Archives de catégorie : Lecture / autres

Toutes mes lectures, à l’exception des bandes dessinées et des livres écrits par des prix Nobel de littérature, classés à part.

Itsik de Pascale Roze

pioche-en-bib.jpgCouverture de Itsik de Pascale RozeUn livre trouvé à la médiathèque.

Le livre : Itsik de Pascale Roze, collection bleue, éditions Stock, 2008, 119 pages, ISBN 9782234059764.

L’histoire : en 1904 à Varsovie naît Itzhak (Itzik) Gersztenfeldest, le petit dernier d’une famille nombreuse. Une enfance dans le quartier juif, adolescent, il tombe amoureux de Maryem mais part rejoindre son frère Yossel à Berlin, qui y a monté une petite entreprise de confection, lui fait abandonner le yiddish et apprendre l’allemand avec l’aide de la première ouvrière, Katia. Le jour où il apprend que son frère veut les marier, il se révolte, fuit en France en s’embauchant dans une mine, avant de rejoindre Paris, où il pourra enfin faire venir Maryem… mais tout se gâte en 1941.

Mon avis : ce livre montre la vie d’un juif polonais qui va aller de Varsovie à Paris en passant par Berlin et la mine à Bruay-en-Artois. L’ascension sociale, avant la tentative d’engagement volontaire dans l’armée polonaise, avec une errance qui va le mener à Airvault, Toulouse, Libourne. La soumission aussi de cet homme qui, interné au camp de Pithiviers, réussi à obtenir un laisser-passer pour aller voir sa femme malade à Paris, par deux fois, et n’en profite pas pour s’enfuir (il réussit quand même à faire mettre ses enfants à l’abri à Montihou-sur-Bièvre), rentre docilement se mettre dans la gueule du loup, déporté finalement à Auschwitz en 1942 (convoi du 24 juin), où il est immédiatement éliminé. Un texte court à découvrir si vous le trouvez…

Pour aller plus loin : il faudra que je vous reparle du camp de Velluché à Airvault dans les Deux-Sèvres, qui, après avoir reçu le gouvernement polonais en exil, est devenu un Fronstalag (n° 231, sur lequel la ville communique à peine)… Sur ces camps d’internement allemands des étrangers indésirables, vous pouvez (re)lire mon article sur le Frontstalag 230, le camp de la Chauvinerie et le camp de la route de Limoges à Poitiers.

Sur des sujets voisins, suivre les liens des mots-clefs en fin d’article ou voir:

Tsiganes, camp de concentration de Montreuil-Bellay de Kkrist Mirror

– Maus, un survivant raconte : tome 1 : mon père saigne l’histoire ; tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, de Art Spiegelman

– Aucun de nous ne reviendra, Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours de Charlotte Delbo

Sauve-toi, la vie t’appelle de Boris Cyrulnik

Éducation européenne de Romain Gary

–  Le wagon d’Arnaud Rykner

L’horloger d’Everton de Georges Simenon

Couverture de Le monde de SImenon, volume 5, AmériqueJ’avais acheté lors de sa sortie ce volume édité en supplément du Monde contenant trois histoires américaines de Georges Simenon (un auteur dont j’ai lu beaucoup de titres il y a longtemps, dans les volumes de la collection Tout Simenon, et récemment depuis l’ouverture de ce blog Les noces de Poitiers)…

Le livre : L’horloger d’Everton de Georges Simenon, Le monde de SImenon, volume 5, Amérique (contient L’horloger d’Everton, Feux rouges et La jument perdue) éditions du Monde, 2011, 502 pages (p. 9-158), ISBN 9782361560539 (première édition en 1954).

L’histoire : à Everton, un village de l’état de New-York aux États-Unis, après la seconde Guerre mondiale. L’horloger, Dave Galloway, élève seul son fils adolescent, Ben, sa femme Ruth l’a abandonné peu après sa naissance. En rentrant de sa sortie hebdomadaire chez son ami le menuisier, Frank Musak, un samedi soir, il s’aperçoit que Ben n’est pas là, une nuit d’angoisse commence, accentuée avec l’arrivée des parents d’une adolescente voisine, Lillian Hawkins. Les deux tourtereaux se sont enfouis ensembles pour se marier dans un état où c’est possible à leur âge. En route, ils ont commis un meurtre dans l’état de l’Indiana, la chasse à l’homme est ouverte… Le père retrouvera-t-il son fils grandi à ses côtés sans qu’il le connaisse vraiment?

Mon avis : la longue nuit d’attente avec à ses côtés son ami Frank Musak est un modèle de description psychologique d’un père qui essaye de comprendre comment son fils a pu en arriver là. Qu’est-il arrivé il y a quinze ans, quand sa femme l’a quittée? Qu’a-t-il manqué dans l’éducation de son fils, pour lequel il a l’impression d’avoir sacrifié une partie de sa vie? Comment n’a-t-il pas vu l’amour de celui-ci pour cette jeune adolescente, alors que ses parents à elle recevait régulièrement chez eux le garçon? L’incompréhension grandit quand, arrêté, le fils refuse de lui parler… Un beau roman sur un amour filial étouffant qui se termine par un drame…

Les croix de paille de Philippe Bouin

pioche-en-bib.jpgCouverture de Les croix de paille de Philippe BouinUn livre trouvé à la médiathèque.

Le livre : Les croix de paille de Philippe Bouin, éditions Viviane Hamy, 2000, 256 pages, ISBN 9782878581225.

 

L’histoire : en 1667 à Paris, Saint-Denis et Saint-Germain-en-Laye, où le roi Louis XIV préfère résider (plutôt qu’à Paris) en attendant la fin de la construction en cours du château de Versailles. Abandonné peu après sa naissance à l’Oratoire avec une somme permettant son éducation et un médaillon qui devra lui permettre de retrouver sa famille, le jeune Dieudonné Danglet s’est enfui avec une somme d’argent et loue ses services ici et là. A la fin d’un contrat agricole, alors qu’il marche le long de la route de Saint-Denis à Paris, il est renversé par un carrosse… Recueilli par madame de Vigier, qui se trouvait dans la voiture, celle-ci lui donne en son hôtel particulier un bon repas et une partie de jambes en l’air interrompue par le valet qui annonce une intrusion dans le cabinet de travail du mari… retrouvé mort assassiné. Par une suite de coïncidences, voici Dieudonné Danglet mêlé à l’enquête par le nouveau lieutenant de police, Monsieur de La Reynie, avec l’aide de « l’armée des Gueux », sur fond de complot et de guerre de religion larvée (protestants, jansénistes) après la Fronde…

Mon avis : un polar historique bien mené et dont la lecture est facilitée par l’insertion d’un plan simplifié de Paris en 1667 en début d’ouvrage. Je ne suis pas sûre que l’idée d’avoir mis le récit dans la bouche d’un narrateur extérieur, le père Grégoire, censé rapporter les faits des dizaines d’années après les faits apporte beaucoup, en tout cas, la longue introduction, si elle permet la contextualisation historique, rend l’entrée dans l’histoire assez laborieuse. Mais ensuite, je me suis laissée porter par ce polar historique agréable à lire.

Les croix de paille de Philippe Bouin

La femme à l’écharpe, de Madeleine Chapsal

pioche-en-bib.jpgCouverture de La femme à l'écharpe, de Madeleine ChapsalCela faisait un moment que je souhaitais découvrir cette auteure, le hasard d’un livre mis en valeur à la médiathèque a été l’occasion de franchir le pas…

Le livre : La femme à l’écharpe de Madeleine Chapsal, éditions Fayard, 2007, 216 pages, ISBN 978-2213627199.

L’histoire : été 2003 [l’année n’est pas citée, mais quelques indices, il fait chaud, Paris a un nouveau maire depuis peu et surtout Laurent Pagny chante Ma liberté de penser], à Paris et Saintes en Charente-Maritime. Mona, jolie femme très parisienne, est à Saintes où elle doit ranger et mettre en vente la maison de ses grands-parents, où son père, également très parisien, était venu finir sa vie à 80 ans et est mort récemment, l’argent lui servira à acheter avec Max, son mari depuis huit ans, un plus grand appartement à Paris. Au marché, elle achète des fagots de serments de vigne, la marchande les lui fait livrer par Laurent Verdier, un éleveur de chevaux qui passe devant chez elle. De retour à Paris, retour à la vie parisienne, restos chics, théâtre… Retour à Saintes pour la vente, à laquelle elle a du mal à se résoudre, Laurent Verdier lui propose d’acheter lui la maison pour une tante, elle pourrait ainsi toujours y revenir. Au retour à Paris, plus rapide que la date prévue, elle découvre que son mari la trompe avec sa secrétaire… et se réfugie dans la vieille maison.

Mon avis : un roman rapide à lire… sans grande surprise, le riche mari dominateur mais attentionné, qui trompe « naturellement » sa femme soumise qui finit par se rebeller, l’éleveur de chevaux à la vie simple…

Une escapade dans un restaurant proche de Saintes, à Taillebourg, un village qui pour moi a plutôt un écho archéologique avec ses nombreux bateaux trouvés dans le fleuve Charente, sur les communes de Taillebourg et Port-d’Envaux (suivre le lien pour l’article de Jean Chapelot et Eric Rieth, L’archéologie des fleuves et des rivières, une thématique de recherche originale : l’exemple du fleuve Charente, Actes du Quatrième congrès international d’archéologie médiévale et moderne, 3-8 septembre 2007), une épave Viking y a aussi été trouvée (voir la synthèse tout juste parue, Archéologie et histoire du fleuve Charente Taillebourg – Port d’Envaux : une zone portuaire du haut Moyen Âge sur le fleuve Charente, sous la direction de Annie Dumont et Jean-François Mariotti, aux presses universitaires de Dijon, 2013).

La femme au masque de chair de Donna Leon

pioche-en-bib.jpgCouverture de La femme au masque de chair de Donna LeonCela faisait un moment que je n’avais pas lu de livre de Donna Leon (revoir Requiem pour une cité de verre, L’affaire Paola, Mort à la Fenice). Un livre trouvé à la médiathèque.

Le livre : La femme au masque de chair, de Dona Leon, traduit de l’anglais par William Olivier Desmond, éditions Calmann Lévy, 268 pages, 2012, ISBN 9782702141410.

Le début de l’histoire : de nos jours, en hiver, à Venise. Franca Marinella, une femme blonde au visage refait, avec des hauts talons (pas pratique dans la neige), se rend à une soirée chez les beaux-parents du commissaire Guido Brunetti et passe la soirée à discuter avec lui de Cicéron, pendant que le beau-père et son mari parlent affaires. Mais voici que le chef d’une petite entreprise de transports est retrouvé mort, les carabiniers sont sur l’enquête, mais demandent des renseignements à Brunetti, ils sont sur la piste d’un trafic de déchets toxiques gérés par la mafia.

Mon avis : l’histoire est bien ficelée, comme la plupart des polars de Dona Leon, avec toujours la belle ville de Venise en toile de fond (ses rues, son casino, etc.), mais aussi la zone industrielle immonde sur le continent juste en face. Deux sujets pour ce polar, le trafic de déchets toxiques par la mafia et une maladie nosocomiale qui a donné à cette Franca Marinella ce visage si énigmatique. Et toujours les relations au sein de la famille Brunetti, sa femme Paola et leurs deux enfants devenus adolescents.

A louer sans commission, de Didier Daenincks

pioche-en-bib.jpg Couverture de A louer sans commission, de Didier DaenincksJe lis de temps à autre un livre de cet auteur, mais je m’aperçois que je ne vous en ai jamais parlé (sauf pour une adaptation en bande dessinée, Levée d’écrou (scénario de Didier Daeninckx, dessin de Mako)… J’ai choisi ce titre parce qu’il se passe dans un immeuble qui fait référence au familistère de Guise, dont je vous ai parlé au sujet de De briques et de sang de Régis Hautière (scénario) et David François (dessin et couleurs). Un livre trouvé à la médiathèque.

Le livre : À louer sans commission, de Didier Daenincks, collection Frontières, éditions Gallimard Jeunesse, 1998, 155 pages, ISBN 9782070519880.

L’histoire : Paris, été 1990 (non spécifié, mais l’Irak attaque le Koweït)… José et Milna cherchent depuis des mois un nouvel appartement à la place de leur minuscule studio… José, ouvrier dans une imprimerie, a beau dépouiller les petites annonces dès leur sortie, il arrive toujours trop tard, jusqu’au jour où il finit par être accepté près du canal de l’Ourcq, square de Gréville, au sixième étage d’un immeuble tout en coursives. Une bonne partie sont en loyers 1948, un promoteur immobilier réussit à acheter peu à peu chaque appartement et à le relouer plus cher. En dessous de chez eux, un étrange monsieur, qu’ils croisent régulièrement sur le palier à 3h du matin… Un jour, les « hommes en vert » de la propreté de Paris font le ménage, ont évacué tous les papiers qu le vieux monsieur gardait chez lui depuis des dizaines d’années, les voisins se sont répartis ses quelques meubles… Où est passé le monsieur? Ils finissent par le retrouver, anonyme et refusant de donner son nom, dans une maison de retraite de l’aide sociale, à Pantin. Sur un coup de tête, ils décident de l’héberger chez eux…

Mon avis : un court roman attachant qui aborde néanmoins des questions importantes, la spéculation immobilière (qui a encore augmenté depuis à Paris, surtout dans ce quartier là devenu très à la mode), l’anonymat des « vieux », la mémoire recomposée qui lui fait raconter à sa manière divers vieux polars des années 1950. Des portraits courts et hauts en couleur aussi, le chauffeur de taxi fan de Claude François, le patron de bistrot auvergnat et raciste, la concierge, etc. Un petit instant de lecture réjouissante!

 

Funérailles en bleu de Anne Perry

Logo God save the livreCouverture de Funérailles en bleu de Anne PerryAprès Bedford Square et La disparue de noël, j’ai choisi au hasard à la médiathèque un autre titre de Anne Perry…

Le livre : Funérailles en bleu de Anne Perry, traduit de l’anglais par Alexis Champon, collection grands détectives n° 3640, éditions 10/18, 2004, 379 pages, ISBN 978-2264038180.

L’histoire : à Londres en 1861. La modèle d’un peintre et Elissa Beck, la femme d’un chirurgien, sont retrouvées la nuque brisée dans l’atelier du peintre. Ester, la femme de Monk, commissaire retiré de la police qui qui agit désormais à titre privé, travaille justement pour ce médecin à l’hôpital, elle ne peut pas croire en la culpabilité du mari. Et pourtant, tout semble le désigner, sa femme état tombée dans le jeu pathologique, l’avait amené au bord de la ruine… Et si la clef de l’énigme se trouvait à Vienne, en Autriche, où 13 ans auparavant, Elissa (encore von Leibnitz) et Kristian Beck avaient été les piliers d’un groupe d’insurgés lors de la révolution de 1848? Monk part mener l’enquête sur place tandis que le procès s’ouvre à Londres…

Mon avis : la partie londonienne est pleine d’une ambiance très… londonienne, froid, humidité et brouillard. La partie viennoise nous plonge à la fois dans les valses de Strauss et la tentative de révolution de 1848 sur fond d’antisémitisme latent (le quartier juif, la mort tragique d’une révolutionnaire juive, le choix de certaines familles, depuis plusieurs générations, de changer de religion et de nom…). Le dénouement de l’histoire est surprenant, mais ce que j’aime chez Anne Perry, c’est l’ambiance générale…

Logo God save the livre Ce livre entre dans le défi God save the livre, saison 3, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici fin février 2014 et atteindre l’une de ces catégories : « Duty Harry » (1 livre lu), « Prince Charles » (5 livres), « Prince William » (10 livres), « Lady Di » (15 livres), « The Beatles » (20 livres et plus), « Queen Mom » (au moins un livre en VO)…

L’homme au ventre de plomb, de Jean-François Parot

pioche-en-bib.jpgCouverture de L'homme au ventre de plomb, de Jean-François ParotUn livre trouvé à la médiathèque.

Le livre : L’homme au ventre de plomb de Jean-François Parot, éditions Jean-Claude Lattès, 2008, 360 pages, ISBN 9782709630658 (aussi édité dans la collection Grands détectives chez 10/18).

L’histoire : en 1761, à Paris et Versailles. Le commissaire Nicolas Le Floch est chargé de participer à la sécurité de la première à l’Opéra des Paladins de Rameau, à laquelle assiste Madame Adélaïde, une des filles de Louis XV, en compagnie, dans sa loge, du comte et de la comtesse de Ruissec. Au milieu de la représentation, ceux-ci sortent de la loge: leur fils vient de se suicider. Nicolas Le Floch suit son chef, Sartine, dans leur hôtel particulier, et a des doutes sur le suicide. Il fait enlever le corps en vue d’une autopsie par Samson, le bourreau, mais est empêché. Il a cependant pu constater que la victime avait été torturée, forcée à avaler du plomb. La comtesse de Ruissec, qui lui avait donné rendez-vous, est à son tour assassinée avant de pouvoir livrer son secret. Sur fond d’intrigues de cour et d’intervention de Madame de Pompadour, il mène l’enquête à Paris et à Versailles…

Mon avis : j’avais envie de tenter un titre de cette série, beaucoup d’amis m’ayant parlé soit de la série, soit de son adaptation à la télévision. Un polar sur fond historique, la vie de cour pendant la guerre de sept ans, sur fond d’intrigues (des courtisan(e)s, des jésuites, etc.), d’opposition entre l’opéra et l’opéra comique, comme un retour aux années de classe préparatoire à l’école des Chartes (oui, ça date maintenant…), en cours d’histoire moderne… mais en plus vivant! Une fin un peu trop à la « Agatha Christie » à mon goût, mais néanmoins un polar historique bien mené et agréable à lire.

 

La réparation de Colombe Schneck

pioche-en-bib.jpgCouverture de La réparation de Colombe SchneckUn livre dont j’avais pas mal entendu parler sur France Inter (l’auteure y est journaliste) lors de sa parution il y a un an (rentrée littéraire 2012), trouvé à la médiathèque.

Le livre : La réparation de Colombe Schneck, éditions Grasset, 2012, 224 pages, ISBN 978-2246788942.

L’histoire : de nos jours et pendant la seconde guerre mondiale, à Paris et dans le ghetto de Kovno (aujourd’hui Kaunas), en Lituanie. Colombe Schneck a prénommé sa fille Salomé, pas tout à fait par hasard, pour son premier enfant, sa mère aujourd’hui décédée avait suggéré ce prénom, ce fut un garçon, Salomé est revenu dans une conversation, mais c’était aussi celui de la fille de sa tante, Raya Berstein, Salomé, née en 1936 ou 1937 et morte en déportation en 1943, dont il ne reste qu’une photographie. Colombe Schneck part à la recherche de l’histoire de sa famille, longtemps tue par sa mère et sa grand-mère, part à la rencontre de son oncle et de ses tantes (ils ont tous survécu, pas leurs parents ni leurs enfants), de leurs enfants aujourd’hui adultes nés après la guerre, sur place à Kovno aussi.

Mon avis : un récit bibliographique qui aurait mérité d’être accompagné d’un arbre généalogique, pour mieux se repérer dans la famille nombreuse (Raya, Macha, Samuel, Max, hélène, Pierre, Salomé, Nahum, Myriam, Elie, etc.). Le choix du prénom de Salomé pour sa fille, qui devait rester bien enfoui dans le sub-conscient de l’auteure, est le déclencheur de cette histoire pour laquelle je lirais bien aussi la version de son frère (Autobiographie de mon père, de Pierre Pachet, mais le livre n’est pas à la médiathèque de Poitiers). Ce retour sur le passé est une plongée dans les non-dits familiaux, une histoire douloureuse et enfouie, cachée par la grand-mère revenue des camps, alors que les frère et sœurs de celle-ci en ont parlé à leurs enfants nés après la guerre (ceux nés avant ont tous été exterminés). Le ghetto, la déportation, le difficile retour des camps, l’errance à travers l’Europe, le regroupement familial puis la dispersion (États-Unis, Paris, Israël), l’impossibilité de raconter l’indicible.

Pour aller plus loin : Colombe Schneck propose une série de lecture au fil des pages, partiellement regroupées à la fin de l’ouvrage dans un bibliographie (tout n’y est pas repris, au fil des pages, j’ai noté qu’il manquait au moins Le juif errant est arrivé d’Albert Londres, les romans de Bashevis Singer, Aharon Appelfeld et Philip Roth, Le juif imaginaire d’Alain Finkielkraut, Les récits de Kolima de Varlam Chalamov, Les jours de notre mort de David Rousset).

Parmi les livres dont je vous ai déjà parlé, je vous conseille aussi sur le sujet:

– Maus, un survivant raconte : tome 1 : mon père saigne l’histoire ; tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, de Art Spiegelman

Sauve-toi, la vie t’appelle de Boris Cyrulnik

Éducation européenne de Romain Gary

Le wagon de Arnaud Rykner

Hors champ de Sylvie Germain

Couverture de Hors champ de Sylvie GermainUn livre prêté par Grégory, qui m’a aussi prêté, de Sylvie Germain, Rendez-vous nomades et Petites scènes capitales

Le livreHors champ de Sylvie Germain, éditions Albin Michel, 2009, 195 pages, ISBN 9782226193988.

L’histoire : dans un espace assez indéfini et intemporel, sur une semaine, du dimanche au samedi. Aurélien, la cinquantaine, est un informaticien ordinaire, né d’une furtive relation de sa mère avec un inconnu dans un parc. Il vient de terminer la transcription des carnets de Joël, le fils d’un premier lit du compagnon de sa mère. Alors qu’il était brillant élève, Joël avait été renversé par une voiture et vit dans un état léthargique depuis des dizaines d’années. Mais au moment d’imprimer le texte, l »ordinateur lâche. Petit à petit, Aurélien va s’effacer de la vie, devenir flou puis invisible aux passants puis à ses proches tout en continuant, lui, à les voir… et à voir encore plus les « invisibles de la ville » (clochards, prostituées, etc.).

Mon avis : Sylvie Germain a choisi d’écrire un roman qui semble ancré dans la réalité mais qui dérive dans un univers fantastique, un genre littéraire que j’aborde très rarement. C’est aussi un prétexte pour aborder la place de l’homme dans la société, où il y a finalement beaucoup « d’hommes invisibles », à commencer par le père du narrateur, Joël en état végétatif depuis son accident, les personnes que l’on croise chaque jour sans les voir dans la ville. Ceci étant, j’ai eu du mal à entrer dans le livre, peut-être que la narration à la troisième personne alors qu’elle est très incarnée (au sens propre) dans le personnage d’Aurélien y est pour beaucoup.