J’ai terminé ma saison 2013-2014 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP par le spectacle À l’envers de Scorpène, que j’avais sélectionné parce que j’avais adoré Réalité non ordinaire en 2011-2012. Un nouveau spectacle de « magie mentaliste » bluffante! Cette fois, toujours sur fond des Chants de Maldoror du comte de Lautréamont (il faudrait que j’arrive à les relire, ils m’avaient bien ennuyés en prépa…) et des parties d’échec (Scorpène en fut grand maître), il emmène la salle entière dans son univers de mots et la « langue des oiseaux », un langage relié à l’inconscient. En introduction, il précise son problème pour « entendre » et séparer correctement les syllabes et les mots quand il était petit (une forme particulière de dyslexie, aujourd’hui, il aurait pu bénéficier de l’aide de dyspraxique mais fantastique). À l’entrée dans la salle, chacun a reçu un papier, une enveloppe et un stylo pour y inscrire son prénom, son signe astrologique et son rêve, puis remis l’enveloppe avec ses initiales et le numéro figurant sur le papier. Par une suite de tirages au sort, d’interpellation et de montée sur scène de quelques spectateurs, voilà toute la salle emmenée dans un gigantesque rêve sur fond de manipulation des mots. Très fort! N’hésitez pas à aller voir le participer au spectacle, sinon, visitez le site de Scorpène.
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Ceci n’est pas… de Dries Verhoeven à Poitiers
Le festival à Corps a eu lieu il y a déjà quelques semaines à Poitiers, du 11 au 18 avril 2014. Je vous ai parlé de 15 x la nuit, de Paul-André Fortier. J’aborde aujourd’hui un spectacle qui a beaucoup fait parler! Ceci n’est pas, de Dries Verhoeven. La performance se déroulait chaque jour de 15h à 20h, sur la place Lepetit (qui a connu une certaine activité l’année dernière suite à une évasion spectaculaire), dans une sorte de cage en verre (avec volets pour un peu d’intimité pendant les pauses, WC et boisson sous le plancher, climatisation…), d’un cartel un peu long en français et en anglais avec un texte de réflexion, et se couplait avec des vidéos mises chaque jour sur Youtube et sur la page Facebook, avec également un florilège de réactions des spectateurs (beaucoup moins de « combien ça a coûté cette c…ie » sur le site que dans la rue). Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a alimenté les conversations! Certains se disaient choqués, d’autres amusés, peu sont restés indifférents sur les dix jours. Si créer du lien social était un objectif, alors il a été atteint. L’étape de Poitiers était la deuxième phase d’un projet européen, « Second Cities – Performing Cities », qui lie le théâtre et auditorium de Poitiers / TAP à six autres opérateurs culturels européens.
En tout cas, à quelques jours de l’épreuve de philosophie du baccalauréat, cette performance pourrait fournir de nombreux sujets: qu’est-ce que l’art? L’art peut-il tout dire? Variante, Peut-on tout dire? Commenter cette phrase de Kant: « L’œuvre d’art n’est pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une chose ». L’art peut-il se passer de règles ? (série S, 2010) ou L’art peut-il se passer d’une maîtrise technique ? (série T, 2010). L’art transforme-t-il notre conscience du réel ? (série S, 2008). Peut-on aimer une œuvre d’art sans la comprendre ? (série T, 2008). La sensibilité aux œuvres d’art demande-t-elle à être éduquée ? (série S, 2005). On peut aussi tenter les sujets sur l’éthique et la morale: Ne désirons-nous que les choses que nous estimons bonnes ? (série ES, 2002). Une culture peut-elle être porteuse de valeurs universelles ? (série ES, 2006). Qui se lance?
Pour chaque jour, je vous propose une photo, vous donne le titre, un lien vers la vidéo sur Youtube, une brève description et un commentaire. Vous pouvez aussi voir la version complète des textes proposés.
Jour 1, Ceci n’est pas de l’art, voir la vidéo du jour 1.
Ce premier jour a failli faire perdre patience aux bistrots voisins! Toute la journée, un majordome a cassé des tambours à coups de massette!
Jour 2, Ceci n’est pas une mère, voir la vidéo du jour 2.
Dans une « piscine à boules », une adolescente enceinte écoute de la musique. Je crois (mais ne suis pas sûre, je n’ai pas retrouvé mes notes) que c’est ce jour là que la musique du film La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche est passée quasi en boucle. Le texte parle du rallongement de l’âge du premier enfant depuis la légalisation de la pilule, des préjugés défavorables aux jeunes mères et de l’augmentation du risque d’anomalie chez l’enfant des mères plus âgées. Ce n’est pas tout à fait vrai. Certaines anomalies du nombre de chromosomes augmentent avec l’âge maternel (trisomie 21, syndrome de Klinefelter = garçons XXY), mais les anomalies de structures des chromosomes (délétions etc.) sont plus sensibles à l’augmentation de l’âge paternel! Voir le site de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques.
Jour 3, Ceci n’est pas de l’amour, voir la vidéo du jour 3.
Un couple en maillot de bain, un homme d’âge moyen lisant des contes pour enfants à une adolescente. Le texte parle de la différence de perception entre un père qui marque de l’affection pour son enfant et la mère qui aurait les mêmes gestes tendres. Ceci dit, les contes sont loin d’être neutres sur le plan sexuel… (voir les commentaires sur l’article du petit chaperon rouge).
Jour 4, Ceci n’est pas le futur, voir la vidéo du jour 4
Dans la cage, un individu cagoulé en maillot de corps a passé sa journée à nettoyer les douilles sur lesquelles il est assis et de temps à autre un revolver (ou un pistolet?). Le texte parle à la fois du repli identitaire, de la paix depuis longtemps en France et des risques terroristes.
Jour 5, Ceci n’est pas de l’histoire, voir la vidéo du jour 5.
Dans la cage, fers d’esclave aux pieds, un homme noir habillé façon « publicité Banania » mange des bananes assis au milieu de fèves de cacao. Le texte parle des tirailleurs sénégalais qui se sont battus pour la France ou ceux qui ont été massacrés par la puissance coloniale et le rôle de la PAC qui interdirait la juste concurrence avec l’Afrique, avant de conclure : « Les Français, pour leur part, n’ont pas le sentiment d’être des néocolonialistes mais chérissent toujours l’image du bon Banania ». Un petit sujet de philosophie supplémentaire, L’intérêt de l’histoire, est-ce d’abord de lutter contre l’oubli ? (série T, 2006).
Jour 6, Ceci n’est pas la nature, voir la vidéo du jour 6.
Un hermaphrodite nu (en fait en combinaison latex) avec des ailes (tiens, ça me rappelle les moutons-papillons). Le texte parle de la détermination du genre selon Freud, et précise que « Seule l’Australie autorise officiellement que les passeports fassent état d’un genre indéterminé ». C’est faux, de plus en plus de pays (Allemagne, Inde, Pakistan, Népal) prévoient ce genre neutre ou indéterminé, soit pour l’hermaphrodisme ou ambiguïté sexuelle (qui touche environ 1 bébé sur 5000 naissances, environ 200 bébés par an en France), soit pour les eunuques et les transsexuels (voir le reportage de TV5 Monde). Une allusion au mythe de la Caverne de Platon (où Aristophane est censé présenter l’histoire) aurait aussi été possible.
Jour 7, Ceci n’est pas notre désir, voir la vidéo du jour 7.
Dans la « cage », une naine a passé son après-midi à lire en sirotant des apéritifs. Le texte parle des défauts physiques et du rejet sexuel, mais aussi de l’eugénisme, sans dire le mot, en parlant de diagnostic génétique prénatal et d’avortement, mais pas des lois de bioéthique. Il aurait été préférable de parler d’interruption médicale de grossesse, ce n’est pas exactement la même chose puisqu’elle peut avoir lieu jusqu’à la naissance en cas de mise en danger de la mère, du bébé ou si ce dernier est atteint d’une maladie d’une particulière gravité. Elle doit être acceptée par deux médecins, l’un de ces deux médecins devant exercer dans un Centre de Diagnostic Prénatal Pluridisciplinaire. Après 22 semaines d’aménorrhée, elle a lieu par voie basse après fœticide et ouvre droit à l’inhumation, aux congés de maternité et de paternité et à l’inscription sur le livret de famille d’un enfant né sans vie. C’est un acte très différent de l’avortement ou interruption volontaire de grossesse (voir par exemple sur le site de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques).
Jour 8, Ceci n’est pas notre peur, voir la vidéo du jour 8.
Un homme barbu, revêtu d’un gilet pare-balles, lit le Coran et récite ses prières. Le texte aborde la prière dans l’espace public et les croyants qui se sentent agressés par des dessins humoristiques. Personnellement, même si l’artiste est libre de ses choix, je trouve que ce tableau était stigmatisant pour une religion en particulier et donc assez malvenu. L’artiste aurait-il osé mettre un curé dans la même cage???
Jour 9, Ceci n’est pas mon corps, voir la vidéo du jour 9.
Une femme nue (enfin, en combinaison simulant la nudité) au corps vieillissant reste assise sur une chaise. Le texte parle des mannequins de plus en plus jeunes, du rapport au corps, au vieillissement des cellules à partir de 21 ans… Absurde! les cellules vieillissent depuis leur multiplication et s’éliminent au fur et à mesure, par le processus d’apoptose (en gros, auto-destruction). Leur durée de vie va de quelques jours à des centaines de jours: 5 jours pour les cellules qui tapissent l’intestin, 3 à 4 semaines pour la peau, 120 jours pour un globule blanc, plus d’un an (400 à 500 jours) pour le foie…
Jour 10 (épilogue), Ceci n’est pas moi, voir la vidéo du jour 10.
Au-dessus d’une épaisse couche de vers (certains arrivaient au stade de larve voire d’insecte genre blatte, j’en ai entouré une), une urne cinéraire tourne doucement. Choix cornélien pour le visiteur, être réduit en cendres ou mangé par les vers? Le texte parle de la position des cimetières hors des villes depuis l’Antiquité (mais c’est faux au Moyen-Âge!) et du deuil, moins visible dans notre civilisation (plus de vêtements de deuil, moins de cierges allumés, expression plus retenue de la douleur des veufs et veuves).
Et vous, qu’est-ce que ça vous inspire?
15 x la nuit, de Paul-André Fortier
Le festival à Corps a eu lieu il y a déjà quelques semaines à Poitiers, du 11 au 18 avril 2014. Il est l’occasion de rencontres autour de toutes sortes de rencontres et performances dans les différentes salles de spectacle et dans toute la ville. Je vous parlerai très bientôt de Ceci n’est pas de Dries Verhoeven, une performance sur dix jours qui a beaucoup fait parler et qui méritait de prendre un peu de recul avant d’en faire un commentaire. J’ai vu très peu de spectacles cette année. 15x la nuit a commencé sur le parvis du théâtre et auditorium de Poitiers / TAP le soir de Lo còr de la Plana. Chaque soir dans un lieu différent indiqué par ce rubalise (ruban de signalisation de chantier ou autre, ici devant l’église Saint-Jean-de-Montierneuf) spécial festival, après avoir posé de petits plots, Paul-André Fortier a présenté un solo dansé de 30 minutes, sans musique, sur fond des bruits urbains. Pour en savoir plus sur la démarche de l’artiste, je vous invite à écouter son interview… Discutant avec des amis, je n’ai pas vraiment suivi le premier spectacle…
… en fait, je n’ai vraiment vu que celui qui a eu lieu près de Notre-Dame-la-Grande, parce qu’il était le plus tôt (et oui, « bébé » se couche encore tôt). Le spectacle a eu lieu juste après la distribution de la maraude de la Croix Rouge. A l’arrière de la scène, les sans-abris et les marginaux avec leurs chiens, qui très vite se sont tus et ont participé, à l’écart (dommage…), en suivant le spectacle, puis l’un d’eux s’est lancé à danser de son côté, comme en écho au danseur… Je pense que peu de spectateurs ont fait attention à ce qui se passait quelques mètres plus loin, comme dans Au bord du monde, de Claus Drexel, les marginaux sont invisibles… Vous voyez sur l’image, le cercle des spectateurs autour de Paul-André Fortier, et au fond, les chiens et leurs maîtres.
L’artiste Kôichi Kurita à Poitiers en 2006… et sur l’île d’Oléron en 2013
Le carton d’invitation pour le n° 100 de l’Actualité Poitou-Charentes a été commandé à l’artiste Kôichi Kurita. Il a réalisé un assemblage de cent carrés de terres provenant de 100 lieux de la région Poitou-Charentes (25 pour chaque département, Vienne, Deux-Sèvres, Charente et Charente-Maritime), voir sa démarche sur le site de la revue l’Actualité Poitou-Charentes et surtout dans l’article qui lui est consacré.
Ma première rencontre avec Kôichi Kurita a eu lieu en 2006 (je n’avais pas vu son œuvre à la biennale d’art contemporain de Melle en 2005), lors de son invitation au musée Sainte-Croix et au baptistère Saint-Jean à Poitiers. Impossible de remettre la main sur mes photographies, je ne suis même pas sûre d’en avoir pris, mais par l’intermédiaire de Grégory, Christian Vignaud, photographe au musée Sainte-Croix (© Musées de Poitiers/Christian Vignaud), m’en a envoyées, qu’il en soit cordialement remercié!
Concentration maximale pour disposer ces petits tas de terre soigneusement sélectionnée et triée…
Je garde un souvenir très ému de cette performance à laquelle seules quelques dizaines de personnes avaient pu assister, vue l’exiguïté des lieux… Une œuvre éphémère…
L’œuvre réalisée au musée Sainte-Croix était restée présentée un peu plus longtemps.
L’espace Mendès-France à Poitiers avait fait réaliser un film à cette occasion à Jérémie Hayes, je l’ai retrouvé sur YouTube!
Jean-Luc Terradillos, responsable de l’Actualité Poitou-Charentes, m’a fait parvenir cette série de photographies de Kôichi Kurita, réalisées pour l’œuvre présentée sur l’île d’Oléron, à Saint-Pierre-d’Oléron (oups, c’était jusqu’au 20 mai 2013… je n’ai pas pu y aller)… où il présentait 30 terres de l’île d’Oléron et 400 de Poitou-Charentes.
Le prélèvement des terres dans les talus ressemble au travail des géologues ou des archéologues…
Installation des terres de Poitou-Charentes au musée de l’île d’Oléron…
Comme une immensité de terres variées…
Voici les bocaux de terres prélevées sur l’île d’Oléron…
Lors de la biennale d’art contemporain de Melle en 2011, il présentait dans l’église Saint-Savinien Innocence, Terre de Fukushima, prélevée en 2004 (bien avant la catastrophe!), voici la carte à publicité sur une photographie de Christian Vignaud, Musées de Poitiers, éditée par la revue l’Actualité Poitou-Charentes, à l’occasion de la présentation à Niort en 2012 de Positive Rio (lors de Rio+20)…
Pour aller plus loin
Pour l’exposition de Poitiers en 2006, la ville avait publié un petit livre avec un texte de François Bon.
Un autre petit livre a été publié par l’abbaye de Noirlac en 2009 avec un texte d’Alberto Manguel (suivre le lien, document en pdf).
Merci à Dominique Truco qui a fait venir cet artiste à Poitiers, Melle, Noirlac, etc.
The four saisons restaurant de Roméo Castellucci au TAP
Je poursuis ma saison 2012-2013 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP avec The Four Saisons Restaurant de Roméo Castellucci. Pour rappel, je n’avais pas pris Sur le concept du visage du fils de Dieu (pas envie de voir un spectacle sur la déchéance d’un vieil homme), voir dans cet article.
Le spectacle : il commence par une immersion sonore au cœur d’un trou noir et une immersion sensorielle dans un final tourbillonnant… Entre deux, dix femmes, après s’être coupé la langue (elles seront déposées par terre et mangées par un chien), jouent une pièce à laquelle je n’ai pas compris grand chose…et que je ne peux donc pas vous raconter!
Mon avis : comment dire? Moins de provocations ici que dans les précédents spectacles que j’ai vus (revoir Hey Girl et Paradis). Cette fois, le haut niveau sonore ayant été signalé à l’avance, j’avais prévu les bouchons d’oreille, mais il y en avait aussi à disposition à l’entrée de la salle, et je n’ai pas eu mal aux oreilles ni de sifflements, contrairement à Etenesh Wassié et le tigre des platanes la saison dernière ou au seul et unique match de volley auquel j’ai assisté. Je n’ai absolument pas vu le rapport avec The Four Saisons Restaurant, ce restaurant new-yorkais où Rothko avait peint un décor qu’il a ensuite enlevé… Je n’ai pas compris le texte, traduit de l’allemand à l’italien (enregistré) puis au français (surtitré en fond de scène), il faudra que j’essaye de trouver La mort d’Empédocle de Hölderlin, un poète romantique allemand. Je n’ai pas compris l’irruption des armes (moins violentes finalement que dans Tout va bien de Alain Buffardlors de la saison 2011-2012. En revanche, lui qui nous habitué à la provocation, cette fois, Roméo Castellucci utilise la nudité de corps nus avec beaucoup de délicatesse et de beauté, dans une longue scène de « re »-naissance (enfin, je l’ai comprise comme ça…). Le final à lui seul vaut les quelques dizaines de minutes centrales de perplexité…
Le jeu des 1000 euros par Bertrand Bossard au TAP
J’avais commencé ma saison 2012-2013 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP par la visite déguidée (hors abonnement) et une lecture de Bertrand Bossard, j’ai poursuivi avec son jeu de Mille euros.
Le spectacle : il s’inspire du jeu des 1000€ sur France-Inter. Deux acteurs en tenue d’astronomes arrivent sur scène, la culture a disparu, ils veulent la remettre au goût du jour grâce à une résurrection du célèbre jeu, sélection dans la salle et métalophone compris…
Mon avis : j’ai plutôt aimé la première partie, mais après l’intermède musical, je me suis ennuyée dans les longueurs, le spectacle partant dans tous les sens… dommage!
Ce soir, je retourne au TAP, cette fois pour voir The Four Saisons Restaurant de Roméo Castellucci. Je n’avais pas pris Sur le concept du visage du fils de Dieu (pas envie de voir un spectacle sur la déchéance d’un vieil homme), joué sous protection policière (contrôle avant l’accès au parvis) la semaine dernière suite à des menaces de perturbations d’extrémistes soit-disant catholiques, sans la scène avec les enfants (dérogation refusée pour la première fois en France)… et en présence de l’archevêque de Poitiers, Mgr Wintzer, mardi dernier (voir compte rendu de la presse locale)… Mais finalement, contrairement à ce qui s’est passé ailleurs depuis un an, les intégristes (80 environ) se sont réfugiés dans leur chapelle.
Visite déguidée et lecture de Bertrand Bossard au TAP
J’ai commencé ma saison 2012-2013 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP par un spectacle hors abonnement de Bertrand Bossard, une Visite déguidée du théâtre, de l’auditorium et des espaces de service, une visite complètement déjantée, menée à un train d’enfer (et très différente de la visite par l’architecte). Je ne vous en dirait pas beaucoup plus, car d’autres visites sont organisées les 27 et 28 octobre 2012, s’il reste des places (visites en petits groupes d’une trentaine de personnes, six représentations sur le week-end), n’hésitez pas à vous inscrire… et à mettre des baskets plutôt que des chaussures à talon pour les filles…
J’ai aussi assisté à la Lecture qu’il a donnée en lecture-sandwitch (gratuite) sur le plateau B. une lecture proposée avec 2LPECO (deux langues pour une éducation Centre-Ouest). trois acteurs en scène, Bertrand Bossard, Alexia Krioucoff et Maud Thibault, une actrice sourde. Ainsi qu’une interprète en langue des signes française (LSF), Magdaléna Lacroix, pour les parties sans les acteurs… Une première représentation avait eu lieu la veille au soir plutôt à destination du public sourd (invitation spécifique aux associations). Accueil tonitruant (il va falloir que je pense à emporter des bouchons d’oreille à chaque fois que je vais au spectacle) sur Nirvana. Puis une lecture à trois voix (les deux acteurs entendants se relayaient, l’actrice sourde lisait seule à son rythme en LSF) de textes de Martha Nussbaum, un peu rude, la philosophie à midi et demie… Puis vient un extrait du film Pater d’Alain Cavalier (l’épisode de l’installation de l’ascenseur). Après une courte leçon pour apprendre à dire oui et non en LSF, la lecture s’est poursuivie par un texte d’Albert Camus extrait de l’ouvrage collectif L’existence. La lecture s’est poursuivi avec une conférence prononcée par Gilles Deleuze en 1987, avant de se terminer par un texte d’André Malraux sur l’œuvre d’art.
Dans le texte de Gilles Deleuze, il fut question de Michel Foucault (1926-1984), l’occasion de vous monter sa maison natale au 10, rue Arthur Ranc à Poitiers (en face de la direction de l’équipement, rue actuellement en travaux, comme vous pouvez voir). L’université et le TAP organiseront d’ailleurs cette année des rencontres et un spectacle, Foucault 71, sur les actions concrètes du philosophe en 1971 (indignation en direct dans la rue), du 25 au 27 mars 2013.
Voix publiques : entre Archer et Pinceau ! Pour un instant…
Dans le cadre du festival Voix publiques, dont le thème était Le temps est un présent, j’ai assisté le 25 février 2012 dernier à une performance dans l’auditorium du musée Sainte-Croix. Le titre était entre Archer et Pinceau ! Pour un instant… J’aurais plutôt écrit archet… D’un côté, Sébastien Hurtaud au violoncelle, de l’autre, Thomas Duranteau au pinceau devant une grande toile blanche. Deux jeunes artistes pour un même projet, une performance donnée aussi la veille à la prison de Vivonne (une fois pour les hommes et une fois pour les femmes).
Sébastien Hurtaud avait choisi des œuvres de Bach, de et de Kaija Saariaho (compositrice contemporaine finnoise), mélangeant les thèmes des trois compositeurs qu’il avait choisis au grès de son inspiration…
De l’autre, Thomas Duranteau a réalisé en même temps, au fil de l’inspiration donnée par la musique, une toile d’assez grand format. Thomas Duranteau est également poète (voir son blog) et publiera en mai aux éditions Elytis un recueil en forme de carnet de voyage, textes et illustrations, fruit d’un travail avec d’ancien résistants dans plusieurs camps de concentration (Des miettes et des étoiles, préface de Raphaël Esrail, éditions Elytis, Bordeaux, 2012, à paraître).
Camps de concentration, musique d’Europe centrale, cet article entre dans le cadre du défi Mars, mois de l’Europe centrale organisé par Schlabaya.
Automne magique à Poitiers
J’ai commencé ma saison 2011-2012 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP par le spectacle Réalité Non Ordinaire, expérience de magie mentale proposée par Scorpène et mise en scène par Serge Dupuy « sous l’égide du Comte de Lautréamont ». Un spectacle surprenant, j’avais été attirée par ce spectacle par la démonstration lors de la présentation de saison, je n’ai pas été déçue… et pas compris comment il s’y prend pour amener les spectateur choisis au hasard à faire ce qu’il demande ou souhaite qu’il fasse… Pour découvrir des mots de 3 ou 4 syllabes, il peut connaître le livre par cœur (le Lautréamont qu’il semble vénérer, là, il a la page, et dans un Poulpe, il n’y a pas tant de mots longs que ça…), il a été champion international d’échec, apprendre le contenu de trois livres ne doit pas être insurmontable pour lui… Mais l’ensemble est très fort quand même! [Depuis, j’ai aussi vu son spectacle suivant, A l’envers].
Parallèlement, dans tous les espaces du théâtre et auditorium de Poitiers / TAP avaient pris place pour un mois des installations sous le titre Le monde du silence, proposées par Étienne Saglio. Des installations parfois surprenantes, si elles passent chez vous, n’hésitez pas à y aller…
Enfin, ma banque avait organisé une soirée pour les sociétaires pour présenter l’association un hôpital pour les enfants, qui depuis presque 20 ans anime le service de pédiatrie par diverses activités (voir ici en vidéo), avec des animateurs professionnels mais aussi de nombreux bénévoles qui suivent des formations spécifiques. Si vous êtes à Poitiers, n’oubliez pas d’aller (chaque année en juin) à la grande fête qu’ils organisent au lac de Saint-Cyr. La soirée s’est terminée par un spectacle de magie traditionnelle de David Orta, qui intervient aussi en pédiatrie une fois par an au CHU de Poitiers et chaque semaine au CHU de Limoges.
La compagnie Carabosse dans le festival des Nuits romanes à Parthenay
Pour la septième année, la Région Poitou-Charentes organise le festival des nuits romanes [site supprimé par la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes], je vous en ai déjà parlé plusieurs fois, un ensemble d’une centaine de spectacles dans des édifices (églises et châteaux) en principe romans (au moins en partie, voire très petite partie…), avec un instant convivial, largement financé par la Région, gratuit pour les spectateurs. En plus, cette année, elle a confié à la compagnie Carabosse, basée à Saint-Christophe-sur-Roc dans les Deux-Sèvres, d’animer un certain nombre de soirées avec ses installations d’objets en fer et avec une mise en feu.
Voici quelques images de celle qui a eu lieu dans et autour de l’église Saint-Pierre de Parthenay-le-Vieux vendredi dernier… Pas terrible, à la tombée de la nuit et plus tard dans la soirée… Il reste deux nuits romanes avec cette compagnie, la semaine prochaine vendredi et samedi (26 et 27 août) à La Couronne, près d’Angoulême, si vous êtes dans la région… Il reste aussi pas mal de nuits romanes ce week-end et la semaine prochaine, retrouvez tout le programme sur le site des nuits romanes… Et la nuit romane de Poitiers aura lieu ce soir (à 21h comme toutes ces soirées) à Notre-Dame-la-Grande (j’en serai loin…).
PS: de la même compagnie, voir le spectacle à Poitiers en 2013.