Archives de catégorie : Musique / Chansons / Spectacles

Les spectacles que j’ai vus, concert (surtout musique classique, musique du monde), théâtre, danse, cirque, magie

A l’envers de Scorpène

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014J’ai terminé ma saison 2013-2014 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP par le spectacle À l’envers de Scorpène, que j’avais sélectionné parce que j’avais adoré Réalité non ordinaire en 2011-2012. Un nouveau spectacle de « magie mentaliste » bluffante! Cette fois, toujours sur fond des Chants de Maldoror du comte de Lautréamont (il faudrait que j’arrive à les relire, ils m’avaient bien ennuyés en prépa…) et des parties d’échec (Scorpène en fut grand maître), il emmène la salle entière dans son univers de mots et la « langue des oiseaux », un langage relié à l’inconscient. En introduction, il précise son problème pour « entendre » et séparer correctement les syllabes et les mots quand il était petit (une forme particulière de dyslexie, aujourd’hui, il aurait pu bénéficier de l’aide de dyspraxique mais fantastique). À l’entrée dans la salle, chacun a reçu un papier, une enveloppe et un stylo pour y inscrire son prénom, son signe astrologique et son rêve, puis remis l’enveloppe avec ses initiales et le numéro figurant sur le papier. Par une suite de tirages au sort, d’interpellation et de montée sur scène de quelques spectateurs, voilà toute la salle emmenée dans un gigantesque rêve sur fond de manipulation des mots. Très fort! N’hésitez pas à aller voir le participer au  spectacle, sinon, visitez le site de Scorpène.

Ceci n’est pas… de Dries Verhoeven à Poitiers

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, la cabine ferméeLe festival à Corps a eu lieu il y a déjà quelques semaines à Poitiers, du 11 au 18 avril 2014. Je vous ai parlé de 15 x la nuit, de Paul-André Fortier. J’aborde aujourd’hui un spectacle qui a beaucoup fait parler! Ceci n’est pas, de Dries Verhoeven. La performance se déroulait chaque jour de 15h à 20h, sur la place Lepetit (qui a connu une certaine activité l’année dernière suite à une évasion spectaculaire), dans une sorte de cage en verre (avec volets pour un peu d’intimité pendant les pauses, WC et boisson sous le plancher, climatisation…), d’un cartel un peu long en français et en anglais avec un texte de réflexion, et se couplait avec des vidéos mises chaque jour sur Youtube et sur la page Facebook, avec également un florilège de réactions des spectateurs (beaucoup moins de « combien ça a coûté cette c…ie » sur le site que dans  la rue). Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a alimenté les conversations! Certains se disaient choqués, d’autres amusés, peu sont restés indifférents sur les dix jours. Si créer du lien social était un objectif, alors il a été atteint. L’étape de Poitiers était la deuxième phase d’un projet européen, « Second Cities – Performing Cities », qui lie le théâtre et auditorium de Poitiers / TAP à six autres opérateurs culturels européens.

En tout cas, à quelques jours de l’épreuve de philosophie du baccalauréat, cette performance pourrait fournir de nombreux sujets: qu’est-ce que l’art? L’art peut-il tout dire? Variante, Peut-on tout dire? Commenter cette phrase de Kant: « L’œuvre d’art n’est pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une chose ». L’art peut-il se passer de règles ? (série S, 2010) ou L’art peut-il se passer d’une maîtrise technique ? (série T, 2010). L’art transforme-t-il notre conscience du réel ? (série S, 2008). Peut-on aimer une œuvre d’art sans la comprendre ? (série T, 2008). La sensibilité aux œuvres d’art demande-t-elle à être éduquée ? (série S, 2005). On peut aussi tenter les sujets sur l’éthique et la morale:  Ne désirons-nous que les choses que nous estimons bonnes ? (série ES, 2002). Une culture peut-elle être porteuse de valeurs universelles ? (série ES, 2006). Qui se lance?

Pour chaque jour, je vous propose une photo, vous donne le titre, un lien vers la vidéo sur Youtube, une brève description et un commentaire. Vous pouvez aussi voir la version complète des textes proposés.

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 1, 2 et 3

Jour 1, Ceci n’est pas de l’art, voir la vidéo du jour 1.
Ce premier jour a failli faire perdre patience aux bistrots voisins! Toute la journée, un majordome a cassé des tambours à coups de massette!

Jour 2, Ceci n’est pas une mère, voir la vidéo du jour 2.
Dans une « piscine à boules », une adolescente enceinte écoute de la musique. Je crois (mais ne suis pas sûre, je n’ai pas retrouvé mes notes) que c’est ce jour là que la musique du film La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche est passée quasi en boucle. Le texte parle du rallongement de l’âge du premier enfant depuis la légalisation de la pilule, des préjugés défavorables aux jeunes mères et de l’augmentation du risque d’anomalie chez l’enfant des mères plus âgées. Ce n’est pas tout à fait vrai. Certaines anomalies du nombre de chromosomes augmentent avec l’âge maternel (trisomie 21, syndrome de Klinefelter = garçons XXY), mais les anomalies de structures des chromosomes (délétions etc.) sont plus sensibles à l’augmentation de l’âge paternel! Voir le site de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques.

Jour 3, Ceci n’est pas de l’amour, voir la vidéo du jour 3.
Un couple en maillot de bain, un homme d’âge moyen lisant des contes pour enfants à une adolescente. Le texte parle de la différence de perception entre un père qui marque de l’affection pour son enfant et la mère qui aurait les mêmes gestes tendres. Ceci dit, les contes sont loin d’être neutres sur le plan sexuel… (voir les commentaires sur l’article du petit chaperon rouge).

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 4, 5 et 6

Jour 4, Ceci n’est pas le futur, voir la vidéo du jour 4
Dans la cage, un individu cagoulé en maillot de corps a passé sa journée à nettoyer les douilles sur lesquelles il est assis et de temps à autre un revolver (ou un pistolet?). Le texte parle à la fois du repli identitaire, de la paix depuis longtemps en France et des risques terroristes.

Jour 5, Ceci n’est pas de l’histoire, voir la vidéo du jour 5.
Dans la cage, fers d’esclave aux pieds, un homme noir habillé façon « publicité Banania » mange des bananes assis au milieu de fèves de cacao. Le texte parle des tirailleurs sénégalais qui se sont battus pour la France ou ceux qui ont été massacrés par la puissance coloniale et le rôle de la PAC qui interdirait la juste concurrence avec l’Afrique, avant de conclure : « Les Français, pour leur part, n’ont pas le sentiment d’être des néocolonialistes mais chérissent toujours l’image du bon Banania ». Un petit sujet de philosophie supplémentaire, L’intérêt de l’histoire, est-ce d’abord de lutter contre l’oubli ? (série T, 2006).

Jour 6, Ceci n’est pas la nature, voir la vidéo du jour 6.
Un hermaphrodite nu (en fait en combinaison latex) avec des ailes (tiens, ça me rappelle les moutons-papillons). Le texte parle de la détermination du genre selon Freud, et précise que « Seule l’Australie autorise officiellement que les passeports fassent état d’un genre indéterminé ». C’est faux, de plus en plus de pays (Allemagne, Inde, Pakistan, Népal) prévoient ce genre neutre ou indéterminé, soit pour l’hermaphrodisme ou ambiguïté sexuelle (qui touche environ 1 bébé sur 5000 naissances, environ 200 bébés par an en France), soit pour les eunuques et les transsexuels (voir le reportage de TV5 Monde). Une allusion au mythe de la Caverne de Platon (où Aristophane est censé présenter l’histoire) aurait aussi été possible.

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 7, 8 et 9

Jour 7, Ceci n’est pas notre désir, voir la vidéo du jour 7.
Dans la « cage », une naine a passé son après-midi à lire en sirotant des apéritifs. Le texte parle des défauts physiques et du rejet sexuel, mais aussi de l’eugénisme, sans dire le mot, en parlant de diagnostic génétique prénatal et d’avortement, mais pas des lois de bioéthique. Il aurait été préférable de parler d’interruption médicale de grossesse, ce n’est pas exactement la même chose puisqu’elle peut avoir lieu jusqu’à la naissance en cas de mise en danger de la mère, du bébé ou si ce dernier est atteint d’une maladie d’une particulière gravité. Elle doit être acceptée par deux médecins, l’un de ces deux médecins devant exercer dans un Centre de Diagnostic Prénatal Pluridisciplinaire. Après 22 semaines d’aménorrhée, elle a lieu par voie basse après fœticide et ouvre droit à l’inhumation, aux congés de maternité et de paternité et à l’inscription sur le livret de famille d’un enfant né sans vie. C’est un acte très différent de l’avortement ou interruption volontaire de grossesse (voir par exemple sur le site de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques).

Jour 8, Ceci n’est pas notre peur, voir la vidéo du jour 8.
Un homme barbu, revêtu d’un gilet pare-balles, lit le Coran et récite ses prières. Le texte aborde la prière dans l’espace public et les croyants qui se sentent agressés par des dessins humoristiques. Personnellement, même si l’artiste est libre de ses choix, je trouve que ce tableau était stigmatisant pour une religion en particulier et donc assez malvenu. L’artiste aurait-il osé mettre un curé dans la même cage???

Jour 9, Ceci n’est pas mon corps, voir la vidéo du jour 9.
Une femme nue (enfin, en combinaison simulant la nudité) au corps vieillissant reste assise sur une chaise. Le texte parle des mannequins de plus en plus jeunes, du rapport au corps, au vieillissement des cellules à partir de 21 ans… Absurde! les cellules vieillissent depuis leur multiplication et s’éliminent au fur et à mesure, par le processus d’apoptose (en gros, auto-destruction). Leur durée de vie va de quelques jours à des centaines de jours: 5 jours pour les cellules qui tapissent l’intestin, 3 à 4 semaines pour la peau, 120 jours pour un globule blanc, plus d’un an (400 à 500 jours) pour le foie…

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jour 10

Jour 10 (épilogue), Ceci n’est pas moi, voir la vidéo du jour 10.
Au-dessus d’une épaisse couche de vers (certains arrivaient au stade de larve voire d’insecte genre blatte, j’en ai entouré une), une urne cinéraire tourne doucement. Choix cornélien pour le visiteur, être réduit en cendres ou mangé par les vers? Le texte parle de la position des cimetières hors des villes depuis l’Antiquité (mais c’est faux au Moyen-Âge!) et du deuil, moins visible dans notre civilisation (plus de vêtements de deuil, moins de cierges allumés, expression plus retenue de la douleur des veufs et veuves).

Et vous, qu’est-ce que ça vous inspire?

15 x la nuit, de Paul-André Fortier

Poitiers, festival à corps 2014, Pierre-André Fortier, balisage près de Saint-Jean-de-MontierneufLe festival à Corps a eu lieu il y a déjà quelques semaines à Poitiers, du 11 au 18 avril 2014. Il est l’occasion de rencontres autour de toutes sortes de rencontres et performances dans les différentes salles de spectacle et dans toute la ville. Je vous parlerai très bientôt de Ceci n’est pas de Dries Verhoeven, une performance sur dix jours qui a beaucoup fait parler et qui méritait de prendre un peu de recul avant d’en faire un commentaire. J’ai vu très peu de spectacles cette année. 15x la nuit a commencé sur le parvis du théâtre et auditorium de Poitiers / TAP le soir de Lo còr de la Plana. Chaque soir dans un lieu différent indiqué par ce rubalise (ruban de signalisation de chantier ou autre, ici devant l’église Saint-Jean-de-Montierneuf) spécial festival, après avoir posé de petits plots, Paul-André Fortier a présenté un solo dansé de 30 minutes, sans musique, sur fond des bruits urbains. Pour en savoir plus sur la démarche de l’artiste, je vous invite à écouter son interview… Discutant avec des amis, je n’ai pas vraiment suivi le premier spectacle…

Poitiers, festival à corps 2014, Pierre-André Fortier devant Notre-Dame-la-Grande… en fait, je n’ai vraiment vu que celui qui a eu lieu près de Notre-Dame-la-Grande, parce qu’il était le plus tôt (et oui, « bébé » se couche encore tôt). Le spectacle a eu lieu juste après la distribution de la maraude de la Croix Rouge. A l’arrière de la scène, les sans-abris et les marginaux avec leurs chiens, qui très vite se sont tus et ont participé, à l’écart (dommage…), en suivant le spectacle, puis l’un d’eux s’est lancé à danser de son côté, comme en écho au danseur… Je pense que peu de spectateurs ont fait attention à ce qui se passait quelques mètres plus loin, comme dans Au bord du monde, de Claus Drexel, les marginaux sont invisibles… Vous voyez sur l’image, le cercle des spectateurs autour de Paul-André Fortier, et au fond, les chiens et leurs maîtres.

Lo còr de la Plana au TAP (théâtre et auditorium de Poitiers)

performance des artistes Boijeot, Renauld et Turon sur le parvis du TAP à Poitiers, 20 septembre 2013J’ai vu le spectacle de Lo còr de la Plana (prononcer « Lou Couar dé la plane ») il y a déjà trois semaines dans le cadre de ma saison 2013-2014 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP. C’est un spectacle d’un groupe marseillais que j’avais ajouté après leur présentation au lancement de saison.

Le spectacle (présentation officielle du site du TAP):

« Lo Còr de la Plana est un groupe polyphonique occitan qui tire son nom du quartier de la Plaine à Marseille, lieu emblématique de la culture provençale. Un chœur d’hommes composé de cinq lascars qui revisitent le patrimoine populaire en y injectant une dose de swing, de groove  en s’accompagnant de battements de mains, de pieds, de tambours bendirs… « Nous sommes des urbains qui avons grandi aux sons du rock et du raggamuffin », revendiquent les musiciens, dont l’art se nourrit d’un melting-pot méditerranéen réunissant les Balkans et le Maghreb. Leurs chants – coups de gueule, revendications, espoirs de leur génération ou odes à la cité phocéenne – reflètent le visage fougueux et actuel de la Provence. »

Mon avis: cinq chanteurs se lancent dans des polyphonies en occitan, accompagnées de percussions, entrecoupées de quelques explications (souvent d’actualité) en français, en commençant par « la plana », leur quartier, dont le nom est improprement traduit « la Plaine » alors que c’est un plateau (« la seule plaine où il faut monter pour l’atteindre »), sans oublier l’actualité récente (le gouvernement venait d’être formé avec « votre Ségolène Royal ») et l’environnement local (le Clain). Vous pouvez voir leur univers dans leur espace MySpace. ou voir l’interview de Manu, le « meneur », donnée au TAP. Le spectacle a duré beaucoup plus que prévu, ils ont une pêche d’enfer! Ils ont terminé par un morceau chanté avec les élèves du conservatoire et du CESMD (centre d’étude supérieur musique et danse) qui ont suivi un atelier avec eux les jours précédents. S’ils passent en tournée près de chez vous, surtout, n’hésitez pas à aller les voir, même si comme moi (la « ch’ti »), vous ne comprenez pas les paroles en langue d’Oc…

Et pour partager si vous avez la flemme de suivre les liens, voici sur Youtube la farandola dei barris mise en ligne par Ethnoambient Salona 2012…

George Kaplan de Frédéric Sonntag

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014Il y a déjà trois semaines, j’ai vu la pièce de théâtre George Kaplan de Frédéric Sonntag, par la compagnie AsaNisiMasa (avec Lisa Sans, Fleur Sulmont, Alexandre Cardin, Antoine Gouy, Jérémie Sonntag et
Thomas Rathier), au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP mais dans la programmation des Amis du théâtre populaire de Poitiers. Merci à Joëlle, abonnée à la saison et qui m’a fait bénéficier d’une invitation à ce spectacle!

Le spectacle (présentation du site Format/accompagnement de projets artistiques) :

« GEORGE KAPLAN est une pièce en trois parties aux multiples liens narratifs, une pièce sur les enjeux politiques des mythes et des récits, sur le rôle du café (et de la bière) dans le bon déroulement des réunions, sur l’influence d’Hollywood dans notre représentation de la géopolitique mondiale, sur la participation d’Alfred Hitchcock à un complot international, sur la guerre de l’information et la manipulation des foules, sur une poule qui peut sauver l’humanité, sur un nom qui pourrait changer la face du monde ».

Mon avis: j’ai un peu eu du mal avec la deuxième partie, où j’ai dû lutter contre un gros coup de barre (merci à mon voisin de siège qui m’a réveillée). Chacune des trois parties met en jeu des acteurs et une reconstitution filmée. Dans la première partie, un groupe d’activistes dans une ferme, dans la seconde, des scénaristes cherchent une idée d’émission de télé-réalité, dans la troisième, réunion de crise des services secrets d’un grand pays qui ont mis sous surveillance une chambre d’hôtel et analysent la menace. La première partie est ma préférée, toute ressemblance avec des réunions associatives (ou même professionnelles) n’est pas fortuite! Ordre du jour, vote, retour sur les décisions prises les fois précédentes, palabres sans fin pour la rédaction d’un texte consensuel… Nous avons tous dû vivre ça et j’ai beaucoup aimé. La deuxième partie, qui se termine dans un bain de sang, m’a moins plu, j’en ai manqué une partie certes, mais ne suivant pas la télé-réalité (et très peu la télé), ça ne m’a pas vraiment marqué. George Kaplan donc est un personnage insaisissable, incarné par différentes personnes, une fiction (qui se termine néanmoins dans un bain de sang) ou une menace terroriste. Le mélange entre l’action sur scène et des parties projetées est, je trouve (mais ce n’est visiblement pas le cas de certains critiques) très réussi, interrogeant sur la place entre la fiction et la réalité. Le « film » avec des images plus « réelles » que la représentation sur scène reflète-t-il davantage la réalité? Une belle interrogation sur le monde actuel, les peurs collectives, la relation au réel et à la fiction. De mon côté, j’ai beaucoup aimé, mais j’ai croisé des personnes qui ont assisté à la même représentation et pas du tout adhéré…

L’empereur d’Atlantis au TAP (théâtre et auditorium de Poitiers)

le parvis du théâtre auditorium de Poitiers vers 20h le 13 février 2014Direction le théâtre et auditorium de Poitiers / TAP jeudi dernier pour la suite de ma saison 2013-2014, avec un opéra en allemand sous-titré, écrit dans le camp de concentration (enfin, plutôt un camp de transit) de Terezin par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien, L’empereur d’Atlantis, sous la direction de Facundo Agudin (remplaçant Philippe Nahon, malade) avec l’ensemble Ars Nova, mise en scène de Mouise Moaty, et la compagnie Arcal. Après des jours et des jours de pluie, il y avait une éclaircie quand je suis arrivée au théâtre, avec presque la pleine lune, ma photographie est moyenne, mais ça rend l’ambiance du spectacle…

L’histoire de cet opéra (d’après le livret remis à chaque spectateur): L’empereur d’Atlantis ou la mort abdique (Der Kaiser von Atlantis oder die Todverweigerung) a été écrit en 1942-1943, dans le camp de Terezin (un camp de transit vers les camps de concentration et un « camp modèle » pour les Allemands, qui y toléraient des spectacles / soirées de camaraderie), à une soixantaine de kilomètres de Prague, les déportés avaient même préparé les décors, mais Viktor Ullman est déporté à Auschwitz le 16 octobre 1944 et est probablement mort dès son arrivée. La partition, confiée à un ami, a été sauvée mais tombée dans l’oubli. L’opéra, créé une première fois en 1975 à Amsterdam, est recréé cette saison à Nanterre, donné en janvier à Nanterre, Reims, Paris (théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet -dont Charlotte Delbo fut l’assistante) puis en février à Niort et Poitiers, il y aura encore deux représentations en avril à Massy et Saint-Quentin-en-Yvelines. En fin d’article, vous pouvez l’écouter dans une autre version.

Le livret: après une présentation des personnages dans le prologue, Arlequin et la Mort s’ennuient. Le Tambour annonce que l’empereur Overall a décrété que la guerre de tous contre tous est déclarée. la mort se met en grève… Dans la salle de commandement, l’empereur (Allo, allo!) apprend que les blessés et les condamnés à mort n’arrivent plus à mourir. Il contre-attaque en décrétant l’immortalité générale. Arlequin et la Fille, deux soldats, s’affrontent, tombent amoureux. Le Tambour leur rappelle qu’un décret impose la guerre de tous contre tous. La mort propose à l’empereur de reprendre son travail si celui-ci accepte d’être le premier à mourir…

Le spectacle : un décor constitué d’une tour en structure d’échafaudage et trois toiles de parachutes manipulées par les machinistes. J’ai par moment été très gênée par les éclairages, avec des spots dirigés droit dans les yeux ou éclairant trop fort (bon, c’est peut-être juste dû à l’état actuel de mes nerfs optiques). Heureusement aussi que mon allemand n’est pas trop rouillé, parce que lire les sous-titres placés haut (c’est logique) et en blanc sur noir n’est pas facile. A part ces petits inconvénients, le spectacle est très fort, si vous ne pouvez pas aller le voir, n’hésitez pas à écouter la version de 1993 que j’ai mise en lien en fin d’article.

Pour aller plus loin:

– l’émission de France Musique (disponible jusqu’au 15 octobre 2016) sur les coulisses de la création de l’opéra à Nanterre

– d’autres liens sur la page de la compagnie Arcal

– l’exposition Charlotte Delbo (et les photographies de Claude Pauquet)

– le site officiel du mémorial de Terezin / Theresienstadt

– à défaut d’avoir pu assister à la conférence la veille du spectacle à la médiathèque de Poitiers sur la musique au camp de Terezin, lire en ligne un article de Élise Petit, Musique, religion, résistance à Theresienstadt

– sur Youtube, vous pouvez aussi écouter une version enregistrée en 1993 pour le label Decca. Ecouter ci-dessous ou en suivant le lien… qui vous donnera aussi d’autres oeuvres de Viktor Ullman.

PS: Juste après la publication de cet article, Alice Herz-Sommer (26 novembre 1903 – 23 février 2014), pianiste internée dans ce camp, est décédée en Angleterre, c’était la plus vieille déportée survivante (voir sa biographie sur le site d’Arte en 2007 et un reportage de 2011 sur la même chaîne).

Voir aussi sur le roman Terezin Plage de Morten Brask.

Le quatuor de Jérusalem au TAP (théâtre et auditorium de Poitiers)

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014Il y a déjà presque quinze jours, dans le cadre de ma saison 2013-2014, je suis allée écouter au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP le quatuor de Jérusalem (voir leur site officiel). Contrairement au concert de Dorsaf Hamdani, j’ai réussi à ne pas dormir, grosse sieste l’après-midi et grande lutte contre le sommeil pendant le bis (un morceau de Mozart)… Je verrai bientôt en allant voir si les conséquences de mon opération commencent à se dissiper le soir… Chez moi, je n’arrive pas à tenir au-delà de 21h / 21h15 malgré la sieste… Le programme était composé du Quatuor KV.589 de W. A. Mozart, de la Sonate à Kreutzer de Leoš Janáček et du quatuor n° 1 De ma vie de Bedřich Smetana… J’ai un faible pour la musique tchèque depuis mon stage de conservatrice en 1992 à Brno… je me suis donc régalée lors de ce concert. Si ce quatuor passe près de chez vous, n’hésitez pas à assister à ce spectacle!

Dorsaf Hamdani au TAP (théâtre et auditorium de Poitiers)

performance des artistes Boijeot, Renauld et Turon sur le parvis du TAP à Poitiers, 20 septembre 2013Voici ma première sortie « tardive » depuis mon opération. Le précédent spectacle que j’avais vu (El Niño Costrini) dans ma saison 2013-2014 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP était à 19h30, pour moins d’une heure. Cette fois, 1h30 de spectacle prévu (finalement 2h10), à partir de 20h30 (entrée avant pour moi pour éviter encore les bousculades). Ça n’a pas manqué, malgré la sieste de l’après-midi, je me suis endormie sur mon siège à l’heure habituelle… vers 21h10, après dix bonnes minutes de bâillements réprimés. Heureusement que j’avais prévenu mon voisin de siège pour qu’il me réveille, après, j’ai tenu jusqu’à la fin du concert, mais endormie à mon retour chez moi dans les cinq minutes qui ont suivi 😉 J’ai un autre concert la semaine prochaine (orchestre de Jérusalem), j’espère que je tiendrai mieux.

Le spectacle : Dorsaf Hamdani et ses quatre musiciens (Sailfallah Abderrazak au violon, Slim Jaziri au qanun -sorte de cithare -, Anis Fliss au violoncelle et Lotfi Soua aux percussions) ont interprété un programme de chants arabes du répertoire de Oum Kalsoum, de Fairouz et d’Asmahan, chants regroupés sous le titre Princesses du chant arabe. Elle a intercalé la vie en rose de Piaf, et réussi à faire chanter un chant d’amour en arabe à la salle entière à la fin du spectacle.

Mon avis: de très beaux chants, surtout des chants d’amour, présentés par quelques mots en français par Dorsaf Hamdani. A la fin, chaque musicien s’est présenté et a fait découvrir son instrument en jouant un solo de quelques minutes. La leçon de chant était un grand moment, accompagné d’un irrépressible fou rire de Dorsaf Hamdani. Contrairement au spectacle de Danyel Waro, où les Réunionnais de Poitiers avaient fini par transformer l’espace entre le public et la scène en piste de danse, les spectateurs arabophones ont juste accompagné certains chants et donné un drapeau tunisien qui a accompagné la plus grande partie du spectacle sur scène.

Pour aller plus loin: si vous n’avez pas la chance de pouvoir assister à ce spectacle, les Princesses du chant arabe sont disponibles sur CD chez Harmonia Mundi dans le label Accords croisés (extrait en MP3 en suivant le lien).

 

El Niño Costrini au TAP

performance des artistes Boijeot, Renauld et Turon sur le parvis du TAP à Poitiers, 20 septembre 2013

J’ai poursuivi ma saison 2013-2014 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP avec l’un des spectacles de noël, El Niño Costrini de Sebastiàn Guz, un clown argentin. Vous pouvez découvrir le spectacle sur son site officiel. Un spectacle court (50 minutes), programmé cinq fois en 3 jours, j’ai vu la première représentation, le vendredi à 19h (je suis arrivée à l’avance, sur une place « handicapée », pour éviter la cohue -spectacle non placé- et éviter tout coup involontaire sur la tête). Un spectacle en solo, mais avec la participation de la salle, par laquelle il arrive et où il met à contribution des spectateurs, adultes et enfants. Il y avait pas mal de public sourd dans la salle dommage qu’il n’y avait pas de traduction en langue des signes comme à d’autres occasions. Certes, la gestuelle du clown est parlante, mais il y avait quand même quelques monologues qui auraient pu être traduits.

Un bon spectacle, tendre et humoristique, mais j’avais préféré le spectacle de noël Slava’s Snowshow l’année dernière…

The Roots de Kader Attou

Façade du théâtre auditorium de Poiteirs, depuis la rue Edouard GrimaudAprès l’annulation pour cause de maladie du concert de Zhu Xiao Mei (remplacée par un autre artiste, Bertrand Chamayou, sur un programme axé sur Litz, je n’aime pas trop, du coup, j’ai changé mon billet pour un autre spectacle plus tard dans la saison, Dorsaf Hamdani), j’ai commencé ma saison 2013-2014 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP avec un spectacle de danse hip-hop, The roots de Kader Attou. J’avais beaucoup aimé ses Petites histoires.com lors de la saison 2009-2010. Au passage, je vous montre une autre vue du théâtre, avec les reflets des immeubles voisins, prise en août 2013 depuis la rue Edouard-Grimaud.

Le spectacle : The roots rassemble douze danseurs (Kader Attou et onze gars) de la compagnie Accrorap et du Centre chorégraphique national de la Rochelle dans un décor de salon déglingué (un fauteuil, une table basse bientôt rejoints par un canapé, un lampadaire, une table, etc…).

Mon avis : une heure et demie d’instants de poésie, pour les passages calmes (avec de très beaux mouvements d’ensemble), ou plus « peps » pour quelques solos notamment. Du hip-hop parfois à la limite du mime, qui revisite le genre et la danse contemporaine. Dommage, la musique, alternant électro et musique classique, était parfois un peu trop forte, mais c’est un phénomène récurrent au TAP, surtout pour ce genre de spectacles, sans doute une demande des artistes et des jeunes déjà assourdis par l’écoute de certaines musiques, mais c’est vraiment inutile de mettre si fort le son, surtout pour les tableaux sur fond de musique classique (Brahms, Beethoven)! A découvrir s’il passe près de chez vous, sinon, je vous ai repéré quelques liens (voir ci-dessous).

Pour aller plus loin : voir un extrait sur Arte TV ou cet autre mis en ligne par Kader Attou.