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Le monument à François Rude, par Just Becquet, à Tours

Tours, le monument à Rude par Becquet, 1, vue générale Dans le jardin du musée, dont je vous ai déjà parlé, se trouve un groupe sculpté en marbre (voir plus bas).

Tours, le monument à Rude par Becquet, 2, la dédicace Il a été érigé  » A LA MEMOIRE DE F. RUDE « , ainsi qu’il est écrit sur le socle. François Rude, sculpteur né à Dijon le 4 janvier 1784 et mort à Paris le 3 novembre 1855, a reçu le grand prix de Rome de sculpture en 1812. Installé en Belgique en 1815, il y réalise notamment un ensemble de neuf bas-reliefs pour le palais de Tervuren. De retour à Paris, il est surtout connu pour le Départ des volontaires de 1792, surnommé La Marseillaise, haut-relief pour l’arc de triomphe de l’Étoile à Paris. Il est aussi l’auteur du monument au Maréchal Ney (1853), avenue de l’Observatoire à Paris (je dois avoir des photos quelque part sur mon ordi…). La ville de Dijon lui consacre un musée (installé depuis 1947 dans le transept de l’église Saint-Étienne) où vous verrez notamment un moulage de ses principales œuvres.

Tours, le monument à Rude par Becquet, 3, la signature Just Bocquet Revenons à Tours… Le monument à François Rude est signé de Just Becquet (Besançon 1829 – Paris 1907), un élève de François Rude. J’ai eu beaucoup de mal à le pister. Aucune information sur ce monument sur le site du musée des Beaux-Arts ni dans mes bases de données préférées, qui ont bien des œuvres de Just Becquet mais aucune qui correspond, ni dans Mérimée (architecture), Palissy (objets), ou Joconde (collections des musées), il y a bien un faune à Amboise et un buste de Rude à Paris, mais aucun ne correspond. J’ai fini par trouver une photographie du modèle en plâtre dans la base de données des fonds figurés des archives nationales : la statue a été présentée en 1880 dans la cour de l’école des Beaux-Arts, au salon des artistes français… Retour donc aux catalogues des salons sur Gallica (ouvrages numérisés de la bibliothèque nationale de France). Avec l’année, c’est plus facile… Je l’ai trouvé page 564 sous le numéro 6089 :  » Faune jouant avec une panthère, statue, marbre, h 2m00, App. à État « . Si quelqu’un à un indice sur la date du monument de Tours, je complèterai cet article, mais bon, un peu après 1880. À moins qu’il ne s’agisse d’un dépôt de l’original du salon de 1880, il est si sale qu’il est impossible de dire s’il est en calcaire ou en marbre. Il en existe un tirage en bronze dans le square Brignole Galliera, dans le 16e arrondissement à Paris (j’ai voulu vérifier en y allant en octobre, mais il y avait des travaux… Je n’ai pas pu le prendre en photo, derrière les barrières). En attendant que j’y retourne, vous pouvez en voir une photographie sur le blog couleur du temps. Et en poursuivant les recherches dans le catalogue des Artistes français, j’ai trouvé une première version en plâtre dans le catalogue de 1857, page 302, sous le n° 2732 « Faune jouant avec une panthère, statue, plâtre ». D’après le site racines comtoises, cette œuvre aurait été repérée par Baudelaire… Allons voir les textes critiques de Baudelaire : je n’ai pas trouvé celui de 1857… Edmond About ne semble pas en parler dans son ouvrage de 1858, Nos artistes au Salon de 1857 (à lire chez Gallica), pas plus que Maxime Du Camp dans Le salon de 1857, peinture, sculpture (à lire aussi chez Gallica). Mais si vous voulez vous amuser sur ce salon, je vous conseille Nadar jury au Salon de 1857, texte et caricature de Nadar (Félix Tournachon dit Nadar). Et on le trouve également sous le n° 1674 de l’Exposition universelle de Paris en 1889, avec la mention « faune jouant avec une panthère, groupe, marbre, musée de Tours, E.N. 1883 », voir la vue numérisée 89 du catalogue, et un autre Faune avec une panthère est présenté sous le n° 3211 au salon des artistes français de 1896….

Tours, le monument à Rude par Becquet, 4,<br /><br /><br /><br /><br />
le monument vu de face Arrivons à notre groupe sculpté. Il représente un faune sous les traits d’un jeune homme debout, bras gauche levé, dans une position proche de celle d’un discobole, avec une panthère à ses pieds.

Tours, le monument à Rude par Becquet, 5, le monument vu de dos Tournons un peu, le jeune homme tient dans sa main droite une flûte de pan, normal me direz-vous pour un faune.

Tours, le monument à Rude par Becquet, 6, détail de la flûte de pan La voici de plus près …

Tours, le monument à Rude par Becquet, 7, détail du lion …la tête de la panthère qui lève la patte avant droite…

Tours, le monument à Rude par Becquet, 8, détail de la vigne … encore un détail, la vigne et le raisin entre les pieds du jeune homme et la panthère, devant un tambourin posé au sol.

Le lion amoureux de Maindron (2)

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 1, vu de face En faisant les liens pour ma page sur les artistes, je me suis aperçue que je vous avais montré trop succinctement ce lion amoureux réalisé par Maindron Étienne Hippolyte (1801-1884) toujours dans le parc de Blossac à Poitiers.

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 2, le dos du lion Faisons le tour… Voici la femme et le lion presque de dos.

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 3, le dos de la femme Maintenant, le dos de la femme…

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 4, le socle, la signature, les pieds Le titre de l’œuvre, et surtout les pieds de madame, la queue et les pattes du lion…

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 5 : les forces Remontons un peu le regard… Curieux, la dame tient une sorte de forces dans la main droite et semble couper les ongles du lion… Edit de 16h : Zazimuth a sans doute trouvé la solution, la fable de La Fontaine du lion amoureux (livre IV, fable 1), que vous pouvez par exemple lire sur ce site consacré aux fables de La Fontaine.

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 6, la signture de Maindron et 1883 Sur le socle sont portées la signature (Hte Maindron) et la date (1883). Le plâtre de cette œuvre avait été présenté au salon des artistes de 1869. Pour Poitiers, il s’agit d’une réalisation en marbre (presque 2 m de haut) déposée ici par l’État en 1890 (il figure dans le catalogue du Fonds national d’art contemporain). Vous pouvez retrouver beaucoup d’œuvres de Maindron au musée d’Angers.

Poitiers, le lion amoureux de Maindron nettoyé dans le parc de Blossac PS: depuis cet article, il a été nettoyé! Voici la nouvelle photographie.

Vous pouvez aussi revoir les autres articles que j’ai consacrés à ce parc, les œuvres de Durenne – fontaine aux amours et aux nymphes, un Amour sur un griffon, un Amour sur un dauphin, le Faune soufflant dans une corne, le Faune au coquillage -, le monument au comte de Blossac, par Raymond Sudre, le boulevard sous Blossac, la grille et le feu d’artifice du 14 juillet 2009, Bienvenue à la ferme 2010 à Blossac.

Le Grand-Rond à Toulouse (6) : le David de Mercié

Le David vainqueur de Goliath de Mercié, au Grand-Rond de Toulouse, carte postale ancienne À Toulouse, en plus de Jeanne d’Arc et de Gloria Victis (en plus de ce dont je vous ai parlé, il y a aussi ce tirage à Châlons-en-Champagne) , vous pouvez découvrir cette très célèbre œuvre de Marius Jean Antonin dit Antonin Mercié (Toulouse 1845- Paris 1916), grand prix de Rome en 1868 avec Thésée vainqueur du Minotaure, vous pouvez découvrir David vainqueur de Goliath, créé en 1870 à Rome et présenté au salon des artistes français de 1872 sous le n° 1786 (page 277 du catalogue, attention il est précédé d’une présentation des artistes en pagination romaine, Mercié se trouvant page LXXIII). Il reçut pour ce David une médaille de première classe et présenta aussi un buste de Dalila en bronze sous le n° 1787. Le modèle original en plâtre est actuellement conservé au musée des Augustins à Toulouse, où l’État l’a déposé en 1874 (vous pouvez aussi découvrir une photographie du plâtre présenté au salon de 1874). À côté de lui, vous découvrirez un tirage en bronze de presque 2 m de haut. Si vous habitez ou passez à Paris, vous pouvez en découvrir un autre tirage au musée d’Orsay. Il y en a également beaucoup d’autres tirages dans toute la France, cette œuvre ayant été présentée comme la promesse de la future victoire de la France (David) sur l’ennemi prussien (Goliath), notamment lors de l’exposition universelle du Luxembourg en 1878. Mais si vous voulez (re)découvrir l’histoire de David et de Goliath, il y a un petit résumé sur dans le dossier pédagogique de l’œuvre au musée des Augustins (ah quelle époque sanglante… Qui plaignez vous le plus, Goliath ou saint Jean-Baptiste, dont la tête fut tranchée sur ordre d’Hérode après la danse de Salomé ?). Ce groupe sculpté de David vainqueur de Goliath a été vendu sur catalogue en six formats différents par le fondeur Barbedienne.

David est représenté comme un jeune homme nu, debout, posant le pied droit sur la tête de Goliath qu’il a vaincu. Il tient une épée dans la main droite, qu’il remet dans son fourreau tenu de la main gauche. Il est gracile, élégant, tête nue, avec un léger déhanchement.

Le David vainqueur de Goliath de Mercié, au Grand-Rond de Toulouse, copie, vue générale Sur l’exemplaire présenté actuellement au Grand-Rond (une copie), cette épée est fracturée et le bras gauche cassé.

Le David vainqueur de Goliath de Mercié, au Grand-Rond de Toulouse, copie, tête de GoliathVoici de plus près la tête disproportionnée de Goliath…
Le David vainqueur de Goliath de Mercié, au Grand-Rond de Toulouse, copie, le socle … et un détail du socle.

Pour information, suite à de nombreux actes de vandalisme, la ville de Toulouse a remplacé la plupart de ses statues dans les lieux publics par des copies, et mis à l’abri les originaux…

Les autres articles sur le Grand-Rond : le jardin et le kiosque (avec cartes postales anciennes) ; la chienne et la louve de Rouillard, le monument à Clémence Izaure ou les gloires de Toulouse (détruit).

Un lion amoureux au parc de Blossac

Le lion amoureux de Maindron, parc de Blossac à Poitiers En ce dimanche, je vous emmène à nouveau dans le parc de Blossac à Poitiers. Car il y a une grande nouvelle : la buvette à rouvert hier, avec une jeune équipe et des horaires plus larges, n’hésitez pas à y faire une petite pause en allant au parc… C’est un lieu convivial, j’espère que ce nouveau gérant réussira à faire vivre ce lieu.

J’en profite pour vous montrer, après les bronzes d’Antoine Durenne (la fontaine aux amours et aux nymphes, Amour sur un griffon, le Faune soufflant dans une corne, le Faune au coquillage) un marbre de près de 2 m de haut (Hauteur 196 cm, largeur 73, profondeur 40, dit la fiche de la base Joconde) réalisé en 1883 par Étienne Hippolyte Maindron (Champtoceaux, 1801 – Paris, 1884). Elle porte le titre Le lion amoureux, inscrit sur le socle… Il s’agit d’un dépôt fait par l’État de 1890, mais le plâtre avait été présenté au salon des artistes de 1869. Il vous plaît ? J’ai repris depuis d’autres photographies et approfondi la visite ici.

Les articles des prochains jours sont programmés, je pars à Biarritz à l’assemblée générale de la MGEN, puis dans le nord et au mariage de mon frère samedi prochain… À bientôt… mais j’essayerai de vous lire dans la semaine.

La montagne de l’âme, de Gao Xingjian

Couverture de La montagne de l'âme, de Gao XingjianJe sais, le prix Nobel de littérature 2008 sera annoncé demain… Surprise, surprise, aurai-je lu certains de ses livres ? Peu probable… Mais j’essaye de parler chaque mercredi d’un livre écrit par un prix Nobel de littérature.

Le livre : donc en attendant le lauréat 2008, pendant mes vacances, j’ai lu le gros (668 pages) livre de Gao Xingjian, La montagne de l’âme, publié en 1990 mais que j’ai trouvé chez un bouquiniste en version des éditions de l’Aube, 2000, ISBN 2-87678-526-9. La traduction est de Noël et Liliane Dutrait, avec des révisions de l’auteur, qui a fait des études supérieures de français et vit en France depuis 1988. Il a d’ailleurs écrit directement en français plusieurs pièces de théâtre, et a obtenu la nationalité française en 1997. Son prix Nobel a été remis en 2000 et je vous recommande la page qui lui a été consacrée par l’académie Nobel à cette occasion.

L’histoire : enfin, plutôt, les histoires, car se mêlent différents temps dans la vie du narrateur, et aussi différents modes de narration, avec le je, le tu et le il. Et l’histoire est difficile à résumer. D’un côté, il y a un voyage dans la Chine méridionale profonde après la révolution culturelle, le narrateur, écrivain, a été d’ailleurs  » rééduqué  » dans une ferme. Il part re-découvrir le passé, archéologique ou mythologique, à la recherche de l’homme sauvage (le Yeti… ?), à la rencontre des chercheurs dans une réserve de pandas, à la collecte de chants traditionnels de minorités ethniques (tiens, le retour du patrimoine immatériel, je vous en parlerai un autre jour), etc. D’un autre côté, le narrateur (le même ?) fait une (des ?) rencontre(s) féminine(s) tout en partant à la recherche d’un lieu mythique et mal localisé, la Montagne de l’âme. Recherche du passé de la Chine, du passé du narrateur aussi…

Mon avis : un roman idéal pour une croisière… Les chapitres défilent lentement les uns après les autres, le je et le tu se mêlent, la quête du passé, de la religion, de l’origine. Tiens, au passage, le pithécanthrope apparaît même sous la forme de dents, avec un débat entre le narrateur et un chercheur : s’agit-il d’un singe primitif ? Ou d’un ancêtre ? Et l’homme sauvage ne serait-il pas un descendant de ce Pithécanthrope qui n’aurait pas évolué ? Bon, cela ne représente que 3 ou 4 pages du livre… (pages 461 à 463 dans l’édition que j’ai).
C’est vraiment un livre profond, dans lequel il faut pénétrer doucement, se laisser porter et emporter à la recherche de cette montagne… et aussi à une réflexion parfois plus philosophique, parfois plus politique (la réhabilitation des droitiers de la révolution culturelle), parfois plus  » développement durable « , alors que ce livre a été écrit avant cette mode… Il y a de grandes interrogations par exemple sur le (futur, réalisé depuis) barrage des Trois-Gorges. À lire, c’est sûr, mais à condition d’avoir du temps devant vous pour vous laisser porter par l’auteur et le narrateur…

Et pour l’étape suivante de ma croisière, il faudra encore patienter un peu. J’espère n’avoir oublié personne dans mes réponses à la messagerie, aux commentaires, etc. Si c’est le cas, ne m’en veuillez pas, vous avez tous fait vivre mon blog en mon absence et je vous en remercie.

logo tour du monde en lecture J’ai sélectionné ce livre pour le tour du monde en lecture proposé par Livresque.

Logo du challenge ABC critique de BabelioJ’ai sélectionné ce livre pour le défi ABC critique organisé par Babelio.