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La Vierge, les coptes et moi de Namir Abdel Messeeh

Affiche de La Vierge, les coptes et moi de Namir Abdel Messeeh Mes fidèles lecteurs attendaient aujourd’hui, puisque nous sommes jeudi, un article sur Poitou-Charentes… J’ai reporté l’article programmé pour vous parler d’un film que j’ai vu hier soir et que je vous conseille d’aller voir tant qu’il est encore à l’affiche, La Vierge, les coptes et moi, de Namir Abdel Messeeh.

Pour ceux qui voudraient vraiment du Poitou-Charentes, je vous invite à relire mon article sur le miracle de l’apparition de la croix à Migné-Auxances avant de lire la suite…

Le film : à Paris, au Caire puis à Assiout en Haute-Égypte et dans le village de sa mère, non loin de là, de nos jours. Namir est né en France, de parents émigrés coptes, croyants mais non pratiquants. Il est sceptique quant aux apparitions de la Vierge en Égypte ces cinquante dernières années, et décide d’aller faire un reportage sur place, pour trouver des témoins de l’apparition de la Vierge en 1968 à Zeitoun, un quartier du Caire. Mais rien ne se passe comme prévu, impossible de trouver des témoins, refus des religieux coptes de l’aider, son producteur menace de le lâcher. Il décide d’aller assister au pèlerinage de la Vierge à Assiout, puis dans le village natal de sa mère, malgré l’interdiction que lui en a fait sa mère… Finalement, après le retrait du producteur, sa mère décide de l’aider et revient avec lui au village… où Namir décide de mettre en scène une fiction avec les habitants du village, une reconstitution de l’apparition de la Vierge.

Mon avis : j’avais entendu il y a déjà un petit moment l’interview de Namir Abdel Messeeh dans l’émission Cosmopolitaine de Paula Jacques sur France Inter (à réécouter par le lien précédent), enfin, du réalisateur… et de sa mère, qui s’était invitée à l’émission… J’étais restée un peu sceptique sur ce film, puis j’ai lu de bonnes critiques, alors, quand j’ai vu que le réalisateur serait présent à la projection d’hier, précédée du court-métrage Urgent cause départ, présenté en 2001 aux rencontres Henri-Langlois et suivie d’un débat animé par Jean-Claude Rullier (service d’éducation au cinéma à Poitou-Charentes Cinéma), j’ai réservé ma soirée pour l’occasion…

Ce film est très différent par son propos, il mêle documentaire et fiction, à moins que ce ne soit un documentaire sur le montage d’une fiction? Le réalisateur réussi ce tour de force de faire de sa mère l’un des personnages du film… à son insu (même s’il n’a pas caché sa caméra), à ce sujet, je vous invite à écouter l’interview dans l’émission Cosmopolitaine, après avoir vu le film, je comprends mieux… Il y a un peu de tout dans ce film (relations des Coptes et des Musulmans, sans aucune polémique, relation des Cairotes et de la Haute-Egypte, relations à la mère, aux racines, etc.), mais surtout beaucoup d’humour! La salle était franchement détendue, Namir Abdel Messeeh a répondu à toutes les questions avec gentillesse… Vraiment, si le film passe encore dans une salle d’art et essai près de chez vous, allez-y, et vite, avant qu’il ne soit plus programmé…

Encore un mot, j’ai adoré la musique du film écrite et jouée par Vincent Segal, un artiste que j’avais découvert en 2010 avec Chamber Music, de Ballaké Sissoko (le malien avec sa kora à vingt et une cordes) et Vincent Segal (le français au violoncelle), dans ma 2010-2011 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, et dont j’essaye de suivre depuis la production très variée…

PS: comme le souligne en commentaire Philippe de Tout Poitiers, Vincent Segal sera à Poitiers ce samedi 22 septembre 2012, aux restaurant des Archives rue Édouard Grimault (je n’y serai pas, préparation de la journée des associations de Poitiers oblige)

Les enfants de Belle Ville de Asghar Farhadi

Affiche des enfants de Belle Ville de Asghar Farhadi Je suis allée voir Les enfants de Belle Ville de , un film réalisé en 2004 mais qui n’avait pas trouvé de distributeur, et qui sort grâce au succès l’année dernière de Une séparation (depuis, j’ai aussi vu Le passé et Le client). Et sur un sujet finalement assez voisin, également sur l’Iran, n’hésitez pas à lire Je ne suis pas celle que je suis de Chahdortt Djavann.

Le film : à Téhéran en Iran de nos jours (enfin, il y a dix ans…). Dans le quartier de Belle Ville, un centre de détention pour mineurs. Akbar (Hossein Farzi-Zadeh) y est enfermé depuis deux ans pour le meurtre de sa petite amie, qui devait s’accompagner aussi de son suicide: il ne supportait pas le mariage forcé annoncé de celle-ci avec un autre. Aujourd’hui, il a dix-huit ans, il est transféré vers un centre pour adultes et peut désormais être exécuté… Il ne pourrait être gracié que si les parents de la victime lui accordent le pardon. Avec l’aide du chef de détention pour mineurs (Farhad Ghaiemian), son ami, Ala (Babak Ansari), sort de prison et va rencontrer Firoozeh, la sœur d’Akbar (Taraneh Allidousti). Un seul objectif, réussir à obtenir le pardon du père (Faramarz Gharibian)… et trouver l’argent pour le rachat du sang de la victime.

Mon avis : un très beau film, qui montre la complexité de la loi islamique: Akbar a tué une fille, le prix d’un homme étant de deux fois celui d’une femme, le père de la victime doit payer la différence à la famille de l’assassin… Cette même famille, si elle peut obtenir le pardon du père de la victime, doit aussi s’acquitter du prix du sang (en l’occurrence, la seconde épouse du père accepterait la somme qui couvrirait l’opération de sa fille gravement handicapée). Et l’imam (excellent!) essaye de justifier la justice de cette loi islamique, tout en expliquant au père que Dieu est favorable au pardon. Les acteurs sont excellents, le scénario nous amène à réfléchir sur la complexité de la loi islamique et les bonnes raisons de chacune des parties prenantes, la photographie est superbe… Un film à voir absolument, dont on ne sort pas indemne…

Les femmes du bus 678

Affiche de Les femmes du bus 678 Dimanche, milieu d’après-midi, un vent frisquet se lève, les nuages reviennent à vitesse grand V, je fuis le jardin. Cinéma en fin d’après-midi, avec Les femmes du bus 678,de Mohamed Diab. Il est inspiré d’une histoire vraie.

Le film : Le Caire, en 2008 et 2009. Fayza (Bushra Rozza), jeune femme voilée, mère de deux enfants, arrive régulièrement en retard à son travail, elle devrait prendre le bus mais ne supporte plus les mains baladeuses d’hommes qui ne prennent le bus que pour profiter de la promiscuité pour agresser impunément des femmes. Tout juste déposée par son ami devant chez sa mère, en traversant la rue, Nelly (Nahed El Sebaï) se fait accrocher par un automobiliste qui l’agresse en pleine rue. Emmenée par son mari médecin à un match de foot, Seba (Nelly Karim) est victime à la sortie du match d’une tentative de viol. Chacune finit par se révolter, leurs destins se croiser, l’une en donnant des cours gratuits d’auto-défense, la deuxième en portant plainte (la première en Égypte à vouloir aller jusqu’au bout, malgré le qu’en-dira-t-on et les pressions sociales et familiales), la troisième en passant à l’acte et en réagissant à la violence par la violence… L’inspecteur Essam va tenter de les aider à sa manière…

Mon avis : ce film s’inspire de l’histoire de Noha Rochdi, première victime d’agression à avoir été reconnue par la justice égyptienne, en 2008. Le film est sorti en 2010, avant le Printemps arabe donc. Mais la situation ne s’est pas améliorée depuis, les viols en marge des manifestations au Caire ont été nombreux… et souvent impunis. Ce film aborde la place de la femme, ou plutôt des femmes et de leur diversité, dans la société égyptienne. Quel que soit leur milieu social, toutes semblent victimes du comportement d’hommes frustrés et qui se croient tout permis… Quelques notes d’espoir quand même, malgré la pression familiale, le fiancé de Nelly finit par la soutenir dans sa lutte. L’inspecteur de police tente d’aider ces femmes: des hommes ont reçu des coups d’épingles à cheveux et de canif dans leurs parties intimes? Il les avertit qu’il n’est pas dupe et qu’ils n’étaient pas victimes de folles, mais d’un « juste » retour des choses… Aucun ne porte plainte, les femmes ne seront pas inquiétées… Ceci étant, l’évolution de la société risque de prendre du temps, les femmes continuent à être importunées dans les transports en commun, violées dans les rassemblements, en marge de manifestations ou de matchs, les poursuites restent rares, le poids de la société qui protège ces comportements reste trop lourd… Espérons que ce film aidera au moins à la prise de conscience du problème, sinon à sa résolution… A voir si vous le pouvez (distribution essentiellement en salles d’art et essai).

Couleur de peau miel, le film

Affiche du film couleur de peau miel J’avais beaucoup aimé les deux tomes de la bande dessinée (revoir mes avis sur le tome 1 et le tome 2 puis le tome 3 après le film), je ne pouvais pas rater le film d’animation (coupé par des images du premier voyage de Jung en Corée et des images amateur de sa famille d’adoption), surtout qu’il y avait une séance spéciale au théâtre de Poitiers en présence de Jung et du réalisateur Laurent Boileau, séance organisée avec la librairie spécialisée en bandes dessinées, Bulles d’encre, l’association enfance et famille d’adoption 86 et Poitou-Charentes Cinéma.Le film a reçu le prix du public et le prix de l’Unicef au festival du film d’animation d’Annecy en 2012.

Le film : (reprise du résumé que j’avais rédigé pour la bande dessinée): 2007, en Belgique. Jung décide de partir à la recherche de ses origines. Retour en arrière, à Séoul, à la fin des années 1960, donc bien après la séparation des deux Corées. Jun Jung-sik, 5 ans, erre dans les rues, chaparde pour vivre quand un policier l’attrape et l’emmène au Holt, un grand orphelinat américain où il va rester que 2 mois, matricule 8015, couleur de peau : miel. Les enfants semblent tous trouver très vite des parents d’adoption et se dispersent aux quatre coin du monde. Jung arrive dans une famille belge, où il y a déjà quatre enfants. Une éducation sévère, une mère qui ne semble pas l’aimer, les jeux avec ses frère et sœurs, l’arrivée à l’école, les copains, les bêtises, toute une enfance avec en arrière plan l’image de cette mère qui l’a abandonnée…

Mon avis : j’ai trouvé le film beaucoup plus apaisé que la bande dessinée. C’est peut-être l’effet de la voix off, écrite par Jung à la première personne et dite par un acteur. Certes, la mère adoptive reste un personnage complexe, qui a du mal à exprimer son amour, mais c’est la même chose avec ses quatre autres enfants naturels, peut-être moins avec la petite dernière, également adoptée en Corée, il ne faut pas oublier que la Corée du Sud a envoyé à l’adoption internationale 200.000 enfants. La vie à l’orphelinat et sa découverte errant dans les rues me semblent évoqués plus rapidement que dans la bande dessinée, mais il y a ici aussi le retour et la confrontation à un dossier quasiment vide à l’orphelinat, rien n’est même sûr, ni le nom, ni la date de naissance… Les bêtises de l’enfance, la recherche de l’identité pendant l’adolescence, le refuge dans le dessin sont bien rendus (mais il n’y a pas le voyage au Japon qui était dans la bande dessinée, ni le cancer de Valérie, sa sœur adoptée…). Un film à voir absolument, et deux albums à (re)lire, en attendant le troisième tome annoncé pour l’année prochaine.

L’Enfant d’en haut d’Ursula Meier

Affiche de L'Enfant d'en haut d'Ursula Meier Deux gros mois sans cinéma, ça ne pouvait pas durer… Le cinéma, si on n’y va pas pendant une semaine ou deux, on ne voit pas de présentation et on y va de moins en moins… Après avoir lu et entendu plusieurs critiques sur ce film, je suis allée le voir, même si j’avais eu du mal avec le précédent film d’Ursula Meyer, Home, vu dans le cadre du festival télérama 2009.

Le film : dans les Alpes suisses, de nos jours. Simon (Kacey Mottet Klein), 12 ans, habite dans un HLM dans la vallée avec sa sœur, Louise (Léa Seydoux), plus ou moins présente entre deux aventures masculines, plus ou moins sans travail… Alors Simon prend régulièrement la télécabine pour se rendre dans la station huppée au-dessus… Là, anorak et sac à dos, chaussures de ski au pied, il profite de la négligence des riches touristes pour voler de quoi déjeuner, des lunettes de soleil, des casques, des skis… Il revend aux gamins de son quartier, aux saisonniers, au bord de la route, et organise un trafic de skis avec l’un des saisonniers du resto d’altitude. Un trafic qui prend de plus en plus d’ampleur, c’est désormais lui qui permet à sa sœur de vivre…

Mon avis : ça serait bien si les saisons étaient respectées dans les films… Apercevoir en début de film des feuilles d’arbre en train de sortir alors qu’on est en début de saison de ski, ça me gène… un détail, me direz-vous, mais cela arrive de plus en plus souvent au cinéma… J’avais eu le même problème il y a quelques mois avec Toutes nos envies de Philippe Lioret. Ceci dit, j’ai bien aimé le film, le rebondissement sur Louise (mais cela, il faudra que vous alliez voir les film pour comprendre), l’excellent jeu de l’adolescent (qui jouait déjà dans Home), le scénario (qui a eu l’Ours d’argent au dernier festival de Berlin), qui rappelle la grande tradition des films sociaux francophones (haro sur les riches, les pauvres font ce qu’ils peuvent pour survivre)…

Des César aux Oscars 2012… les films vus ou pas

Pour les César 2012, je n’ai pas vu et pas envie de voir celui qui a été le grand vainqueur, The Artist, meilleur film, meilleur réalisateur pour Michel Hazanavicius, meilleure actrice pour Bérénice Bejo, meilleure musique pour Ludovic Bource, meilleure photo pour Guillaume Schiffman, meilleurs décors pour Laurence Bennet. Il a aussi triomphé quelques jours plus tard aux Osar avec meilleur film, meilleur réalisateur pour Michel Hazanavicius, meilleur acteur pour Jean Dujardin, meilleurs costumes pour Mark Bridges, meilleure musique pour Ludovic Bource.

Je n’ai pas non plus vu mais essayerai de voir le meilleur film de court-métrage, L’Accordeur de Olivier Treiner, qui a été tourné dans la Vienne.

Parmi les primés aux César, voici ceux que j’ai vus

  • Intouchables d’Eric Toledano et Olivier Nakache : meilleur acteur pour Omar Sy
  • L’exercice de l’Etat de Pierre Schoeller : meilleur scénario original (bof, je trouve que sur un sujet proche, Pater d’Alain Cavallier était bien meilleur…), meilleur acteur dans un second rôle pour Michel Blanc, meilleur son pour Olivier Hespel, Julie Brenta, Jean-Pierre Laforce
  • Le chat du rabbin de Joann Sfar : meilleur film d’animation
  • Une séparation de Asghar Farhadi, meilleur film étranger

Et aussi ceux que j’ai vus qui ont eu un Oscar

Parmi ceux qui étaient nommés aux César mais n’ont pas eu de prix, voici ceux que j’avais vus

Parmi ceux qui étaient nommés aux Oscar mais n’ont pas eu de prix, voici ceux que j’avais vus

Ceux qui ont eu des César et que je n’ai pas vu

  • Meilleure actrice dans un second rôle pour Carmen Maura dans Les femmes du sixième étage de Philippe Le Guay
  • Meilleur espoir féminin : Naidra Ayadi dans Polisse et Clotilde Hesme dans Angèle et Tony (film de Alix Delaporte aussi récompensé pour le meilleur espoir masculin à Grégory Gadebois)
  • Meilleur premier film : Le Cochon de Gaza de Sylvain Estibal
  • Meilleur documentaire : Tous au Larzac de Christian Rouaud
  • Meilleur adaptation : Carnage de Roman Polanski
  • Meilleur montage : Laure Gardette et Yann Dedet pour Polisse de Maïwenn
  • Meilleurs costumes : Anaïs Romand pour L’Apollonide – Souvenirs de la maison close de de Bertrand Bonello

Millenium de David Fincher

Affiche de Millenium de David Fincher Comme vous le savez, je suis souvent déçue par les adaptations de film à partir de romans… et je vais rarement voir un film si j’ai lu le livre avant (en revanche, il m’arrive de faire l’inverse, lire le livre après…). Je n’avais d’ailleurs pas vu la première adaptation (danoise, par Niels Arden) de Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, Millénium tome 1, de Stieg Larson. Mais cette fois, je n’ai pas pu résister, bonnes critiques et bon bouche à oreille, Daniel Craig (Mikael Blomkvist) et Rooney Mara (Lisbeth Salander) m’avaient séduite dans la bande annonce. Dimanche en fin d’après-midi, direction le cinéma, pas une excellente idée, il faisait très froid dans la salle du CGR du centre-ville, sous le toit sans doute mal isolé, tout le monde a fini par remettre les gros manteaux d’hiver qui étaient indispensables dehors, vu le froid et la neige… [depuis, du même réalisateur, j’ai vu Gone girl]

L’histoire (reprise du résumé du livre) : à Stockholm de nos jours. Le journaliste Mickael Blomkvist vient de publier dans sa revue un texte mettant en cause un riche industriel suédois… et est condamné pour diffamation. Au même moment, il est appelé par un autre industriel, âgé, qui officiellement lui demande de rédiger sa biographie, mais qui souhaite en fait savoir de qui est arrivé il y a fort longtemps à sa nièce, disparue un jour alors que la petite île où ils habitent étaient bloquées à cause d’un accident sur l’unique pont. Il trouve de l’aide auprès de Lisbeth Salander, une hacker (pirate informatique) classée par la société comme asociale et à moitié débile (elle a été internée, mystérieusement, à l’âge de 12 ans et à 25 ans, est placée sous tutelle).

Mon avis : cette fois, l’adaptation est très fidèle au livre… et malgré tout, même si l’on connaît l’histoire, le suspense opère. Le rythme est soutenu. Je n’avais pas imaginé que la maison annexe sur l’île était aussi grande, mais chaque lecteur se fait son propre film, non? La photo, notamment lors des scènes de nuit, est très précise, aucune place à l’improvisation, tout est impeccable… à la limite trop travaillée? Lisbeth est encore plus « gothique » que dans le livre, l’avocat véreux et violeur qui remplace son tuteur encore plus immonde, si c’est possible (et la vengeance, à la hauteur du crime, même si c’est immoral!). A quand l’adaptation du tome 2 et du tome 3 ?

L’exercice de l’État de Pierre Schoeller

Affiche de L'exercice de l'État de Pierre Schoeller

Je termine le festival télérama 2012 avec L’exercice de l’État, de Pierre Schoeller… Cela fait quatre films vus avant le festival, six pendant, soit dix sur quinze, les autres ne me tentaient vraiment pas…

Le film : à Paris de nos jours. Le film s’ouvre par un cauchemar… une femme qui rentre dans un crocodile, un sac plastique sur la tête. Cauchemar rattrapé par la réalité. Le ministre des transports Bertrand Saint-Jean (Olivier Gourmet) est réveillé en pleine nuit, un car transportant des adolescents s’est renversé dans les Ardennes, il y a des morts, des blessés, il doit aller sur place, prononcer le discours préparé pour lui pendant le trajet (effectué en partie en hélico). On plonge ensuite dans le quotidien du ministre, dont la vie est entièrement organisée par son directeur de cabinet, Gilles (Michel Blanc) qui va jusqu’à régler les problèmes de passeport de sa fille ou prévoir le cadeau d’anniversaire de sa femme (pas de chance, l’opéra sera annulé pour cause de grève…). La question en toile de fond: faut-il ou non privatiser les gares? Il n’a pas d’avis, s’en remet à ce qu’on lui fait tenir comme position, dans un sens ou dans l’autre, au gré des alliances…

Mon avis : ce film aurait aussi bien pu être un téléfilm, rien de bien original, si ce n’est la surimpression à l’écran de SMS qui tombent ici ou là… Le scénario repêche la médiocrité d’un point de vue strictement cinématographique. Rien à voir avec le très inventif Pater d’Alain Cavallier. Ce film dénonce le fonctionnement des ministères, le rôle des chefs de cabinet, de l’attachée de communication personnelle, des conseillers… Il oublie deux rouages importants dans cet exercice du pouvoir… Ceux qui manipulent les ministres en général via leurs conseillers, à savoir les lobbies pouvant passer par des agences de communication spécialisées (sans état d’âme, elles vont au client le plus offrant), et quand même un contre-pouvoir, la presse libre et satirique, du type du Canard enchaîné ou de Charlie Hebdo. Après une intervention à la radio, la chargée de comm’ vante les retombées dans la presse du discours du ministre, elle oublie de regarder la presse libre…

Un épisode a trouvé un cruel écho juste après que j’ai vu le film. Dans le film, le ministre est agacé d’être retardé par un ralentissement sur l’autoroute, il doit aller à une réunion pour son parachutage électoral… Alors, il décide de diriger son chauffeur (un chômeur de longue durée en stage pour un mois) sur une portion d’autoroute pas encore en service, il doit l’inaugurer la semaine prochaine. Il contraint le pauvre employé présent d’ouvrir la barrière qui barre l’accès… et quelques kilomètres plus loin, ce qui devait arriver arriva: tonneaux, ministre légèrement blessé… mais chauffeur éjecté et tué sur le coup. Cela ne vous rappelle rien? Nadine Morano a obtenu du premier ministre l’autre jour une escorte policière pour aller rejoindre l’aéroport militaire où un avion ministériel l’attend… pour rentrer dans son fief électoral à Nancy (voir par exemple l’article du Monde après un petit tour à une rencontre où sont déjà d’autres ministres, sa présence n’est donc pas indispensable). Aucune urgence en fait, puisque cet avion l’aurait attendue, et Le Canard (daté du 25 janvier 2012) rappelle qu’elle aurait aussi bien pu prendre le TGV, 1h30 de centre-ville à centre-ville. J’ajouterai même qu’elle AURAIT DÛ prendre le train, bien meilleur pour l’environnement… et pour les finances publiques (il paraît qu’il faut faire des économies, cela ne vaut visiblement pas pour tout le monde). Et le tragique est arrivé: un des motards de l’escorte a renversé un étudiant qui traversait la voie prise en sens interdit par l’escorte et la voiture ministérielle, coma, double fracture du crâne et trois mois d’ITT (incapacité totale de travail) pour l’étudiant, la ministre a poursuivi sa route et à peine demandé de ses nouvelles avant que le scandale soit révélé à la presse…

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films:

La guerre est déclarée de Valérie Donzelli

Affiche de La guerre est déclarée de Valérie Donzelli

Dans le cadre du festival télérama, j’ai aussi vu La guerre est déclarée de et avec Valérie Donzelli, qui était le film d’ouverture de la semaine internationale de la critique du festival de Cannes en 2011..

L’histoire : A Paris il y a une dizaine d’années. Dans une soirée, Juliette (Valérie Donzelli) tombe amoureuse de Roméo (Jérémie Elkaïm), un vrai coup de foudre, le mariage, la naissance d’un petit garçon, Adam. Un bébé qui pleure beaucoup pendant les trois premières semaines, mais grâce aux conseils de la pédiatre, tout rentre dans l’ordre… Adam a maintenant 18 mois. Les parents achètent un appartement, commencent à le retaper, Adam entre à la crèche. Les parents sont inquiets, il ne marche toujours pas, par deux fois, il a vomi violemment son repas. Il l’emmène chez le médecin… qui lui découvre une petite asymétrie du visage -ils avaient remarqué la veille qu’il avait la joue gonflée. Juliette devait aller à Marseille pour son boulot, grâce à des amis, ils décrochent un rendez-vous pour le lendemain chez une neurologue réputée de la Timone, le soir, le verdict tombe, Adam a une grosse tumeur au cerveau… Retour à Paris, à Necker, dans l’angoisse de l’attente de l’opération. Elle est vite réalisée, neuf heures d’intervention… et la mauvaise nouvelle, la tumeur était cancéreuse. Commence alors une longue bataille contre la maladie à l’institut Gustave Roussy à Villejuif.

Mon avis : Un film qui aborde un sujet difficile, la maladie d’un jeune enfant… L’histoire vraie vécue par Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm, qui jouent leur propre rôle… Mais pourquoi donc avoir inséré deux parties chantées dans ce film? La seconde peut encore se justifier (dans une soirée d’anniversaire), mais la première est complètement inutile, j’étais allée voir un film, pas une comédie musicale… Alors certes, c’est assez bref (pas comme dans l’exaspérant Les bien-aimés), mais ça m’a agacée. Sinon, j’ai plutôt bien aimé ce film, même si d’un point de vue cinématographique, il ne laissera pas un souvenir impérissable…

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films:

Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian

Affiche de Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian

Je poursuis les films vus lors du festival télérama avec Les neiges du Kilimandjaro de … Tiens, le deuxième film vu cette semaine là avec (qui était aussi le commissaire dans Le Havre). Voir aussi depuis, de Robert Guédiguian et avec la plupart des mêmes acteurs, Au fil d’Ariane.

L’histoire : de nos jours à Marseille. Le film s’ouvre par un tirage au sort réalisé par Michel (), représentant CGT de son entreprise. Vingt noms (dont le sien) sortent de l’urne, vingt personnes qui seront licenciées… Il réorganise sa vie, fera déjeuner ses trois petits-enfants le midi, montera la pergola de son fils… Quelques jours plus tard, au même endroit, il fête ses trente ans de mariage avec Marie-Claire () avec sa famille et ses anciens collègues, dont Raoul (Gérard Meylan), son ami d’enfance et également beau-frère, puisqu’il est le mari de Denise (Marilyne Canto), la sœur de Marie-Claire. Ils leur offrent un voyage en Tanzanie (billets d’avion et cagnotte pour leurs frais), en leur chantant le tube des années 1960, Les Neiges du Kilimandjaro. Alors qu’ils jouent aux cartes quelques jours plus tard, Michel, Marie-Claire, Raoul et Denise sont agressés, saucissonnés par deux jeunes hommes armés et masqués, qui leur récupèrent les billets, la cagnotte, les cartes bleues avec les codes. Leur vie bascule…

Mon avis : Une réflexion sur l’action syndicale… L’un des voleurs était un jeune licencié de l’usine, qui conteste le mode de licenciement, les compromis des syndicats dont il a fait les frais. Il instillera le doute chez Michel, et s’il s’était trompé? S’ils s’étaient embourgeoisés, lui et sa femme, devenus propriétaires de leur petite maison? Et si le vol était un vol par nécessité, juste pour payer le loyer? Quelles conséquences sur ses deux demi-frères, dont il s’occupe seul, quasiment abandonné par sa mère? Des sentiments ambigus des personnage, entre désir de vengeance, de défense des idéaux (ah Jaurès, souvent cité), et compassion, tentative de comprendre comment on a pu en arriver là… Une trame inspirée, selon Robert Guédiguian, du poème Les pauvres gens de Victor Hugo (inclus dans La légende des siècles, publié en 1859, vous pouvez le (re)lire ici)… Un film sensible…

J’avais vu Jean-Pierre Darroussin quelques jours plus tôt dans Le Havre d’Aki Kaurismäki.

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films: