Archives de catégorie : Lecture / autres

Toutes mes lectures, à l’exception des bandes dessinées et des livres écrits par des prix Nobel de littérature, classés à part.

Les mains rouges de Jens Christian Grøndahl

Couverture de Les mains rouges de Jens Christian Grøndahl

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque dans une sélection de livres nordiques dans le cadre de l’opération Passeurs de monde(s) organisé par le centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes.

Le livre : Les mains rouges de Jens Christian Grøndahl, traduit du danois par Alain Gnaedig, éditions Gallimard, 2009, 204 pages, ISBN 9782070782055.

L’histoire : 1977, à Copenhague. Alors qu’il travaille à l’accueil de la gare de Copenhague, le narrateur, étudiant, aide une jeune femme, Randi, à trouver un hôtel à proximité. Il la retrouve dans cet hôtel mais elle reste mystérieuse (sur ses papiers, elle s’appelle Sonja) quand le lendemain, elle lui confie une clef de consigne avant de disparaître. Dans la consigne, un sac en plastique plein de billets, il remet la clef anonymement à la police. Quinze ans plus tard, il est marié, croise par hasard l’inconnue dans la rue… Après des hésitations, il reprend contact, elle finit par lui raconter au fil des mois son histoire, qui commence quelques semaines avant leur rencontre, alors qu’elle terminait à Francfort un contrat de fille au pair…

Mon avis : un roman qui nous plonge dans le passé trouble de l’Allemagne. Après l’assassinat par la police de Benno Ohnesborg le 2 juin 1967 lors d’une manifestation pacifiste contre une visite du shah d’Iran en Allemagne, certains groupes d’étudiants se sont radicalisés jusqu’à former la fraction armée rouge. L’amie du narrateur s’est retrouvée « accidentellement » mêlée aux faits d’armes de l’un de ces groupes et n’a jamais été identifiée. Plus que sur l’histoire de ce mouvement d’extrême gauche, le livre aborde la question des remords et de l’hésitation perpétuelle de l’étudiante devenue une « honorable femme mariée » à parler de son histoire de quelques semaines voire à se dénoncer. En mettant l’ensemble du récit dans la bouche du narrateur, l’auteur prend plus de recul, l’histoire de Sonja est rapportée indirectement, difficile pour le narrateur de prendre parti, depuis la seule nuit qu’ils ont passé ensemble, il est secrètement épris de Sonja, mais tous deux sont mariés depuis longtemps quand ils se retrouvent. Ni le narrateur, ni l’auteur ne semblent prendre parti pour ou contre le terrorisme et le banditisme pour parvenir à ses fins politiques…

Tout passe, de Bernard Comment

Couverture de Tout passe, de Bernard Comment

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque. Il a reçu l’année dernière (2011) le prix Goncourt de la nouvelle.

Le livre : Tout passe de Bernard Comment, éditions Christian Bourgois, 2011, 140 pages, ISBN 978-2267021677.

L’histoire : un recueil de neuf nouvelles de dix à vingt pages chacune. Toutes sont assez intemporelles (mais souvent placées de nos jours) et pas toujours dans un lieu bien défini. Dans Flottement, une vieille dame au bord de la piscine revit sa vie ; un fils assiste à Paris à l’enterrement de son père qu’il n’a pas connu ; sur les bords du Tage un entraîneur de foot erre au zoo (Hors-jeu) ; la vie ordinaire d’un couple dont la femme Fugue à la recherche de ses souvenirs ; un veuf décide de ne rien laisser à ses enfants ; un homme attend une Annonce (une confirmation plutôt) de diagnostic ; un homme vit en mer sur un cargo échoué, rejoint par Louise ; un écrivain attend les corrections de son éditeur ; dans une bibliothèque numérique ; un lecteur attend la fin de la panne électrique en racontant sa bibliothèque (papier) à sa voisine.

Mon avis : le personnage principal de chaque nouvelle semble avoir une question existentielle, que restera-t-il de lui après sa mort? Des petites tranches de vie décrites dans une styles assez neutre, qui manque parfois d’entrain, je trouve. Une ambiance globale assez déprimante, parfois un goût d’inachevé pour certains récits. Des nouvelles à picorer au fil de courts moments: quelques minutes d’attente ou dans les transports en commun suffisent pour en lire une. Et en les lisant séparément, il y aura peut-être moins cette impression de déprime générale…

Dieu n’est même pas mort de Samuel Doux

Couverture de Dieu n'est même pas mort de Samuel Doux

pioche-en-bib.jpgC’est Grégory Vouhé qui m’a fait découvrir ce livre emprunté à la médiathèque.

Le livre : Dieu n’est même pas mort de Samuel Doux, éditions Julliard, 2012, 290 pages, ISBN 9782260020363.

L’histoire : plusieurs histoires qui se croisent, celles de Elias Oberer, de nos jours (enfin, en 2010) à Poitiers, Moshe Hershel à Radom en Pologne en 1910 puis à Poitiers en 1942, Paul Serré en 1938 à Morteau puis en 1943 à Paris et à Limoges en 1976, Emmanuelle Serré en 1957 à Poitiers puis en 1968 à Châtellerault… Elias arrive de Paris à Poitiers pour l’enterrement de sa grand-mère, qui s’est suicidée le jour de Yom Kippour. Sa mère, Emmanuelle Serré, y est morte d’un cancer il y a des années, son grand-père il y a quelques mois. Sa cousine Béatrice l’attendait sur place, mais à son départ, il ne connaît pas la manière dont sa grand-mère a mis fin à ses jours. Son oncle, Dominique, viendra-t-il à l’enterrement de sa mère? Alors qu’Elias part à la recherche à travers la maison d’une bague de famille, chargée de l’histoire de cette famille depuis les pogroms de Pologne jusqu’aux rafles de la seconde guerre mondiale. Trois jours à attendre l’incinération puis, le lendemain, l’enterrement des cendres, au milieu des fantômes dans une ville qu’il n’aime pas…

Mon avis : Elias n’aime pas sa « ville natale, beige et gris, pleine d’ennui et de lourdeur, construite sur une colline faite pour dominer et qui pourtant s’enfonce dans l’éternité » (p. 37)… L’auteur non plus ne doit pas aimer la ville, y est-il seulement venu pour y avoir vu la Vienne? Au moins, il est cohérent, c’est toujours de la Vienne et non du Clain qu’il parle (p. 147, 182, 183, 222)… un éditeur qui se respecte aurait dû corriger, ainsi que quelques coquilles (au moins pages 37, 182) et quelques autres incohérences, si l’on veut ancrer un récit dans la réalité, alors il faut vérifier celle-ci, le crématorium de Poitiers n’est pas coincé entre un Bricorama et un Picard surgelé (page 185), il n’est pas loin d’une zone commerciale, mais encore entouré de verdure (ça risque de ne pas durer…)… Et la procédure d’une succession ne permet pas à un petit-fils (ni à personne) d’aller clôturer les comptes de sa défunte grand-mère à la banque… Si l’on passe outre ces détails agaçants, la construction du roman qui alterne les chapitres placés aujourd’hui et l’histoire de la famille sur quatre générations est assez intéressante. Une petite généalogie en annexe aurait aidé à s’y repérer parfois, mais les têtes de chapitre claires permettent de se repérer dans l’espace (en Pologne, à Limoges, à Paris, à Poitiers…) et dans le temps (de 1910 à 2010). L’histoire d’une famille juive, mais aussi des histoires de maladie (le grand-père et la mère d’Elias morts du cancer), maladies qui expliquent mieux la haine du jeune homme envers sa grand-mère que l’histoire familiale.

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Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Le crime de l’Albatros de Thierry Bourcy

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pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Le crime de l’Albatros, Les aventures de Célestin Louise, flic et soldat de Thierry Bourcy, éditions Nouveau monde, 2012, 219 pages, ISBN 9782847366617.

L’histoire : début 1919 à Montreuil. Alexandre Mekinoff est retrouvé assassiné à l’Albatros, studio de cinéma qu’il a fondé à son retour du front. Célestin Louise, lui aussi de retour à Paris après sa démobilisation, est chargé de l’enquête. Il se penche d’abord sur le passé de Mekinoff, comment a-t-il pu monter ce studio alors que ses parents ne faisaient pas partie des riches émigrés russes? Et s’il fallait chercher la cause de ce meurtre dans la guerre même? Comment a-t-il fait fortune? Il part à la recherche du régiment de cet ancien brancardier, plusieurs mois après l’armistice, des soldats sont toujours mobilisés pour éviter les pillages, déminer, remettre des corps aux familles, amorcer la reconstruction, occuper l’Allemagne…

Mon avis : je n’avais jamais lu aucun polar de cette série qui se passe au cœur de la guerre 1914-1918, donc je n’ai pas repéré les protagonistes des anciens épisodes signalés au fil des pages. Il présente les gueules cassées, la difficulté de réinsertion des soldats revenus à la vie civile dans un monde qui ne les a pas complètement attendus, le contraste entre la reprise de la vie à Paris et les derniers soldats mobilisés qui gèrent l’ancien front. Cet aspect socio-historique est bien présenté. En revanche, si vous vous attendez à une intrigue policière bien ficelée, passez votre tour… Ce n’est pas mal écrit, mais d’une grande banalité.

Mémoire individuelle (Boris Cyrulnik) et mémoire collective (camp de la Chauvinerie à Poitiers)

Couverture de Sauve-toi, la vie t'appelle de Boris Cyrulnik

Un livre lu chez mon père lors de mon dernier séjour.

Le livre : Sauve-toi, la vie t’appelle de Boris Cyrulnik, éditions Odile Jacob, 2012, 291 pages, ISBN 9782738128621.

L’histoire : Bordeaux, 1944. Boris Cyrulnik est né en juillet 1937. Le 9 janvier 1944, il est arrêté dans une rafle de juifs à Bordeaux. Il était alors caché chez une institutrice, Marguerite Farge. Il se rappelle sa mère, qui l’a placé dans une pension pour tenter de ses sauver, de son père, engagé volontaire dans la légion étrangère, blessé, arrêté comme juif, à qui il a pu rendre visite dans un camp (en 1942?) avant sa déportation. Après la rafle, les juifs ont été rassemblés dans la synagogue, le jeune Boris réussi à se cacher dans les toilettes puis à s’échapper grâce à la bienveillance d’une infirmière sous les jupes d’une femme mourante, commence alors la vie d’un enfant caché sous le nom de Jean Laborde jusqu’à la fin de la guerre. Après guerre, il est contraint au silence et au secret, personne ne le croît… Ce n’est que bien plus tard, à l’occasion de conférences, d’émissions de télévision, qu’il est contacté par d’autres protagonistes de ses jours sombres et peut confronter ses souvenirs à la réalité, la reconstruction de la mémoire, les occasions perdues d’avoir d’autres informations, le procès Papon…

Mon avis : en tant que psychiatre, Boris Cyrulnik a théorisé et expliqué la résilience, cette capacité des traumatisés à vivre avec leur passé, quitte à recomposer la réalité pour qu’elle soit vivable. S’il a plusieurs fois parlé ces dernières années de son propre passé, c’est la première fois que l’auteur raconte sa propre histoire en l’analysant, en confrontant ses souvenirs à la réalité, en racontant la longue phase d’enterrement des souvenirs (insoutenables pour ceux à qui il a tenté de raconter), puis leur lente remise au jour et confrontation à la réalité qui se révèle au fil des rencontres. Les grandes lignes n’ont pas changé, mais les détails, si, ainsi, l’infirmière qui l’a cachée n’était pas blonde mais brune, etc. Reste une incertitude pour lui, dans ses souvenirs, il se voit beaucoup plus petit (3/4 ans) qu’il n’était en réalité (6 ans). Ayant raté une rencontre avec une personne qui aurait pu l’éclairer sur ce mystère, celui-ci restera entier… Mais avant la rafle de janvier 1944 dans laquelle il a été arrêté, il y en a eu bien d’autres à Bordeaux, notamment en 1942, celles-ci se sont-elles superposées dans sa mémoire à celle de 1944? Un texte très intéressant, ici sur la mémoire individuelle, mais il faudrait aussi s’interroger sur la mémoire collective.

Au sujet de la mémoire collective, à Poitiers, quel processus a abouti à l’oubli quasi total du camp de la Chauvinerie, près de la caserne Ladmirault? Ici, on parle du camp de la route de Limoges, mais jusqu’à récemment (fouilles archéologiques préalables à la zone des Montgorges), pas du Frontstalag 230 (camp d’internement allemand), où fut interné Léopold Sédar Senghor et qui est devenu, en 1945, un camp d’internement de prisonniers allemands où des centaines d’entre eux, parmi lesquels 100% des enfants, sont morts, une partie lors du transfert, puis suite à l’accaparement des vivres par les responsables du camp : voir en 2002 l’article de Loïc Rondeau, Prisonniers et civils allemands dans la Vienne (1945-1948) (Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 109, n° 4, 2002, p. 217-227), un article publié en 2005 de Denis Peschanski intitulé Morbidité et mortalité dans la France des camps (paru dans « Morts d’inanition ». Famine et exclusions en France sous l’Occupation, Isabelle von Bueltzingsloewen (dir.), Rennes, PUR, 2005, p. 201-212), et les études encore inédites suite aux fouilles de 2008 (compte rendu au cours d’une conférence lors des journées du patrimoine 2012, mais toujours pas de publication)… Comment toute une ville, y compris les associations d’anciens combattants (il ne figure pas dans la liste des camps d’internement de la Vienne édité par l’office national des anciens combattants, peut-elle avoir oublié voire nié l’existence de ce camp???

Alors qu’un camp de prisonniers allemands a fait l’objet d’une vraie fouille donnant de nombreuses informations en Normandie en 2006 (camp de la Glacerie à La Motterie), le camp de la Chauvinerie à Poitiers a été livré aux constructeurs sans prescription de fouilles après les sondages de diagnostic… un nouveau quartier est en train de voir le jour, et pour l’instant, pas même un panneau n’est prévu pour rappeler le passé à jamais détruit de ce site… Les historiens (poussés ici par les archéologues) s’exprimeront-ils enfin dans une revue spécialisée ou une revue grand public sur le sujet? Au moins, les Archives départementales ont mis en ligne un inventaire des sources disponibles… [PS la mise en ligne de cet article est parue une grosse synthèse de Véronique Rochais-Cheminée, Sonia Leconte et Jean Hiernard, Des camps oubliés de la Seconde Guerre mondiale dans la Vienne, Revue historique du Centre-Ouest, t. XII, 2014, p. 7-87].

Sur des sujets voisins, voir:

– Maus, un survivant raconte : tome 1 : mon père saigne l’histoire ; tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, de Art Spiegelman

La rafle de Roselyne Bosch,

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Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Tous les conspirateurs de Christopher Isherwood

Couverture de Tous les conspirateurs de Christopher Isherwood pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Tous les conspirateurs, de Christopher Isherwood, traduit de l’anglais par Léo Dilé, collection Littérature étrangère, éditions Fayard, 2012 (première édition en anglais en 1928, première édition américaine en 1958), 220 pages, ISBN 9782213666709.

L’histoire : Londres, au début des années 1920. Philipp Lindsay veut se libérer de l’emprise de sa mère, veuve, il démissionne de son poste à la City de Londres et veut vivre de son écriture et de sa peinture… Mais à peine rentré chez sa mère, il lui cède et réussi à reprendre son poste. Parallèlement, sa mère manœuvre pour que Joan, la sœur de Philipp, épouse l’un de ses amis. Finira-t-il par « rentrer dans le moule » ou par se rebeller, faire la fête et vivre la vie dont il rêve?

Mon avis : un livre presque centenaire, mais les relations entre une mère hyper-possessive (et intrusive) et son fils sont très bien vues. La jeunesse dorée, gâtée, n’a pas pris de ride, il suffit de transposer certains éléments à notre époque, et l’on retrouve facilement les « fils à papa » (ou plutôt ici à maman) d’aujourd’hui, transgresser les interdits et les codes sociaux un peu mais pas trop, il y a besoin des sous de papa/maman pour vivre à l’aise sans trop se fatiguer au boulot (pris par dessus la jambe… même son employeur indulgent finira par s’en rendre compte).

Logo God save the livre A l’époque de l’écriture de ce livre, Christopher Isherwood est encore un Anglais vivant à Londres, avant de partir à Berlin puis aux États-Unis, où il prendra la nationalité américaine…

Ce livre entre dans le défi God save the livre, saison 2, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici fin février 2013 et atteindre l’une de ces catégories : « Duty Harry » (1 livre lu), « Prince Charles » (5 livres), « Prince William » (10 livres), « Lady Di »(15 livres), « The Beatles » (20 livres et plus), « Queen Mom » (au moins un livre en VO)…

Le lait et le fiel de Yves Créhalet

Couverture de Le lait et le fiel de Yves Créhalet

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

J’ai reçu ce livre des éditions Persée dans le cadre d’une opération masse critique de Babelio.

Le livre : Le lait et le fiel de Yves Créhalet, éditions Persée, 2012, 190 pages, ISBN 978-2-8231-0158-4.

L’histoire : à Nice puis en Palestine de nos jours. Hakim est un jeune schizophrène, la vingtaine d’années, adopté en Palestine par Billie, assistante de Lili, responsable des collections du MAMAC, le musée d’art contemporain de Nice (le Mur de Feu, d’Yves Klein, joue un rôle important dans l’histoire) et actuellement amante du jeune homme. Il a un lourd passé, a été enlevé à sa mère, Balkis, 18 ans, à sa naissance, son père, Moussa, tué lors de l’Intifada, son père adoptif, médecin, parti faire de la médecine humanitaire en Palestine, lui aussi tué là-bas. Alors qu’il déambule avec Zeev, un peinte juif homosexuel, malade du SIDA, ce dernier est assassiné sous ses yeux, lui-même est enlevé à la sortie du commissariat par les tueurs et emmené de force en Israël où commence la deuxième partie de l’histoire, mais chut, je vous laisse découvrir la suite…

Mon avis : sur le fond, le livre est un plaidoyer pour la paix entre Israël et la Palestine, en passant par la schizophrénie d’un jeune adolescent pour démontrer l’absurdité du conflit israëlo-palestinien. Le tout avec en toile de fond un tableau, Le mur de feu, d’Yves Klein, et un film, Nuit et brouillard d’Alain Resnais. Cela aurait été plutôt un bon roman s’il n’était desservi par une orthographe déplorable, qui bat presque le record de La mémoire mutilée de Mohamed Cherid. Sans parler de la syntaxe approximative, qui peut relever du « style », j’ai relevé les fautes que j’ai vues (plus facile dans le train que dans le bus…), il doit y en avoir bien d’autres… Et une question de fond, liée aussi à l’orthographe, la minuscule à « les palestiniens » ne les élève pas au rang de nation, propos pourtant sous-jacent au roman.

Les fautes que j’ai vues…

– prés pour près p. 67

– trait d’union manquant (ou parfois remplacé par une apostrophe) à peut-être (p. 60, 74, 80, 84, 88, 92, 106, 119, 131, 139, 158, 180), -moi, -tu, -il, -ils, elle, -elles, -vous, -nous (p. 52, 54, 61, 64, 75, 77, 88, 92, 94, 96, 128, 179, 190), au-dessus (p. 76, 152, 186, 188), là-bas (p. 74), -là (p. 85, 149, 173, 181), à des noms propres (p. 78, 156, 188), après-midi (p. 80)

– à l’inverse, il faut une apostrophe et non un trait d’union à grand’mère (p. 119)

– trait d’union et s manquant à suicide dans attentats-suicides p. 175

– il ne faut pas de x à nouveau-nés p. 168

– du au lieu de dû (ce qui change le sens…) p. 70, 87, 94

– i pour î dans connaît (p.29, 79), connaître (p. 110, 174), reconnaître (p. 35), reconnaîtrait (p. 40), paraît (p. 50), entraînant (p. 188), plaît (p. 69), fraîche (p. 85 deux fois, 104)

– Lot dans la Bible s’écrit Loth (p. 143)

– kamikaze et pas kamikazé p. 94, 172, 184

– majuscule au lieu de minuscule après deux points p. 61, 73, 74, 84, 93, 109,127, 130, 144, 172, 185

– minuscule au lieu de majuscule à État (ce qui change le sens…) p. 65

– un espace en trop après un trait d’union p. 165

– des virgules manquant à des incises (après orge p. 111, tradition p. 120)

– accords d’Oslo et pas accords Oslo en note p. 112

– au pluriel, garde-frontière est écrit tantôt gardes-frontière (p. 111, 119, 148), tantôt garde-frontières (p. 160), mais là, le pluriel est sujet à discussion, voir dans les commentaires de cet article des correcteurs du Monde

Un grand merci à Babelio et aux éditions Persée pour ce livre.

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Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Pas ce soir de Charline Quarré

Couverture de Pas ce soir de Charline Quarré

J’ai reçu ce livre en service de presse de la part des éditions Baudelaire, dans le cadre d’un partenariat avec Hérisson, qui organise à nouveau cette année le défi 1% de la rentrée littéraire.

Le livre : Pas ce soir de Charline Quarré, éditions Baudelaire, 2012, 129 pages, ISBN 978-2-35508-991-6.

L’histoire : de nos jours à Paris. Eugénie, la grosse vingtaine d’années, n’est pas sortie depuis un an. Ce soir, sa mère a réussi à la convaincre de se rendre à une soirée mondaine organisée par Charles, un de ses amis. Une soirée de filles et fils à papa où Eugénie, narratrice du récit, ne trouve pas sa place, alors, elle se remémore son (court) passé, la mort de son frère d’un cancer, un médecin qui lui prescrit un antidépresseur sans accompagnement psychologique, un pédopsy aux curieuses pratiques, des relations complexes à sa mère… et puis, des mensonges dans lesquels elle risque de se noyer avant la fin de la soirée… Mais qu’est-il donc réellement arrivé à Julien, son ex-petit ami? Comment va-t-elle réussir à aller au bout de la soirée?

Mon avis : un texte écrit à la première personne, dans la bouche d’Eugénie, dans un style familier parfois déroutant, en tout cas pour moi, quand je feuillette un livre avant de l’emprunter à la médiathèque, je le rejette en général, il y a beaucoup d’autres choix qui me conviennent mieux. Puisque le livre est arrivé chez moi, je l’ai lu… très vite (une grosse centaine de pages, une grosse heure de lecture), avec de trop nombreuses coquilles, cela devient agaçant, ces livres mal relus par les éditeurs, une proposition relative à la construction étrange vers le début (je n’ai pas noté la page), « ou » pour « où » p. 63, ou encore « par » pour « pas » p. 118 et quelques autres que je n’ai pas notées. Dans ce style familier et condensé, l’auteure réussit à nous transmettre son mal-être et son manque absolu d’estime de soi, la mère envahissante, la dépression après la mort de son frère… et celle, au moins symbolique, de son petit ami. Une critique aussi de la jeunesse dorée, artificielle, superficielle, dépensière.

Un grand merci aux éditions Baudelaire et à Hérisson pour ce livre.

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Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

Nuage de cendre de Dominic Cooper

Couverture de Nuage de cendre de Dominic Cooper

pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Nuage de cendre de Dominic Cooper, traduit de l’anglais (Écosse) par Céline Schwaller, éditions Métailié, 2012, 236 pages, ISBN 978-2864248569.

L’histoire : 1783, en Islande. Suite à des éruptions volcaniques, le pays est couvert de cendres, les récoltes sont détruites, la famine décime la population, aggravée par les mauvaises récoltes des années précédentes. Et un bateau ravitailleur venant du Danemark, pays colonisateur de l’Islande, a apporté la variole. Gunnar Thirdakson, le médecin, se souvient d’une affaire qui a miné la région, quarante ans plus tôt. Sunnefa, considérée comme la plus belle fille de l’île, orpheline, 16 ans, a accouché d’un bébé dont le père ne serait autre que son frère Jón, de deux ans son cadet. Condamnés à mort lors d’un premier procès dans le district, ils sont confiés chacun à la garde d’un shérif et doivent comparaître en appel devant l’assemblée populaire annuelle traditionnelle. Reporté une première année (Sunnefa est malade et ne peut faire le trajet), au cours de l’année suivante, alors qu’elle retrouvait secrètement son frère dans un refuge sur le lande, elle est victime d’un viol et tombe enceinte. Qui est l’auteur du viol? Le shérif qui en a la garde? S’agit-il d’une machination entre les shérifs qui se haïssent?

Mon avis : s’il s’agit bien d’un polar (inceste, viol, morts suspectes), c’est aussi un roman historique, il narre une histoire qui s’est passée il y a presque trois cents ans, dans un contexte de colonisation, de toute puissance ses shérifs nommés par le roi du Danemark, tempérée néanmoins par l’assemblée traditionnelle annuelle. Le contexte est difficile, le petit nuage de cendre qui a bloqué les avions il y a quelques années n’est rien en comparaison des grandes éruptions volcaniques de 1783. Et comme nous étions en plein « petit âge glaciaire » (les glaciers des Alpes étaient descendus très bas dans les vallées, les mauvaises récoltes se multipliaient en Europe et sont une des causes de la Révolution française), la famine a été encore accentuée, favorisant la propagation de la variole. Mais le vrai personnage central de ce roman, c’est la lande, le paysage à couper le souffle, au sens propre, tempêtes de neige en hiver, de sable (mêlé de cendre) en été, les chemins impraticables au printemps, les tourbières et les marais traitres, le brouillard… si dense qu’à un moment, j’ai cru me noyer dans ce roman dense… Trop de personnages, de paysages durs. Un roman à découvrir en se laissant porter par les bourrasques…

Logo God save the livre Ce livre entre dans le défi God save the livre, saison 2, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici fin février 2013 et atteindre l’une de ces catégories : « Duty Harry » (1 livre lu), « Prince Charles » (5 livres), « Prince William » (10 livres), « Lady Di »(15 livres), « The Beatles » (20 livres et plus), « Queen Mom » (au moins un livre en VO)…

Swan Peak de James Lee Burke

Couverture de Swan Peak de James Lee Burke

Merci aux amis qui m’ont prêté ce livre, pour ceux qui ont vu Dans la brume électrique, c’est l’auteur qui a été adapté par Bertrand Tavernier. Depuis, j’ai aussi lu La descente de Pégase.

Le livre : Swan Peak de James Lee Burke, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier, collection Thriller, éditions Rivages, 2012, 440 pages, ISBN 9782743623210.

L’histoire : 2007, dans le Montana. Après la déprime qui a suivi le passage de Katrina et pour chasser les images de l’ouragan, Dave Robicheaux, sa femme et son ami Clete Purcel sont en vacances pour un séjour de pêche dans les Rocheuses, enfin, quand ils ne se retrouvent pas sur un terrain privé farouchement défendu par son propriétaire et ses gardes. Difficile aussi d’être adjoint d’un shérif en vacances et d’ignorer l’assassinat sauvage d’un couple d’étudiants. Non loin de là, Jimmy Dale Greenwood purge une peine dans une prison privée, un jour, il est choisi par Troyce Nix, le gardien (et l’un des propriétaires de la prison), pour aller faire des travaux chez lui… et le violer. La fois suivante, il se venge en tailladant… et voici un fugitif et un tortionnaire à la poursuite l’un de l’autre, le premier voulant aussi retrouver sa femme et son bébé, le second se faisant aider par une femme rencontrée en chemin, Candace. Un problème quand même, cette dernière a refait sa vie avec un riche propriétaire. Les destins des uns et des autres vont se croiser, se télescoper…

Mon avis : au début du roman, il faut s’accrocher, il y a beaucoup de personnages et on n’arrête pas de changer de point de vue, depuis l’un ou l’autre personnage. Des personnages qui traînent leur passé avec eux, guerre du Vietnam, tortionnaire à Abu Graib, traumatisme de Katrina. Flic (en congé), privé, voyou, qui est le plus violent? À côté de l’intrigue, pleine de rebondissements, des descriptions sublimes, presque cinématographiques, des paysages. Plein de détails et d’allusions, même à Monsanto, en quelques lignes, non pas pour des OGM cette fois-ci, mais pour la catastrophe de Texas City (en avril 1947, presque 600 morts après l’explosion d’un bateau chargé de nitrate d’ammonium pour fabriquer des engrais et l’incendie d’un stock de styrène).

Un dernier petit mot, à nouveau un roman où le relecteur n’a pas entièrement fait son boulot, il reste beaucoup trop de fautes dans ce livre…