Archives de catégorie : Visites, musées et expositions

Mes visites, expositions et patrimoine, à l’exception de ce qui concerne Poitiers, classé à part…

Niort, l’église Saint-André

Niort, église Saint-André, 1, la façade occidentale Sur la colline de Niort existait une église romane dont il ne reste que quelques vestiges… au musée Bernard d’Agesci (installé dans l’ancien lycée de jeunes filles). Modifiée et agrandie à l’époque gothique puis à la Renaissance, l’église est dévastée par les protestants lors des guerres de religion en 1588. Louis XIV et de Madame de Maintenon décident de financer sa reconstruction au 17e siècle. Après avoir servi de temple de la raison (temple de la montagne) sous la Révolution, puis magasin de fourrages pendant les guerres de Vendée, au milieu du 19e siècle, elle menace ruine. La reconstruction (radicale et presque complète, seules deux chapelles de 17e siècle échappent aux travaux) commence en 1855 et dure presque dix ans sous la direction de l’architecte (dont je vous ai déjà parlé pour l’église Saint-Hilaire, la préfecture des Deux-Sèvres, le palais de justice et la prison), qui choisit le style néo-gothique. Les travaux sont financés par des dons et pour un sixième par la ville de Niort (et oui, nous étions avant la séparation des églises et de l’État).

Niort, église Saint-André, 2, le portail occidental ouvert La façade est surmontée de deux flèches. Au-dessus du portail, sur un fronton à pinacle (pas de tympan ici) a pris place un haut-relief sculpté.

Niort, église Saint-André, 3, le Christ encadré de saint André et saint Pierre sur le portail Sur des nuées, au centre, le Christ est assis sur son trône. De sa main droite, il bénit le passant… et saint André agenouillé et portant sa croix. De sa main gauche, il tend les clefs à saint Pierre, également agenouillé.

Niort, église Saint-André, 4, les statues des saints Pierre et Paul à l'entrée de l'église Quand on entre dans l’église, on est accueilli par deux statues de saints.

A gauche, saint Paul porte un parchemin et s’appuie sur une épée, avec l’inscription Doctor gentium sur le socle, cela vient d’un texte de l’alleluia: Petrus apostolus et Paulus doctor gentium.

A droite, saint Pierre portant ses clefs de la main gauche et un livre (évangile) de la main droite, est qualifié de Claviger Coeli, le porteur de clef céleste.

Je n’ai pas pris de photographies du mobilier ni des peintures murales du chœur et du transept de , peintre niortais dont je vous ai aussi parlé pour l’église Saint-Hilaire.

Niort, église Saint-André, 5, le chevet Au chevet, la taille du transept et des chapelles semble disproportionnée par rapport au chœur. En haut du mur pignon se tient une statue de saint André.

Les photographies datent de mi juillet 2011.

La porte des Allemands à Metz

Metz, la porte des Allemands, au milieu des voituresIl y a quelques semaines, Zazimuth me signalait un article du site indépendant Tout Metz sur la restauration de la porte des Allemands à Metz… Avant l’été, le lieu devrait avoir retrouvé un attrait plus important et pouvoir accueillir du public et des spectacles. C’est l’occasion de vous montrer les photographies que j’ai prises en août 2012 et de reprendre ma série d’articles sur Metz. Quand vous êtes à cette porte, je vous conseille une promenade dans les anciennes fortifications (je partagerai un de ces jours mes photographies avec vous)  et de terminer par le monument en hommage aux Hommes de fer. Bon, au premier abord, le lieu est noyé dans un flux de voitures…

Metz, la porte des Allemands, vue générale

La porte des Allemands protégeait l’entrée de la ville du coté oriental. Elle doit son nom à un établissement monastique incluant un hôpital et qui se trouvait à proximité (Saint-Marie des Alamans). Il ne reste pas grand chose des premières constructions du 13e siècle (1230) ; elle a été remaniée de multiples fois même si elle a de beaux restes des 15e et 16e siècles. Vauban l’a modifiée en 1674 pour l’intégrer dans ses fortifications (que je vous montrerai bientôt). Les restaurations du 19e siècle (notamment lors de l’occupation allemande de 1871 à 1918, elle accueillit un musée archéologique de 1907 à 1918) ont aussi laissé pas mal de traces, ce qui donne un ensemble hétéroclite et peu lisible sur le plan architectural…

Metz, la porte des Allemands, cour intérieure

La cour intérieure, que l’on peut (pouvait lors de ma visite en 2012 et pourra à partir de mai 2014, plus exactement) traverser montre ces constructions successives, mais la lecture architecturale en reste compliquée…

Metz, la porte des Allemands, vue de l'autre face

Si l’on se recule un peu, on voir mieux les fortifications qui protègent les deux rives de la Seille et le pont qui enjambe la rivière.

Metz, la porte des Allemands, la Seille traverse le lieu

On voit mieux sur cette vue, prise depuis l’autre rive, les quatre tours (deux sur chaque rive) et le pont fortifié qui permet d’entrer vers la ville de Metz, qui se trouve vers la droite ici.

Metz, la porte des Allemands, la Seille

Les rives de la Seille sont elles aussi protégées (et canalisées) par les ouvrages de fortification. J’espère que la restauration en cours permettra de mieux lire l’histoire du monument, tout en lui donnant de nouvelles fonctions (lieu de spectacles, de rencontres), et comme point de départ pour une promenade dans les fortifications voisines, qui étaient bien désertes en ce début août 2012…

Pour aller plus loin: voir l’histoire du site sur Tout Metz. La fiche monument historique en ligne est sommaire…

Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 4. La fraude avec les chiens

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à MouchinJe continue à vous faire découvrir le numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur , dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Après les douaniers, la circulation et la fraude en auto, voici la fraude avec les chiens… avec une « prime au rendement » pour les douaniers. Âmes sensibles s’abstenir. L’illustration est un bois gravé par les enfants (enfin, les garçons!). Et un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies! J’en ai aussi ajouté sur les précédents articles, n’hésitez pas à aller les (re)lire, je ferai aussi un article complet pour vous présenter les lieux après la transcription de toutes les pages de la revue! Pour aujourd’hui, la flèche indique la ligne d’arbres qui borde l’Elnon, le ruisseau qui marque la frontière tout au long du village depuis 1713 (avant les traités d’Utrecht, Tournai était en France et la frontière différente, vivent les guerres de Louis XIV)…

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 6 et 7

La fraude avec les chiens.
C’est la petite fraude.
Les fraudeurs utilisent des petits chiens, car il est interdit de franchir la frontière avec de grands chiens (taille autorisée: 3m325).
Le fraudeur résident en France se rend plusieurs fois, accompagné de ses chiens, en Belgique, chez des amis.
Après quelques passages, les chiens connaissent la route. Alors, un jour, le fraudeur laisse ses chiens en Belgique sous la garde de son complice et retourne seul chez lui.
La frontière franco-belge au bas-préau à Mouchin, photographie de Lucien DujardinLe soir venu, on met sur le dos des chiens une charge de tabac (une « blatte » ou ceinture) et on les lâche.
Comme ils ont faim (on les laisse quelquefois plusieurs jours sans manger, ils rentrent à toute vitesse, galopant à travers champs et ruisseaux avec leur charge sur le dos (de 1 à 2 kg, suivant leur force et leur entraînement).

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, illustration page 7, un douabier tire sur un chien

Malheureusement pour elles, ces pauvres bêtes se font souvent prendre. Les douaniers les poursuivent et les tuent au revolver.
Ils leur coupent ensuite une patte afin de pouvoir prouver à leurs gradés qu’ils ont capturé un chien (à chaque chien tué, les douaniers touchent une prime de 15 francs).
C’est bien malheureux de voir ces pauvres petits chiens utilisés à cette triste besogne.

Voir la suite: les gendarmes, une belle ruse, le passage à niveau et un pauvre chien et les dernières pages consacrées à d’autres ruses.

Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 3. La fraude en auto

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à MouchinJe continue à vous faire découvrir le numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur , dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Après les douaniers, et la circulation, voici la fraude en voiture… L’illustration est un bois gravé par les enfants (enfin, les garçons!). La route était encore pavée quand j’étais petite, mais désormais, il ne reste des pavés que sur quelques chemins agricoles, juste pour le folklore du Paris-Roubaix! Le tabac était déjà moins cher en Belgique qu’en France…

Et si vous voulez continuer sur le thème du tabac, vous pouvez voir les publicités des années 1960-1970 publiées il y a quelques jours par Pourquoi pas Poitiers.

Et un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 4 et 5

La frontière franco-belge au bas-préau à Mouchin, photographie de Lucien Dujardin

La flèche indique la ligne d’arbres qui borde l’Elnon, le ruisseau qui marque la frontière tout au long du village de Mouchin depuis le traité d’Utrecht de 1713. Cliché Lucien Dujardin

La fraude en auto
Pour frauder en auto, les contrebandiers opèrent de plusieurs façons.
La plus courante est la suivante :
Profitant d’une nuit noire, par mauvais temps, des porteurs, un ballot de tabac sur le dos, franchissent en un point quelconque la frontière.

Ils se dirigent alors vers l’intérieur du village et dissimulent les ballots dans la paille d’une meule, dans la grange d’une ferme, dans un hangar ou, tout simplement, quelquefois dans un fossé ou derrière une haie.
Dans la journée, une auto arrive et, rapidement, le chargement s’effectue. L’auto démarre et file à toute allure.
Quelquefois encore, par temps sec, et quand les champs sont dénudés, l’auto chargée en Belgique, se lance sur la route, rentre dans une pâture, fonce droit à travers champs et jardins, culbute les haies, rejoint la route pavée… et file!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, illustration page 5, douaniers derrière une voiture

Il faut alors aux fraudeurs une auto puissante qui ne les laisse pas en panne dans les champs!
Pour protéger leur fuite et éviter qu’on puisse les signaler, les fraudeurs n’hésitent pas, au besoin, à couper les fils téléphoniques.
L’auto passée, les fraudeurs vont écouler leurs marchandises vers les centres miniers. Ils vendent leur tabac aux mineurs beaucoup plus cher qu’ils ne l’ont acheté, mais meilleur marché que le tabac de la régie française. Aussi la clientèle ne manque pas.

Voir la suite: la fraude avec les chiens, les gendarmes, une belle ruse, le passage à niveau et un pauvre chien et les dernières pages consacrées à d’autres ruses.

Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 2. La circulation

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à MouchinJe continue à vous faire découvrir le numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur , dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Après les douaniers, voici la circulation… A méditer pour ceux qui veulent revenir sur la libre circulation en Europe. Qui se plaint des taxes??? les garçons d’une école primaire, méthode Freinet (au moins pour cet atelier d’écriture), au milieu des années 1930 dans un petit village du Nord… [PS: et si vous voulez continuer sur le thème du tabac, vous pouvez voir les publicités des années 1960-1970 publiées le même jour par Pourquoi pas Poitiers].

Et un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 3 (bas) et 4

La circulation

la route de Douai à Tournai, passage de l'ancien poste frontière de Mouchin, cliché Lucien Dujardin

La route de Douai à Tournai, passage de l’ancien poste frontière de Mouchin, cliché Lucien Dujardin

Pour aller en Belgique, de Mouchin, une seule route est ouverte à la circulation automobile, hippomobile ou cycliste. C’est la route nationale de Douai à Tournai, qui franchit la frontière à Bercu. L’est la route « légale ».

Le passage de la frontière au Bas-Préau à Mouchin, cliché Lucien Dujardin

Le passage de la frontière au Bas-Préau à Mouchin, cliché Lucien Dujardin

La route du « Bas-Préau » est interdite aux voitures de toutes sortes, comme aux vélos. Seuls les piétons sont autorisés à circuler.
Les piétons, en plus des routes citées ci-dessus, peuvent se rendre en Belgique par de nombreux sentiers. Ils n’ont besoin d’aucun papier. Mais on les fouille et on les interroge quand ils rentrent en France:
– Vous n’avez rien à déclarer? Pas de tabac? Pas de cigarettes? Pas d’allumettes?
Les automobilistes doivent être munis d’un « tryptique » [sic] valable un an (coût: 60 francs). Ce tryptique [sic] est délivré par les soins d’un « automobile club » quelconque dont il faut faire partie.
Il faut ensuite, à l’automobiliste qui veut se rendre en Belgique, un permis international de conduite (20 fr.), un carnet fiscal de passages (10 francs), un carnet à souches (5 fr.), et il doit encore acquitter 8fr.40 de taxes diverses.
Tout cela est bien cher… et bien compliqué!
Les cyclistes doivent avoir leur vélo plombé. Cette opération se fait une fois par an et oblige le propriétaire du vélo à acquitter un droit fixe de 3 francs (prix du plomb).

Voir la suite: la fraude en auto, la fraude avec les chiens, les gendarmes, une belle ruse, le passage à niveau et un pauvre chien et les dernières pages consacrées à d’autres ruses.

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, vue généraleJe n’ai quasiment pas bougé de Poitiers depuis juillet dernier, mais j’ai plein de photographies en stock… Direction aujourd’hui, avec des clichés pris en octobre 2011, sur le pont de Verdun.

 

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, dédicaceLe monument est dédié « à / Beaurepaire » et porte la mention « 14 juillet 1889/ De Guignard Maire ». Si l’on se réfère à la fiche de la base de données e-monumen, un premier projet de 1836, par Louis David d’Angers, n’a pas abouti, un piédestal dont la première pierre est posée en 1848 reste vide. Un nouveau projet, en 1881, aboutit à l’érection de ce monument inauguré le 14 juillet 1889 par le Dr Guignard, porteur du projet depuis plusieurs années alors qu’il n’était que conseiller municipal. Nicolas-Joseph Beaurepaire (Coulommiers, 1740 – Verdun, 1792) fut officier sous l’Ancien Régime puis au début de la Révolution, a pris sa retraite en Anjou en 1791 avant de « rempiler » quelques mois plus tard à la tête du bataillon des volontaires de Mayenne-et-Loire et de se retrouver à Verdun, bientôt assiégée par les Prussiens où il trouve la mort le 2 septembre 1792 au moment de la reddition de la ville (assassiné ou suicidé, les versions divergent). Il aurait dû faire partie de « l’armée de généraux » qui peuplent le Panthéon à Paris, mais son corps ne fut pas retrouvé au moment du transfert…

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, signature de Maximilien Bourgeois

La ville d’Angers a choisi de reproduire le monument érigé à Coulommiers, la ville natale de Beaurepaire, avec une statue en pied de Maximilien [Louis] Bourgeois (Paris, 1839 – Paris, 1901) présentée au salon des artistes français de 1884 sous le n° 3310. Comme beaucoup de statues en bronze, elle fut fondue en 1942 sous le régime de Vichy. Un nouveau tirage est réalisé et inauguré en 1987 (d’après le modèle en plâtre aujourd’hui conservé au musée municipal des Capucins à Coulommiers?). La signature porte la trace de cette péripétie: Il porte la signature « Max(lien) Bourgeois scup(t) / Fond. Joly Nantes ». La statue de Coulommiers a également été fondue en 1942…

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, trois vues, de trois quarts et de côtéIl est représenté en uniforme, debout, en appui de la main gauche sur son épée reposant au sol, bras droit ramené sur la poitrine, poing serré.

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, vue de profil avec la tableDerrière lui se trouve une table où est étalée une carte avec la mention « France », sur laquelle sont posés un pistolet, une plume, de l’encre et des feuilles de papier.

Nicolas-Joseph Beaurepaire par Maximilien Bourgeois à Angers, détail du visageOh, il a l’air bien sévère et pas commode, le sieur Beaurepaire avec ses sourcils froncés…

 

 

 

 

Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 1. Les douaniers

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à MouchinPeu après l’ouverture de mon blog, en janvier 2008, je vous ai parlé du numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur , dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Comme je teste des logiciels de reconnaissance de caractères (il faut quelques corrections), je vous en propose au fil des prochaines semaines une transcription, avec les illustrations réalisées par les enfants en gravure. Oserait-on encore donner des gouges à des enfants de primaire? Bon, visiblement, seuls les garçons y ont eu droit… L’école de filles devait sans doute accéder à d’autres activités plus domestiques (sans commentaire, quoique, vous pouvez toujours revoir mes articles avec la famille modèle du 19e siècle, La défense du foyer… par Emile André Boisseau, ou celui plus « hard » sur ce que l’on peut voir dans nos églises médiévales!). Tant que vous êtes sur le site de la pédagogie Freinet, allez aussi voir les autres numéros de cette revue, ils sont souvent savoureux. Ce numéro est globalement contre la douane, les droits de douane pour les passages à pied, en voiture et même en vélo, sur le trafic de tabac. Toutes les ruses contre les douaniers sont rapportées, jusqu’à l’usage de petits chiens pour passer le tabac. Il n’y avait pas seulement les douaniers au Bas-Préau (les gens du coin comprendront, pour les autres, c’est un chemin qui était jusqu’à l’ouverture des frontières européennes réservé aux riverains, en principe sans marchandise), mais aussi une tranchée pour empêcher le passage ! Pendant la Seconde Guerre mondiale, une tranchée anti-char s’y trouvait. C’est parti pour la première histoire… assez sérieuse dans ce premier épisode, pour la suite, les douaniers n’auront pas toujours le beau rôle… Aujourd’hui, la vie quotidienne des douaniers et la distinction entre les fraudeurs professionnels et les pauvres ouvriers… qui ne peuvent pas faire autrement pour leur tabac! Un pot de vin, au sens propre (en direct ou sur une ardoise, un peu comme dans la mode actuelle des cafés suspendus, mais destinés aux douaniers et pas à ceux qui ne peuvent se le payer, et du plus fort que du café, ou alors arrosé, « à la bistouille »), dans l’un des cafés près de la douane devait pouvoir arranger les choses… Shenghen et la disparition de la douane à Mouchin a fait disparaître la plupart de ces bistrots, il ne reste guère que le gallodrome (salle pour les combats de coq), mais c’est une autre histoire…

Un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies! J’en ai aussi ajouté sur les précédents articles, n’hésitez pas à aller les (re)lire, je ferai aussi un article complet pour vous présenter les lieux après la transcription de toutes les pages de la revue!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, revers de couverture et page 1

Les douaniers.

Il y a à Mouchin une caserne de douanes. C’est un grand bâtiment composé de petits logements réservés aux douaniers mariés. Il y a aussi un bureau occupé par le brigadier.
La caserne étant beaucoup trop petite pour loger tous les douaniers, bon nombre de ceux-ci louent des petites maisons dans le village.
La caserne des douanes à Mouchin, cliché Lucien DujardinLe nombre total des douaniers affectés au service de la surveillance de la frontière pour le  secteur de Mouchin (de la gare de Bachy Mouchin à Planard, Calvaire) est de 38 hommes. Distance : 3 km 600.
Ces douaniers sont commandés par un Brigadier, aidé dans sa tâche par 4 sous-Brigadiers sous le contrôle d’un Lieutenant.
Les douaniers sont de service à tour de rôle, de jour ou de nuit. Il y a d’abord ceux qui sont de service aux postes fixés de surveillance (Poste frontière de Bercu et route du Bas Préau).
Ils sont logés dans des abris en briques ou en ciment. Leur rôle consiste à fouiller les personnes, arrêter les autos, vérifier les papier, sonder l’intérieur des camions, etc…

Il y a ensuite les douaniers de ronde, les embuscades, les patrouilles.
Une embuscade se compose de 2 douaniers. A un endroit désigné, au moment du départ, par un gradé, les 2 douaniers de service s’en vont se cacher derrière un buisson, un taillis, un talus, et ils y passent la nuit, veillant à tour de rôle.
Ils emportent une couchette. Une couchette, que les douaniers appellent « sac » ou « campement », est faite de 3 peaux de mouton cousues ensemble et formant sac. Elles sont doublées extérieurement de grosse toile verte imperméable, et fixées sur des sangles tendues sur un encadrement de bois posé sur quatre pieds.
Le « sac » peut se replier et se porter à dos avec des bretelles. C’est assez lourd: 18 à 20 kg. Son prix est de 700 francs environ.
Les douaniers en embuscade sont le plus souvent accompagnés d’un chien qui donnera l’éveil si un fraudeur approche.

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 2 et 3

Bien entendu, les douaniers sont armés. Ils portent sur le côté un gros revolver calibre 7 m/m5. Ils ont aussi une matraque en gros caoutchouc épais.
Comme vous pouvez vous en rendre compte, le métier de douanier est pénible. Passer la nuit à la belle étoile n’est pas toujours gai, surtout en hiver, par les gelées, les pluies torrentielles et les nuits noires.

A droite des arbres, la France, à gauche, la Belgique (au Bas-Préau à Mouchin), cliché Lucien Dujardin

A droite des arbres, la France, à gauche, la Belgique (au Bas-Préau à Mouchin), cliché Lucien Dujardin

Et la surveillance de la frontière n’est pas facile. Aucun obstacle naturel ne sépare la France de la Belgique. De plus, les douaniers sont trop peu nombreux pour surveiller nuit et jour tous les points de la frontière.
revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, première illustration, les douaniers poussent une voitureMalgré tout, les passages de fraudeurs sont relativement rares? Et gare à celui qui se fait prendre! De fortes amendes, de longs mois de prison, l’auto confisquée, voilà ce qui les attend (peines variant de 3 jours à 3 ans, amendes de 500 à 5.000 francs).
Malgré ces menaces, il y a encore des fraudeurs qui tentent l’aventure. les uns réussissent…, d’autres se font prendre, malgré toutes leurs ruses.
Ces fraudeurs « professionnels » ont toutes les audaces et peu de scrupules. Ils n’hésitent pas, le cas échéant, à se servir d’armes. Ils sont dangereux.
Il ne faut pas les confondre avec les ouvriers et les malheureux qui essaient quelquefois de « passer » un paquet de tabac ou une demi-livre de café; ceux-là ne sont pas des fraudeurs, les douaniers n’ont pas l’habitude d’être sévères à leur égard.
Cette petite fraude est dénommée par les douaniers « la pacotille ».

Voir la suite: la circulation, la fraude en auto, la fraude avec les chiens, les gendarmes, une belle ruse, le passage à niveau et un pauvre chien et les dernières pages consacrées à d’autres ruses.

 

Hippolyte Taine et le général Gouraud square d’Ajaccio à Paris

Le monument à Hippolyte Taine dans le square d'Ajaccio à Paris, vue généralePuisque nous étions la semaine dernière dans le square d’Ajaccio à Paris (près des Invalides) avec La défense du foyer… par Emile André Boisseau, retournons y cette semaine avec les deux autres monuments qui s’y trouvent, toujours avec des photographies de février 2012.

Le monument à Hippolyte Taine dans le square d'Ajaccio à Paris, dédicaceLe premier monument, réalisé par l’architecte Dessauer, se compose d’un gros bloc en pierre sur lequel sont apposés un médaillon en bronze et la dédicace « A la / mémoire / de / Hippolyte Taine / 1828-1893 / Causas rerum altissimas / candido et constanti animo / in philosophia historia literis / perscrutatus / veritatem unice dilexit ».

Le monument à Hippolyte Taine dans le square d'Ajaccio à Paris, signature de Oscar Roty sur le médaillonLe médaillon en bronze porte la signature de O. Roty, pour [Louis] Oscar Roty (Paris, 1846 – Paris, 1911). Son fils, Georges Roty, lui a consacré un livre (Le médailleur Louis Oscar Roty (1846-1911), sa vie, son œuvre, Presses du Compagnonnage, 1971) et un musée géré par une fondation à Jargeau dans le Loiret [du même artiste, voir le médaillon de Louis Herbette].

Le monument à Hippolyte Taine dans le square d'Ajaccio à Paris, le médaillon en bronzeIl porte l’inscription « Hippolythe Adolphe Taine » au-dessus de son portrait de profil gauche… à moitié chauve, moustache et barbiche portées fièrement. L’érection du monument a été décidée en 1928 pour le centenaire de sa naissance, il est finalement inauguré en 1931 (voir la fiche de la base de données e-monument). Hippolyte (Adolphe) Taine (Vouziers, 1828 – Paris, 1893), agrégé de philosophie, fut professeur de philosophie… à Poitiers (si, si!), à Nevers et à Besançon, mais comme de nombreux érudits de son époque, il est difficile à classer avec son Histoire de la littérature anglaise (5 volumes, 1863-1866) et son Histoire des origines de la France contemporaine (1875-1893). Il a à son tour fait l’objet de nombreuses études, dont la plus récente est parue en 2013 (Nathalie Richard, Hippolyte Taine : Histoire, psychologie, littérature, Classiques Garnier, je ne l’ai pas lue!).

Le monument au général Henri Gourauddans le square d'Ajaccio à Paris, dédicaceLe troisième monument du square est dédié à « Général / Henri / Gouraud / 1867 – 1946 / gouverneur militaire / de Paris 1923-1937 ». Le général Henri [Joseph Eugène] Gouraud s’est illustré « aux colonies », notamment en Afrique (adjoint de Lyautey au Maroc de 1911 à 1914), puis en Champagne pendant la Première Guerre mondiale, et à nouveau dans les colonies, au Liban et en Syrie, avant de terminer sa carrière comme gouverneur militaire de Paris (voir sa biographie sur le site des lycées français Gouraud et Descartes). Il est inhumé dans le monument-ossuaire de la ferme de Navarin (Monument aux morts des Armées de Champagne), à Souain-Perthes-lès-Hurlus, qu’il avait inauguré en 1924 (par l’architecte Bauer et le sculpteur Maxime Real del Sarte)… pour être « auprès de ses hommes morts pour la France ».

Le monument au général Henri Gourauddans le square d'Ajaccio à Paris, vue généraleRevenons à Paris… Le monument se compose d’un haut socle portant le buste du général en pierre. Je n’ai pas trouvé la signature du sculpteur.

Le monument au général Henri Gourauddans le square d'Ajaccio à Paris, le buste de face et de profilet ai vu sur plusieurs sites que le monument date de 1899, ce qui est impossible, le général est représenté vieux, en 1899, il aurait eu 33 ans et ne porterait pas toutes ces décorations obtenues plus tard! Si le buste est contemporain de la dédicace, il doit dater des années 1950…

Comment on fait des bébés? A poil, au Moyen-Âge aussi!

Extrait de centre Presse avec une coquille autour de Copé et Tous à poilComme annoncé jeudi et samedi derniers, aujourd’hui, je vais vous présenter du « dur » pour rebondir sur  Tous à poils, de Claire Franek et Marc Daniau, aux éditions du Rouergue… Même si, si j’en crois la presse locale et comme je vous l’ai déjà montré (c’est même repris dans les perles de la presse du Canard Enchaîné du 19 février 2014), M. Copé est pour, finalement. Lu dans Centre presse du 13 février 2014 (la photographie ci-dessus): « L’UMP a pris mercredi la défense de son président Jean-François Copé, objet de vives critiques après sa dénonciation du livre Tous à poil, qu’il a recommandé [sic] pour les classes primaires ».

[Canard enchaîné, petites perles, édition du 19 février 2014 avec reprise de Centre pressePS: signalé au Canard Enchaîné, qui l’a repris, édition du 19 février 2014!]

Avant d’attaquer le sujet, je voudrais vous conseiller l’article recommandé hier par Philippe, la vision en bande dessinée du sexisme ordinaire par Lili aime le nougat. Je rappelle aussi aux imbéciles qui seraient tentés de s’attaquer aux sculptures qui suivent qu’elles sont protégées au titre des monuments historiques et que toute dégradation peut les envoyer en prison.

Scène d'accouplement, sculpture romane de la façade de l'église Saint-Savinien à Melle, Deux-Sèvres Direction tout d’abord pour Melle, dans les Deux-Sèvres, avec la façade de l’église Saint-Savinien, en centre-ville, à côté de l’ancien château (devenu hôpital) et de l’hôtel de Ménoc. Ce n’est pas l’église la plus célèbre des églises romanes de Melle où les églises Saint-Hilaire et Saint-Pierre sont sans doute plus visitées, mais elle vaut le détour. Quand elle est ouverte au public, n’hésitez pas à entrer, vous verrez entre autre un beau chapiteau sur l’histoire de saint Savinien.

La façade et la nef de l’église Saint-Savinien datent de la deuxième moitié du 11e siècle (le transept et chevet sont un peu plus récents, du 12e siècle). La sculpture qui nous intéresse se trouve en façade. Il s’agit d’une métope qui représente une scène explicite d’accouplement. L’homme et la femme, tête contre tête, sont en position assise, la femme à gauche, grassouillette, tient l’épaule du monsieur (plus svelte) dont le sexe est bien visible et engagé entre ses cuisses.

Homme nu avec sexe proéminent, sculpture romane de la façadeSi on se déplace un peu plus à gauche de la façade, une autre métope montre un homme nu, allongé sur le ventre, sexe bien visible aussi…

Scène d'accouplement, sculpture gothique sur un chapiteau dans l'église de Payroux, Vienne, vue largeIl y a beaucoup d’autres scènes de ce type dans l’art roman, pas seulement de chastes Adam et Eve ou des femmes dénudées pour symboliser la luxure, je vous en montrerai d’autres un de ces jours… En attendant, avançons un peu dans le temps, vers la fin de l’époque gothique, au sud de la Vienne, à Payroux. Nous voici à l’intérieur de l’église Notre-Dame, de quoi se réconcilier avec la messe si on s’y ennuie…

Scène d'accouplement, sculpture gothique sur un chapiteau dans l'église de Payroux, Vienne, vue rapprochéeComment ça, vous ne voyez rien? On s’approche, désolée pour la qualité de la photographie, en intérieur, mon appareil photo ne fait pas toujours bien le point… Bon, pas facile pour un sculpteur de bien montrer ces scènes. L’homme et la femme sont allongés sur le dos, sexe contre sexe au centre du chapiteau et tête vers l’extérieur, la femme à gauche et l’homme à droite. La femme, seins nus et tête sur un oreiller, semble passive, les bras levés. L’homme, tête tendue vers l’arrière, semble plus actif et lui tient fermement les jambes écartées de chaque côté de son corps à lui. Aucun doute sur la nature de leur relation, là aussi, le sexe de l’homme est bien engagé dans celui de la femme, ses jambes à lui sont repliées vers le haut. Position inconfortable et peu réaliste, il s’agissait plus de montrer l’acte. Alors, Tous à poil, même à l’église???

Photographies de 2010.

Poitiers, chevet de l'église Saint-Hilaire, absidiole du transept sud, métope avec la lutte finale et un obscenaPS: et les animaux aussi peuvent avoir des érections dans l’art roman… Voir ou revoir la lutte finale et un obscena sur une absidiole du transept de l’église Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers.

Des nouvelles des gravures de mon père…

La gravure pour la carte de voeux 2014 de Lucien DujardinChaque année, mon père, Lucien Dujardin, réalise une gravure pour sa carte de vœux. Voici sa version 2014…

La gravure pour la carte de voeux 2013 de Lucien DujardinEn cherchant mes précédents articles, je m’aperçois que je ne vous ai mas montré sa carte de vœux de 2013. Voici l’oubli réparé… Pour les autres versions, suivre les liens… je n’ai pas tout retrouvé, problème des mots clefs lors du transfert de mon blog… Voir celles de 2011 (avec une autre gravure de la même année), 2010, 2009, le stage pour encadrer celle reçue pour mon anniversaire en 2008.

Flyer de l'exposition Empreintes à Comine, février, mars 2014Il participe également en ce moment à une exposition à la MJC de Comine-Warneton (côté belge). il s’agit d’une exposition collective, Empreintes, du 12 février au mars 2014, vernissage vendredi 21 février (clic sur la vignette pour voir l’affiche en grand chez mon père). Vous pouvez aussi suivre son actualité et en savoir plus sur les techniques qu’il utilise sur son blog. Et vous pourrez agrandir chez lui toutes les images…