Archives par étiquette : Pologne

La vie en sourdine de David Lodge

Couverture de La vie en sourdine de David Lodge pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre à la médiathèque, un auteur dont j’ai déjà lu un certain nombre de livres avant l’ouverture de ce blog. [Depuis cet article, j’ai aussi lu Un homme de tempérament].

Le livre : La vie en sourdine de David Lodge, traduit de l’anglais par Maurice et Yvonne Couturier, collection Série noire, éditions Payot et Rivages, 2008, 413 pages, ISBN 978-2-7436-1844-5.

L’histoire : dans une ville volontairement non identifiée du nord de l’Angleterre, à partir de novembre 2006 (l’année n’est pas citée, mais il est fait référence aux attentats de Londres du 7 juillet 2005). A la suite de la réorganisation du département d’anglais de l’université, Desmond Bates, professeur de linguistique, a pris sa retraite il y a cinq ans, il a aujourd’hui 65 ans et souffre depuis des années d’une surdité qui le handicapait dans son enseignement et sa vie sociale. Il tient au quotidien ou presque son journal, qui nous est livré ici. Il continue à fréquenter l’université, sa salle des professeurs, sa bibliothèque. Sa femme est morte d’un cancer des années avant, il est remarié à Winnifred, 59 ans, de religion catholique, divorcée, qui tient avec une amie une boutique chic de décoration d’intérieur dans un centre commercial. Régulièrement, il va voir son père qui habite une petite maison jumelée dans une banlieue de Londres. A 89 ans, ancien musicien professionnel de jazz, il est aussi assez sourd et a de plus en plus de mal à tenir sa maison où il vit seul depuis son veuvage. La vie routinière de Desmond est bouleversée par l’apparition d’Alex Loom, 27 ans, américaine inscrite en thèse avec un des ses anciens collègues, Colin Butterworth. La première rencontre s’est mal passée, au cours d’un vernissage, il n’a strictement rien entendu de sa longue discussion, mais a apparemment involontairement accepté de l’aider de manière informelle. Son sujet? L’analyse stylistique des lettres d’adieu de suicidés, que ceux-ci est réussi ou survécu à leur acte…

Mon avis : la partie sur la surdité et son handicap, les problèmes de prothèses, de piles, de compréhension, de lieux bruyants, au théâtre, etc., sont inspirés de la vie de l’auteur, tout le reste est de la fiction, dit-il. Une petite vie tranquille en apparence, mais plein de situations comiques (le repas de noël, les quiproquos dus à la surdité) ou poignantes (la mort de sa première femme, l’AVC de son père, la visite à Auschwitz et Birkenau à l’occasion d’une conférence à Łódź). La forme du journal, régulier et quasi quotidien au début, plus espacé dans le dernier tiers du livre, le rend très vivant. Un gros livre que j’ai dévoré en deux ou trois fois… J’attends avec impatience que la médiathèque achète son dernier paru, Un homme de tempérament.

Logo God save the livre Ce livre entre dans le défi God save the livre, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici fin février 2012 et atteindre l’une de ces catégories : « Duty Harry » (1 livre lu), « Prince Charles » (5 livres), « Prince William » (10 livres), « Lady Di » (15 livres), « The Beatles » (20 livres et plus), « Queen Mom » (au moins un livre en VO)…

L’estivant de Kazimierz Orłoś

Couverture de L'estivant de Kazimierz Orłoś pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : L’estivant de Kazimierz Orłoś, traduit du polonais par Erik Veaux, collection Littérature polonaise, éditions Noir sur Blanc, 2011, 128 pages, ISBN 978-2882502537.

L’histoire : en Pologne de nos jours. Un vieil homme retrouve deux lettres écrites par Mirka, qu’il a connue alors qu’il était en vacances d’été au bord de la mer Baltique, en 1951 et 1952. Ne pouvant manifestement pas s’adresser à sa femme, il raconte à son fils dans ce livre en forme de longue lettre son été 1952. Une brève relation avec Mirka, et quelques mois plus tard, elle lui annonçait, par deux lettres auxquelles il n’a jamais répondu, qu’elle était enceinte. A plus de 70 ans, il décide de partir sur les traces de son passé, mais arrivé sur place, au fil de ses longues promenades sur la plage et dans les dunes et des rencontres difficiles avec les habitants, arrivera-t-il à découvrir la vérité ?

Mon avis : un court roman qui permet aussi de plonger dans la Pologne communiste des années 1950, les remords (trop?) tardifs d’un vieil homme pour les conséquences d’un amour d’adolescence. En toile de fond, la Pologne sous influence soviétique… À découvrir…

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Pologne.

Maus (tome 2) de Spiegelman

Couverture du tome 2 de maus, de Spiegelman pioche-en-bib.jpgDepuis le début, cette bande dessinée figure en tête du classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. J’ai donc emprunté les deux tomes à la médiathèque, je vous ai parlé du tome 1 : mon père saigne l’histoire, voici aujourd’hui le tome 2. L’année prochaine, fin janvier 2012, Art Spiegelman, grand prix 2011, présidera le festival d’Angoulême. Maus a d’ailleurs reçu le prix Alfred du meilleur album étranger pour le tome 1 au festival d’Angoulême de 1988 et en 1993 l’Alph-Art du meilleur album étranger pour le tome 2 (également prix Pulitzer spécial en 1992).

Le livre : Maus, un survivant raconte, tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé (De Mauschwitz aux Catskill et au-delà) de Art Spiegelman (scénario et dessin), traduit de l’anglais par Judith Ertel, éditions Flammarion,1992, 136 pages, ISBN 2-08-066618-5.

L’histoire : 1944. Vladek et Anja pensent avoir réussi à mettre à l’abri Richieu, leur petit garçon, avant d’être envoyés en déportation à Auschwitz (rebaptisé Mauschwitz). Hommes et femmes sont envoyés dans des camps différents, mais ils réussissent à s’entrevoir de temps à autre. Par ses connaissances et sa volonté de survie, Vladek réussit plus ou moins à se planquer dans des tâches moins dures. En parallèle, quelques planches s’insèrent et montrent la collecte du témoignage de son père part Art, dans les années 1970 et 80. Son père est malade, mais cela n’empêche pas Art d’exploser quand il apprend que son père a détruit le journal écrit pendant la guerre par sa mère, qui s’est suicidée en 1968.

Mon avis : un témoignage encore plus fort que le premier tome. D’autant plus par l’implication de Art Spiegelman, né après les camps, un peu le remplaçant de son frère mort, dépressif (à 18 ans, il sortait d’un hôpital psychiatrique lors du suicide de sa mère). Pour lui, écrire et dessiner Auschwitz (et dire ses difficultés de le faire dans les planches intercalées) est à la fois un devoir de mémoire et une manière de reconstruire son histoire familiale et de mieux vivre dans le présent. L’emploi des animaux (corps humain et tête animale) rend ce récit toujours plus fort. Sans long discours, on a vu dans le tome 1 des juifs (souris) participants aux rafles aux côtés des nazis. On en voit aussi dans l’encadrement des prisonniers à Auschwitz. De nouveaux animaux apparaissent ici, les grenouilles pour les Français, les chiens pour les Américains, des bombyx pour les Roms, des poissons pour les Anglais, etc. Ce code permet aussi de montrer du métissage, une souris au pelage de félin pour un enfant né d’une juive et d’un Allemand. À lire absolument, et pas seulement pour un devoir de mémoire…

Logo top BD des blogueurs 2011 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Maus (tome 1) de Spiegelman

Couverture du tome 1 de maus, de Spiegelman pioche-en-bib.jpgDepuis le début, cette bande dessinée figure en tête du classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. J’ai donc emprunté les deux tomes à la médiathèque, je vous parle aujourd’hui du tome 1, et bientôt du tome 2. L’année prochaine, fin janvier 2012, Art Spiegelman, grand prix 2011, présidera le festival d’Angoulême. Maus a d’ailleurs reçu le prix Alfred du meilleur album étranger pour le tome 1 au festival d’Angoulême de 1988 et en 1993 l’Alph-Art du meilleur album étranger pour le tome 2 (également prix Pulitzer spécial en 1992). Ces deux tomes ont aujourd’hui rassemblés dans un seul gros album, mais je les ai lu dans la première édition, donc le tome 1 aujourd’hui, et le tome 2 dans quelques semaines.

Le livre : Maus, un survivant raconte, tome 1 : mon père saigne l’histoire de Art Spiegelman (scénario et dessin), traduit de l’anglais par Judith Ertel, éditions Flammarion,1987 (réimpression 1994), 159 pages, pas d’ISBN.

L’histoire : aux États-Unis dans les années 1970. Un fils va interviewer son père rescapé du génocide de la Seconde Guerre mondiale. Retour dans la Pologne des années 1930, Vladek vient d’épouser Anja, ils ont une vie plutôt aisée, un bébé, Richieu, naît. Avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir, leur vie devient de plus en plus difficile de 1939 à 1944, ils sont regroupés dans des quartiers juifs, transformés en ghetto, spoliés de leurs biens, puis du droit à travailler… avant de partir un à un vers les camps de concentration.

Mon avis : un témoignage fort, qu’Art Spiegelman semble avoir eu du mal à tirer de son père… L’utilisation du noir et blanc et des animaux (enfin, des hybrides, corps humains et tête d’animal) rend le récit encore plus pognant… Les Juifs sont des souris (Maus), les Polonais des porcs, les Allemands des chats, etc. Un témoignage à lire absolument pour ne pas oublier…

Logo top BD des blogueurs 2011Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

La promesse de l’aube de Romain Gary

Couverture de légendes du je, de Gary et Ajar Je poursuis la lecture des légendes du je, sélection de romans de Romain Gary/Émile Ajar (liste ci-dessous).

Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, défi organisé par Theoma (voir en bas de l’article).

Le livre : La promesse de l’aube de Romain Gary. Première édition en 1960. Je l’ai lu dans Romain Gary, Émile Ajar, Légendes du Je, récits, romans, collection Quarto, éditions Gallimard, 2009, 1428 pages (pages 267-540), ISBN 978-2070121861.

L’histoire : à Vilnius après 1914, en Californie en 1960, à Varsovie dans les années 1920, à Nice dans les années 1930, à Paris en fac de droit en 1935-1938, à Salon-de-Provence en 1938-1939, en Afrique du Nord et en Europe avec la résistance de 1939 à 1945… Alors qu’il est consul général de France à Los Angelès, il se rappelle son passé, son enfance, sa jeunesse, la résistance, mais surtout sa mère, juive non pratiquante, l’absence du père, la relation de plus en plus fusionnelle avec sa mère, qui voit en lui un futur ambassadeur dès son enfance… Sa vie pauvre à Varsovie, où sa mère est modiste, à la tête d’un atelier de confection de chapeaux. La grave maladie de Roman, qui l’entraîne à l’amener en convalescence sur la Côte-d’Azur. Le retour à Varsovie, la crise de 1929, qui provoque la faillite. L’installation à Nice, les débuts difficile, puis l’esprit d’entreprise de sa mère qui prend le dessus, elle ouvre une pension de famille, mais tombe à son tour malade (diabétique)… Le départ à la guerre, puis l’entrée dans la résistance dès juin 1940, en culpabilisant de laisser sa mère malade à Nice.

Mon avis : un livre fort… un récit autobiographique… réécrit et romancé (notamment pour ce qui concerne la place du père et la minimisation de son rôle dans la résistance, rejointe dès les premiers jours de manière rocambolesque, tentative de vol d’avion comprise). Surtout un portrait de mère hyper-possessive et étouffante. Un passage est cité dans La tête en friche de Jean Becker (je venais de terminer le livre quand j’ai vu le film). Un livre à lire absolument dans le contexte actuel de xénophobie, de haine des autres et de retrait de nationalité française… En 1938, Roman Kacew (futur Romain Gary, son nom de résistance adopté à l’état civil à la restauration), polonais né à Vilnius, a suivi la préparation militaire supérieure. Mais contrairement à ses camarades, il n’est pas intégré, à l’issue des classes, comme officier. Il apprendra plus tard que c’est parce qu’il a été naturalisé trois ans avant qu’il a été mis sur la touche, pas pour ses capacités. Nationalité à deux vitesses… Et le régime de Vichy ôtera la nationalité française à tous ceux qui avaient été naturalisés dans les 15 dernières années, afin de pouvoir déporter plus de juifs (dont une bonne partie de la famille paternelle et maternelle de Gary) et de tziganes! Alors, attention aux tentations populistes, cela est en train de revenir dans la tête de nos gouvernants!

Les titres du volume :

Logo des coups de coeur de la blogosphère Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma dont je regroupe mes articles sur cette page. Il était recommandé par Praline.

L’éducation européenne de Romain Gary

Couverture de légendes du je, de Gary et Ajar Dans le cadre du défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie, j’ai choisi cette fois un livre de Romain Gary.

Je l’ai aussi lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma (voir en bas de l’article).

Le livre : L’éducation européenne de Romain Gary. Première édition en anglais en 1944, pour cause de deuxième guerre mondiale, puis en français en 1945. Gary a remanié ensuite son texte, c’est la version de 1956 publiée dans Romain Gary, Émile Ajar, Légendes du Je, récits, romans, collection Quarto, éditions Gallimard, 2009, 1428 pages (pages 75-259), ISBN 978-2070121861.

L’histoire : au début de l’hiver 1942 dans une forêt près de Wilno (Vilnius, aujourd’hui en Lituanie), alors sous domination polonaise. Janek Twardowski, adolescent, est mis à l’abri par son père médecin dans un trou dans la forêt, pour le protéger des exactions nazies après la mort de ses deux frères aînés, avec des vivres pour une longue durée. Très vite, son père ne vient plus le voir et disparaît (il a en fait voulu libérer sa femme capturée par les Allemands, a tué un certains nombre d’entre eux avant d’être abattu). Le jeune garçon rentre alors en contact avec un groupe de partisans qui vivent dans la forêt et participe avec eux à des opérations à Wilno. Résistera-t-il à la faim et au froid ? Comment, avec des étudiants, apprendre la littérature ? Que deviendra-t-il avec la jeune Zosia, utilisée par les résistants pour recueillir par la prostitution des informations ?

Mon avis : un livre fort sur la résistance (Gary était lui-même résistant dans l’aviation au moment où il écrit ce livre), mais aussi sur la maladie, sur l’amour, la vie qui continue malgré tout, la lointaine et si présente bataille de Stalingrad… Un plaidoyer aussi envers l’éducation (incarnée par un groupe d’étudiants), qui seule permettra de faire reculer la folie des hommes.

Les titres du volume :

Logo du défi J'aime les classiques Je l’ai lu dans le cadre du défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie.

Logo des coups de coeur de la blogosphère Je l’ai aussi lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma dont je regroupe mes articles sur cette page. Il était recommandé par Praline.

Lecture : Thierry Jonquet, Le secret du rabbin

Couverture du secret du rabbin de Thierry Jonquet Lors de mon dernier voyage en train, samedi dernier, j’ai lu Le secret du rabbin de Thierry Jonquet, en réédition 2005 dans la collection Folio policier n° 199, ISBN 2-07-041204-0.

Le début de l’histoire :
Printemps 1920, dans la petite ville de Lvov, en Pologne, l’ancien rabbin Morchedai Hirschbaum meurt pendant l’office, à l’âge de 97 ans. Il charge son successeur d’exécuter un étrange testament (qu’on ne connaîtra qu’à la fin, présenté tout au long du livre comme la quête d’un trésor), qui nécessite la venue de quatre de ses neveux : Rachel, membre active du parti bolchevik en Russie, Moses, truand à New-York, Léon (qui a francisé son nom), officier mutilé en 1918 et habitant Paris, et David, militant sioniste en Palestine. Aucun d’entre eux ne veut venir en Pologne, mais tous y sont poussés par leur entourage pour des raisons improbables. S’ensuivent un tas d’aventures dans une Pologne en pleine guerre pendant l’été 1920, on y croise d’autres personnages improbables.

En dehors de la ponctuation assez défectueuse (due à l’éditeur, pas à l’auteur), qui a le don de m’agacer, je n’ai pas trop apprécié ce livre. Je trouve que l’idée de départ est sympa, mais ensuite, tout est à peine effleuré, trop superficiel. Vous pouvez vous faire une idée par vous-même.

Post-scriptum : de Thierry Jonquet, décédé en août 2009, j’ai lu et parlé de :