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Tous cobayes de Jean-Paul Jaud

Affiche de Tous cobayes de Jean-Paul Jaud

Vendredi dernier avait lieu à Poitiers une séance spéciale de Tous Cobayes de Jean-Paul Jaud, en présence du réalisateur et de quelques acteurs régionaux présents dans le film :

– Benoît Biteau, ingénieur agronome, conservateur du patrimoine, conseiller régional… et agriculteur bio en Charente-Maritime (voir une présentation complète avec le procès en appel des faucheurs volontaires à Poitiers et l’aventure de la reconversion de l’exploitation agricole de ses parents sur son site, voir aussi des vidéos ici)

– le père Gourrier, curé (engagé) de l’église Saint-Porchaire à Poitiers (il est aussi chroniqueur dans une émission humoristique sur une grande chaîne de radio nationale… que je n’écoute jamais)

– Bruno Joly, agriculteur en cours de conversion bio à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, qui a redécouvert il y a quelques années les semences paysannes (ici de maïs et de blé « population »), celles que le précédent gouvernement souhaitait taxer parce qu’elles échappent au paiement des semences aux groupes internationaux de vendeur de semences et de produits chimiques… Voir le réseau Inpact, initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale.

Le film (présentation officielle du site J+B séquence, producteur du film :  » Comment se fait-il que les OGM agricoles soient dans les champs et dans les assiettes alors qu’ils n’ont été testés que pendant trois mois sur des rats ? Comment se fait-il que l’énergie nucléaire soit toujours l’énergie du futur alors que les hommes ont vécu Tchernobyl et Fukushima? Les conclusions seraient-elles accablantes ? OGM, Nucléaire : L’homme s’est approprié ces technologies sans faire de tests sanitaires ni environnementaux approfondis alors que la contamination irréversible du vivant est réelle. Serions-nous tous des cobayes ?« .

Mon avis : Jean-Paul Jaud a filmé dans le plus grand secret l’expérience menée pendant deux ans par le professeur Gilles-Eric Séralini sur les effets d’un OGM de maïs (qui lui permet d’être tolérant au roundup) sur les rats… Vous en avez forcément entendu parler ces derniers mois et Monsanto a déjà contre-attaqué en essayant de discréditer cette étude… Alors qu’au siège de l’ONU à Genève, Olivier De Schutter rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation venait le 8 mars 2011 de conclure que le seul modèle agricole viable sur le long terme était l’agroécologie (voir ici, désolée, je n’ai trouvé que la version officielle résumée en anglais, le lien dans le pdf vers la version intégrale multilingue ne fonctionne plus), le tsunami a entraîné trois jours plus tard la destruction de la centrale nucléaire de Fukushima… Dans les deux cas, la folie des hommes (manipulation du vivant pour les OGM, radiations pour des millénaires pour le nucléaire) entraîne des conséquences irréversibles et à long terme… Un public « acquis à la cause », et pourtant, une de mes voisines de fauteuil, d’un certain âge, a découvert seulement ce jour là qu’on était passé à deux doigts de la catastrophe nucléaire au Blayais lors de la tempête de 1999 (la tempête a submergé les installations, l’évacuation de Bordeaux a sérieusement été envisagée)… Ce n’est pas dans le film, mais presque 13 ans après, les travaux de rehaussement de la route d’accès à cette centrale ne sont toujours pas correctement réalisés, comme l’a montré le rapport post-Fukushima. Un film à voir absolument, à faire connaître, en attendant la sortie officielle en librairie du livre du professeur Gilles-Eric Séralini.

Pour aller plus loin :

 

– dimanche 7 octobre 2012 à Vivonne (Vienne) : cinquième fête des cueilleurs de biodiversité, participez à la récolte et à la sélection du maïs population à la ferme de Vaumartin, plus de renseignements sur le site du réseau des semences paysannes [je cherche une possibilité de co-voiturage pour y aller, la gare de Vivonne est un peu loin].

– économisez l’énergie [j’en suis à moins de 180€ par an d’électricité et 80€ de gaz, surtout de l’abonnement à ce niveau, hors chauffage et eau-chaude, collectifs, mais avec une très faible consommation en mètres-cubes].

Si vous voulez allez plus loin dans la démarche et si ce fournisseur est disponible chez vous, changez de fournisseur d’électricité et choisissez Enercoop (recommandé par Jean-Paul Jaud) et arrêtez de financer les centrales nucléaires (enfin, ça sera toujours le contribuable qui paiera le stockage des déchets voire le démantèlement des centrales). 15 à 25% plus cher (d’après le devis que j’ai fait faire), l’engagement à un coût… que je n’ai pas encore franchi [PS : que j’ai franchi au 1er janvier 2013].

 

– mangez bio si vous le pouvez, au moins, vous éviterez les pesticides (revoir dans Severn, Nos enfants nous accuseront les dégâts sur les agriculteurs) et vous pourrez même tester certaines recettes avec des épluchures . Vous serez aussi certain de ne pas manger du poulet ou du bœuf nourri aux maïs et soja OGM, en élevage conventionnel, ce type de nourriture est devenu habituel… voir ici une comparaison du prix du poulet.

le 16 octobre 2012, ne ratez pas sur Arte le reportage de Marie-Monique Robin (présenté le week-end dernier en avant première à l’écofestival de Parthenay) et achetez son livre… Les moissons du future, comment l’agroécologie peut nourrir le monde.
Civaux, dessin humoristique sur le silicone de la centrale
PS: je reviens très vite vous parler à nouveau de ma centrale nucléaire préférée (Civaux), construite sur le karst, ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne (et une promenade imprévue de carburant radioactif), une fuite de tritium en janvier 2012, la suite de cette fuite (février 2012)…

Des arbres sur les monuments historiques à Poitiers

Poitiers, arbres sur un mur, rue Saint-Hilaire Avec la suppression des pesticides et des herbicides en ville, à Poitiers comme ailleurs, les plantes et les fleurs reconquièrent l’espace urbain, quelques ruches ont fait leur apparition en ville (par exemple sur le toit du Conseil régional). C’est une très bonne chose… En revanche, il faut remplacer à certains endroits la chimie par de « l’huile de coude » et un minimum d’entretien… Voici deux exemples pris ces derniers jours dans mon quartier, autour de l’église Saint-Hilaire, jalon sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle (protection UNESCO). Dans les deux cas, il s’agit d’édifices protégés au titre des monuments historiques, et les racines des arbres et du lierre peuvent mettre en péril la stabilité de ces murs…

Poitiers, arbres sur un mur, rue Saint-Hilaire, détails Le premier exemple se trouve rue Saint-Hilaire, la partie « sale » du mur (et le conifère qui y pousse) est propriété de la ville de Poitiers, la partie propre est la partie qui fait désormais partie du Clos Saint-Hilaire, un beau scandale de destructions archéologiques et historiques (suivre le lien sur mon précédent article) alors que la ville aurait pu préempter le terrain lors de sa vente par une association religieuse et mettre en valeur le cloître et les bâtiments de la collégiale, dont le réfectoire avec ses poutres du 13e siècle irrémédiablement sciées pour passer un ascenseur qui, aux dernières nouvelles, ne fonctionnait même pas… Voir les photographies de ce saccage dans l’article Saint-Hilaire dénaturé paru en début d’année dans le Tribune de l’art.

Aujourd’hui, c’est le mur de clôture qui est envahi par les arbres (au moins deux) et le lierre. Or ce mur est spécifiquement protégé au titre des monuments historiques: « Chapitre de Saint-Hilaire, les vestiges du mur d’enceinte situés en bordure de la rue Saint-Hilaire : inscription par arrêté du 5 juin 1941″… Si ce mur finit par tomber, cela fera désordre, non seulement parce que c’est un mur ancien (en partie du 12e siècle) et en théorie protégé au titre des monuments historiques, mais aussi parce que la rue Saint-Hilaire est devenue, depuis Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille… et son changement de sens de circulation il y a presque deux ans jour pour jour, beaucoup plus fréquentée, les voitures qui quittent le parking de l’hôtel de ville rejoignent le « boulevard circulaire » en passant pas là…

Poitiers, arbre sur un mur, rue du Doyenné

Le second mur menacé par un arbre qui pousse à son sommet se trouve du côté du chevet… Au passage, vous pouvez « admirer » la qualité du mobilier urbain (horodateur et benne à verre) en secteur sauvegardé et dans le périmètre de protection très rapproché de trois édifices protégés au titre des monuments historiques. Nous sommes au 4 rue du Doyenné, « ancien doyenné Saint-Hilaire, classé par liste de 1889 », classement confirmé au journal officiel du 18 avril 1914 (les listes de protection établies à partir de Prosper Mérimée et sa commission en 1840 ont été confirmées après la loi sur les monuments historiques de 1913).

Qui fait appliquer l’obligation d’entretien des monuments historiques???

Tchernobyl mon amour de Chantal Montellier

Couverture de Tchernobyl mon amour de Chantal Montellier

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgUn album trouvé à la médiathèque en cherchant des albums de cette auteure engagée. Zazimuth avait parlé de cet album il y a déjà un bon moment… mais je l’avais inscrit dans le petit carnet offert par Emmanuelle. J’ai poursuivi la découverte de cette auteure avec Les damnés de Nanterre puis Paris sur sang, mystère au Père Lachaise.

Le livre : Tchernobyl mon amour de Chantal Montellier (scénario et dessin), et C.T. Monteson (couleurs), éditions Actes sud BD, 2006, 130 pages, ISBN 978-2742760435.

L’histoire : à Paris en 2006. Chris Winckler, journaliste indépendante, a reçu du journal de gauche La Vérité la commande d’une série d’articles pour les vingt ans de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Elle se plonge dans les documents de l’époque, dont le fameux arrêt du nuage aux frontières de la France, la minimisation par les diverses autorités, l’évacuation tardive des populations les plus contaminées. En allant à l’inauguration d’une exposition destinée à lever des fonds pour les victimes, elle tombe sur un homme qui dénonce les organisateurs, qui ne lèveraient les fonds que pour eux… il finit battu par les sbires des Organisateurs. Intriguée, Chris réussit à le faire parler, c’est un ancien ingénieur, qui état présent sur place le jour de la catastrophe… Est-il si simple d’en parler vingt ans après? Chris va devoir affronter aussi la censure par son propre journal…

Mon avis sur la BD : dans le contexte de Fukushima, il est indispensable de lire cet album… et de voir qu’aucune leçon n’a été tirée ni de la catastrophe par elle-même, ni pour la gestion de la crise, la chaîne de prises de décisions est aussi défaillante aujourd’hui! Du côté de la bande dessinée, j’ai eu un peu de mal avec ces dessins très noirs, et l’utilisation de couleurs vives. Toutes les citations en russe ne sont pas traduites (mais compréhensibles avec un niveau très basique et rouillé en russe, en fait)… Aucune révélation pour qui s’intéresse un peu au sujet, mais pour ceux qui n’ont suivi que de loin cette catastrophe ou cru les autorités, sans regarder les divers témoignages, documentaires et synthèses de contre-enquêtes, alors cet album est une bonne base pour mieux comprendre Tchernobyl, ses causes et ses conséquences.

Sur le nuage radioactif qui contourne la France, je préfère le dessin proposé par Grégory Jarry et Otto T. dans Village toxique.

Mon avis sur le sujet : Quand on lit les rapports de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), notamment sur la gestion des incidents avec des chaînes de décision également approximative (revoir l’épisode de la fuite de tritium à la centrale de Civaux dans la Vienne en janvier 2012, la suite de cette fuite en février 2012, incident certes mineur mais très mal géré, ça serait pareil avec un accident plus important), ou la qualité déplorable du béton pour la construction de l’EPR de Flammanville (voir la page de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l’EPR), on ne peut qu’être inquiet sur la construction du super sarcophage de Tchernobyl, qui doit recouvrir l’actuel, plein de fissures et de fuites par le même mastodonte du BTP qu’à Flammanville… sans l’ASN pour contrôler et faire casser tout ce qui est trop approximatif, comme du béton avec des cailloux mais sans ciment (voir les lettres de suite d’inspection du réacteur EPR de Flamanville de l’ASN, notamment une intéressante série en 2010 et 2011, ça semble un peu mieux en 2012)…

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Chantal Montellier et voir le mini-reportage sur Arte TV.

Logo 2012 du Top BD des blogueurs, nouvelle version Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

La mort verte de Laurent Cornut

Couverture de La mort verte de Laurent Cornut

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque dans une sélection de nouvelles acquisitions…

Le livre : La mort verte de Laurent Cornut, collection Polar, éditions le Manuscrit, 2011, 233 pages, ISBN 978-2-304-03592-6.

L’histoire : de nos jours en Bretagne. Yves-Marie est allé au bout de la déchéance dans son alcoolisme, allant jusqu’à gifler sa femme (une seule fois, elle l’a quitté). Abandonné de ses enfants, il a eu finalement une greffe du foie, s’est guéri de l’alcool, et est tombé amoureux d’une infirmière, Sylvie. Il fait le tour de la Bretagne pour prévenir l’alcoolisme, mais aussi pour acheter de vieux livre. A la foire aux livres de Noirmoutier, il a acheté un livre qui va changer sa vie. L’auteur, Ronan Arvorig, y parle d’événements mystérieux qui se passent à deux pas de chez lui, près du lac de Kerloc’h (sur la presqu’île de Crozon), où il soupçonne un centre de stockage des algues vertes de ne pas être très net. Et voici qu’une marcheuse qui faisait en groupe un tour à pied de la Bretagne disparaît près du lac, puis l’auteur du livre se serait suicidé, son frère disparaît… Que se passe-t-il?

Mon avis : ce livre pose une question éthique importante, jusqu’où peut aller la recherche médicale pour avancer? Et surtout, franchit toutes les barrières de l’éthique, puisqu’ici, un groupe d’hommes se permet de tuer pour protéger sa recherche, et même pour l’alimenter (au sens propre…). A priori impossible dans nos pays occidentaux, même si certains jouent aux apprentis sorciers, cf. les organismes génétiquement modifiés ou OGM, la manipulation génique étant ici encore pire (quoique, rendre les plantes résistantes aux herbicides pour en déverser encore plus ne soit pas sans risque pour la santé, la nôtre et celle du biotope en général, voir ce précédent article).

Bon, sinon, pour le livre, ce n’est pas l’un de mes coups de cœur de l’année… Il se lit facilement, rapidement, mais sans plus. Et une sorte de malaise, sans doute parce que la recherche, aussi monstrueuse soit-elle, passe ici avant les questions d’éthique.

N’oublions pas que les thérapies géniques ont engendré quelques morts… les premiers « bébés bulles » traités ont pu sortir de leur bulle… mais le gène inséré a en quelque sorte appuyé sur un gène « non-stop » et provoqué un cancer très agressif chez plusieurs de ces enfants (certains sont morts, la plupart des médias ont oublié d’en parler, les essais ont été arrêtés en France et aux États-Unis). Jouer aux apprentis sorciers en introduisant des gènes dans le génome d’autres espèces n’est pas sans risque, bien au contraire…

Le salon des berces de Gilles Clément

Couverture de Le salon des berces de Gilles Clément

pioche-en-bib.jpgAprès Thomas et le voyageur, voici le salon des Berces, également trouvé à la médiathèque.

Rappel : j’ai pu apprécier par le passé un certain nombre de réalisations de Gilles Clément (à retrouver sur son site officiel), le jardin des Sens à Poitiers, le jardin des orties à Melle, le parc André Citroën et le jardin du musée du quai Branly à Paris (un musée à revoir ici). Il a aussi réalisé une installation sur le toit de la base sous-marine de Saint-Nazaire. J’ai aussi participé au grand week-end (pluvieux) de replantation en 2002 d’une parcelle à côté du centre d’art de Vassivière en Limousin, dévastée par la tempête de 1999, plantation guidée par Gilles Clément… Je n’ai bien sûr pas raté son dernier passage en avril à la librairie La Belle Aventure à Poitiers, pour une entrevue guidée par la libraire et Dominique Truco (commissaire, entre autre, de la biennale de Melle), et ai eu envie de relire certains de ses livres, dont je n’avais pas parlé même pour ceux parus depuis la création du blog (et oui, je parle de deux livres par semaine, mais en lis le double à peu près…).

Le livre : Le salon des berces de Gilles Clément, NiL éditions, 2009, 206 pages, ISBN 978-2-84111-394-1.

L’histoire : à partir de 1977 en Creuse et ailleurs… Après plusieurs années de recherche à travers la France, Gilles Clément se rend à la conclusion qui s’impose à lui, le terrain idéal pour implanter sa maison est en Creuse, à quelques kilomètres de la maison paternelle où il ne veut (peut?) plus aller. Une fois le terrain acheté commence la difficile et ubuesque demande de permis de construire: sans électricité, impossible d’avoir le permis (en zone agricole, mais il compte y installer son activité de paysagiste), sans permis, impossible de se faire installer l’électricité… Il décide de commencer à construire quand même, seul ou avec des amis, il réunit pierre après pierre, éléments de récupérations, etc. Jusqu’à ce que, sur dénonciation d’un puissant voisin, débarquent les gendarmes… à la recherche de cannabis chez ces jeunes qui vivent à l’écart, ils trouvent… une maison construite sans permis! Mais après deux visites de la DDE, il peut brandir aux gendarmes un permis en bonne et due forme… avant de voir débarquer EdF qui lui propose de brancher le courant à un prix exorbitant. Ce qu’il refuse, il fonctionnera sans électricité (un groupe électrogène intermittent, des panneaux solaires en 2006). L’histoire de la construction de la maison, et de l’aménagement du jardin, les deux étant intimement liés…

Mon avis : un récit jubilatoire, avec de charmants portraits des voisins, ceux qui sont favorables comme ceux qui sont hostiles, ceux qui passent régulièrement voir l’avancée des travaux (et boire un coup). Quelques éléments qui ne peuvent que me réjouir, comme page 56 les cartes postales du collectif Plonk & Replonk (dont je vous ai parlé pour la première fois en septembre 2009), ou encore le château de Crozant… Je suis plus surprise par l’éloge des berces du Caucase, présentes sur le terrain et qu’il choisit de conserver, même si elles sont généralement considérées comme invasives et dangereuses (elles peuvent provoquer de graves brûlures, voir dans cet article sur les plantes invasives). Un récit à lire absolument pour un autre rapport au monde et à la nature, à la maison et au jardin!

Thomas et le voyageur de Gilles Clément

Couverture de Thomas et le voyageur de Gilles Clément

pioche-en-bib.jpgJ’ai pu apprécier par le passé un certain nombre de réalisations de Gilles Clément (à retrouver sur son site officiel), le jardin des Sens à Poitiers, le jardin des orties à Melle (il y a d’ailleurs eu le week-end dernier la fête de l’ortie, au départ, il s’agissait de protester contre l’interdiction à la vente du purin d’orties), le parc André Citroën et le jardin du musée du quai Branly à Paris (un musée à revoir ici). Il a aussi réalisé une installation sur le toit de la base sous-marine de Saint-Nazaire. J’ai aussi participé au grand week-end (pluvieux) de replantation en 2002 d’une parcelle à côté du centre d’art de Vassivière en Limousin, dévastée par la tempête de 1999, plantation guidée par Gilles Clément… Je n’ai bien sûr pas raté son dernier passage en avril 2012 à la librairie La Belle Aventure à Poitiers, pour une entrevue guidée par la libraire et Dominique Truco (commissaire, entre autre, de la biennale de Melle), et ai eu envie de relire certains de ses livres, dont je n’avais pas parlé même pour ceux parus depuis la création du blog (et oui, je parle de deux livres par semaine, mais en lis le double à peu près…). Je commence par « son » roman, trouvé à la médiathèque, j’en avais parlé avec Mamazerty, qui était curieuse de lire mon avis sur ce livre… avant de poursuivre avec Le salon des berces.

Le livre : Thomas et le voyageur de Gilles Clément, éditions Albin Michel, 2011 (première édition 1999), 277 pages (avec les annexes), ISBN 978-2226218650.

L’histoire : à Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai (commune associée de Bressuire, dans les Deux-Sèvres) et à travers le monde de nos jours. Dans les Deux-Sèvres, Thomas le peintre habite dans la maison de son oncle décécé, Auguste Piépol, qui était entomologiste et a tapissé les murs de boîtes de petites bêtes. Il a pour projet de peindre le jardin planétaire selon les observations à travers le monde de son ami le voyageur, chargé de lui parler des plantes, des animaux, mais aussi de l’horizon, de la ville, etc… Pendant que le voyageur … voyage et décrit son environnement, Thomas est en prise avec la maison, dévorée par les termites qu’avait élevés Auguste Piépol….

Mon avis : le roman alterne des parties de chapitres de Thomas et d’autres du voyageur, mais aucun risque de se perdre, en haut des pages impair est reporté soit ‘Thomas », soit « le voyageur ». A la fin également, la plupart des documents dont il est question dans le texte, dont la fameuse carte du voyageur, un planisphère australien, centré sur l’Australie et avec le sud au nord et vice-versa… le monde d’un autre point de vue. Très vite (page 37), il est question de plantes invasives, la berce du Caucase et la renouée du Japon, notamment (deux plantes dont je vous ai déjà parlé à propos de plantes invasives). Un livre dans lequel il faut entrer puis se laisser porter par le récit… Les insectes voyagent, les plantes voyagent, le monde est un immense espace, comme un jardin planétaire… le grand projet de Thomas!

Quant à Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai, pour moi, c’est un hameau gris que l’on traverse pour aller à Bressuire, et où effectivement j’ai vu une fois une belle gelée blanche en mai, mais il avait aussi gelé aux alentours… En s’éloignant de la « grande route » (Poitiers-Nantes), il y a quand même à voir une église très partiellement romane, et de belles promenades à faire dans le bocage.

Tri sélectif et civisme à Vienne en Autriche, il y a 20 ans…

Tri sélectif à Vienne en Autriche il y a 20 ans...

Le château de Schönbrünn à Vienne en Autriche en 1993, 2, de plus près

En cherchant dans mes photographies à scanner pour le château de Schönbrünn à Vienne en Autriche (dans le cadre du défi du mois de l’Europe centrale organisé par Schlabaya), j’ai retrouvé aussi cette photographie… C’était en juin/juillet 1993. En centre-ville, il n’y avait déjà plus de ramassage des ordures au porte-à-porte. La conteneurisation (quel vilain mot!) qui se met en place actuellement dans un certain nombre de communautés de communes actuellement, et pas sans grincement de dents, était déjà en place. En plus, le tri était beaucoup plus poussé, vous voyez toutes ces poubelles, et bien, il n’y en a pas une pour la même chose… Ici, il fallait (et je pense qu’il faut toujours) séparer le verre blanc du verre coloré, le papier du carton, les restes compostables, le fer de l’aluminium (il faut bien lire sur les canettes…), deux types de plastique… Et les Viennois étaient très organisés, la dame que l’on voit de dos avait plein de sacs différents pré-triés (posés devant les poubelles avant qu’elle ne mette le contenu dans la bonne poubelle). Quant aux sacs de caisse, ils avaient déjà disparu (en Allemagne aussi). Et vous voyez le truc blanc sur le poteau au milieu de la photo? C’est le journal du dimanche, dans une pochette étanche. Vous vous servez vous même, vous prenez le journal et vous laissez l’argent dans la « pochette-tirelire ». Aucun vandalisme, aucun truandage, apparemment. Vous imaginez ce système chez nous??? Bon, je ne sais pas si c’est toujours comme ça, je n’y suis pas retournée depuis…

Défi photo, quelle empreinte laissons-nous

Empreinte, photo des liquidateurs de Tchernobyl, 1, galerie au sol

Le nouveau thème du défi marche / photo de Monique / Bidouillette / Tibilisfil est cette fois-ci « Quelle empreinte laissons-nous »… J’aurais pu vous montrer des empreintes de pas (d’hommes ou d’animaux) fossilisés dans le bitume des trottoirs ou dans la boue au bord de la rivière… J’aurais pu vous parler de l’empreinte carbone ou autre que nous laissons sur terre…

J’ai choisi de vous montrer cette empreinte photographique laissée par les liquidateurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl… qui a explosé le 26 avril 1986. Beaucoup sont morts dans les jours, les mois ou les années suivantes, d’autres souffrent toujours de graves cancers. Preuve vivante (morte plutôt) s’il en est de la dangerosité de la radioactivité… A la veille du premier anniversaire de la catastrophe de Fukushima et alors que les incidents continuent à s’égrener dans nos propres centrales nucléaires (mon dernier article sur la vie de nos centrales parlait de Cattenom sur le Rhin et de Civaux près de Poitiers, avec sa désormais célèbre fuite de tritium… dans la nappe phréatique), il s’agissait pour le collectif Sortir du Nucléaire et les organisations amies de rappeler ces catastrophes et de se souvenir des milliers d’hommes qui se sont sacrifiés à Tchernobyl. Sur les 700.000 personnes qui ont participé à la gestion de la catastrophe (25.000 dans les premiers mois, quasiment tous sont morts) puis à la construction du sarcophage (qu’il va maintenant falloir encore renforcer), au moins 25.000 sont morts pour les évaluations les plus basses, 125.000 pour les estimations hautes (et 90% des survivants seraient gravement malades), et l’on ne parle que des liquidateurs, pas des populations.

La mairie de Poitiers avait interdit que des portraits en grand format soient présentés samedi dernier (10 mars 2012) sur la place d’Armes (place Leclerc) et le samedi suivant sur la place du marché près de Notre-Dame-la Grande (place De Gaulle). Au motif, d’après la presse, que ces portraits pourraient choquer les jeunes enfants… Ce ne sont que des photographies avec le nom, la date de naissance et de décès de 270 liquidateurs…

Empreinte, photo des liquidateurs de Tchernobyl, 2, devant Notre-Dame Chaque manifestant a donc pris l’une de ces photographies… Direction Notre-Dame la Grande, pour quelques discours, notamment sur Besson qui s’est dégonflé et n’est pas allé à Civaux pour célébrer la mise en place d’une force d’intervention nucléaire. Il faut dire que cette centrale nucléaire est toujours construite sur le karst, en zone sismique, en aval du barrage réputé indestructible de Vassivière, accumule les incidents ces derniers mois, la Vienne déjà très basse ne va pas améliorer les choses et nous risquons encore de revivre cette année le cycle sécheresse, puis crue de la Vienne qui emporte la jussie qui se développe encore plus dans l’eau chaude, voire une fuite de tritium à cause de bassins de stockage trop sollicités (impossible de jeter le tritium et les déchets chlorés à la rivière si elle n’a pas assez de débit).

Empreinte, photo des liquidateurs de Tchernobyl, 3, rassurez-vous avec les pastis d'iode! Deux clowns du réseau des Deux-Sèvres étaient là pour détendre l’atmosphère… Leur « brigade de rassurage nucléaire » distribuait aux passants des « pastis à l’iode » (des bonbons à la menthe…).

Alors, quelle empreinte laissons-nous pour les générations futures? La demi-vie radioactive (durée après laquelle la radioactivité diminue de moitié) du plutonium 240 (un atome qui n’existe pas dans la nature, pur produit de l’industrie nucléaire) est de 6650 ans, le plutonium 239 et le plutonium 241 ont des demi-vies très différentes, 24.110 ans pour le premier, 14,4 ans pour le second, etc. il y a 19 isotopes du plutonium, tous ont une activité importante de rayonnements alpha, bêta et gamma. Pour qu’un stock de plutonium soit inoffensif ou presque, il faut plusieurs cycles complets, on estime cette durée à 200.000 ans… Une partie de ce plutonium est stockée (souvent en barres, c’est un métal, dans des fûts pas toujours étanches dans le temps), une autre part est intégrée dans le MOX, un combustible qui était présent à Fukushima et que certains experts soupçonnent d’avoir aggravé le problème au moment de la fusion du combustible des réacteurs.

Quelle empreinte les liquidateurs de Tchernobyl laissent-ils sur terre, sans monument commémoratif, niés par les autorités pour qui, officiellement, il y a eu 30 morts par irradiation directe et massive sur le site dans les premières heures, 1.500 morts parmi les habitants des zones les plus contaminées et 2.200 morts parmi les liquidateurs… à multiplier par dix ou cent suivant les experts…

Et demain, qu’en sera-t-il pour les liquidateurs de Fukushima? Il n’y a pas eu de gros incendie ni dissémination massive par explosion, mais nombre de liquidateurs ont mis et mettent encore leur vie en danger, des professionnels du nucléaire, mais aussi des SDF recrutés dans la rue, bien payés jusqu’à ce qu’ils atteignent une dose considérée comme dangereuse (recalculée à 5 fois la dose annuelle maximale autorisée en France pour les travailleurs du nucléaire).

Et pour les pro-nucléaires, et ceux qui répètent que c’est l’énergie la moins chère, n’oubliez pas que:

l’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas! Isolons no
s habitations, éteignons les lumières la nuit, éteignons les appareils électriques plutôt que de les laisser en veille, etc.

– en cas de catastrophe nucléaire, il n’y a aucune provision de la part d’EdF, qui a obtenu une loi après Tchernobyl… Elle n’assurera que 91,5 millions d’euros maximum de responsabilité civile… Tchernobyl et Fukushima ont un coût de centaines de milliards de dollars (l’Ukraine aurait déjà dépensé 200 milliards de dollars pour Tchernobyl, 25% de son budget de 1985 à 1991, la Biélorussie aurait dépensé à peu près autant, la Russie refuse de communiquer, il est trop tôt pour chiffrer Fukushima)…

– la cour des comptes a demandé un vrai chiffrage du coût du démantèlement des centrales nucléaires… L’expérience de Brinellis, dont le démantèlement a commencé en 1985, a été évalué en 2005 à presque un demi milliard d’euros, et cela ne concerne pas encore la partie la plus sensible, le réacteur dont on ne sait que faire… A multiplier par 58 réacteurs actifs à eau pressurisée et 10 en cours de démantèlement très partiel (Brinellis, réacteur gaz-eau-lourde, et 9 graphite-gaz arrêtés progressivement après la fusion partielle des coeurs de Saint-Laurent-Nouan dans le Loir-et-Cheren 1969 et 1980)… pour ne compter que le nucléaire civil d’EdF, il faudrait ajouter Phénix et Superphénix. Quant à l’EPR de Flammanville, pour l’instant, il a tant de malfaçons (l’Autorité de sûreté nucléaire / ASN a rappelé dès 2008 à Bouygues comment faire du béton avec du ciment et pas que des cailloux, voir les différentes lettres d’inspection de l’ASN à Flamanville) que ce n’est pas sûr qu’il ouvre un jour, tant qu’il n’est pas chargé en combustible, il ne produit pas de déchet (mais il coûte! jusqu’à présent, il est estimé à 6 milliards d’euros, le double de ce qui était prévu).

– le coût de la prolongation de la durée de vie des 58 réacteurs en activité n’est pas vraiment chiffré… EdF l’a estimé à 50 milliards sur les 25 prochaines années, la cour des comptes est dubitative.

– le coût du stockage et de la surveillance des déchets radioactifs pendant des centaines de milliers d’années n’est bien sûr pas chiffré…la cour des comptes n’a pas pu savoir à quoi correspondaient exactement les 30 milliards d’euros annoncés par l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs).

Un dernier chiffre, ramené en euros constant, la filière nucléaire a déjà coûté en France 228 milliards d’euros, valeur de 2010, d’après la cour des comptes.

SOS cuisine d’Europe centrale…

Deux bières allemandes Ma moyenne surface de proximité a beaucoup moins de bières allemandes que de bières belges…

Le château de Schönbrünn à Vienne en Autriche en 1993, 2, de plus près

Ceci étant, pour ce mois de mars, mois de l’Europe centrale organisé par Schlabaya, j’aimerais bien préparer quelques recettes d’Europe centrale, je me souviens avoir mangé d’excellents goulashs et de ces sortes de gros raviolis farcis au fromage blanc sucré que l’on mange aussi en Ukraine… Le week-end dernier, j’avais le bœuf, mais pas le paprika, du coup, je me suis fait un bœuf-carottes…

Je vous lance donc deux appels:

– aux amis poitevins : où trouver ici du bon paprika, si possible bio ancienne norme** ou de provenance garantie sans trop de pesticides* (genre label contrôlé, mais les AOC ne sont pas des garanties, voir ici pour le beurre Charente-Poitou ), et j’aimerais aussi du trouver du paprika fumé, mais ça ne va pas être facile…

– à tous : je suis à la recherche de recettes que vous auriez testées, j’en ai plein les livres de cuisine ou sur les sites spécialisés en ligne, mais quand pour une même recette, le temps de cuisson varie de 90 minutes à 3h, j’ai des doutes! Il faut aussi que la recette soit adaptable au régime sans sel, donc pas de conserve (mais les ingrédients sont souvent substituables avec des surgelés, certaines marques présentent leurs ingrédients surgelés sans aucun additif, d’autres les salent ou ajoutent d’autres ingrédients, mais j’ai l’habitude du rayon et des étiquettes…), ni de lardons, pas trop de fromage, etc… Je cherche donc des recettes que vous avez essayées vous-même, avec éventuellement vos modifications…

C’est parti, le marché, c’est demain (samedi) matin… premiers essais de cuisine ce week-end?

PS: depuis cet article, j’ai cuisiné:

– des pierogi aux pommes de terre et au fromage frais

*Je suis difficile, mais éviter les résidus de pesticides, c’est aussi limiter les risques de réactions immunitaires, et c’est important pour ma santé… Depuis que je fais attention aux pesticides et autres résidus chimiques, aux métaux lourds (éviter en particulier les poissons carnivores de fin de chaîne alimentaire, comme la roussette, le thon ou le panga, ce dernier posant en plus des problèmes de conditions d’élevage), aux conservateurs divers et variés (de toute façon, les plats préparés de l’industrie agro-alimentaire sont trop salés pour moi), aux produits de beauté (aucun, c’est plus simple, beaucoup ont des composants aux effets mal connus qui passent la barrière de la peau), je ne suis quasiment plus jamais malade, et n’ai pas décompensé mes problèmes endocriniens. Et oui, beaucoup de ces produits sont des perturbateurs endocriniens certains ou probables et peuvent entraîner des réactions immunitaires, les seuils de toxicité et surtout leurs interactions (effet cumulatif ou multiplicateur) ne sont pas connus, autant s’en passer chaque fois que c’est possible. Bon, moi aussi, j’ai cumulé les éléments bénéfiques, déplacements à pied en majorité, 5 à 10 km par jour, c’est bon pour la santé, pour le moral et cela évite de croiser les microbes qui trainent dans les transports en commun aux heures de pointe, aération régulière de l’appartement, pour finir d’évacuer ce qui peut se libérer des colles et autres meubles en aggloméré, même s’ils ont plus de 15 ans, ils peuvent encore libérer des composants pas sympas, etc. Et mon système immunitaire s’est peut-être aussi calmé…

** Pour le bio, attention, il y a bio et bio… Les nouvelles normes sont carrément laxistes… Un insecticide certifié « bio » reste un insecticide… qui tue les insectes et la biodiversité! Une production qui privilégie la lutte intégrée, en associant les espèces, en favorisant les prédateurs naturels (haies pour les hérissons et certaines espèces de chauve-souris, par exemple) sera toujours préférable à du bio qui tue les insectes. Il faut se méfier des agriculteurs nouveaux convertis (surtout s’ils adhèrent à la FNSEA , le syndicat productiviste et majoritaire), du bio intensif, privilégier des circuits courts, ceux qui proposent de visiter leur exploitation, ont une vraie démarche environnementale et ne font pas le choix de surfer sur une vague à la mode… Et bien sûr, bannir le bio importé de loin, d’Afrique ou d’Amérique, pour des produits hors saison, que l’on peut trouver ici quelques mois plus tard… Oui à la banane certifiée importée, non aux haricots verts « bios » du Brésil à noël… Quant aux AOC (appellation d’origine contrôlée) et aux IGP (Indication géographique protégée), je ne leur fais qu’une confiance très limitée… Tous leurs décrets et arrêtés sont en ligne sur Légifrance, à lire attentivement avant consommation… Le jambon de Bayonne qui peut être produit à partir de porcs élevés dans une porcherie industrielle de Chauvigny (dans la Vienne, à plus de 380 km de Bayonne… le « grand sud-ouest » du décret est vraiment très grand), non merci! Il vaut mieux privilégier des productions mieux contrôlées, plus restrictives, notamment sur l’élevage des animaux en attendant l’étiquetage « élevé sans OGM » (la nourriture OGM est pour l’instant interdite en bio)… Les labels rouges sont souvent plus restrictifs, mais il faut aussi lire leur cahier des charges pour savoir ce que l’on mange au final… Pas d’achat de bio de super-marchés, ils ne respectent pas les producteurs et achètent du bio calibré à des producteurs de « bio intensif », cultivé au goutte à goutte etc.

Plus cher, me direz-vous? Par rapport à l’agro-industrie des plats préparés, non, même parfois beaucoup moins cher (cf. soupe en brique infâme contre soupe de légumes de saison). Par rapport à la culture et à l’élevage intensif? Non pour les légumes de saison en circuit court au marché (attention aux marchands qui approvisionnent aux halles centrales) ou en paniers livrés, oui pour la viande, mais il ne faut pas oublier qu’un bon poulet est élevé beaucoup plus longtemps qu’un poulet de batterie (42 à 45 jours pour ces derniers, 81 à 90 jours pour certains labels rouges, jusqu’à 112 jours dans certaines AOC) dans un espace beaucoup plus grand, idem pour les autres bêtes…

Et tout le bio n’est pas forcément bon, il peut y avoir des micro-moisissures, qui peuvent être aussi toxiques… que les fongicides! Le risque est plus limité avec les circuits courts et la consommation rapide.

Et je ne suis pas non plus une intégriste du bio, je boirai les deux canettes de bière , même si je ne sais rien de la provenance et des conditions de culture du blé, de l’orge et du houblon qui la composent… mais au moins, la législation européenne interdit les conservateurs dans la bière! Contrairement au vin qui, même bio, contient des sulfites pour éviter son oxydation, quelques producteurs commencent à en mettre moins -en bio, la limite est plus restrictive- ou plus du tout, voir à nouveau les ignorants d’Étienne Davodeau.

Procès en appel des faucheurs volontaires d’OGM à Poitiers…

Janvier 2012, manifestation et stand lors du procès en appel des anti-OGM

Edit de 20h le 16 février 2012 : les faucheurs volontaires dont il est question plus bas, relaxés en première instance, ont été hélas condamnés en appel (voir plus bas…). Rendez-vous en cours de cassation?

Voici un long article sur un combat de longue haleine, loin d’être terminé, et qui demande une vigilance de tous les jours… L’article est long, mais j’espère que quelques-uns de mes lecteurs le liront en entier… et je reviendrai sans doute prochainement sur certains sujets, n’hésitez pas à suivre les liens.

Alors que le conseil d’État a annulé en novembre 2011 l’interdiction du maïs Monsanto 810 en France, des faucheurs volontaires ont détruit des semences prêtes à partir dans les champs sur un site de Monsanto dans l’Aube (voir l’article du Monde); le gouvernement a promis de reprendre un arrêté de moratoire avant les semis de printemps, cela reste toujours en attente… (il dit vouloir le prendre le plus tard possible),

… alors que wikileaks (télégramme 07PARIS4723 daté du 14 décembre 2007) a révélé une correspondance de l’ambassadeur des États-Unis en France prônant une riposte ferme au cas où la France suspendrait à nouveau l’autorisation des OGM en France (pour faire un exemple et éviter que d’autres Européens ne prennent les mêmes mesures),

…alors que BASF renonce aux recherches sur les pommes de terre OGM en Europe… car les organismes génétiquement modifiés (OGM) y sont trop mal vus (l’article du Monde),

… alors que les semences seront désormais taxées, et oui, plus le droit de faire ses propres semences (que l’on soit agriculteur ou même jardinier amateur!) en « lésant » les sociétés de biotechnologies qui ont tentent de mettre la main sur le génome et brevètent le vivant qui devrait être le bien de tous… même si vous faites vos semences, vous devez payer et cela sera reversé à ces firmes… (voir la loi n°2011-1843 du 8 décembre 2011 relative aux certificats d’obtention végétale, heureusement encore en attente de décrets, voir ici les article concernés dans le code de la propriété intellectuelle),

… alors que les producteurs d’OGM tentent de faire admettre en droit européen la coexistence: les deux types de cultures pourraient cohabiter, et pour éviter que le miel soit contaminé comme cela a été le cas en Allemagne, les apiculteurs n’auraient pas le droit de mettre leur ruche à moins de 3 km d’un champ d’OGM… et pourquoi pas l’inverse??? Les apiculteurs n’ont rien demandé, alors, il serait plus logique d’interdire la plantation d’OGM à moins de 3 km des ruches, surtout que les champs de Mon 810 par exemple sont plein d’herbicides et de round’up suspecté d’être toxique pour les abeilles, le but étant de rendre le maïs insensible au désherbant pour en arroser le champ (en Amérique du Nord, cela a entraîné une augmentation continue de ces produits sur ces champs OGM, les mauvaises herbes devenant très vite résistantes aux produits chimiques)…

…a eu lieu à Poitiers le 13 janvier 2012 le procès en appel de huit faucheurs volontaires (sur 150 ayant participé à l’opération) accusés d’avoir, à Valdivienne et Civaux (oui, à l’ombre de ma centrale nucléaire préférée), fauché des parcelles d’essais de maïs OGM Monsanto 810, le 15 août 2008. Ils avaient été relaxé en première instance (procès le 14 juin 2011, délibéré rendu le 28 juin 2011) sur des bases strictement juridiques, sans que le tribunal examine les questions de fond… le parquet avait fait appel au dernier moment… Edit de 20h le 16 février 2012: la cour d’appel de Poitiers les a condamnés à des jours-amendes, avec sursis pour 5 d’entre eux, fermes pour 3 autres (« récidivistes », dont José Bové et François Dufour), et à de lourds dommages et intérêts à verser à Monsanto et Idémaïs.

Le comité vigilance OGM 86 (qui réunit aussi bien des écologistes, des agriculteurs que des défenseurs des consommateurs, dont la Confédération paysanne, la Biocoop, Vienne Agrobio, Greenpeace, l’UFC Que Choisir, les Amis de la Terre, etc.) avait organisé la veille au soir un grand débat à la maison du peuple à Poitiers (pleine à craquer…), sorte de répétition générale pour les témoins appelés à la barre le lendemain, soit par ordre d’intervention et Pierre-Henri Gouyon. À la fin de la soirée, sept des huit inculpés, dont José Bové et François Dufour, vice-président Europe-écologie-les-Verts du conseil régional de Basse-Normandie, sont venus se présenter sur scène. Le jour du procès, le maire n’a pas osé faire enlevé leur stand, même s’ils vendaient sur la voie publique des boissons alcoolisées… à savoir un très bon vin chaud à base de vin bio… Et le soir a eu lieu une grande soirée au Plan B. Voici donc un bref aperçu de la conférence… toujours par ordre d’apparition.

Un message de Stéphane Hessel

Stéphane Hessel (l’auteur de Indignez-vous!) aurait pu venir au procès, mais il était soufrant. Il a fait passer un message enregistré (vu à la conférence, mais refusé au tribunal) : vous pouvez le voir sur le site de la Nouvelle-République.

L’avis d’un élu, Benoît Biteau. Que vaut l’AOC beurre Charente-Poitou???

Ingénieur agronome, conservateur territorial du patrimoine, Benoît Biteau est élu au conseil régional de Poitou-Charentes, chargé de l’agriculture. Il y a quelques années, il s’est mis en disponibilité de son poste de conservateur pour reprendre la ferme de son père à Sablonceaux près de Royan… 180 ha, dont 120 de maïs qui consommaient en eau l’équivalent d’une ville de 70.000 habitants. Avec son frère et un autre associé, ils ont repris l’exploitation, reconvertie à l’agriculture biologique avec une partie en vignes, une partie en cultures maraîchères et le reste (les anciens maïs) en polyculture et élevage notamment de vaches maraîchines… Voir l’aventure de cette reconversion sur son site. En 2011, cinq ans après la reprise, il y a eu zéro irrigation, et depuis le début, ils ont replanté des hectares de prairies et des milliers d’arbres… Il a expliqué sa démarche, et au passage, sérieusement égratigné le beurre AOC (appellation d’origine contrôlée) Charente Poitou, produit avec du lait de vaches nourries au maïs venant de partout et au colza OGM. Intriguée, je suis allée vérifier le décret de cette AOC… En effet, l’AOC du Beurre Charente Poitou et du beurre AOC des Deux-Sèvres, définis dans le même décret du 29 août 1979 publié au Journal officiel du 31 août 1979 mériterait un sérieux nettoyage pour avoir la moindre crédibilité. Les seules contraintes sont la zone d’élevage et d’implantation des usines de transformation (très très large, beaucoup plus que la région administrative), rien sur l’alimentation, la race des vaches, etc. La seule mention sanitaire? A l’article 2, les vaches doivent être soumises au dépistage de la tuberculose et de la brucellose… et le lait et la crème utilisés doivent être pasteurisés, la crème doit subir une maturation biologique. Je comprends mieux pourquoi je n’ai jamais trouvé de beurre différent des beurres pasteurisés ordinaires… Faudra-t-il se battre pour une révision des règles de cette AOC ? (sur un sujet voisin, voir les ignorants d’Étienne Davodeau, où Christian Richard explique pourquoi il est sorti de l’AOC d’Anjou où il est vigneron)…

Les OGM pour quoi faire ? par Jacques Testart

Jacques Testart retrace sa carrière, depuis le traitement des vaches pour qu’elles produisent plus de lait (alors que l’Europe s’acheminait vers la surproduction et les quotas laitiers), puis la conception des « bébés éprouvettes ». Il rappelle que si la fécondation in vitro pose des questions d’éthiques directes ou dérivées (que fait-on des embryons surnuméraires?), elle répond à une attente des parents stériles, alors que personne ne demande d’OGM à part les producteurs de semence et de produits chimiques.

OGM : une coexistence possible ? par Pierre-Henri Gouyon

Si vous écoutez (en direct ou comme moi en différé) la Tête au carré sur France Inter, vous l’entendez parfois le vendredi. Cet ingénieur agronome, docteur en génétique, aujourd’hui professeur au muséum national d’histoire naturelle (voir son long CV sur le site du Muséum), à l’AgroParisTech et à Sciences Po (Paris), spécialiste notamment de génétique des populations, a exposé le problème posé par le brevetage des semences, qu’elles soient OGM ou non, la conséquence sur la perte de diversité par rapport aux semences paysannes (réalisées sur la ferme), mais aussi l’enjeu financier pour le semenciers qui sont aussi souvent les fabricants d’herbicides et de pesticides… Il ne s’agit pas de faire mieux vivre la planète, d’avoir des rendements meilleurs, mais de contrôler la vente des semences et des pesticides. Il a aussi exposé les risques de contamination sur la même espèce, mais aussi sur les espèces voisines (c’est peu le cas pour le maïs, mais un fléau pour le colza). Il a montré en quoi Monsanto exerçait son lobbying partout (auprès du gouvernement américain, de a communauté européenne) en plaçant ses dirigeants aux postes clefs, en quoi l’équivalence en substance (une plante OGM serait identique à une autre plante non OGM car elle a quasiment le même génome… est une escroquerie… sur ce raisonnement, les vaches folles sont aussi des vaches comme les autres), le danger de la coexistence des deux types de cultures (voir plus haut en introduction).

Je n’ai plus de place pour vous parler du débat, mais les questions soulevées reviendront sans doute aussi ici…

PS : je vous recommande le film tous cobayes de Jean-Paul Jaud