Archives par étiquette : lecture

Le lait et le fiel de Yves Créhalet

Couverture de Le lait et le fiel de Yves Créhalet

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

J’ai reçu ce livre des éditions Persée dans le cadre d’une opération masse critique de Babelio.

Le livre : Le lait et le fiel de Yves Créhalet, éditions Persée, 2012, 190 pages, ISBN 978-2-8231-0158-4.

L’histoire : à Nice puis en Palestine de nos jours. Hakim est un jeune schizophrène, la vingtaine d’années, adopté en Palestine par Billie, assistante de Lili, responsable des collections du MAMAC, le musée d’art contemporain de Nice (le Mur de Feu, d’Yves Klein, joue un rôle important dans l’histoire) et actuellement amante du jeune homme. Il a un lourd passé, a été enlevé à sa mère, Balkis, 18 ans, à sa naissance, son père, Moussa, tué lors de l’Intifada, son père adoptif, médecin, parti faire de la médecine humanitaire en Palestine, lui aussi tué là-bas. Alors qu’il déambule avec Zeev, un peinte juif homosexuel, malade du SIDA, ce dernier est assassiné sous ses yeux, lui-même est enlevé à la sortie du commissariat par les tueurs et emmené de force en Israël où commence la deuxième partie de l’histoire, mais chut, je vous laisse découvrir la suite…

Mon avis : sur le fond, le livre est un plaidoyer pour la paix entre Israël et la Palestine, en passant par la schizophrénie d’un jeune adolescent pour démontrer l’absurdité du conflit israëlo-palestinien. Le tout avec en toile de fond un tableau, Le mur de feu, d’Yves Klein, et un film, Nuit et brouillard d’Alain Resnais. Cela aurait été plutôt un bon roman s’il n’était desservi par une orthographe déplorable, qui bat presque le record de La mémoire mutilée de Mohamed Cherid. Sans parler de la syntaxe approximative, qui peut relever du « style », j’ai relevé les fautes que j’ai vues (plus facile dans le train que dans le bus…), il doit y en avoir bien d’autres… Et une question de fond, liée aussi à l’orthographe, la minuscule à « les palestiniens » ne les élève pas au rang de nation, propos pourtant sous-jacent au roman.

Les fautes que j’ai vues…

– prés pour près p. 67

– trait d’union manquant (ou parfois remplacé par une apostrophe) à peut-être (p. 60, 74, 80, 84, 88, 92, 106, 119, 131, 139, 158, 180), -moi, -tu, -il, -ils, elle, -elles, -vous, -nous (p. 52, 54, 61, 64, 75, 77, 88, 92, 94, 96, 128, 179, 190), au-dessus (p. 76, 152, 186, 188), là-bas (p. 74), -là (p. 85, 149, 173, 181), à des noms propres (p. 78, 156, 188), après-midi (p. 80)

– à l’inverse, il faut une apostrophe et non un trait d’union à grand’mère (p. 119)

– trait d’union et s manquant à suicide dans attentats-suicides p. 175

– il ne faut pas de x à nouveau-nés p. 168

– du au lieu de dû (ce qui change le sens…) p. 70, 87, 94

– i pour î dans connaît (p.29, 79), connaître (p. 110, 174), reconnaître (p. 35), reconnaîtrait (p. 40), paraît (p. 50), entraînant (p. 188), plaît (p. 69), fraîche (p. 85 deux fois, 104)

– Lot dans la Bible s’écrit Loth (p. 143)

– kamikaze et pas kamikazé p. 94, 172, 184

– majuscule au lieu de minuscule après deux points p. 61, 73, 74, 84, 93, 109,127, 130, 144, 172, 185

– minuscule au lieu de majuscule à État (ce qui change le sens…) p. 65

– un espace en trop après un trait d’union p. 165

– des virgules manquant à des incises (après orge p. 111, tradition p. 120)

– accords d’Oslo et pas accords Oslo en note p. 112

– au pluriel, garde-frontière est écrit tantôt gardes-frontière (p. 111, 119, 148), tantôt garde-frontières (p. 160), mais là, le pluriel est sujet à discussion, voir dans les commentaires de cet article des correcteurs du Monde

Un grand merci à Babelio et aux éditions Persée pour ce livre.

Logo rentrée littéraire 2012

Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Pas ce soir de Charline Quarré

Couverture de Pas ce soir de Charline Quarré

J’ai reçu ce livre en service de presse de la part des éditions Baudelaire, dans le cadre d’un partenariat avec Hérisson, qui organise à nouveau cette année le défi 1% de la rentrée littéraire.

Le livre : Pas ce soir de Charline Quarré, éditions Baudelaire, 2012, 129 pages, ISBN 978-2-35508-991-6.

L’histoire : de nos jours à Paris. Eugénie, la grosse vingtaine d’années, n’est pas sortie depuis un an. Ce soir, sa mère a réussi à la convaincre de se rendre à une soirée mondaine organisée par Charles, un de ses amis. Une soirée de filles et fils à papa où Eugénie, narratrice du récit, ne trouve pas sa place, alors, elle se remémore son (court) passé, la mort de son frère d’un cancer, un médecin qui lui prescrit un antidépresseur sans accompagnement psychologique, un pédopsy aux curieuses pratiques, des relations complexes à sa mère… et puis, des mensonges dans lesquels elle risque de se noyer avant la fin de la soirée… Mais qu’est-il donc réellement arrivé à Julien, son ex-petit ami? Comment va-t-elle réussir à aller au bout de la soirée?

Mon avis : un texte écrit à la première personne, dans la bouche d’Eugénie, dans un style familier parfois déroutant, en tout cas pour moi, quand je feuillette un livre avant de l’emprunter à la médiathèque, je le rejette en général, il y a beaucoup d’autres choix qui me conviennent mieux. Puisque le livre est arrivé chez moi, je l’ai lu… très vite (une grosse centaine de pages, une grosse heure de lecture), avec de trop nombreuses coquilles, cela devient agaçant, ces livres mal relus par les éditeurs, une proposition relative à la construction étrange vers le début (je n’ai pas noté la page), « ou » pour « où » p. 63, ou encore « par » pour « pas » p. 118 et quelques autres que je n’ai pas notées. Dans ce style familier et condensé, l’auteure réussit à nous transmettre son mal-être et son manque absolu d’estime de soi, la mère envahissante, la dépression après la mort de son frère… et celle, au moins symbolique, de son petit ami. Une critique aussi de la jeunesse dorée, artificielle, superficielle, dépensière.

Un grand merci aux éditions Baudelaire et à Hérisson pour ce livre.

Logo rentrée littéraire 2012

Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

Animal du coeur de Herta Müller

Couverture de Animal du coeur de Herta Müller

pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque. Une auteure que j’ai découverte lorsqu’elle a eu le prix Nobel de littérature, en 2009. J’ai lu L’homme est un grand faisan sur terre, La bascule du souffle et La convocation.

Le livre : Animal du cœur de Herta Müller, traduit de l’allemand par Claire de Oliveira, éditions Gallimard, 2012 (parution en Allemagne en 1994), 232 pages, ISBN 9782070129706.

L’histoire : à Timisoara sous Ceausescu, donc sans doute dans les années 1980. La narratrice poursuit ses études et vit dans une chambre avec cinq autres filles. un jour, son amie Lola est retrouvée suicidée dans son placard, elle avait été violée et été tombée enceinte de son professeur de sport. La narratrice et trois camarades, Edgar, Kurt et Georg, refusent l’hypothèse du suicide. Tous les quatre sont dès lors poursuivis par le parti, perquisitions, accidents, persécutions également sur la famille… ils entrent dans la vie active, sont dispersés aux quatre coins du pays, mais les persécutions ne cessent pas. Quand apparaît un nouveau personnage, Tereza, qui devient la nouvelle amie de la narratrice, la vie ne devient pas plus facile.

Mon avis : les œuvres de Herta Müller sont traduites petit à petit en français depuis qu’elle a reçu le prix Nobel de littérature. Celui-ci est paru en Allemagne il y a presque vingt ans. Le roman est probablement en partie auto-biographique, la narratrice fait partie de la minorité souabe roumaine, germanophone. Le père a été enrôlé dans la Waffen-SS. C’est aussi un roman sur la dictature, son système de délation, de persécution, mais aussi les gens qui réussissent à détourner le matériel de l’usine, de l’abattoir, la grande débrouille, y compris pour la couturière, qui réussit à faire du trafic en allant en Hongrie. Avec en toile de fond la mort de ceux qui veulent fuir la dictature, noyés dans le Danube, rattrapés par les chiens ou abattus par les soldats. Un livre très poignant sur ce système qui a broyé tant de gens, les a poursuivi jusque dans l’exil (je vous laisse découvrir dans le livre). Un livre d’une seule traite, sans séparation en chapitres, sans coupure. A lire absolument! En se rappelant que si la dictature est tombée, des dizaines d’années de système D en font l’un des pays européens où la corruption reste un fléau quotidien.

Nuage de cendre de Dominic Cooper

Couverture de Nuage de cendre de Dominic Cooper

pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Nuage de cendre de Dominic Cooper, traduit de l’anglais (Écosse) par Céline Schwaller, éditions Métailié, 2012, 236 pages, ISBN 978-2864248569.

L’histoire : 1783, en Islande. Suite à des éruptions volcaniques, le pays est couvert de cendres, les récoltes sont détruites, la famine décime la population, aggravée par les mauvaises récoltes des années précédentes. Et un bateau ravitailleur venant du Danemark, pays colonisateur de l’Islande, a apporté la variole. Gunnar Thirdakson, le médecin, se souvient d’une affaire qui a miné la région, quarante ans plus tôt. Sunnefa, considérée comme la plus belle fille de l’île, orpheline, 16 ans, a accouché d’un bébé dont le père ne serait autre que son frère Jón, de deux ans son cadet. Condamnés à mort lors d’un premier procès dans le district, ils sont confiés chacun à la garde d’un shérif et doivent comparaître en appel devant l’assemblée populaire annuelle traditionnelle. Reporté une première année (Sunnefa est malade et ne peut faire le trajet), au cours de l’année suivante, alors qu’elle retrouvait secrètement son frère dans un refuge sur le lande, elle est victime d’un viol et tombe enceinte. Qui est l’auteur du viol? Le shérif qui en a la garde? S’agit-il d’une machination entre les shérifs qui se haïssent?

Mon avis : s’il s’agit bien d’un polar (inceste, viol, morts suspectes), c’est aussi un roman historique, il narre une histoire qui s’est passée il y a presque trois cents ans, dans un contexte de colonisation, de toute puissance ses shérifs nommés par le roi du Danemark, tempérée néanmoins par l’assemblée traditionnelle annuelle. Le contexte est difficile, le petit nuage de cendre qui a bloqué les avions il y a quelques années n’est rien en comparaison des grandes éruptions volcaniques de 1783. Et comme nous étions en plein « petit âge glaciaire » (les glaciers des Alpes étaient descendus très bas dans les vallées, les mauvaises récoltes se multipliaient en Europe et sont une des causes de la Révolution française), la famine a été encore accentuée, favorisant la propagation de la variole. Mais le vrai personnage central de ce roman, c’est la lande, le paysage à couper le souffle, au sens propre, tempêtes de neige en hiver, de sable (mêlé de cendre) en été, les chemins impraticables au printemps, les tourbières et les marais traitres, le brouillard… si dense qu’à un moment, j’ai cru me noyer dans ce roman dense… Trop de personnages, de paysages durs. Un roman à découvrir en se laissant porter par les bourrasques…

Logo God save the livre Ce livre entre dans le défi God save the livre, saison 2, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici fin février 2013 et atteindre l’une de ces catégories : « Duty Harry » (1 livre lu), « Prince Charles » (5 livres), « Prince William » (10 livres), « Lady Di »(15 livres), « The Beatles » (20 livres et plus), « Queen Mom » (au moins un livre en VO)…

Visite déguidée et lecture de Bertrand Bossard au TAP

Poitiers, le théâtre et auditorium,12, vu depuis la grande passerelle J’ai commencé ma saison 2012-2013 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP par un spectacle hors abonnement de Bertrand Bossard, une Visite déguidée du théâtre, de l’auditorium et des espaces de service, une visite complètement déjantée, menée à un train d’enfer (et très différente de la visite par l’architecte). Je ne vous en dirait pas beaucoup plus, car d’autres visites sont organisées les 27 et 28 octobre 2012, s’il reste des places (visites en petits groupes d’une trentaine de personnes, six représentations sur le week-end), n’hésitez pas à vous inscrire… et à mettre des baskets plutôt que des chaussures à talon pour les filles…

J’ai aussi assisté à la Lecture qu’il a donnée en lecture-sandwitch (gratuite) sur le plateau B. une lecture proposée avec 2LPECO (deux langues pour une éducation Centre-Ouest). trois acteurs en scène, Bertrand Bossard, Alexia Krioucoff et Maud Thibault, une actrice sourde. Ainsi qu’une interprète en langue des signes française (LSF), Magdaléna Lacroix, pour les parties sans les acteurs… Une première représentation avait eu lieu la veille au soir plutôt à destination du public sourd (invitation spécifique aux associations). Accueil tonitruant (il va falloir que je pense à emporter des bouchons d’oreille à chaque fois que je vais au spectacle) sur Nirvana. Puis une lecture à trois voix (les deux acteurs entendants se relayaient, l’actrice sourde lisait seule à son rythme en LSF) de textes de Martha Nussbaum, un peu rude, la philosophie à midi et demie… Puis vient un extrait du film Pater d’Alain Cavalier (l’épisode de l’installation de l’ascenseur). Après une courte leçon pour apprendre à dire oui et non en LSF, la lecture s’est poursuivie par un texte d’Albert Camus extrait de l’ouvrage collectif L’existence. La lecture s’est poursuivi avec une conférence prononcée par Gilles Deleuze en 1987, avant de se terminer par un texte d’André Malraux sur l’œuvre d’art.

la maison natale de Michel Foucauld, 10 rue Arthur Ranc à Poitiers Dans le texte de Gilles Deleuze, il fut question de Michel Foucault (1926-1984), l’occasion de vous monter sa maison natale au 10, rue Arthur Ranc à Poitiers (en face de la direction de l’équipement, rue actuellement en travaux, comme vous pouvez voir). L’université et le TAP organiseront d’ailleurs cette année des rencontres et un spectacle, Foucault 71, sur les actions concrètes du philosophe en 1971 (indignation en direct dans la rue), du 25 au 27 mars 2013.

Swan Peak de James Lee Burke

Couverture de Swan Peak de James Lee Burke

Merci aux amis qui m’ont prêté ce livre, pour ceux qui ont vu Dans la brume électrique, c’est l’auteur qui a été adapté par Bertrand Tavernier. Depuis, j’ai aussi lu La descente de Pégase.

Le livre : Swan Peak de James Lee Burke, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier, collection Thriller, éditions Rivages, 2012, 440 pages, ISBN 9782743623210.

L’histoire : 2007, dans le Montana. Après la déprime qui a suivi le passage de Katrina et pour chasser les images de l’ouragan, Dave Robicheaux, sa femme et son ami Clete Purcel sont en vacances pour un séjour de pêche dans les Rocheuses, enfin, quand ils ne se retrouvent pas sur un terrain privé farouchement défendu par son propriétaire et ses gardes. Difficile aussi d’être adjoint d’un shérif en vacances et d’ignorer l’assassinat sauvage d’un couple d’étudiants. Non loin de là, Jimmy Dale Greenwood purge une peine dans une prison privée, un jour, il est choisi par Troyce Nix, le gardien (et l’un des propriétaires de la prison), pour aller faire des travaux chez lui… et le violer. La fois suivante, il se venge en tailladant… et voici un fugitif et un tortionnaire à la poursuite l’un de l’autre, le premier voulant aussi retrouver sa femme et son bébé, le second se faisant aider par une femme rencontrée en chemin, Candace. Un problème quand même, cette dernière a refait sa vie avec un riche propriétaire. Les destins des uns et des autres vont se croiser, se télescoper…

Mon avis : au début du roman, il faut s’accrocher, il y a beaucoup de personnages et on n’arrête pas de changer de point de vue, depuis l’un ou l’autre personnage. Des personnages qui traînent leur passé avec eux, guerre du Vietnam, tortionnaire à Abu Graib, traumatisme de Katrina. Flic (en congé), privé, voyou, qui est le plus violent? À côté de l’intrigue, pleine de rebondissements, des descriptions sublimes, presque cinématographiques, des paysages. Plein de détails et d’allusions, même à Monsanto, en quelques lignes, non pas pour des OGM cette fois-ci, mais pour la catastrophe de Texas City (en avril 1947, presque 600 morts après l’explosion d’un bateau chargé de nitrate d’ammonium pour fabriquer des engrais et l’incendie d’un stock de styrène).

Un dernier petit mot, à nouveau un roman où le relecteur n’a pas entièrement fait son boulot, il reste beaucoup trop de fautes dans ce livre…

L’homme à la canne grise de Michèle Gazier

Couverture de L'homme à la canne grise de Michèle Gazier

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : L’homme à la canne grise de Michèle Gazier, collection cadre rouge, éditions du Seuil, 2012, 138 pages, ISBN 9782021064452.

L’histoire : août 2012, dans une maison de retraite. Le père de la narratrice, aveugle et atteint de la maladie de Parkinson, décède. L’occasion pour elle d’évoquer la vie de celui-ci, né en France de parents espagnols, qui a participé à la guerre d’Espagne sans en parler vraiment à son fils et à sa fille, puis résistant en Lozère. La mère, toujours malade, lui, qui voit mal à la suite d’un accident de travail, la compagne rencontrée après plusieurs années de veuvage.

Mon avis : un récit autobiographique comme un long cheminement du deuil facilité par la reconstruction des souvenirs proches et lointains avec son père. Également, sans que cela soit clairement dit, une quête des origines espagnoles, de la guerre d’Espagne dont ce père ne parle pas mais qui a laissé des traces, par exemple lorsqu’il nettoie les plaies de son fils. Par petites touches, sans ordre chronologique, plutôt dans l’ordre où les souvenirs resurgissent, Michèle Gazier retrace la vie de son père pour réussir à lui dire adieu…

Nul n’est à l’abri du succès de Pascal Garnier

Couverture de Nul n'est à l'abri de Pascal Garnier

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Nul n’est à l’abri du succès de Pascal Garnier, éditions Zulma, 2012 [première édition en 2001, l’auteur est décédé en 2010], 145 pages, ISBN 978-2-84304-576-9.

L’histoire : à la fin des années 1990, à Paris, La Châtre puis Lille. Jusque là, Jean-François Colombier, la cinquantaine, avait publié des livres sans grand succès. Quand il reçoit un célèbre prix littéraire, il est le premier étonné. Au cours d’une séance de dédicace dans une librairie de province, il rencontre Ève, 25 ans. Quelques mois plus tard, le voilà marié, mais deux ans après, il fugue, rejoint à Paris son fils qu’il ne voit que de loin en loin… et le voici embarqué avec lui, après un trajet en voiture, dans une nuit lilloise étrange…

Mon avis : un très court roman, ou plutôt une longue nouvelle, vite dévorée (150 pages, dont beaucoup de pages blanches entre les chapitres…), menée à un rythme soutenu. J’ai beaucoup aimé ce ton plein d’humour noir et d’autodérision de l’écrivain, son retour sur sa vie, les relations à son fils, conçu très jeune pour une nuit d’amour qui s’est terminée en mariage et presque aussi vite en divorce. Et voici finalement le fils dealer qui donne de la drogue à son père… Un texte à découvrir! Après Opium Poppy et Palestine de Hubert Haddad, je m’aperçois que j’aime assez les choix de cet éditeur, il faudra que j’en lise d’autres…

La marche de Mina de Yoko Ogawa

Echange de marque-page 2012, 3, cadeau reçu

J’ai fini le livre reçu de la part de Nini 79 dans le cadre de l’échange dans le cadre de l’échange livre et marque-page organisé par Emmanuelle / le Marquoir d’Élise [revoir la finition du marque-page avec des boutons brodés que j’ai envoyé à Pierrette / Le Terrier de Marmotte].

Le livre : La marche de Mina de Yoko Ogawa, traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle, collection Babel, n° 1044, éditions Actes sud, 2011, 316 pages, ISBN 978-2-7427-9525-3.

L’histoire : avril 1972, Tomoko, 12 ans, doit quitter sa mère ; après la mort de son père, cette dernière part faire une formation à Tokyo et ne peut la garder avec elle. Elle l’envoie donc chez sa sœur, que la fillette n’a jamais vue, mariée au directeur d’une usine près de Kobe, qui vit avec sa mère allemande, sa fille Mina, d’un an plus jeune que Tomoko, asthmatique, une vieille servante, un vieux jardinier qui habite à l’extérieur… et une hippopotame naine qui vit dans le jardin.. Le grand frère poursuit ses études en Europe. Entre les deux fillettes se crée une grande amitié, à peine troublée par les disparitions inexpliquée de l’oncle et les crises d’asthme de Mina, agrémentée par les jeux olympiques de Munich et le suivi de l’équipe japonaise de volley-ball…

Mon avis : un roman à la première personne, dans la bouche de la petite Tomoko. Un style simple mais qui permet de découvrir deux fillettes qui s’apprivoisent, de mettre le doigt sur des secrets de famille, des scènes parfois intimistes, comme la nuit d’observation des étoiles filantes ou le repos dans une salle sous les lampes artificielles… Également un étrange breuvage fabriqué dans l’usine de l’oncle, une boisson sucrée à base d’eau chargée de radon… et sensée être bonne pour la santé!

Un grand merci à Nini 79 pour m’avoir fait découvrir ce livre!De cette auteure, j’avais déjà lu La formule préférée du professeur.

Mikaël de Herman Bang

Couverture de Mikaël de Herman Bang

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Mikaël de Herman Bang, traduit du danois par Elena Balzamo, éditions Phébus, 2012 (première édition en 1904, réédition pour le centenaire de la mort de l’auteur), 241 pages, ISBN 9782752905765.

L’histoire : à Paris à la fin du 19e siècle. Eugène Mikaël, un jeune homme d’origine tchèque, est modèle du peintre Claude Zoret, qui le considère comme son fils adoptif. Claude Zoret reçoit beaucoup, mais n’expose plus à Paris depuis une mauvaise critique. Mikaël accepte d’être moqué (pour ses piètres talents de peintre notamment), de voir son corps nu exposé sur la toile à tous les visiteurs, mais aussi de déjeuner chaque jour avec le maître. Un jour, une princesse russe, Lucia Zamikov, se présente au domicile du maître pour qu’il réalise son portrait… Hésitant, il accepte, mais Mikaël tombe éperdument amoureux d’elle, s’éloigne du maître, dépense de plus en plus d’argent… jusqu’à ce qu’un « ami » informe Zoret de ce qui se passe…

Mon avis : lors de l’écriture de ce livre, l’histoire était à peu près contemporaine, alors que l’auteur a habité à partir de 1893 à Paris, a fréquenté Paul Verlaine et des peintres, notamment les nabis. Ceci est important, car cette relation du peintre à son modèle, aux marchands, à ses visiteurs (amis, flagorneurs, clients potentiels), relèvent d’expériences vécues par l’auteur. Le maître qu’il choisi ne fait pas partie de l’avant-garde de la peinture, à ce qui transparaît entre les lignes, il peint des scènes mythologiques sur ses grandes toiles… mais des femmes sur ses croquis, ou plutôt des femmes représentées par des parties de corps… Les princesses russes, à cette époque et encore plus après la Révolution de 1915, ont beaucoup fréquenté Paris, certaines ont aussi été modèles de peintre (voir l’exposition sur Misia, reine de Paris, au musée d’Orsay cet été 2012, et les études sur les égéries russes au début du 20e siècle). Une belle découverte, ce livre…