Archives par étiquette : prix Nobel de littérature

Nils Holgersson de Selma Lagerlöf

Mercredi, c’est prix Nobel de littérature. Je continue la relecture des œuvres des prix Nobel de littérature qui sont dans ma bibliothèque. Peut-être est-ce inconsciemment l’Alsacienne nourrissant une oie que Zazimuth brode en ce moment qui m’a dirigée vers ce livre ?

Le livre : Selma Lagerlöf, Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, traduit du suédois par Thekla Hammar en édition de poche (Presses pocket n° 2173, 1991, ISBN 2-266-02622-4). Première édition en suédois en 1906 (premier tome) et 1907 (2e tome), première traduction en français en 1912 chez Perrin (cette édition est cette première traduction ; depuis, il a été traduit à nouveau par Marc de Gouvenain et Lena Grumbach pour Actes Sud en 1990).

L’histoire : Nils Holgersson est un jeune adolescent turbulent, qui aime embêter les animaux. Un dimanche, il refuse d’aller à la messe, ses parents le laissent chez lui (avec pour devoir bien sûr de lire le prêche du jour). Un tomte (lutin) se présente à lui, il l’agace et se retrouve lui-même réduit à l’état de minuscule tomte. Un vol d’oies menées par Akka passant par là entraîne avec lui le jars de la ferme, et sur son dos, le petit Nils. L’occasion pour lui de découvrir la Suède et d’apprendre à respecter la nature…

Éléments de contexte : le livre est une commande reçue en 1902 de l’association des enseignants pour écrire un livre de géographie à destination des enfants…

Mon avis : J’ai calé au chapitre 28 (sur 42, mais sur un site, j’ai vu qu’il y avait 45 chapitres, en manque-t-il dans cette édition ?), trop moralisateur, trop vieilli, et puis, ce n’est pas une version illustrée. Bref, au bout d’une vingtaine de chapitres, je craque sur les relations avec les animaux, la découverte de la Suède d’hier (dans les passages oniriques) et d’aujourd’hui (enfin, d’il y a cent ans)… Sans oublier la réinterprétation de grands légendes indo-européennes, comme la cité engloutie, ou encore le joueur de flûte inspiré de Hamelin (ici, Nils libère un château des méchants rats envahisseurs au profit des gentils rats avec un pipeau). Je ne finirai sans doute pas la lecture, je connais la fin, de toute façon ! Ou alors, un chapitre par jour, chaque soir comme un petit enfant pourrait l’entendre de ses parents…

logo tour du monde en lecture J’ai sélectionné ce livre pour le tour du monde en lecture proposé par Livresque.

La Ronde de Le Clézio

Il y a presque deux semaines, Jean-Marie Gustave Le Clézio a reçu le prix Nobel de littérature. J’ai donc relu La Ronde et autres faits divers, en collection Folio n° 2148, réédition 1991, ISBN 2-07-038237-0.

L’histoire : il s’agit d’un recueil de 11 nouvelles, qui mettent en scène, plus que des faits divers, ainsi que l’annonce le titre, des récits de vies tragiques. Chaque nouvelle parle en fait d’une souffrance (isolement, vol avec violence, accident, viol, etc.). Le lieu n’est pas toujours clairement précisé.

Mon avis : chacune des onze nouvelles a une force indéniable. Celle qui se passe en Algérie (L’échappé) avec la poursuite d’un résistant qui s’est évadé et qui cherche refuge dans une doline près du site romain de Lambessa. À (re)lire, vraiment. Et cette fois, il s’agit d’un recueil de nouvelle, facile à lire, pas comme (La montagne de l’âme, de Gao Xingjian, dont je vous ai parlé l’autre jour.

Avec ce livre, je voulais aussi vous signaler la page sur mes (re)lectures des livres des lauréats des prix Nobel de littérature

À mercredi prochain pour un autre article dans cette rubrique et sans doute à demain pour un autre article sur un sujet différent… Peut-être un petit détour vers la Grèce, pour avoir un peu de chaleur par procuration ?

Heinrich Böll, Lettre à un jeune catholique

La semaine dernière, le pape Benoît XVI a annoncé son souhait d’engager le procès en béatification du pape Pie XII, dans un discours prononcé lors de la messe pour le cinquantième anniversaire de sa mort. Il m’a donc semblé urgent de relire Heinrich Böll, qui m’a laissé une forte impression lorsque je l’avais lu – en allemand – en classe préparatoire.

Le livre : Heinrich Böll, Lettre à un jeune catholique suivi de Lettre à un jeune non-catholique, éditions des Mille et une nuits, n° 119, ISBN 2-84205-0726X, 1996, traduction de Josette Collas et Fanette Lepetit (et oui, je deviens fainéante, j’ai relu une traduction).

Les histoires : dans la première lettre, publiée en 1966, Heinrich Böll dénonce la passivité de l’église allemande lors de la seconde guerre mondiale, et surtout le fait que lors de sa préparation à son intégration dans l’armée, l’église l’a mis en garde contre les dérives sexuelles qui risquaient de l’atteindre lors de son service, absolument pas des atrocités de la guerre et encore moins de ses dérives. Dans la seconde, il dénonce le fait que l’église soutient la remilitarisation de l’Allemagne sous les gouvernements dépendant de la CDU (union démocrate chrétienne), sans revenir sur son rôle dans la Seconde Guerre Mondiale.

Éléments de contexte : Pie XII (1876-1958) était pape lors de la Seconde Guerre mondiale. Heinrich Böll, catholique convaincu, a progressivement quitté l’église allemande d’abord en 1968 en dénonçant l’encyclique Humanae vitae publiée le 25 juillet 1968 par Paul VI, encyclique qui condamne l’avortement la contraception dite artificielle. En 1972, il refuse de payer l’impôt religieux prélevé sur les salaires en Allemagne, et rompt définitivement avec l’église en 1973. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1972.

Mon avis : ce n’est pas parce qu’un livre est bref qu’il ne peut pas avoir une profondeur énorme (même si l’inverse peut être vrai, voir Le fiancé de la lune de Eric Genetet, lu dimanche dernier). Ce livre m’a beaucoup marquée en seconde année de classe préparatoire, et à sa relecture, je n’ai pas été déçue ! Je ne résiste pas à la tentation de vous citer cette phrase (p. 52 de mon édition française) :

Il ne s’agit pas de contester la crédibilité de théologiens aussi éminents que Rahner, RATZINGER [c’est moi qui souligne] et Küng, mais la couche de terre où cette théologie pourrait prendre racine n’est pas seulement mince, en Allemagne elle est fertilisée par le pire des engrais, l’obéissance  » politique  » .

Tiens, Ratzinger, mais c’est cet homme qui est devenu Benoît XVI… Ce livre doit impérativement être relu d’urgence… Je posterais bien sa version allemande au pape, en guise de participation au débat avant le procès en béatification de Pie XII, pape qui a au moins tu le génocide des juifs, s’il ne l’a pas ouvertement soutenu…

Post-scriptum : désolée pour le lapsus sur l’encyclique… Vous pouvez en lire la traduction officielle en français sur le site du Vatican. Ne ratez pas les paragraphes sur La maîtrise de soi et Créer un climat favorable à la chasteté.

Et il y a eu un rappel récent de la condamnation de l’avortement ET de la contraception (et l’euthanasie) en 1995 dans l’encyclique Evangelicum vitae de Jean-Paul II (à lire aussi sur le site du Vatican par ce lien direct). En mai 2008, pour les 40 ans de l’encyclique Humanae vitae, dans un discours à l’université pontificale du Latran, le pape Benoît XVI a réaffirmé ces principes.

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La montagne de l’âme, de Gao Xingjian

Couverture de La montagne de l'âme, de Gao XingjianJe sais, le prix Nobel de littérature 2008 sera annoncé demain… Surprise, surprise, aurai-je lu certains de ses livres ? Peu probable… Mais j’essaye de parler chaque mercredi d’un livre écrit par un prix Nobel de littérature.

Le livre : donc en attendant le lauréat 2008, pendant mes vacances, j’ai lu le gros (668 pages) livre de Gao Xingjian, La montagne de l’âme, publié en 1990 mais que j’ai trouvé chez un bouquiniste en version des éditions de l’Aube, 2000, ISBN 2-87678-526-9. La traduction est de Noël et Liliane Dutrait, avec des révisions de l’auteur, qui a fait des études supérieures de français et vit en France depuis 1988. Il a d’ailleurs écrit directement en français plusieurs pièces de théâtre, et a obtenu la nationalité française en 1997. Son prix Nobel a été remis en 2000 et je vous recommande la page qui lui a été consacrée par l’académie Nobel à cette occasion.

L’histoire : enfin, plutôt, les histoires, car se mêlent différents temps dans la vie du narrateur, et aussi différents modes de narration, avec le je, le tu et le il. Et l’histoire est difficile à résumer. D’un côté, il y a un voyage dans la Chine méridionale profonde après la révolution culturelle, le narrateur, écrivain, a été d’ailleurs  » rééduqué  » dans une ferme. Il part re-découvrir le passé, archéologique ou mythologique, à la recherche de l’homme sauvage (le Yeti… ?), à la rencontre des chercheurs dans une réserve de pandas, à la collecte de chants traditionnels de minorités ethniques (tiens, le retour du patrimoine immatériel, je vous en parlerai un autre jour), etc. D’un autre côté, le narrateur (le même ?) fait une (des ?) rencontre(s) féminine(s) tout en partant à la recherche d’un lieu mythique et mal localisé, la Montagne de l’âme. Recherche du passé de la Chine, du passé du narrateur aussi…

Mon avis : un roman idéal pour une croisière… Les chapitres défilent lentement les uns après les autres, le je et le tu se mêlent, la quête du passé, de la religion, de l’origine. Tiens, au passage, le pithécanthrope apparaît même sous la forme de dents, avec un débat entre le narrateur et un chercheur : s’agit-il d’un singe primitif ? Ou d’un ancêtre ? Et l’homme sauvage ne serait-il pas un descendant de ce Pithécanthrope qui n’aurait pas évolué ? Bon, cela ne représente que 3 ou 4 pages du livre… (pages 461 à 463 dans l’édition que j’ai).
C’est vraiment un livre profond, dans lequel il faut pénétrer doucement, se laisser porter et emporter à la recherche de cette montagne… et aussi à une réflexion parfois plus philosophique, parfois plus politique (la réhabilitation des droitiers de la révolution culturelle), parfois plus  » développement durable « , alors que ce livre a été écrit avant cette mode… Il y a de grandes interrogations par exemple sur le (futur, réalisé depuis) barrage des Trois-Gorges. À lire, c’est sûr, mais à condition d’avoir du temps devant vous pour vous laisser porter par l’auteur et le narrateur…

Et pour l’étape suivante de ma croisière, il faudra encore patienter un peu. J’espère n’avoir oublié personne dans mes réponses à la messagerie, aux commentaires, etc. Si c’est le cas, ne m’en veuillez pas, vous avez tous fait vivre mon blog en mon absence et je vous en remercie.

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Gabriel Garcia Marquez, Douze contes vagabonds

Voici un nouveau livre pour mes (re)lectures de Prix Nobel de littérature. Pour permettre à mes lecteurs qui suivent cette série de s’y retrouver plus facilement, j’essayerai de poster les articles sur ces livres le mercredi… Cette semaine, il s’agit d’une relecture…

Le livre : Douze contes vagabonds, de Gabriel García Márquez, en édition du livre de poche (1996, ISBN 2-253-13747-2), traduction par Annie Morvan.

L’histoire : en fait, les histoires, douze histoires écrites, ré-écrites, retravaillées pendant des années par Gabriel García Márquez, au fil de ses voyages (d’où leur qualification de vagabonds), ainsi qu’il le dit dans son introduction. Chaque conte est très différent, se déroule en Europe et met en scène au moins un personnage en provenance d’Amérique du Sud. Vous pouvez lire de très courts extraits à partir de ce lien.

Mon avis : un vrai petit bijou, douze petits bijoux, à (re)lire d’une traite… ou conte par conte.

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Neige, de Orhan Pamuk

Couverture de Neige, de Orhan PamukSamedi dernier, grâce à un match de football, le président turc, Abdullah Gül, s’est rendu en Arménie à Yérévan et y a rencontré le président arménien Serge Sarkissian. Ce dernier, en signe d’ouverture, lui avait organisé un repas pour la rupture du jeûne du Rhamadan. Si la Turquie n’a pas reconnu le génocide arménien, si les relations diplomatiques ne sont pas nouées, je trouve que cette rencontre est un grand pas pour la paix… Tant pis si les sifflets ont accueillis l’équipe turque sur le terrain, c’est déjà une première rencontre prometteuse.

Alors, cela m’a donné l’idée de vous parler cette semaine d’Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature en 2006. Orhan Pamuk est très engagé dans la cause arménienne, ou plutôt en faveur de la reconnaissance du génocide arménien par les Turcs. Il a aussi dénoncé l’assassinat du journaliste et écrivain turc d’origine arménienne Hrant Dink en janvier 2007, et a reçu pour cela des menaces de mort. [Voir aussi Cette chose étrange pour moi]

Le livre : Neige, d’Orhan Pamuk, éditions Gallimard, 2005 (ISBN 2-07-077124-5), traduit du turc par Jean-François Pérouse. Il m’avait été offert il y a déjà de nombreux mois… 18 exactement, à quelques jours près…

L’histoire : près de la frontière arménienne, à Kars, plusieurs jeunes filles voilées se sont suicidées parce qu’elles veulent pouvoir porter le voile à l’école ou à l’université. Un poète turc, originaire de cette ville et qui rentre d’Allemagne, s’y rend pour enquêter. Il trouve la ville où tombe la neige, où des tensions liées aux élections municipales sont exacerbées. Puis, au théâtre, a lieu un assassinat en pleine représentation d’une pièce engagée…

Mon avis : un sujet encore plus d’actualité aujourd’hui en Turquie, avec le débat sur la laïcité et le nouveau gouvernement. Les thèmes des rôles de la police, de l’armée, de la torture, du voile sont abordés dans un texte dense et, dans mon souvenir, pas toujours très clair (entre la réalité narrative et la pièce de théâtre), à lire absolument…

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Le vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway

Le livre : Le vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway, dans l’édition de poche (Folio, n° 7), 1987, ISBN 2-07-036007-5, traduction Jean Dutourd (première édition française en 1952).

Le début de l’histoire : à Cuba, un vieil homme, Santiago, est revenu bredouille de ses pêches depuis plus de 80 jours (84 exactement). Avant, il était accompagné d’un enfant, Manolin, mais il pêche désormais pour un autre patron tout en rendant visite quotidiennement au vieiel homme, une amitié qui ressemble un peu à celle du Petit Prince et de l’aviateur. Alors, ce jour-là, il file loin au large. Soudain, ça mord, mais le poisson est si gros qu’il remorque le bateau pendant des heures, le vieil homme ne peut que subir le poids des lignes. Gagnera-t-il ? Vous connaissez probablement la réponse, mais si vous n’avez pas lu le livre, allez y.

Mon avis : c’est un roman court, à la limite de la nouvelle, un récit. Mais un grand récit, qui marque le lecteur.

Je vous rappelle la page sur mes (re)lectures des livres des lauréats des prix Nobel de littérature… qu’il a reçu en 1954. Diabétique, devenant aveugle, Ernest Hemingway s’est suicidé, comme son père avant lui, en 1961. Mais je vous promets, ce n’est pas à cause du suicide de l’auteur (et de son à écho en moi) que j’ai relu ce récit.

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