Archives par étiquette : corruption

Le Caire confidentiel de Tarik Saleh

Affiche de Le Caire confidentiel de Tarik SalehParmi les films que j’ai vus ces dernières semaines, il y a Le Caire confidentiel de Tarik Saleh.

L’histoire : Le Caire, en janvier 2011, quelques jours avant le début de la révolution. Une chanteuse est retrouvée morte assassinée dans la chambre d’un grand hôtel, Salwa [Mari Malek] une très jeune femme de ménage, émigrée et vulnérable, a vu un homme sortir de la chambre et est vite menacée. L’inspecteur Noureddine Mostefa [Fares Fares] est chargé de l’enquête mais se trouve très vite confronté au général Kamal Mostafa [Yasser Ali Maher], aux services secrets, à la garde rapprochée du président Moubarak et à sa hiérarchie qui fait pression pour qu’il classe cet assassinat en suicide (égorgée, pas facile comme technique de suicide)… d’autant plus qu’explosent les « incidents » (bientôt la Révolution) sur la place Tahir, qui nécessitent la présence de la police.

Mon avis (et je pense aussi celui d’une amie qui était avec moi) : c’est un film sombre, au sens propre du terme, avec beaucoup de scènes tournées dans l’obscurité, ce qui me gêne encore avec mes problèmes visuels (modification de la vision des couleurs, atténuées à gauche notamment). Tous les flics sont corrompus, y compris Noureddine (oups, l’argent qui était dans le portefeuille de la victime est vite subtilisé), sexe, alcool (oui, oui, Égyptiens, musulmans mais amateurs d’alcools forts), drogue (opium), tous les ingrédients d’un polar se retrouvent concentrés. Les communautés d’émigrés sont organisés en groupes qui payent aussi leur tribut. Si j’ai trouvé l’acteur Fares Fares très bon, mais l’histoire est trop sombre (au sens propre comme au sens figuré) à mon goût.

Le pays que j’aime, de Caterina Bonvicini

pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque. Il entre aussi dans les lectures de la rentrée littéraire 2016.

Le livre : Le pays que j’aime, de Caterina Bonvicini, traduit de l’italien par Lise Caillat, Collection Du monde entier, éditions Gallimard, 311 pages, 2016, ISBN 9782070143153.

L’histoire : à Bologne (puis Rome), de 1975 à nos jours. Olivia est la fille de riches entrepreneurs en BTP, Valerio le fils du jardinier et homme à tout faire. Petits, ils sont élevés ensembles, sous la houlette de Manon, la truculente grand-mère, et du grand-père qui craint de se faire assassiner. Riche villa du XVIIIe siècle, avion privé, vacances à la neige et à la mer, c’est la vie aisée pour les deux enfants, jusqu’à ce jour où la mère de Valerio tombe amoureuse d’un escroc et parte avec lui et son fils à Rome… Direction un quartier populaire, la vie de la rue. L’assassinat du grand-père est l’occasion de retrouvailles à Rome, puis ils s’éloignent à nouveau, se retrouvent, au gré des aléas de la vie, de la ruine et du rebond des Morganti…

Mon avis : l’histoire entre les deux personnages principaux, racontée du point de vue de Valerio, est le prétexte à raconter l’histoire de l’Italie des années rouges (attentat de la gare de Bologne), de la corruption des entreprises de travaux publics, entre mafia et recherche de profits maximums, promesses aux édiles et utilisation « optimisée » des fonds européens, ruines et rebonds, prison et bracelet électronique ne découragent pas la récidive. Le style est agréable, la lecture facile, cela ne va pas au-delà, l’histoire des deux protagonistes est prévisible, celle de l’Italie corrompue – pas que dans les années Berlusconi – reste superficielle.

Logo rentrée littéraire 2016En 2016, le projet de 1% rentrée littéraire est organisé par Hérisson et Léa.

Baccalauréat, de Cristian Mungiu

Ma sortie cinéma, cette semaine, a été pour voir Baccalauréat, de Cristian Mungiu, qui a reçu le prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes.

Le film : de nos jours en Roumanie, dans une petite ville de Transylvanie. Romeo [Adrian Titieni], chirurgien à l’hôpital local, et sa femme Magda [Lia Bugnar], bibliothécaire, sont revenus en Roumanie après 1991.Ils ont tout fait pour que leur fille Eliza [Maria Drăguș] ait la meilleure vie possible, en économisant pour lui donner des cours particuliers dès son plus jeune âge. Elle doit passer son baccalauréat dans quelques jours et doit impérativement avoir une moyenne de 18 pour pouvoir aller à l’université à Cambridge, en Angleterre, avec une bourse d’étude. A la veille de l’examen, alors que son père l’a laissée à proximité du lycée, elle est agressée physiquement et sexuellement sur le chantier voisin, s’en sort avec un poignet plâtré et une grand frayeur. Pour mettre toutes ses chances de son côté, Romeo est prêt, contre tous ses principes, à accepter la solution proposée par son ami d’enfance, l’inspecteur en chef de la police [Vlad Ivanov]… Il y a sans doute une solution pour que les résultats soient bons même si Eliza n’est pas au mieux de sa forme.

Mon avis : le thème central du film, la corruption en Roumanie, est particulièrement d’actualité après le week-end électoral dans ce pays.

Si le couple a cru à la révolution et aux espoirs nés en 1989 en revenant de leur exil pour reconstruire leur pays, il a déchanté et décidé de tout faire pour que leur fille puisse partir étudier et faire sa vie à l’étranger. Cristian Mungiu a centré le scénario – et de très longues minutes de gros plans et de plans séquences parfois interminables – autour de la figure du père, qui a projeté sa vie sur sa fille, qui maintient aussi à elle seule le couple, il a une amante [Mălina Manovici] et couche sur le canapé. Il oublie de lui demander son avis, prend des décisions à sa place, sait ce qui est bien (les études, les morceaux de pommes soigneusement épluchés et découpés sur une assiette) ou mal (son petit copain motard passé par le lycée technique) pour elle. Ses certitudes vacillent quand même une fois, quand il revient là où il a heurté un chien en voiture dans la journée et finit par éclater en sanglots dans les broussailles. L’ambiance est lourde, par moment le film (presque 2h10) traîne en longueur, mais le mécanisme de la corruption, depuis la petite compromission, de la simple « magouille », jusqu’à la plus grande et aux renvois d’ascenseurs, est bien démont(r)é. Les jeunes procureurs pourront-ils mettre un terme à ces pratiques qui se reproduisent de de génération en génération? Au-delà du scénario principal apparaît en toile de fond un monde qui semble immuable, fait d’immeubles délabrés, d’habitats précaires en planches, de chiens errants, de chantiers interminables (« Na remont », en rénovation, comme j’ai pu le voir il y a plus de 20 ans dans les ex-pays de l’Est, avec même de savantes restaurations d’échafaudages plutôt que des façades).

Un film à voir malgré les quelques longueurs que j’ai ressenties…

Kobra, de Deon Meyer

Couverture de Kobra, de Deon MeyerUn livre acheté en poche pour le dernier voyage à Paris… J’arrive à lire maintenant une trentaine de pages dans ce format sans ma caméra  s’il y a assez de lumière et si les pages ne pas trop de transparentes 😉 . De Deon Meyer, j’ai déjà lu 13 heures.

Le livre : Kobra, de Deon Meyer, traduit de l’anglais (Afrique-du-Sud) par Estelle Roudet, collection Seuil policier, éditions du Seuil, 2014, 448 pages, ISBN 9782021155006 (lu en poches, Point Policier n°4211, 2015).

L’histoire : de nos jours en Afrique-du-Sud. Trois morts sont retrouvés dans la maison d’hôtes d’un domaine viticole de Franschhoek, un employé de la propriété et deux gardes du corps, anciens policiers d’élite, embauchés par un client britannique, Paul Anthony Morris, qui a disparu. Les douilles des balles sont toutes gravées d’une tête de cobra. Très vite, grâce aux données d’interpol, Benny Griessel, l’enquêteur, s’oriente sur la trace d’un tueur professionnel qui a exécuté divers contrats en Europe. Mais qui est Paul Morris, le consulat, la hiérarchie, un autre service de police, tout le monde semble se liguer pour qu’il ne le découvre pas… Sur le port, aux abords d’un centre commercial, le jeune Tyrone Kleinboo, pickpocket professionnel pour payer les études de médecine de sa sœur, dérobe une portefeuille dans le  sac d’une touriste. Alors qu’il est arrêté et conduit au poste de sécurité, tous les vigiles sont à leur tour abattus, à nouveau des douilles gravées, mais Tyrone a visiblement réussi à s’échapper…

Mon avis : un polar dans le milieu de l’intelligence économique. Le disparu est en fait un mathématicien qui a écrit un algorithme pour traquer l’argent sale dans le flux des transactions financières mondiales. Paradoxalement, il milite aussi pour que le gouvernement britannique flique moins les données numériques des citoyens. En parallèle à l’enquête, cet aspect de la finance internationale, de la complicité des grandes banques, à peine ébauchée, de l’argent du crime mais aussi des politiciens corrompus, aurait mérité d’être plus développé (même en dehors du contexte récent des Panama papers…). Le suspense est maintenu au fil des pages, avec une efficace technique narrative de changement de points de vue, mais j’aime bien les thrillers qui en même temps ouvrent les yeux sur un aspect de la société.

 

Les temps sauvages de Ian Manook

Couverture de Les temps sauvages de Ian ManookAprès Yeruldelgger, j’ai acheté et lu la suite.

Le livre : Les temps sauvages de Ian Manook, éditions Albin Michel, 2015, 528 pages, ISBN 9782226314628.

L’histoire : de nos jours en Mongolie. Le commissaire Yeruldelgger est victime d’un complot. Il est alerté par un ornithologue sur le comportement étrange d’un gypaète… qui le met sur la piste d’un homme mort dans une crevasse. Sa collaboratrice, Oyün, enquête sur la mort d’un cavalier sur son cheval, surmonté d’un yack, mort également. Mais voici qu’il est suspendu par la police des polices, suspecté d’avoir assassiné une prostituée qui l’a aidé dans sa précédente enquête. Elle aurait adopté un enfant des rues, porté disparu comme Gantulga, gamin envoyé poursuivre son apprentissage au septième monastère des moines Shaolin par le commissaire. Les deux garçons se seraient vu peu avant leur disparition.  Et voici que six jeunes garçons sont retrouvés morts dans un container au Havre…

Mon avis : comme dans le premier tome, le lecteur est plongé dans une Mongolie tiraillée entre traditions et modernité, coincée entre ses puissants voisins, Chine et Russie. Certaines scènes, notamment de tortures, sont un peu dures, mais l’auteur laisse ensuite le temps de souffler pendant quelques pages. Alors que l’auteur est Français, ce sont peut-être les pages au Havre qui sont le moins crédibles. Corruption, trafics de matières premières, d’êtres humains, vengeance personnelle, rien ne manque dans ce polar qui se dévore. Même si la rentrée approche, il vous restera peut-être un peu de temps pour attaquer ce gros volume haletant!

Yeruldelgger de Ian Manook

Logo du défi rentrée littéraire 2013 chez HérissonLogo de pioché en bibliothèqueCouverture de Yeruldelgger de Ian ManookJ’ai profité de mon nouveau joujou (visio-agrandisseur maison) pour attaquer mon premier gros pavé en lecture normale depuis presque un an. Quoique la MDPH pense que lire un livre tronçonné en 10 pages deux ou trois fois par jour soit largement suffisant comme autonomie, j’ai savouré le fait de pouvoir lire tranquillement comme avant, une heure de 6h30 à 7h30 au lit le matin! (puis pause visuelle pour ne pas voir double en arrivant au bureau à 9h). J’ai choisi Yeruldelgger de Ian Manook, emprunté à la médiathèque, qui a reçu plusieurs prix littéraires (polar historique à Montmorillon, quoique ce soit un polar contemporain!, prix du polar SNCF, prix des lectrices Elle policier) et peut aussi entrer dans la rentrée littéraire 2013 organisé par Hérisson jusque fin juillet 2014 (après, nous passerons à la rentrée littéraire 2014).

Le livre: Yeruldelgger de Ian Manook, éditions Albin Michel, 2013, 542 pages, ISBN 9782226251947.

L’histoire: de nos jours à Oulan-Bator. Trois chinois puis deux prostituées occasionnelles mongoles sont retrouvées assassinées. Le commissaire Yeruldelgger est appelé à 3h de route de là, des nomades ont retrouvé le corps d’une petite fille blonde, enterrée avec son tricycle. L’autopsie révèle qu’elle a été percutée par un véhicule et enterrée encore vivante il y a environ cinq ans. Pourquoi ses parents n’ont pas signalé sa disparition? Hanté par l’enlèvement de sa propre fille et son meurtre, puis sa femme qui a sombré dans la folie, le commissaire promet au vieux nomade de tout faire pour accompagner l’âme de cette enfant inconnue. En enquêtant sur les premiers meurtres, il tombe sur un groupe néonazi, sa deuxième fille semble impliquée et se retrouve gravement brûlée dans les tunnels de canalisation d’eau chaude… Entre intérêts économiques (chinois, coréens), son propre beau-père gros propriétaire terrien, police corrompue, viols, meurtres, trafic de quads, l’enquête s’annonce pleine de rebondissements!

Mon avis: l’intérêt de ce polar réside surtout dans l’analyse de la vie mongole, le heurt entre les yourtes et les constructions en béton, la tradition et les paraboles qui amènent les experts au fin fond de la steppe (et ont sans doute permis de préserver des indices!). Au rayon des traditions, la médecine traditionnelle, l’utilisation de la graisse d’ours vieille de 20 ans pour cicatriser, d’autres onguents. La cuisson des marmottes. Je connaissais les galets chauffés pour faire bouillir de l’eau dans une fosse, mais la, c’est autrement raffiné! Après avoir étripé la marmotte, des galets chauds sont introduits dans son ventre, recousu, et les chairs cuisent doucement par le chaud intérieur et le feu doux à l’extérieur. Je n’ai pas vérifié si ça existait vraiment. Mais un détail a jeté un doute, à la fin… Page 537: « magnifiques chevaux blancs de Przewalski ». En tant que préhistorienne, ces chevaux directement issus des chevaux paléolithiques (c’est une espèce séparée du cheval, Equus przewalskii contre Equus caballus) ne sont pas blancs mais resplendissent d’une belle robe isabelle beau marron fauve (voir cet article grand public sur l’ADN du cheval de Pržewalski, avec le petit v diacritique, ou háček, sur le Z, qui manque dans le livre, ou cheval de Prjevalski, le ž se prononçant j et le w, v).

Un monde si tranquille 3. Ceux qui t’aiment, de Davodeau

Couverture de la BD de Davodeau, ceux qui t'aiment pioche-en-bib.jpgJe poursuis mon exploration du bac consacré à Davodeau à la médiathèque, avec la fin de Un monde si tranquille. Après le monde politique et celui du travail, direction le foot…

Le livre : Un monde si tranquille 3. Ceux qui t’aiment, scénario, dessin et couleurs de Étienne Davodeau, collection sang-froid, éditions Delcourt, 2001, 55 planches, ISBN : 978-2-84055-729-6 .

L’histoire : lors de la finale du championnat d’Europe de football, l’équipe du FCE mène face à l’Italie malgré l’absence de Titou, la vedette du club. Au dernier moment, au lieu de relancer le ballon, le gardien, Renaud Lanoyse, se tourne vers son but et marque contre son camps. Qu’est-ce qui lui a pris ? Petit retour en arrière. Depuis des semaines, une vieille dame était là à chaque sortie des entraînements. Elle aurait adoré que Titou accepte de prendre un repas chez elle pour fêter l’anniversaire de son mari, fan de lui et mourant d’une maladie pulmonaire. Le joueur finit par accepter, à condition d’être seul avec eux deux. Sauf que la vieille dame n’a pas pu tenir sa langue, un voisin de 55 ans, tout juste licencié, rapplique au dessert, et la sympathique soirée tourne au cauchemar…

Mon avis : une réflexion sur la bêtise des supporters, mais aussi sur la folie des hommes face à l’argent facile brassé dans le milieu du football et les convoitises qu’il peut attirer… La mutilation façon baron Empain est peut-être de trop, mais voilà un nouveau sujet de réflexion livré par Davodeau…

Pour rappel, je vous ai parlé de nombreux albums d’Étienne Davodeau

de Kris et Davodeau

et de Davodeau et Joub

Pour découvrir l’auteur : voir le site d’Étienne Davodeau, que je trouve très riche… et la venue à Poitiers de l’auteur.

Logo du classement BD de Yaneck Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Les trois singes de Nuri Bilge Ceylan

La salle devait contenir moins d’une quinzaine de personnes, pour une séance à 18h (certes, la tempête était annoncée pour plus tard dans la soirée). Dommage pour ce film, Les trois singes (Uç Maymum), de Nuri Bilge Ceylan, prix de la mise en scène au festival de Cannes en 2008. Les acteurs principaux : Yavuz Bingol, Hatice Aslan, Ahmet Rifat Sungar, Ercan Kesal.

L’histoire : une route déserte – ou presque, la nuit. Le candidat aux prochaines élections à la chambre des députés s’endort au volant et heurte un piéton. Délit de fuite (et aussi d’une voiture qui fuyait, qui décide de prévenir la police, mais sans porter assistance à la victime). Il demande à son chauffeur de s’accuser à sa place, lui promet un bon avocat (il fera moins d’un an de prison, la vie humaine n’a donc aucune valeur en Turquie ?), le salaire poursuivi pendant la détention, et une forte somme à la sortie. Il est quand même battu aux élections. Quand la femme du chauffeur (l’actrice Hatice Aslan) va le voir pour obtenir une avance afin de payer une voiture au fils, il lui fait des avances…

Mon avis : la musique et la photographie, avec de nombreux clairs-obscurs (à l’extérieur et dans l’appartement), sont magnifiques, surtout les nombreuses scènes d’orage. Vraiment, si vous avez l’occasion, allez voir ce film. Mais est-ce si facile de se payer un remplaçant en prison en Turquie, comme autrefois en France un remplaçant à la conscription (système de remplacement mis en place sous le Consulat et l’Empire et jusqu’à la défaite de 1870) ?

PS : Depuis, j’ai aussi vu de ce réalisateur Il était une fois en Anatolie et Winter sleep.

Lecture : L’automne des chimères, de Yasmina Khadra

Couverture du quattuor algérien de Yasmmina Khadra Petit rappel : les éditions Gallimard (collection Folio policier, n° 510, 2008, ISBN 978-2-07-035755-0 ) ont eu la très bonne idée de rééditer pour cet été sous le titre Le quatuor algérien quatre enquêtes du commisaire Llob, par Yasmina Khadra (pseudonyme de Mohamed Moulessehoul, voir sur le site officiel de l’auteur l’explication de ce pseudonyme). L’auteur a choisi la forme du roman policier pour dénoncer le terrorisme des années 1990, et surtout ses causes sous-jacentes, dont la corruption généralisée que tente de combattre le commisaire intègre Brahim Llob, ancien combattant de la première heure lors de la guerre d’indépendance. Les histoires sont éditées ici dans l’ordre du récit, et non dans l’ordre de parution. Il s’agit dans l’ordre de :
La part du mort, édité pour la première fois aux éditions Julliard en 2004 puis en 2005 dans la collection Folio policier, dont je vous ai parlé il y a trois semaines ;
Morituri, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1997 puis en 1999 dans la collection Folio policier et adapté au cinéma en 2007 par Okacha Touita et dont je vous ai parlé il y a quinze jours ;
Double blanc, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier, dont je vous ai parlé la semaine dernière ;
L’automne des chimères, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier.
Il n’y a pas de traducteur pour ces livres, Mohamed Moulessehoul écrit en français, il justifie son choix sur son site officiel. C’est également un ancien officier de l’armée algérienne, né en 1955, donc trop jeune pour avoir participé la guerre d’indépendance, mais qui a participé activement à celle contre le terrorisme. Son père a néanmoins rejoint l’ALN (armée de libération nationale) et est donc un résistant de la première heure, comme le commisaire Llob, héros de ces quatre romans (noirs plus que policiers). Il vit en France avec sa famille depuis 2001.

Aujourd’hui, je vous parle donc de L’automne des chimères.

Le début de l’histoire : le commissaire Llob accompagne l’un de ses anciens camarades de maquis, devenu artiste, à l’enterrement de son frère dans son village natal. À son retour à Alger, il est convoqué chez son directeur : il est mis à la retraite anticipée pour avoir publié Morituri, dans lequel on l’accuse de dénigrer l’institution de la police et du pouvoir, alors que pour lui, il n’a fait que dresser un tableau honnête de la corruption ambiante. Il rencontre d’anciens camarades, essaye de remonter la pente alors que sa femme et ses enfants sont toujours à l’abri, loin de lui.

Mon avis : ce dernier volet ne comprend pas vraiment les intrigues policières des premiers et semble très autobiographique. À lire d’une traite (150 pages, deux très petites heures), mais un jour où vous avez le moral, il est quand même presque aussi noir que les précédents…

Et bientôt… Pour la rentrée littéraire, le prochain livre de Yasmina Khadra Ce que le jour doit à la nuit paraîtra le 21 août chez Julliard. Vous pouvez déjà en lire un extrait dans le numéro d’été de la revue Lire.

Post-scriptum : depuis la rédaction de cet article, j’ai aussi lu Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra, paru fin août 2008, La longue nuit d’un repentiLes hirondelles de Kaboul et La rose de Blida.

Lecture : Double Blanc, de Yasmina Khadra

Couverture du quattuor algérien de Yasmmina Khadra Petit rappel : les éditions Gallimard (collection Folio policier, n° 510, 2008, ISBN 978-2-07-035755-0 ) ont eu la très bonne idée de rééditer pour cet été sous le titre Le quatuor algérien quatre enquêtes du commisaire Llob, par Yasmina Khadra (pseudonyme de Mohamed Moulessehoul, voir sur le site officiel de l’auteur l’explication de ce pseudonyme). L’auteur a choisi la forme du roman policier pour dénoncer le terrorisme des années 1990, et surtout ses causes sous-jacentes, dont la corruption généralisée que tente de combattre le commisaire intègre Brahim Llob, ancien combattant de la première heure lors de la guerre d’indépendance. Les histoires sont éditées ici dans l’ordre du récit, et non dans l’ordre de parution. Il s’agit dans l’ordre de :
La part du mort, édité pour la première fois aux éditions Julliard en 2004 puis en 2005 dans la collection Folio policier, dont je vous ai parlé il y a quinze jours ;
Morituri, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1997 puis en 1999 dans la collection Folio policier et adapté au cinéma en 2007 par Okacha Touita et dont je vous ai parlé la semaine dernière ;
Double blanc, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier ;
L’automne des chimères, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier.
Il n’y a pas de traducteur pour ces livres, Mohamed Moulessehoul écrit en français, il justifie son choix sur son site officiel. C’est également un ancien officier de l’armée algérienne, né en 1955, donc trop jeune pour avoir participé la guerre d’indépendance, mais qui a participé activement à celle contre le terrorisme. Son père a néanmoins rejoint l’ALN (armée de libération nationale) et est donc un résistant de la première heure, comme le commissaire Llob, héros de ces quatre romans (noirs plus que policiers). Il vit en France avec sa famille depuis 2001.

Aujourd’hui, je vous parle donc de Double Blanc.

Le début de l’histoire : Ben Ouda, diplomate, est sauvagement assassiné alors qu’il venait de rencontrer son ancien camarade de maquis, le commissaire Llob. Avant de mourir, il a tracé dans avec son sang les lettres HIV. Son jeune compagnon ne le supporte pas et se suicide du cinquième étage. HIV pour SIDA donc ? Pas sûr… Sur fond de guerre des polices et de terrorisme à son apogée, qui décime militaires, policiers, artistes, enseignants, écrivains etc. Il éloigne sa femme et ses enfants d’Alger, pour ne pas leur faire prendre de risque supplémentaire. Un nouveau flic fait son apparition dans l’équipe, en remplacement de celui qui a été victime d’un attentat dans Morituri. Si le commissaire reste incorruptible, il finit par se livrer à des actes de torture contre des suspects.

Mon avis : ce roman est peut-être encore plus noir que les précédents… et dérangeant par l’accumulation des actes atroces des terroristes mais aussi des ripostes des forces de l’ordre.

Post-scriptum : depuis la rédaction de cet article, j’ai aussi lu Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra, paru fin août 2008, La longue nuit d’un repenti, Les hirondelles de Kaboul et La rose de Blida.