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La femelle de l’espèce, d’Andrea Japp

Couverture de La femelle de l'espèce, d'Andrea JappJ’ai lu il y a quelques semaines Dans la tête, le venin d’Andrea Japp en large vision, j’ai trouvé sur la brocante du vendredi à Poitiers, en édition club, un autre livre de cette auteure écrit en assez gros, mais avec des interlignes encore un peu trop petits pour moi. Même s’il est court (200 pages dans cette édition), cela a été assez compliqué à lire. Il a reçu en 1996 le prix des éditions du Masque.

Le livre: La femelle de l’espèce, de H. Andrea Japp [Lionelle Nugon-Baudon], éditions du Masque, 1996 (lu en édition Le Club, 1997, 204 pages, il existe encore, je crois, en livre de poche).

L’histoire: Boston, en juillet d’une année non précisée (dans les années 1990?). Toni Magnani vend de grosses voitures, sa femme Sarah, d’origine irlandaise, est maman au foyer, a dû mal à vivre dans le Northend, ce quartier de la diaspora italienne. Mais un soir, leur fille, Sophia, 12 ans, ne rentre pas à la maison. Elle n’est pas chez sa copine habituelle, une enquête de police superficielle révèle qu’elle est partie apparemment volontairement à la sortie de l’école avec un homme blond. Sarah ne croît pas à une fugue de sa fille, elle va voir le FBI, y est mal reçue, décide de se lancer seule, enfin, avec l’aide de la coiffeuse et un informateur limite mafieux, sur les traces de sa fille. La retrouvera-t-elle?

Mon avis: en quelques pages, la mère au foyer rangée plaque son mari et se retrouve en femelle féroce à la recherche de sa fille dans les bas-fonds de Boston, entre mafias (italienne et asiatique), drogue, avocat ayant abandonné le métier après avoir obtenu la relaxe de son client pédophile,militaire devenu zen… Le style est efficace, le récit plutôt original pour ce type de livre. Même si ce n’est pas mon polar préféré, si je mets de côté mes problèmes ‘techniques » de lecture (voir en introduction), il est agréable à lire, même tronçonné chapitre par chapitre (un ou deux par jour).

La femme au masque de chair de Donna Leon

pioche-en-bib.jpgCouverture de La femme au masque de chair de Donna LeonCela faisait un moment que je n’avais pas lu de livre de Donna Leon (revoir Requiem pour une cité de verre, L’affaire Paola, Mort à la Fenice). Un livre trouvé à la médiathèque.

Le livre : La femme au masque de chair, de Dona Leon, traduit de l’anglais par William Olivier Desmond, éditions Calmann Lévy, 268 pages, 2012, ISBN 9782702141410.

Le début de l’histoire : de nos jours, en hiver, à Venise. Franca Marinella, une femme blonde au visage refait, avec des hauts talons (pas pratique dans la neige), se rend à une soirée chez les beaux-parents du commissaire Guido Brunetti et passe la soirée à discuter avec lui de Cicéron, pendant que le beau-père et son mari parlent affaires. Mais voici que le chef d’une petite entreprise de transports est retrouvé mort, les carabiniers sont sur l’enquête, mais demandent des renseignements à Brunetti, ils sont sur la piste d’un trafic de déchets toxiques gérés par la mafia.

Mon avis : l’histoire est bien ficelée, comme la plupart des polars de Dona Leon, avec toujours la belle ville de Venise en toile de fond (ses rues, son casino, etc.), mais aussi la zone industrielle immonde sur le continent juste en face. Deux sujets pour ce polar, le trafic de déchets toxiques par la mafia et une maladie nosocomiale qui a donné à cette Franca Marinella ce visage si énigmatique. Et toujours les relations au sein de la famille Brunetti, sa femme Paola et leurs deux enfants devenus adolescents.

Scarface de Armitage Trail

Coffret de huit polars réédités par Télérama en 2010 Il y a quelques mois, Télérama a réédité une série de polars (voir liste en bas de cet article). J’en poursuis la lecture…

Le livre : Scarface de Armitage Trail, traduit de l’anglais (États-Unis) par François Guérif, Télérama / Rivages / noir, 2010 , 215 pages, ISBN 978-2-86930-523-6 (première édition aux États-Unis à la fin des années 1920, première traduction française chez Rivages en 1992).

L’histoire : juste avant 1914 et après 1918 dans une ville des États-Unis qui n’est ni Chicago, ni New-York (citées comme lieux possibles d’exil). Avant 1914, Tony Guarino, dont le frère est policier, a monté un petit trafic basé sur le racket. Un jour, il tue un rival pour une question de femme. Il doit fuir, et s’engage dans l’armée, part à la guerre, d’où il revient avec une formation de tireur d’élite avec une grande balafre (d’où son surnom). De retour, il commence par tuer sa petite amie, qui ne l’a pas attendu, et reprend son activité sous la protection d’un riche truand. En ville, la guerre des gangs fait rage pour le contrôle de la production et de la distribution d’alcool (interdite, nous sommes en pleine prohibition). La police, qui touche de chacun d’eux, tente de maintenir l’équilibre alors que Tony monte très vite dans la hiérarchie du gang et de la mafia… Jusqu’où ira-t-il ?

Mon avis : ce roman a un peu vieilli, mais reste d’une lecture agréable pour un trajet en train par exemple… L’auteur, de son vrai nom Robert Coons, est mort en 1931, et son livre fut adapté au cinéma dès 1932 par Howard Hawks (avec Paul Muni et George Raft). La seconde adaptation, en 1983, par Brian de Palma, avec Al Pacino et Michelle Pfeiffer, la seule que j’ai vue il y a longtemps, est en fait très loin du livre…

Tous les titres du coffret Télérama que j’ai lus

Lecture : L’affaire Paola, de Donna Leon

Donna Leon, l'Affaire Paola J’ai déjà lu plusieurs aventures du commissaire Brunetti à Venise, en français et aussi en anglais (Requiem pour une cité de verre ; Mort à la Fenice, La femme au masque de chair). Je suis tombée sur celui-ci chez un bouquiniste, et je l’ai dévoré en une seule fois. Je suis encore en vacances, je peux donc lire beaucoup !

Le livre : L’affaire Paola, de Donna Leon, collection Points (P 1089), 2003, ISBN 2.02.055529.8.

Le début de l’histoire : Paola, la femme du commissaire Guido Brunetti, s’est disputée avec lui il y a quelques jours à propos des agences de voyage qui organisent des voyages de tourisme sexuel en Asie du Sud-Est. Une nuit, elle va détruire la vitrine d’une de ces agences. Son mari étouffe l’affaire, la vitrine est changée… et Paola récidive la nuit suivante. cette fois, elle est arrêtée, et son mari mis en congés quand, quelques jours plus tard, le propriétaire de cette agence est assassiné, avec à côté de lui un mot dénonçant le tourisme sexuel… Mais le propriétaire possédait aussi des usines chimiques et de produits pharmaceutiques. Alors, ce meurtre est-il une conséquence du geste de Paola contre la vitrine de l’agence de voyage?

Mon avis : une histoire qui nous plonge à nouveau dans les rues de Venise, ses canaux… Une dénonciation du tourisme sexuel, et une nouvelle attaque contre la mafia et ses agissements.

De cette auteure, je vous ai parlé de:

Requiem pour une cité de verre ;

– L’affaire Paola ;

Mort à la Fenice

Lecture : Morituri, de Yasmina Khadra

Couverture du quattuor algérien de Yasmmina Khadra Petit rappel : les éditions Gallimard (collection Folio policier, n° 510, 2008, ISBN 978-2-07-035755-0 ) ont eu la très bonne idée de rééditer pour cet été sous le titre Le quatuor algérien quatre enquêtes du commissaire Llob, par Yasmina Khadra (pseudonyme de Mohamed Moulessehoul, voir sur le site officiel de l’auteur l’explication de ce pseudonyme). L’auteur a choisi la forme du roman policier pour dénoncer le terrorisme des années 1990, et surtout ses causes sous-jacentes, dont la corruption généralisée que tente de combattre le commissaire intègre Brahim Llob, ancien combattant de la première heure lors de la guerre d’indépendance. Les histoires sont éditées ici dans l’ordre du récit, et non dans l’ordre de parution. Il s’agit dans l’ordre de :
La part du mort, édité pour la première fois aux éditions Julliard en 2004 puis en 2005 dans la collection Folio policier, dont je vous ai parlé la semaine dernière ;
Morituri, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1997 puis en 1999 dans la collection Folio policier et adapté au cinéma en 2007 par Okacha Touita ;
Double blanc, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier ;
L’automne des chimères, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier.

Une petite précision suite à une question que j’ai reçue : il n’y a pas de traducteur pour ces livres, Mohamed Moulessehoul écrit en français, il justifie son choix sur son site officiel. C’est également un ancien officier de l’armée algérienne, né en 1955, donc trop jeune pour avoir participé la guerre d’indépendance, mais qui a participé activement à celle contre le terrorisme. Son père a néanmoins rejoint l’ALN (armée de libération nationale) et est donc un résistant de la première heure, comme le commissaire Llob, héros de ces quatre romans (noirs plus que policiers). Il vit en France avec sa famille depuis 2001.

Aujourd’hui, je vous parle donc de Morituri.

Le début de l’histoire : la fille d’un ancien homme politique encore influent, Ghoul Malek, a disparu, le commissaire Llob est chargé de la retrouver. Sa carrière stage parce qu’il refuse de se livrer aux mêmes magouilles que ses collègues. Le BRQ, bulletin quotidien de la police, fait état des attentats commis pendant les dernières 24 heures. Prostitution, drogue, alcool (qui semble couler flot dans certains milieux), peuple dans la misère noire, terroristes, anciens résistants de la guerre de libération (les vrais et ceux de la dernière heure),corruption, mouvements mafieux, tous ces milieux sont abordés.

Mon avis : Un roman très, très noir, mais j’ai adoré ! Il manque quand même la petite pointe d’espoir en l’avenir, mais il faut rappeler que ce live a été écrit par l’auteur alors qu’il venait d’assister à un attentat contre des scouts dans un cimetière alors qu’ils célébraient les quarante ans du déclenchement de la guerre de libération (voir la préface). Je n’ai pas vu l’adaptation de ce livre au cinéma l’année dernière.

Post-scriptum : depuis la rédaction de cet article, j’ai aussi lu Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra, paru fin août 2008, La longue nuit d’un repenti, Les hirondelles de Kaboul et La rose de Blida.