Comme hier, reprenons la petite phrase prononcée le 29 août 2016 à Colomiers par Manuel Valls:
« Sur la place des femmes nous ne pouvons transiger. Marianne, le symbole de la République, elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre ! C’est ça la République ! C’est ça Marianne ! »
Je vous ai montré hier que si, la République porte régulièrement le voile quand elle est sur un monument aux morts au lendemain de la guerre de 1870 ou de la Première Guerre mondiale, mais aussi sur d’autres monuments, ici je vous propose un autre exemple avec un détail de la France en deuil du monument à Sadi Carnot, par Raoul Verlet, à Angoulême.
« […] elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple« … elle a surtout le sein nu parce que c’est une des représentations allégoriques antiques de la femme (ici un cas « extrême », la Victoire, une des formes de la personnification républicaine, de Camille Raynaud sur le monument aux morts de 1914-1918 à Toulouse, qui fit scandale…

… M. Valls pensait sans doute plutôt à ce type de sein(s) dénudé(s), tel que Camille Alaphilippe a choisi pour sa victoire du monument aux morts de monument aux morts de Skikda (Philippeville) (déplacé à Toulouse). Le sein peut aussi être légèrement caché par le rebord de la tunique délicatement drapée à l’Antique ou sous une tunique à l’effet mouillé…
Mais ce n’est pas le premier symbole républicain que je mettrais en valeur! Elle peut porter le bonnet phrygien, qui était porté dans l’Antiquité par les esclaves lors de la cérémonie d’affranchissement et devenu symbole de la liberté à la Révolution française. J’ai choisi ici le monument « à la France, la Belgique reconnaissante, 1914-1918″ de Isidore de Rudder, à Paris.
On voit peut-être mieux la forme du bonnet phrygien sur cette vue de la France sur le monument aux soldats tchécoslovaques tombés en France pendant la première guerre mondiale, par Karel Dvorjak, dans le cimetière du Père-Lachaise à Paris (il faut aussi que je rédige un article…).
Une des premières représentation officielle de la République, que vous pouvez voir sur le quai de Malaquais à Paris, devant l’Institut, a été réalisée par Jean-François Soitoux , lauréat du concours de sculpture organisé suite à la Révolution de février 1848 pour incarner la France. Elle est coiffée d’une couronne végétale ou couronne civique, ici composée de rameaux de chêne (la force, la sagesse).
La République de Jean-François Soitoux s’appuie sur un faisceau de licteur, composé de verges nouées autour d’une francisque (hache), qui était porté à Rome par les licteurs (officiers) qui ouvraient la voie aux magistrats et symbolise l’autorité du pouvoir exécutif. C’est également un symbole que l’on trouve dans la « panoplie » des allégories de la justice, ici sur le plafond de la salle du blason de l’hôtel de ville de Poitiers, peint par Émile Bin.
Dans d’autres cas, la couronne végétale est portée dans les mains ou brandie à bout de bras. Elle peut aussi être composée de laurier (victoire), de tiges de blé (opulence agricole), d’olivier (paix), etc. Sur le monument aux morts de Saint-Jean d’Angély, dû au sculpteur Albert Bartholomé, la République cumule, elle porte une couronne civique dans la main et sur la tête 😉

La couronne civique comme le bonnet phrygien peuvent être ornés d’une cocarde aux couleurs nationales… Parmi mes photos, la plus claire est sans doute celle-ci, brandie non par une République mais par le soldat du monument aux morts du cimetière de Salonique à Toulouse, par Raymond Isidore.
La République peut porter le pectoral (partie de l’armure protégeant la poitrine) orné d’une tête de Méduse (censée pétrifier l’ennemi de son regard), rappel de l’égide, accessoire classique d’Athêna, ici sur le monument aux morts de Montmorillon par Aimé Octobre (encore un article en attente de rédaction)…
… ou dans une version plus fruste sur le monument aux morts des Clefs par Peterlongo.
La tête de Gorgone peut être remplacée sur la cuirasse par d’autres symboles, comme des mains serrées et des pattes de lion entrecroisées ou d’autres représentations symboliques… ici l’exemplaire niortais de la Gloria Victis (monument aux morts de 1870) par Antonin Mercié…
La République peut aussi être tête nue, les cheveux coiffés en un strict chignon antique, comme ici pour la petite Victoire d’Aimé Octobre sur le monument aux morts de 1914-1918 à Châtellerault…

ou sur le monument aux morts de Loudun par Eugène L’Hoest.
Quand elle prend l’incarnation de la Victoire, elle porte des ailes, vous en avez quelques exemples ci-dessus, j’ajoute cette vue de la Victoire du monument aux morts d’Angers par Jules Desbois.
Dans sa panoplie, il faut aussi ajouter le drapeau (ici le monument aux morts de Limoges par Adolphe Martial Thabard)…
L’étoile à cinq branches peut être associée à la couronne végétale (voir plus haut la République de Soitoux) ou être portée à la ceinture, comme ici sur la La République d’Émile Peynot à Lyon…
… l’étoile à cinq branches peut aussi juste être collée sur le front comme sur la République du monument aux morts du cimetière de Chilvert à Poitiers (tiens, il faut que j’en fasse un article…)
Le bouclier est aussi fréquemment associé à la République, ici sur le monument aux instituteurs des Deux-Sèvres morts pour la France (collège du Marchioux), à Parthenay (plâtre préparatoire dessiné par Charles Sabouraud, ancien élève de l’école normale, sculpture réalisée par un sculpteur espagnol qui habitait dans cette ville).
Plus rarement on trouve les tables de la Loi ici sur la copie poitevine statue de la Liberté (la Liberté éclairant le monde) d’Auguste Bartholdi…
… associées ou non au flambeau (monument au centenaire de la fête de la fédération, à Châtellerault, avec la République de Gustave Michel).
Dans ses versions guerrières, la République peut aussi porter le casque de Poilu (ici sur le monument aux morts de Lessac, en Charente, par Henri-Charles Pourquet)…
… ou la version précédente du casque réglementaire (ici sur le monument aux combattants de 1870 à Bressuire, par Jules Rispal)…
Elle peut s’appuyer sur l’épée (ici sur le monument aux mobiles de la Charente, par Raoul Verlet à Angoulême)…
… ou la brandir! Ici la République d’Émile Guillaume à Nantes, déplacée mais qui était auparavant sur le monument aux morts… sa nudité n’avait pas plu.
Bon, ce n’est pas exhaustif, mais j’ai apporté ma petite pierre au thème est « Patrimoine et citoyenneté » des 33e journées du patrimoine (ce week-end, 17 et 18 septembre 2016)…
Et toujours disponible chez Geste éditions je pense, Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, de Charlotte Pon-Willemsen, collection des Parcours du patrimoine chez Geste édition, 2008.
Après le 
Chaque grande lancette porte la signature de Marc Chagall. L’ensemble a été réalisé, comme presque tous les vitraux de Marc Chagall, par l’
Cette fois, Marc Chagall a choisi une représentation assez classique de la scène de « Moïse reçoit les tables de la Loi »: Dieu est représenté par des mains, les tables par deux tablettes identiques (Exode 34). Vous vous souvenez des dix commandements qui sont inscrits dessus? Pas de meurtre, pas d’adultère, pas de vol, et ensuite… ou plutôt avant??? Vous n’avez plus qu’à trouver une Bible et chercher Exode 20: 1-17. Sur la gauche, dans les tons rouges, le peuple juif en exil (voir un détail plus bas), dont une partie attend le retour de Moïse, tandis qu’une autre adore le veau d’or (Exode 32: 1-20 ; Matthieu 7:15 à 8:1 ), je pense que vous l’apercevez, en jaune orangé au niveau des fesses de Moïse…
Dans la 
Bethsabée est représentée en rouge, filiforme, en bordure droite du vitrail.


En visitant l’autre jour l’intérieur du
Le château d’eau a été construit un peu avant celui de Poitiers, ainsi qu’en atteste l’inscription au milieu du grand mur de façade : » En l’année 1868 sous le règne de Napoléon III empereur des Français / Alexandre Rivière, chevalier de la légion d’honneur et maire de Châtellerault / a fait installer en vertu des délibérations du conseil municipal / cette distribution d’eau dont les travaux ont été réalisés par MMrs Coudère, Prévignault, Sichère et Bollée / sous la direction de M. Carmejeanne, architecte de la ville « .
Voici quatre vues de la partie « château d’eau » de cet ensemble, avec au sommet un périmètre de protection sur lequel sont installées des ruches.
Au sommet de ce monument a été ajouté en 1890 une grande colonne encadrée de deux lions en bronze et surmontée d’une Liberté de Gustave Michel, œuvre de série fondue par Louis Gasne et dont on trouve, à Jonzac, une version dans une mise en scène très différente (1894, voir ici le monument du 

Mais quand on arrive aujourd’hui devant le monument, il y a encore un troisième élément remarquable, le monument aux morts de 1914-1918 érigé en 1926…
Il s’agit d’un soldat vêtu à l’antique portant dans sa main droite une petite Victoire.

Sur le socle en pierre, sous la statue en bronze se trouve une très touchante dédicace :
Le soldat a un visage inexpressif, comme beaucoup de statues d’empereurs romains, il est coiffé à l’antique…

La statue de la Liberté (en fait, La Liberté éclairant le monde) de Frédéric [Auguste] Bartholdi, dont le
Sur cette autre carte postale ancienne, vous pouvez déjà voir les bancs qui existent toujours aujourd’hui sur la place.
Vous les voyez?
Bon, on s’approche pour mieux voir…
Et la voici de dos.
La Liberté porte un flambeau de la main droite, sur les vues anciennes, vous pouvez voir que ce flambeau en forme de suppositoire a remplacé celui d’origine avec un globe, qui a été enlevé je ne sais pas quand…
[PS: avril 2014, elle a
Vous voulez la voir de face? Pas de panique… la voici.
Elle est représentée à l’Antique, vêtue d’une longue robe avec une coiffure en chignon, recouvert d’un diadème comportant six pointes (l’original en comporte sept, symboles des sept océans).
Sur le socle sont reportés les mots Poitiers et la devise républicaine Liberté, égalité, fraternité, avec un mot par face accompagné d’un texte plus long. Sur la face avec Poitiers, on peut lire « AUX / DEFENSEURS / DE LA LIBERTE ».
Il faut préciser que la grande loge est juste à côté, rue du trottoir.
En