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Nulle part, Terre promise de Emmanuel Finkiel

Affiche du film Nulle part terre promise Jeudi soir, je suis allée voir Nulle part, Terre promise, en présence du réalisateur, Emmanuel Finkiel, qui a reçu en 2008 le prix Jean Vigo.

Le film : dans l’Europe d’aujourd’hui, trois (enfin, quatre) personnages voyagent et vont se croiser sans se reconnaître. Une jeune étudiante voyage en train et filme la misère, un jeune cadre assiste à la délocalisation d’une usine, du déménagement des machines de France à leur installation en Hongrie, un père et son fils, kurdes, arrivent en camion et poursuivent leur périple à pied.

Mon avis : un très beau film, inclassable, qui aborde l’Europe de façon pessimiste (ou au moins hyper-réaliste)… Le ballet de camions au départ de l’usine en région parisienne et surtout à l’arrivée en Hongrie n’est pas sans esthétisme. D’abord prévu pour un programme court sur Arte, Emmanuel Finkiel a finalement réalisé un film long métrage, avec un tout petit budget, très peu d’acteurs professionnels, une caméra HD sans matériel lourd ni effets spéciaux.Quand une jeune fille rencontrée par l’étudiante se trouve face à un superbe cerisier en fleurs sent l’une de ses fleurs et dit qu’elle pue l’industrie… ça brise le charme. Budapest devient une banlieue résidentielle (ex-soviétique, grands immeubles), un cimetière de statues, les sous-sols du métro, un hôtel et une zone industrielle. Alternativement, nous suivrons et découvrirons l’Europe littéralement à travers les yeux des personnages (ou plutôt les vitres), filmés de très près. Voilà une façon bien originale d’aborder la crise économique et les délocalisations, le voyeurisme de l’étudiante, et la question de l’immigration en Europe. Cette dernière y ai vue de manière très différente de Welcome, de Philippe Lioret ou du Silence de Lorna de Jean-Pierre et Luc Dardenne, ou encore du roman Ulysse from Bagdad , d’Éric-Emmanuel Schmitt, une manière différente, mais très forte aussi. Allez voir pour vous rendre compte par vous-même.

La discussion : le réalisateur a, à l’issue de la projection, parlé de son film, répondu aux questions de la salle, très intéressant, même si au début, il semblait impressionné par la salle et avait du mal à répondre. Une bonne soirée.

Welcome, de Philippe Lioret, et la ronde des obstinés à Poitiers

Affiche du film Welcome Après un après-midi sans électricité (le quartier où je travaille a connu une grosse panne, impossible de travailler dans la pénombre, sans ordinateur, sans réseau, sans téléphone, …), je rentre juste du cinéma, oui, encore, lundi, j’y suis déjà allée pour Le déjeuner du 15 août de Gianni di Gregorio. Cette fois, j’ai vu Welcome, réalisé par Philippe Lioret (depuis, j’ai aussi vu Toutes nos envies et Le fils de Jean de ce réalisateur).

L’histoire : Calais, en 2008. Bilal (Firat Ayverdi), un jeune kurde iranien, vient d’arriver à pied, il veut aller retrouver une amie d’enfance à Londres. Il tente en vain de passer en camion… À la piscine municipale, Simon (Vincent Lindon), maître-nageur, donne un cours à un enfant. Bilal, dans le couloir voisin, essaye de s’entraîner pour traverser la Manche à la nage et se paye deux leçons de natation… C’est une scène à la supérette qui fait tout basculer. Deux clandestins se font refouler à l’entrée, alors qu’ils veulent juste aller acheter du savon. La femme de Simon (dont il est séparé et bientôt divorcé), bénévole dans une association qui distribue des repas, des vêtements, s’interpose avec le vigile, tente d’interpeler les clients, y compris Simon, qui regarde la scène, indifférent voire gêné d’assister à cette scène. Elle lui lance sans aménité qu’il devrait relire ses livres d’histoire, qu’interdire l’accès d’un magasin à certains devraient lui évoquer de mauvais souvenir, il bascule et veut aider. Peut-être d’abord pour tenter de reconquérir sa femme, puis très sincèrement, entièrement.

Mon avis : un film poignant, magnifique, en-dessous de la réalité. Et qui engage à s’interroger sur la délation, le rôle de la police, la collaboration et une certaine forme de résistance face à un système injuste et inepte. Le jeune homme a dix-sept ans et vient d’Irak (du Kurdistan). Mineur et venant d’un pays en guerre, il ne peut être expulsé dans son pays, mais pas non plus régularisé en Europe… À voir absolument ! Vincent Lindon et Firat Ayverdi sont magnifiques dans leurs rôles (et Firat Ayverdi très mignon, enfin, ça, c’est un avis personnel).

La ronde des obstinés à Poitiers : demain, je passerai sans doute à nouveau tard lire vos blogs, j’irai participer à la ronde des obstinés à Poitiers. Commencée à Paris (Denis Guedj, professeur de mathématiques à Paris 8, en parle très bien), la ronde a gagné Poitiers depuis une semaine, chaque soir de 17h à 19h sur la place de l’hôtel de ville (place du général Leclerc, mais personne ne l’appelle comme ça ici). C’est une forme de protestation et de manifestation originale, qui consiste à tourner atour de la place en silence, tout en exposant aux passants les problèmes notamment de la loi sur l’autonomie des universités (ici, c’est une petite université, dan une région où il sera difficile de trouver des mécènes privés, vus qu’ils font tous faillites les uns après les autres, voir la visite e notre cher président hier à Châtellerault, bassin d’emploi sinistré), et aussi la réforme de l’IUFM et de la masteurisation (beurk, quel mot…) qui est censée le remplacer.

Les films que j’ai déjà vus du festival Télérama 2010 :

Le silence de Lorna, de Jean-Pierre et Luc Dardenne

C’est le premier film que j’ai vu dans le cadre de la semaine du festival Télérama. Le silence de Lorna, de , a obtenu le prix du scénario au festival de Cannes en 2009 [en 2011, j’ai aussi vu Gamin au vélo des frères Dardenne puis Deux jours une nuit, La fille inconnue].

L’histoire : Liège. Une jeune albanaise, Lorna (Arta Dobroshi), vient d’épouser Claudy (Jérémie Renier), drogué. Il s’agit d’un mariage blanc organisé par la mafia albanaise. Un premier mariage pour lequel la jeune femme paye un drogué, obtient des papiers belges, puis, si tout se passe bien, une fois divorcée ou veuve, elle doit épouser un Russe, elle touchera alors l’argent du mariage (moins la commission de la mafia), et quand ce dernier aura obtenu la nationalité belge, elle le quittera pour retrouver son vrai petit ami albanais, Sokol. Sauf que bien sûr, tout ne se passe pas comme prévu… car Claudy veut se faire désintoxiquer.

Mon avis : comme ça, au débotté, je dirais que j’ai préféré le livre Éric-Emmanuel Schmitt, Ulysse from Bagdad , à ce film. Le sujet s’en rapproche, un émigré qui cherche un monde meilleur, mais l’approche n’y est pas que mafieuse… Cependant, c’est un film qui m’a bien plu, pas très optimiste sur l’exploitation de l’homme par l’homme, encore moins quand l’ami de Lorna (son amoureux albanais) gagne de l’argent en allant se faire irradier pendant une minute dans le cœur d’un réacteur nucléaire… Arta Dobroshi (Lorna) est sublime.
Il a été sélectionné pour le César 2009 du meilleur film étranger, mais c’est Valse avec Bachir d’Ari Folman qui l’a reçu.

Pour les 15 films du festival Télérama, ils se partagent en quatre catégories :

Ceux que j’ai vus et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au théâtre

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au Dietrich

Ceux que je n’irai pas voir, sauf si vous avez des arguments pour me convaincre d’y aller…

  • À bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson
  • L’heure d’été d’Olivier Assayas
  • Home d’Ursula Meier, finalement vu au Dietrich
  • Into the Wild de Sean Pen
  • Juno de Jason Reitman
  • There will be blood de Paul Thomas Anderson

 

Ulysse from Bagdad de Éric-Emmanuel Schmitt

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comCouverture de Ulysse from Bagdad de SchmittJ’ai reçu la semaine dernière un livre par l’intermédiaire de l’opération Masse critique, organisée par le site Babelio, où l’on peut enregistrer aussi sa bibliothèque, ses livres, ses critiques, échanger sur le forum, etc. Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel.

  Le livre : Ulysse from Bagdad de Éric-Emmanuel Schmitt, éditions Albin Michel, 2008, 310 p., ISBN 978-2-226-18861-8.

L’histoire : Saad Saad, le nom du narrateur, ça veut dire espoir espoir en arabe ou triste triste en anglais. Il a vécu son enfance à Bagdad, sous la dictature. Il raconte la difficulté de l’embargo, qui a rendu la vie impossible aux habitants, pas au dictateur. Les maris de ses jeunes sœurs sont tués à la guerre. Il est étudiant en droit, courtise Leila. Puis les Américains arrivent. L’immeuble de Leila et ses parents est pulvérisé par un obus. Un peu plus tard, deux de ses beaux-frères sont sur le marché avec son père, un kamikaze se fait sauter, ses deux beaux-frères explosent avec lui. Son père se précipite vers un poste américain voisin chercher de l’aide, mais ils le prennent pour un autre terroriste et le fusillent… Puis une de ses nièces meure d’une infection faute de médecin resté à Bagdad. Trop, c’est trop, il décide de fuir. Comment ? Il songe d’abord à se faire terroriste, puis opte pour une autre méthode. Il devient Ulysse, voyageur, clandestin, esclave, victime de mille brimades, mais veut une seule chose, aller à Londres. La voix de son père l’accompagne tout au long de ce périple de plusieurs années. Parviendra-t-il en Angleterre ?

Mon avis : une dénonciation aussi bien de la dictature irakienne, de l’embargo qui est une méthode absurde (ici, mais aussi ailleurs, demandez aux Cubains…) pour faire plier les dictateurs, puis des réseaux parfois maffieux qui exploitent les clandestins, avec quand même quelques notes d’espoir, comme des réseaux associatifs… Le récit à la première personne entraîne une identification et la compassion du lecteur. Plutôt réussi, même si ce n’est pas de la grande littérature, une langue simple et agréable, parfait pour la détente… Et je parie que ce livre aura une suite…

Et faites donc un petit tour sur le site officiel de l’auteur Éric-Emmanuel Schmitt, avec, entre autres, tous les lieux où ses pièces de théâtre sont jouées. Depuis ce livre, j’ai aussi lu Le sumo qui ne pouvait pas grossir.

Les livres reçus dans le cadre de Masse critique de Babelio

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

Exposition Planète métisse au musée du quai Branly à Paris

La façade sur Seine et le jardin du musée du quai Branly Le musée du quai Branly à Paris organise jusqu’au 19 juillet 2009 une exposition dossier (donc entrée avec l’entrée du musée) dans la galerie suspendue ouest, exposition intitulée Planète métisse : to mix or not to mix. Certes, vous avez encore du temps pour la visiter. Je l’ai vue lors de mon marathon d’expositions à Paris mi août. Alors qu’il y avait du monde dans le musée et à l’exposition Polynésie, cet espace était quasiment désert. Le pari de l’exposition est de montrer les métissages, ce que la découverte d’un peuple a apporté à l’autre et vice-versa. Par exemple, un saint Sébastien en ivoire venant de Goa en Inde, vêtu d’un pagne, ou des poires à poudre à décor orientalisant. Surtout, ne ratez pas les codex d’Amérique du Sud, qui sont des pièces rarement montrées en raison de leur fragilité (l’un d’eux devra d’ailleurs faire un séjour de quelques mois à l’abri de la lumière au milieu du temps de cette exposition). À la fin du parcours, il y a un module avec des projections de films genre arts martiaux ou conquête de l’ouest. Juste à côté, un petit module avec un dispositif que j’ai adoré. un arbre à musique. Il est composé de tuyaux aux couleurs vives avec les petits hauts-parleurs qui diffusent de la musique de type samba. Les rares visiteurs qui y sont entrés n’ont pas vu que cet arbre diffusait des musiques, alors, tentez l’expérience !

Lecture : Fred Hamster et Madame Lilas, de Philippe Delepierre

Couverture de Fred Hamster et Madame Lilas de Delepierre Dans le cadre de l’échange livre et marque-page organisé par Delphine, j’ai reçu un superbe marque-page orné de rhinocéros. Laurence avait choisi pour l’accompagner le livre Fred Hamster et Madame Lilas, de Philippe Delepierre (Pocket n° 12511, septembre 2005, ISBN 2-266-15176-2).

Le début de l’histoire : pendant la guerre d’Algérie, à Bourdain, dans le nord, le fils de l’épicier, Fred, âgé d’une dizaine d’années, narre en alternance avec Leïla sa vie dans ce trou perdu. Leïla s’est enfuie d’Algérie pour éviter un mariage forcé et a épousé un marinier. Depuis quelques années, son couple va à vau-l’eau et elle a été débarquée de la péniche par son mari. Au jour le jour, le lecteur suit la vie sociale de cette petite bourgade et son racisme ordinaire.

Mon avis : j’ai adoré ce livre ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un livre d’un seul coup, tenue par l’histoire, jusque tard dans la nuit… Merci à Laurence de m’avoir fait découvrir ce livre et cet auteur, qui a aussi écrit un épisode du Poulpe, un des rares que je n’ai pas lu et qu’il faudra que j’essaye de trouver.