Pater d’Alain Cavallier. Ce film dénonce le fonctionnement des ministères, le rôle des chefs de cabinet, de l’attachée de communication personnelle, des conseillers… Il oublie deux rouages importants dans cet exercice du pouvoir… Ceux qui manipulent les ministres en général via leurs conseillers, à savoir les lobbies pouvant passer par des agences de communication spécialisées (sans état d’âme, elles vont au client le plus offrant), et quand même un contre-pouvoir, la presse libre et satirique, du type du Canard enchaîné ou de Charlie Hebdo. Après une intervention à la radio, la chargée de comm’ vante les retombées dans la presse du discours du ministre, elle oublie de regarder la presse libre…

Un épisode a trouvé un cruel écho juste après que j’ai vu le film. Dans le film, le ministre est agacé d’être retardé par un ralentissement sur l’autoroute, il doit aller à une réunion pour son parachutage électoral… Alors, il décide de diriger son chauffeur (un chômeur de longue durée en stage pour un mois) sur une portion d’autoroute pas encore en service, il doit l’inaugurer la semaine prochaine. Il contraint le pauvre employé présent d’ouvrir la barrière qui barre l’accès… et quelques kilomètres plus loin, ce qui devait arriver arriva: tonneaux, ministre légèrement blessé… mais chauffeur éjecté et tué sur le coup. Cela ne vous rappelle rien? Nadine Morano a obtenu du premier ministre l’autre jour une escorte policière pour aller rejoindre l’aéroport militaire où un avion ministériel l’attend… pour rentrer dans son fief électoral à Nancy (voir par exemple l’article du Monde après un petit tour à une rencontre où sont déjà d’autres ministres, sa présence n’est donc pas indispensable). Aucune urgence en fait, puisque cet avion l’aurait attendue, et Le Canard (daté du 25 janvier 2012) rappelle qu’elle aurait aussi bien pu prendre le TGV, 1h30 de centre-ville à centre-ville. J’ajouterai même qu’elle AURAIT DÛ prendre le train, bien meilleur pour l’environnement… et pour les finances publiques (il paraît qu’il faut faire des économies, cela ne vaut visiblement pas pour tout le monde). Et le tragique est arrivé: un des motards de l’escorte a renversé un étudiant qui traversait la voie prise en sens interdit par l’escorte et la voiture ministérielle, coma, double fracture du crâne et trois mois d’ITT (incapacité totale de travail) pour l’étudiant, la ministre a poursuivi sa route et à peine demandé de ses nouvelles avant que le scandale soit révélé à la presse…

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films:

Pater, d’Alain Cavalier

Affiche de Pater, d'Alain Cvalier

Le dernier film d’Alain Cavalier que j’avais vu, Irène, est resté gravé dans ma mémoire. Je voulais absolument voir son dernier né. Pater est sorti depuis un moment, mais en peu de copies, et il est seulement arrivé cette semaine au TAP cinéma.

Le film : à Paris, de nos jours. Alain Cavalier décide de jouer avec Vincent Lindon, chacun dans leur propre rôle, à un jeu de cour de récréation ou presque… « Et si j’étais président de la République, et si vous étiez mon premier ministre »? Comme un jeu de rôle en costume (pas facile, d’ailleurs, le choix du costume et de la cravate). Ils ont chacun leurs amis pour conseillers, il s’agit pour Vincent Lindon de monter un programme sur la limitation des salaires, avec un salaire maximum à X fois le salaire minimum dans une entreprise. Pour cela, Vincent Lindon, qui l’appliquait dans son entreprise, doit vendre celle-ci. Il plaide pour un salaire maximum égal à 10 fois le salaire minimum, le président est plutôt partant pour 15% (et aucun supérieur au salaire du président de la République). Il s’agit maintenant d’écrire les discours, de convaincre les députés et les sénateurs… avant les prochaines élections présidentielles! Alors, Lindon, fils adoptif de Cavalier? Ou bien tuera-t-il le père aux prochaines élections?

Mon avis : Alain Cavalier est vraiment un cinéaste à part, qui ne ressemble à aucun autre. Devant, derrière la caméra, qu’il confie aussi à Vincent Lindon. Une expérience dans laquelle il a entraîné l’acteur… qu’ils ont vécu visiblement dans le rire et la bonne humeur… sans oublier la bonne chair (ah, oui, ne faites pas comme moi, il vaut mieux aller voir le film le ventre plein, parce que devant vous, ils mangent et boivent de bonnes bouteilles, à table, en pique-nique à la campagne…). Des moments très drôles, je ne pourrai plus voir un tire-bouchon à « oreilles » comme avant Je ne sais pas exactement comment ça s’appelle, vous savez, ces tire-bouchons qui ont des bras sur les côtés qui se lèvent quand vous l’enfoncez dans le bouchon (PS : en fait, apparemment, ça s’appelle un tire-bouchon à levier… image « volée » sur un site marchand en ci contre, le mien n’est pas de ce modèle).

Tire-bouchon à levier Donc, je ne pourrai plus voir de tire-bouchon à levier bras levés sans penser à ce film, Alain Cavalier imitant bras levés le « je vous ai compris » de De Gaulle. Il y a quand même une chose inquiétante: et si nos « vrais » politiques prenaient leurs décisions comme ça, autour d’un bon repas (pas la peine de gâcher une bonne bouteille avec le président actuel, il ne sait pas apprécier, paraît-il). Et tout à coup, la « vraie vie » entre dans le film, Lindon redevient Lindon, furieux après son propriétaire (pour une histoire d’ascenseur), la caméra tournait, la scène a été gardée, grandiose! Gare aussi aux ongles rongés, ça en fait mal au spectateur (oui, filmé en vis à vis, ça se voit!). Une expérience cinématographique unique (d’un an quand même) pour Vincent Lindon, à ce que j’ai lu et entendu, mais aussi un OVNI cinématographique pour le spectateur. Filmé avant l’affaire DSK, mais avec cette mise en garde de Cavalier-Président, attention aux histoires de fesses. D’ailleurs, il remet à Lindon une photo compromettante de son principal adversaire politique… L’utilisera-t-il?

Un film à tout petit budget (d’après Cavalier, la plus grosse dépense, ce sont les 6000 euros du massacre à la pioche de la voiture ministérielle), pas beaucoup de copies qui circulent, mais surtout, allez le voir si vous pouvez… Et il y a plein de scènes de franche rigolade, la main dans les glaçons (trop de mains serrées), la sieste du boulanger, ou d’intimité quotidienne, comme le ronron du chat…

On devrait obliger tous les candidats à la prochaine campagne et toute leur équipe à aller voir ce film! Chiche pour mettre le salaire maximal légal dans vos programmes pour la prochaine campagne? A part le salaire maximal, il y a aussi dans le programme la condamnation à la peine maximale de tout élu ayant détourné ne serait-ce qu’un euro à son profit personnel, et le retrait de la légion d’honneur (s’il l’avait) et de tout accès aux palais de l’État à tout exilé fiscal. Je vote pour!

Coupures irlandaises de Kris et Vincent Bailly

Couverture de Coupures irlandaises, de Kris et Bailly pioche-en-bib.jpgJe n’ai toujours pas pu récupérer à la médiathèque la BD Un homme est mort de Kris et Davodeau, mais dans le bac de Kris, j’ai trouvé ce volume.

Le livre : Coupures irlandaises, de Kris (scénario) et Vincent Bailly (dessin et couleur), éditions Futuropolis, 62 planches suivies d’un dossier de 16 pages, 2008, ISBN 978-2-7548-0029-7.

L’histoire : au début des années 1990, en Bretagne puis à Belfast. Deux jeunes bretons, adolescents, s’en vont faire un séjour linguistique à Belfast, car leur professeur y a des relations… Deux mois en immersion, quoi de mieux pour apprendre l’anglais ? Le voyage est long, ils arrivent dans une ville grise, sous la pluie, avec des militaires, des barrages… Et les deux garçons ne logeront pas ensemble : Nicolas reste dans la famille ouvrière, catholique, qui l’a accueilli le premier jour, alors que Chris part dans une riche famille protestante à l’autre bout de la ville.. Dans un Belfast où les tensions sont vives, les garçons vont faire la découverte des filles, mais aussi de la guerre civile…

Mon avis : j’ai beaucoup aimé ce récit pour partie auto-biographique… Si la guerre civile a cessé, au sein de l’Europe, l’Ulster (Irlande du Nord) est toujours occupée par la Grande-Bretagne, vive l’Union européenne…. qui a certes contribué à ce qu’il n’y ait plus de bombes, mais n’a pas permis la réunification de l’Irlande ni la condamnation de la Grande-Bretagne pour son nom respect des droits de l’homme avec les prisonniers de l’IRA. J’ai bien aimé aussi le graphisme, même si ce sont des couleurs froides qui dominent, mais elles sont bien adaptées au récit.

Sur un thème voisin, je vous invite à (re)lire mon avis sur le film Hunger de Steve Mc Queen.

Logo du classement BD de Yaneck Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Jeux de pouvoir

Affiche du film jeux de pouvoir Cela faisait une éternité que je n’étais pas allée au cinéma. L’autre jour, pour me détendre au frais, je suis allée voir Jeux de pouvoir de Kevin Macdonald. L’histoire est adaptée d’une série télé anglaise. Le scénario tourne autour d’une commission d’enquête sur la privatisation de l’armée et des forces de sécurité (y compris intérieure) aux États-Unis. Une grosse multinationale s’en met plein les poches… Deux morts dans une course poursuite, une assistante de a commission qui se jette sous le métro (mais s’est-elle jetée ou a-t-elle été aidée ?). L’enquête est menée par un journaliste du Washington globe et une de ses jeunes collègues qui a en charge un des blogs du journal. Une enquête bien ficelée, un film plein d’actions sans effets spéciaux à gogo. J’ai aussi adoré la scène finale, pendant le générique… une super idée que je vous laisse découvrir au cinéma ! Un bon moment de détente, pas un grand film de cinéma d’auteur…

Et une réflexion sur la place des politiques, des sociétés privées, de la presse, de la corruption, des lobbyistes, des conflits d’intérêt…