Archives par étiquette : monument commémoratif

Monument à la gloire de la résistance jurassienne, à Lons-le-Saunier

Lons-le-Saunier, monument aux résistants du Jura, 1, deux vues de face Je vous ai déjà montré le monument aux morts de 1914-1918 à Lons-le-Saunier. Si l’on en fait le tour, à l’arrière se trouve le monument « A la gloire de la résistance jurassienne / 1939 / 1945 », ainsi qu’il est écrit sur le socle. Il se compose d’un fond d’où se dégagent trois hommes et a probablement été réalisé avec la technique préférée de l’artiste qui l’a élaborée et utilisée à partir de 1926, la taille directe sur le béton en train de prendre. Le monument se trouve face aux thermes, au carrefour des avenues Jean Moulin et Paul Seguin. Il rend hommage aux 450 déportés morts, aux 392 fusillés et aux 355 maquisards tués dans la résistance du Jura en 1939-1945.

Lons-le-Saunier, monument aux résistants du Jura, 2, signature de Charles Sarrabezolles Ce monument est une œuvre de Charles [Marie Louis Joseph] Sarrabezolles (Toulouse, 1888 – Paris, 1971), qui se fit aussi appeler Carlo, de 1950, dont il porte la signature : « C. Sarrabezolles / sc », premier second grand prix de Rome de sculpture en 1914 (le premier grand prix a été attribué cette année là à Paul-Marie-Marc Leriche et le deuxième second grand prix à Antoine Ambrosio-Donnet, le jury a exceptionnellement récompensé trois sculpteurs).

Lons-le-Saunier, monument aux résistants du Jura, 3, deux détails des têtes

Le fond du monument, avec son décor dessinant une suite de collines, symbolise le département du Jura . Au centre se trouve un homme âgé, plus grand que les autres, barbu aux cheveux mi-long. Torse nu, musclé et les poings serrés de part et d’autre de ses deux compagnons, il symbolise le Jurassien. Devant lui se tiennent deux personnages, à gauche, vêtu d’une veste, un maquisard aux poings serrés lui aussi. A droite, torse nu et émacié (on voit ses côtes), un déporté.

Lons-le-Saunier, monument aux résistants du Jura, 4, plaque commémorative A côté se trouve une plaque commémorative :  » Première armée française / commandée par / le général de Lattre de Tassigny / forgée en Afrique et en Italie / débarquée en Provence / grossie des forces françaises / de l’intérieur. A pris part/ à la libération du Jura / dans sa marche victorieuse / au Rhin et au Danube « . Derrière, vous apercevez le monument aux morts de 1914-1918. De l’autre côté se trouve un monument aux morts en Afrique du Nord entre 1952 et 1962… ça sera pour un autre article.

Photographies de juillet 2012.

Retrouvez d’autres monuments aux morts et monuments à la résistance sur cet index des monuments aux morts.

Le monument aux Cinquante Otages à Nantes (et De Gaulle)

Nantes, monument des cinquante otages, 1, vue généraleLe 20 octobre 1941, le militant communiste Gilbert Brustlein abat à Nantes Karl Hotz, responsable des troupes d’occupation allemande, qui avait de 1929 à 1933, au titre des réparations des dommages de la Première Guerre mondiale, dirigé les travaux de remblaiement de l’Erdre à Nantes depuis 1929. En rétorsion, les autorités allemandes arrêtent 50 otages à Nantes, Châteaubriant (camp de Choisel, parmi lesquels Guy Moquet) et Paris (fort de Romainville), 48 ont été fusillés le 22 octobre 1941, 2 épargnés. Les seize otages nantais ont été fusillés  sur le champ de tir du Bèle à Nantes, où se trouve un autre monument commémoratif que j’essayerai de voir lors d’un prochain voyage à Nantes. Vous pouvez voir le récit de ces événements sur cette vidéo.

 

Nantes, monument des cinquante otages, deux vues rapprochées

Le monument se compose d’un socle en granite sur le bord de l’Erdre, aménagé en gradin côté avenue, surmonté du socle avec le nom des otages et d’un grand obélisque composé de six lances monumentales, en cuivre martelé, de 13,5 mètres de haut, encadré de deux statues longilignes.

Nantes, monument des cinquante otages, signature de l'architecte Pradin

Si je n’ai pas trouvé la signature du sculpteur,  (Saint-Brieuc, 1908 – 1984, dont je vous ai parlé pour le nouveau buste de Jules Verne au jardin des plantes de Nantes), celle de l’architecte est en revanche inratable sur le socle, « M. Fradin Architecte 1952 » (Marcel Fradin). Contrairement à ce qui est dit sur de nombreux sites en ligne, l’inauguration a eu lieu en 1952 et non en octobre 1951, date du dixième anniversaire de cet événement. Le cour avait pris le nom de « Cinquante Otages » dès 1944 et la décision prise d’élever un monument dédié aux otages et à tous les martyrs de la Résistance.

 

Nantes, monument des cinquante otages, 6, inscriptions sur le socle Le socle porte les inscriptions suivantes :

– « A la gloire / des otages / fusillés par les Allemands / le 22 octobre 1941 »

– le nom des 48 otages fusillés classés par ordre alphabétique (à retrouver par exemple ici avec l’histoire de l’attentat)

– la devise de la Résistance : « Patriam servando victoriam [T]ulit » (En servant la patrie il a remporté la victoire)

– « La Résistance à ses morts ».

Diverses plaques et stèles ont été ajoutées depuis.

Nantes, monument des cinquante otages, 4, le socle et les deux figures sculptées

Les statues sont en cuivre martelé et ont été réalisées par l’entreprise de chaudronnerie Coyac, à Nantes. Les deux allégories représentent à gauche, la France renaissante (parfois aussi identifiée à la Paix) et à droite, la Résistance.

Nantes, monument des cinquante otages, les deux allégories

La France, aux cheveux longs, porte un grand épi de blé. La Résistance,aux cheveux réunis en chignon, porte la main à l’épée qu’elle porte au côté.

Nantes, monument à De Gaulle, deux vues Le monument à Charles de Gaulle a été mis en place en face du monument aux Cinquante Otages en 2010.

Nantes, monument à De Gaulle, signature F. Boudier et marque du fondeur Il s’agit d’un tirage unique d’une œuvre de Françoise Boudier, qui a apposé sa signature à côté de la marque du fondeur : « Christophe Le Floch / fonderie d’art Blain 44 / F. Boudier 1/1″.

Photographies de juillet 2012.

Pour aller plus loin : voir l’article de Xavier Trochu, Le monument des 50 Otages, dans Les Annales de Nantes et du Pays nantais, n°280, p. 7-12.

Tous les lieux de mémoire de la résistance à Nantes sur le site du château de Nantes… et l’exposition En guerres à Nantes et Saint-Nazaire (jusqu’au 23 février 2014).

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Le monument aux morts de la déportation des Sables-d’Olonne et le buste de Mignonneau

Les Sables-dOlonne, monument aux morts en déportation, vue généraleLa semaine précédent le 11 novembre 2012, je vous avais proposé une semaine d’articles sur des monuments aux morts de la première guerre mondiale, regroupés avec les autres dont j’ai parlé sur l’index des monuments aux morts. Je renouvelle l’opération cette semaine, avec chaque après-midi un article sur un monument consacré à la deuxième guerre mondiale, à la résistance, aux déportés ou à des personnages marquants de ce conflit. Si le sujet vous intéresse, je vous conseille vivement le site de l’AJPN / Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France. Si la période commence à être assez bien étudiée, même si l’on peut avoir des « trous de mémoire », comme on le verra dimanche pour Poitiers, les architectes et sculpteurs qui ont réalisés ces monuments sont très peu voire pas du tout documentés. Il s’agit assez souvent d’artistes directement liés aux événements, parfois des artistes eux-mêmes déportés comme pour Henri Gayot à La Rochelle. Je n’ai pas eu le temps de dépouiller les différents journaux de l’époque de l’édification des monuments pour préciser la vie de ces artistes, tous renseignements complémentaires sont les bienvenus. C’est le cas pour l’article d’aujourd’hui.

Je commence aujourd’hui aux Sables-d’Olonne en Vendée, avec des photographies de novembre 2010.

Le monument aux déportés se trouve près de l’abbaye Sainte-Croix, qui abrite le musée et le centre culturel, dont le square a été baptisé en novembre 2003 square Simone Feuvre, sage-femme, résistante, arrêtée le 19 juillet 1944, déportée à Ravensbrück dont elle a réussi à s’échapper (plus d’informations sur ce document de l’amicale des déportais sablais, où vous trouverez le parcours des 27 déportés originaires des Sables-d’Olonne).

Les Sables-dOlonne, monument aux morts en déportation, signature du sculpteur Langént_deportation_2Sur la grande stèle du monument, deux mains enchaînées sortent des flammes. Le monument porte la signature « R. Lange / sculpteur / 1959 » [Complément du 4 août 2016 : pour Robert LANGE, né à Paris le 23 mai 1914 et décédé à la Roche sur Yon le 6 septembre 1999, voir commentaires ci-dessous].

La presse locale a annoncé en mars 2013 que le monument allait déménager près du monument au capitaine Mignonneau, pour permettre l’extension de la médiathèque…

Le monument du capitaine Mignonneau, vue généraleVoici ce monument au capitaine Mignonneau (1929-1944),  sur le boulevard Castelnau. Le mémorial Genweb nous renseigne sur son identité: Louis Guy Constant Georges était parachutiste, arrêté le 7 août 1944, torturé, abattu à Lille lors d’une tentative d’évasion. Son nom figure sur le monument aux morts des Sables-d’Olonne.

Le monument du capitaine Mignonneau, le busteLe buste est représenté de manière très classique, le capitaine étant représenté de face, en uniforme.

Le monument du capitaine Mignonneau, signature de sculpteur M. SuinIl porte la signature (oups, désolé(e pour le flou) « Suin M. / 1947 ».

PS (5 octobre 2014): Grâce aux descendants de l’artiste, je peux désormais préciser qu’il s’agit de Marius Suin (1920-1972).

Michel Régnaud de Saint-Jean-d’Angély par François Bogino

Michel Régnaud de Saint-Jean-d'Angély par François Bogino, la statue devant l'hôtel de villeDevant l’hôtel de ville de Saint-Jean-d’Angély se dresse la statue de Michel [Louis Étienne] Régnaud, comte de Saint-Jean-d’Angély (Saint-Fargeau, 1760 – Paris, 1819). Il fut député du tiers-état aux États généraux de 1789, journaliste, juriste, conseiller de Napoléon, comte d’Empire, initiateur de la légion d’honneur (et du divorce de Bonaparte avec Joséphine) ministre pendant les Cent-Jours, élu à l’Académie française en 1803 (au fauteuil 8, aujourd’hui occupé par Michel Déon), président de la Commission de la vente de la Description de l’Égypte de 1810 à 1815, exclu en 1816 de l’Académie en raison de sa participation au retour de l’Empereur, proscrit et exilé aux États-Unis. Gracié en 1819 (avec quelques dizaines d’autres proscrits), il meurt le jour de son retour à Paris et est enterré au .

Michel Régnaud de Saint-Jean-d'Angély par François Bogino, signature de l'artiste et date 1862La statue porte la signature et la date suivant « F. Bogino F[e]c[i]t 1862 ». Frédéric [Louis Désiré] Bogino (Paris, 1831 – Paris, 1899), très connu pour son monument à la gloire de la France à Mars-la-Tour, près de Metz, site d’une célèbre bataille de cavalerie de la guerre de 1870 (elle a fait 1500 morts entre le 16 et le 18 août 1870). La statue de Saint-Jean-d’Angély a été inaugurée le 23 août 1863.

Michel Régnaud de Saint-Jean-d'Angély par François Bogino, deux vues de la statueMichel Régnaud de Saint-Jean-d’Angély est représenté debout, en tenue d’apparat, avec un manuscrit dans la main droite et une pile de livres posée à côté de lui. C’est une posture très classique, que mes fidèles lecteurs ont déjà pu voir pour la statue de  Descartes par le comte de Nieuwerkerke près de la Loire (original de 1846) ou celle de Théophraste Renaudot à Loudun par Alfred Charron (1893).

Michel Régnaud de Saint-Jean-d'Angély par François Bogino, pile de livresSur le dessus de la pile de livres se trouve le Code Napoléon, ainsi qu’il est écrit sur la tranche.

Photographies d’octobre 2010.

Le sergent Hoff par Bartholdi au Père Lachaise à Paris

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, vue générale de la tombeLe cimetière du Père Lachaise à Paris n’est pas seulement un cimetière, c’est aussi un vrai musée en plein air où l’on croise les plus célèbres artistes… qui n’ont pas toujours réalisé des chefs-d’œuvre. Il fallait bien vivre et répondre à des commandes. En témoigne la statue en bronze sur la tombe du Sergent Hoff, Ignace Hoff (20 juillet 1836-25 mai 1902), qui s’est illustré lors de la guerre de 1870, voir sa biographie ici. Elle se trouve juste à côté de la tombe du sculpteur Alexandre Falguière (la dalle de marbre que l’on aperçoit à droite de la photographie, promis, je vous la monterai un de ces jours).

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, signature A. Bartholdi 1904La statue porte la signature « A. Bartholdi 1904 », oui, le célèbre [Frédéric] Auguste Bartholdi (Colmar, 1834 – Paris, 1904), dont je vous ai déjà montré Auguste Bartholdi , un sculpteur dont je vous ai déjà montré la fontaine monumentale à Lyon (1888), le monument à Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier et les répliques des statues de la Liberté à Poitiers et Châteauneuf-la-Forêt. Cette œuvre a été réalisée l’année de sa mort, le plâtre a été présenté au salon des artistes français de 1904 sous le n° 2645 (vue numérisée 50), il est aujourd’hui conservé au musée Bartholdi à Colmar. La statue a été fondue à titre posthume.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, marque du fondeur Capitaine GényLe bronze a été « fondu par / E. Capitain-Geny / Bussy Hte Marne », comme en témoigne la marque.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, la statue du soldat HoffAu sommet du monument, le sergent Hoff est représenté debout, en uniforme, guettant l’horizon, en appui sur son fusil. Une sculpture de bonne facture mais sans grande originalité.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, détail du soldatLe numéro 107 inscrit sur son col fait référence au 107e régiment d’infanterie dont il dépendait.

La tombe de Hoff par Bartholdi, Paris, cimetière du Père Lachaise, la filletteAu pied de la tombe, une fillette inscrit sur le piédestal qui porte la statue cette devise patriotique: « France, souviens-toi ». Cette fillette semble être en plomb (je n’ai pas pu vérifier), une matière utilisée par Auguste Bartholdi par exemple pour la fontaine monumentale à Lyon (1888). Je n’ai trouvé aucune marque ni signature sur la fillette. Sur le plâtre présenté au salon des artistes français de 1904 et conservé au musée Bartholdi à Colmar, c’était un garçonnet qui était prévu, avec une devise différente : « Quand faudra l’enfant d’Alsace renaîtra ». Je ne suis donc pas certaine que cette fillette ait été réalisée d’après un plâtre d’Auguste Bartholdi (ou bien il y a eu une seconde version?).

Photographies de novembre 2012.

Le cénotaphe de saint Hilaire à Poitiers

Poitiers, cénotaphe de saint Hilaire, vue généraleJe vous ai déjà parlé plusieurs fois de  et notamment du chapiteau qui représente sa mort sur un chapiteau dans l’église à Poitiers. Saint Hilaire, né à Poitiers vers 315, élu évêque de Poitiers vers 350, docteur de l’Église, est mort en 367 ou 368, et a été enterré dans la nécropole romaine du sud de Poitiers, là où fut donc ensuite édifiée l’église . Il a vécu à l’autre extrémité de la ville, près du quartier cathédrale, dont il ne reste que le baptistère Saint-Jean (il faudra que je vous le montre mieux que par quelques modillons), la cathédrale de son époque n’existe plus (mais vous pouvez découvrir la actuelle à quelques dizaines de mètres). La tradition veut qu’il soit mort dans une maison située dans l’actuelle rue Saint-Pierre-le-Puellier. Un monastère y a ensuite été construit, Saint-Hilaire-de-la-Celle, aujourd’hui intégré au Centre Régional de Documentation Pédagogique et rebaptisé de manière impropre chapelle des Augustins (les moines de Saint-Hilaire de la Celle respectaient certes la règle de Saint-Augustin, mais le monastère dit des Augustins à Poitiers se situait là où se trouve désormais la verrue de l’ancien Printemps, et son portail a été reconstruit un peu plus loin). Vous pouvez entrer dans l’église Saint-Hilaire-de-la-Celle lors de concerts ou d’expositions (voir celle de Jephan de Villiers et celle consacrée à Éric Straw), parfois aussi dans l’ancien cloître. J’ai d’ailleurs pris cette photographie lors d’une de ces expositions, en septembre 2011, c’est pourquoi je n’ai pas de vue vraiment de face, une vitrine gênait… Une copie est aussi présentée au musée Sainte-Croix de Poitiers.

Poitiers, cénotaphe de saint Hilaire, deux détails du corps gisantIl s’agit donc d’un cénotaphe, c’est-à-dire d’un monument commémoratif, ici un sarcophage qui ne contenait pas le corps du mort, enterré comme je l’ai dit hors les murs, comme il se devait à l’époque romaine… Ce cénotaphe n’est pas contemporain de sa mort mais un peu plus tardif. Il ne reste aujourd’hui qu’une seule face sculptée, l’une des deux grandes faces. Nous avons cependant une idée des deux petits côtés grâce à un dessin de conservée dans le fonds Roger de Gaignière de la société des Antiquaires de l’Ouest conservé au musée Sainte-Croix de Poitiers. Sur l’une d’elle, on reconnaît le triomphe d’Hilaire sur les hérétiques.

La face qui nous reste est sculptée en haut relief. Saint Hilaire est représenté avec sa crosse, allongé dans son vêtement funèbre sur son futur sarcophage orné de motifs géométriques . Il est veillé par deux anges situés près de sa tête (on en voit pas les ailes sur le détail du bas) et 11 disciples côté à côte…

Poitiers, cénotaphe de saint Hilaire, les personnages situés près de la tête et aux pieds du mort_3

Les têtes ont été endommagées… Certains portent des vêtements sacerdotaux, chasuble et étole, sous un large manteau, façon cape, fermé par une agrafe ou fibule (voir des explications sur les vêtements liturgiques dans les douze apôtres, un pape et un évêque au deuxième niveau de la façade de ). Voici le détail de ceux qui ont pris place à la tête et au pied du sarcophage, celui qui est le plus à droite semble un peu ventripotent, vous ne trouvez pas?

Sur un sujet voisin, voir le sarcophage de Guillaume Taillefer dans l’église .

André Lemoyne à Saint-Jean-d’Angély

Le monument à André Lemoyne à Saint-Jean-d'Angély, carte postale anciennePour le printemps des poètes, j’ai choisi de partager avec vous un poème d’André Lemoyne, né en 1822 et mort en 1907 à Saint-Jean d’Angély dans la maison qui se trouve au n° 5 de la place qui porte son nom, aujourd’hui occupée par une banque. La ville de Saint-Jean-d’Angély lui a dressé un monument inauguré le 31 octobre 1909. Le buste a été réalisé par Pierre Marie Poisson (dont je vous ai parlé pour plusieurs monuments à Niort, le monument aux morts de 1914-1918, le buste de Liniers ainsi que pour le monument Main), la sculpture de l’oiseau et de la fillette sont de Émile Peyronnet, qui l’a présentée au salon des artistes français de 1909 sous le n° 3718, un artiste dont je vous ai déjà parlé pour le monument aux morts de 1914-1918 et le buste de Raoul Verlet à Angoulême, et le monument à Joseph Lair à Saint-Jean-d’Angély. Je vous montrerai ce monument en détail dans un prochain article… J’ai aujourd’hui sélectionné l’un de ses poèmes, en accord avec le printemps naissant, je vous invite à découvrir sur le portail de la poésie française d’autres textes…

Printemps (À Adolphe Magu)

Les amoureux ne vont pas loin :
On perd du temps aux longs voyages.
Les bords de l’Yvette ou du Loing
Pour eux ont de frais paysages.

Ils marchent à pas cadencés
Dont le cœur règle l’harmonie,
Et vont l’un à l’autre enlacés
En suivant leur route bénie.

Ils savent de petits sentiers
Où les fleurs de mai sont écloses ;
Quand ils passent, les églantiers,
S’effeuillant, font pleuvoir des roses.

Ormes, frênes et châtaigniers,
Taillis et grands fûts, tout verdoie,
Berçant les amours printaniers
Des nids où les cœurs sont en joie :

Ramiers au fond des bois perdus,
Bouvreuils des aubépines blanches,
Loriots jaunes suspendus
À la fourche des hautes branches.

Le trille ému, les sons flûtés,
Croisent les soupirs d’amoureuses :
Tous les arbres sont enchantés
Par les heureux et les heureuses.

Toulouse, la fontaine Belle-Paule

Toulouse, fontaine Belle Paule, vue générale

Aujourd’hui s’ouvre le printemps des poètes 2013, je vous propose de revoir un article publié il y a trois ans…

Article du 30 mars 2010

Retournons à Toulouse… Cette fontaine, dite fontaine Belle-Paule, est située non loin de la Jeanne d’Arc d’Antonin Mercier. sur une placette formée à l’angle de la rue de la Concorde et de la rue Falguière (oui, le sculpteur Alexandre Falguière, dont je vous ai parlé pour le monument à Pasteur à Paris avec des vues d’hier et d’aujourd’hui, Pierre Goudouli ou le Vainqueur du combat de coq, tous deux à Toulouse, et le monument à Léon Gambetta à Cahors).

Toulouse, fontaine Belle Paule, signature Laporte Blairsy Cette fontaine hexagonale a été réalisée en 1910 par le statuaire Laporte Blairsy.

Toulouse, fontaine Belle Paule, dédicace Elle fut réalisée grâce à un legs du négociant toulousain Octave Sage à l’académie toulousaine des jeux floraux. Si vous suivez le lien, vous apprendrez que la compagnie des Jeux Floraux fut fondée en 1323 par sept troubadours , qu’ils ont leur fête le 3 mai, qu’à la fin du 15e siècle, une mystérieuse Dame Clémence Isaure protège et restaure les Jeux Floraux, qu’ils connurent diverses vicissitudes avant de renaître en 1895 à l’instigation de Frédéric Mistral, avec de nouveaux concours de langue d’oc.

Toulouse, fontaine Belle Paule, la dame Clémence Au sommet du monument se tient donc la fameuse dame Clémence Isaure, alias  » la belle Paule « , réalisée en bronze. Je vous présenterai d’autres représentations de Clémence Isaure à Toulouse, celle qui se trouvait au Grand-Rond (par Paul Ducuing) et celle de l’hôtel d’Assezat.

Toulouse, fontaine Belle Paule, une autre vue de la dame Clémence D’un autre côté, désolée pour la photographie, il ne faisait pas très beau en ce jour de début mars… Admirez sa haute coiffe et la couronne végétale (pour le vainqueur des jeux?) qu’elle tient dans la main gauche.

Toulouse, fontaine Belle Paule, une fillette en marbre Sur la colonne de marbre sont sculptés trois fillettes.

Toulouse, fontaine Belle Paule, une tortue en bronze Sous leurs pieds, dans un décor de fleurs et de tiges entremêlées, des tortues dressées sur leurs pattes arrière, en bronze, crachent de l’eau.

Toulouse, fontaine Belle Paule, deux crapauds en bronze Trois couples de crapauds, en bronze, tentent d’escalader la margelle. Ils n’ont pas plu à tout le monde (les critiques valent la lecture!) quand la fontaine a été mise en place…

Toulouse, fontaine Belle Paule, une gargouille en bronze Trois gargouilles fantastiques évacuent le trop-plein d’eau à l’extérieur du bassin… Tiens, des gargouilles, je propose donc l’article à la communauté des gargouilles.

Toulouse, fontaine Belle Paule, un relief en bronze avec paysage urbain Sur la face extérieure du bassin, vous pouvez voir un bas-relief en bronze avec un paysage urbain comprenant un pont (je n’ai pas trouvé d’étude qui précise de quel pont il s’agit PS: voir en commentaire)…

Toulouse, fontaine Belle Paule, un poème en occitan de Mengaud … un texte en occitan de Mengaud (dont vous pouvez découvrir le buste au grand-rond)…

Toulouse, fontaine Belle Paule, un relief avec un grand pont en bronze … un relief en bronze avec un grand pont, pas plus identifié, si quelqu’un a l’information, je complèterai l’article [voir en commentaire]…

Toulouse, fontaine Belle Paule, un poème en français de Pipert … un texte en français de Pipert…

Toulouse, fontaine Belle Paule, un relief en bronze avec un paysage urbain … un autre paysage urbain en bronze, et sur la dernière face, la dédicace que je vous ai montrée au début de l’article.

PS: un lecteur a précisé qu’il s’agissait du pont neuf et de l’ancien pont Saint-Pierre.

Audouin-Dubreuil et la croisière noire à Saint-Jean-d’Angély par Henri Bouchard

Saint-Jean-d'Angély, la croisière noire de Audouin-Dubreuil, 1, le monument

Né à Saint-Jean-d’Angély en 1887 (et mort en 1960), Louis Audouin-Dubreuil a participé à plusieurs missions Citroën, croisière jaune et croisière noire. C’est à cette dernière qu’est consacré ce monument commémoratif, ainsi qu’en témoignent les inscriptions : en haut,  » Raid Citroën / Mission / G.M. Haardt – Audouin-Dubreuil « , en bas,  » Partie de Toucourt une mission organisée par André Citroën / arrivée à Tombouctou ayant pour la première fois / en automobile franchi le désert du Sahara / 7 décembre 1922 – 7 janvier 1923 « .

Saint-Jean-d'Angély, la croisière noire de Audouin-Dubreuil, 2, la signature Bouchard Le bas-relief pour la signature « H. Bouchard Sr ». Il s’agit de Henri Bouchard (Dijon, 1875 – Paris, 1960), voir le site qui lui est consacré… Ses collections ont été transférées récemment de son atelier parisien au musée de la Piscine à Roubaix [PS: initialement prévue en 2012, l’ouverture de la collection est annoncée en 2014, voir dans mon article sur l’exposition Marc Chagall à la piscine à Roubaix; du même artiste, voir aussi le monument au Poilu libérateur de la Moselle à Metz].

Saint-Jean-d'Angély, la croisière noire de Audouin-Dubreuil, 3, le relief Le monument représente la première grande expédition menée par Louis Audouin-Dubreuil, alors adjoint de Georges-Marie Haard : la première traversée du Sahara en voiture, qui a précédé la croisière noire de 1924-1925 puis la croisière jaune en 1931-1932.

Saint-Jean-d'Angély, la croisière noire de Audouin-Dubreuil, 4, inscription et caravane de voitures Sur le bas du monument se trouve la caravane des cinq voitures / autochenilles.

Saint-Jean-d'Angély, la croisière noire de Audouin-Dubreuil, 5, le relief principal Au centre du relief, l’autochenille, avec ses passagers (dont un chien), casque colonial sur la tête, est accompagnée d’un nomade à dos de chameau (ou de dromadaire?).

Saint-Jean-d'Angély, la croisière noire de Audouin-Dubreuil, 6, le musée et l'autochenille Le musée des Cordeliers à Saint-Jean d’Angély a restauré il y a quelques années à grands frais une des auto-chenilles B2 qui a participé à ces expéditions… une ouverture dans le mur permet aux visiteurs de la voir depuis l’extérieur.

Pour aller plus loin, voir

L’autochenille Citroën. Le Croissant d’Argent, par Caroline Antier, dans Le Picton, n° 192, novembre-décembre 2008, p. 61-62.

Archive de l’INA sur le départ de la croisière noire…

Photographies d’octobre 2010.

Gambetta par Falguière à Cahors

Gambetta par Falguières à Cahors, 1, de loin de face et de dos

En plein centre-ville de Cahors, sur la minérale place F. Mitterrand (ci-devant place d’Armes, en bordure des allées Fénelon), se dresse sur un haut socle le monument  » à / [Léon] Gambetta / né à Cahors / le 2 avril 1838 « , ainsi qu’il est indiqué sur le socle. Avocat, il devient député en 1868. Partisan de la guerre jusqu’au bout en 1870-1871, participant à la chute du Second Empire et à la fondation de la Troisième République, il entre au gouvernement de Défense nationale en tant que ministre de l’intérieur, et quitte Paris en ballon le 7 octobre 1870 et devient alors ministre de la guerre. C’est en tant que chef de guerre qu’il est représenté sur ce monument érigé peu après sa mort le 31 décembre 1882 suite à un accident (sa blessure avait dégénéré en septicémie… Vivent les antibiotiques découverts depuis). Le monument a été inauguré le 14 avril 1884 en présence de Jules Ferry et de Pierre Waldeck-Rousseau.

Gambetta par Falguières à Cahors, 2, la signature de Falguière La statue de Gambetta porte la signature de A[lexandre] Falguière, un sculpteur dont je vous ai déjà montré le monument à Pasteur à Paris avec des vues d’hier et d’aujourd’hui, ainsi que le Vainqueur du combat de coq et le monument à Pierre Goudouli à Toulouse.

Gambetta par Falguières à Cahors, 3, carte ancienne avec les soldats sur le socle Le monument a été dessiné par l’architecte Paul Pujol. Il comportait à l’origine trois sculptures en bronze, fondues par Thiébaut frères. Au sommet, la statue de Léon Gambetta, à sa droite (à gauche sur la carte), un soldat (fusiller marin) en position de tir et à sa gauche, un fantassin blessé. Au centre sur le piédestal se dressait aussi un grand drapeau et un bouclier au chiffre de la République (RF). Les deux soldats et les armes ont été fondus suite à la réquisition des bronzes par l’Allemagne en 1943, la statue de Gambetta a été sauvée.

Gambetta par Falguières à Cahors, 4, carte ancienne avec soldat mourant Sur cette autre carte, on peut voir le fantassin mourant (ils aiment bien les soldats mourants à Cahors, voir le monument aux morts de 1870), je n’ai pas trouvé de carte postale montrant de plus près le marin.

Gambetta par Falguières à Cahors, 5, deux vues de face Léon Gambetta est donc représenté debout, en position de tribun, haranguant les troupes. De sa main droite, il s’appuie sur un canon et tient une carte.

Gambetta par Falguières à Cahors, 6, deux vues de dos De l’autre main, il désigne la frontière…

Gambetta par Falguières à Cahors, 7, le canon et le soldat mort Coincé sous le canon gît un autre soldat, dont on voit surtout les pieds.

Gambetta par Falguières à Cahors, 8, la citation à l'arrière du socle A l’arrière du piédestal se trouve cette citation :  » Français / Elevez vos âmes et vos résolutions à la / hauteur des effroyables périls qui / fondent sur la patrie / il dépend encore de nous de lasser [sic] la / mauvaise fortune et de montrer à l’univers / ce qu’est un grand peuple qui ne veut / pas périr et dont le courage s’exalte au / sein même des catastrophes « .

Gambetta par Falguières à Cahors, 9, vue dans son environnement Allez, une dernière vue… statue qui semble coincée entre une terrasse de bistrot (fermée, en mars…) et le campanile du lycée à l’autre bout de la place.

Photographies de mars 2011.