Archives par étiquette : Belgique

La hache et le fusil (1) de Servais

Couverture de La hache et le fusil, tome 1, de Servais pioche-en-bib.jpgJe poursuis la découverte du bac consacré à Servais à la médiathèque. Après Le jardin des glaces, voici la hache et le fusil… le tome 1, pour le tome 2, il faut suivre le lien…

Le livre : La mémoire des arbres, tome 1, La hache et le fusil, tome 1 de Jean-Claude Servais (dessin), Jean-Claude Servais, Gérard Frippiat et Jean-Claude Bissot (scénario) et Émile Jadoul (couleurs), collection Repérages, éditions Dupuis, 1994, 56 pages, ISBN 978-2800121300.

L’histoire : dans la campagne belge, en août 1964. Une jeune fille en pleurs dans une cabane dans les bois, un homme rondouillard et menotté mène les gendarmes vers cette cabane. Une dame plus âgée, en attelage de chien, vient ravitailler dans les bois un homme qui semble être le fugitif recherché… Petit retour en arrière, été 1929. Près d’un camp de roulottes habité par des bûcherons, qui vivent aussi de charronnage de bêtes décédées chez les éleveurs, un notaire riche bruxellois, Henry, vient passer ses loisirs., un bébé naît dans le camps de nomades. 1934, à Bruxelles, le notaire épouse en grande noce Marie-Astrid, qui mène une vie citadine agréable et confortable, elle profite de la vie et trompe son mari. Pendant la guerre, la jeune femme se réfugie à la campagne dans la propriété de son époux, resté à Bruxelles, où il traficote et mourra… Marie-Astrid fait la connaissance d’un jeune bûcheron (celui qui est né au début de l’album), Robert, beaucoup plus jeune qu’elle, illettré (elle va essayer de lui apprendre à lire et écrire). Caprice de riche veuve? Elle l’épouse, mais vivront-ils heureux longtemps?

Mon avis : j’ai beaucoup aimé le scénario et le graphisme de cet album librement inspiré d’une histoire vraie, l’affaire Champenois. J’attends avec impatience de trouver la suite à la médiathèque.

De Jean-Claude Servais, j’ai lu :

Logo du classement BD de Yaneck Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Le baobab fou de Ken Bugul

Couverture du Baobab fou de Ken Bugul pioche-en-bib.jpgJ’ai pris ce livre sur une sélection de livres acquis récemment par la médiathèque. Il a été écrit par Ken Bugul, pseudonyme (qui veut dire « personne n’en veut » en wolof) de Mariètou Mbaye Bilèoma, née à Maleme Hodar au Sénégal en 1948.

Le livre : Le baobab fou de Ken Bugul, éditions Présence africaine, 2010, 222 pages, ISBN 978-2-7087-0803-7 (première édition en 1982).

L’histoire : dans les années 1950, dans le village de Ndoucoumane au Sénégal. Une petite fille vit avec son frère à l’ombre d’un baobab. Un jour, sa mère s’en va, sans qu’elle comprenne pourquoi… Nous la retrouvons une vingtaine d’année plus tard à Bruxelles, elle a reçu une bourse pour poursuivre ses études en Belgique. Débarquée dans une institution catholique, elle part vite vivre en colocation avec une jeune fille rencontrée dans ce foyer. Le choc des cultures, pas bien préparée, elle voit vite la différence entre ce qu’elle a lu de l’Europe dans les livres et la vie réelle. Elle commence par dépenser une partie de sa bourse en achats divers… très vite, elle fréquente le milieu artistique, mais plus l’école où elle est inscrite, tombe dans la prostitution pour payer sa drogue… tout en restant très lucide sur sa vie, entre plaisirs des fêtes et piège de la drogue.

Mon avis : un récit autobiographique très beau, très fort… Sexe, drogue, homosexualité, désillusion par rapport à l’image de l’Europe, mais aussi amitiés, fêtes, vie dans le milieu artistique de la fin des années 1970, ce livre ne laisse pas le lecteur indifférent. Le retour sur l’enfance, en fin de récit, éclaire beaucoup le début… Au passage, dans le contexte actuel belge, elle signale le sort d’un de ses amis africains. Repéré un jour par un religieux qui lui propose de lui payer ses études s’il vient dans son couvent, ce dernier vient dès le lendemain dans sa chambre lui demander un « paiement en nature »… Le jeune homme réussit à s’enfuir, renonce aux études, mais n’en sort pas indemne.

Pour aller plus loin et comprendre le rejet que ce livre a suscité dans le milieu littéraire africain, je vous propose de lire l’avis de l’écrivain Sokhna Benga.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre du Sénégal, même si l’auteure habite aujourd’hui au Bénin.

Le jardin des glaces, de Servais

pioche-en-bib.jpg Couverture du jardin des glaces de Servais Dans un commentaire, Clob / Miss fil broderie me conseillait la lecture des albums de Jean-Claude Servais. Plusieurs étaient présents dans les bacs de la médiathèque, après les avoir feuilleté rapidement, j’ai choisi celui-ci.

Le livre : Le jardin des glaces, de Jean-Claude Servais (scénario, dessins et couleurs), collection Aire Libre, éditions Dupuis, 84 pages, 2008, ISBN 9782800141107.

L’histoire : aujourd’hui, dans un jardin quelque part en Belgique. Dans son jardin, un vieil homme cultive, entretient, prend des notes dans son cahier de jardinier. Un peu bourru, malade, chouchouté par sa femme. Un jour, une étudiante, Barbara, débarque, elle veut des informations sur ses expéditions polaires, et surtout la dernière, il y a seize ans, qui s’est mal terminée, avec la mort de son équipier. À cause du réchauffement climatique, qui a ouvert des chenaux libres de glace et entraîné l’errance des ours blancs ? D’abord reçue par la femme, Barbara réussi à apprivoiser peu à peu Arnold Francart.

Mon avis : j’ai adoré aussi bien le graphisme que le scénario, le mélange entre le jardin aujourd’hui et les expéditions polaires il y a 16 ans et plus… Les dessins du jardin sont en plus très détaillés, j’ai beaucoup aimé de le suivre au fil des saisons. Et puis, l’histoire secrète, intime de cette expédition réserve un coup de théâtre à la fin, chut, il va falloir que vous lisiez cet album pour le découvrir.

Pour aller plus loin : voir le blog officiel de Jean-Claude Servais (pas de mise à jour récente, sauf pour les séances de dédicace).

De Jean-Claude Servais, j’ai lu :

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Le silence de Lorna, de Jean-Pierre et Luc Dardenne

C’est le premier film que j’ai vu dans le cadre de la semaine du festival Télérama. Le silence de Lorna, de , a obtenu le prix du scénario au festival de Cannes en 2009 [en 2011, j’ai aussi vu Gamin au vélo des frères Dardenne puis Deux jours une nuit, La fille inconnue].

L’histoire : Liège. Une jeune albanaise, Lorna (Arta Dobroshi), vient d’épouser Claudy (Jérémie Renier), drogué. Il s’agit d’un mariage blanc organisé par la mafia albanaise. Un premier mariage pour lequel la jeune femme paye un drogué, obtient des papiers belges, puis, si tout se passe bien, une fois divorcée ou veuve, elle doit épouser un Russe, elle touchera alors l’argent du mariage (moins la commission de la mafia), et quand ce dernier aura obtenu la nationalité belge, elle le quittera pour retrouver son vrai petit ami albanais, Sokol. Sauf que bien sûr, tout ne se passe pas comme prévu… car Claudy veut se faire désintoxiquer.

Mon avis : comme ça, au débotté, je dirais que j’ai préféré le livre Éric-Emmanuel Schmitt, Ulysse from Bagdad , à ce film. Le sujet s’en rapproche, un émigré qui cherche un monde meilleur, mais l’approche n’y est pas que mafieuse… Cependant, c’est un film qui m’a bien plu, pas très optimiste sur l’exploitation de l’homme par l’homme, encore moins quand l’ami de Lorna (son amoureux albanais) gagne de l’argent en allant se faire irradier pendant une minute dans le cœur d’un réacteur nucléaire… Arta Dobroshi (Lorna) est sublime.
Il a été sélectionné pour le César 2009 du meilleur film étranger, mais c’est Valse avec Bachir d’Ari Folman qui l’a reçu.

Pour les 15 films du festival Télérama, ils se partagent en quatre catégories :

Ceux que j’ai vus et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au théâtre

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au Dietrich

Ceux que je n’irai pas voir, sauf si vous avez des arguments pour me convaincre d’y aller…

  • À bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson
  • L’heure d’été d’Olivier Assayas
  • Home d’Ursula Meier, finalement vu au Dietrich
  • Into the Wild de Sean Pen
  • Juno de Jason Reitman
  • There will be blood de Paul Thomas Anderson

 

Les plages d’Agnès, d’Agnès Varda

Poitiers, le TAP cinéma

Si l’on excepte le film de Charles Vanel (Dans la nuit, 1929), cela fait trois mois que je ne suis pas allée au cinéma (depuis Faubourg 36 de Barratier), ce n’est pas dans mes habitudes !

Chose réparée hier soir au TAP cinéma avec Les plages d’Agnès d’Agnès Varda [voir aussi de la même auteure Jane B[irkin]], présenté cette année à la 65e mostra de Venise. Je serais bien allée à la soirée couplée avec Bon anniversaire Agnès, huit courts métrages réalisés pour les 80 ans d’Agnès Varda, mais c’était en même temps que la soirée contre le créationnisme. C’est vraiment un film à voir absolument. Ça commence sur une plage du sud de la Belgique (la Plagne ? Elle y ressemble fort, à moins que ce ne soit du côté de Dunkerque…). Puis Agnès Varda revient sur 60 ans de photographies, de films, les siens, ceux de Jacques Demy, son ami. Entre séquences tournées pour ce film (la plage de la rue Daguerre à Paris est extra !), Sète, la Californie, elle nous montre aussi son engagement féministe, du Manifeste des 343 salopes (les signataires d’une célèbre pétition parue le 5 avril 1971 dans le Nouvel observateur pour la libéralisation de l’avortement) à Ni putes ni soumises. Je regrette vraiment de ne pas avoir vu son exposition à la fondation Cartier en 2006, les images montrées dans le film montrent que ce fut un événement important.

Il faut absolument voir ce film, dans les extraits, vous verrez des dizaines d’acteurs et artistes avec qui Agnès Varda a travaillé depuis 60 ans… Après le film, après le générique, la salle est restée longtemps silencieuse, personne ne semblait vouloir être le premier à sortir, un peu comme pour prolonger la projection.

Si vous n’y allez pas, ressortez les films de Varda de votre médiathèque… Il doit bien y en avoir.

Post-scriptum du 28 décembre 2008 : miracle, pour une fois, ce film a trouvé grâce aux yeux de tous les critiques du Masque et la plume sur France Inter !

Le film a reçu le César 2009 du meilleur film documentaire.

Pour les 15 films du festival Télérama, ils se partagent en quatre catégories :

Ceux que j’ai vus et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au théâtre

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au Dietrich

Ceux que je n’irai pas voir, sauf si vous avez des arguments pour me convaincre d’y aller…

  • À bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson
  • L’heure d’été d’Olivier Assayas
  • Home d’Ursula Meier, finalement vu au Dietrich
  • Into the Wild de Sean Pen
  • Juno de Jason Reitman
  • There will be blood de Paul Thomas Anderson

Musée du Quai Branly à Paris contre musée royal d’Afrique à Bruxelles

Façade Sur Seine du musée du Quai Branly Lors de mon marathon parisien mi août, j’étais passée au musée du Quai Branly, où a toujours lieu l’exposition-dossier Planète métisse dont je vous ai déjà parlé. Je viens de recevoir à corriger les épreuves d’un article pour un colloque auquel j’ai participé l’année dernière à Bruxelles. À cette occasion, j’avais prolongé le séjour le week-end et mon père m’avait rejoint le dimanche. Nous avions alors visité le musée royal d’Afrique centrale à Tervuren. Alors, cela m’a donné envie de faire une petite comparaison… L’histoire coloniale de la France et de la Belgique est à l’origine de la constitution de la plus grande partie de ces deux collections, alors pourquoi ne pas les comparer ?


Domaine Musée du Quai Branly à Paris Musée royal d’Afrique centrale à Bruxelles
Accès Soit à pied par les quais de la Seine, soit par le métro, avec le flux des visiteurs de la Tour Eiffel voisine Par un charmant trajet dans un vieux tramway à travers la banlieue bruxelloise (prévoir une bonne demi-heure depuis le parc du centenaire)
Architecture Résolument contemporaine, due à Jean Nouvel Dans un château daté de 1910 qui fait l’objet d’un projet de rénovation, travaux à partir de 2010 sans fermeture du musée
Environnement Un jardin contemporain de Gilles Clément et la Seine Un grand parc, avec étang, canal et de nombreux visiteurs. Idéal pour une promenade ou un pique-nique.
Les collections Sur tous les continents à part l’Europe Sur l’Afrique centrale et notamment le Congo
La présentation Résolument Beaux-Arts, ceux qui veulent avoir une idée du fonctionnement des objets ou de leur fabrication, etc., doivent regarder des films sur de minuscules écrans sans confort le plus souvent (debout, avec les bruits de la salle et des autres visiteurs). De belles vitrines, de beaux soclages, un bel emballage pour de beaux objets sans vie Des vitrines à l’ancienne, mais des fiches pédagogiques qui mettent l’accent sur le côté ethnographique
Le restaurant Chic, branché et un peu cher, avec peu de choix, et une partie seulement de la carte rappelle le thème du musée Façon cafétéria pour le service, mais plats variés, copieux et pas chers. Des plats africains, c’était excellent

Les deux se complètent bien, en fait… L’un ultra moderne et qui oublie que ces objets ont eu une vie. L’autre au charmant charme désuet. Pour mes amies lectrices belges, n’hésitez pas à aller à Tervuren si vous ne connaissez pas ! Et vous me raconterez votre impression.

Cinéma : Bons baisers de Bruges

Affiche de Bons baisers de Bruges, de Martin McDonaghLe troisième film que j’ai vu dimanche dernier dans le cadre de la fête du cinéma, après Valse avec Bachir et Française, c’est Bons baisers de Bruges, réalisé par Martin McDonagh.

Deux tueurs à gages anglais, Ray (Colin Farrell) et Ken (Brendan Gleeson) se réfugient à Bruges après une affaire qui a mal tourné à Londres. Ils sont censés y attendre les ordres de leur patron, Harry (Ralph Fiennes). Le premier déteste cette ville et ses monuments alors que le second se délecte des canaux, des vieilles maisons et autre musée. Il manque un élément à ces clichés sur Bruges : aucune dentelière ni aucun marchand de souvenir en vue.

Pour la suite de l’histoire, vous devrez aller voir le film !

Encore une fois, le cinéma commercial du centre-ville de Poitiers n’a pas respecté cette œuvre en rallumant la lumière avant la fin du générique. Ce n’est pas un grand film, si ce n’avait pas été la fête du cinéma, je ne serai probablement pas allé le voir, il avait une bonne critique dans Télérama, et certaines scènes sont bien vues. À voir pour se détendre un moment, absolument à l’opposé de Valse avec Bachir d’Ari Folman, qui avait laissé en fin de séance la salle complètement muette et abasourdie bien après la fin du générique…

Lecture : Françoise Laborde, Dix jours en mars à Bruxelles

Couverture de Dix jours à Bruxelles de Françoise Laborde Samedi dernier, j’ai trouvé chez un soldeur de livres rue Saint-Martin à Paris Dix jours en mars à Bruxelles, de Françoise Laborde, dans la collection Poche / Roman, n° 10, de Ramsay (publié en 1006, ISBN 2-84114-786-X). Le titre est impropre, l’histoire se déroulant du 6 au 22 mars 1999. Ce roman permet de comprendre en douceur les relations entre le parlement européen, la commission, le conseil des ministres, le conseil de l’Europe et l’Otan.

Le début de l’histoire : alors que se dessine la guerre au Kosovo, avec des discussions diplomatiques et des pressions diverses, une attachée de presse au parlement européen, Patricia, accompagne une amie – en fait une call-girl – pour un week-end chaud dans les Ardennes. Elles arrivent trop tôt, et Patricia surprend une scène pédophile. Elle fuit, son amie est retrouvée morte le lendemain… Elle va essayer de monnayer la vie sauve contre la menace de révélations sur divers personnages, avec en arrière plan la démission de la commission suite à du népotisme de la part de l’une des commissaires (son nom est changé dans le roman, mais vous la reconnaîtrez…).

L’histoire est plutôt bien écrite, facile à lire, même si ce n’est pas de la grande littérature. Je regrette cependant qu’il ne soit rapidement plus fait allusion au point de départ, le réseau pédophile dans les milieux huppés qui tournent autour des institutions internationales présentes à Bruxelles.