Ces dernières semaines, je vous ai fait remonter le temps avec ce clocher de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers en vous montrant les sculptures de la fin du 19e siècle (Vierge à l’Enfant, saintes Agnès, Radegonde, Disciole, saint Hilaire), le parvis de justice du 15e siècle (avec un détail du pavage ici), la façade occidentale : les parties romanes, le portail de la fin du 15e siècle (le collège apostolique (détaillé sur l’article suivant et les singes monstrueux). Si vous avez besoin d’un rappel de l’histoire de sainte Radegonde, je vous invite à aller relire cet article. Aujourd’hui, nous remontons le temps au 11e siècle. La ville de Poitiers a subi deux très importants tremblements de terre les 18 octobre 1018 et 15 novembre 1083. De nombreux édifices, notamment dans le quartier cathédrale, le secteur de Sainte-Radegonde et le quartier de Montbernage de l’autre côté du Clain, ont été détruits soit par le tremblement lui-même, soit par les immenses incendies qui ont suivi (et à part ça, la Vienne n’est pas en zone sismique, dixit le directeur de la centrale nucléaire de Civaux).
[PS: pour le tremblement de terre de 1083, il est notamment rapporté dans la chronique de Saint-Maixent, voir la transcription du texte latin à la date de 1083 sur le site histoire passion. : « Eodem anno terrae motus factus est magnus, XV° kalendas novembris, in die natalis Sancti Lucae. Pars civitatis Pictavis magna cum ecclesia Sanctae Radegundis combusta est« . Dans la même chronique, des tremblements de terre sont signalés dans la région en 1097 (13 octobre), 1098 (4 octobre), 1105 (avril)].
Bon, donc, à la fin du 11e siècle, le chapitre décide de reconstruire une église, cette fois en dur. L’autel est dédicacé en 1099. De cette période, il reste le clocher et le chœur (avec ses chapiteaux romans dont l’un porte Daniel dans la fosse aux lions, Adam et Ève et sur une autre face Nabuchodonosor. De profil (ici depuis le nord), on voit bien la structure de ce clocher, un premier niveau où se trouve l’entrée (avec le portail refait au 15e siècle, plus haut que le portail d’origine), un deuxième niveau éclairé par de hautes et étroites baies.
Le troisième niveau, moins haut, comporte la chambre des cloches. Les fenêtres sont fermées par des abat-sons, ces sortes de volets qui renvoient le son des cloches vers le bas… Le dernier niveau est de forme octogonale au-dessus du reste du clocher carré. La petite tourelle abrite un escalier qui permet de monter jusqu’aux cloches. Sur ces deux niveaux supérieurs restent quelques modillons et chapiteaux sculptés.
Aller, on tourne, voici le clocher de face… avec la limite nette du nettoyage récent, qui s’arrête au-dessus du portail gothique, et non en haut du clocher…
On tourne encore un peu plus, ça manque de recul par ici, avec la présence des maisons du quartier canonial… En attendant que je vous les montre, pour les Poitevins, je vous invite à entrer et à regarder sous le clocher, sur les murs nord et sud, les reliefs qui proviennent sans doute de l’ancien portail roman…
Je vous emmène aujourd’hui à Confolens, autour de l’église Saint-Barthélemy. Ses abords ont été réaménagés il y a quelques années, les grandes pelouses ont remplacé le parking en gravillons que vous pouvez encore voir sur le
En faisant le tour de l’édifice vers le nord, on voit bien le mur gouttereau et les fenêtres reprises, et au fond, le transept qui se trouve englobé dans les constructions plus récentes.
Finalement, ce n’est qu’en arrivant au niveau du chevet (la photographie a été prise du sud-est) que l’on voit mieux le plan d’origine, en croix latine avec des transepts peu développés et des absidioles semi-circulaires sur le mur est de ces transepts. L’abside est également semi-circulaire, elle mériterait une étude détaillée pour voir les reprises entre l’appareil en pierre de taille et les moellons, les petits contreforts plats ne semblent pas avoir été trop modifiés depuis l’époque romane. Pour le clocher, seul le premier niveau (vers le bas) est roman.
Quelques précisions : en mars 2010, j’ai profité d’une belle journée printanière à Confolens (pour un colloque) pour faire une série de photographies et partager avec vous quelques-une d’entre elles, comme ces violettes près de l’église Saint-Barthélemy. Pour plus d’informations sur Confolens et la communauté de communes du Confolentais, deux livres sont toujours en librairie,
Je vous ai déjà parlé plusieurs fois d’Aulnay, en Charente-Maritime (mais dans l’ancien Poitou historique), par
Allez, on s’approche un peu…
… encore un peu plus, les chapiteaux seront pour une autre fois… Vous voyez au centre, vous le reconnaissez? Facile, c’est dans le titre de l’article… et c’est quasiment le seul à être représenté comme ça…
Hier






Aujourd’hui, nous retournons voir l’église
Les six personnages du haut sont représentés debout, de face, les pieds légèrement écartés. Voici d’abord les trois du côté nord (à gauche)…
… et les trois du côté sud.
Les huit du bas assis. On commence par le côté nord…
…et le côté sud.
Le pape et l’évêque sont chaussés, les apôtres, pieds nus. L’identification des douze apôtres (ce que l’on appelle le collège apostolique) n’est pas facile, d’autant plus qu’une partie des têtes et des attributs qu’ils tenaient dans les mains a disparu. Saint Pierre se reconnaît quand même facilement aux deux clefs (du Royaume des Cieux, voir Matthieu, 16, 18-19)
…qu’il porte dans la main gauche alors qu’il bénit les passants de la main droite. Il est situé à la droite du Christ de la mandorle, pour le spectateur, le troisième en partant de la gauche dans la rangée du haut.
Le pape est situé en haut à gauche.
Il se reconnaît à sa crosse et à la tiare (coiffe sur la tête). Il est situé vers la droite du Christ et de saint Pierre, donc dans une position hiérarchiquement plus élevée que l’évêque.
À l’opposé, en haut à droite, se tient un évêque.
Il est vêtu de ses vêtements liturgiques : une chemise assez serrée, que l’on aperçoit derrière le col carré de son aube, une chasuble recouverte du pallium (pièce de tissu en T, brodé et orné d’une croix à la rencontre des bords du T, portée pendant la célébration de la messe par le pape, les primats, les archevêques et quelques évêques auxquels le pape donne ce privilège) et une étole (attribut du prêtre par excellence, pas celle que vous portez pour faire joli!) portée sous la chasuble et dont les bords sont richement décorés.
Voici un rapide schéma pour vous aider à distinguer ces éléments sur la photographie précédente. Sa position est proche de celle du pape : il tient une crosse de la main gauche et semble bénir de sa main droite aujourd’hui fracturée.
Aux pieds, il porte des sandales liturgiques à lanière. On les distingue à peu près sur ce détail, admirez au passage le décor de l’étole…
Choses promises, choses dues, je poursuis cette semaine l’article de la semaine dernière avec la
Contrairement aux trois autres clefs qui surmontent ces quatre apôtres, ici, le motif sculpté n’est pas une tête humaine mais un décor de tiges et des feuilles. cependant, si vous regardez bien, le motif de la clef n’est pas dans le prolongement du décor des claveaux (éléments qui forment l’arc) voisins, il ne s’agit donc pas de la clef d’origine.
Je vous ai montré la semaine dernière le détail du chapiteau gauche, passons au chapiteau de droite, avec un motif plissé sur le tailloir (petit rappel, pour le vocabulaire des chapiteaux, c’est sur le
Voici le chapiteau de plus près, avec deux oiseaux affrontés qui ont une tête unique… de lion. Les artistes romans étaient friands de ces animaux hybrides de toute sorte, pas seulement des
Passons au quatrième et dernier arc de la série…
Sur la clef, nous trouvons une tête d’homme barbu et moustachu, bien peigné comme le premier que je vous ai montré
Tout au fond de l’arc, au-dessus de l’auréole de l’apôtre, là où sur les autres arcs se mêlent des feuilles et des tiges, ici se cache une petite tête d’animal avec des oreilles pointues. De sa bouche sortent des tiges terminées en feuille, voici encore un motif classique dans l’art roman…
Et enfin (je n’ai pas pris de détail du dernier chapiteau, orné de feuilles), tout à droite, contre la tourelle, marche délicatement un félin.
Admirez sa démarche, corps de profil, tête de trois quarts, la queue qui passe sous la patte arrière et ressort sur son ventre pour remonter jusqu’au dos, là aussi dans une figuration assez fréquente, parfois, la queue peut se terminer en feuille.
Je voulais aujourd’hui vous parler de la frise des apôtres sur la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, mais il va falloir que j’aille refaire quelques photographies de détail pour illustrer cet article. Du coup, je vous montre aujourd’hui plein de petits détails sur la partie sud (droite) de la façade, au deuxième niveau, au-dessus de la tête de quatre apôtres, sur les arcs et les chapiteaux…
Je commence par la gauche. Vous remarquez tout de suite le décor de profusion de feuilles, de palmettes, de tiges…
Mais regardez de plus près… À gauche se cache une sorte de dragon, avec une queue de serpent (terminée par une petite tête), une patte à l’avant et une tête d’animal non identifiable. Mais vous le reconnaissez peut-être, je vous l’ai
Sur la clef du premier arc se trouve un homme barbu et moustachu, aux cheveux bien peignés (donc plutôt du côté du Bien)…
… contrairement à son voisin sur le deuxième arc, complètement échevelé, comme souvent les diables de l’époque romane, échevelé comme aussi pour les luxures, les sirènes, bref, du côté du Mal et de la Tentation.
Le voici de plus près, vous le voyez mieux ainsi… avec sa grande moustache aussi.
Mais j’ai sauté le chapiteau à la retombée des premier et deuxième arcs. Vous voyez de beau feuillage sur le haut tailloir (petit rappel, pour le vocabulaire des chapiteaux, c’est sur le
Sur la corbeille du chapiteau ont pris place une scène très fréquente dans l’art roman, dite les oiseaux à la coupe. Deux oiseaux y boivent dans une coupe ou calice.
Passons de l’autre côté du deuxième arc.
Sur le chapiteau, nous voyons encore un autre monstre fréquent dans l’art roman, le monstre engoulant, une grosse tête qui semble avaler la colonne en-dessous de lui. Ici, il ne mange pas vraiment la colonne, mais vomit des rinceaux et des tiges. Vous remarquerez aussi qu’il porte une sorte de paire de corne, un peu comme un diable, mais qui se terminent en feuilles.
Juste au-dessus, sur l’écoinçon entre les deuxième et troisième arcs, un serpent avec une tête rigolote… Je vois que j’en suis déjà à 10 photos… je reporte la suite à la semaine prochaine! Vous comprenez pourquoi, presque chaque matin en allant au bureau, je fais une petite pause devant cette superbe façade…
Je reviendrai plus longuement sur cette église dans les prochaines semaines et prochains mois, mais c’était hier la saint Saturnin, ancien nom attribué aussi à saint Sernin de Toulouse… Il s’agit d’un chef-d’œuvre de l’art roman (avec deux phases importantes, la consécration de l’autel en 1096 par
… la porte Miégeville, à qui je consacrerai plusieurs articles,
le chevet et le clocher si célèbre, vus du sud…
… puis du nord. Bon, un article court de mise en bouche… j’ai juste regardé pour une fois la météo dimanche et entendu que c’était la saint Saturnin lundi, et décidé d’intercaler cet article à la place de celui initialement prévu sur Toulouse…
Je vous ai déjà montré plusieurs fois la façade de Notre-Dame-la-Grande (voir ci-dessous), mais nous n’en avons pas encore fait le tour… Cette fois, nous allons voir le personnage situé à droite de
Cette fois, la sculpture est mal conservée, et le restaurateur a fait le choix de mettre un bloc non sculpté à la place de la tête détruite. De qui s’agit-il ? Probablement de David, qui est le plus souvent représenté ainsi, assis sur un trône (ici, le siège bas ne semble pas avoir de dossier), richement vêtu (ici un vêtement qui semble en brocard ou richement brodé) et jouant de la harpe ou psaltérion. David est, dans l’Ancien testament, le fils de Jessé, roi de Juda et d’Israël. On le trouve dans les deux livres de Samuel et dans le premier livre des Rois. Il est connu pour avoir vaincu le géant Goliath à l’aide de sa fronde, mais surtout, il est l’auteur présumé des Psaumes, d’où sa représentation sous les traits d’un musicien, et plus particulièrement un joueur de psaltérion, sorte de harpe qui, à l’époque romane, accompagnait les champs des Psaumes.
J’ai beaucoup de personnes à remercier ces temps-ci. Aussi, quand j’ai vu cette photographie de la
Un peu de découpe, de tamponnage, de collage (avec de la colle à reliure), puis une petite séance sous presse, car elles ont décidé de rebiquer malgré tout… et voici 5 ATC (la dernière case n’était pas récupérable à cause du texte), 4 sont parties ou sur le point de partir, j’en ai gardé une pour moi…