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La Vierge, les coptes et moi de Namir Abdel Messeeh

Affiche de La Vierge, les coptes et moi de Namir Abdel Messeeh Mes fidèles lecteurs attendaient aujourd’hui, puisque nous sommes jeudi, un article sur Poitou-Charentes… J’ai reporté l’article programmé pour vous parler d’un film que j’ai vu hier soir et que je vous conseille d’aller voir tant qu’il est encore à l’affiche, La Vierge, les coptes et moi, de Namir Abdel Messeeh.

Pour ceux qui voudraient vraiment du Poitou-Charentes, je vous invite à relire mon article sur le miracle de l’apparition de la croix à Migné-Auxances avant de lire la suite…

Le film : à Paris, au Caire puis à Assiout en Haute-Égypte et dans le village de sa mère, non loin de là, de nos jours. Namir est né en France, de parents émigrés coptes, croyants mais non pratiquants. Il est sceptique quant aux apparitions de la Vierge en Égypte ces cinquante dernières années, et décide d’aller faire un reportage sur place, pour trouver des témoins de l’apparition de la Vierge en 1968 à Zeitoun, un quartier du Caire. Mais rien ne se passe comme prévu, impossible de trouver des témoins, refus des religieux coptes de l’aider, son producteur menace de le lâcher. Il décide d’aller assister au pèlerinage de la Vierge à Assiout, puis dans le village natal de sa mère, malgré l’interdiction que lui en a fait sa mère… Finalement, après le retrait du producteur, sa mère décide de l’aider et revient avec lui au village… où Namir décide de mettre en scène une fiction avec les habitants du village, une reconstitution de l’apparition de la Vierge.

Mon avis : j’avais entendu il y a déjà un petit moment l’interview de Namir Abdel Messeeh dans l’émission Cosmopolitaine de Paula Jacques sur France Inter (à réécouter par le lien précédent), enfin, du réalisateur… et de sa mère, qui s’était invitée à l’émission… J’étais restée un peu sceptique sur ce film, puis j’ai lu de bonnes critiques, alors, quand j’ai vu que le réalisateur serait présent à la projection d’hier, précédée du court-métrage Urgent cause départ, présenté en 2001 aux rencontres Henri-Langlois et suivie d’un débat animé par Jean-Claude Rullier (service d’éducation au cinéma à Poitou-Charentes Cinéma), j’ai réservé ma soirée pour l’occasion…

Ce film est très différent par son propos, il mêle documentaire et fiction, à moins que ce ne soit un documentaire sur le montage d’une fiction? Le réalisateur réussi ce tour de force de faire de sa mère l’un des personnages du film… à son insu (même s’il n’a pas caché sa caméra), à ce sujet, je vous invite à écouter l’interview dans l’émission Cosmopolitaine, après avoir vu le film, je comprends mieux… Il y a un peu de tout dans ce film (relations des Coptes et des Musulmans, sans aucune polémique, relation des Cairotes et de la Haute-Egypte, relations à la mère, aux racines, etc.), mais surtout beaucoup d’humour! La salle était franchement détendue, Namir Abdel Messeeh a répondu à toutes les questions avec gentillesse… Vraiment, si le film passe encore dans une salle d’art et essai près de chez vous, allez-y, et vite, avant qu’il ne soit plus programmé…

Encore un mot, j’ai adoré la musique du film écrite et jouée par Vincent Segal, un artiste que j’avais découvert en 2010 avec Chamber Music, de Ballaké Sissoko (le malien avec sa kora à vingt et une cordes) et Vincent Segal (le français au violoncelle), dans ma 2010-2011 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, et dont j’essaye de suivre depuis la production très variée…

PS: comme le souligne en commentaire Philippe de Tout Poitiers, Vincent Segal sera à Poitiers ce samedi 22 septembre 2012, aux restaurant des Archives rue Édouard Grimault (je n’y serai pas, préparation de la journée des associations de Poitiers oblige)

Le beau juif de Ali Al-Muqri

Couverture de Le beau juif de Ali Al-Muqri

Bienvenue en arabe pioche-en-bib.jpgLe défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya est en principe terminé, mais j’ai encore quelques livres en stock, alors, je poursuis un peu sur ce thème (en alternance avec d’autres livres). J’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Le beau juif de Ali Al-Muqri, traduit de l’arabe (Yemen) par Ola Mehanna et Khaled Osman, collection Littérature étrangère, éditions Liana Levi, 2011, 157 pages, ISBN 978-2867465802.

L’histoire : au Yemen vers 1660. Salem, le « beau juif », adolescent, rencontre Fatima, la fille du mufti. Celle-ci lui apprend à lire et écrire l’arabe, pour plaire à son père, habile artisan, Salem apprend l’hébreu avec le rabbin, puis transmet à son tour son savoir à Fatima… Et ce qui devait arriver arriva, les deux jeunes gens tombent amoureux… Le frère de Salem meurt, puis son père et sa mère lors d’une mystérieuse épidémie. Peu après, Salem et Fatima s’enfuient, Fatima tombe enceinte, un fils naît mais la mère meurt en couche… Salem poursuit seul sa longue vie, rejeté par les deux religions…

Mon avis : un roman d’amour qui aborde aussi la tolérance et l’intolérance religieuse, transposé au 17e siècle pour aborder des questions toujours d’actualité… Un texte court pour aborder une question qui déchire cette région depuis des siècles, avec beaucoup de poésie. En revanche, la partie sur le « nouveau messie » m’a moins convaincue…

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre du Yemen.

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson.

Le puits de mon âme de CHOI In-Seok

Couverture de Le puits de mon âme de Choi In Seok pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre à la médiathèque parmi une sélection de livres en bout de rayons.

Le livre : Le puits de mon âme de CHOI In-Seok, traduit du coréen par Ko Kwang-dan et Éric Bidet, collection Regards croisés, éditions de l’Aube, 2007, 200 pages, ISBN 978-2-7526-0232-9.

L’histoire : trois nouvelles d’une soixantaine de pages. Le rivage du monde se passe à la campagne, vers 1990. Un couple, Chae-yeong et Yeong-su, se marie en grande pompe quand surviennent deux amis d’université de l’époux, Han Cheol-gyu et Li Gyeong-man. Ils ne se sont pas vus depuis huit ans et l’université. A l’issue de la soirée, au lieu de faire le voyage de noces prévu de longue date, Chae-yeong suit ses anciens amis, au grand désespoir de sa femme, surtout que cela tourne à la beuverie dans une chambre salle… Quel lien unit ces trois hommes?

Sous le pont du monde se passe dans une salle d’attente déserte où deux hommes attendent en buvant de l’alcool un bus qui n’arrive pas. D’un côté, un homme qui recherche l’homme qui l’a aidé après la mort de ses parents, grâce à qui il a pu aller à l’université, mais qui ensuite a fait 15 ans de prison pour espionnage. De l’autre, un soldat qui doute. Témoin de Jéhova, objecteur de conscience, il a été malmené physiquement et psychologiquement jusqu’à ce qu’il accepte de porter une arme et de devenir lui-même instructeur… Jusqu’au jour où s’est à son tour de soumettre un témoin de Jéhova par les mêmes méthodes…

Le puits de mon âme se passe dans une prison, huit hommes dans une cellule recréent une micro-société, travaux forcés à l’extérieur de la prison, trafics en tout genre et homosexualité (interdite et potentiellement sévèrement réprimée) à l’intérieur de la cellule.

Mon avis : j’ai moins aimé la troisième nouvelle, mais toutes les trois montrent une société coréenne (du Sud) marquée par la guerre avec le Nord, sans qu’elle soit vraiment mentionnée, la chasse aux dissidents (même pour quelques tracts) qui justifie la torture, la guerre qui justifie également la brutalité bestiale pour soumettre les objecteurs de conscience, quitte à ce qu’ils en meurent, une société qui se recrée en prison… jusqu’à pousser un des co-détenus au suicide. Une découverte surprenante pour moi, loin de l’image d’une Corée où la technologie triomphe, les enfants sont soumis à une forte pression pour réussir leurs études, tout en se défoulant aux jeux vidéos (cf. un reportage sur France 2 en ce début d’année 2011)… Certes, ces nouvelles se passent plutôt il y a une vingtaine d’années, mais quel décalage!

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Corée-du-Nord.

Hey Girl ! de Romeo Castellucci

Le parvis du théâtre auditorium de Poitiers Après Il faut prendre le taureau par les contes de Fred Pellerin et Le grand C de la compagnie XY, j’avais vu la semaine suivante Hey Girl ! de Romeo Castellucci au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP.

Le spectacle : il commence dans une épaisse fumée due aux fumigènes. À gauche de la scène, une sorte de table, avec une matière rose fluide qui s’écoule au sol (pendant tout le spectacle), une femme nue émerge de ce magma. Ensuite, je n’ai rien compris, un homme, des figurants, des mots projetés sur un écran, des bruits très forts et parfois très aigus (j’aurais dû prendre les bouchons d’oreille posés sur une table à l’entrée), une seconde femme, des odeurs (mauvaises)…

Mon avis : j’ai détesté ce spectacle, et je ne suis pas la seule au vu des très faibles applaudissements. Castelucci joue la provocation, l’immersion du spectateur dans son spectacle, ça, c’est gagné, mais comme son univers est au plus au point déplaisant… L’année dernière, je n’avais pas pu voir l’Enfer et étais restée perplexe au Paradis, cette fois, je trouve qu’il s’agit juste d’un f…tage de gu…le, il est de bon ton d’admirer ce type de spectacle, au motif que le spectateur ne comprendrait pas le grand artiste et qu’il ne peut en fait qu’aimer un spectacle dans lequel il a investi (du temps, le prix du billet). Expérience, oui, mais expérience très désagréable pour tous les sens, la vue, l’odorat, l’ouïe. Seul le goût et le toucher sont épargnés (et encore, pour ce dernier, le machin gluant qui coule de la table au fond est très suggestif). Je suis désolée, cette fois, c’est non, et je n’irai plus voir de spectacle de cet artiste [PS: finalement, je ne suis pas allée voir Sur le concept du fils de Dieu, mais ai vu The Four Saisons Restaurant].

Pour aller plus loin : si vous voulez vous rendre un peu compte par vous même de ce spectacle, vous pouvez aller voir cet extrait filmé lors du festival d’Avignon en 2007 ou cet autre, capté la même année (vers la fin du spectacle) au festival Transamériques à Montréal.

Loudun, de Rusig, Furno et Armitano

Couverture de la BD sur Loudun pioche-en-bib.jpgUne fois n’est pas coutume, je place mon article BD un jeudi, car j’ai déjà pris la place (très spéciale) de demain pour un film.

Beaucoup de monde connaît l’histoire des possédées de Loudun, ce trou perdu (pardon, mais c’est vraiment une ville morte…) du nord de la Vienne, patrie de Monory, historiquement aux confins du Poitou, de l’Anjou et de la Touraine. Il y a eu de nombreux livres, des films, des téléfilms… À Loudun, il y a aussi un très beau monument aux morts avec une allégorie de la République, dont vous pouvez lire le dossier documentaire ici. La prochaine fois que j’irai, j’essayerai de vous faire quelques photographies en ville.

Le livre : Loudun, de Hervé Rusig (scénario), Davide Furno et Paolo Armitano (tous deux dessins et couleurs), collection Hanté, éditions Soleil, 50 pages (dont un dossier de 8 pages sur l’histoire), 2008, ISBN 978-2302003804.

L’histoire : Loudun donc, en 1629. La ville est devenue protestante. La peste sévit, le curé de l’église Saint-Pierre-du-Marché, Urbain Grandier, se démène pour sauver les gens. Le roi (et surtout Richelieu) a décidé de soumettre les villes protestantes et de détruire le symbole du pouvoir local, c’est-à-dire le donjon. Le curé s’y oppose… les forces de l’ordre font marche arrière, mais reviendront en 1633. Par ailleurs, il prône le mariage des prêtres et n’hésite pas à prendre des amantes, dont la fille du procureur du roi… Aussi, quand, en 1632, des soeurs du couvent des Ursulines. Des exorcistes sont envoyés par l’évêque, le curé reconnu sous la preuve de la torture comme ayant attiré le diable…

Mon avis : je n’ai pas du tout aimé le graphisme et la colorisation avec des dominantes rouges partout ou presque… Pour l’histoire, elle n’est pas trop mal interprétée ici, en mettant bien en avant le rôle des exorcistes, des politiques et de l’évêque plutôt que l’hystérie collective des soeurs.

Mes articles sur Loudun:

Logo du classement BD de Yaneck Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

La religieuse de Diderot

Couverture de la Religieuse de Diderot Demain commence le festival de la BD d’Angoulême, mais je n’irai pas cette année, car samedi, je serai près de Pontoise à l’assemblée générale annuelle de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques

Logo du défi J'aime les classiques Mais revenons au sujet du jour, le défi J’aime les classiques est proposé par les Carabistouilles de Marie, pour lequel j’ai lu en décembre Une vie de Maupassant et ouvert une page spécifique.

Le livre : La religieuse, de Denis Diderot, livre commencé en 1760 et publié à titre posthume en 1796, même si certains passages étaient parus en feuilleton dans La correspondance littéraire entre 1780 et 1782. Étant dans le domaine public, il existe dans de nombreuses éditions, environ 250 pages.

L’histoire : à Paris vers 1760. Suzanne Simonin, jeune fille d’un avocat, est envoyée dans un couvent alors que ses deux sœurs, aînée et cadette, sont richement dotées et mariées. Malgré la contrainte, elle refuse de prononcer ses vœux à l’issue du noviciat. Renvoyée chez ses parents, enfermée dans sa chambre, elle apprend qu’elle est une enfant illégitime et doit ainsi expier la faute de sa mère. Elle finit par se résigner et accepter d’entrer dans un autre couvent, tenu par des clarisses. Cajolée par la mère supérieure, elle accepte de prononcer ses vœux. Mais celle-ci meurt, la nouvelle supérieure la tyrannise. Suzanne veut rompre ses vœux, prend un avocat, et vit à partir de là un véritable calvaire dans son couvent… Je vous laisse découvrir la suite.

Mon avis : la forme du récit, comme une longue lettre adressée à un protecteur, le marquis de Croismare, passe bien en dépit de l’absence de découpage en chapitres. Par ce texte, Diderot dénonce l’Église, la pression qu’elle exerce sur la jeunesse, mais aussi le trafic des dots, les comportements inhumains. Dans le dernier couvent, la mère supérieure est clairement lesbienne, Suzanne ne se rend pas compte de ses manœuvres, mais son directeur spirituel, si. Du point de vue de l’étude d’une période, il faut lire ce livre, mais j’avoue que ce n’est pas mon préféré… Je n’avais pas vu l’adaptation récente au cinéma.

Logo du challenge ABC critique de BabelioJ’ai sélectionné ce livre pour le défi ABC critique organisé par Babelio.

Le Paradis de Romeo Castellucci

Le parvis du théâtre ausitorium de Poitiers Je suis en train de faire le point des articles promis pour l’avenir et que je n’ai pas mis en ligne parce que j’avais d’autres sujets d’actualité… Je ne procrastine plus, enfin, plus dans ce domaine, . Mais pour mars où je n’aurai pas trop la tête à écrire, je vais programmer les articles pour tout le mois ce week-end et laisser juste quelques trous pour l’actualité des SAL/HAL en cours… Je complèterai au fur et à mesure ce que j’ai préparé s’il y a de l’actualité à ajouter.

Je commence donc le rattrapage du retard par Paradis de Romeo Castellucci, que j’ai vu il y a déjà quelques semaines. Il s’agit d’une installation librement inspirée de Dante, disait la présentation du spectacle au TAP/théâtre auditorium de Poitiers (sur la même page, la liste des co-producteurs…). La trilogie Enfer/Purgatoire/Paradis avait été présentée l’été dernier au festival d’Avignon, et la même semaine que le Paradis était présenté l’Enfer (que je n’ai pas vu), le Purgatoire devrait être donné la saison prochaine.

Il s’agissait donc d’une installation qui avait demandé une grande préparation. Tous les sièges de la salle d’auditorium (la salle fait plus de 1000 places, mais il y en a au balcon) avaient été démontés, et un grand cube peint en blanc installé dans la pièce. C’est là que ça se gâte… Il faut d’abord entrer dans une première pièce noire, là, un bruit d’eau attire le spectateur (5 à la fois, pour 5 à 10 minutes) dans une deuxième pièce, où il faut pénétrer en passant par une sorte de buse de 800 (80 cm), peut-être 1000 ? Un rideau d’eau coule, et sur l’arête en haut, un danseur se contorsionne, puis un liquide rouge dégouline le long de la paroi… Le rapport avec le Paradis de Dante ? Pas compris de mon côté (ni des personnes présentes en même temps, ni d’autres personnes qui ont vu cette performance). La notice parlait ‘expérience intime, certes, mais qui est censé interroger le spectateur sur sa place dans le monde, alors là, ?????

Si quelqu’un a vu la performance dans une autre ville ou ici, je suis preneuse de vos avis et vécus…

Post-scriptum : en 2010, j’ai vu Hey Girl, je n’ai pas du tout aimé.En 2012, j’ai vu The Four Saisons Restaurant.