Archives par étiquette : cinéma

César 2016…

Affiche de Mustang de Deniz Gamze ErgüvenSi je n’ai pas vu le film primé pour le meilleur film (Fatima de Philippe Faucon) j’ai vu la plupart des films récompensés, ce qui ne sera sans doute pas le cas pour les Oscar ce week-end, puisque parmi les films sélectionnés, je n’ai vu que Mustang de Deniz Gamze Ergüven et Le fils de Saul de László Nemes. Vous pouvez voir ou revoir mes avis en suivant les liens… et voir que ce ne sont pas forcément des films que j’ai préférés. Je suis très heureuse des récompenses de Mustang de Deniz Gamze Ergüven.

Les films primés aux César que j’ai vus

  • Trois souvenirs de ma jeunesse (meilleur réalisateur pour Arnaud Desplechin)
  • Marguerite de Xavier Giannoli (meilleure actrice pour Catherine Frot, meilleurs costumes pour Pierre-Jean Larroque, meilleurs décors pour Martin Kurel, meilleur son pour François Musy et Gabriel Hafner)
  • La loi du marché de Stéphane Brizé (meilleur acteur pour Vincent Lindon)
  • Mustang de Deniz Gamze Ergüven (meilleur scénario original pour Deniz Gamze Ergüven et Alice Winocour, meilleur premier film, meilleur montage pour Mathilde Van de Moortel, meilleure musique originale pour Warren Ellis)

Les films sélectionnés aux César mais non primés que j’ai vus

Les films primés aux César que je n’ai pas vus

  • Fatima de Philippe Faucon (meilleur film, meilleur espoir féminin pour Zita Hanrot, meilleure adaptation)
  • La tête haute d’Emmanuelle Bercot (meilleur espoir masculin pour Rod Paradot, meilleur acteur dans un second rôle pour Benoît Magimel)
  • L’hermine (meilleure actrice dans un second rôle pour Sidse Babett Knudsen)
  • Birdman d’Alejandro González Iñárritu (meilleur film étranger)
  • Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent (meilleur documentaire)
  • Valley of Love (meilleure photographie pour Christophe Offenstein)
  • Le petit Prince de Mark Osborne (meilleur film d’animation)
  • Le Repas dominical de Céline Devaux (meilleur court métrage d’animation)
  • La Contre-allée de Cécile Ducrocq (meilleur court métrage)

Nobody au TAP

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014Nobody? Non, il n’y avait pas personne au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, c’est le titre d’un spectacle présenté il y a quelques semaines en partenariat avec le festival Filmer le travail. Nobody, c’est donc une « performance filmique », comme dit le programme, une pièce de théâtre jouée sur scène avec un film produit en direct, d’après des textes de Falk Richter mis en scène par Cyril Teste et jouée par le Collectif MxM.

Le spectacle: sur la scène, au premier plan un « open-space » et un « bocal de confession » (une salle où défilent les salariés soumis à des questions par leur encadrant), à l’arrière-plan, une salle de réunion et une pièce cachée par un mur (tour à tour chambre à coucher, toilettes, salle de bain, autre bureau), sur le côté, un couloir avec l’ascenseur, le tout derrière une grande vitre. Au-dessus, un écran où est projeté le film réalisé en direct. Sur scène, les acteurs et deux cameramen tout vêtus de noir, qui filment aussi dans la pièce quasi invisible. Ces consultants spécialisés en restructurations d’entreprise sont eux-mêmes soumis à une méthode de « management » agressive, le « benchmarking »: chaque employé espionne et note ses collègues, ils notent et évincent chez les clients, mais aussi dans leur propre entreprise.

Mon avis: c’est à une grande performance que le spectateur assiste en allant voir cette pièce de théâtre / film éphémère, réalisé en direct et disparaissant au fur et à mesure… Il est aussi invité à réfléchir, certes, cette entreprise semble pousser au maximum des méthodes de direction de ses employés, mais est-ce si loin de ce que beaucoup vivent au quotidien? Travail jusqu’à pas d’heure, stagiaires, personnes poussées dehors, vie de famille qui en pâtit. En 1h30, énormément de thèmes sont soulevés, posés sans commentaires, au spectateur d’en tirer les conclusions. N’hésitez pas à aller la voir si elle passe près de chez vous. Cette pièce devrait être vue impérativement par nos dirigeants, au premier rang desquels Myriam El Khomri (la « sinistre » du travail), Emmanuel Macron et le premier ministre!

Je vais essayer de vous parler très vite des autres spectacles de ma saison 2015-2016

Les innocentes d’Anne Fontaine

Les innocentes d'Anne FontaineJe suis allée voir hier Les innocentes d’Anne Fontaine (revoir mon avis sur un de ses films précédents, La fille de Monaco).

L’histoire : en Pologne, en décembre 1945. Dans un hôpital temporaire de la Croix Rouge,  Mathilde Beaulieu [Lou de Laâge], fille d’ouvriers communistes, assiste Samuel [Vincent Macaigne], le chirurgien juif dont toute la famille a été décimée à Bergen-Belsen. Un jour, une jeune sœur d’un couvent de bénédictines vient chercher de l’aide : l’une des religieuses souffre en couches depuis 24 heures. Contre l’ordre établi (les Polonais doivent être aidés par la Croix-Rouge polonaise), elle finit par se rendre au couvent, pratique une césarienne avec les moyens du bord, avant d’apprendre que sept religieuses sont enceintes et sur le point d’accoucher, toutes ont été violées il y a 9 mois par des soldats soviétiques. La Mère supérieure [Agata Kulesza] lui fait jurer le silence, elle confiera l’enfant au village, il n’est pas question qu’elle revienne. Mais l’une des religieuses, Maria [Agata Buzek], promet de la faire entrer pour vérifier les suites de la césarienne. Au retour de cette deuxième visite, des soldats russes arrêtent son véhicule et entreprennent de la violer, arrêtés in-extremis par leur supérieur. Il ne la laisse cependant pas passer et elle doit retourner au couvent…

Mon avis : Anne Fontaine s’est inspirée de l’histoire de Madeleine Pauliac dont elle a eu connaissance par son neveu, qui détenait son journal intime. Elle mêle plusieurs thèmes, les viols commis par des soldats, les enfants abandonnés ou orphelins de guerre, la foi / les fois (catholique, juive, communiste?), l’occupation de la Pologne dans les mois qui suivent la Deuxième Guerre mondiale. La vision semble parfois un peu simplistes: les médecins soignent sans arrière-pensée, alors que dans le camp des religieuses, il y a certes la foi pour la quasi totalité (pas toutes), mais aussi le secret, l’infanticide, le suicide… pas très catholiques! Révéler le secret serait la mort du couvent, dont les biens sont convoités par le nouveau gouvernement communiste. La mère supérieure a cru bon de se débarrasser des premiers bébés en les confiants à Dieu (au pied d’un calvaire dans le froid de l’hiver polonais) plutôt qu’à une famille, mais elle est « punie » (je fais un raccourci qui me semble implicite dans le film) car victime d’une syphilis à un état avancé, qu’elle refuse de laisser soigner. Je trouve que ce film n’est cependant pas aussi fort que Ida, de Paweł Pawlikowski, qui abordait le thème d’une petite fille juive cachée dans un couvent polonais.

La terre et l’ombre de César Acevedo

Affiche de La Terre et l'ombre de César AcevedoMa sortie cinéma du week-end a été pour La terre et l’ombre de César Acevedo, qui a reçu la caméra d’or au dernier festival de Cannes (2015).

Le film : de nos jours en Colombie. Après une absence de 17 ans, Alfonso [Haimer Leal] revient dans sa ferme désormais isolée au milieu des champs de canne à sucre, dont elle est séparée juste par une cour et un arbre majestueux. Gerardo [Edison Raigosa], son fils, est alité, victime d’une maladie pulmonaire. Esperanza [Marleyda Soto], sa belle-fille, et Alicia [Hilda Ruiz], sa femme avec qui il est fâché, vont travailler à sa place dans les plantations de canne à sucre, Alfonso gardera son fils et Manuel [Felipe Cárdenas], son petit-fils.

Mon avis : si vous avez envie d’un film gai, n’allez pas voir celui-ci! Au fil des ans, les paysans ont été contraints de vendre leurs terres aux planteurs de canne à sucre, puis de travailler pour eux, en étant payés de manière aléatoire. Les cendres issues du brûlage des déchets retombent en pluies qui rendent l’air opaque et irrespirable, ont provoqué chez Gerardo une sorte de silicose. Et dire qu’on nous dit qu’un petit feu de jardin, ça pollue… à notre échelle, c’est ridicule, multiplié par des milliers, oui, on libère des particules dans l’air, mais comparé à ces brûlis géants, que pesons-nous ? (Allez, un petit effort, on limite quand même nos émissions). Le grand-père essaye quand même de transmettre des savoir-faire en lien avec la nature à son petit-fils: siffler comme les oiseaux, les attirer sur une mangeoire (on les entend mais ne les voit jamais), jouer avec un cerf-volant. Le film est parfois très lent, et pourtant, il ne montre pas certaines scènes que l’on attend : le cadavre est lavé, le fils lui dit adieu (scène là aussi suggestive, très belle, avec juste la main du père et une partie du visage du fils), puis le corps est emporté sans la famille dans une ambulance au milieu des flammes des brûlis, mais il n’y a pas d’enterrement. La cause du départ du grand-père il y a 17 ans, l’obstination de sa femme à rester sur place, sont sous-jacents en permanence, sans être abordés frontalement. La peine des personnages, les rancunes, les colères (cf. la grève des ouvriers agricoles aussi sont en permanence suggérés, avec de beaux plans sur les visages des personnages. À la sortie du film, je pense que vous ne mangerez plus de sucre de canne, sauf peut-être s’il est issu d’un label de production responsable (et bio… on ne montre pas les pesticides dans le film, mais ils sont aussi abondamment utilisés sur les plantations géantes)…

 

45 ans d’Andrew Haigh

Affiche de 45 ans d'Andrew Haigh

Ma sortie cinéma de la semaine a été pour 45 ans d’Andrew Haigh. Ce film est adapté de la nouvelle In Another Country de David Constantine. Les deux acteurs principaux, Tom Courtenay et Charlotte Rampling, ont reçu respectivement l’Ours d’argent du meilleur acteur et celui de la meilleure actrice au dernier festival international du film de Berlin.

Le film : de nos jours, dans la campagne anglaise. Nous sommes lundi. Samedi, Kate [Charlotte Rampling] et Geoff [Tom Courtenay] Mercer, un couple sans enfant,  fêteront leurs 45 ans de mariage avec leurs amis dans la salle des fêtes de la ville voisine. Comme chaque matin, Kate, professeur à la retraite, promène le vieux chien, Max, alors que Geoff, qui a eu un pontage il y a cinq ans, bricole à la maison. Au retour de la promenade, Geoff est perturbé, il vient de recevoir une lettre en allemand, qu’il a du mal à comprendre, mais les autorités suisses lui annoncent qu’ils ont retrouvé le corps de Katya, sa fiancé disparue dans un accident dans les Alpes… en 1962. En plein préparatifs, au fil de la semaine, Kate découvre l’importance de Katya dans la vie de celui qu’elle ne connaissait pas encore à l’époque…

Mon avis : une campagne anglaise ordinaire, un couple vieillissant « normal », et pourtant, il se dégage une ambiance particulière de ce film. Une ambiance très « british », avec le salon de thé, la réunion des vieilles dames (avec thé et petits gâteaux) sur une péniche à la découverte de l’histoire des canaux, la réunion des anciens de l’usine où a travaillé Geoff, le dîner de gala de la soirée du samedi, la pluie fine (du mercredi?), aucun doute, nous sommes en Angleterre! Une ambiance intime, les deux personnages principaux sont remarquables, faisant passer beaucoup de choses dans le non-dit, comme dans les scènes dans le grenier par exemple, ou la tentative de relation sexuelle (« ça faisait si longtemps »…). Une semaine, une heure trente pour repasser le fil d’une vie qui aurait été si différente sans cet accident survenu 50 ans plus tôt… et si différente aussi cette semaine si le glacier suisse (à cause du réchauffement climatique?) n’avait pas fait ré-apparaître ce corps.

Comme un avion de Bruno Podalydès

Affiche de Comme un avion de Bruno PodalydèsDans le cadre du « festival télérama 2016 », je suis allée voir Comme un avion de Bruno Podalydès [revoir Adieu Berthe]. Au passage, ça me fait penser qu’il faut que je vous parle d’une pièce de théâtre vue en début de saison avec Denis Podalydès

Le film : de nos jours, en banlieue parisienne. Michel [] est animateur 3D dans l’entreprise dirigée par son ami Rémi [Bruno Podalydès]. Pour ses 50 ans, sa femme Rachelle [Sandrine Kiberlain] et ses amis lui offrent des cadeaux en lien avec l’aviation, à lui qui est fou d’aérospatiale depuis son enfance. Mais voilà qu’à l’occasion d’une discussion sur les palindromes, il découvre le mot kayak… et en achète un pliable! Après des entraînements « à terre », le voilà qui embarque… Sa première escale sera pour une buvette au bord de l’eau, tenue par une veuve, Laetitia [Agnès Jaoui], et Mila [Vimala Pons], une jeune fille qu’elle héberge au fond de son terrain, avec l’aide de Christophe [Jean-Noël Brouté] et Christophe [Michel Vuillermoz]…

Mon avis : je n’avais pas vu ce film lors de sa sortie car il passait au cinéma commercial (marre de la demi-heure de pub et du niveau sonore trop fort) et j’avais été assez déçue par Adieu Berthe. Les spectateurs qui sortaient de Comme un avion projeté juste avant Phantom Boy samedi semblaient détendus : « un film sans prétention mais un bon moment de détente », me résuma un ami croisé dans la file. Plutôt bien résumé… Il y a plein de petits moments drôles, comme l’étude du manuel des Castors juniors pour apprendre à survivre sur la rivière ou les brèves apparitions de Pierre Arditi en pêcheur grognon. Le bon conseil du film, méfiez-vous de la géolocalisation des photographies par votre téléphone si vous êtes en stage de yoga chez le meilleur ami de votre mec ou si vous racontez vos exploits en kayak sans bouger d’une buvette 😉 Une bonne comédie, finalement…

les films que j’ai vus avant le festival, 8 sur 16, c’est pas mal!

– les films que j’ai vus pendant le festival

– les films que je ne verrai pas, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!

  • Life d’Anton Corbijn
  • Much loved de Nabil Ayouch
  • Birdman d’Alejandro González Iñárritu
  • Phoenix de Christian Petzold
  • Fatima de Philippe Faucon

Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin

Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud DesplechinJe n’avais pas pu voir Trois souvenirs de ma jeunesse d’ (de ce réalisateur, revoir Jimmy P. et Un conte de Noël) lors de sa sortie en salle en mai 2015, séance de rattrapage donc à l’occasion du « festival télérama 2016 ».

Le film : de nos jours, Paul Dédalus [], anthopologue, la petite cinquantaine, rentre du Tadjikistan pour prendre un poste au ministère des affaires étrangères à Paris. Il se souvient de son enfance à Roubaix, de son père [Olivier Rabourdin], représentant de commerce souvent absent, de sa mère folle, abandonnant son petit frère Ivan et sa petite sœur Delphine, il se réfugiait alors chez sa tante, apprenant le russe avec l’amie de celle-ci… Il a 11 ans lorsque sa mère se suicide. Retour à la douane, son passeport coince, un homonyme est né le même jour que lui, au même endroit, vivait en Australie jusqu’à sa mort deux ans avant. Comment est-ce possible? Il avait 16 ans, un voyage scolaire à Minsk, avec son meilleur ami, il avait passé des documents à des juifs désireux de fuir l’URSS, il avait laissé son passeport… Trois ans plus tard, en 1989. Paul [Quentin Dolmaire] est étudiant pauvre à Paris, il couche où il peut, en auberge de jeunesse, chez d’autres étudiants, étudie comme un fou pour se faire accepter de la professeur Béhanzin [Eve Doe-Bruce]. Quand il a assez d’argent et qu’il pense que son père ne sera pas là, il rentre en week-end, retrouver Ivan [Raphaël Cohen], Delphine [Lily Taïeb], son cousin Bob [Teo Fernandez], ses copains, dont Kokalvki [Pierre Andrau] qui entame des études de médecine, jusqu’à ce qu’il rencontre Esther [Lou Roy Lecollinet]… lycéenne de 16 ans, qui couche avec tous les garçons du lycée. Commence une folle histoire d’amour…

Mon avis : Mathieu Amalric apparaît peu, mais le costume d’anthropologue lui va bien (cf Jimmy P., ethnologue psychanalyste). Claude Lévy-Strauss devient un auteur à connaître si l’on va voir un film d’Arnaud Desplechin. Comme dans Jimmy P. aussi, il y a en toile de fond la judaïté, le rapport aux religions (le frère catholique mystique, des scènes avec le curé dans l’enfance et l’adolescence, une discussion entre adolescent sur l’athéisme). Les trois souvenirs sont de longueur très inégales : l’enfance et le séjour en Russie doivent faire moins de 30 minutes à eux deux, Esther occupe quasiment la dernière heure et demie. La plus grande partie du film, c’est donc Quentin Dolmaire qui incarne le personnage complexe de Paul en étudiant pauvre sérieux qui ne sait pas comment parler aux filles. En face de lui, Esther / Lou Roy Lecollinet en lycéenne dévergondée, « Marie couche-toi là » comme dit la mère de Bob. Des fêtes futiles dans la grande maison de Roubaix (mais les frère et sœur rangent le lendemain!), des centaines de lettres, des crises de désespoir d’un côté comme de l’autre, d’autres relations pour les deux mais un amour fou entre eux, et la révélation de deux jeunes acteurs! Une petite réserve sur les scènes à Douchanbe. On y entend parler russe, certes, le Tadjikistan est une ancienne république soviétique, plus de la moitié de la population est russe aujourd’hui encore, mais les vieux tadjiks que l’on aperçoit devraient parler le Tadjik, une langue proche du farsi (perse) parlé aussi au nord de l’Afghanistan (oui… j’ai travaillé sur la néolithisation précoce de hautes vallées du Tadjikistan dans un passé lointain…). Mais allez voir ce film sans réserve, il est encore temps de profiter jusqu’à mardi des séances de rattrapage du festival Télérama!

les films que j’ai vus avant le festival, 8 sur 16, c’est pas mal!

– les films que j’ai vus pendant le festival

– les films que je ne verrai pas, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!

  • Life d’Anton Corbijn
  • Much loved de Nabil Ayouch
  • Birdman d’Alejandro González Iñárritu
  • Phoenix de Christian Petzold
  • Fatima de Philippe Faucon

Phantom Boy, d’Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli

Affiche de Phantom Boy, d'Alain Gagnol et Jean-Loup FelicioliJ’ai commencé mon week-end « festival télérama 2016 » avec le dessin animé jeune public, Phantom Boy, d’Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli. Les noms entre crochets sont donc ceux des acteurs qui donnent leurs voix aux personnages.

Le film : à New York, de nos jours. Depuis qu’il est atteint d’un cancer, Leo [Gaspard Gagnol], 11 ans, possède l’étrange pouvoir de sortir de son corps et de survoler la ville. Seule Titi, sa petite sœur [Noah X], connaît son secret. Hospitalisé pour une nouvelle chimiothérapie, il ramène les âmes égarées vers leur corps et tombe un jour sur celle d’un policier, Alex [Édouard Baer], grièvement blessé alors qu’il était tombé par hasard sur le port sur un bandit, « l’homme au visage cassé » [Jean-Pierre Marielle], qui menace de lancer un virus informatique pour détruire tous les systèmes de la ville s’il ne reçoit pas une rançon d’ici 24 heures. Mais le commissaire refuse de croire Alex, le flic casse-pied (et casse-matériel), aussi s’allie-t-il avec une journaliste, Mary [Audrey Tautou] et le petit garçon pour sauver la ville… avec l’aide de son indic gaffeur, la Taupe [Jackie Berroyer].

Mon avis : un très beau dessin animé, avec ce qu’il faut pour faire peur aux grands et aux petits… jusqu’à la fin! Les enfants juste derrière ne bougeaient plus du tout dans les dernières minutes 😉 Il faut dire que le dessin est très beau, avec les survols de New-York et des docks, qu’il y a un savant dosage entre les gentils et les méchants, plein d’humour, le petit chien infernal a beaucoup de succès auprès des petits, le tout dans un bain de musique [de Serge Besset] entraînant. En plus, les adultes aimeront l’ambiance « comics », omniprésente… N’hésitez pas à y aller en famille!

les films que j’ai vus avant le festival, 8 sur 16, c’est pas mal!

– les films que j’ai vus pendant le festival

– les films que je ne verrai pas, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!

  • Life d’Anton Corbijn
  • Much loved de Nabil Ayouch
  • Birdman d’Alejandro González Iñárritu
  • Phoenix de Christian Petzold
  • Fatima de Philippe Faucon

En route pour le festival Télérama 2016

Affiche du festival Télérama 2016Le festival Télérama 2016 commencera mercredi 20 janvier et se poursuivra jusqu’au 26… toujours le même principe, 15 films sélectionnés plus un jeune public, à 3,50 euros dans les cinémas d’art et essai participants… et en vous munissant du bon qui sera dans les Télérama du 13 et du 20 janvier 2016. Je suis pas mal allée au cinéma cette année et j’ai vu un certain nombre de films de la sélection. Il y a aussi deux films dont je ne vous ai pas parlé, Marguerite de Xavier Giannoli et La loi du marché de Stéphane Brizé, vous trouverez mes avis sous les films de la sélection.

Comme en 2015, 2014, 2013, 2012, 2011, 2010 et 2009, il y a:

les films que j’ai vus avant le festival, 8 sur 16, c’est pas mal!

– les films que j’ai vus pendant le festival

– les films que je ne verrai pas, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!

  • Life d’Anton Corbijn
  • Much loved de Nabil Ayouch
  • Birdman d’Alejandro González Iñárritu
  • Phoenix de Christian Petzold
  • Fatima de Philippe Faucon

Marguerite de Xavier Giannoli

Affiche de Marguerite de Xavier GiannoliL’histoire : à Paris dans les années 1920. Marguerite Dumont [Catherine Frot] chante pour ses amis pour des œuvres de bienfaisances. Elle chante faux mais ne s’en rend pas compte, personne n’ose le lui dire, surtout pas Madelbos, son majordome [Denis Mpunga] qui la photographie dans chacun de ses rôles. Elle est même encouragée par le journaliste Lucien Beaumont [Sylvain Dieuaide] et son ami, l’artiste d’avant-garde Kyril von Priest [Aubert Fenoy].Et voilà qu’elle veut se produire à l’opéra. Georges, son mari [André Marcon], qui l’a épousé pour sa fortune, engage un professeur de chant, Atos Pezzini [Michel Fau], ancien chanteur sur la fin de sa carrière, qui débarque avec son gigolo, une femme à barbe et un ­pianiste…

Mon avis : Xavier Giannoli a transposé dans les années 1920 à Paris l’histoire de Florence Foster Jenkins (1868-1944) à New-York. Si beaucoup de critiques ont loué la performance de Catherine Frot, avec sa voix cassée, j’ai trouvé celle-ci insupportable et me suis vraiment ennuyée… presque pendant les 2 heures du film. Les leçons sont interminables, les exploits de l’équipe de bras cassés qui essayent de profiter de l’argent de Marguerite traînent en longueur. Deux personnages passés sous silence par la critique sortent néanmoins du lot pour moi, le majordome et le médecin qui tente de soigner sa voix.

La Loi du marché de Stéphane Brizé

Affiche de La Loi du marché de Stéphane BrizéL’histoire : de nos jours… Après quinze mois de chômage, Thierry [Vincent Lindon], 51 ans, a du mal à vivre avec sa femme [Karine de Mirbeck] et Matthieu [Matthieu Schaller], leur fils adolescent infirme moteur cérébral. Aussi, quand le conseiller de Pôle Emploi [Yves Ory], après plusieurs propositions décalées, lui propose un poste de vigile dans un supermarché, il ne peut pas refuser. Le voici à devoir fliquer plus ses nouveaux collègues que les clients. Alors que son couple vacille, il doit faire des choix, accepter d’être du côté du patron [Saïd Aïssaoui] pour garder son emploi ou refuser des délations infamantes pour ses collègues caissières [Gisèle Gerwig, Françoise Anselmi, Sakina Toilibou].

Mon avis : toute la critique s’est extasiée sur cette histoire qui retrace un monde du travail cruel, et sur le rôle de Vincent Lindon (récompensé au festival de Cannes). Oui, des patrons qui font licencier une caissière pour avoir utiliser un coupon de réduction, ça s’est vu (mais les prud’hommes ont été saisis), oui, il y a du flicage et des suicides au travail, oui, certains patrons exercent des pressions pour faire démissionner le personnel plutôt que de payer le licenciement, mais franchement, j’ai trouvé que beaucoup de scènes sonnaient faux (l’entretien d’embauche via Skype existe peut-être, mais la scène manque de crédibilité, comme beaucoup d’autres), et que l’histoire était très en-deçà de ce que j’ai pu voir dans des films documentaires dans le cadre du festival Filmer le travail, dont le point fort de la septième édition aura lieu début février (une semaine de films et de débats, expositions, etc.), ce festival propose des films souvent suivi d’un débat toute l’année en collaboration avec les salles d’art et essai à Poitiers.

Béliers de Grímur Hákonarson

affiche de Béliers de Grímur HákonarsonJe suis allée voir Béliers, de Grímur Hákonarson, lors de sa sortie il y a un mois. Il a reçu le prix Un certain regard au festival de Cannes 2015.

L’histoire : en Islande, un concours d’éleveurs de moutons oppose notamment deux frères sexagénaires et célibataires, Gummi [Sigurður Sigurjónsson] et Kiddi [Theodór Júlíusson], fâchés depuis 40 ans, mais qui habitent à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre. Kiddi gagne le concours, mais son frère soupçonne l’apparition d’un cas de tremblante du mouton dans son élevage et le dénonce aux services vétérinaires. Les tests sont positifs, tous les moutons de la vallée doivent être abattus. Kiddi tente de résister, alors qu’en apparence, Gummi se soumet…

Mon avis : l’Islande en été ou au printemps, c’est séduisant… L’hiver est plus rude. Les polars et autres romans islandais nous ont habitués au blizzard, mais dans ce film, il prend toute sa matérialité, dans une longue scène qui a fait frissonner les spectateurs (ah la suggestion!). Deux méthodes de réchauffement pour l’hypothermie sont montrées avec toute leur ampleur dramatique, le bain chaud et le peau à peau dans un igloo de fortune… Le film ne révèle pas la cause de la fâcherie des frères, mais montre sa ténacité. La dure condition des éleveurs aussi, des éleveurs traditionnels qui refusent, comme dans d’autres contrées islandaises, de doper leurs bêtes aux hormones. Mais le débat fait rage entre eux: reconstruire un élevage? Partir et reconstruire sa vie ailleurs? Tenir tête aux services vétérinaires. Je me souviens d’un cas d’épizootie de fièvre aphteuse dans le Confolentais, apparue avec des moutons importés illégalement d’Angleterre par un éleveur, les charniers étaient recouverts de chaux avant d’être enterrés dans de grandes fosses sur place, les voitures roulaient dans les pédiluves (euh… pédiluves pour les roues???) de désinfectant en entrant dans la zone, mais les médias n’avaient pas vraiment abordé les conséquences à plus long terme pour ces éleveurs (pas plus que pour ceux touchés par la vache folle ou ceux qui aujourd’hui luttent contre la grippe aviaire).

Allez voir ce film si possible au cinéma plutôt que d’attendre son passage en DVD ou à la télévision, la grande scène dans le blizzard mérite d’être sur grand écran enrobé du son de la tempête… Le dernier plan aussi ne doit pas donner toute sa force sur petit écran… Allez, vite, au cinéma!