J’ai trouvé ce livre à la médiathèque dans les nouvelles acquisitions… et atteins ainsi le 1 % de livres de la rentrée littéraire 2010 (dans le cadre du challenge du 1 % rentrée littéraire 2010, repris par Schlabaya).
Le livre : Sous un ciel qui s’écaille de Goran Petrović, traduit du serbe par Gojko LukicGojko Lukic, Editions Les Allusifs, 2010, 192 pages, ISBN 978-2-923682-08-2.
L’histoire : de nos jours à Kraliévo en Serbie, le narrateur revient sur l’histoire de l’hôtel Yougoslavie devenu le cinéma Uranie puis a connu divers autres usages. La construction en 1932 est le fruit d’un hasard (peut-être provoqué) : un cordonnier a acheté en salle des ventes des milliers de chaussures droites, puis des milliers de chaussures gauches (ou l’inverse?), les a patiemment ré-apareillées ou vendues à l’unité à des amputés de guerre, puis avec le bénéfice, a fait construire cet hôtel… Mais ce n’était pas son métier, il fit faillite. Nous en arrivons au début du mois de mai 1980 (en fait le 4, même si le livre ne le dit pas, c’est le jour de la mort de Tito), la salle est peu remplie, mais avec un public varié, plus l’ouvreur, embauché avant la seconde guerre mondiale, et maintenu dans ses fonctions après la nationalisation, et le projectionniste, qui prélève quelques mètres sur chaque bobine qui lui est confiée, il veut en faire un long métrage personnel…
Mon avis : Je trouve que c’est une excellente idée de partir d’une salle de cinéma (au ciel -plafond- qui s’écaille et au lourd rideau bleu nuit poussiéreux) pour aborder l’histoire de la Yougoslavie au 20e siècle, de la première guerre mondiale à l’explosion de la Yougoslavie dans les années 1990, à partir des portraits des spectateurs – très variés – à une séance de cinéma… qui sera interrompue suite à l’annonce de la mort de Tito. Le ton est léger, et pourtant, vous y verrez des bandits, un collabo, des cancres de trois collèges différents, deux Roms (un illettré et l’autre qui interprète les sous-titres à partir de la centaine de mots qu’il reconnaît), un ancien pilier du parti local (très drôle, son portrait par petites touches), des filles de la cafétéria d’à-côté qui viennent assister à quelques minutes du film, un avocat, une perruche, des amoureux, un marchand de bois pas très net… une micro-société, reflet de la société d’hier et d’aujourd’hui. Un petit livre charmant, qui change des longs romans, tout est dit avec légèreté en quelques pages. Merci aux bibliothécaires d’avoir mis ce livre dans leur sélection de nouveauté, sinon, je ne l’aurais jamais lu… Et j’adore la couverture qui change de celles que l’on voit ces temps-ci, extra, ce visage pixellisé et les yeux en bobines de film, très en accord avec le livre, en plus…
Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Yougoslavie (Serbie).