Un beau dimanche de Nicole Garcia

Affiche de Un beau dimanche de Nicole GarciaNouvelle sortie au cinéma avec Un beau dimanche de Nicole Garcia. Une séance désagréable, toilettes bouchées au Castille à Poitiers, relents d’égouts pendant tout le film…

Le film : A la veille du week-end de la Pentecôte, près de Montpellier. Baptiste [Pierre Rochefort], instituteur remplaçant, s’aperçoit que l’un de ses élèves de CM2, Mathias [Mathias Brézot], est resté sur le trottoir. Son père a oublié de venir le chercher et a programmé un week-end avec sa copine. Baptiste se propose de le garder. Le lendemain, il l’emmène à la plage, où sa mère, Sandra [Louise Bourgoin], travaille comme saisonnière dans un restaurant. Mère intermittente, elle n’a pas prévu de garder son fils… Elle propose à Baptiste de passer le week-end avec eux, en gardant Mathias et en profitant de la plage. Elle est rattrapée par une dette de 50.000€, menacée par ceux qui lui ont avancé cette somme pour ouvrir un restaurant à Saint-Barthélemy. Baptiste propose de l’aider, et pour cela, renoue avec sa riche famille qu’il n’a pas vue depuis des années… pour des raisons que vous découvrirez en allant voir le film!

Mon avis : Nicole Garcia prend le temps d’installer son film, ses personnages, sauf pour l’introduction. Je n’ai pas bien compris la toute première scène, l’évacuation d’un squatt, manque de repère, qui est concerné, on ne le sait qu’après, sans doute, mais je n’ai pas bien fixé les personnages en ce début de film (oui, ma vue est encore floue et mon cerveau parfois lent), et donc pas fait le rapprochement avec la suite, un peu frustrant. La première partie montre la vie compliquée d’un petit garçon balloté entre ses parents qui se le passent comme un fardeau. La deuxième partie, dans la riche famille de Baptiste, montre un choc des cultures et le choix de vie de ce dernier, les raisons de sa rupture, l’incompréhension qui persiste des années après et explique pourquoi il ne se fixe nulle part, préfère changer de poste de remplacement en remplacement, refusant une titularisation. Pierre Rochefort (dans le civil fils de Nicole Garcia, la réalisatrice, et de Jean Rochefort) et  (revoir mon avis sur La fille de Monaco) sont excellents dans leurs rôles respectifs.

Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 2. La circulation

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à MouchinJe continue à vous faire découvrir le numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur , dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Après les douaniers, voici la circulation… A méditer pour ceux qui veulent revenir sur la libre circulation en Europe. Qui se plaint des taxes??? les garçons d’une école primaire, méthode Freinet (au moins pour cet atelier d’écriture), au milieu des années 1930 dans un petit village du Nord… [PS: et si vous voulez continuer sur le thème du tabac, vous pouvez voir les publicités des années 1960-1970 publiées le même jour par Pourquoi pas Poitiers].

Et un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 3 (bas) et 4

La circulation

la route de Douai à Tournai, passage de l'ancien poste frontière de Mouchin, cliché Lucien Dujardin

La route de Douai à Tournai, passage de l’ancien poste frontière de Mouchin, cliché Lucien Dujardin

Pour aller en Belgique, de Mouchin, une seule route est ouverte à la circulation automobile, hippomobile ou cycliste. C’est la route nationale de Douai à Tournai, qui franchit la frontière à Bercu. L’est la route « légale ».

Le passage de la frontière au Bas-Préau à Mouchin, cliché Lucien Dujardin

Le passage de la frontière au Bas-Préau à Mouchin, cliché Lucien Dujardin

La route du « Bas-Préau » est interdite aux voitures de toutes sortes, comme aux vélos. Seuls les piétons sont autorisés à circuler.
Les piétons, en plus des routes citées ci-dessus, peuvent se rendre en Belgique par de nombreux sentiers. Ils n’ont besoin d’aucun papier. Mais on les fouille et on les interroge quand ils rentrent en France:
– Vous n’avez rien à déclarer? Pas de tabac? Pas de cigarettes? Pas d’allumettes?
Les automobilistes doivent être munis d’un « tryptique » [sic] valable un an (coût: 60 francs). Ce tryptique [sic] est délivré par les soins d’un « automobile club » quelconque dont il faut faire partie.
Il faut ensuite, à l’automobiliste qui veut se rendre en Belgique, un permis international de conduite (20 fr.), un carnet fiscal de passages (10 francs), un carnet à souches (5 fr.), et il doit encore acquitter 8fr.40 de taxes diverses.
Tout cela est bien cher… et bien compliqué!
Les cyclistes doivent avoir leur vélo plombé. Cette opération se fait une fois par an et oblige le propriétaire du vélo à acquitter un droit fixe de 3 francs (prix du plomb).

Voir la suite: la fraude en auto, la fraude avec les chiens, les gendarmes, une belle ruse, le passage à niveau et un pauvre chien et les dernières pages consacrées à d’autres ruses.

On ne peut pas être heureux tout le temps, de Françoise Giroud

Logo de pioché en bibliothèqueOn ne peut pas être heureux tout le temps, de Françoise GiroudJe continue l’exploration du rayon « large vision » de la médiathèque.

Le livre: On ne peut pas être heureux tout le temps, de Françoise Giroud, éditions Fayard, 2001 286 pages, ISBN 9782213608198 (lu en large vision aux éditions Feryane).

Quatrième de couverture:

« L’idée d’écrire ce livre m’est venue un jour où je pestais contre de petites infirmités de vieillesse et où j’ai laissé tomber un carton plein de photos. J’en ai accumulé en tous genres, avec les gens célèbres que j’ai interviewés dans quantité de circonstances de ma vie publique. Je me disposais à jeter tout cela et puis une photo décolorée, une Polaroïd m’a accroché l’oeil. Elle fixait un moment que j’avais complètement oublié et qui résonnait avec le présent. J’ai pensé que j’allais m’en emparer et, à partir de là, voyager dans le passé en zigzags, au gré des photos qui me tomberaient sous la main… j’ai connu de grandes douleurs, de grands malheurs -on ne peut pas être heureux tout le temps- de grandes amours, des honneurs aussi… »

Mon avis: Françoise Giroud est décédée il y a plus de dix ans maintenant (le 19 janvier 2003), des suites d’une mauvaise chute. Dans ce livre écrit à 85 ans, elle revient, au gré de la redécouverte de photographies échappées d’une boîte tombée par terre, sur l’ensemble de sa vie. On y croise de nombreux journalistes bien sûr, et en premier lieu Jean-Jacques Servan-Schreiber, L’Express, Elle, Giscard dont elle fut la secrétaire d’Etat à la culture (gouvernement Barre, avec un récit assez drôle de l’inauguration du centre Pompidou) puis de la condition féminine (gouvernement Chirac), sa soeur, Douce, résistante et déportée, décédée quelques années après son retour, ses amis, ses amants. Des récits de quelques pages émergés de photographies, sans ordre chronologique, un peu comme les portraits qu’elle a dressés dans l’Express jadis. Mais je dois avouer que j’ai parfois eu du mal à m’accrocher au texte (somnolence d’après sieste?)…

Un coussin au crochet de Maryse

Le coussin au crochet de Maryse, rectoAprès le plaid, Maryse a poursuivi son activité au crochet avec un coussin… Voici son texte, en attendant un deuxième coussin qu’elle a bien avancé!

COUSSIN N°1 par Maryse

Laine Katia, marathon yarn, 75°/° acrylique, 25°/° laine

J’ai choisi de faire deux coussins assortis aux couleurs du Granny plaid. Voici le premier pour lequel j’ai privilégié l’écru.

Le coussin au crochet de Maryse, détail du point côté face Pour le faire j’ai choisi de faire un effet tissage: après avoir fait 1 rang en ms écru et 1 rang en brides simples (toujours en écru), j’ai fait un 3ème rang de couleur verte comme suit: 1 ms dans la 1è bride, 2m. en l’air, sauter 2 brides, 1ms dans la suivante, tout le rang ainsi. Puis le 4ème rang: 3 dbrides dans l’espace des 2 m. en l’air. 5ème rang: comme le 3ème mais en changeant de couleur…..tous les rangs impairs sont en couleur en alternant régulièrement les coloris.

Le coussin au crochet de Maryse, le dosPour l’envers, j’ai fait les mêmes points mais tout en écru ainsi que pour le rabat pour lequel j’ai terminé par des boutonnières. J’ai choisi des jolis boutons de couleurs et de tailles différentes.

J’ai assemblé les bords au crochet en ms.

Les dimensions du coussin: un peu plus de 40cm de côté, et 15 cm pour le rabat.

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, vue généraleJe n’ai quasiment pas bougé de Poitiers depuis juillet dernier, mais j’ai plein de photographies en stock… Direction aujourd’hui, avec des clichés pris en octobre 2011, sur le pont de Verdun.

 

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, dédicaceLe monument est dédié « à / Beaurepaire » et porte la mention « 14 juillet 1889/ De Guignard Maire ». Si l’on se réfère à la fiche de la base de données e-monumen, un premier projet de 1836, par Louis David d’Angers, n’a pas abouti, un piédestal dont la première pierre est posée en 1848 reste vide. Un nouveau projet, en 1881, aboutit à l’érection de ce monument inauguré le 14 juillet 1889 par le Dr Guignard, porteur du projet depuis plusieurs années alors qu’il n’était que conseiller municipal. Nicolas-Joseph Beaurepaire (Coulommiers, 1740 – Verdun, 1792) fut officier sous l’Ancien Régime puis au début de la Révolution, a pris sa retraite en Anjou en 1791 avant de « rempiler » quelques mois plus tard à la tête du bataillon des volontaires de Mayenne-et-Loire et de se retrouver à Verdun, bientôt assiégée par les Prussiens où il trouve la mort le 2 septembre 1792 au moment de la reddition de la ville (assassiné ou suicidé, les versions divergent). Il aurait dû faire partie de « l’armée de généraux » qui peuplent le Panthéon à Paris, mais son corps ne fut pas retrouvé au moment du transfert…

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, signature de Maximilien Bourgeois

La ville d’Angers a choisi de reproduire le monument érigé à Coulommiers, la ville natale de Beaurepaire, avec une statue en pied de Maximilien [Louis] Bourgeois (Paris, 1839 – Paris, 1901) présentée au salon des artistes français de 1884 sous le n° 3310. Comme beaucoup de statues en bronze, elle fut fondue en 1942 sous le régime de Vichy. Un nouveau tirage est réalisé et inauguré en 1987 (d’après le modèle en plâtre aujourd’hui conservé au musée municipal des Capucins à Coulommiers?). La signature porte la trace de cette péripétie: Il porte la signature « Max(lien) Bourgeois scup(t) / Fond. Joly Nantes ». La statue de Coulommiers a également été fondue en 1942…

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, trois vues, de trois quarts et de côtéIl est représenté en uniforme, debout, en appui de la main gauche sur son épée reposant au sol, bras droit ramené sur la poitrine, poing serré.

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, vue de profil avec la tableDerrière lui se trouve une table où est étalée une carte avec la mention « France », sur laquelle sont posés un pistolet, une plume, de l’encre et des feuilles de papier.

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, détail du visageOh, il a l’air bien sévère et pas commode, le sieur Beaurepaire avec ses sourcils froncés…

 

 

 

 

Noël 2013… par Marlie!

Carte brodée d'un pingouinEn vérifiant les articles que j’ai écrits ces dernières semaines, je m’aperçois que je ne vous ai pas montré les derniers envois de Marlie! Surtout, n’hésitez pas à aller lui rendre visite sur son blog, il est encore temps je pense de vous inscrire pour le concours d’idées 2014 de Nans-sous-Sainte-Anne (le premier lien vous mènera chez Marlie, le deuxième lien à mes participations de ces dernières années)… La carte bordée d’un pingouin vient du « Bon point lédonien », club de broderie de Lons-le-Saunier.

Envoi de cartes à publicité de Marlie, décembre 2013Elle y avait joint un bel envoi de cartes à publicité…

Envoi de cartes à publicité de Marlie, novembre 2013… comme en novembre, sur le Jura mais aussi sur Dijon (le musée d’art sacré et le musée de la vie bourguignonne dont je vous ai brièvement parlé il y a fort longtemps), et une « belle truelle » (un modèle forgé, préféré par les archéologues même s’il faut s’approvisionner en Angleterre) invitant à une visite du Laténium, le musée et parc archéologique de Neuchâtel (sur le site éponyme de la Tène)!

Envoi de cartes à publicité de Marlie, novembre 2013, série sur Lons-le-SaunierLa dernière série est ma préférée. Elle a pour titre « voyage au centre de la ville 09/2012 », de « l’agence quoi de neuf? » mais sans nom de photographe au dos, dommage… Un joli moyen pour faire découvrir la ville de Lons-le-Saunier et … m’inciter à continuer de vous montrer les multiples photos que j’avais aussi prises en juillet 2012! Promis, je commencerai par le général Lecourbe, que l’on voit sur la dernière carte. Un grand merci à toi, Marlie!

 

Mangez-le si vous voulez, de Jean Teulé

Logo de pioché en bibliothèqueCouverture de Mangez-le si vous voulez, de Jean TeuléL’autre jour, Maryse m’a prêté une bande dessinée, Le singe de Hartlepool de Wilfrid Lupano (scénario) et Jérémie Moreau (dessins et couleurs). Cette histoire m’a rappellé une autre affaire de bouc émissaire, abordée il y a fort longtemps dans un cour d’ethnographie, l’affaire de Hautefaye en Dordogne, quand en 1870, tout un village a massacré et mangé le phillanthrope du village, Alain Romuald de Monéys d’Ordières, dans un contexte de guerre de 1870 (un de ses parents avait lu le journal et les propos avaient été traduits comme « pro-Allemands », lui-même avait refusé sa réforme ou de revendre son mauvais numéro et devait partir prochainement au front), les habitants avaient été condamnés (21 jugés, 4 condamnations à mort, plusieurs aux travaux forcés). Cette affaire a été beaucoup étudiée et romancée (dernièrement par Jean Teulé), et abondamment relayée dans la presse de l’époque et dans divers livres dès les années 1870 (voir le compte rendu dans la presse poitevine, Le journal de la Vienne, des Deux-Sèvres et de la Vendée, dès le 18 août 1870, suivre le lien et aller à la vue numérisée n° 17, page de droite, colonne de droite). Hautefaye est aujourd’hui un charmant village limitrophe de la Charente avec une belle église en grande partie romane. Et si vous y allez, faites aussi par exemple un détour en Charente, pas très loin, à Charras, Villebois-Lavalette, Combiers, Sers ou Marthon (j’ai fouillé tout à côté, à La Quina aval, à Gardes-le-Pontaroux). Grégory vous recommandera sans doute plutôt le château de la Rochebeaucourt (voir son article dans l’Actualité Poitou-Charentes n° 101, été 2013, p. 104 et suivantes), qui doit être à une petite dizaine de kilomètres de Hautefaye.

En passant au rayon large vision de la médiathèque l’autre jour, j’ai trouvé le livre de Jean Teulé et l’ai vite lu, il est tout petit… même par tranche de 20 à 30 minutes deux fois par jour, j’en suis facilement venue à bout!

Le livre: Mangez-le si vous voulez, de Jean Teulé, éditions Julliard, 2009, 144 pages, ISBN 9782260017721 (lu en large vision aux éditions Libra Diffusio).

La quatrième de couverture:

« Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune Périgourdin intelligent et aimable, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin.
Il arrive à destination à quatorze heures.
Deux heures plus tard, la foule devenue folle l’aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé.
Pourquoi une telle horreur est-elle possible ? Comment une foule paisible peut-elle être saisie en quelques minutes par une frénésie aussi barbare ? »

Mon avis: J’ai été déçue par ce livre. Peut-être est-ce dû à ma mémoire, au souvenir qu’avait laissé il y a plus de vingt ans un cours d’ethnographie qui portait sur les phénomènes de bouc émissaire (et sur le cannibalisme). Jean Teulé fait un récit certes très vivant et cruel de ces faits, mais n’aborde pas les causes ni n’éclaire le phénomène, un groupe qui perd pied jusqu’au plus terrible des actes, la mise à mort d’un voisin, dans un contexte difficile, sécheresse et guerre contre l’Allemagne. Certes, le lecteur comprend le phénomène de la foule déchaînée, mais je trouve qu’à donner les faits bruts sans analyse, l’auteur ne fait que stigmatiser un village de la France profonde, qui a failli être rasé de la carte sur ordre préfectoral, sans montrer que dans l’absolu, ce phénomène répond à un concours de circonstances et à des croyances (la peur de l’autre) qui pourraient toujours se reproduire aujourd’hui. Pour ceux que la petite histoire intéresse plus que l’analyse des faits, leur cause et les phénomènes qui peuvent y conduire, je vous recommande plutôt un récit écrit peu après les faits, daté mais qui montre mieux l’ambiance, sur Gallica Ce que j’ai vu du 7 août 1870 au 1er février 1871, l’agonie de l’empire, le 4 septembre, le dictateur Gambetta de Alcide Dusolier. Vous y comprendrez mieux les défaites successives de la guerre de 1870 (Sedan qui a mené à la chute du Second Empire le 4 septembre 1870) et pourrez y lire un point de vue particulier sur Léon Gambetta, Hautefaye y est présenté (chapitre III, pages 17 et suivantes, 20 et suivantes sur la version en pdf) comme… la dernière manifestation bonapartiste.

Home sweet home, 3, la broderie

Patchwork Home sweet Home, étape 3, la broderieAprès l’assemblage des différents carrés et l’appliqué, j’ai brodé les fleurs et le texte, points de tige, points de bouclette et points arrière. Dommage, le modèle pour cette étape n’est pas à l’échelle 1, j’ai donc fait au pif, trop la flemme de calculer l’agrandissement nécessaire pour reporter les motifs.

Coussin de porte « Home sweet home » des Boutis de Lucie, acheté à Moncoutant en 2010.

L’ouverture du jardin du Puygarreau à Poitiers

Jardin du Puygarreau à Poitiers, vu de l'extérieur la veille de son ouvertureLundi dernier (17 février 2014), un nouveau jardin public (pas un parc, comme j’ai pu le lire dans la presse locale) a ouvert à Poitiers, le jardin du Puygarreau, à l’arrière de l’hôtel de ville… ici photographié la veille de l’ouverture. Sauf mentions contraires, les photographies ont été prises entre le 17 et le 20 février 2014.

Jardin du Puygarreau à Poitiers, siègesUn nouveau jardin en ville, surtout avec beaucoup de sièges (du même fournisseur que le jardin du Luxembourg à Paris, mais en gris marron au lieu du vert), cela va faire du bien, même s’il ne mesure qu’à peine 1000m²…

Jardin du Puygarreau à Poitiers, ilôt central en herbe… avec très très peu de pelouse, juste un petit trapèze central, le reste est de l’allée stabilisée ou des copeaux de bois, …

Jardin du Puygarreau à Poitiers, îlot en copeaux de bois… quelques plantes devraient quand même pousser dans les prochaines semaines, je vais y revenir. Il y a encore besoin d’un certain nombre de réglages, comme pour le viaduc des Rocs/Léon Blum (il faudra que je vous montre les réglages de ces deux dernières semaines).

Jardin du Puygarreau à Poitiers, extrait de l'arrêté municipal avec du et de PuygarreauLe nom jardin au singulier ou au pluriel, de ou du Puygarreau a fait débat dans la presse locale et sur Facebook cette semaine, notamment entre Philippe et Grégory. Même l’affichage sur place est contradictoire… DE Puygarreau sur la feuille qui interdit le skate et les chiens, DU Puygarreau sur l’arrêté municipal affiché sur place (dans la liste des jardins publics) mais DE Puygarreau quelques lignes plus bas (arrêté municipal du 14 février 2014 modifiant les règlements des parcs et jardins de la ville)… J’ai retenu JARDIN au singulier et DU Puygarreau…

Jardin du Puygarreau à Poitiers, papiers gras par terreEn début de semaine, il a ouvert sans être complètement terminé, la grille et sa serrure semblaient poser beaucoup de problèmes mardi matin, les poubelles avaient été oubliées… A l’ouverture lundi, il y avait déjà plein de papiers par terre, sans doute des papiers envolés de la rue voisine, avec le dénivelé, ça risque d’être récurrent.

Jardin du Puygarreau à Poitiers, poubelleElles ont fini par arriver sur des supports mobiles moches et espérons provisoires… je n’en ai vu que deux, un peu juste. C’est le même modèle que celles choisies pour l’ensemble de coeur d’agglomération, coeur de pagaille…, après deux ans et demi, beaucoup ont déjà des tâches de rouille là où l’émail a sauté.

Jardin du Puygarreau à Poitiers, pente trop élevée de l'accès handicapAu rayon accessibilité des personnes en situation de handicap, il y a un énorme problème! J’ai fait des mesures approximatives : avec les pentes de la rue et du sol, pas facile avec juste un décamètre, ça serait mieux avec un théodolite (la partie surlignée en rouge sur la photo ci-contre). A l’arrière plan, on voit bien l’hôtel de Jean Beaucé rénové, il faut que je vous le montre avec de nouvelles photographies). Mais de toute façon, la partie en pente de la rampe principale fait presque 25 m de long pour un dénivelé de plus de 1,10 m (mesure au niveau du point le plus bas par rapport à la rue, avec la pente celle-ci, je pense qu’on doit être autour de 1,25m). Cela donne une pente de plus de 4%, je suppose que l’architecte a dû faire attention de rester en-dessous des 5% règlementaires (quoique, à vérifier de près, la partie plate aux deux extrémités ne doit pas entrer dans le calcul et on doit vraiment flirter avec ce seuil 5% ou même le dépasser légèrement), mais on ne doit pas en être loin. Au-dessus de 4%, elle n’est pas conforme, la loi prévoit qu’entre 4 et 5%, il faut un palier de repos d’une longueur minimale de 1,40 m, horizontal, tous les 10m. Je propose à l’architecte et aux élus de se placer en bas de la pente (à la place de la camionnette) et d’essayer de la remonter telle qu’elle est actuellement avec un fauteuil manuel… Il manque aussi une main courante pouvant servir de barre d’appui tout du long de cette pente, pour une personne qui a du mal à marcher (les personnes âgées par exemple), la main courante, surtout avec une telle pente sur 25m de long, est indispensable (recommandée à partir d’une pente à 4%).

Jardin du Puygarreau à Poitiers, barre d'appui de l'escalier non conformeEn parlant de barre d’appui, celle qui est le long de l’escalier ne doit pas non plus être conforme. Elle devrait être plus débordante, de 28cm, et à l’horizontale en haut et en bas. Ce n’est pas une lubie, ça permet de savoir que l’on est arrivé à une extrémité de l’escalier si on voit mal, surtout que comme partout à Poitiers, les nez des marches pêchent par leur manque de contraste. La barre elle-même devrait être de section ronde et non carrée, pas question de « faire dans l’art », il s’agit d’être utile et efficace. La norme prévoit aussi une barre d’appui de chaque côté des escaliers (on peut avoir besoin de s’aider pour monter ou descendre les marches et avoir mal à un bras, ou ne pouvoir se servir que du bras dominant), ce qui n’est pas le cas ici. Un petit bon point quand même pour l’escalier, contrairement à la place d’Armes (Leclerc) à son ouverture, les clous podotactiles étaient en place en haut de l’escalier dès lundi (revoir dans le quartier de la gare : des clous espacés et des piquets, Poitiers ville inaccessible, toujours des problèmes fin 2011, même s’il y a eu des progrès depuis). Nulle part en ville sur l’espace public je n’ai trouvé de première et dernière contremarche contrastée pour les escaliers. Avec ma vision actuelle, j’ai pu constater que ce « détail » avait une grande importance. Et la ville de Poitiers se targue d’avoir gagné des places dans l’accessibilité pour les personnes handicapées (il y a certes du mieux), mais cela ne concerne que le handicap moteur (délivré par une association qui comporte plus de parents et de proches dans les commissions que d’usagers handicapés eux-mêmes), ça serait bien de vérifier tous les types de handicap.

Le jardin du Puygarreau, ce sont aussi des œuvres d’art contemporain qui complètent la commande publique de coeur d’agglomération… Je vous ai déjà montré l’installation de Benoît-Marie Moriceau dans le nouveau square de la République raté et les messages de Radio-Londres par Christian Robert-Tissot dans la montée du faubourg du Pont-Neuf. Ici, nous avons de nouvelles œuvres d’art… qui curieusement me rappellent d’autres monuments ou événements de ces dernières années à Poitiers, je n’ai pas pu me retenir de faire quelques rapprochements 😉

Jardin du Puygarreau à Poitiers, obélisque brisé de Didier MarcelDans un coin de la pelouse se trouve « l’obélisque brisé » de Didier Marcel (je n’ai pas trouvé de site personnel, alors je vous ai sélectionné un dossier pédagogique du centre Pompidou). Blanc sur blanc à certaines heures avec le soleil…

Jardin du Puygarreau à Poitiers, pédiluve au pied de l'obélisque brisé de Didier MarcelSa base peut même faire pédiluve ou abreuvoir pour les oiseaux (zut, ils se sont envolés quand je me suis approchée).

Jardin du Puygarreau à Poitiers, obélisque brisé de Didier Marcel, masqué par un petit arbre juste plantéQuand l’arbre qui se situe devant le masquera-t-il vraiment? (photographie du 14 janvier 2014).

Jardin du Puygarreau à Poitiers, Tourne-sol de Elisabeth BalletLa grille a pour titre « tourne-sol » et a été conçue par Élisabeth Ballet. C’est une longue grille en aluminium, qui penche vers la gauche…(photographie du 12 janvier 2014)

Jardin du Puygarreau à Poitiers, Tourne-sol de Elisabeth Ballet… et donne une impression de prison, que ce soit de l’extérieur ou de l’intérieur.

Poitiers, square de la République,6, coupe des grilles le 29 novembre 2011Cette commande avait-elle pour but de faire oublier le massacre des grilles du square de la République voisin? (photographie de novembre 2011).

Jardin du Puygarreau à Poitiers, Tourne-sol de Elisabeth Ballet, détail des souduresEspérons quand même que ces soudures vont tenir…

Jardin du Puygarreau à Poitiers, photographies et aire de jeux de Pierre JosephPierre Joseph (il ne semble pas non plus avoir de site personnel, il y a un catalogue sur le site du ministère de la culture) a quant à lui conçu l’aire de jeux (« Aire, air, erre, ère »)… avec des photographies de jeux anciens au fond sur le mur…

Jardin du Puygarreau à Poitiers, nouveaux jeux pour enfants par Pierre Joseph… et des objets non identifiés comme des jeux par les visiteurs, dôme, bain de siège??? [PS: dimanche après-midi, des enfants osaient enfin monter sur la bulle].

Poitiers, le centre Mendès-France, le planétarium taggués par les casserus, l'abri bus en miettesLe dôme, tiens, cela me rappelle l’un des monuments que j’aime le moins à Poitiers, le planétarium de l’espace Mendès-France, surtout à cause de sa co-visibilité avec la cathédrale et le baptistère Saint-Jean (revoir dans l’interview par 86 and Co). (photographie d’octobre 2009).

Jardin du Puygarreau à Poitiers, cartel de chacune des trois oeuvresPS du dimanche 23 février, 19h. En y allant dans l’après-midi, j’ai trouvé les « cartels » (étiquettes donnant le titre et l’auteur) des œuvres!  Je ne sais pas quel jour ils ont été mis en place, ce sont en fait des plaques de fonte d’une quarantaine de cm de long, que j’ai d’abord prises pour des plaques d’égout bizarres à l’emplacement où elles sont. Elles portent le titre de l’œuvre, le nom de l’artiste, l’année (2013) et en petit en bas « commande publique de la ville de Poitiers avec le soutien du ministère de la culture et de la communication ».

Bon, mon article est très très long, j’avais fait des photographies au long des travaux ces derniers mois, je vous les montrerai dimanche prochain… [à lire maintenant: Retour sur les travaux du jardin du Puygarreau à Poitiers]

Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 1. Les douaniers

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à MouchinPeu après l’ouverture de mon blog, en janvier 2008, je vous ai parlé du numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur , dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Comme je teste des logiciels de reconnaissance de caractères (il faut quelques corrections), je vous en propose au fil des prochaines semaines une transcription, avec les illustrations réalisées par les enfants en gravure. Oserait-on encore donner des gouges à des enfants de primaire? Bon, visiblement, seuls les garçons y ont eu droit… L’école de filles devait sans doute accéder à d’autres activités plus domestiques (sans commentaire, quoique, vous pouvez toujours revoir mes articles avec la famille modèle du 19e siècle, La défense du foyer… par Emile André Boisseau, ou celui plus « hard » sur ce que l’on peut voir dans nos églises médiévales!). Tant que vous êtes sur le site de la pédagogie Freinet, allez aussi voir les autres numéros de cette revue, ils sont souvent savoureux. Ce numéro est globalement contre la douane, les droits de douane pour les passages à pied, en voiture et même en vélo, sur le trafic de tabac. Toutes les ruses contre les douaniers sont rapportées, jusqu’à l’usage de petits chiens pour passer le tabac. Il n’y avait pas seulement les douaniers au Bas-Préau (les gens du coin comprendront, pour les autres, c’est un chemin qui était jusqu’à l’ouverture des frontières européennes réservé aux riverains, en principe sans marchandise), mais aussi une tranchée pour empêcher le passage ! Pendant la Seconde Guerre mondiale, une tranchée anti-char s’y trouvait. C’est parti pour la première histoire… assez sérieuse dans ce premier épisode, pour la suite, les douaniers n’auront pas toujours le beau rôle… Aujourd’hui, la vie quotidienne des douaniers et la distinction entre les fraudeurs professionnels et les pauvres ouvriers… qui ne peuvent pas faire autrement pour leur tabac! Un pot de vin, au sens propre (en direct ou sur une ardoise, un peu comme dans la mode actuelle des cafés suspendus, mais destinés aux douaniers et pas à ceux qui ne peuvent se le payer, et du plus fort que du café, ou alors arrosé, « à la bistouille »), dans l’un des cafés près de la douane devait pouvoir arranger les choses… Shenghen et la disparition de la douane à Mouchin a fait disparaître la plupart de ces bistrots, il ne reste guère que le gallodrome (salle pour les combats de coq), mais c’est une autre histoire…

Un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies! J’en ai aussi ajouté sur les précédents articles, n’hésitez pas à aller les (re)lire, je ferai aussi un article complet pour vous présenter les lieux après la transcription de toutes les pages de la revue!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, revers de couverture et page 1

Les douaniers.

Il y a à Mouchin une caserne de douanes. C’est un grand bâtiment composé de petits logements réservés aux douaniers mariés. Il y a aussi un bureau occupé par le brigadier.
La caserne étant beaucoup trop petite pour loger tous les douaniers, bon nombre de ceux-ci louent des petites maisons dans le village.
La caserne des douanes à Mouchin, cliché Lucien DujardinLe nombre total des douaniers affectés au service de la surveillance de la frontière pour le  secteur de Mouchin (de la gare de Bachy Mouchin à Planard, Calvaire) est de 38 hommes. Distance : 3 km 600.
Ces douaniers sont commandés par un Brigadier, aidé dans sa tâche par 4 sous-Brigadiers sous le contrôle d’un Lieutenant.
Les douaniers sont de service à tour de rôle, de jour ou de nuit. Il y a d’abord ceux qui sont de service aux postes fixés de surveillance (Poste frontière de Bercu et route du Bas Préau).
Ils sont logés dans des abris en briques ou en ciment. Leur rôle consiste à fouiller les personnes, arrêter les autos, vérifier les papier, sonder l’intérieur des camions, etc…

Il y a ensuite les douaniers de ronde, les embuscades, les patrouilles.
Une embuscade se compose de 2 douaniers. A un endroit désigné, au moment du départ, par un gradé, les 2 douaniers de service s’en vont se cacher derrière un buisson, un taillis, un talus, et ils y passent la nuit, veillant à tour de rôle.
Ils emportent une couchette. Une couchette, que les douaniers appellent « sac » ou « campement », est faite de 3 peaux de mouton cousues ensemble et formant sac. Elles sont doublées extérieurement de grosse toile verte imperméable, et fixées sur des sangles tendues sur un encadrement de bois posé sur quatre pieds.
Le « sac » peut se replier et se porter à dos avec des bretelles. C’est assez lourd: 18 à 20 kg. Son prix est de 700 francs environ.
Les douaniers en embuscade sont le plus souvent accompagnés d’un chien qui donnera l’éveil si un fraudeur approche.

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 2 et 3

Bien entendu, les douaniers sont armés. Ils portent sur le côté un gros revolver calibre 7 m/m5. Ils ont aussi une matraque en gros caoutchouc épais.
Comme vous pouvez vous en rendre compte, le métier de douanier est pénible. Passer la nuit à la belle étoile n’est pas toujours gai, surtout en hiver, par les gelées, les pluies torrentielles et les nuits noires.

A droite des arbres, la France, à gauche, la Belgique (au Bas-Préau à Mouchin), cliché Lucien Dujardin

A droite des arbres, la France, à gauche, la Belgique (au Bas-Préau à Mouchin), cliché Lucien Dujardin

Et la surveillance de la frontière n’est pas facile. Aucun obstacle naturel ne sépare la France de la Belgique. De plus, les douaniers sont trop peu nombreux pour surveiller nuit et jour tous les points de la frontière.
revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, première illustration, les douaniers poussent une voitureMalgré tout, les passages de fraudeurs sont relativement rares? Et gare à celui qui se fait prendre! De fortes amendes, de longs mois de prison, l’auto confisquée, voilà ce qui les attend (peines variant de 3 jours à 3 ans, amendes de 500 à 5.000 francs).
Malgré ces menaces, il y a encore des fraudeurs qui tentent l’aventure. les uns réussissent…, d’autres se font prendre, malgré toutes leurs ruses.
Ces fraudeurs « professionnels » ont toutes les audaces et peu de scrupules. Ils n’hésitent pas, le cas échéant, à se servir d’armes. Ils sont dangereux.
Il ne faut pas les confondre avec les ouvriers et les malheureux qui essaient quelquefois de « passer » un paquet de tabac ou une demi-livre de café; ceux-là ne sont pas des fraudeurs, les douaniers n’ont pas l’habitude d’être sévères à leur égard.
Cette petite fraude est dénommée par les douaniers « la pacotille ».

Voir la suite: la circulation, la fraude en auto, la fraude avec les chiens, les gendarmes, une belle ruse, le passage à niveau et un pauvre chien et les dernières pages consacrées à d’autres ruses.