Grosse flemme la semaine dernière, je n’ai même pas pris le temps de rédiger un article sur le film vu dimanche en huit! C’était donc Primaire, de Hélène Angel…
Le film : de nos jours à Grenoble, à quelques semaines de la fin de l’année scolaire. Florence Mautret [Sara Forestier] fait classe en CM2, une classe ordinaire, avec son fils, une jeune asiatique qui a réussi à arriver dans la classe sans savoir lire grâce à une formidable mémoire, une fillette handicapée et son assistante de vie scolaire, Madame Duru [Guilaine Londez], les bons et les moins bons élèves, Laure [Lucie Desclozeaux], une stagiaire venue de l’ESPE. Le spectacle de fin d’année approche, chacun doit y trouver sa place. Un jour, elle accueille un élève d’une autre classe, Sacha. Il sent mauvais, le soir, personne ne vient le chercher, les autres se moquent de lui, lui répond par les poings… Depuis plusieurs jours, il vit seul chez lui, sa mère l’a abandonné avec de l’argent, à lui de se débrouiller. Un ex de sa mère, Mathieu [Vincent Elbaz] accepte de le prendre en charge quelques jours.
Mon avis : bon, j’ai commencé le résumé en écrivant « à Grenoble », mais à part une scène où l’institutrice sort prendre l’air et se ressourcer, le film aurait pu se passer n’importe où… et les crédits montrent qu’il a été tourné en grande partie en région parisienne. Le scénario officiel, les critiques, mettent l’accent sur le jeune Sacha, qui ferait vaciller la vocation de l’institutrice. Je trouve plutôt que ce film est beaucoup plus largement un portrait réaliste de l’évolution de l’enseignement et de la formation des professeurs, complètement déconnectée de la réalité, et de son corollaire l’inspecteur rigide. L’accueil de la fillette handicapée montre aussi la défaillance de l’institution scolaire, avec une l’assistante de vie scolaire dévouée mais pas formée à ce métier, qui est sans doute une vraie catastrophe pour l’autonomie de la fillette ; la commission médicale et scolaire de bilan pour le passage à l’année suivante est moins surréaliste que la réalité, avec la présence des parents (ce n’est pas toujours le cas) ; dans « la vraie vie », l’orientation en ULIS (classe spéciale en collège) ne se décide pas dans une commission à l’école primaire mais à la maison départementale du handicap, et est aussi d’une complexité sans nom. Le film tient par la force de jeu de Sara Forestier et des enfants, excellents! La fin est beaucoup moins réussie, je n’ai pas bien compris le pourquoi de la scène avec la fillette handicapée qui va retrouver son assistante de vie scolaire dans les cuisines d’un restaurant où elle a trouvé un nouveau travail, et le long monologue final de l’institutrice sonne faux, pas assez travaillé, trop décalé, trop « politique »? Un film qui s’engage donc sur une vision optimiste de l’enseignement, oui, dans le concret, on peut apprendre à lire à une enfant de CM2 avec des méthodes anciennes (après avoir épuisé toutes les méthodes « modernes »), on peut accompagner et plus ou moins intégrer une élève handicapée, on peut avoir des états d’âme à dénoncer à l’aide sociale à l’enfance un gamin abandonné par sa mère. Mais du point de vue cinématographique, aucune surprise, aucune grande émotion, pas de grands effets du côté de la photographie, un scénario et des dialogues parfois confus…