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Au fil d’Ariane, de Robert Guédiguian

Affiche de Au fil d'Ariane, de Robert GuédiguianSamedi pluvieux, Poitiers désert (à 17h, 150 places libres au parking Carnot/hôtel de ville, plein d’habitude le samedi, même sans soldes), effet conjugué de la météo, de la crise et de l’annonce des perturbations des championnats de France de cyclisme, plus de un million d’euros de nos impôts (556.000€ ou 843.000€, ce n’est pas clair en subventions du conseil général, pas facile de trouver la somme exacte, 120.000€ de la Région Poitou-Charentes, 120.000€ de Grand Poitiers, plus la « valorisation » de l’intervention des services du Conseil général, de Poitiers et de l’agglomération) pour empirer la situation économique du centre-ville et des magasins autour du Futuroscope (et paraît-il de remplir les hôtels et donner une bonne image de la ville et du Futuroscope)… En attendant, je suis allée au cinéma voir Au fil d’Ariane, de Robert Guédiguian (revoir mon avis sur Les neiges du Kilimandjaro, déjà avec Ariane Ascaride, Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin).

Le film: à Marseille de nos jours. Ariane [Ariane Ascaride] prépare un gâteau pour fêter son anniversaire, mais au fil des minutes, ses enfants et son mari se décommandent, lui faisant juste livrer des fleurs. Elle prend sa voiture, se retrouve sur le port. Bloquée à un pont-levis, en attendant le passage d’un bateau, elle met de la musique, elle est abordée par un jeune homme à scooter [Adrien Jolivet], il l’emmène déjeuner dans un restaurant de plage tenu par Denis [Gérard Meylan], mais l’abandonne sur place, à la même table que Jack [Jacques Boudet], un habitué, alors qu’il part avec sa copine [Lola Naymark]. Ariane part en taxi [conduit par Jean-Pierre Darroussin], retrouve sa voiture en train d’être enlevée par la fourrière, se fait voler son sac à mains au distributeur… retour en pleine déprime au restaurant, fermé, mais accueillie par le gardien [Youssouf Djaoro]…

Mon avis: un film où l’on a des doutes… jusqu’à la surprenant scène finale qui explique tout, mais chut! C’est peut-être dû aux images de synthèse inserrée sans qu’on les voie vraiment, mais que le cerveau reconstitue comme une anomalie, au scénario aussi, improbable jusqu’aux dernières minutes. J’ai toujours du mal avec les films qui ont des scènes chantées, je trouve que ça « sonne faux », et c’est encore le cas ici pour quelques séquences. A part cette réserve, j’ai beaucoup aimé ce film, tous les acteurs sont très bons. La presse a beaucoup parlé de Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin. Je voudrais souligner le rôle de Youssouf Djaoro, ancien gardien du muséum d’histoire naturelle de Marseille (il y a une scène assez surréaliste dans ce beau musée fermé pour rénovation), devenu gardien du restaurant, hanté de cauchemars qu’il vit dans sa cabane peinte d’un grand décor africain. Robert Guédiguian joue sur les contes, les rêves, les peurs exprimées ou non, au premier rang desquelles la peur de l’abandon (d’Ariane par ses invités à son anniversaire, mais pas que)… Vite, allez le voir, il reste encore une journée pour la fête du cinéma et j’espère qu’il restera encore un peu à l’affiche!

Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian

Affiche de Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian

Je poursuis les films vus lors du festival télérama avec Les neiges du Kilimandjaro de … Tiens, le deuxième film vu cette semaine là avec (qui était aussi le commissaire dans Le Havre). Voir aussi depuis, de Robert Guédiguian et avec la plupart des mêmes acteurs, Au fil d’Ariane.

L’histoire : de nos jours à Marseille. Le film s’ouvre par un tirage au sort réalisé par Michel (), représentant CGT de son entreprise. Vingt noms (dont le sien) sortent de l’urne, vingt personnes qui seront licenciées… Il réorganise sa vie, fera déjeuner ses trois petits-enfants le midi, montera la pergola de son fils… Quelques jours plus tard, au même endroit, il fête ses trente ans de mariage avec Marie-Claire () avec sa famille et ses anciens collègues, dont Raoul (Gérard Meylan), son ami d’enfance et également beau-frère, puisqu’il est le mari de Denise (Marilyne Canto), la sœur de Marie-Claire. Ils leur offrent un voyage en Tanzanie (billets d’avion et cagnotte pour leurs frais), en leur chantant le tube des années 1960, Les Neiges du Kilimandjaro. Alors qu’ils jouent aux cartes quelques jours plus tard, Michel, Marie-Claire, Raoul et Denise sont agressés, saucissonnés par deux jeunes hommes armés et masqués, qui leur récupèrent les billets, la cagnotte, les cartes bleues avec les codes. Leur vie bascule…

Mon avis : Une réflexion sur l’action syndicale… L’un des voleurs était un jeune licencié de l’usine, qui conteste le mode de licenciement, les compromis des syndicats dont il a fait les frais. Il instillera le doute chez Michel, et s’il s’était trompé? S’ils s’étaient embourgeoisés, lui et sa femme, devenus propriétaires de leur petite maison? Et si le vol était un vol par nécessité, juste pour payer le loyer? Quelles conséquences sur ses deux demi-frères, dont il s’occupe seul, quasiment abandonné par sa mère? Des sentiments ambigus des personnage, entre désir de vengeance, de défense des idéaux (ah Jaurès, souvent cité), et compassion, tentative de comprendre comment on a pu en arriver là… Une trame inspirée, selon Robert Guédiguian, du poème Les pauvres gens de Victor Hugo (inclus dans La légende des siècles, publié en 1859, vous pouvez le (re)lire ici)… Un film sensible…

J’avais vu Jean-Pierre Darroussin quelques jours plus tôt dans Le Havre d’Aki Kaurismäki.

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films: