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Dans les yeux des autres de Geneviève Brisac

Logo de pioché en bibliothèqueLogo rentrée littéraire 2014Couverture de Dans les yeux des autres de Geneviève BrisacUn livre trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions, il entre dans le défi de la rentrée littéraire pilotée par Hérisson.

Le livre: Dans les yeux des autres de Geneviève Brisac, éditions de l’Olivier, 2014, 306 p., ISBN 9782879298610.

L’histoire: de nos jours. Anna et Molly Jacob, deux sœurs, la soixantaine. La première, seule, sans logement à elle, écrivain au brillant passé oublié, déprime, la deuxième est médecin et gère la misère, grande et petite, au centre médical Gracchus-Babeuf dans le 14e arrondissement de Paris. Dans les années 1970, elles ont milité avec leurs compagnons, Marek et Boris, dans le milieu anarchiste. Tous les quatre et Mélini, la mère des filles, sont partis en 1977 au Mexique, où Marek est mort en prison. Boris continue à se battre, dans les squats des sans-logis. Au retour, Molly a foncé dans ses études pour devenir médecin, Anna a « trahi » en publiant leur histoire sous pseudonyme, Boris a disparu pendant une quinzaine d’années… Le groupe a éclaté, Anna et Molly sont restées fâchées. Anna décide de relire ses carnets de notes, un rouge (la politique), un noir (la mère), un bleu (les autres) …

Mon avis: pas toujours facile de savoir si on se trouve aujourd’hui ou dans les années 1970, mais cela est en accord avec l’état d’esprit d’Anna, anarchiste puis écrivaine mais toujours un peu en marge, partie après les autres au Mexique, officiellement pour pouvoir finir d’effacer leurs traces à Paris. Le choix des noms n’est sans doute pas innocent, Marek s’appelle Meursault, comme le vignoble ou comme le « héros » de L’étranger d’Albert Camus, que l’on retrouve aussi pour cette rentrée littéraire dans Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud, qui était pressenti pour des prix littéraires. Anna et Molly, ce sont aussi les prénoms des personnages du Carnet d’or de Doris Lessing [revoir Le rêve le plus doux], où il est aussi beaucoup question de carnets, bien sûr… J’ai pensé à Maryse vers la fin (p. 211), où il est question de Diego Rivera et de Frida Kahlo… Bon, je vous parle beaucoup des à-côté, pas beaucoup du livre, sans doute parce que je n’ai pas vraiment accroché à l’esprit tortueux et déprimé d’Anna, la narratrice…

Ce qui reste de l’exposition coloniale de 1931 à Paris…

Paris, le palais des colonies de l'exposition coloniale de 1931La manifestation Peaux de tigre et de pouilleux, Du colonisé à l’étranger, organisée par le théâtre et auditorium / TAP et l’université de Poitiers, se poursuit jusqu’à demain (16 novembre 2014). Je vous parlerai prochainement de Exhibit B de Bett Bailey (en 12 tableaux humains, au musée), une performance qui ne peut pas laisser indifférent et où il sera impossible de voir un père expliquer à son fils qu’il a devant lui la preuve de l’existence des races (voir mon expérience à l’occasion de Exhibitions, exposition au musée du quai Branly à Paris en 2012). J’irai sans doute voir l’exposition proposée par la fondation pour l’éducation contre le racisme – de Lilian Thuram –dans le hall du théâtre et auditorium / TAP.

La France coloniale de Léon Drivier porte Dorée à ParisEn attendant, voici un aperçu des installations de l’exposition coloniale de 1931 toujours visibles à la limite de Vincennes et Paris. Je vous prépare une série d’articles sur celles-ci. En arrivant Porte Dorée, vous ne pouvez pas rater La France coloniale de Léon Drivier. Si elle est maintenant au bout d’un bassin (et a perdu son titre), elle était à l’entrée du palais colonial, en haut des marches.

Paris, palais des colonies, sculptures de Alfred Janniot: L'apport économique des colonies,Je consacrerai plusieurs articles au « palais colonial », ex-musée des colonies devenu musée des arts d’Afrique et d’Océanie avant d’accueillir la Cité de l’immigration, « construit de 1928 à 1931 par Albert Laprade en association avec  et avec la collaboration de L.E. Bazin », comme dit la plaque inaugurale. Un article sur les reliefs extérieurs bien sûr, reliefs réalisés par Alfred Janniot (1889-1969), chargé d’illustrer L’apport économique des colonies, et assisté de Gabriel Forestier et Charles Barbéris…

Paris, palais des colonies, peintures intérieures de Pierre Ducos de la Haille… un autre article sur les peintures intérieures de Pierre Ducos de la Haille qui ont été très bien restaurées et sont expliquées et contextualisées,

Paris, palais des colonies, rampe en ferronnerie d'Edgar Brandt… peut-être un article sur le décor art déco, auquel ont participé de nombreux artistes dont , ci-contre la rampe en ferronnerie d’Edgar Brandt

Paris, entrée de l'ancien palais des colonies, aujourd'hui cité de l'immigration… un dernier article traitera de la Cité de l’immigration, je ne suis pas très convaincue par les choix réalisés, et une ligne ou deux sur l’aquarium au sous-sol.

Paris, monument au commandant MarchandEnfin, dans le parc en face du « palais », je vous parlerai du monument au commandant Marchand (mission dite Congo-Nil, 1896-1898), même s’il a été installé plus tard, dans la même veine que le monument aux pionniers de la Côte-d’Ivoire, à La Rochelle.

Couverture de Cacaouettes et bananes, de Jean-Richard BlochParu dans les mêmes années (1929), le livre Cacaouettes [sic] et bananes, de l’intellectuel communiste Jean-Richard Bloch, m’a surprise il y a quelques semaines par ses positions sur les « bienfaits du colonialisme ».

 

Sur le site de l’INA, voir ce petit film sur l’exposition coloniale de 1931 à Vincennes (je vous l’ai déjà proposé, mais il mérite vraiment d’être regardé)

Strasbourg, le monument à Kellermann

Strasbourg, le monument à Kellermann, texte sur ValmyIl est beaucoup question ces jours-ci de la première bataille de la Marne, du 5 septembre 1914 au 12 septembre 1914. Une autre bataille a eu lieu dans le même secteur, qui a aussi mis aux prises Français en défense et Allemands en marche vers Paris, le 20 septembre 1792 à Valmy (dans la Marne) les troupes prussiennes sont stoppées par les armées révolutionnaires menées par les généraux et Charles-François Dumouriez.

C’est à Strasbourg (place de Broglie) que l’on trouve ces citations, sur le socle du monument à François-Christophe Kellermann :

Valmy 20 IX 1792
Vive la nation nous / allons vaincre pour elle / Kellermann
Von hier von Huete geht / eine neue Epoche der / Welt Geschichte aus / Goethe
Valmy marque un tournant dans l’histoire

Strasbourg, le monument à Kellermann, texte sur la guerreSur l’autre face:

Après mes devoirs envers / Dieu toutes mes actions / ont eu pour mobile / l’amour de mon pays
Combattant pour le / maintien de nos libertés / et la défense du / territoire de France / j’ai adouci autant que / je l’ai pu ce que / la guerre a d’horrible / Kellermann

Strasbourg, le monument à Kellermann, texte sur les AlsaciensEt encore:

Les Alsaciens m’ont / prouvé qu’ils n’ont point / dégénéré et je suis fier / d’être né parmi eux

Strasbourg, le monument à Kellermann, vue d'ensembleEntre les armoiries et l’inscription (« Kellermann / maréchal de France / duc de Valmy / né à Strasbourg 18 V 1735 / mort à Paris 13 IX 1820 »), il n’y a aucune difficulté pour identifier le personnage représenté en tribun. La statue en bronze a été édifiée pour le bicentenaire de sa naissance, en 1935, et est due au sculpteur Léon [Jean-Baptiste Alexandre] Blanchot (dit Ivan Loewitz) (Bordeaux, 1868 – Paris, 1947), dont je n’ai pas trouvé la signature, qui doit pourtant être sur la plinthe si j’en crois la fiche de la base monumen (consultée après mon retour…).

Strasbourg, le monument à Kellermann, la statue de faceKellermann porte tenue bien ajustée au niveau de l’entrejambe (mais non, pas à poil), un grand manteau…

Strasbourg, le monument à Kellermann, vue de profil… grande épée et éperons, prêt à retourner au combat.

Un autre monument à Kellermann a été érigé en 1892, pour le centenaire de la bataille, sur le site même de Valmy.

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à ParisTant que j’y suis, j’ai « exhumé » de mes centaines de photographies parisiennes celle de sa tombe au cimetière du Père-Lachaise. Le monument a été dessiné par l’architecte Lucien-Tirté Van Vleemputte (Paris, 1795 – 1871, grand prix de Rome d’architecture en 1816) et comprend trois grandes plaques avec le nom des défunts regroupés dans le monument.

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à Paris, plaque gaucheA gauche les épouses…

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à Paris, plaque centraleAu centre François-Christophe Kellermann et son fils François-Etienne Kellermann (1770-1835), qui s’est lui distingué lors des batailles de Marengo et Austerlitz…

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à Paris, plaque droiteA droite leurs descendants.

Photographies octobre 2010 pour Strasbourg et novembre 2012 pour le cimetière du Père Lachaise.

La tombe de Jean-Richard Bloch au cimetière du Père Lachaise

Affiche de l'exposition Jean-Richard Bloch à Poitiers, jusqu'au 31 octobre 2014 à la médiathèqueAlors que l’exposition Une fenêtre sur le monde, Jean-Richard Bloch à la Mérigotte se poursuit à la médiathèque de Poitiers (jusqu’au 31 octobre 2014) et qu’un beau programme d’animations (conférences, visites guidées) est annoncé à partir de la semaine prochaine, je suis allée voir sa tombe au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Paris, cimetière du Père-Lachaise, tombeau de Jean-Richard Bloch, à l'arrière, monument aux déportés d'Auschwitz-BirkenauBien qu’elle se trouve juste à côté du monument aux déportés d’Auschwitz-Birkenau (que l’on aperçoit à l’arrière-plan), à proximité des autres monuments des camps de concentration, en face du mur des fédérés, et donc près d’autres personnalités communistes, la tombe de Jean-Richard Bloch (Paris, 1884 – Paris, 1947) ne m’avait jamais attirée. Dans le cadre communiste de cette section du Père-Lachaise, je vous propose de lire le portrait de Jean-Richard Bloch sur le site de L’Humanité. Dans les prochaines semaines, je vous rendrai aussi compte de plusieurs de ses ouvrages, que j’ai lus à l’occasion de cette exposition.

Paris, cimetière du Père-Lachaise, tombeau de Jean-Richard Bloch, dalle funéraireMort à Paris le 15 mars 1947, son hommage funèbre fut rendu le 19 mars par Jacques Duclos pour le parti communiste et Louis Aragon devant les locaux du journal Ce soir, qu’ils avaient tous deux créé en 1937 et relancé en 1945. Sa tombe est toute simple, avec une dalle funéraire peu lisible, une autre plus petite en hommage à sa femme Maguite (Marguerite Herzog). Des plaques sont posées tout autour de la tombe, notamment pour des mouvements liés à la guerre d’Espagne, dont Jean-Richard Bloch a rendu compte.

Paris, cimetière du Père-Lachaise, tombeau de Jean-Richard Bloch, masque mortuaire Sur la stèle a été apposé le masque mortuaire tiré en bronze.

Paris, cimetière du Père-Lachaise, tombeau de Karl-Jean Longuet (1904-1981) et Simone Boisecq (1922-2012)Près du tombeau de Jean-Richard Bloch, par hasard, j’ai aussi vu la tombe de Karl-Jean Longuet (1904-1981) et Simone Boisecq (1922-2012), qui avaient fait l’objet d’une exposition en 2011-2012 à Reims, Agen, Limoges, Poitiers et Colmar. Leur engagement politique explique leur sépulture dans ce secteur du cimetière.

Pour aller plus loin : 

– sur le blog: La Mérigot(t)e à Poitiers, résidence de l’écrivain Jean-Richard Bloch et Une fenêtre sur le monde, Jean-Richard Bloch à la Mérigotte (bientôt quelques lectures)

Jean-Richard Bloch. En Mérigotte, auberge antifasciste

– voir aussi l’article d’Alain Quella-Villéger (avec des photographies de Marc Deneyer), Jean-Richard Bloch à la Mérigote, L’Actualité Poitou-Charentes n° 46, 1999, p. 18-23.

– voir le site de l’Association Études Jean-Richard Bloch.

– mes lectures de Jean-Richard-Bloch : Sur un cargo, Cacaouettes et bananes, Espagne, Espagne!, traduction de Karl et Anna, de Leonhard Frank

Enlacés jusque dans la mort… une tombe du cimetière du Père-Lachaise à Paris

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Joseph Crocé-Spinelli et Théodore SivelEn allant faire des photographies en vue de quelques articles au cimetière du Père-Lachaise à Paris, je suis passée à côté de la tombe de Joseph [Eustache] Crocé-Spinelli (Monbazillac, 1845 – Ciron, 1875) et  Théodore Sivel (Sauve, 1834 – Ciron, 1875), aéronautes qui ont réalisés de multiples exploits en ballons / montgolfières: record d’altitude le 22 mars 1874 (7.300 m d’altitude), record de durée (22h40 qui les ont mené de l’usine à gaz de La Villette à Paris à Lanton, près d’Arcachon) les 23 et 24 mars 1875… avant de périr le 15 avril 1875 au cours d’une ascension à Ciron dans l’Indre à bord du ballon Le Zénith. En voulant battre à nouveau le record d’altitude, ils sont morts privés d’oxygène à 8600m d’altitude, seul le troisième homme à bord, Gaston Tissandier (Paris, 1843 – Paris, 1899) a survécu (il en est resté sourd). Dans La Nature n° 100, du 1er Mai 1875, il a raconté leur aventure.

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Crocé-Spinelli et Sivel, signature A. Dumilatre 1878Le gisant en bronze de la tombe est signé « A. Dumilatre, 1878 », pour Alphonse [Jean] Dumilatre (Bordeaux, 1844 – Saint-Maurice, Val-de-Marne, 1928).

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Crocé-Spinelli et Sivel, signature Gruet Jeune fondeurLe fondeur a également laissé sa marque: « Gruet J(ne) fondeur », pour Charles Gruet Jeune (1825-1890).

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Crocé-Spinelli et Sivel, vue de côtéLes deux hommes sont représentés allongés sur le dos.

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Crocé-Spinelli et Sivel, vue des têtes et des piedsTous les deux sont barbus, nus apparemment sous le linceul, les pieds qui dépassent…

Paris, cimetière du Père-Lachaise tombe de Crocé-Spinelli et Sivel, mains entrecroiséesLeurs mains sont entrecroisées jusque dans la mort et pour les passants qui se recueilleront sur leur tombe.

Photographies août 2014

Abel Pann au musée d’histoire du judaïsme

Wagons à bestiaux », planche n°16 (1916) tirée du portfolio In the name of Czar, New York, 1921 – Photo Christophe Fouin © Mahj

« Wagons à bestiaux », planche n°16 (1916) tirée du portfolio In the name of Czar, New York, 1921 – Photo Christophe Fouin © Mahj

Pendant mes vacances, j’ai privilégié des lieux avec un public peu nombreux, pour éviter au maximum les risques de bousculade. A Paris, j’ai choisi l’exposition Abel Pann au musée d’histoire du judaïsme, juste à côté du site des archives nationales, rue du Temple, non loin du square du Temple (revoir la statue de Béranger et Wilhelm et Eugène Delaporte). J’avais lu une petite note je pense dans Télérama pour cette exposition qui se poursuit jusqu’au 30 novembre 2014. 1ttention, passage sous portique, évitez tout objet suspect genre ciseaux, etc. En revanche, le jour où nous y sommes allé, à 10h alors que ça n’ouvrait qu’à 11h (pas douées, les filles…), les deux plantons policiers avaient l’air de s’ennuyer et prenaient leur casse-croute tranquillement avec leur sac posé sur le trottoir. Pas terrible comme garde, surtout après la tuerie du musée juif de Bruxelles, mais bon, heureusement, nous n’étions pas terroristes. Le renfort de gardiennage à l’ouverture et le portique avec sas blindé étaient eux beaucoup plus sérieux!

L’exposition: il s’agit d’une exposition-dossier qui présente plusieurs séries de lithographies -souvent coloriées- et d’estampes de Abel Pann, né Abba Pfeffermann (Kreslawka, Lettonie, 1883 – Jérusalem, 1963). Arrivé à Paris en 1905, il a fréquenté les artistes de La Ruche (cité d’artistes dans le 15e arrondissement, près du square Georges-Brassens, voir le site officiel). En 1914, après quelques années à Jérusalem, il décide de venir rechercher ses affaires pour un départ définitif… et se retrouve coincé par la première guerre mondiale. Il passe alors d’un registre de créateur d’affiches et de caricaturistes (quelques exemples présentés dans les vitrines) à des réalisations patriotiques. En 1917, il part pour New-york puis Jérusalem dans les années 1920 et se consacre alors aux études et à l’illustration de la Bible. L’exposition montre, sur deux salles, pour l’essentiel, des lithographies.

Mon avis : C’est la série In the name of Czar qui m’a le plus frappée, je vous en propose une illustration du dossier de presse. Cette série est consacrée aux exactions contre les juifs de la part de l’armée du tsar et des polonais dès 1914. Il a réalisé cette série sur une année, à partir de décembre 1915. Malgré la guerre et bientôt la Révolution d’octobre (1917), l’ambassadeur de Russie ne trouve rien de mieux que de faire interdire la publication de cette oeuvre! Il ne réussira à les publier qu’en 1921 à New-York. Vous ne trouvez pas que ces wagons à bestiaux qui déplacent des populations juives ont comme un avant-goût très amer des discriminations des juifs polonais à partir de 1937 puis leur élimination pendant la deuxième guerre mondiale? La population juive de Pologne est passée de plus de 3 millions de personnes en 1931 à moins de 12.000 aujourd’hui (en 2000, population qui se déclare juive, alors que plus de 50.000 personnes parleraient yiddish). Dans la première salle, ce sont surtout Les désastres de la guerre » (en référence à Goya, pas évoqué dans l’exposition), qui sont illustrés: difficultés des soldats et des populations civiles, évacuations, exactions. Celui qui m’a le plus marqué, réalisé en 1915, un bébé à quatre pattes au milieu des ruines, avec pour titre « La classe 1935 se débrouille », terrible quand on sait ce qui arrivera en 1935 ou dans les années qui ont suivi à ce bébé… Il est vraiment dommage que le musée n’ait pas réalisé de catalogue ni même de mini-dossier à cette occasion.

En tout cas, si vous allez sur Paris, n’hésitez pas à aller voir ces surprenantes estampes et lithographies, et si vous ne connaissez pas le musée d’histoire du judaïsme, à le visiter, dans ce cas, prévoyez un bon moment, je le trouve passionnant et l’ai revisité avec de nouvelles approches par rapport à mes précédentes visites.

De retour… coucou à Max Ernst à Amboise et Paris?

La fontaine aux génies de Max Ernst à Amboise est en travaux (août 2014)

Il y a quelques mois, en février 2014, Grégory me signalait un article qui parlait de la restauration de la fontaine Aux cracheurs, aux drôles, au génie, de Max Ernst, à Amboise. La semaine dernière (20 août), les herbes avaient poussé sur le chantier, mais les travaux n’étaient pas finis!

Le Grand assistant de Max Ernst rue Brantôme à ParisDu coup, j’ai fait un petit coucou quelques jours plus tard au Grand assistant, toujours de Max Ernst, daté de 1967, rue Brantôme, à Paris, juste à côté du centre Pompidou. Le pauvre est négligé par les passants, qui, indifférents, le contournent, et les clochards qui s’en servent de support pour oser leurs affaires…

Le Grand assistant de Max Ernst à Paris, vues rapprochées de face et de dosHeureusement qu’il est haut perché, de face ou de dos, il les méprise de ses bras écartés (prêt à s’envoler vers des cieux plus cléments?).

Photographies août 2014.

Lucy de Luc Besson

Affiche du film Lucy de Luc BessonSortie cinéma (commercial, puisque les salles d’art et essai du TAP Castille sont fermées), avec Lucy de Luc Besson en … VF!

Le film: Taipei. Lucy [Scarlett Johansson], jeune étudiante, est forcée par son nouveau petit ami de porter une mallette dans un grand hôtel. Un chef de la mafia taïwanaise [Choi Min-sik] l’y attend, elle est battue, endormie, et se réveille avec une cicatrice au ventre, on lui a inséré un paquet de drogue qu’elle doit acheminer, comme quatre hommes, dans différentes villes européennes. Mais elle est tabassée, une partie du contenu se déverse dans son corps, la drogue décuple ses capacités cérébrales, elle passe de 10% d’utilisation de ces capacités à 100%, non sans avoir au préalable réussi à prévenir à Paris la police où elle a choisi Pierre del Rio [Amr Waked] et le Pr Norman, grand spécialiste du cerveau [Morgan Freeman].

Mon avis: agaçant!!! La première phrase en traduction française d Les images alternées entre le mafieux et la jeune fille et un guépard chassant une antilope avait commencé à m’agacer…. La première phrase de la traduction française frôlait l’éloge du créationnisme, la fin avec Lucy, Australopithèque la plus ancienne connue ou au moins la plus médiatisée et la plus complète (Little foot, en Afrique-du-Sud, squelette à la mode chez les préhistoriens et qui est en train de commencer à intéresser la presse grand public, pourrait être un peu plus vieux, autour de 3 millions d’années), Lucy donc qui apparaît juste après des dinosaures… alors que ces derniers ont disparu autour de 65 millions d’années (en laissant comme descendance les oiseaux). Certes, c’est du cinéma, les artistes disent ce qu’ils veulent, mais c’est déjà si difficile de dire qu’il y a 60 millions d’années de distance au moins entre les derniers dinosaures et les premiers hominidés… Les scènes de cascades n’apportent pas grand chose, la course dans Paris, sous les guichets du Louvre en particulier, et le carambolage de voitures de police pouvaient être évoquées sans ce fracas de véhicules. Bref, je n’ai pas aimé et je suis sortie agacée. Heureusement que c’est un film court (1h30 je crois, publicité en plus, je n’ai pas l’habitude…). Bref, pas aimé du tout, et gros problème pour la préhistoire!

La ritournelle de Marc Fitoussi

Affiche de La ritournelle de Marc FitoussiSortie cinéma dimanche. Mon choix s’est porté sur La ritournelle de Marc Fitoussi.

Le film: dans la campagne normande, du côté d’Yvetot. Brigitte [Isabelle Huppert] et Xavier [Jean-Pierre Darroussin] Lecanu élèvent des Charolaises, taureaux reproducteurs, vaches et veaux sous la mère. Xavier, un peu bougon, vit même avant tout pour son élevage, les concours agricoles. Quand les voisins donnent une soirée, lui se couche avec un somnifère, elle se rend  la fête et fait la connaissance de Stan [Pio Marmai]. Sur un coup de tête, elle décide, sous le prétexte d’un rendez-vous chez un dermatologue, à le rejoindre à Paris, la retrouvaille tourne au fiasco, mais elle se laisse séduire par un voisin de chambre, Jesper [Michael Nyqvist], dentiste danois en congrès dans le même hôtel. Méfiant, Xavier prend à son tour la route pour Paris.

Mon avis: j’ai choisi ce film pour ses deux acteurs principaux, Isabelle Huppert et Jean-Pierre Darroussin, et parce que je préférais une comédie à un thriller violent (j’ai hésité un court instant à voir Big bad wolves). Je me suis sincèrement ennuyée, je n’ai pas vu où pouvait être la nouvelle Emma Bovary (critique de Télérama), certains passages m’ont franchement agacée, comme celui où il est question d’Italo Calvino qui pourrait être aussi méconnu à Paris que chez les « ploucs de la campagne » (ou quelque chose comme ça). Le vêlage (à l’aide d’un tire-fort) ou la visite d’un élevage géant de vaches en Israël sont le summum de l’absurdité. Je ne comprends pas comment ces acteurs que j’aime ont pu prendre part à ce film…

Le monument à Washington à Paris

Paris, monument à George Washington, de face et de profilC’était hier (4 juillet) le jour de la fête nationale des États-Unis, j’ai choisi de vous présenter le monument à George Washington (héros de l’indépendance et premier président des États-Unis), place d’Iéna, …

Paris, musée Guimet et monument à Wahington, carte postale ancienne… devant le musée Guimet à Paris (ici sur une carte postale ancienne). Il regarde vers l’avenue Wilson (vers le musée d’art moderne de la ville de Paris) et tourne le dos à la statue équestre du maréchal Foch, en haut de l’avenue, devant le Trocadéro.

Paris, monument à George Washington, signature des sculpteursLa statue en bronze porte la signature « Daniel C. French – Edward C. Potter – Sculptors ». Daniel Chester French (Exeter, New-Hampshire, 1850 – Concord, Massachusettes, 1931) est surtout connu pour le monument à Abraham Lincoln au Lincoln Memorial de Washington. Edward Clark Potter (1857 – 1923) a notamment réalisé les allégories de la Bibliothèque publique de New-York.

Le monument, dédié à « Washington / February, 22 1732 / December, 14 1799 » et, selon l’inscription portée sur le côté du piédestal, a été « Offert par les femmes des États-Unis / d’Amérique en mémoire de l’amitié et / de l’aide fraternelle données par / la France à leurs pères pendant leur / lutte pour l’indépendance ». Il a été inauguré le 3 juillet 1900.

Paris, monument à George Washington, la statue des deux côtés
Il s’agit d’une statue équestre très classique posée sur un haut socle, gare aux voitures pour s’approcher. George Washington, dans son grand uniforme de soldat (officier) est représenté à cheval, brandissant son sabre de la main droite. Le cheval semble avancer doucement, levant sa patte avant droite.

Paris, monument à George Washington, détail de Wasington et de la tête du cheval

Les détails de Washington et du cheval sont très réalistes, relevant plus de la tradition du 19e siècle que de la sculpture « moderne » du début du 20e siècle.

Photographies d’octobre 2010