Archives par étiquette : prix Nobel de littérature

Pérégrinations portugaises de José Saramago

Couverture des pérégrinations portugaises de Saramago pioche-en-bib.jpgAvec ce livre, j’alimente ma page des prix Nobel de littérature (1998 pour José Saramago) et celle de mon tour du monde en lecture, défi organisé par Livresque. J’ai emprunté le livre à la médiathèque et même renouvelé le premier emprunt de trois semaines…

Le livre : Pérégrinations portugaises de José Saramago, traduit du portugais par Geneviève Leibrich, éditions du Seuil (possibilité de lire le premier chapitre), 441 pages, 2003, ISBN 9782020474245.

L’histoire : à une époque non précisée, disons quelque part dans la deuxième moitié du 20e siècle, mais avant 1992 (le narrateur passe vite dans la vallée de la Coã, sans signaler les gravures préhistoriques découvertes cette année là lors d’un projet de barrage, p. 193), à travers le Portugal. Le voyageur visite son pays, décrit les paysages, le patrimoine (surtout de petites églises rurales), les hommes et les femmes qu’il croise, les auberges et hôtels…

Mon avis : je dois vous avouer que j’ai craqué vers la page 350 et abandonné le livre… quitte à le reprendre peut-être si un jour je décide d’aller me promener au Portugal… autrement que pour l’exposition universelle de Lisbonne ou par la lecture du blog de Défi de toile. C’est surtout le style que je ne supportai plus, « le voyageur » qui apparaît trois à quatre fois par page comme sujet des phrases. Et puis, la recherche de l’homme ou de la femme des clefs (celui qui détient la clef de l’église habituellement fermée), la description des églises romanes, gothiques et manuelliennes devient lassante (et me rappelle peut-être un peu trop le quotidien au boulot?). Pourtant, j’ai bien aimé quelques passages, comme la comparaison d’une église à une « immense tortue […] avec des murs très épais et d’énormes contreforts qui sont les pattes de la bête » (Malhadas, p. 16). J’étais contente, p. 34, « le voyageur […] n’est pas très sensible aux exubérances baroques » (moi non plus), mais il enchaîne « […] plus tard, il se repentira de ce qu’il a dit et reconnaîtra la dignité particulière de l’art baroque ». Grosse coquille page 38 (la faute au correcteur de l’éditeur…) : « à des lieux [pour des lieues] à la ronde ». Page 91, il m’agace, je ne peux l’approuver, il suggère de démonter des églises non entretenues et de les remonter dans des endroits où les gens y seraient plus sensibles, une solution absurde, à mon avis… Page 124, il n’est pas sensible aux émaux de Limoges, pourtant, ils sont de véritables prouesses techniques, même si on peut ne pas aimer leur esthétisme, le travail des orfèvres y est toujours remarquable. Bon, j’arrête là, j’aurais encore pu vous parler de la noria (au sens propre) page 255 ou de pèlerinage à Fatima qui s’étire à partir de la page 260.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre du Portugal.

L’été de la vie de J. M. Coetzee

logo du chalenge 1% rentrée littéraire 2010 Jacquette de l'été de la vie de JM Coetze Avec ce livre dont on parle beaucoup, j’inaugure mes lectures du défi du challenge du 1 % rentrée littéraire 2010, repris par Schlabaya, j’alimente ma page des prix Nobel de littérature (2003 pour JM Coetzee) et celle de mon tour du monde en lecture, défi organisé par Livresque.

Le livre : L’été de la vie de J. M. Coetzee, traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Catherine Lauga du Plessis, éditions du Seuil (possibilité de lire le premier chapitre), 316 pages, 2010, ISBN 97820210002906.

L’histoire : de 1972 à 1975 (carnets de Coetzee en Afrique-du-Sud), en septembre 2007 à Sheffield en Angleterre (interview de Martin), en décembre 2007 à Saõ Paulo au Brésil (Adriana) et à Sommerset West en Afrique-du-Sud (Margot), en janvier 2008 à Paris (Sophie), en mai 2008 à Kingston en Ontario (Julia). Un universitaire anglais réalise à travers le monde une série d’entretiens avec des personnes qui ont connu Coetzee, récemment décédé (dans le livre…). Il a choisi de s’entretenir avec Julia, une ancienne amante qui rapporte leur brève liaison, Margot, une cousine qui raconte un noël en famille près de Merwille, Adriana, une danseuse brésilienne dont le mari est dans le coma suite à une agression et dont il a la fille en cours particulier, Martin, avec qui il a été en concurrence pour un poste à l’université du Cap, Sophie, avec qui il a réalisé un cours sur la littérature africaine.

Mon avis : une forme très originale d’autobiographie romancée… S’imaginer mort et sa vie racontée par des personnes qui l’ont connu, voilà le parti choisi par Coetzee (sans prénom, c’est son choix, parfois John dans les entretiens), un portrait pessimiste, qui montre un homme terne, mal peigné et pas toujours agréable, qui vit avec son père mais qui n’approuve pas ses positions sur l’apartheid, mais dont il dresse un portrait très sensible dans les dernières pages. Un livre brillant, que j’ai dévoré lors de mes dernières vacances… L’apartheid, la place des métisses surtout, sont en filigrane tout au long du livre. Derrière un récit (enfin, des récits) en apparence d’interview, des questions importantes sont abordées. Par exemple, pour Margot, il s’agit de la lecture par l’universitaire de la transcription d’un premier entretien… Margot n’y reconnaît pas ses mots, a dû mal avec une transcription à la troisième personne, trouve que l’universitaire a romancé et trahi certains de ses propos. Une critique de l’entretien par le sociologue ou l’ethnologue derrière quelques phrases au passage. Un peu sur le même thème, Martin, s’interroge sur le choix des témoins. Coetzee aborde aussi au fil des pages, juste par évocation, certains de ses livres… Terre de crépuscule avec Julia, Foe avec Adriana, Au cœur de ce pays avec Sophie, etc.

Du même auteur, j’ai aussi lu Scènes de la vie d’un jeune garçon.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de l’Afrique-du-Sud.

Mystère bouffe de Dario Fo

Couverture de Mystère bouffe de Dario Fo pioche-en-bib.jpgJ’ai emprunté ce livre à la médiathèque à la fois pour poursuivre ma lecture des prix Nobel de littérature (1997 pour Dario Fo) et pour avoir un livre plus sérieux que La solitude des nombres premiers de Paolo Giordano pour représenter l’Italie dans le tour du monde des livres, organisé par Livresque.

Le livre : Mystère bouffe, jonglerie populaire de Dario Fo, éditions Dramaturgie, 1984, 223 pages, ISBN 9782902165087 (l’éditeur ne parle pas, en tête de livre, de traduction mais d’une adaptation française des commentaires (presque la moitié du livre) de Dario Fo par Ginette Herry, et des mystères par Agnès Gauthier, Ginette Herry et Claude Perrus). Première publication en 1969 (l’ouvrage comprend une longue postface de J. Guinot et F. Ribes, qui éclaire le contexte de l’œuvre).

L’histoire : l’auteur revisite les farces médiévales, ces pièces qui pouvaient être jouées près des églises pour expliquer la Bible et surtout ses dogmes e interprétations. Mais cette fois, il s’agit de contrer le discours de l’église… Le massacre des innocents ou les soldats qui viennent de crucifier le Christ sont de petites prouesses de réinterprétation. Les petites pièces genre pantomime mettent en scène un jongler, un fou, des joueurs. Quand le paralytique croise un aveugle, ils s’entraident… et tentent d’éviter le Christ qui passe par là, de peur d’être guéris par un miracle.

Mon avis : j’ai bien aimé que l’auteur intercale des commentaires entre ses pièces courtes, en commentant quelques photographies d’œuvres médiévales qu’il a sélectionnées. L’idée de revisiter la commedia del arte et la farce médiévale est très intéressante. En revanche, les pièces sont prévues pour être jouées par un homme seul, avec des dispositifs scéniques traditionnels, et là, je ne vois pas trop comment ça peut marcher… Cette pièce a été montée cette année à la comédie française, elle tournera peut-être, j’aimerais bien la voir au moins une fois. L’Église catholique, à l’époque, tenta de faire interdire les représentations, fit arracher les affiches, elle manque vraiment d’humour, , le portrait de Boniface VIII, le pape mis en Enfer par Dante, est à se tordre de rire!

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de l’Italie.

Les mots de Jean-Paul Sartre

Couverture des mots de Jean-Paul Sartre Suite à une série d’émissions sur France culture, il y a quelques mois, mon père a acheté et lu Les mots de Jean-Paul Sartre, comme je n’avais pas lu ce livre et que nous en avions parlé (je venais de relire Le Diable et le Bon Dieu du même auteur), il l’a apporté pour les vacances.

Le livre : Les mots de Jean-Paul Sartre, Folio n° 607, édition de 2009 (1ère publication en Folio : 1972 ; 1ère édition chez Gallimard : 1964), 212 pages, ISBN 978-2-007-036607-1.

L’histoire : en 1963, Sartre revient sur son enfance jusqu’à l’âge de 11 ans, et notamment à Paris et Arcachon, de 1910 à 1915/1916. Orphelin de père à onze mois, le jeune Sartre a été élevé par sa mère et ses grands-parents maternels. Vers 4/5 ans, sous la coupe de son grand-père, il découvre la lecture, dévore les livres (pas de son âge, ce qu’il trouve dans la bibliothèque du grand-père…), vit avec des adultes, commence à noircir des pages et des pages de cahiers. Sa tentative d’intégration dans un cours privé fut un échec, et il n’entre vraiment à l’école qu’au petit lycée (en sixième), avec une relation pas toujours facile avec ses camarades. Deux parties dans ce récit, Lire et écrire… tout un programme !

Mon avis : un récit plein d’humour (voir la scène du grand-père qui le conduit chez le coiffeur contre l’avis de la mère) et d’auto-dérision. Les critiques professionnels ont écrit qu’il s’agissait d’une recherche par Sartre des origines de sa névrose, d’une sorte d’analyse (au sens psychanalytique)… C’est surtout un beau récit, terrible, d’une enfance étouffée par sa mère et son grand-père, avec pour seule évasion les livres et l’écriture, déjà…

Pour aller plus loin : je vous conseille l’exposition en ligne de la bibliothèque nationale de France sur Jean-Paul Sartre, notamment cette page sur Les mots ou en plus grande photographie le manuscrit (clic sur les manuscrits… et aller page 13, vous aurez une photo des pages du manuscrit de ce livre). Il est très intéressant, constitué de deux lots de pages, celles écrites à partir de 1953 pour un livre qu’il souhaitait intituler Jean sans terre et celles reprises en 1963 pour constituer le texte définitif paru fin 1963 dans une revue (Les temps modernes puis début 1964 chez Gallimard. Mille fois repris, ce manuscrit est composé de plein de types de papiers et d’encres différents.

À tous les lycéens et étudiants qui passeront par ici, inutile de me demander ce que je pense de ce livre et autre demande d’analyse, je parle des livres comme j’ai envie et pas en fonction de vos devoirs et mémoires… Chaque fois que je parle d’un grand livre au programme des lycées ou universités, je reçois ce genre de demande… Juste une petite information que vous trouverez partout, ce livre est paru quelques mois avant que Sartre ne refuse le prix Nobel de littérature en 1964.

Le Diable et le Bon Dieu de Jean-Paul Sartre

Couverture du Diable et le Bon Dieu de Sartre, en vieux Folio Dans le cadre du défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie, la relecture d’un Sartre s’imposait à son tour. J’ai choisi une pièce de théâtre, et je la classe avec les lectures de prix Nobel (regroupés par auteur sur cette page), même si Jean-Paul Sartre l’a refusé lorsqu’il a été désigné en 1964.

Le livre : Le Diable et le Bon Dieu, de Jean-Paul Sartre , drame en trois actes, première parution en 1951 chez Gallimard, lu en Folio n° 869, édition de 1987, 252 pages, ISBN 978-2-07-036869-6.

L’histoire : à Worms, en Allemagne, au 16e siècle, lors de la révolte des paysans contre l’Église. Dans la ville, les paysans ont enfermé les prêtres et menacent de les massacrer. Dehors, Gœtz, bâtard d’une famille noble, tient le siège et vient de tuer son frère, qui dirigeait la révolte. L’évêque de la ville est menacé par Nasty, qui dirige la bande des pauvres, à l’extérieur, l’archevêque, par l’intermédiaire d’un banquier, tente de raisonner Gœtz. Mais celui-ci, par simple envie de faire le Mal et de défier Dieu, comme il le répète, décide de passer à l’attaque et de raser la ville. La trahison de Heinrich, modeste curé qui vivait avec les pauvres, qui a reçu in extremis (au sens propre) des mains de l’évêque une clef permettant d’entrer secrètement en ville, va lui donner l’occasion de perpétrer le massacre. Mais coup de théâtre, Heinrich convainc Gœtz que le Bien est plus difficile à faire que le Mal, et ce dernier, par défi, décide de se consacrer à faire désormais le Bien… Mais est-ce si simple et sans conséquence tragique?

Mon avis : j’ai eu du mal à entrer dans la pièce, mais ensuite, je me suis laissée porter par les tableaux successifs qui forment cette pièce de théâtre. Pour information, tout au long de la pièce, Sartre donne une notion religieuse au bien et au mal en les dotant systématiquement d’une majuscule.

Pour aller plus loin : pour suivre l’interprétation philosophique et religieuse de cette pièce, je vous laisse chercher en ligne, mais vous conseille quand même de podcaster (burk, ce mot… télécharger en vue d’une ballado-diffusion, comme disent certains…) l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut sur Sartre aujourd’hui, avec Isabelle Stal et Juliette Simon, diffusée le 12 juin 2010 (49 minutes à retrouver ici).

Sur la pièce elle-même, elle fut montée pour la première fois à Paris au Théâtre Antoine (direction Simone Berriau) le 7 juin 1951, dans une mise en scène de Louis Jouvet avec la distribution suivante : Pierre Brasseur (Gœtz), Jean Vilar (Heinrich), Henri Nassiet (Nasty), Jean Toulout (Tetzel), R.J. Chauffard (Karl), Maria Casarès (Hilda), Marie-Olivier (Catherine), Maurice Dorléac (le banquier), Anne-Marie Cazalis, Maria Meriko ; mise en scène : Louis Jouvet, décors : Félix Labisse, costumes : Francine Galliard-Risler réalisés par la maison Schiaparelli.

À propos de Maria Casarès, vous pouvez retrouver sa maison (un ancien manoir) à Alloue en photographie ici (sur le dossier documentaire, clic sur les vignettes pour voir les photos en plus grand), dans l’Image du patrimoine Le Confolentais : entre Poitou, Charente et Limousin (à la fin de l’introduction), ou sur place, en Charente-Limousine, en particulier lors du festival de théâtre début juillet, sa maison étant devenue une maison du comédien.

Vous pouvez aussi voir des images de la création au théâtre (et de sa reprise en 1968 au TNP) sur le site de la Bnf (bibliothèque nationale de France) dans le dossier qu’ils consacrent à Jean-Paul Sartre. Vous pouvez aussi en trouver un extrait avec François PERIER et Juliette MAGRE, extrait diffusé à l’occasion d’une rétrospective le jour de la mort de Sartre, le 15 avril 1980.

Logo du défi J'aime les classiques Je l’ai lu dans le cadre du défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie. Je ne sais pas encore ce que je lirai le mois prochain… peut-être un Victor Hugo.

Les neiges du Kilimandjaro de Ernest Hemingway

Couverture des neiges du killimandjaro de Ernest Hemingwy, couverture de 1982 J’ai relu ce livre qui était dans ma bibliothèque… J’ai décidé d’essayer de reprendre la lecture des livres des lauréats de prix Nobel de littérature, ceux qui sont dans ma bibliothèque et si possible un de chaque auteur, si j’arrive à les trouver, certains ne semblent avoir jamais été traduits en français. Pour Hemingway, je vous ai déjà parlé du Vieil homme et la mer.

Le livre : Les neiges du Kilimandjaro suivi de dix indiens, de Ernest Hemingway, traduit de l’anglais par Marcel Duhamel, Folio n° 151, 188 pages, 1982, ISBN 2-07-036151-9 (première édition dans la collection en 1972, il y en a eu d’autres depuis, ici, la couverture est extraite du film adapté de la nouvelle titre, avec Gregory Peck et Ava Gardner, réalisé par Henry King, en 1952. Pour mémoire, première édition en anglais de la nouvelle titre dans Esquire en 1936, certaines autres sont un peu plus tardives).

L’histoire : ce recueil regroupe douze nouvelles de longueur variable, une bonne quarantaine de pages pour les les neiges du Kilimandjaro et l’heure triomphale de Francis Macomber, quelques-unes seulement pour d’autres. Certaines se passent dans l’Afrique colonisée, en particulier les deux plus longues, qui toutes deux parlent de la chasse au gros gibier, les autres sont variées, en Europe (attente devant une gare dans hommage à la Suisse, en Palestine au 1er siècle de notre ère (c’est aujourd’hui vendredi), aux États-Unis, etc. Voici le titre des autres nouvelles : dix indiens, la capitale du monde, le vieil homme près du pont, la lumière du monde, la fin de quelque chose, une journée d’attente, là-haut dans le Michigan, trois jours dans la tourmente.

Mon avis : j’ai bien aimé la chasse au lion et aux buffles de l’heure triomphale de Francis Macomber, surtout sa chute, la lente agonie du héros des neiges du Kilimandjaro, avec le retour sur le passé, l’attente hypothétique de l’arrivée de secours pour la voiture en panne avant que la gangrène ne tue l’homme, et ses relations avec sa femme riche… J’ai adoré la courte nouvelle c’est aujourd’hui vendredi, discussion chez un marchand de vin de deux légionnaires qui ont assisté à la crucifixion du Christ et la commente avec cynisme. J’ai moins aimé les autres…

logo tour du monde en lecture J’ai sélectionné ce livre pour le tour du monde en lecture proposé par Livresque.

L’étranger de Camus

Couverture de l'étranger de Camus en folio de 1986 Pour le défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie et en cette année Camus, je ne pouvais pas ne pas en (re)lire un… J’ai choisi le premier roman qu’il a publié.

Le livre : L’étranger, de Albert Camus, paru en 1942. Dans ma bibliothèque, je l’avais en collection Foilio, n° 2, 1986, 186 pages. Je ne vous mets pas l’ISBN, vous trouverez plus facilement des éditions plus récentes.

L’histoire : dans les années 1930, à Alger. Meursault reçoit un télégramme lui annonçant le décès de sa mère à l’asile de vieillards où a dû la placer (il ne pouvait plus travailler et s’en occuper), à 80 km d’Alger. Il assiste à la veillée funèbre par les amis de sa mère sans vouloir la voir une dernière fois (le cercueil est fermé mais non scellé), puis suit dans un état second, apparemment indifférent, les obsèques qui ont été organisées par le directeur. De retour à Alger, il rencontre une ancienne amie, Marie, qui devient son amante. Il croise le vieux Salamano, qui bat son chien. Il témoigne aussi en faveur de son voisin, Raymond Sintès, qui vient de battre sa maîtresse arabe (mauresque dit le texte). Ils se retrouvent tous quelques jours plus tard sur une plage, où ils sont invités dans la cabane d’un ami de Raymond. Au cours d’une promenade, ils croisent deux hommes, dont le frère de la femme battue par Raymond. Ce dernier est blessé au couteau, Meursault récupère son révolver. Quelques heures plus tard, dans la chaleur de l’été, il retourne dans ce coin de la plage, tombe à nouveau sur ce frère, et l’abat froidement quand il ressort son couteau. Sa vie bascule, la deuxième partie est consacrée à la vie en prison, l’attente du procès puis de l’exécution de la sentence. Son apparente indifférence à l’enterrement de sa mère et dans les jours qui suivent (aller à la plage, coucher avec Marie) jouera un rôle important dans le verdict.

Mon avis : la narration à la première personne dans la peau de Meursault est particulièrement efficace. Un ton neutre, et une interrogation sur l’enchaînement des événements, la justice et la peine de mort derrière un récit qui se lit d’une traite. Le rapprochement du chien battu par Salamano et de la maîtresse arabe battue par Raymond est saisissant… Le passage avec la confrontation avec l’aumônier de la prison est aussi très fort.

L’avis des savants : L’étranger prend place dans la trilogie que Albert Camus a nommé le cycle de l’absurde, avec les deux pièces de théâtre Caligula et Le Malentendu. Il faut ajouter à ce cycle Le mythe de Sisyphe, un essai philosophique. Sisyphe, vous le trouvez chez Homère, il est condamné dans les enfers à pousser éternellement un gros rocher au sommet d’une montagne d’où il retombe sans cesse pour son rôle dans une sombre et énième histoire d’amour de Zeus.

Logo du défi J'aime les classiques Je l’ai lu dans le cadre du défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie. Je ne sais pas encore ce que je lirai le mois prochain…

Logo du challenge ABC critique de BabelioJ’ai sélectionné ce livre pour le défi ABC critique organisé par Babelio.

La convocation de Herta Müller

Couverture de la Convocation de Herta Müller pioche-en-bib.jpgQuand Herta Müller a reçu le prix Nobel de littérature, je me suis ruée le soir même à la médiathèque mais n’avais pu que m’inscrire sur la longue liste d’attente. Il y a déjà quelques semaines que j’avais pu avoir L’homme est un grand faisan sur terre, juste avant noël c’était mon tour pour la convocation… Depuis, j’ai aussi lu Animal du cœur et La bascule du souffle.

Le livre : la convocation, de Herta Müller, traduit de l’allemand par Claire de Oliveira, éditions Métailié, 208 pages, 2001, ISBN 978-2-86424-742-5.

L’histoire : dans une dictature, dans les années 1980-1990, le récit est assez intemporel et ne précise pas non plus le lieu exact. La narratrice travaillait dans une usine de confection. Un jour, elle a glissé des messages dans des pantalons en partance pour une maison de haute couture italienne. Elle a été convoquée à la Securitate, elle reçut un avertissement, puis fut accusée, à tort semble-t-il, d’avoir envoyé d’autres billets vers la Suède. Le récit se passe entièrement dans le tramway, qu’elle a pris tôt le matin car elle est à nouveau convoquée. Elle craint le commandant Albu, qui va sans aucun doute à nouveau l’humilier par un baise-main humiliant, tout baveux en lui écrasant les doigts… Tout au long du parcours, elle repasse sa vie et celle de ses proches en revue, sans ordre chronologique, son premier mari reste un mystère, son second mari a aussi été viré de sa boîte (il y a volé du métal pour fabriquer des antennes de télé) et est devenu alcoolique, son amie Lilly a tenté de fuir du pays avec un officier et a été abattue. Son mari a été renversé en moto, simple accident ou pression sur lui ? Qui moucharde ? Au passage, le lecteur apprend qu’elle est un enfant de remplacement. Le tramway avance vaille que vaille, le chauffeur s’arrête pour aller s’acheter des bretzels. Soumise à une telle pression, deviendra-t-elle folle comme certains de ses voisins ? Arrivera-t-elle à la Sécuritate, et à l’heure ?

Mon avis : un livre extrêmement fort, avec des phrases courtes, bien ciselées, très belles pour raconter un quotidien et une vie sordide… Je comprends pourquoi l’auteure a reçu le prix Nobel. Je trouve que le titre allemand original est plus parlant : Heute wär ich mir lieber nicht begegnet. Ni le lieu (on reconnaît certes assez bien la Roumanie) ni la date ne sont précisés, car il s’agit plus de dénoncer la dictature en général qu’une dictature en particulier.

Le troisième livre traduit en français de Herta Müller n’est pas encore disponible à la médiathèque, les autres seront maintenant sans doute vite traduits en français, j’espère… Sinon, je me les ferai livrer en allemand…

logo tour du monde en lecture J’ai sélectionné ce livre pour le tour du monde en lecture proposé par Livresque.

L’homme est un grand faisan sur terre de Herta Müller

pioche-en-bib.jpgQuand Herta Müller a reçu le prix Nobel de littérature il y a quelques semaines, je me suis précipitée à la médiathèque, mais d’autres étaient déjà passés avant moi, j’avais posé des réservations sur les deux titres (sur trois traduits en français) et en ai reçu enfin un.

Le livre : L’homme est un grand faisan sur terre, de Herta Müller, traduit de l’allemand par Nicole Bary, éditions Maren Sell et Cie, Paris, 1988, 106 p., ISBN 2-87604-0190 (il a été édité en Folio en 1997, et réédité depuis le prix Nobel).

L’histoire : dans un petit village roumain germanophone. Windisch, le meunier, se promène dans le village, en décrit ses habitants, le mégissier, le gardi du moulin, le menuisier, etc. Il souhaite à tout prix fuir son pays, et tout prix n’est pas un vain mot, il doit payer le maire et le policier en farine, mais aussi livrer sa fille Amélie (sa femme est trop laide et trop vieille) au curé chargé de délivrer les certificats de baptêmes et au policier chargé des papiers… Réussiront-ils à passer à l’ouest ?

Mon avis : ce récit court est très poignant, très dur sur le fond de misère du village roumain, mais aussi du passé (les prisonniers en Russie après la Seconde Guerre mondiale, les superstitions à propos d’un arbre, des chouettes, etc.). Les phrases sont courtes? Je lirais bien d’autres livres de cette auteure (voir ici, lus depuis, La convocation, Animal du cœur, La bascule du souffle), aussi en allemand…

Es-tu le maître de l’aube ? de Pearl Buck

Couverture du livre de Pearl Buck, es-tu le maître de l'Aube? Alors que la justice vient de débouter des appelés du contingent victimes d’irradiation lors d’essais nucléaires au Sahara dans les années 1960 (pour cause de prescription) et qu’un autre procès à lieu en Polynésie, où les populations locales étaient encore moins protégées lors des essais, j’ai eu envie de lire un livre sur ce type d’essais.

Le livre : Es-tu le maître de l’aube ?, de Pearl Buck (prix Nobel de littérature en 1938), traduit de l’américain par Lola Tranec, Le livre de poche n° 3564, 380 pages, dans l’édition de 1976 (1ère édition : 1959), ISBN 2-253-00416-2.

L’histoire : 1940. Les États-Unis ne sont pas encore entrés en guerre, des savants qui ont fui le régime Nazi ont rejoint le pays. Le grand physicien Burton Hall réussit à convaincre le pouvoir politique de lui donner carte blanche pour constituer une équipe qui sera chargée de mettre au point la bombe atomique. Certains hésitent, comme Stephen Coast, un de ses collaborateurs, devant les risques d’une telle bombe. Mais les savants sont mobilisés, l’industrie aussi, un réacteur est construit dans le Nevada, où aura lieu la première réaction en chaîne de l’histoire le 2 décembre 1942. En filigrane, le sort des Japonais qui vivaient depuis longtemps aux États-Unis et qui sont internés après Pearl Harbor…

Mon avis : j’ai bien aimé la réflexion sur le danger de la bombe atomique, de l’énergie nucléaire, les compromis que certains acceptent (si on travaille sur la bombe, on pourra aussi travailler ensuite sur le traitement de certains cancers), le peu de précautions prises lors des essais de plein air par des savants pleinement conscients des dangers (surtout lorqu’arrive un accident avec une irradiation mortelle)… À lire ou relire dans le contexte actuel…

PS: sur le sujet de l’émigration japonaise et la seconde guerre mondiale, voir aussi Voir aussi Certaines n’avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka, Si loin de vous de Nina Revoyr et Citoyenne 13 660 de Miné Okubo.