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Des chefs-d’oeuvre de broderie médiévale au musée Paul Dupuy à Toulouse

Façade du musée Paul Dupuy à Toulouse Le musée Paul Dupuy à Toulouse, qui par ailleurs présente de belles collections d’arts décoratifs et d’arts graphiques, présente jusqu’au 18 juin 2012 une exposition intitulée Le parement d’autel de Toulouse : anatomie d’un chef-d’œuvre du XIVe siècle (informations pratiques ici).

L’exposition : l’exposition présente avant tout un parement d’autel, celui de l’ancien couvent des Cordeliers à Toulouse. La première partie de l’exposition présente d’abord l’histoire de ce couvent aujourd’hui quasiment détruit, avec des vues anciennes et du mobilier qui en provient.

Dans la dernière salle sont présentés trois œuvres majeures, des prouesses de broderie médiévale, le parement d’autel qui est dans le titre de l’exposition et deux chapes (grands manteaux de cérémonie semi-circulaires quand on les pose à plat), l’une de Saint-Louis d’Anjou (habituellement conservée à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume dans le Var, voir les photographies – en noir et blanc – du dossier de protection), l’autre de Saint-Bertrand-de-Comminges au sud de la Haute-Garonne (habituellement conservée dans l’ancienne cathédrale, voir les photographies – en noir et blanc – du dossier de protection). Ces trois pièces, si elles ont des fonctions liturgiques différentes, présentent des structures assez proches, avec des scènes de la vie du Christ (scènes dites de l’Enfance, qui vont en gros de l’Annonciation à la fuite en Égypte, et scènes de la Passion, qui vont plus ou moins du procès de Jésus à la Résurrection en passant par la Cène et la Crucifixion) dans des médaillons, et entre les médaillons, des représentations de saints mais aussi, pour la dernière, de petits médaillons intermédiaires dont il n’est pas question dans le cartel ni dans le panneau explicatif et qui sont de magnifiques représentations d’oiseaux tous différents encadrés de quadrupèdes (chiens, chats, lions, etc.).

Mon avis : les trois pièces brodées sont des pièces majeures, avec des broderies remarquables, pleines de détails (voir par exemple le massacre des Innocents sur la chape de Saint-Louis d’Anjou, ou sur la même pièce les détail de la suivante dans la scène de la présentation au Temple, avec une jolie guimpe (la pièce de tissu qui enserre la tête et le menton) et un panier avec deux oiseaux… Je regrette en revanche la présentation, certes, des tissus doivent être présentés à moins de 50 lux pour des raisons de conservation. Mais les chapes sont de grandes pièces, les présenter contre un mur en légère pente ne permet pas de voir les détails de la partie supérieure, trop éloignée du visiteur. J’ai vu ce genre de pièces dans beaucoup d’autres expositions, un autre choix est souvent fait, avec une vitrine à plat autour de laquelle on peut circuler et des loupes pour pouvoir observer les détails (cf. à Angers ou à Dijon, ces dernières années). Les loupes ne sont pas inconnues à Toulouse, il y en a dans l’exposition qui vient d’ouvrir au musée Saint-Raymond… un peu dommage… Il y a aussi très peu d’informations sur la technique de broderie, juste un panneau à la fin de l’exposition, pour les détails, il faut acheter le (beau) catalogue.

Il y a également des approximations étranges. Par exemple, un « fermail de chape » (la grosse agrafe qui permet de fermer la chape) est dit en grenat ou en tourmaline. Il est possible de distinguer ces deux pierres et même leur provenance par des analyses non destructives par exemple grâce à l’accélérateur de particules du laboratoire de recherche des musées de France (sous le musée du Louvre), ils ont ces dernières années apporté beaucoup d’éléments sur les mines de grenat pour une période un peu plus ancienne (notamment pour les fibules et plaque-boucles mérovingiennes au sens large).

Pour le public non averti, il aurait peut-être aussi été utile de donner quelques précisions, notamment sur l’usage liturgique d’une chape ou d’un autel… Il est certes impossible d’expliquer chaque scène représentée, mais un bon nombre de visiteurs ne doit pas facilement comprendre certaines d’entre elles… Un petit exemple sur le parement d’autel… Qui sait aujourd’hui placer l’Annonciation à Zacharie dans l’histoire de l’enfance du Christ??? (pour info, c’est dans Luc 1, à lire par exemple ici, l’archange Gabriel annonce d’abord à Zacharie que sa femme, Élisabeth, pourtant ménopausée, va enfanter un fils, le futur saint Jean Baptiste, quelques mois avant d’annoncer à Marie, la cousine d’Élisabeth, qu’elle enfantera de Jésus, Marie allant ensuite – scène de la Visitation- annoncer la nouvelle à Élisabeth). Sans faire un panneau, un petit mémo genre « fiche de salle » pourrait être mis à disposition de ceux qui souhaitent mieux comprendre ou aller plus loin…

Voir quelques-unes de ces scènes en sculpture, sur mon blog: l’Annonciation, sur un chapiteau de Chauvigny, la Visitation de la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers.

Le catalogue : Le parement d’autel des cordeliers de Toulouse, Catalogue d’exposition de l’exposition Anatomie d’un chef-d’œuvre du XIVème siècle, sous la direction de Maria Alessandra Bilotta et Marie-Pierre Chaumet, éditions Somogy, 2012, ISBN 978-2757205754.

De retour de Toulouse…

Toulouse, crêpe Oncle Tom La blogosphère a l’air très calme ce week-end… J’ouvre cet article avec une crêpe « Oncle Tom » (chocolat, noix de coco, bonbons) dégustée à la nouvelle crêperie Cornouailles de la place Saint-Sernin (au 9) à Toulouse, avec une belle vue sur le chevet de cette splendide église, pour laquelle je vous ai déjà proposé un petit tour extérieur et quelques vues du sarcophage de Guillaume Taillefer)… Et oui, une petite semaine ensoleillée à Toulouse, où, en plus de ma conférence, j’ai beaucoup marché (j’avais été rivée par la pluie de ces dernières semaines en Poitou), vu plusieurs expositions, me suis aussi promenée avec des amis à Saint-Antonin-Nobleval, que j’avais juste traversé lors d’un colloque à Montauban il y a une dizaine d’années… et où il y avait un splendide salon de livres d’artistes (papa, j’ai trouvé ton cadeau d’anniversaire, mais il ne peut pas voyager par la poste!). Je vous montre très vite le monument aux morts de Skikda (Philippeville) (déplacé à Toulouse après l’indépendance de l’Algérie), vous parle aussi très vite des expositions (au muséum d’histoire naturelle, au musée Dupuy, Niel brut de fouilles au musée Saint-Raymond) et de la Tempête vue à la Halle aux grains, le reste s’étalera au fil des prochains mois ( Héraklès archer et Alfred Mayssonnié par Bourdelle)…

Pub: ce soir à Toulouse, et bientôt à Poitiers, dans la Vienne

 

De Néandertal à Cro-Magnon… conférence à Toulouse

Reprise de fouilles à La Quina Aval en Charente

 

Rappel : je serai ce soir à Toulouse…

De mon côté, je donnerai une conférence à Toulouse à la Société méridionale de spéléologie et de préhistoire (SMSP) le jeudi 10 mai 2012 à 20 h 30 précises au siège de la société, 2 rue Malbec à Toulouse. Le titre de la conférence: De Néandertal à Cro-Magnon en Poitou-Charentes et au-delà… Si vous passez par là, la conférence accueille aussi des personnes qui n’adhèrent pas à la SMSP…

J’ai beaucoup d’amis qui pratiquent en amateur le théâtre, la musique, la chorale, etc. Dans les prochains jours, plusieurs spectacles auront lieu…et une conférence que je donnerai jeudi prochain à Toulouse.

Ce qu’il reste des jours

Affiche de Ce qu'il reste des jours

L’Ecume des jours de Boris Vian a été mise en scène dans un spectacle qui mêle théâtre, musique (ensemble de violoncelles), danse et chant choral, avec 70 comédiens, chanteurs, danseurs et musiciens professionnels et amateurs. L’adaptation, ré-intitulée Ce qu’il reste des jours, sera jouée le12 mai 2012 à La Hune à Saint-Benoit (Vienne), à 20h30, entrée payante (14 €), renseignements ici.

Le spectacle : la création de ce spectacle à la frontière du théâtre, de la musique et de la danse réunit amateurs et professionnels de plusieurs associations locales. Sur une idée de René Jamoneau (de L’Union parthenaisienne), adaptation de l’Écume des jours par Tangui Le Bolloc’h de la Compagnie Brigadier 404, mise en scène de Marina Brachet.

Sur scène, des chanteurs (chœur d’enfants de Parthenay, Mélusine, Baladins de la Trémoïlle, Chœur du Cri du Thouarsais, Bank’notes, Culture en chœur), des danseurs (Cie Aléa-Citta), des musiciens (Ensemble de violoncelles de Stéphane Bonneau), et des comédiens (Brigadiers 404).

Mon avis : j’ai vu la pièce le 24 mars 2012 à Parthenay (je ne pourrai pas y aller le 12 , je serai à Toulouse, voir plus bas). J’ai trouvé que certains passages étaient un peu longs. La détructuration de la pièce de l’Écume des Jours de Boris Vian peut aussi dérouter: si vous n’avez pas la pièce en tête, je vous conseille de la relire avant d’aller voir le spectacle, pour ne pas être dérouté par l’ordre un peu perturbant…

 « Après la pluie » de Sergi Belbel par la troupe de la DRAC

Affiche de Après la pluie

La pièce sera donnée par la troupe de l’atelier théâtre de la direction régionale des Affaires culturelles, avec des acteurs de plusieurs horizons (Christine Blondet, Dominique Chagneaud, Lydie Jousselin, Véronique Marchand, Patricia Molines, Geneviève Renaud, Hubert Fadier et Jean-Claude Martin), dans une mise en scène de Hervé Guérande-Imbert. Je ne les ai pas encore vu cette année, mais ai beaucoup entendu parlé des répétions dans la bonne humeur!

La pièce (communiqué par la troupe…) :  » des cadres et des employés se retrouvent sur la terrasse d’un immeuble, siège d’une multinationale pour leur pause. Deux années de sécheresse ont fini par détraquer tous les comportements. Sur la terrasse, on vient guetter les nuages mais surtout on se dit tout et on refait le monde. C’est une comédie qui stigmatise les jeux du pouvoir au travail « .

La grande tournée départementale :

  • samedi 12 mai 2012, 20h30, à la Maison de la Gibauderie à Poitiers (salle de spectacle) ;
  • dimanche 13 mai 2012, 15h30, Archigny (salle des fêtes) ;
  • vendredi 25 mai 2012, 20h30, Cheneché (salle des fêtes), gratuit ;
  • dimanche 27 mai 2012, 20h30, Migné-Auxances (salle Jean Ferrat), gratuit ;
  • mardi 29 et mercredi 30 mai 2012, 20h30, Le Local à Poitiers (salle de théâtre).

J’irai les voir le 30 mai au Local, je pense…

Le Grand-Rond à Toulouse (7) : le combat de coq de Falguière

Toulouse, le combat de coq de Falguière au Grand rond, carte postale ancienne Cela fait un moment que je ne vous ai pas emmenés dans le jardin du Grand-Rond à Toulouse. Aujourd’hui, ce sera pour y voir le Vainqueur au combat de coqs. L’original était de Jean Alexandre Joseph Falguière (1831-1900, je vous en ai parlé pour Pierre Goudouli à Toulouse et bientôt pour d’autres œuvres comme le monument à Pasteur à Paris, à voir ici avec des vues d’hier et d’aujourd’hui, ou celui à Léon Gambetta à Cahors) et la fonte de Victor Thiébaut (lui non plus n’est pas un inconnu de mes fidèles lecteurs, vous pouvez revoir la Gloria Victis d’Antonin Mercié à Niort et le monument aux morts de 1870-1871 de Jules Félix Coutan à Poitiers). L’original avait été présenté au Salon des artistes français en 1864 (un tirage en est présenté au musée d’Orsay à Paris) et inauguré au Grand-Rond en 1868. Détruit lors des fontes de 1941/1942 (suite à la loi du 11 octobre 1941 et aux instructions de 1942, qui ordonnaient la fonte des monuments en bronze à l’exception des monuments aux morts, des saints, des saintes, des rois et des reines…), le plâtre original donné par l’auteur au musée des Augustins à Toulouse en 1872 a été brisé en 1963. Il reste d’autres tirages en bronze (taille originale et réductions au catalogue du fondeur Thiébaut) et pour Toulouse, des représentations sur des cartes postales anciennes. Cette sculpture est inspiré du Mercure de Jean de Bologne (1529-1608). Elle représente un jeune garçon nu, debout en appui sur sa jambe droite, pied et main gauches levés. Il tient un coq sur son bras droit.

Hercule enfant de Sylvestre Clerc à Toulouse

Toulouse, Hercule enfant par Sylvestre Clerc, 1, presque de face

Sur les allées Jules-Guesde à Toulouse (enfin, je pense, ce n’est pas bien noté dans mon petit carnet, Cathdragon, tu peux me corriger si je me trompe?) se trouve un groupe sculpté représentant Hercule enfant…

Toulouse, Hercule enfant par Sylvestre Clerc, 2, le titre Hercule enfant facile à identifier, c’est écrit sur le socle… Mes photographies datent de mars 2010. Hercule est représenté sous les traits d’un bambin rondouillet qui tire un gros serpent.

Toulouse, Hercule enfant par Sylvestre Clerc, 3, la signature de Syvestre Clerc Il s’agit d’une sculpture signée « S Clerc » et réalisée en 1928. Sylvestre Clerc (Toulouse, 1892 – Toulouse, 1958 1965, d’après un commentaire à lire ci-dessous, et non 1958, comme indiqué dans la bibliographie consultée) est surtout connu à Toulouse pour la frise sculptée en bas-relief de la bibliothèque rue du Périgord. Les travaux préparatoires en plâtre de l’atelier de cet artiste ont été acquis en 1996 par le musée des Augustins. Vous pouvez voir le plâtre, réalisé en 1927, ici.

Toulouse, Hercule enfant par Sylvestre Clerc, 4, de dos Et voilà de dos, on voit mieux les serpents entremêlés, genre énormes boas comme il ne devait pas y en avoir beaucoup dans la Grèce antique… En revanche, cette représentation fait référence à Hercule (chez les Romains)/Héraklès (chez les Grecs), qui a étranglé deux serpents envoyés par Héra pour le tuer… Il est alors nommé Héraklès, gloire d’Héra. Vous pouvez trouver un résumé très synthétique de cette histoire ici.

Pierre Goudouli par Alexandre Falguière, place Wilson à Toulouse

Toulouse, place Wilson, le monument à Goudouli par Falguière, 1, vu de face Au milieu de la place Wilson à Toulouse, Pierre Goudouli ou Goudelin ou Pèire Godolin (Toulouse, 1580- Toulouse, 1649), poète occitan, trône au milieu d’un bassin avec une fontaine et un jet d’eau. Une esquisse en plâtre de la tête du poète se trouve au musée d’Orsay à Paris. Il s’agit d’un groupe sculpté en marbre (couvert de pigeons), réalisé en 1898.

Toulouse, place Wilson, le monument à Goudouli par Falguière, 2, l'identification Il est identifié par une inscription…

Toulouse, place Wilson, le monument à Goudouli par Falguière, 3, la citation … et une citation. Pierre Goudelin est l’auteur notamment de Las Obros (1649) et d’une somme qu’il a écrit, ré-écrit et augmenté de 1617-1648, Le Ramelet Moundi (le Bouquet toulousain, qui regroupe des odes, des stances, des sonnets, des quatrains, des chansons à boire, etc.), je vous ai mis les liens sur les oeuvres dans Gallica (qui renvoie pour certains sur la bibliothèque municipale de Toulouse), si cela vous tente… à moins que vous ne préfériez les oeuvres complètes traduites.

En revanche, je n’ai pas trouvé de signature du sculpteur sur ce groupe sculpté, mais je n’ai pas non plus mis les pieds dans la fontaine pour la chercher…. Il s’agit d’Alexandre Falguière (Toulouse, 1831 – Paris, 1900), pour lequel j’ai programmé plusieurs articles dans les prochains mois (le Vainqueur du combat de coq au Grand-Rond à Toulouse, le monument à Pasteur au bout de l’avenue de Breteuil à Paris, à voir avec des vues d’hier et d’aujourd’hui, le monument à Léon Gambetta à Cahors)… Le musée des Augustins de Toulouse lui consacre un long document que je vous invite à lire si vous souhaitez en savoir plus. Cathdragon, si un jour le jet d’eau est éteint quand tu passes par là, pourrais-tu regarder au dos s’il y a une signature… sans prendre de bain de pied?

Toulouse, place Wilson, le monument à Goudouli par Falguière, 6, le livre Pierre Goudouli est assis sur un massif rocheux. Il appuie sa main gauche sur un livre….

Toulouse, place Wilson, le monument à Goudouli par Falguière, 7, le chapeau … alors que son chapeau est posé à ses pieds.

Toulouse, place Wilson, le monument à Goudouli par Falguière, 8, la muse Aux pieds du poète est allongée une femme nue, la muse du poète ou la Garonne (les deux peut-être?). Elle a la tête appuyée sur une jarre d’où coule l’eau de la fontaine.

Toulouse, place Wilson, le monument à Goudouli par Falguière, 9, de dos Une dernière vue de dos, pour voir l’environnement de la place avec ses restaurants et cinémas. Telle que nous la voyons, cette place a été aménagée à partir de 1806 (le premier plan ovale du projet de 1797 ayant été abandonné) et jusqu’en 1831. À cet emplacement se trouvaient les remparts de la ville (détruits en 1827) et le glacis (zone de terrains vagues) qui va avec ce type de murs. Le plan de la place incluait un modèle uniforme pour les façades riveraines, avec des arcades en rez-de-chaussée pour installer des magasins. La légende veut que se soit ici que Simon de Montfort a rencotré les consuls lors du siège de Toulouse en 1216. Il y a d’autres sculptures sur cette place, mais ça sera pour d’autres articles…

Toulouse, le sarcophage dit de Guillaume Taillefer à Saint-Sernin

Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 01, vue générale Si de nombreux sarcophages paléo-chrétiens sont conservés dans le musée Saint-Raymond voisin, il en reste un dans l’église collégiale Saint-Sernin à Toulouse. La cuve en marbre daterait de la fin du 5e siècle ou du début du 6e siècle, mais il était supposé avoir renfermé le corps de Guillaume III Taillefer. Des fouilles récentes ont montré que le premier inhumé dans ce sarcophage était plutôt Raymond V, comte de Toulouse, père du fameux Guillaume et décédé entre 978 et 979. La cuve et le couvercle semblent provenir de deux sarcophages différents (matériaux et dimensions différentes). Pour en savoir plus sur cette fouille qui a été menée avec de nombreuses techniques de police criminelle (analyse des pièces buccales d’insectes, en particulier, permettant de déterminer la date de l’inhumation en fonction des insectes présents, burk, à faire flotter sur es hydrocarbures pour les récupérer), vous pouvez lire (en bibliothèque…) le supplément 8 à Aquitania paru en 1996, sous la direction d’Éric Crubézy et Christine Dieulafait, Le comte de l’An Mil (plus pour des spécialistes que pour le grand public, j’en conviens, et à ne pas lire avant de manger, le contenu des liquides de décomposition n’est pas très appétissant).

Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 02, la cuve Passons sur le contenu, revenons au contenant… La face antérieure (celle que l’on voit) du sarcophage est représentée ce que l’on appelle la Traditio legis ou remise de la Loi nouvelle.

Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 03, le Christ entouré de Pierre et Paul Au centre, le Christ remet à saint Pierre (à sa droite, à gauche pour nous, avec des clefs) et à saint Paul (à sa droite, tenant les rouleaux du Livre sacré) ainsi qu’aux autres disciples les textes sacrés. Tous sont représentés debout, vêtus de toges et sous des arcades d’architecture.

Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 04, le peit côté gauche (tombeau du Christ) Sur le petit côté à gauche, deux disciples, probablement Pierre et Paul, discutent debout de part et d’autre du tombeau du Christ, représenté par son petit côté.

Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 05, petit côté droit (médaillon avec portrait) Sur le petit côté à droite est figuré un homme de profil (le défunt?) dans un médaillon porté par deux personnages qui posent un pied sur un petit support, le tout au milieu d’un décor de tentures ou de rideaux.

Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 06, le couvercle Le couvercle est partagé en trois registres par des pilastres. Chacun porte cinq personnages.

Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 07, la partie centrale du couvercle Au centre, le Christ explique son message aux apôtres.

Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 08, la partie gauche du couvercle À droite et ici à gauche, des groupes de quatre disciples discutent…

Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 09, la partie droite du couvercle Voici le second groupe, chacun porte un objet et au sol semblent se trouver des vases…

Toulouse, le sarcophage dans l'église Saint-Sernin, 10, le génie à droite du couvercle …le cinquième personnage, à chaque extrémité (ici à droite), est un génie funéraire ailé (héritier des génies de l’Antiquité plutôt qu’ange gardien chrétien) portant une torche renversée vers le bas : il symbolise la mort. Alors que tous les autres personnages sont vêtus, les deux génies sont nus.

La fontaine Boulbonne à Toulouse

Toulouse, fontaine Labatut rue Boulbonne, 1, vue générale Aujourd’hui, direction Toulouse, je vous rappelle que ces photographies datent de mars 2010. Nous allons à l’angle des rues Boulbonne (du nom d’une abbaye de l’Ariège qui avait un collège – équivalent d’une résidence universitaire pour ses novices – au 21 de cette rue du 13e au 16e siècle) et Cantegril, voir la fontaine…

Toulouse, fontaine Labatut rue Boulbonne, 2, signature C’est une œuvre signée du sculpteur toulousain Jules Jacques Théodore Dominique Labatut (né en 1851 à Toulouse et mort en 1935 à Biarritz, son prénom d’usage est Jacques), élève à l’école des Beaux-Arts de Paris notamment de François Jouffroy et d’Antonin Mercié, dont je vous ai déjà parlé pour le tirage de Gloria Victis (1881) place de Strasbourg à Niort et pour la statue équestre de Jeanne d’Arc (1902, inaugurée 1922) à Toulouse. La fontaine n’a été réaménagée qu’en 1984 par l’architecte Bernard Calley à partir de cette sculpture en calcaire, à l’emplacement où s’est trouvé le puits dit des Quatre-Carrés. De quand date la fontaine? Probablement de 1911, date à laquelle elle fait l’objet d’une critique féroce… Si on en croît ce document d’archive, je dirai finalement que la maquette a été réalisée (sans doute en plâtre) en 1900 et qu’un groupe sculpté en marbre, sans doute celui que nous avons sous les yeux, a été exécuté par l’atelier d’Atteni pour le salon des artistes français de 1911.

Toulouse, fontaine Labatut rue Boulbonne, 3, vue rapprochée de face Allez, on s’approche… La fontaine représente la Garonne offrant l’énergie électrique à la ville de Toulouse. Au centre trône une allégorie de Toulouse (à comparer avec celle-ci par Jean Antoine Injalbert sur la gare de Tours).

Toulouse, fontaine Labatut rue Boulbonne, 4, vue du côté gauche Toulouse est représentée sous les traits d’une femme assez jeune, assise sur l’arche d’un pont et tient dans sa main droite un gouvernail. Contrairement à la plupart des allégories de cette époque, vêtues à l’Antique (je vous en ai montré plein, à retrouver en liens à partir de cette page), elle est ici vêtue d’un costume traditionnel avec une sorte de grand foulard fermé par un grand nœud sur sa poitrine.

Toulouse, fontaine Labatut rue Boulbonne, 5, vue du côté gauche Son autre main est en appui sur les armoiries de la ville de Toulouse. Sous le pont coule la Garonne… personnifiée sous les traits d’une femme nue aux longs cheveux qui émerge à moitié en rampant en actionnant une roue à aubes. D’après la description de 1911, elle tenait de sa main gauche (levée mais aujourd’hui vide) une sorte de grosse canne dont le pommeau pourrait être une ampoule à incandescence…

Dernière précision, les trois têtes de lions qui crachent l’eau sont de Madeleine Tezenas du Montcel, dont je vous ai déjà montré le groupe sculpté de Saint-Exupéry et du Petit-Prince (et dont vous pouvez découvrir ici le site internet de l’artiste).

Le Grand-Rond à Toulouse : le buste de Mengaud

Toulouse, Grand-Rond, buste de Mengaud, 1, vu de loin Aujourd’hui, nous retournons au jardin du Grand’Rond à Toulouse, les photographies datent d’il y a juste un an (la tempête Xinthia qui a fait rage à ce moment là est un repère…). Cette fois-ci, c’est Lucien Mengaud (Lavaur, 1805 – Toulouse, 12 juillet 1877) qui est représenté…

Toulouse, Grand-Rond, buste de Mengaud, 2, vu de loin Comment cela, vous ne vous souvenez pas de lui ? Je vous en ai parlé pour la fontaine Belle-Paule à Toulouse qui porte quelques vers dont il est l’auteur. Bon, Lucien Mengaud est un poète occitan qui a écrit notamment en 1844 La Toulousaine (La Tolosenca), mise en musique à sa demande en 1845 par Pierre-Louis Deffès (vous pouvez trouver ici les paroles et des enregistrements en MP3). Et qui est Pierre-Louis Deffès ? Apparemment, son prénom d’usage est Louis. Il fut Grand Prix de Rome de composition (et oui, il n’y a pas que la sculpture ou la peinture pour les prix de Rome) en 1847, directeur du conservatoire de Toulouse de 1883 à 1900… et auteur d’une quinzaine d’opéras dont je n’ai jamais entendu aucun (mais vous trouverez des informations sur cet autre site ou sur celui-là)! Le musée des Jacobins vous propose même un circuit dans Toulouse autour de Louis Deffès. La partition originale se trouve au musée du Vieux-Toulouse.

Toulouse, Grand-Rond, buste de Mengaud, 3, vu de près Bon, nous avons devant les yeux un buste en bronze, pas le poète ni le musicien. Les informations sont maigres… Il aurait été érigé en 1894 : le site des musées de Midi-Pyrénées n’est pas très clair, il donne deux dates, mais la première est peu vraisemblable, Mengaud étant encore vivant, une date juste 40 ans après La Toulousaine est beaucoup plus probable. Comme il s’agit sans doute d’une copie (voir en fin d’article), il n’y a pas de signature… l’interrogation des bases de données Joconde, Mémoire et Palissy du ministère de la Culture sur type d’objet « buste » et lieu de conservation « Toulouse » ne m’a rien donné… rien non plus en élargissant à tout le domaine de la sculpture. J’ai passé en revue quelques centaines de fiches, sans trouver l’information. Si quelqu’un l’a, je suis preneuse, qui a sculpté de buste???

Toulouse, Grand-Rond, buste de Mengaud, 4, vu de près Bon, à défaut d’identifier le sculpteur, vous pouvez admirer la jolie barbe très « Troisième République » de Lucien Mengaud… ainsi que ses poches sous les yeux!

Les autres articles sur le Grand-Rond : le jardin et le kiosque (avec cartes postales anciennes) ; la chienne et la louve de Rouillard, le monument à Clémence Izaure ou les gloires de Toulouse de Ducuing (détruit) ; le monument à Auguste Fourès et la poésie romane, toujours de Ducuing (1898, détruit), les fontaines Wallace.

Pour information, suite à de nombreux actes de vandalisme, la ville de Toulouse a remplacé la plupart de ses statues dans les lieux publics par des copies, et mis à l’abri les originaux…

Des fontaines Wallace à Toulouse…

Toulouse, fontaine Wallace du Grand-Rond, 1, vue de loinCertain(e)s d’entre vous ont cru reconnaître une fontaine Wallace dans la fontaine aux amours de Durenne que je vous  ai montré à nouveau l’autre jour… Il s’agit en fait d’un autre modèle, mais qui peut aujourd’hui venir de la même fonderie de Sommevoire, où elles sont toujours au catalogue, en fonte de fer. Les fontaines Wallace sont dues à un autre sculpteur, Charles-Auguste Lebourg (Nantes, 1829 – Paris, 1906), et à la place des Amours de Durenne, il y a quatre cariatides qui représentent la simplicité, la bonté, la sobriété et la charité. Leurs tuniques en particulier sont toutes différentes. Il y en a plusieurs à Toulouse, Cathdragon, les as-tu toutes repérées ? Bon, de mon côté, j’en ai pris en photo il y a un an au Grand Rond (les premières photographies) et au jardin des plantes de Toulouse, mais il y en a aussi sur les places Saint-Georges, Henry Russell, R. Ferrières, du Ravelin, Laganne (devant la galerie du château d’eau) et sur le rond-point Alain Gazeaud dans le quartier de la Côte pavée…

Toulouse, fontaine Wallace du Grand-Rond, 2, de plus près Allez, on s’approche… Ne me demandez pas laquelle est la simplicité etc., je n’ai pas eu le temps d’approfondir la question…

Toulouse, fontaine Wallace du Grand-Rond, 3, la marque de la fonderie D'Osne Ici, la marque de fonderie est Val d’Osne… Il s’agit de la première fonderie qui les a réalisées, près de Saint-Dizier en Haute-Marne. Cette fonderie a par la suite été rachetée par Antoine Durenne, qui transfère la production à Sommevoire (et oui, délocalisation dès la fin du 19e siècle… mais à quelques dizaines de kilomètres, toujours en Haute-Marne), à la Générale d’hydraulique et de mécanique qui réalisait aussi toutes les fontes d’art de ce sculpteur.

Toulouse, fontaine Wallace du Grand-Rond, 4, la signature du sculpteur Lebourg Et la signature « CH. LEBOURG. SC[ulpteur]/1872 ». Charles-Auguste Lebourg a créé les cariatides qui ornent ces fontaines en 1872, mais elles sont toujours à la vente, en quatre modèles de taille et de fonctionnement différents.

Toulouse, fontaine Wallace du jardin des Plantes, vue d'ensemble En voici une autre dans le jardin des plantes de Toulouse…

Toulouse, fontaine Wallace du jardin des Plantes, la signature du sculpteur Lebourg La même signature, « CH. LEBOURG. SC[ulpteur]/1872 ».

Mais pourquoi fontaines Wallace, si elles portent des cariatides et sont dues au sculpteur Lebourg ? Parce que c’est le philanthrope britannique Richard Wallace qui finança à Paris l’installation de ces nombreux points d’eau potable. C’est lui qui a conçu le dessin des fontaines, seules les cariatides sont de Lebourg.

Vous trouverez plus d’information sur ces fontaines et Charles Auguste Lebourg sur ce site

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